Les différents degrés dans la connaissance de l'Eglise

 ME 1883 page 388

 

Pour tout croyant qui jouit de la paix avec Dieu, il y a une question du plus haut intérêt. C'est celle-ci. «Qu'est-ce que l'Eglise dont je fais partie? Où et comment se réunir pour être dans la pensée du Seigneur?»

Si quelqu'un n'est pas assuré par le Saint Esprit d'être dans la faveur de Dieu à laquelle nous avons tous accès par notre Seigneur Jésus Christ, cette personne ne saurait avoir une réelle liberté de coeur pour s'assurer laquelle des diverses dénominations qui existent est reconnue du Seigneur, s'il y en a une qui le soit.

Mais lorsqu'on jouit du repos, dans l'assurance de l'amour de Dieu versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné, la question qui se pose doit être: «Quelle est la vraie manière dont les chrétiens ont à se rassembler?»

Or le Seigneur Jésus lui-même nous donne la réponse: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom,» a-t-il dit, «je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18: 20). Tel est le terrain simple et toujours le même du rassemblement. C'est le commencement. Le plus petit nombre assemblé ainsi est suffisant pour que la présence du Seigneur lui soit assurée. Il ne saurait y avoir de rassemblement que sur cette base, car tout autre rassemblement serait indépendant dans son esprit et dans sa nature. L'indépendance, c'est l'homme voulant agir pour Dieu sans la direction du Saint Esprit.

Or être assemblé au nom du Seigneur implique bien des choses. Là ne peut être toléré sciemment rien de ce qui ne convient pas à sa présence, et il ne doit y avoir non plus là aucune règle, aucune forme, qui entrave ou limite l'action du Saint Esprit. Si Christ ne peut être présent là où serait toléré quelque chose qui déshonore son nom (au moins pour autant que les consciences des deux ou trois sont éclairées), il ne saurait davantage être présent là où serait introduite quelque règle ou quelque forme pour déterminer son action; car, s'il y en avait, la règle serait supérieure à Christ, ce qui est impossible.

Pour jouir de la grande faveur de sa présence, cette condition doit être fidèlement remplie. Jésus est au milieu de toute assemblée réunie selon cette condition, d'une manière avouée et consciente. Nous pouvons voir dans la scène décrite en Jean 20: 19 et suivants, comme un exemple d'une assemblée ainsi réunie. Jésus ressuscité vient au milieu de ses disciples assemblés, et les rend propres à la position élevée dans laquelle ils étaient maintenant établis et qu'ils devaient garder. Que devaient-ils faire? Exercer la discipline, et ainsi garder pure l'assemblée. Agissant avec le Seigneur, ils admettaient ou excluaient, c'est ce que nous voyons par ces mots: «A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis, et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus». Telle était la discipline qu'ils avaient qualité d'exercer sans savoir encore plus que ceci, savoir qu'ils étaient assemblés au nom du Seigneur.

C'est le point de départ de la discipline, et mieux on comprend ce qui est dû à la présence du Seigneur, mieux l'on saisit la discipline qui incombe à l'assemblée. Si l'on perd de vue la présence du Seigneur, on ne peut se former une idée juste de la discipline à exercer. Il est très important de remarquer que la discipline la plus stricte se trouve déjà présentée dans la première notion du rassemblement, premier degré dans la connaissance de l'Eglise. On peut croître dans cette connaissance et saisir plus pleinement ce qu'est l'Eglise, mais comme le premier pas c'est d'être assemblés au nom de Christ, ainsi le sentiment que l'on a de la discipline doit toujours, se rattacher à ce commencement.

La fraction du pain caractérisait les réunions des premiers disciples, et «le Seigneur,» lisons-nous dans les Actes, «ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (2: 42, 47). En conséquence, nous trouvons en 1 Corinthiens 5: 4, que, dans un cas de retranchement, l'apôtre parle ainsi de l'assemblée: «Vous et mon esprit étant assemblés, avec la puissance de notre Seigneur Jésus Christ, au nom de notre Seigneur Jésus Christ». Le Seigneur était dans l'assemblée de Corinthe, lorsqu'ils étaient assemblés en son nom, bien qu'il y eût du mal au milieu d'eux. L'apôtre, selon la grâce de Dieu, éveille leur conscience par le ministère de la Parole, afin qu'ils mettent le mal dehors, et ainsi il les préserve de la condition misérable où se trouve maintenant la chrétienté, cet état, où l'on voit, dans les diverses dénominations, des saints sans la présence de leur Seigneur, et par conséquent sans vraie discipline.

