La position du chrétien devant Dieu - Romains 8: 1-11

 ME 1884 page 310

 

Le principe de la relation du croyant avec Dieu n'est pas la chair, mais l'Esprit, si l'Esprit de Dieu habite en nous. C'est là ce qui caractérise notre position devant Dieu. A ses yeux et devant lui, nous ne sommes pas dans la chair. Il est vrai que cela suppose l'existence de la chair; mais ayant reçu le Saint Esprit, et possédant la vie du Saint Esprit, c'est lui qui constitue notre lien avec Dieu. Notre existence morale devant Dieu est dans l'Esprit, non dans la chair ou l'homme naturel.

Remarquons ici que l'apôtre ne parle pas de dons, ni de manifestations de puissance, agissant en dehors de nous sur d'autres, mais de l'énergie vitale de l'Esprit, comme elle a été manifestée dans la résurrection de Jésus, et aussi en sainteté dans sa vie. Notre vieil homme est compté pour mort, nous vivons à Dieu par l'Esprit. En conséquence, cette présence de l'Esprit, toute réelle qu'elle est, est présentée d'une manière qui indique un caractère plutôt qu'une présence distincte et personnelle, bien que ce caractère ne puisse pas exister à moins qu'il ne soit là personnellement: «Vous êtes dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous» (*). La force de l'expression est sur le mot Dieu, et, en grec, il n'y a point d'article devant le mot Esprit. Néanmoins cela se rapporte clairement à l'Esprit personnellement, car il est dit: «habite en vous», de sorte que l'Esprit est distinct de la personne en qui il habite.

(*) Notons ici, qu'au commencement du chapitre, il est dit que nous sommes en Christ, tandis qu'au verset 9, nous sommes dans l'Esprit; puis il est parlé de l'Esprit de Christ, et il est dit: «Si Christ est en vous», parce que c'est par l'Esprit que nous sommes en Christ. Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui (comparez Jean 14). Et cela donne son vrai caractère à notre vie et à notre place devant Dieu. Nous en Christ et Christ en nous, constitue, en plusieurs endroits de l'Ecriture, la position chrétienne, position connue aussi par le Saint Esprit habitant en nous (voyez Jean 14).

Mais la force de la chose est ceci: il n'y a rien en l'homme qui puisse résister à la chair ou qui puisse en faire sortir l'homme, — elle est lui-même. La loi ne peut aller au delà de cette limite (savoir, celle de l'homme à qui elle s'adresse), et elle ne le doit pas, car elle a affaire avec sa responsabilité. Pour être délivré, il doit y avoir quelque chose qui n'est pas l'homme et cependant qui agit en lui. Nulle créature ne pourrait rien en cela, car elle est responsable pour elle-même.

Il faut que ce soit Dieu. L'Esprit de Dieu venant en l'homme ne cesse pas d'être Dieu, et ne fait pas que l'homme cesse d'être homme, mais il produit d'une manière divine en l'homme une vie, un caractère, une condition d'être morale, un nouvel homme; dans ce sens, c'est un nouvel homme et c'est en vertu de la purification par le sang de Christ. Christ ayant accompli l'oeuvre de délivrance dont la puissance est le Saint Esprit qui habite en l'homme, ce dernier est en Christ et Christ en lui. Mais, possédant ainsi réellement une nouvelle vie qui a son propre caractère moral, l'homme est devant Dieu comme tel; il est à ses yeux ce qu'il est dans cette nouvelle nature, d'une manière inséparable de sa source; comme le ruisseau découle de sa source dont il ne peut être séparé, le croyant est dans l'Esprit. Le Saint Esprit, en vertu de l'oeuvre de Christ, est actif dans la vie qu'il a produite, et il en est la puissance. Telle est la position du chrétien devant Dieu. Nous ne sommes plus dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en nous. Il n'y a point d'autre moyen. Et c'est en vérité l'Esprit de Christ, — l'Esprit dans la puissance duquel Christ a agi, a vécu, s'est offert lui-même; par lequel aussi il a été ressuscité d'entre les morts. Sa vie entière a été l'expression de l'opération de l'Esprit, — de l'Esprit dans l'homme. «Mais si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de lui». C'est le vrai et seul lien, l'éternelle réalité de la nouvelle vie dans laquelle nous vivons à Dieu.

Nous avons à faire avec la réalité. Le christianisme a sa réalisation en nous dans une conformité de nature avec Dieu; Dieu ne peut être satisfait à moins, sans elle nous ne pouvons jouir de lui ou être en communion avec lui. Lui-même la donne. En effet, comment pouvons-nous être nés de Dieu, à moins que Dieu n'agisse pour nous communiquer la vie? Nous sommes son ouvrage, créés en Christ pour les bonnes oeuvres. Mais c'est l'Esprit qui est la source et la force de cette vie. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, si l'énergie de cette vie spirituelle qui a été manifestée en lui, qui est par la puissance de l'Esprit, n'est pas en nous, nous ne sommes pas de lui, nous n'avons point de part en Christ, car c'est ainsi que l'on est participant de lui. Mais si Christ est en nous, l'énergie de cette vie spirituelle est en lui qui est notre vie, et le corps est tenu pour mort, car s'il a une volonté comme étant vivant, ce n'est rien que péché. L'Esprit est vie; l'Esprit par lequel Christ a vécu activement; Christ par l'Esprit en nous est vie, — la source des pensées, des actions, des jugements, de tout ce qui moralement constitue l'homme, — afin qu'il puisse y avoir de la justice, car c'est la seule justice pratique possible; la chair n'en peut produire aucune. Nous ne vivons que comme ayant Christ pour notre vie; car en lui, et en lui seul, est la justice devant Dieu. Partout ailleurs il n'y a rien que péché. Et c'est pourquoi vivre, c'est Christ. Il n'y a point d'autre vie; toute autre chose est la mort.

Mais l'Esprit a encore un autre caractère. Il est l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts. Dieu a fait cela par rapport au Christ.

Si l'Esprit habite en nous, Dieu accomplira en nous ce qu'il a accompli dans le Christ (*), à cause de ce même Esprit. Il ressuscitera nos corps mortels. C'est la délivrance finale, la pleine réponse à la question: «Qui me délivrera de ce corps de mort?»

(*) Jésus est le nom personnel de Christ. Christ est à proprement parler un nom de position et d'office, il signifie l'Oint. Celui qui a ressuscité Christ, vivifiera les corps de ceux qui sont en relation avec lui.

Remarquons encore que l'Esprit est désigné de trois manières: 1° l'Esprit de Dieu, en contraste avec la chair de péché, avec l'homme naturel; 2° l'Esprit de Christ, le caractère formel de la vie qui est l'expression de sa puissance (c'est l'Esprit agissant en l'homme selon la perfection des pensées divines); 3° l'Esprit de Celui qui a ressuscité l'Homme Christ d'entre les morts. Ici, c'est la parfaite et finale délivrance du corps lui-même par la puissance de Dieu, agissant par le moyen de son Esprit. Ainsi, nous avons la réponse complète à la question: «Qui me délivrera?» Nous voyons que la vie chrétienne dans son vrai caractère, celui de l'Esprit, dépend de la rédemption. C'est en vertu de la rédemption que l'Esprit est présent en nous.