Souvenir de la délivrance et direction dans la marche - Notes sur Nombres 9

 ME 1883 page 451

 

Un laps de temps s'est écoulé; il y a une année qu'a eu lieu la délivrance, et ils sont encore dans le désert. Quand on a compris la pâque, la puissance actuelle de délivrance est une chose très intelligible (Exode 13: 3). Ils avaient été dans la servitude, mais maintenant ils étaient hors d'Egypte et dans le désert, mais pas encore en Canaan. Ils avaient le souvenir de la délivrance, avec les fatigues et les exercices comme fruits, parce qu'ils étaient dans le désert. Ainsi nous aussi, nous avons la joie et la paix de la délivrance, mais non pas encore le repos. Ils étaient hors d'Egypte, avec des troubles et des épreuves. Ils le sentaient quand ils disaient: «N'y avait-il pas des sépulcres en Egypte?» Là se trouvent pour nous un exercice d'âme et souvent des manquements; mais il n'y a pas de manquement de la part de Dieu, parce qu'il nous amène dans le désert.

La pâque doit être observée comme «une offrande à l'Eternel» (verset 7), en souvenir et dans la pleine conscience que l'on est le peuple affranchi du Seigneur. Nous avons spirituellement le principe de la chose dans la cène du Seigneur. Il y a la délivrance en Christ, mais les épreuves et les exercices quant à la condition actuelle ici-bas. L'incrédulité peut dire: «Nous mourons dans le désert,» mais la foi gardera toujours la pâque; elle reconnaît ainsi la délivrance de Dieu, et cela est une bénédiction. Spirituellement, c'est une offrande au Seigneur, et ainsi par communion nous avons une joie actuelle, — privilège qui n'appartient qu'à la foi; car la délivrance n'a fait que nous amener dans le désert où nous rencontrons le trouble.

Au verset 9, nous voyons la grâce et la sainteté réunies pour faire face à la souillure. La souillure est spécialement la mort, parce que, par l'énergie de l'Esprit de Dieu en nous, le péché est connu dans sa puissance actuelle comme étant la mort. Dieu montre le remède où il en est besoin, du moment qu'il est question d'être empêché de présenter l'offrande au Seigneur. Lorsque la puissance de l'Esprit agit de jour en jour dans nos âmes, le péché est constamment découvert, car ce qui n'est pas de l'Esprit est chair et péché, et dans sa puissance ce n'est pas simplement une souillure, mais la mort. Ceux dont parle notre chapitre avaient été délivrés de l'Egypte, qui n'était rien que souillure, et cependant ils étaient souillés, de sorte qu'ils ne pouvaient pas célébrer la pâque. Là où se trouve quelque conscience de péché, il ne peut y avoir d'adoration. Leur souillure les empêchait de venir à Dieu, car «la sainteté a orné ta maison pour toujours». Quand l'Esprit de Dieu est contristé, on ne peut adorer. Toutefois ces hommes n'étaient pas exclus d'Israël, bien qu'il dût y avoir l'humiliation provenant de la souillure. Nous ne pouvons jamais retrouver la puissance de l'adoration sans nous rappeler notre manquement passé. Il faut s'être humilié et purifié du péché avant de pouvoir adorer, et le Seigneur juge de la pureté selon l'énergie de la vie de Dieu.

Un étranger (verset 14) pouvait célébrer la pâque, mais selon l'ordonnance et la manière dont il fallait le faire. La grâce nous amène à Dieu, mais c'est toujours selon ce que Dieu est, et sans jamais se départir du principe de la sainteté, l'éternelle ordonnance de la maison de Dieu en esprit. Si quelqu'un n'est pas saint spirituellement, son culte n'est qu'une abomination devant Dieu. «Nous avons un autel dont ceux qui servent le tabernacle n'ont pas le droit de manger» (Hébreux 13: 10). Le tabernacle, ce sont les ordonnances charnelles. Le réel privilège de la maison de Dieu est la sainteté intérieure. Dans cette position d'adoration, on trouve la présence de Dieu qui donne lumière, direction, abri, toute chose; ainsi «la nuée couvrit le tabernacle» (vetset 15). La présence de Dieu était là. Les enfants d'Israël devaient savoir que Dieu les avait fait sortir d'Egypte afin d'habiter au milieu d'eux (Exode 29: 46). De là la puissance de la grâce, car tout ce qui est incompatible avec la sainteté met de côté le dessein de la rédemption: «J'habiterai au milieu d'eux».