Le croyant, n'eût-il pas appris davantage touchant l'Eglise, se trouverait où en étaient les disciples au chapitre 2 des Actes, verset 47, et serait capable de comprendre la sainteté et l'ordre qui conviennent à une telle assemblée. Tout pas nouveau fait dans la connaissance de ce qu'est l'Eglise, ne saurait qu'accroître et approfondir le sentiment de ce que l'on a d'abord appris, et il en est toujours ainsi de la vérité. Non seulement le Saint Esprit réside dans le croyant, mais il est uni au Seigneur, — un seul Esprit avec Lui.

Si l'on a saisi cela, on comprendra facilement quel est le pas suivant dans la connaissance de l'Eglise. Le croyant est une des pierres vivantes dont se compose l'édifice élevé par Christ, et cela ouvre devant nous une vue plus étendue sur ce qu'est l'Eglise. Au milieu de toute la vaine profession du christianisme, se trouve l'édifice que Christ lui-même bâtit. On a vu quelle est la nature de la discipline à exercer, quand on est assemblé au nom du Seigneur, et combien il convient de se dégager de tout ce qui n'est pas en harmonie avec ce précieux nom; maintenant on sait qu'il y a un édifice, — oeuvre de Christ lui-même, — qui croît pour être un temple saint dans le Seigneur. Ainsi l'Eglise est une habitation de Dieu par l'Esprit. L'Esprit de Dieu réside dans toute l'Eglise, et c'est lui qui y est la puissance. Ceux qui s'assemblent simplement au nom de Jésus, connaissent sans doute la direction du Saint Esprit, mais quand on a saisi ce fait que l'Eglise est la maison de Dieu, on est rempli de respect pour ce lieu où Dieu habite, et l'on cherche comment il faut s'y conduire, pour la garder pure de tout ce qui ne convient pas à Dieu.

Mais quand le mal domine dans l'Eglise, le fidèle sait qu'il doit se purifier des vaisseaux à déshonneur, et ainsi être sanctifié et propre pour le service du Maître. En même temps, il s'attache à «ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur». Il se rappelle qu'il doit se garder propre pour le service du Maître. La place de Christ comme Seigneur dans l'assemblée ne doit jamais être perdue de vue et doit toujours être respectée.

Il se peut que ceux qui n'ont que la simple profession de christianisme se joignent à l'assemblée, et acceptent tacitement la condition d'après laquelle elle est formée. Mais s'ils viennent à se dévoiler eux-mêmes, ou bien ils nous quitteront, ou, s'ils ont la haute main, nous devrons les quitter. C'est ainsi que nous lisons: «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres». S'ils en avaient été, ils ne seraient pas sortis. Nous lisons encore: «Ceux-ci sont ceux qui se séparent eux-mêmes, des hommes naturels, n'ayant pas l'Esprit; mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, etc» (Jude 19, 20).

A ce point de notre connaissance de l'Eglise, nous voyons la vraie manière dont il nous faut agir envers les saints dans la chrétienté et dans notre relation avec eux, de même que nous avions appris précédemment, dans ce qui reste pour toujours la base du rassemblement, que la grande source de toute notre force et de notre bénédiction, c'est la présence du Seigneur au milieu de nous.

Nous pourrions nous étendre davantage sur les privilèges et les responsabilités de ceux qui sont dans la maison de Dieu, mais nous passerons à un troisième point dans la connaissance de l'Eglise. Nous le trouvons indiqué en 1 Corinthiens 12: 12, 13. «Car de même que le corps est un, et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps». Or cela n'est pas seulement le fait que l'Esprit de Dieu habite en chaque croyant, ni qu'il a un droit sur chacun de ceux qui sont dans la maison de Dieu et qu'ils sont sous ses soins, ainsi qu'il est écrit: «Et il remplit toute la maison où ils étaient assis… et elles se posèrent sur chacun d'eux» (Actes des Apôtres 2: 1-4). Mais ce que nous voyons dans 1 Corinthiens 12, c'est que chaque croyant est uni à tous les autres croyants par l'Esprit Saint, comme chaque membre de notre corps est uni à tous les autres. Or cela ouvre pour chacun de nous une toute nouvelle responsabilité. Nous sommes dans l'assemblée comme membres du seul corps; nous devons avoir pour l'un le même respect que pour l'autre. Le plus faible membre est nécessaire, et quoi que ce soit qui me blesse spirituellement, blesse chaque membre du corps. Je ne puis m'isoler moi-même. Je ne puis rien me permettre qui attristerait l'Esprit, car cela ne resterait pas confiné à moi seul: «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui». C'est pourquoi je dois prendre garde à ce qu'aucun membre ne soit en relation avec ce qui peut lui porter préjudice, parce que s'il souffre, tous souffrent. Comme membre du corps, je ne cherche donc pas mon propre avantage, mais l'avantage des autres: «Chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres» (Philippiens 2: 4). Comme un homme souffrirait d'un poison qui serait introduit dans une partie quelconque de son corps, et par conséquent ne voudrait le laisser introduire nulle part, ainsi le croyant qui a compris que l'Eglise est un corps, veille avec soin afin que chaque membre, n'importe où, soit préservé de tout poison spirituel. Il y a une grande lacune dans notre connaissance de l'Eglise, si nous n'avons pas saisi ce côté.

Quand on l'a compris et que l'on a vu comment le corps de Christ est formé, on voit aussi que c'est une chose qui subsiste toujours, quand bien même la maison est en ruine extérieurement.

Un immense flot de lumière jaillit dans l'âme qui a fait ce pas dans la vérité. Nous avons à bien saisir ceci: c'est que chacun de nous est une aide ou une entrave pour chaque personne de l'assemblée. J'ai donc non seulement à être très soigneux quant à ma propre marche, mais aussi très jaloux de celle de chaque membre. Et comme cela se rapporte à notre rassemblement actuel, je ne puis m'unir ni coopérer avec aucun de ceux qui, d'une manière délibérée, ne tient pas compte de la direction de l'Esprit, car c'est de l'indépendance. Comme le Saint Esprit est le lien, et comme il s'agit ici de se réunir en assemblée, on ne doit sanctionner en rien la propre volonté qui met de côté l'Esprit de Dieu.

Ce pas fait dans la connaissance de l'Eglise, nous rend capables de voir la responsabilité qui nous incombe l'un vis-à-vis de l'autre quand nous nous rassemblons, et, dans un jour de confusion tel que celui où nous sommes, cela est d'une grande importance.

Il reste un point encore; c'est la connaissance de l'Eglise comme étant «le mystère caché dès les siècles en Dieu» (Ephésiens 3: 9). Nous trouvons cet enseignement dans les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens. Je ne m'étendrai point là-dessus, mais je recommande au lecteur l'étude de ces épîtres, qui révèlent la puissance de la Tête — Christ — en relation avec son corps sur la terre; et certainement, personne ne peut avoir une vraie compréhension de la grandeur de l'Eglise, ce qu'elle est dans les conseils de Dieu, et comment elle est la plénitude de Christ, s'il n'a pas saisi le mystère par la foi. L'épître aux Ephésiens nous apprend quelle est la puissance par le Saint Esprit, dans laquelle chaque membre doit manifester l'esprit et la vie de Christ. Par cette puissance, l'unité de l'Esprit doit être gardée, et elle entre dans chaque détail de la vie ici-bas. L'épître aux Colossiens nous fait connaître la nature et l'état dans lesquels nous introduit cette grande puissance. Ce sujet est du plus profond intérêt, à mesure que nous y pénétrerons, la grandeur de l'Eglise nous apparaîtra davantage. Mais je n'ajouterai rien; j'espère en avoir dit assez pour éveiller l'attention, et porter le lecteur à s'enquérir diligemment sur ce qu'est l'Eglise dans la pensée de Dieu, chose si nécessaire de nos jours.