Notes détachées recueillies aux conférences de Vevey du 3 au 7 novembre 1884 - Apocalypse 1 – 3

ME 1885 page 16  -  ME 1886 page 39

 

Notes détachées recueillies aux conférences de Vevey du 3 au 7 novembre 1884 - Apocalypse 1 – 3  1

Apocalypse 1. 2

Apocalypse 2. 5

Apocalypse 3. 13

 

Le chapitre 1 est une introduction. Les chapitres 2 et 3 donnent le jugement que le Seigneur porte sur l'Eglise responsable:

Le jugement de Dieu commence par sa propre maison; vient ensuite le jugement du monde. En général, l'Apocalypse est un livre de jugements. Les épîtres donnent l'exposé des choses qui concernent notre vocation, comme les évangiles nous donnent l'histoire du Seigneur dans ce monde: Messie, Serviteur, Fils de l'homme et Fils de Dieu. Mais ici, c'est une prophétie, «une révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt». Le secret de l'Eternel est pour ceux qui le craignent. Dieu traite les saints ainsi dans tous les temps; c'est pourquoi nous trouvons peu avant le jugement de Sodome et de Gomorrhe: «Cacherai-je à Abraham ce que je m'en vais faire?»

Ainsi le Seigneur veut nous faire connaître ses pensées, il veut nous initier à ce qu'il va faire! Les choses ne peuvent pas toujours durer comme elles sont; Dieu interviendra dans la scène présente, et ce sera en jugement, «l'oeuvre étrange de l'Eternel», une oeuvre bien différente de l'évangile. Eh bien, de cela Dieu a parlé à l'avance, et c'est cette révélation qui est mise devant nous!


L'Apocalypse est une révélation que Dieu a donnée à Jésus Christ, pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt; mais elle n'a pas apporté dans le canon des Ecritures la révélation de choses qui fussent ignorées jusque-là. Elle est donnée aux saints du Nouveau Testament, parce que le temps est proche. L'Apocalypse s'occupe de sujets déjà mentionnés dans les Ecritures et y apporte des développements; mais ces sujets avaient été révélés par l'Esprit de Christ qui était dans les prophètes. Voir, pour exemple, le prophète Daniel, tandis que les écrits de Paul, qui présentent la révélation du «mystère caché en Dieu» dès les siècles (Ephésiens 3: 9), ont complété la révélation de Dieu. C'est pourquoi cet apôtre nous dit, dans l'épître aux Colossiens, que l'administration de Dieu lui a été donnée pour «compléter la parole de Dieu», savoir le mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations, mais qui a été maintenant manifesté à ses saints.


Apocalypse 1

 «Le témoignage de Jésus Christ» (verset 2) est l'esprit de prophétie; mais ici évidemment relatif au sujet de l'Apocalypse: «toutes les choses qu'il a vues». On remarquera au verset 3, la bénédiction spéciale qui est attachée à la lecture de ce livre.

(Versets 4, 5). Celui qui donne la salutation, c'est le Christ. Il est vu premièrement dans son être éternel: «Celui qui est, qui était, et qui vient;» ensuite comme venu dans le monde: en première création, «le témoin fidèle», en seconde, «le premier-né des morts», et «prince des rois de la terre». Les sept esprits (plénitude) sont devant son trône. Non le Consolateur, mais l'Esprit de Dieu en rapport avec le trône.

«Premier-né des morts». Historique: Christ est sorti du sépulcre, ayant vaincu la puissance de Satan et de la mort. Implique la participation d'autres personnes aux privilèges de cette résurrection, à laquelle est liée l'existence et la gloire de l'Assemblée. «Premier-né d'entre les morts». La résurrection pour la gloire: Christ, premièrement, les saints ensuite. Les autres morts sont laissés dans le sépulcre jusqu'au jugement. — Premier-né exprime un titre à l'héritage. En Israël, le droit du premier-né était la double portion. Dans le cas de David, Dieu, par élection, a institué héritier du trône un autre fils que l'aîné, Salomon: «Je ferai de lui le premier-né» (Psaumes 89: 27).

Dans l'épître aux Colossiens, Christ est le premier-né premièrement de toute la création. La création, proprement dite, est son héritage. La chose formée appartient évidemment à Celui qui l'a faite. Il est aussi «le premier-né d'entre les morts». Il tient la première place en nouvelle création. Il est «le chef du corps de l'assemblée, afin qu'en toutes choses, il tienne, lui, la première place» (1: 18). Il y a du profit pour nos âmes à étudier l'ensemble des choses réunies sur la personne de Christ: sa gloire, comme personne divine, son abaissement et son élévation, comme homme. Eussent-ils connu et cru les vérités que cela embrasse, les Juifs ne seraient pas restés à court quand le Seigneur leur a demandé: «Le Christ, de qui est-il fils?» La déité et l'homme apparaissent sans cesse en Christ dans l'évangile. Sur la nacelle, il dormait: c'est l'homme; il commande aux flots de se calmer et ils obéissent: voilà Dieu.

Remarquons ces mots: «grâce et paix». C'est délicieux. Avant la tempête qui va se déchaîner sur la terre, des saints, déjà dans la paix de Dieu, reçoivent de la part de Celui qui vient en jugement cette salutation rassurante: Grâce et paix à vous!

Au chapitre 5, nous trouvons l'expression «rois et sacrificateurs». Les 24 anciens présents sont à l'unisson des pensées divines. Ils célèbrent l'Agneau rédempteur et l'oeuvre qu'il a accomplie pour Dieu.

L'époque actuelle est caractérisée par l'appel de l'Eglise qui est quelque chose d'unique dans le plan de Dieu. C'est une classe de saints unis à Christ glorifié dans le ciel. Jean-Baptiste était le plus grand de l'économie qui prenait fin; le plus petit dans celle où nous sommes est plus grand que lui.


 (Verset 6). «Un royaume», ceux auxquels la salutation s'adresse. Le Royaume est devenu «Royaume des cieux», depuis que le Christ est monté au ciel; c'est quelque chose qui n'existait pas avant l'époque actuelle, et qui ne caractérise que cette époque. L'expression, dans Hébreux 12: «Vous êtes venus», s'applique au fait que nous sommes arrivés à cette sphère nouvelle à laquelle ressortit tout ce qui est énuméré. L'expression «vécurent» (chapitre 20: 4), signifie non pas avoir part à la vie ordinaire, mais «ressuscitèrent».

(Verset 7). On voit un caractère de l'économie prochaine dans ces mots: «tout oeil le verra».

(Verset 8). Le Seigneur possède les titres de la déité dans l'Ancien Testament: «Seigneur, Dieu, Tout-Puissant». — «Seigneur» est le mot du Nouveau Testament pour «Eternel». Dans Daniel 7: 22, il est l'Ancien des jours.

Au même chapitre de ce prophète, on voit (verset 9) des trônes dressés; dans l'Apocalypse, ces trônes sont occupés (4: 4).

L'introduction du nom du Seigneur Jésus réveille aussitôt dans les saints les étreintes de l'amour de Christ, et reçoit de leur part la réponse spontanée exprimée dans les versets 5 et 6: «A Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles! Amen».


Le verset 7 donne un caractère de l'économie à venir: «Tout oeil le verra».

(Verset 8). Christ réunit les trois noms sous lesquels Dieu s'est révélé dans ]'Ancien Testament.

(Verset 9). Jean se voit comme étant dans la tribulation avec les fidèles. Avoir part à «la patience de Jésus», veut dire: attendre patiemment avec lui. Le Seigneur est assis à la droite de Dieu, et il attend le moment de recevoir le royaume. Il le reçoit du Père. C'est sa gloire comme serviteur. Il attend; nous attendons avec lui. La tribulation, le royaume et la patience de Jésus sont liés ensemble: d'abord, la tribulation et le royaume (comparez 2 Timothée 2: 12); puis, l'espérance du royaume; elle donne lieu à la patience.

(Verset 10). Jean est en esprit dans la journée «dominicale», c'est-à-dire dans le jour seigneurial, — un dimanche, — le premier jour de la semaine.

Si l'on excepte les trois premiers chapitres et les trois derniers, l'Apocalypse révèle les événements qui précéderont le jour du Seigneur. Au chapitre 19, verset 11 et suivants, le Seigneur apparaît en gloire et puissance; c'est le jour du Seigneur; mais beaucoup de jugements auront précédé.

(Versets 12-16). Le Seigneur revêt ici les attributs d'un juge, — ceux de l'Ancien des jours, non les attributs du service sacerdotal. Cet aspect du Seigneur est spécial à l'Apocalypse.


