Jean 14: 27

 ME 1883 page 368

 

Deux choses nous sont présentées ici: la première est le fait de la paix, lorsqu'au lieu de bénédictions terrestres comme les Juifs en avaient, il n'y aurait extérieurement que des peines; la seconde est ce qui caractérise cette paix. «Ma paix,» exprime ce qu'il possède lui-même, et l'étendue de cette paix. De ces paroles de Jésus, on peut conclure que les disciples ne la possédaient pas, tandis qu'il était encore avec eux. Ils ne manquaient de rien, ils avaient des bourses, des sacs, etc. Ils pouvaient parler de la paix qu'on trouve dans le pardon des péchés (Luc 7: 47-50); mais cette paix, sa paix, n'avait pas été donnée auparavant à ses disciples.

La paix exclut les inquiétudes, du moment qu'elle est réalisée. Il ne s'agit pas ici de la paix avec Dieu quant à la conscience, mais de celle qui ne peut être troublée par la connaissance de ce qu'est Dieu. Ce n'est pas une paix en dehors de Dieu, et elle est indépendante de toutes les circonstances. Il y a tant de trouble dans les circonstances, que la paix ne saurait être solide si les circonstances pouvaient agir sur elle.

Cette paix est la possession d'un repos tel qu'il ne peut être détruit par d'autres objets. C'est la paix avec Dieu en présence de sa justice et de sa sainteté; c'est quelque chose qui absorbe. Supposez que je sois en paix avec une personne dont je ne me soucie guère, je m'occuperai de bien d'autres sujets. La paix n'absorbera pas mes affections. Lorsque nous avons la paix même, nous pouvons faire connaissance avec Dieu. L'âme, satisfaite de Sa paix, ne désire nulle autre chose. Elle connaît Dieu, et ne trouve rien qui puisse la troubler en Dieu ou en dehors de Lui. Cette paix place Dieu entre les sujets de trouble et nous, au lieu que ceux-ci soient placés entre nous et Dieu. C'est là qu'est le danger ainsi que le remède.

Remarquez l'étendue de cette paix: «Ma paix». Il savait tout ce qu'il possédait en elle, en la donnant à ses disciples. Il avait été tenté, rejeté; il avait souffert; il n'avait pas où reposer sa tête; il avait été chassé comme une perdrix sur les montagnes; homme de douleurs et sachant ce que c'est que la langueur; cependant il connaissait si bien la bénédiction qu'il possédait, qu'il en pouvait parler pour la laisser aux siens. Il y avait là un repos en Dieu sans nuage, et Dieu était pour lui une source inaltérable de bénédictions, dans un sentier plein de peines et d'angoisses, sentier qui n'était en rien semblable à celui que d'autres auraient jamais à parcourir. Cette parole: «Tu gardes en paix celui dont l'esprit s'assure en toi,» était connue de lui par expérience. Y avait-il jamais en lui la moindre incertitude quant à être entendu de son Père? Non; il avait l'entière certitude d'être entendu. Rien ne mettait pour lui cette certitude en question; il n'avait pas besoin d'en faire l'épreuve en se jetant du haut du temple en bas; c'eût été tenter Dieu.

Les deux expressions de ce verset: «la paix,» et «ma paix,» s'expliquent l'une l'autre. «Que votre coeur ne soit pas troublé». Je vous donne ma propre paix. Nous savons que ce que nous avons est à lui, non pas la connaissance de ce que nous sommes vis-à-vis de Dieu, mais ce qu'il est pour Dieu. Nous ne pouvons avoir de paix si nous nous demandons: Quand je viendrai à connaître Dieu, que pensera-t-il de moi? Je dois connaître Dieu pour avoir la paix.

Si le Seigneur venait dans ce moment, seriez-vous en paix, et pourriez-vous dire: «C'est ici notre Dieu, et nous l'attendions?» Si nous avons la conscience d'aimer quoi que ce soit que Dieu n'aime pas, nous ne pouvons avoir cette paix, eussions-nous même trouvé la paix de notre conscience par le sang de la croix, pour ce qui concerne nos péchés. Votre communion et la paix de votre coeur seraient troublées, si vous aimiez quelque chose que Dieu n'aime pas. Si la volonté propre retient quoi que ce soit, il ne peut y avoir la paix. Si vous avez la paix et que Dieu intervienne, votre paix demeure.

La paix n'est pas imparfaite, il ne peut y avoir de défaut en elle. Si quelque chose survient et produit de l'incertitude au dedans de moi, je n'avais pas la paix.

L'eau d'un étang où il y aurait de la vase peut paraître claire à la surface, mais si on l'agite, la vase remonte; il en est ainsi du coeur.

Christ nous donne sa paix. La colère peut-elle la troubler? N'a-t-il pas connu la colère due à nos péchés? Il l'a portée. Ne connaissait-il pas le péché? «Il a été fait péché». Ne connaissait-il pas Dieu? Il était issu de Dieu.

Comment pouvons-nous avoir la paix? Parce qu'il l'a faite «par le sang de sa croix». Il a expié le péché. Il a réglé, entre lui-même et Dieu, la question qui agitait votre coeur, non pour son propre compte, mais pour nous. Il était Fils de Dieu. En présence de la colère, il y a satisfait. En face de la sainteté, il a mis son âme en oblation pour le péché. Dieu a livré son Fils pour nous; pourrait-il ne pas nous réclamer comme objets de son amour? Il nous a rachetés à un prix inestimable.

Dieu a vu le péché, il l'a jugé, il l'a ôté en Christ. La paix est faite, la paix est donnée, la paix est proclamée par le sang de la croix. Est-ce que la manière dont j'obtiens la paix est une idée à moi? Non; Jésus dit: «Je vous laisse ma paix». Il sait ce que c'est que la colère de Dieu, la justice de Dieu, la sainteté de Dieu; ce que Dieu requiert de nous. Néanmoins nous avons l'assurance de sa propre bouche qu'il nous laisse sa paix. Ai-je dû la recueillir pour moi? Non. Il l'a faite pour moi. Peut-il me tromper? Quel est mon garant pour gagner la faveur de Dieu? Si vous croyez à la colère de Dieu, vous saurez apprécier la faveur de Christ. Christ a donné sa vie plutôt que de renoncer à gagner pour nous la faveur de Dieu.

Si Christ est votre paix, il est sans péché pour vous aussi bien qu'il l'était en lui-même. «Il nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption».