«L'amour du Christ qui surpasse toute connaissance»

 ME 1884 page 197  -  Ephésiens 3: 14-21

 

Dans cette prière, l'apôtre se perd lui-même de vue, pour ainsi dire, et il n'y a là rien d'étonnant. Après avoir dit: «Je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ», il ajoute: «Afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l'homme intérieur, de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos coeurs, et que vous soyez enracinés et fondés dans l'amour» (ce que Dieu est, la nature divine), «afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints» (embrassant cette unité complète dans laquelle le Saint Esprit habite) «quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur;» il ne peut dire de quoi: il est entré maintenant dans l'infini de toutes les pensées de Dieu et de tous ses desseins de bénédiction. De même que les soupirs (Romains 8: 26), la pensée ne peut être exprimée. C'est Dieu qui a été introduit, et Christ qui remplit toutes choses, selon la puissance de la rédemption, depuis le trône de Dieu jusqu'aux profondeurs de la mort, et depuis les profondeurs de la mort jusqu'au trône de Dieu. Christ ayant toutes choses et remplissant toutes choses, je me trouve, dit l'apôtre, placé au centre de cet infini, et il ajoute: «et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance». Il ne peut aller nulle part sans trouver l'amour et la puissance infinis; l'amour qui fit descendre Christ, la puissance qui l'a élevé de nouveau.

Cela répond à tous les exercices du coeur. Si l'on est abaissé comme Christ s'est abaissé, dans la poussière de la mort, le Saint Esprit vient vers l'affligé qui sent ce pouvoir de la mort dans son âme, il habite en lui, et le porte en haut, par la connaissance de la rédemption, jusque dans toute la plénitude de Dieu lui-même.

Cela, bien-aimés, est le résultat de l'habitation du Saint Esprit, ici-bas, en conséquence de la rédemption accomplie par Christ. Le Saint Esprit peut venir et apporter la paix à nos âmes, et l'effet de cette paix est de nous faire passer, «selon la puissance de Dieu», à travers tout le mal qui nous entoure. C'est ce que l'apôtre dit à Timothée: «Prends part aux souffrances de l'évangile selon la puissance de Dieu». Où nous arrêterons-nous? L'âme se réjouit dans ce qui doit être la joie et le bonheur du coeur qui sait que Dieu est descendu pour demeurer en lui: c'est l'immuable bénédiction de la présence de Dieu. Ensuite, quelles que soient les circonstances au milieu desquelles nous nous trouvons, si elles ne sont que des douleurs et des épreuves, quelle est la conséquence? Dieu assure nos âmes de la plénitude de la sympathie de son amour, et ainsi ces circonstances deviennent, pour ainsi dire, une porte pour introduire Dieu. Toutes les richesses, «les insondables richesses de Christ», sont nôtres, et Christ remplit tout. Il n'y a rien à quoi nous puissions penser, où nous ne trouvions la plénitude de Christ. Si nous pensons à la mort, nous y voyons Christ; au péché, nous ne saurons jamais pleinement ce qu'est le péché jusqu'à ce que nous ayons vu Christ «fait péché;» à Dieu, c'est uniquement en Christ que nous connaissons Dieu; à l'homme, en Christ seul nous voyons l'homme élevé à la hauteur de sa bénédiction; à la paix, c'est par Christ que nous connaissons la paix de Dieu; à la vie, Christ est notre vie; à la gloire, elle est toute en Christ. A quoi que nous pensions, il n'y a rien, dans la création ou au-dessus d'elle, rien entre Dieu et l'homme, où nous ne devions trouver Christ. Il est le Chef de l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous. Nous ne pouvons tourner nos regards nulle part sans y trouver la plénitude de Christ, et, par la puissance du Saint Esprit, nos âmes sont amenées dans la joie de cette plénitude, comme étant à jamais et parfaitement unis à lui, dans une union vivante avec lui.

Il y a un autre point que je n'ai point touché, c'est l'effet pratique de ce dont je viens de parler. Quel serait-il, cet effet sur nos âmes, si nous sentions réellement que nous sommes «édifiés ensemble» etc., si nous sentions que dans le monde entier les chrétiens sont en vérité «l'habitation de Dieu!» Combien cette pensée agirait sur tout! Ce par quoi l'Eglise de Dieu a été corrompue, ordonnances et autres choses semblables, disparaîtrait comme les vapeurs devant la présence du soleil. Quelles pensées de gloire nous aurions, quelles pensées de sainteté, quelle paix dans les circonstances pratiques, quelle crainte d'attrister le Saint Esprit, quel amour envers les saints, quelle joie, quelle confiance! Comme nous pourrions nous rire de tous nos ennemis (Esaïe 37: 22, 23), non avec orgueil, mais dans le sentiment que Dieu est là! Et comme nous vivrions et agirions ainsi que des «fils» et des «héritiers de Dieu!» Quelle puissance en toutes choses serait la nôtre, si nous nous souvenions de la perfection de la rédemption qui donne la paix, et si nous pouvions réellement dire que Dieu habite avec nous! C'est là notre partage, et quelles que soient notre faiblesse et notre infirmité (hélas! combien grandes!), quel que soit notre manquement, cela demeure vrai. Nous pouvons attrister le Saint Esprit, affaiblir le sentiment de notre joie, et cependant Dieu est avec nous. Le Saint Esprit demeure en nous.

Que le Seigneur nous donne de savoir et de reconnaître ce qu'est cette présence de Dieu sur la terre avec les hommes, en vertu de la rédemption qui est dans le Christ Jésus.