Il y a une responsabilité pour les individus, une aussi pour les assemblées. Ici, nous trouvons le Seigneur prenant connaissance de la conduite qu'on a tenue, eu égard à la responsabilité, à ce double point de vue. Ce que lui a opéré est et demeure, c'est parfait; mais ce qu'il confie à la responsabilité dégénère bientôt dans les mains de l'homme. Qu'il y ait une responsabilité des assemblées, c'est évident. Entre plusieurs devoirs, nous sommes invités à être soigneux à garder l'unité de l'Esprit. Dieu a formé l'assemblée dans l'unité ici-bas; mais ce qui incombe aux saints, c'est la responsabilité de la garder comme il l'a formée; et Dieu juge d'après ce qu'il a donné, et selon la gloire dans laquelle il nous introduira, à l'apparition de notre Seigneur Jésus Christ. Mais l'homme a fait défaut, comme toujours, sous la responsabilité. Le déclin n'a pas tardé, la vérité n'est pas demeurée, l'unité non plus.


 (Versets 17, 18). Jean tombe comme mort. Ce n'est pas un état d'âme; Jean éprouve, devant la gloire du Juge, la faiblesse de l'homme dans un corps d'infirmité. Le Seigneur le rassure. Celui dont la gloire est la cause de son trouble, est en même temps sa ressource.

(Versets 19, 20). Jean reçoit l'ordre d'écrire:

1.      les choses qu'il a vues (le Seigneur Juge);

2.      les choses qui sont (les sept églises);

3.      les choses qui seront après celles-ci (voyez chapitre 4: 1).


Un mot sur l'ange de l'Assemblée. On peut y voir le personnel représentatif de l'assemblée. Dans la Parole, les anges ont, en effet, une place représentative: «Leurs anges voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux». Il y a, dans les assemblées, un personnel qui a, de la part de Dieu, charge de service dans l'assemblée. Il est le premier responsable. Un père confie, en son absence, le soin des cadets aux deux aînés. A son retour, il trouve la maison bouleversée. La première faute est peut-être celle des cadets, mais c'est aux aînés que le père s'en prend, tout d'abord, quoique le trouble soit la faute de tous.

Apocalypse 2

Il est admis parmi les interprètes sérieux de la parole de Dieu, que les sept églises présentent un tableau historique de l'état de l'Eglise sur la terre, depuis les jours de Jean jusqu'au moment du jugement du Seigneur. Nous le croyons aussi. Autrement, s'il s'agissait d'assemblées spéciales, le Seigneur n'aurait-il parlé que de sept, quand il y en avait un très grand nombre sur la terre?

Les sept églises présentent un ensemble qui offre le tableau d'un déclin de la bénédiction première, d'un état de chute, d'un mal progressif qui rencontrera le jugement de Dieu. C'est le développement historique de l'Eglise sur la terre, considérée au point de vue de son témoignage et de sa responsabilité, à laquelle elle a failli comme en tout ce qui a été confié à l'homme. Elles n'en sont pas moins, pendant qu'elles existent, les sept lampes qui constituent le témoignage de Dieu sur la terre, — témoignage non individuel, mais collectif.

A Ephèse, on peut remarquer le premier déclin, et cela, déjà au temps de Jean: on avait abandonné le premier amour.

(Verset 2). Le Seigneur reconnaît le bien qui reste: «Tes oeuvres, et ton travail, et ta patience». Mais encore ici se remarque le déclin, car ces qualités ne sont plus ornées de la grâce qui les produit, comme on le voit dans 1 Thessaloniciens 1: 3: «Votre oeuvre de foi, votre travail d'amour, et votre patience d'espérance». Le ruisseau coule encore, mais la source ne communique plus. Ces caractéristiques de la vie chrétienne qui appartiennent premièrement au chrétien, vu comme individu, ont aussi leur expression dans l'ensemble, et le Seigneur y regarde, comme nous le voyons ici.

Le Seigneur reconnaît aussi la fidélité qu'on montrait à l'égard de la conduite et de la doctrine: on se gardait pur. L'assemblée d'Ephèse ne supportait pas les méchants, et elle avait éprouvé ceux qui se disaient apôtres, et les avait trouvés menteurs.

Le Seigneur s'est présenté ici comme Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite; il tient dans sa main la direction et la puissance d'administration dans l'assemblée. Plus tard, comme avec Sardes, c'est moins immédiat: il a les sept étoiles, mais il ne dit pas qu'il les tienne dans sa main.

Le nombre sept: «sept lampes», «sept étoiles», représente l'unité d'arrangement, — un arrangement relatif à Dieu, — non le nombre douze.

En s'adressant aux assemblées, le Seigneur se présente à chacune dans des attributs spéciaux, appartenant à ceux qu'il revêt dans le premier chapitre. Il le fait ainsi surtout avec les quatre premières. Ces attributs sont relatifs à la condition morale des assemblées. Ils expriment ce qu'il est pour chacune, en autorité et en ressources.


Il y avait encore beaucoup de bien dans l'assemblée de Dieu sur la terre; mais le mal travaillait à s'étendre. On voit dans l'épître aux Philippiens ce premier travail de l'extension du mal: Evodie et Syntiche n'avaient pas une même pensée dans le Seigneur. Tous cherchaient leurs propres intérêts. Et il y avait parmi les saints une catégorie de gens qui marchaient en ennemis de la croix de Christ, et desquels Paul parlait en pleurant. Que peuvent faire quelques hommes pieux, quand ils sont débordés par les progrès d'un mal qui va sans cesse grandissant?

Il y a, ainsi qu'on le voit dans les sept assemblées, un trait spécial de la foi et de la vie chrétienne, pour lequel il faut tenir ferme et vaincre, car c'est ce qui est attaqué dans chaque état particulier, mais d'une façon différente.

A Ephèse, on ne supportait point les méchants, et à l'égard de ceux qui se disaient apôtres, on les avait éprouvés et trouvés menteurs.

Quand le mal a pénétré dans une assemblée, et que les premiers avertissements et soins ont été sans fruit, il ne reste plus que l'autorité pour se purifier du mal, et l'autorité de Christ dans l'assemblée est effective.

Quand une assemblée est contrainte de prononcer un jugement, on doit se soumettre à sa décision, parce que c'est à elle que Dieu a donné l'autorité de juger dans ces matières, et non pas aux individus. Tous doivent se soumettre, même celui qui n'aurait pas compris; le moment, d'ailleurs, vient toujours où Dieu met toutes choses en lumière. L'assemblée n'est jamais un tribunal, mais il y a des cas où Dieu fait que les choses suivent leur propre cours, sans que l'assemblée intervienne activement. Ainsi, en 1 Jean 2 et 4, les faux docteurs sont sortis d'eux-mêmes: «Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres; car s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous, mais c'est afin qu'ils fussent manifestés comme n'étant aucun d'eux des nôtres» (1 Jean 2: 19). Ils avaient évidemment rencontré dans l'assemblée des hommes qui pouvaient leur faire face.

C'est un devoir pour l'assemblée de ne pas laisser la chair se donner carrière, et de faire connaître qu'elle «ne veut pas abandonner ce qu'elle a entendu dès le commencement».

Ephèse a abandonné «son premier amour». Il faut remarquer la portée du reproche: ce n'était pas une exhortation à avoir de l'amour, mais à revenir au passé, en se repentant.

Le Seigneur juge en cela d'après ce qu'il a donné au commencement. Pensons-y (comparez Jérémie 2: 2).

L'amour de Christ! Quand nous avons été convertis, nous avons nous aussi goûté ce premier amour; rien ne nous coûtait en fait de sacrifice… Plus tard, le combat est venu, et des expériences humiliantes de soi, peut-être aussi un peu de fatigue et de lassitude. Et après, moins d'élan, trop de calme: l'amour en souffre.


En général, quand il s'agit de discipline, s'il est question d'un scandale on trouve tout le monde d'accord à le juger, mais peut-être pour plusieurs, le motif c'est l'honneur du rassemblement, ou, comme on dit, «du témoignage», plus que l'honneur du Seigneur lui-même. Si le premier amour était là… le Seigneur serait le premier objet de la pensée.

Une épouse qui faiblit dans ses sentiments peut ne pas négliger sa maison quand même, et tenir tout en ordre; mais le mari ne tarde pas à s'apercevoir de ce qui est survenu au logis, et il le ressent. Si Christ a sa place dans les coeurs, le témoignage ne sera pas «nous», mais la vérité; ce ne sera plus l'honneur de l'assemblée, mais le Seigneur lui-même qui sera en cause et pour lequel on agira, en demeurant toujours dans sa dépendance. Malheureusement, nous ne sommes pas assez simples; pour faire notre chemin, il nous faut devenir humbles et avoir conscience que nous sommes peu de chose. Un frère estimé a dit: «Nous avons le privilège de nous considérer nous-mêmes avec un mépris silencieux».

Souvenons-nous que nous n'avons pas à créer un système, mais à marcher dans le chemin que le Seigneur a préparé pour nos temps et dans lequel il nous a fait entrer — un chemin d'obéissance et de dépendance. Nous regardons dans le passé, et nous y voyons la bénédiction du commencement, tout en ayant conscience du degré auquel elle est réduite à présent; mais ayant conscience aussi de la grâce qui sait ouvrir un chemin à la foi dans les jours désastreux, et qui déploie ses ressources pour y conduire et soutenir les saints.


Comment peut-on comprendre l'expression: «Je viens à toi?» C'est le Juge qui parle. Il est prêt à agir. C'est le ton de l'Apocalypse de dire les choses comme s'accomplissant bientôt. A Daniel, il fut dit: «Scelle la vision, car elle est pour beaucoup de jours» (Daniel 8: 26); et à Jean: «Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre; le temps est proche» (Apocalypse 22: 10). De fait, l'assemblée d'Ephèse n'existe plus aujourd'hui. La lampe a été ôtée de son lieu.


La discipline a-t-elle à rencontrer, non le scandale, mais une mauvaise doctrine ou des principes subversifs du droit de Christ, cela devient plus difficile. Le devoir qui serait évident pour tous, ne l'est pas pour les faibles. Ceux-ci demandent pourquoi on fait une question de ces choses, et ils seraient disposés à passer sur un mal si peu apparent. La fausse doctrine égare la foi, et cause du ravage dans l'état moral de ceux qui la reçoivent. Elle atteint non seulement un individu, mais assez promptement l'assemblée: c'est le levain qui fait lever toute la pâte. Bientôt, l'assemblée qui laisse faire sera méconnaissable. Il faut y apporter de la vigilance. Les actes mauvais sont quelque chose, certainement; mais aujourd'hui, ce n'est guère que cela que l'on consent à redresser, et l'on passe facilement sur une doctrine qui défigure la personne de notre Sauveur. Evitons ces deux maux.


Chaque adresse se termine par un avertissement et par une promesse. Il faut des oreilles, et il faut s'en servir: on doit prêter attention. Avertissement et promesse s'adressent individuellement. A Ephèse, la promesse est: «A celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l'arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu». Compensation de la souffrance éprouvée durant le temps du combat pour la fidélité à Christ. Paul acceptait le combat; il savait qu'il n'y perdrait rien au jour de Christ. Il avait confié son dépôt au Seigneur pour ce jour-là. Alors, il trouvera en lui le fruit mûr de l'arbre de vie. Toute souffrance n'est pas celle qui nous vient des ennemis de l'évangile. Il y a aussi, pour le serviteur de Dieu, une part de souffrance au milieu des saints. Paul exhorte Timothée à prendre courage et à endurer cette souffrance.

 (Verset 7). Christ est lui-même le fruit du paradis de Dieu, la vie en exubérance. L'arbre de vie en Eden fut barré à l'homme pécheur; il est retrouvé en Celui en qui la vie a été manifestée et qui est lui-même «le Dieu véritable et la vie éternelle» (1 Jean 5: 20). Déjà maintenant, l'enfant de Dieu jouit des fruits de cette vie, sauf la gloire et le plein développement que la gloire amènera. En Christ, nous sommes devenus participants de cette vie céleste et devenus célestes nous-mêmes. Nous en jouissons maintenant, quoi que nous soyons dans le temps de la responsabilité. Mais cette grâce même est la cause pour laquelle nous avons une responsabilité. Elle demeure toujours.


 (Versets 8-11). Dans les temps de persécution, il faut rassembler toutes ses forces et accepter de mourir plutôt que de renier le Seigneur. Mais lui se présente alors aux saints sous un caractère en rapport avec l'état de choses au milieu duquel ils se trouvent. Il est le premier et le dernier — c'est le caractère divin de Christ, il est celui qui subsiste et subsistera à jamais; quel appui dans la persécution. Mais de plus, remarquons-le, — il est celui qui a été mort et qui a repris vie, — c'est soit caractère humain dans des circonstances analogues à celles qu'ils ont à traverser. S'ils doivent mourir, ils ont affaire à Celui qui a été mort aussi, mais qui a repris vie. Il a passé par où ils ont à passer — ils auront part à la vie où il est entré.


Ephèse a montré le déclin, le relâchement, que la main de Dieu intervient pour arrêter, et la tribulation arrive. Mais l'épreuve est limitée, mesurée dans sa durée par le Seigneur lui-même. C'est 10 jours, 1260 jours, il les a comptés. Avec la tentation, il fait aussi l'issue afin qu'on la puisse supporter; «étant maintenant affligés pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire». Marc 9: 49, nous explique le but moral de la tribulation: «Chacun sera salé de feu, et tout sacrifice sera salé de sel». Les saints sont une offrande présentée à Dieu, comme autrefois les Lévites. Or il était dit: «Tu ne laisseras point manquer sur ton offrande de gâteau le sel de l'alliance de ton Dieu; sur toutes tes offrandes, tu présenteras du sel». Le sel empêche la corruption. Il ne faut pas que la corruption se mêle à ce qui est présenté à Dieu. Les saints y sont exposés; le mal est toujours près de se glisser en eux, et «chacun sera salé de feu». Le feu de la tribulation est nécessaire pour prévenir et arrêter le mal. Mais s'il s'agit de «feu» pour les méchants, ce n'est plus «préservation», c'est «jugement».

En général, si la persécution purifie, elle n'édifie pas. En, effet, toutes les forces de l'âme sont alors concentrées sur une seule chose: demeurer fidèles, quelle que soit l'épreuve. Le temps manque, pour ainsi dire, pour sonder la vérité. On reste attaché à ce que l'on en a saisi et qui est devenu le bien le plus précieux pour l'âme. On ne voit peut-être pas tout ce qui se rattache à Christ et qui découle de lui, mais le coeur a saisi sa personne; on ignore peut-être beaucoup les merveilleuses vérités révélées dans l'Ecriture, mais c'est la parole de Dieu, et l'on souffre et l'on donne sa vie pour la parole de Dieu et pour Christ. C'est toujours la vérité qui, agissant sur l'âme, produit un bon état subjectif. Quand la persécution est l'effet d'un témoignage rendu à Dieu selon la vérité, elle nous rejette sur le Seigneur. Autrement, on court risque de se prévaloir de ce que l'on a souffert. On n'a pas à la rechercher, c'est le témoignage fidèle qui la produit. Le Seigneur a dit: «Quand on vous persécutera dans cette ville, fuyez dans l'autre;» c'est ce que faisaient les apôtres.


 (Versets 12-17). Quand l'Eglise a oublié sa vocation céleste et son caractère d'épouse de Christ, le méprisé et le rejeté des hommes, quand elle a glissé dans le monde et qu'elle a accepté l'alliance avec le monde et sa protection, le Seigneur se présente à elle comme «Celui qui a l'épée aiguë à deux tranchants», cette même épée avec laquelle il exécutera le jugement sur le monde rebelle (Apocalypse 19). L'épée aiguë à deux tranchants est «la parole de Dieu vivante et opérante… atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur». L'Eglise, en oubliant sa vocation céleste, a perdu le sentiment de la vérité; elle s'est placée là où est le trône de Satan, et par suite laisse subsister, sans les juger, des doctrines perverses qui l'entraîneront plus loin dans le mal. De là vient l'avertissement: «Repens-toi donc, autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux avec l'épée de ma bouche». C'est la parole du Seigneur qui juge les fausses doctrines en même temps que la mondanité.

Quand la tribulation, l'épreuve, n'a pas eu pour effet de ramener au premier amour, l'Eglise tombe dans la mondanité. Elle s'allie avec le monde. Il est vrai qu'il peut y avoir encore une certaine fidélité à retenir le nom de Christ et la foi, et que même, au milieu du mal, il y aura de fidèles témoins qui vont jusqu'à donner leur vie (préparant pour ainsi dire le résidu), mais le caractère de séparation qui aurait dû toujours distinguer l'Eglise, est perdu.


Dès que la mondanité se glisse dans l'Eglise, elle perd sa force pour juger le mal. De là vient que si à Ephèse il y avait des Nicolaïtes, Ephèse haïssait leurs oeuvres (le mal n'était pas encore érigé en doctrine); s'il y avait de faux apôtres, Ephèse les discernait et les jugeait; s'il y avait des méchants, elle ne pouvait les supporter. Mais à Pergame, le monde est dans l'Eglise, et nous voyons le mal prendre la forme de doctrines tenues par des personnes; les unes tiennent la doctrine de Balaam, les autres celle des Nicolaïtes. La conscience n'était pas seulement éteinte, mais elle était corrompue par un tel enseignement. Il n'y avait ni discernement spirituel, ni force morale, car le discernement et la force n'existent que dans la communion avec Christ; or peut-elle exister là où la mondanité prévaut? Il n'y a point de communion entre Christ et Bélial. Toutefois là où, dans l'ensemble, il n'y avait point eu de force pour agir, on trouve le témoignage individuel, la fidélité jusqu'à la mort, suivant l'exhortation adressée à Smyrne. Le Seigneur, si l'ange de l'assemblée de Pergame, le représentant responsable de cette assemblée, ne se repent, prendra lui-même sa cause en main, car il est fidèle; il combattra, non contre Pergame, mais contre eux, les fauteurs de mauvaises doctrines; toutefois, quelle humiliation quand l'Eglise, qui aurait dû être la colonne et le soutien de la vérité, oblige le Seigneur, par manque de fidélité, à intervenir lui-même.


 «Tu n'as pas renié ma foi;» à Philadelphie c'est «mon nom». Le premier est plus général; le second plus intime. Dans Ephèse, Smyrne, Pergame et Thyatire, nous voyons les progrès successifs du mal, malgré les avertissements et les épreuves, jusqu'à ce que le résidu seul soit reconnu du Seigneur. A la fin on trouve Sardes, Philadelphie et Laodicée, qui marchent concurremment. On peut les considérer comme naissant successivement, mais ensuite marchant simultanément jusqu'à la fin; tandis que les trois premières, Ephèse, Smyrne, Pergame, qui ont paru successivement sur la scène, disparaissent, et sont suivies par Thyatire, où elles aboutissent, et où se forme le résidu dont l'histoire se trouve dans les trois dernières églises. Thyatire va aussi jusqu'à la fin.


Quand la force morale n'existe plus pour parer au mal, au lieu de recourir aux ressources laissées par le Seigneur, on organise des conciles, des synodes, des réunions de délégués, etc. On montre ainsi que l'on a perdu de vue deux choses importantes à garder entre toutes: l'une, l'action de l'Esprit dans l'assemblée; l'autre, son action dans l'individu. Si on ne les avait pas oubliées, ces deux choses, on n'aurait jamais pensé à rien organiser. Que dit Paul, dans la prévision des temps fâcheux et du mal qui allait s'introduire: «Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d'édifier». Voilà la ressource pleinement suffisante, et non une organisation quelconque. Mais on a laissé de côté ces paroles, et le remède qu'on a voulu employer a été pire que le mal, car on s'en rapporte à des hommes au lieu de compter sur l'action de Dieu et de s'attacher à sa Parole. La seule ressource est alors que le Seigneur intervienne. «Il vient promptement», et combat contre ceux que l'Eglise laisse faire. Ce n'est pas la venue du Seigneur pour rassembler les siens, ni sa venue en gloire; c'est son intervention et l'exercice de son pouvoir dans l'Eglise.


 «A celui qui vaincra». Il s'agit pour le fidèle de vaincre et non de se laisser aller quand bien même le mal empire. «Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus». «N'aie pas honte du témoignage de notre Seigneur». «Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ». Voilà les exhortations de Paul à son enfant bien-aimé. Et au temps de l'apôtre Jean, quand Diotrèphe aimait à être le premier et ne recevait pas les apôtres, disant même de méchantes paroles contre eux, etc., dans ce temps difficile, que dit l'apôtre à Gaïus? Non seulement: n'imite pas le mal, — mais aussi: imite le bien. Pour vaincre, il ne suffit pas de s'abstenir du mal, de se tenir à part, mais il faut l'activité et l'énergie qui font accomplir le bien.


 «La manne cachée», dont le type est la manne placée dans une cruche d'or devant l'Eternel dans l'arche, c'est Christ connu dans son humiliation sur la terre, mais maintenant dans la gloire, «caché en Dieu». Celui qui aura vaincu, alors que l'Eglise tombait dans la mondanité et laissait s'introduire les doctrines perverses, celui qui aura marché fidèlement dans la séparation d'avec le monde et le mal, en suivant un Christ humilié, rejeté et crucifié, celui-là aura la jouissance de Christ dans la gloire; la jouissance éternelle de ce qui fait les délices de Dieu dans le ciel. Et déjà maintenant, dans une mesure, nous en jouissons, car notre communion est avec le Père, dans son appréciation de ce qu'a été Christ, qui faisait toujours ce qui plaît à Dieu.


Le «caillou blanc» implique l'idée d'approbation, mais d'approbation secrète, individuelle, connue de la personne seule qui en jouit. C'était autrefois ce qui indiquait le vote en faveur de quelqu'un. Le «nouveau nom» est un nom en rapport avec cette approbation. Cela veut dire qu'individuellement l'âme reçoit de Christ une assurance intime qu'elle lui appartient, ce qui produit une joie connue de l'âme seule, et qu'un autre ne saurait partager ni comprendre. Comme quelqu'un l'a dit: «Vous ne pouvez jamais connaître ma joie particulière en Christ, et je ne puis non plus jamais goûter la vôtre…» «Un nouveau nom que personne ne connaît sinon celui qui le reçoit», ce nom n'aurait pas de signification pour tout autre que celui à qui il est donné. Christ se révèle à l'âme de telle manière qu'un étranger ne se mêle pas avec sa joie.


 (Versets 18-29). Ce qui caractérise tout particulièrement Thyatire, c'est l'existence d'un résidu distingué de la masse et désigné par ces mots: «Je vous dis à vous, aux autres qui sont à Thyatire». Tout devient plus personnel.

Thyatire est l'état de la chrétienté caractérisé par le papisme: c'est là ce qui donne à la chrétienté sa couleur jusqu'à la fin, jusqu'à la venue du Seigneur, c'est là ce qui est l'église pour le monde. C'est l'Eglise responsable, mais corrompue et corrompant, et dans laquelle apparaît un résidu séparé de la masse. En fait, c'est ce qui a toujours existé, même aux jours les plus sombres du moyen âge. Dieu a toujours eu ses témoins.


Jésabel, son enseignement, ses séductions et ses prétentions caractérisent l'état de choses à Thyatire, qui est responsable en la laissant agir. A Pergame, quand il est question de la doctrine de Balaam, c'est quelque chose d'individuel; «tu en as qui tiennent», ce n'est pas un état. Mais quand l'énergie spirituelle a fait défaut, que le mal n'a pas été jugé, que l'exhortation «repens-toi» est restée sans effet, alors le mal s'établit et devient un état, c'est ce que symbolise la femme Jésabel: «Elle enseigne, et égare mes esclaves en les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles;» c'est la doctrine de Balaam, tenue d'abord par quelques-uns, maintenant enseignée.


Jésabel est la reine persécutrice, qui pousse le roi, son mari, à sévir contre les saints. Ici, elle se dit prophétesse, exprimant la pensée de Dieu, — elle enseigne, prétendant avoir le Saint Esprit et avoir seule l'autorité d'exposer, d'expliquer la Parole, — elle fait égarer «mes esclaves», ceux qui reconnaissent Christ comme Seigneur, sur lesquels il a des droits, — elle les entraîne dans la mondanité et la corruption de la superstition.

En Thyatire, le mal est grand; c'est un système corrompu et corrupteur, devenu ainsi une source d'iniquité. Jésabel est «mère»; elle en assume le titre et même celui de «sainte mère;» elle a des enfants formés suivant ses principes. De plus, il y en a qui s'associent et se sont associés à elle dans ses voies d'iniquité. La patience de Dieu s'est exercée en vain à son égard, elle ne veut pas se repentir; elle veut persister dans son système. Le mal étant si grand, le jugement annoncé est particulièrement solennel: «une grande tribulation». — «Je ferai mourir de mort ses enfants». Le chapitre 17: 1-7, nous fait voir Jésabel dans son plein développement, devenue Babylone, «avec laquelle les rois de la terre ont commis fornication, etc.», et le chapitre 18 nous montre sa fin.


Le Seigneur retarde l'exécution du jugement pour s'occuper du résidu selon le principe: «Ainsi a dit l'Eternel: Comme quand on trouve dans une grappe du vin à épreindre, et qu'on dit: Ne la gâte pas, car il y a en elle de la bénédiction, j'en ferai de même à cause de mes serviteurs, afin que le tout ne soit pas détruit» (Esaïe 65: 8).


Jésabel et ses partisans accusent «les autres». C'est toujours Elie accusé de troubler Israël. Ils les accusent d'être séduits et conduits par Satan. L'Eglise, comme corps visible, prétendait avoir l'Esprit de Dieu et sa parole, elle affirmait devoir et vouloir maintenir l'unité, en s'appuyant sur les rois, et les vrais saints qui se séparaient d'elle, étaient par elle accusés de connaître et suivre les profondeurs de Satan. Mais comme toujours, le Seigneur se met en avant pour justifier les siens, ils n'ont pas la doctrine de Jésabel et «n'ont pas connu les profondeurs de Satan…» ce que les ennemis des saints disent contre eux, Lui le nie, et ainsi il les approuve. De plus, il les encourage: «Je ne vous impose pas d'autre charge», ils ont assez à porter des accusations et des persécutions de leurs ennemis. «Seulement, ce que vous avez», peu de chose peut-être comme connaissance, mais dans ce peu ils ont été fidèles, «tenez-le ferme». Et alors, il présente au résidu souffrant l'unique ressource et la consolation, savoir sa venue, — son apparition en gloire, et ce qui la précède: «l'étoile du matin». — «L'étoile du matin», c'est Christ dans son caractère céleste, brillant au sein des ténèbres pour ceux qui veillent; c'est Christ, la portion céleste et éternelle de l'Epouse, en contraste avec son caractère comme «soleil de justice», comme Christ, connu du monde quand, ayant exercé le jugement, il remplira tout de sa gloire. Les siens partageront avec lui cette gloire: «Je lui donnerai autorité sur les nations; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j'ai reçu de mon Père;» mais la gloire ne leur enlèvera pas la part la plus précieuse, la part pour leur coeur — «l'étoile du matin». C'est là pour eux la consolation, ce qui sépare du monde et élève au-dessus de lui. Ils avaient déjà l'amour et la foi, Christ y ajoute l'espérance.


