Le caractère du ministère de l'évangile

Notes d'une méditation sur 2 Corinthiens 4: 5

ME 1884 page 154

 

Le caractère du ministère de l'évangile est que nous possédons les choses pour nous-mêmes, avant de pouvoir les communiquer à d'autres. Quant aux prophètes de l'Ancien Testament, «ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils administraient ces choses» (1 Pierre 1: 10-12). Mais nous sommes placés entre les souffrances et les gloires de Christ, avec le Saint Esprit envoyé du ciel, brillant dans nos coeurs, «pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ». Paul dit: «Quand il plut à Dieu, qui m'a mis à part dès le ventre de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l'annonçasse parmi les nations» (Galates 1: 15-18). Remarquez que Christ fut révélé non point à Paul, mais en Paul. C'est la lumière de l'évangile de la gloire de Dieu, appelé l'évangile de la gloire — Christ parlant du ciel. Nous possédons les dernières choses, les dernières révélations, qui se rattachent à la gloire de Dieu dans l'homme Christ Jésus, maintenant dans le ciel. «C'est pourquoi, ayant ce ministère, comme ayant obtenu miséricorde, nous ne nous lassons point», etc. (2 Corinthiens 4: 1-6). Et dans ces dernières paroles, l'apôtre parle du contraste avec Moise, qui mettait un voile sur sa face.

Nulle gloire n'est à comparer avec celle de la face de Christ. L'homme ne pouvait pas la regarder, lorsqu'elle venait vers lui avec l'exigence de la loi. Jamais la lumière de la gloire de Dieu ne brille dans le coeur d'un homme sans réveiller sa conscience, s'il est sous la loi. Je ne puis me tenir dans la présence de Dieu; elle me dit ce que je devrais être, et si je ne le suis pas, je ne puis regarder la gloire - Dieu doit cacher Moïse dans la fente du rocher. Mais quand je vois la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ, où est-ce que je la vois? Dans le ciel, dans un homme, l'homme qui a été attaché à la croix pour mes péchés. Ce que signifie la gloire, lorsqu'elle est vue là, c'est que le péché, la mort et Satan ont été ôtés tous ensemble. Christ, ayant été fait péché, est mort, est descendu dans le sépulcre, a été ressuscité et est monté au ciel, et la seule part que l'homme ait eu en cela est le péché et sa haine pour Christ.

La gloire de Dieu est le témoin qu'il y a une entière purification de tout péché. Celui qui est à la droite de Dieu, qui a été fait péché, qui est descendu dans la mort et dans le sépulcre, est maintenant dans la gloire, et, en vertu de l'oeuvre accomplie, ce témoignage vient à moi: Celui qui a porté mes péchés est dans la gloire — tous sont ôtés. Nous avons là le plein témoignage de la gloire de Christ — le témoignage de la valeur que Dieu y attache. J'ai tout cela dans la gloire de Dieu, dans la face de Jésus Christ. Ayant été amené par lui à croire en Dieu, je vois la gloire de Dieu; je puis la contempler et y trouver mes délices. Le témoignage de mon salut c'est la gloire, et, la contemplant à face découverte, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire.

Je vois dans la gloire de Dieu Celui qui a porté mes péchés, et j'ai la certitude que tout péché a été ôté, et alors le Saint Esprit vient, et, parce que je suis purifié, je suis scellé par lui. Un chrétien regarde aux souffrances accomplies; il regarde en arrière à l'oeuvre accomplie qui a ôté le péché; il regarde en haut et voit dans la gloire Celui qui a tout effectué, et c'est là le chemin par lequel la gloire obtient son plein effet dans le coeur. C'est la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ. L'âme demeure confondue quand elle la voit d'abord, mais qu'est-ce que j'attends, s'il me reconnaît comme un avec lui-même? J'attends qu'il vienne et me prenne là; qu'il m'introduise dans la chose qu'il a faite mienne.

La puissance est venue dans ce lieu de mort. Je ne désire pas mourir, mais être revêtu — ce qui est mortel étant absorbé par la vie. Je ne désire pas mourir, je désire être changé dans le corps de gloire, sans mourir du tout. C'est une puissance vivante actuelle. Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous changés: la puissance de la mort est brisée. Si je vais devant le tribunal du Christ, dans quel état irai-je? Le Seigneur viendra et m'amènera là. Christ, qui prend son plaisir en moi, vient pour moi, me transforme et me conduit là glorifié, et j'aurai là à rendre compte de moi-même. Ce sera une grande bénédiction de voir tout amené en lumière, — comment Christ m'a gardé quand je tombais, comment il m'a relevé. La plénitude de la rédemption est manifestée, quand nous allons devant le tribunal de Christ dans des corps glorifiés. Quand il paraîtra, nous lui serons semblables, et qu'ai-je à craindre maintenant quant au jugement? Celui qui a porté mes péchés est à la droite de Dieu, ayant ôté le péché à sa première venue, et il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut, et nous prendra à lui, comme faits semblables à lui.