Le Seigneur nous a donné un autre Consolateur pour demeurer avec nous éternellement; or dire: «L'Eternel est-il au milieu de nous, ou non?» c'est douter de la puissance et de la présence de l'Esprit de Dieu. Tenter le Seigneur, ce n'est pas seulement agir avec témérité, mais c'est faire quelque chose pour éprouver s'il est avec nous ou non (voyez Exode 17: 7). La présence du Seigneur est toujours avec nous pour la bénédiction, et étant avec nous elle doit nécessairement mettre à nu le péché. La nuée était toujours là, de sorte qu'ils auraient dû faire tout dans la conscience que l'Eternel était avec eux; l'incertitude journalière quant à ce qu'ils auraient à faire, le manque d'eau, etc., devaient constamment les rejeter sur l'Eternel. Les difficultés du chemin leur enseignaient que Dieu était toujours près d'eux pour les aider. Le Seigneur, dans sa grâce, veut toujours nous garder dans la dépendance pour la bénédiction de nos âmes. La dépendance entière de Dieu donne toujours dans le désert une bénédiction entière.

Au commandement de l'Eternel, les enfants d'Israël marchaient, et au commandement de l'Eternel, ils campaient (verset 18). Ainsi Jésus n'allait jamais que là où le conduisait la nuée; quand on lui rapporte que Lazare était malade, il demeure encore deux jours au lieu où il était, et cependant il aimait Lazare. Il est important non seulement que nous ne fassions pas ce qui est mal, mais que ce que nous faisons soit fait parce que c'est la volonté du Seigneur. Il n'y a point un pas dans mon voyage auquel le Seigneur n'ait pensé pour moi; c'est pourquoi «courons la course qui est devant nous». Si la nuée ne bouge point, nous ne pouvons point agir; notre absolue incapacité d'agir est notre force contre Satan.

De plus, si je n'ai pas de lumière sur un passage donné, cela me montre mon néant. Si nous n'avons pas une parole de Dieu, nous ne pouvons rien faire, parce que l'homme vit de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur. Paul ne fit rien pour Epaphrodite (Philippiens 2: 27); Dieu le guérit selon ses propres voies. Dieu se charge ainsi de nous, parce que nous sommes dans le désert où il n'y a pas de chemin, afin d'être lui-même notre chemin. Il ne nous montrera pas un chemin que la nature puisse trouver; son chemin ne se trouve que dans la communion avec lui. Lorsque nous disons: «Il n'y a pas de chemin,» cela nous rejette sur Dieu qui nous conduira par son propre chemin. Dans le désert on rencontre des difficultés, et c'est là l'épreuve de la spiritualité des saints. Du moment que nous perdons le sentiment de notre dépendance de Dieu, nous sommes laissés à nous-mêmes. Alors «il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais dont l'issue sont les voies de la mort» (Proverbes 14: 12). C'est une parole solennelle que celle-ci: «Ephraïm s'est associé aux idoles; abandonne-le» (Osée 4: 17). Il ne nous faut pas simplement faire la volonté de Dieu, mais la faire parce que c'est sa volonté.

Dieu avait délivré les enfants d'Israël, afin qu'il pût habiter au milieu d'eux dans le désert où il n'y avait pas de chemin, et le fait qu'il les guidait prouvait qu'il était au milieu d'eux. La colonne de nuée les conduisait de jour et de nuit, car le jour et la nuit sont les mêmes pour Dieu et pour nous aussi, si nous sommes conduits par lui. Pierre, sans le Seigneur, ne pouvait pas plus marcher sur une mer tranquille que sur la mer agitée. Nous avons besoin de bonne volonté de coeur pour être toujours conduits par le Seigneur. Nous sommes enfants et nous en avons une telle certitude, que nous sommes heureux d'être des serviteurs. Jésus était le Fils de Dieu, mais il prit la place de serviteur. C'est lorsqu'il eut pris cette place que Satan lui dit: «Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas,» cherchant ainsi à mettre en doute les soins du Père. La certitude de l'amour du Seigneur donne la confiance pour obéir; si je compte sur l'amour du Seigneur, je me trouve rejeté sur sa volonté. Après qu'Israël se fut reposé près des palmiers, il dut repartir parce que ce n'était pas Canaan. A nous aussi le Seigneur peut donner un peu de repos, mais nous ne devons pas nous établir ici.

En vertu de la première pâque, nous avons été conduits hors d'Egypte, et nous sommes maintenant dans le désert, et là nous célébrons la pâque, dans la connaissance de l'amour de Dieu dans notre délivrance.

Lorsque la nuée s'arrêtait plusieurs jours (verset 19), ils devaient «garder ce que l'Eternel leur avait donné à garder (*)»; ainsi, tandis que nous attendons ici, nous n'avons qu'une chose pour nous occuper — Dieu; et si «notre oeil est simple, tout notre corps aussi sera plein de lumière».

 (*) Nouvelle version.