Nous trouvons au verset 22, «ses oeuvres», celles de Jésabel; au 23, «vos oeuvres», celles des individus, dont ils sont responsables; au 26, «mes oeuvres» celles de Christ. «Ses oeuvres», comme caractérisant l'état public et général de la chrétienté en rapport avec Jésabel, et formant contraste avec «mes oeuvres», caractérisant l'état chrétien dans sa perfection. «Vos oeuvres», l'état individuel entre les deux.


Il faut remarquer un changement entre les trois premières et les quatre dernières assemblées quant à l'ordre dans lequel sont présentées l'exhortation à écouter et la promesse faite aux vainqueurs. Dans les trois premières, l'exhortation vient d'abord, dans les autres, c'est la promesse. D'où vient ce changement? D'abord, dans les quatre dernières, le Seigneur s'adresse à un résidu, c'est plus individuel. Ensuite, on peut penser que le Seigneur met à la fin ce qui doit rester le plus présent à l'esprit de ceux qui écoutent. L'injonction est plus pressante — la fin est proche. C'est ainsi que, dans la vie ordinaire, on met à la fin (et même en post-scriptum) ce que l'on estime avoir le plus d'importance, ce que l'on désire qui ne s'oublie pas. Ainsi le Seigneur, terminant son exhortation aux siens, dit: «Or ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous: Veillez» (Marc 13: 37).

Apocalypse 3

Un fait important à remarquer, c'est la différence des caractères sous lesquels le Seigneur se présente aux quatre premières et aux trois dernières assemblées. Dans les premières, ces caractères sont ceux dont nous le voyons revêtu au premier chapitre; dans les autres, il revêt des caractères tout nouveaux. Au début, nous nous trouvons devant l'ordre de choses régulier: le Seigneur marche au milieu des sept lampes d'or et tient les sept étoiles dans sa main droite. A Smyrne, quand les saints sont persécutés jusqu'à la mort, il est le premier et le dernier, celui qui a été mort et qui a repris vie. A Pergame, où des doctrines perverses s'introduisent et sont tenues par plusieurs, il a l'épée aiguë à deux tranchants sortant de sa bouche — sa Parole. A Thyatire, menacée du jugement, il est celui dont les yeux sont comme une flamme de feu, pénétrant tout et sondant les coeurs et les reins; et de plus, celui dont les pieds sont semblables à de l'airain brillant, symbole de la fermeté et de la perfection du jugement divin dans son application à l'homme. Tous ces caractères se trouvent dans la personne du Seigneur Jésus, du Fils de l'homme, tel qu'il est décrit par Jean dans le premier chapitre, et ils s'appliquent à l'état de choses dans les phases diverses où l'Eglise est présentée. Toutefois, déjà en Thyatire, nous voyons le Seigneur désigné par un titre qui n'est pas mentionné dans le premier chapitre: «Voici ce que dit le Fils de Dieu», et il est remarquable de voir ici ce titre du Seigneur Jésus, qui est celui sur lequel l'Eglise est fondée (voyez Matthieu 16). Quand l'Eglise extérieure, responsable, est arrivée au plus bas de sa chute, il est bien précieux pour le résidu de se rappeler qu'il y a une chose contre laquelle ne sauraient prévaloir les portes du hadès, la puissance de la mort et de Satan, parce qu'elle est fondée sur le Fils du Dieu vivant, sur la puissance immuable de la vie de Dieu, dans son Fils, en Celui qui a été «déterminé Fils de Dieu en puissance… par la résurrection des morts».

Mais à des besoins nouveaux correspond comme une révélation nouvelle de Christ, et c'est ce que nous voyons à Sardes et dans les deux églises suivantes. Sardes est, pour ainsi dire, un commencement nouveau qui rappelle Ephèse, mais qui n'est pas Ephèse. Sardes est une chose qui surgit dans la masse corrompue qui va jusqu'à la fin et qui porte le nom d'église. Aussi n'est-ce pas l'ordre régulier du commencement, qui s'y trouve devant nos yeux. Le Seigneur n'est pas vu tenant dans ses mains les sept étoiles et marchant au milieu des sept lampes d'or; mais il a, il possède les sept étoiles et les sept esprits, la plénitude d'autorité et de puissance spirituelle pour le gouvernement. Et ainsi, dans un état de mort, toute ressource pour la foi est en lui.


Jusques et y compris Thyatire, on a le tableau de l'église historique jusqu'à la fin. Ce qui vient après n'est donc pas une suite, mais quelque chose qui se produit dans l'église et va aussi jusqu'à la fin, coexistant avec Thyatire. A Thyatire, le mal est mûr; toutefois, le moment de juger n'est pas venu, eu égard à la patience de Dieu, et, pour la chose nouvelle introduite, nous voyons qu'en Christ se trouve toute ressource. En un jour de bataille, un général d'armée prend un corps de troupes en mains et fait une action d'éclat; — c'est ce que Christ fait depuis Sardes, et c'est ce qui explique le caractère différent des trois dernières assemblées.


La grâce ne peut se replier sur elle-même et rester inactive. Aussi voyons-nous de temps à autre des réveils. Il y en a eu, sans nul doute, dans le moyen âge; il s'y trouvait çà et là des résidus fidèles. Dieu, comme il le fait toujours, était avec ceux qui comptaient sur lui. Il agissait en grâce envers eux et prenait soin d'eux, comme il le dit: «Je vous dis à vous… aux autres qui sont à Thyatire, je ne vous impose pas d'autre charge; mais seulement ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu'à ce que je vienne». Nous ne sommes responsables que de ce que nous avons; c'est ce qu'il faut tenir ferme.


Sardes, ce nouveau commencement, présente le résultat entre les mains de l'homme — résultat parvenu jusqu'à nous — de ce que Dieu avait opéré aux jours de la Réformation: «Tu as le nom de vivre et tu es mort;» de même qu'Ephèse, ayant perdu le premier amour, est aussi ce qu'entre les mains de l'homme était devenu ce que nous voyons en Actes 2. Ce qui a surgi dans la chrétienté à cette époque, a été une oeuvre remarquable bien qu'incomplète; c'est ce qu'est devenu le résidu, en définitive nous en faisons partie.

Les trois dernières épîtres sont l'histoire de ce résidu et présentent en même temps l'histoire de la fidélité du Seigneur, en attendant qu'il vienne. L'oeuvre que nous y voyons opérée, dépend de l'action souveraine et spéciale du Seigneur Jésus Christ, qui ouvre à la fidélité un chemin et qui soutient dans ce chemin ceux qui y marchent.

 «Celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles». — C'est la seigneurie de Christ, et l'action de l'Esprit par laquelle il gouverne.

Christ est le Seigneur qui a autorité sur l'Eglise; Il a aussi la plénitude de l'Esprit. Telles sont les ressources pour Sardes, quoi qu'il arrive. C'est ce que le Seigneur présente pour la foi, au milieu de la mort et de la mondanité. Si, dès l'abord, on s'en était tenu à ces ressources, marchant ainsi par la foi sous l'autorité et la plénitude de l'Esprit qui sont dans le Seigneur, le déclin ne serait pas arrivé. Mais le déclin étant là, un fait accompli, toutefois les ressources demeurent.


Il faut un temps de paix extérieure pour que la piété se développe et que la connaissance de la vérité s'approfondisse. Dans la persécution, quand toutes les forces de l'âme sont tendues pour résister jusqu'à la mort, il est difficile que le développement dans les choses spirituelles s'accomplisse; mais quand l'orage est passé, on se retrouve pour ainsi dire, on apprend dans la tranquillité à connaître la position que Dieu nous a donnée devant lui, quelles sont les richesses insondables de sa grâce, et quelle est la sagesse infiniment diverse de Dieu dans ses desseins et ses voies, et l'on jouit de cette lumière spirituelle qui découvre les choses merveilleuses de Dieu. Mais rappelons-nous, d'un autre côté, qu'il doit y avoir un rapport constant entre la lumière que nous possédons et notre marche dans la dépendance de Dieu. Notre responsabilité croit en mesure de la lumière que nous avons reçue.