Les vierges sages étaient endormies, aussi bien que les folles. Qu'est-ce qui changea la chose. Le cri de minuit — le témoignage de la venue du Seigneur — les éveilla; elles avaient de l'huile (la grâce), et éveillées par le cri, elles étaient prêtes, et entrèrent. En s'endormant elles avaient abandonné l'attente de l'Epoux, et quand le cri se fit entendre, elles s'éveillèrent. D'abord elles étaient sorties le coeur rempli de la pensée de sa venue, puis se laissant aller à prendre leurs aises, elles s'endormirent plus ou moins dans le monde.

Si le Seigneur Jésus venait ce soir, seriez-vous avec vos lampes allumées prêts à le recevoir? C'est l'état de vos âmes que vous pouvez voir par là. Dans les derniers jours, nous devons nous attendre à des temps difficiles, mais, au milieu de tout, à de grandes bénédictions aussi, dans le sentier de la foi. Nous trouvons la forme du christianisme, mais la puissance en est reniée. Dans la seconde épître à Timothée, je suis renvoyé aux Ecritures, parce que si je dis: «L'Eglise enseigne ceci ou cela», la question sera: «Qu'est-ce que l'Eglise?» Mais si je dis: «L'Ecriture le dit», je sais où je l'ai appris: «Dès l'enfance tu connais les saintes lettres».

Or la parole de Dieu est «plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants», elle a affaire avec la conscience, non avec l'intelligence. Si j'y touche, elle agit sur ma conscience; elle vient en moi avec sa puissance invisible, et, comme la femme de Samarie, je puis dire: «Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait». La racine de la foi est dans la conscience. On parle de succession apostolique; il n'y a pas de succession dans la parole de Dieu. Juste avant que Laodicée ne soit vomie de la bouche de Christ, la parole adressée à Philadelphie est: «Voici, j'ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer». Il n'y a pas grand-chose à dire touchant Philadelphie, mais ce qui la caractérise, c'est ce en quoi Dieu prend plaisir, — la parole de Christ a autorité sur leurs coeurs et leurs consciences. Ils retiennent son nom, et regardent à la promesse. «Voici, je viens bientôt». Il attend, assis à la droite de Dieu, jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds. Ses amis sont parfaits à perpétuité, et il va venir pour les prendre à lui. Il ne veut pas avoir une parcelle de l'héritage avant d'avoir rassemblé ses cohéritiers; alors toutes choses dans le ciel et sur la terre seront réunies en un, et tout sera assujetti à Christ.

Nous occupons une place particulière, semblable à celle d'Eve. Elle n'était pas seigneur de la terre; dans toute la création dont l'homme était seigneur, elle était la compagne de celui-ci. Etre associés au Seigneur Jésus Christ est la seule chose qui distingue notre place particulière. Il est donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous; et nous, les cohéritiers de Christ, nous l'attendons, — Lui, qui nous aime d'un amour éternel!

Ce qui caractérise le christianisme, c'est la connaissance sans voile de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ, et «si notre évangile est voilé, il est voilé en ceux qui périssent». Il peut y avoir un voile sur le coeur de l'homme, mais le fait que l'Homme est dans la gloire de Dieu reste vrai, et quand le voile est ôté, il n'y a plus rien à attendre que la venue de Christ en jugement pour le monde. Quant aux épreuves et aux afflictions du temps présent, elles se rattachent toutes au vase de terre, à sa faiblesse. Si même vous étiez un apôtre, vous ne pouvez être gardé, jour après jour, que par la puissance de Dieu. Le vase est une chose, le trésor en est une autre. Le vase doit n'être rien, pour que le trésor brille au dehors. Le vieil homme est jugé et crucifié avec Christ; j'ai à me regarder comme un homme mort. Je puis allumer une lanterne, mais si les verres ne sont pas parfaitement propres, la lumière ne brillera pas au dehors. J'ai dans mon âme un Christ glorifié, mais si ma chair me gouverne, ce n'est plus le trésor qui brille. J'ai à me compter pour mort devant Dieu.

Un chrétien est un homme nouveau aux yeux de Dieu. Me tenir pour mort est un privilège pour moi, et c'est une nécessité pour mon témoignage que de garder cela simplement. Supposez qu'une mère apprenne que son fils a été grièvement blessé, s'arrêtera-t-elle, en allant le trouver, à regarder les étalages des magasins? Ainsi, si un chrétien est rempli de Christ, il ne sera distrait par aucune des choses du monde. Là où le vase de terre est ce qu'il doit être, la lumière brille. Il ne doit point y avoir de repos pour la chair; il n'y a rien qu'épreuves et douleurs; toujours «livrés à la mort», et «portant dans le corps la mort». Le Seigneur faisait passer l'apôtre par toutes sortes de circonstances. Si quelque chose de la chair se montrait, il fallait y appliquer le fer rouge pour détruire les bourgeons. La mort opérait en lui, afin qu'il ne parût rien d'autre que la vie de Christ.

Il existe une telle chose — un homme supérieur à toutes les circonstances par lesquelles il a à passer. Paul portait la sentence de mort en lui-même, à travers toutes choses, et cependant «prêchant avec hardiesse». Nous voyons chez Etienne la supériorité la plus complète aux circonstances. Tandis que les pierres pleuvaient sur lui, il s'agenouille et prie pour ses meurtriers. Il ressemble à Christ; il vit au milieu de la mort.