L'expression «les sept esprits» correspond au trône, est en rapport avec le gouvernement de Dieu. Au chapitre premier, nous avons «les sept esprits qui sont devant son trône;» au chapitre 4, «sept lampes de feu brûlant devant le trône, qui sont les sept esprits de Dieu;» au chapitre 5, l'Agneau a «sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre». Dans tous ces passages, ce n'est pas la personnalité et l'unité de l'Esprit qui nous sont présentées, ce n'est pas le seul Esprit formant et animant le seul corps et l'unissant à la Tête dans le ciel; mais nous y voyons la plénitude et la perfection de son action dans le gouvernement de Dieu sur la terre. Le commencement du chapitre 11 d'Esaïe l'explique. En parlant du gouvernement du Messie, il est dit de lui: «Et l'Esprit de l'Eternel reposera sur lui; l'Esprit de sagesse et d'intelligence; l'Esprit de conseil et de force; l'Esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel». C'est la distribution des diverses opérations de l'Esprit dans l'unité — c'est la perfection d'administration répondant à la nature de Dieu — sept représentant la perfection selon Dieu.


Trois choses constituent la promesse faite au vainqueur, en rapport avec la condition de Sardes. Il y a dans Sardes un résidu que le Seigneur ne confond pas avec la masse qui n'a à attendre qu'un jugement semblable à celui du monde, ou plutôt dont le jugement se confond avec celui du monde. Ce sont des individus que le Seigneur connaît. Leur caractère consiste dans une marche chrétienne, un état pratique manifesté au milieu de la mondanité de la masse professante. «Ils n'ont pas souillé leurs vêtements» par le contact avec le monde (voyez Jacques 1: 27; Apocalypse 19: 8), et ils marcheront avec le Seigneur en vêtements blancs. Le vainqueur dans cet état de choses sera vêtu de vêtements blancs. Ce qui lui a été donné de maintenir, peut-être dans l'obscurité de sa vie humble, sera alors manifesté. En second lieu, au milieu de ceux qui avaient le nom de vivre, mais qui étaient morts, eux avaient la vie de Dieu; c'était le principe intérieur et caché de leur marche en dehors de la souillure du monde, et le Seigneur dit de chacun d'eux: «Je n'effacerai pas son nom du livre de vie», du livre de la profession publique correspondant au «nom de vivre». En troisième lieu, pour vaincre il a fallu n'avoir pas honte, au milieu d'une profession religieuse associée avec l'esprit et les pratiques du monde, de confesser Christ rejeté et crucifié; et Christ confessera le nom du vainqueur, le reconnaîtra publiquement devant son Père et devant ses anges.

 «Souviens-toi comment tu as reçu et entendu». On est responsable de ce qui nous a été confié. Au chapitre 7 des Actes, Etienne adresse aux Juifs ce reproche: «Vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l'avez point gardée». Les protestants d'aujourd'hui oublient leur origine — «comment ils ont reçu et entendu». Ils oublient qu'ils ont «reçu» d'abord la grâce — la doctrine du salut par grâce — annoncée par la parole que les réformateurs ont fait entendre, et que Dieu leur avait enseignée par sa Parole — la Bible — cachée au plus grand nombre jusqu'au temps de la Réformation, tenue dans l'obscurité par le clergé romain, et maintenant entre les mains de tous. Ils oublient que, de même qu'autrefois, la Bible est aujourd'hui la seule règle, la seule autorité, le seul guide, et combien ont perdu de vue la grande doctrine proclamée autrefois — la justification par la foi! Ils sont responsables de ce qu'ils ont reçu et entendu, Et nous, qui avons pris notre chemin en dehors de ce que l'homme a établi, pour suivre le chemin tracé par cette Parole, nous devant qui ont été remises en lumière tant de précieuses vérités que la parole de Dieu renferme, ne sommes-nous pas plus responsables encore?


La responsabilité est en rapport avec le gouvernement de Dieu. On hérite de ses devanciers, et la responsabilité est d'autant plus grande qu'on a reçu davantage. A Sardes, malgré tout ce qui avait été «reçu et entendu», le mal s'était introduit — un mal plutôt négatif — une profession extérieure qui ne correspondait à aucune vie intérieure et qui ne séparait en aucune façon du monde, de sorte que les vêtements étaient souillés par le contact avec le monde. Aussi le Seigneur menace-t-il Sardes en ces termes: «Je viendrai sur toi comme un larron, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi». C'est le jugement du monde (voyez 1 Thessaloniciens 5: 1-4).


Le vêtement blanc promis, c'est la justice des saints — la justice pratique manifestée. C'est la manière dont une personne sera vue dans la compagnie qui entourera le Seigneur: «Ils marcheront avec moi en vêtements blancs». Un dignitaire dans les jours d'apparat est entouré d'un cortège, d'un corps d'élite qui l'accompagne; c'est l'idée ici.


L'oeuvre de la Réformation a été une œuvre mélangée; les rois et les princes se sont mis de la partie, et ainsi a été accomplie une oeuvre que le Seigneur n'a pas trouvée parfaite devant Dieu. Avant cette époque, il y avait eu ici et là de petits réveils écrasés aussitôt; mais quand les grands de la terre sont intervenus, la chose a pris de grandes dimensions, au moins extérieurement. Mais au milieu des foules qui embrassaient la Réforme, il n'y avait qu'un petit nombre qui avaient réellement la vie, et bientôt ce petit nombre avec les réformateurs et les prédicateurs fidèles furent débordés. La mort avec une froide orthodoxie envahit tout. Sans doute, le Seigneur a permis cette intrusion des pouvoirs politiques, pour donner plus de consistance à l'oeuvre de la Réforme sur la terre, et de plus, il faut se souvenir que ce n'était pas au sein du paganisme que surgissait cette oeuvre; ce grand réveil avait lieu dans la chrétienté, où le clergé dominait et s'était arrogé un pouvoir despotique même sur l'autorité séculière.


 (Versets 7-12). Philadelphie présente «un réveil dans le réveil»; la réforme dans la réforme. Le rideau tombe, puis s'ouvre sur une nouvelle scène. «Je viens bientôt» est une des choses qui la caractérisent, mais il faut connaître le Seigneur pour aller avec joie au-devant de lui, au lieu de le voir venir «comme un voleur». Historiquement, Philadelphie correspond au temps où, ayant «peu de force», l'assemblée est fidèle «à la parole de la patience» de Christ.

En rapport avec cela, le Seigneur se présente comme «le Saint et le Véritable»; c'est l'expression sommaire de sa personne: le Saint, «la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu» (Luc 1: 35); caractère en rapport avec son humanité, en même temps qu'il rappelle une marche de séparation; — «le Véritable» — Il est le Dieu véritable et la vie éternelle» (1 Jean 5: 20), caractère qui répond à sa divinité et qui, en même temps, rappelle la «doctrine du Christ».

Pourquoi «la clef de David?» La clef, c'est l'autorité, la puissance pour avoir accès à une chose, pour donner l'accès ou l'interdire. L'assemblée «a peu de force»; comment s'ouvrirait-elle, se frayerait-elle un chemin? Comment se garantirait-elle contre tout ce qui l'entoure et lui est hostile? Mais elle a affaire à Celui qui possède l'autorité et la puissance absolues, «qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n'ouvrira». Il a la haute main, et fait servir son autorité à protéger les siens au milieu de tout ce qui est contraire. Le Seigneur exerce une action dans le monde, mais à présent il met son autorité à la disposition de l'Eglise. Il a ouvert devant elle une porte que personne ne peut fermer.

C'est la clef «de David». Toutes les promesses, «les grâces assurées», promises à David, sont accomplies en Lui (voyez 1 Chroniques 17: 11-14, pour ces promesses). Le royaume existe dès à présent: il est «justice, paix et joie, par le Saint Esprit». Jean-Baptiste en annonçait l'approche; le Seigneur aussi l'a prêché et en a donné les clefs à Pierre, qui ouvrit aux Juifs et aux gentils l'entrée dans le royaume (voyez Actes des Apôtres 2; 10). Il est vrai qu'il n'est pas établi, aujourd'hui, en puissance et en gloire, tel que les trois apôtres en eurent une vue anticipée lors de la transfiguration (Luc 9). Le Roi ayant été rejeté, est au ciel, caché en Dieu, et le royaume est en mystère, mais il n'en existe pas moins, puisque le Roi vit. Quand Christ apparaîtra, le royaume sera manifesté. Nous avons de cela une figure dans le cas de Joas. Durant six ans, après avoir échappé au massacre, il fut caché dans la maison de l'Eternel. Bien qu'une étrangère dominât en Israël, il n'en était pas moins le vrai roi du royaume. La septième année, le souverain sacrificateur Jéhoïada le montra au peuple; il fut manifesté comme Christ le sera, et alors le faux roi, l'antichrist, sera renversé (2 Rois 11).


Autrefois, le Seigneur avait confié les clefs à Pierre. Pierre n'a pas eu de successeurs pour tenir les clefs après lui, comme certains voudraient le dire, et tout ce qui a été confié à l'homme a manqué. Mais le Seigneur ne manque pas; il a pris lui-même et il tient la clef de David (comparez Esaïe 22: 22), et l'on peut compter sur lui. Combien cela est consolant, alors que tout semble aller à la dérive! Mais il faut la foi. Un frère estimé de tous disait: «Le moment vient où l'on ne pourra pas aller, si l'on ne peut marcher sur les eaux comme Pierre». La chair n'aime pas cela; elle aime à voir, à avoir ses aises, une marche facile; mais on n'est pas plus malheureux si on la contrarie — on est avec le Saint et le Véritable. Il est et sera avec ceux qu'il a engagés dans le chemin. C'est sur lui qu'il faut compter et non sur les choses établies, car tout est bouleversé. Excepté le Seigneur, rien ne reste. «Si les fondements sont détruits, que fera le juste?» Regarder à lui, s'attendre à lui, et l'on pourra marcher en dehors de tout autre appui. Rien ne peut remplacer la foi. L'expérience en est délicieuse. Quand tout est perdu… voilà que tout s'éclaircit; les nuages se dissipent et le ciel devient serein. Alors, on trouve le temps et la force de rendre grâces à Dieu pour sa fidélité, éprouvant que «le sentier du juste est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu'à ce que le plein jour soit établi». On apprend alors ce que c'est que d'être «fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père» (Colossiens 1: 11, 12).


Quelque naturel qu'il soit à l'homme de se circonscrire, il faut se garder de se faire un cercle fermé où l'on serait séparé de tous les autres chrétiens d'une manière systématique. En restant attaché à la vérité, il faut que le coeur soit ouvert à tous.


Tu as peu de force». Au commencement, il y avait de la puissance; nous le voyons par les oeuvres qui s'accomplissaient, aussi bien que dans le jugement du mal. Aujourd'hui, le déclin et la ruine sont là, et il y a peu de force. Le Seigneur ne peut mettre son sceau, par des oeuvres de puissance, là où se trouve la ruine dont l'homme est responsable; ce serait mettre son sceau sur le mal. Mais, pour les fidèles, Christ a la force et lui-même a mis une porte ouverte devant ceux-là mêmes qu'il a vus avec «peu de force».


 «Tu as gardé ma parole», «la parole de ma patience», et la promesse suit aussitôt comme conséquence et encouragement. «Parce que tu as gardé», «je te garderai». Dans l'Ancien Testament, les promesses se rapportaient à des bénédictions terrestres et servaient à soutenir et à encourager le croyant. Maintenant, ce n'est pas vers la terre qu'il est appelé à tourner les yeux. «Je te garderai de l'heure de l'épreuve;» non au milieu de l'épreuve, mais de l'épreuve elle-même; tu ne seras pas là. Où donc sera-t-il? Dans le ciel, où Jésus nous aura recueillis près de lui. Il vient chercher, pour les y introduire, ceux qui ont part à l'oeuvre accomplie par sa mort. Aussi est-il frappant de voir la cène du Seigneur nous présenter ces deux éléments du christianisme: «Vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne». C'est cette venue qui est placée devant nous comme sujet de joie et d'encouragement. Les saints de l'Ancien Testament qui sont endormis, attendent aussi, de même que ceux de l'économie actuelle. Ils auront part aussi à la première résurrection (voyez Hébreux 11: 39, 40).


 «Celui qui, vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu». Contraste frappant entre la faiblesse constatée: «tu as peu de force», et ce que le Seigneur fait de ceux qui sont dans cet état: «une colonne», symbole de force, d'une force qui soutient. Cela va bien avec «Celui qui ferme et nul n'ouvrira, qui ouvre et nul ne fermera» L'Eglise aurait dû être «la colonne et le soutien de la vérité». Elle a manqué. Au milieu de ce qu'elle est devenue, Dieu suscite un faible résidu ayant peu de force, et, dans le temple de son Dieu, le Seigneur dit qu'il sera une colonne. Si l'homme manque à sa responsabilité, Dieu ne manque point à ses desseins; ils s'accompliront.

Le Seigneur ne reconnaît pas grand-chose à Philadelphie. Il y avait plus à Thyatire, à qui il est dit: «Je connais tes oeuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières oeuvres qui dépassent les premières». A Philadelphie, le Seigneur dit seulement: «Je connais tes oeuvres», sans les énumérer. «J'ai mis devant toi une porte ouverte», ajoute-t-il; le service est facile, quand la porte est ouverte; il ne faut pas beaucoup de force, en effet, quand Celui qui a la clef de David ouvre le chemin devant nous. «Tu as peu de force», il n'y a point là l'énergie des martyrs, ni celle de Paul ou de Pierre; il y a juste assez de force pour profiter de la porte ouverte par le Seigneur. On voit à Philadelphie plutôt quelque chose de négatif; s'il y a un côté positif, c'est le moins que l'on puisse demander: «Tu as gardé ma parole et tu n'as pas renié mon nom». Il y avait là du bien au milieu du mal qui avait tout envahi, «la synagogue de Satan», ceux «qui se disent être Juifs et ne le sont pas;» on gardait la parole du Seigneur quand elle était méconnue; on ne reniait pas son nom, quand sa personne était attaquée, mais le Seigneur ne s'appesantit pas sur les oeuvres accomplies qu'il dit simplement connaître; mais c'est Lui-même qui se présente à ceux qui ont peu de force, avec les mains et le coeur remplis de tout ce qui peut soutenir et encourager. En effet, malgré cette faiblesse, ou plutôt, à cause de cette faiblesse, c'est la seule assemblée à laquelle soient faites des promesses actuelles: «J'ai mis devant toi une porte ouvert», «je te garderai;» c'est-à-dire que ces promesses sont pour le chemin, déjà maintenant, tandis que, dans les autres épîtres, elles sont toutes pour l'avenir.


 «Tu as peu de force» c'est plutôt une sorte d'approbation. Il y avait quelque chose; peu, c'est vrai, mais juste assez pour profiter de ce que le Seigneur leur donnait. Quand tout est en déroute, c'est beaucoup que de garder ce qui est de Dieu, et ce fait même, d'avoir peu de force, oblige à se replier sur Celui en qui réside toute force: «Dieu a parlé une fois;… deux fois j'ai entendu ceci, que la force est à Dieu». «Peu de force», on n'est pas même dans la condition des jeunes gens, en 1 Jean 2: 14: «Vous êtes forts». Toutefois, rappelons-nous qu'ici il s'agit de la position ecclésiastique.


 (Verset 9). «Je donne» indique un moment futur par rapport à nous. «La synagogue de Satan», — le système établi qui fonde sa religion sur des ordonnances légales et non sur Christ.

On ne peut qu'être frappé de voir combien, dans le protestantisme, — et dans certaines dénominations plus qu'en d'autres, — la loi et le culte juif ont une grande place: commandements écrits et lus en publie, liturgies et autres choses semblables, la lettre s'y montre. Dès que ce n'est plus l'action de l'Esprit qui règle les actes de culte, le judaïsme est là: «Nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu», dit l'apôtre.


Le Seigneur gardera de l'épreuve les fidèles, ceux qui ont gardé la parole de sa patience, c'est-à-dire qu'il la leur fera éviter. Et comment? Par sa venue. Les saints sont vus dans la conjoncture de sa venue. «Je viens bientôt», dit-il. Mais il a patience, et ils gardent «la parole de sa patience», l'attendant, le désirant, mais ayant patience comme lui, ayant communion avec lui dans sa patience. «Je viens bientôt;» au lieu de fuir comme Adam devant Dieu, la pensée de la venue du Seigneur remplira nos coeurs de joie et nous nous attachons à cette précieuse vérité. Elle est, ou devrait être, une réalité vivante, bien qu'une espérance encore. A l'époque précédente, aux jours de la réformation, cette vérité — la venue du Seigneur pour les siens — n'avait pas été remise en lumière. Il s'agissait alors de détruire l'erreur mortelle de Rome, savoir un salut par les oeuvres, et d'établir la grande vérité fondamentale, le salut gratuit par la foi en Christ; actuellement, ce qui est présenté aux saints (sans laisser de côté cette précieuse vérité qui doit toujours être saisie la première par le pécheur) c'est l'Eglise — la venue de Christ — et les saints unis à lui dans le ciel; en un mot, la vocation céleste de l'Eglise et le retour de Christ.


 «Tu as gardé ma parole;» il y a eu les paroles des prophètes, puis Dieu nous a parlé dans le Fils (n u³þ), et enfin nous avons les paroles de Christ par l'Esprit, les vérités qui se rapportent à la vocation céleste. «Tu as gardé ma parole», est un fait d'une importance capitale. Cela nous est montré par ce que dit Jésus, en Jean 14: 23: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole» — la parole de Christ. Au chapitre 17: 6, il dit: «Et ils ont gardé ta parole», — la parole du Père; comme aussi au verset 8: «Je leur ai donné les paroles que tu m'as données, et ils les ont reçues», — le Père parle par le Fils devenu un homme. Ensuite, au verset 14: «Moi, je leur ai donné ta parole», et au verset 17: «Ta parole est la vérité». C'est Jésus communiquant aux disciples ce qu'il a reçu du Père. Mais au verset 20, ce sont les apôtres qui deviennent les canaux de la pensée divine: «Ceux qui croient en moi par leur parole». Nous avons donc ici la Parole en témoignage, soit de la part de Dieu, soit des disciples, et croire en Jésus par cette parole, la recevoir et la garder, est le grand point.

Lors de la Réformation, Dieu a donné aux hommes qu'il employait comme instruments pour cette oeuvre, de voir et de présenter les grands traits du christianisme essentiels pour le salut; dans le grand réseau des vérités qui le composent, il a fait mettre en évidence ce qui pouvait être supporté à ce moment, ce qui était nécessaire.

Plus tard, il donne plus. Prenons, par exemple, le sujet de la justice de Dieu. Il ne faut pas limiter la justice de Dieu au fait que Dieu sauve et justifie le pécheur qui croit en Christ, mort pour lui sur la croix — c'était le grand point annoncé par les prédicateurs au temps de la Réformation, et c'était bien ce qu'il fallait et qui pouvait être compris. Mais la justice de Dieu est plus que cela. Elle consiste en ce que Christ, dans son obéissance jusqu'à la mort, ayant parfaitement glorifié Dieu, étant fait péché sur la croix, et ayant subi toutes les conséquences de cette place qu'il avait prise, et ainsi accompli l'oeuvre de la rédemption, Dieu a manifesté sa justice en ressuscitant Christ d'entre les morts, et en le plaçant à sa droite. Dieu a reçu Christ dans la gloire et a mis toutes choses sous ses pieds, et, en faisant cela, il a accompli un acte de justice. Comme quelqu'un l'a dit: «La gloire dans laquelle il subsiste comme homme est l'expression de la justice divine devant les principautés célestes, dans toute l'éternité; et ainsi Dieu a pu faire de nous, pour lesquels Jésus a été fait péché, ses délices pour ce qui regarde la justice, afin que nous fussions la justice de Dieu en lui». Ainsi nous ne devons pas limiter la justice de Dieu à la croix — Dieu justifiant le pécheur pour lequel Christ a souffert. La justice de Dieu s'étend aussi au résultat par rapport à Christ, c'est-à-dire au fait que Dieu a donné à son Fils la place qui lui revient pour ce qu'il a accompli. Les paroles que nous lisons en Jean 16: 8: «Quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice, et de jugement… de justice, parce que je m'en vais à mon Père», signifient que le Saint Esprit envoyé sur la terre après la glorification de Christ, est une démonstration, de la part de Dieu, de sa justice, en plaçant Christ à sa droite.


Nous sommes dans la phase que représente Philadelphie, mais sommes-nous des Philadelphiens? «Celui qui vaincra», voilà celui qui aura répondu au caractère de Philadelphien ici-bas. En tout cas, au moment où nous dirions que nous sommes Philadelphie, nous serions Laodicée.

 «Celui qui vaincra, je le ferai une colonne, etc.». Quel contraste avec ces paroles: «Tu as peu de force!» Boaz et Jakin, les deux colonnes du temple de Salomon, sont tombées, mais il n'en sera pas de même des colonnes du «temple de mon Dieu», comme le dit le Seigneur. Celles-là sont stables à toujours, car il ajoute: «Il ne sortira plus jamais dehors». C'est la force et la stabilité permanentes, immuables, dans lesquelles seront établis ceux qui avaient peu de force.

«Dans le temple de mon Dieu». Ici le Seigneur parle de lui-même comme homme, ainsi qu'il le fait dans ses paroles à Marie: «Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu». Il est là, et nous avons la bénédiction là où il est.

«J'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, etc.». J'écrirai, c'est comme une prise de possession. Tout est sien, tout est à son Dieu, tout est du ciel, voilà à qui et à quoi ils appartiennent. On a été associé avec lui sur la terre par la foi, on n'a pas renié son nom, faible, méprisé, ignoré du monde, n'ayant que Christ, mais Christ étant tout pour l'âme, et maintenant on est associé avec lui dans le ciel: on est à son Dieu, on est de sa demeure, de l'Eglise, on est à lui dans la gloire céleste de la rédemption. Nous trouvons ces trois choses dans Jean 17: 6 : «Tu me les as donnés», dit le Seigneur des siens. Tu, répond au nom de mon Dieu, car le Seigneur a dit auparavant: «Ils étaient à toi;» «les», répond au nom de la cité de mon Dieu, car nous sommes la cité; et enfin «me», répond à mon nouveau nom, à Christ lui-même comme rédempteur, Celui qui a accompli l'oeuvre qui nous introduit auprès du Père et qui nous fait entrer dans la cité. En d'autres termes: «Ils étaient à toi», aussi portent-ils le nom du Dieu de Jésus; ils sont donnés à Jésus, aussi portent-ils son nouveau nom, et quant à leur ensemble ils constituent la cité.


 (Versets 14-22). «L'Amen», «voici ce que dit l'Amen;» cette expression semble correspondre à ce qui est dit en 2 Corinthiens 1: 20: «Le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui a été prêché par nous au milieu de vous… n'a pas été oui et non, mais il y a oui en lui. Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui, et en lui l'amen, à la gloire de Dieu par nous». L'amen est Celui qui assure toutes les promesses de Dieu; en lui, elles s'accomplissent toutes au moment voulu. Quand il semble qu'il n'y a plus rien à attendre, que tout est perdu, lui, Christ, demeure pour assurer l'accomplissement de toutes les promesses de Dieu. Et de plus, quand pour l'oeil humain il n'y a plus rien, comme au temps d'Elie, «je suis demeuré moi seul», Dieu découvre encore quelque chose: c'est la grappe à laquelle restent encore quelques grains et qu'il faut garder, et il en sortira de la bénédiction. C'est le lumignon qui fume encore et qu'il n'éteindra pas, car il est fidèle et plein de patience. Quand tout manque, on retrouve tout en lui. Voyez dans Matthieu 11: Jean a douté, les villes où Jésus a prêché et a fait des miracles ne se sont pas amendées, que reste-t-il? «Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre», dit Jésus. Il voit, il découvre ce qui produit la louange dans son coeur: «Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et tu les as révélées aux petits enfants…» «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés». Il reste, pour le coeur de Jésus, les petits, les faibles et les affligés, et lui, à qui le Père a remis toutes choses, demeure leur ressource.


Si ce que Dieu donne, glisse, pour ainsi dire, des mains de l'homme, le Seigneur Jésus Christ, est encore sa ressource, car lui demeure. Cela donne courage et confiance. Tout se retrouve en lui. Si la création première est gâtée, voilà Christ qui devient le commencement d'une nouvelle création qui ne pourra pas être gâtée. Et c'est comme tel qu'il s'adresse à Laodicée, où l'on ne voit rien qui indique la nouvelle création. L'Eglise, dont Christ est le chef, aurait dû, sur la terre, être le témoin de cette nouvelle création; mais elle a failli, elle est retournée à la vieille création, se glorifiant des richesses de la nature humaine, alors Christ se présente comme Celui qui n'a point failli, le Témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu, comme Celui en qui elle a commencé, dans la résurrection, et en qui elle a toute sa réalité.

On est surpris de voir Laodicée traitée comme une assemblée. Le Seigneur ne peut y reconnaître personne, pas le plus faible résidu. «Si quelqu'un», dit-il, «entend ma voix». A Laodicée, il y a une religion, mais tout y est pour la terre — rien pour le ciel, rien pour Christ. Il n'y a tien de la nouvelle création, car, dans la nouvelle création, Christ occupe la première place. Tout y dérive de lui et s'y rapporte à lui, mais à Laodicée, il n'a pas même la dernière place — il n'en a point, il est tenu à la porte.


 «Le témoin fidèle et véritable», tel a été Christ sur la terre, et après avoir rendu son témoignage, il a été cloué sur la croix. A ce moment-là on voit manifestées, en même temps, toute la méchanceté de l'homme et la puissance de Satan. Le juste, dans la personne de Christ, souffre et meurt, et il n'y a personne qui y prenne garde. C'est ainsi que Christ a été le témoin ou martyr fidèle, pour maintenir la vérité de Dieu. Au chapitre 8 de Jean, Jésus est interrogé par les Juifs: «Toi, qui es-tu?» disent-ils. «Absolument ce qu'aussi je vous dis», répond le Seigneur. Ses paroles étaient l'expression parfaite de ce qu'il était: Je suis ce que je dis. C'est ainsi qu'il a été le témoin véritable.


Le Seigneur dit à Laodicée: «Je connais tes oeuvres, — que tu n'es ni froid, ni bouillant… Ainsi, parce que tu es tiède,… je vais te vomir de ma bouche». La tiédeur, c'est l'activité humaine dans les choses de Dieu, sans la réalité de la vie divine. Mettez un cadavre en communication avec une batterie électrique, vous verrez le cadavre se mouvoir, mais il n'a pas la vie pour cela. Aussitôt la communication interrompue entre la machine et le cadavre, celui-ci retombe ce qu'il était. La religion à Laodicée consiste à faire des choses qui ont l'apparence, mais sans réalité au fond. La conscience est endormie dans la satisfaction de ce que l'on a ou plutôt croit avoir; et il n'y a plus aucune prise. L'aiguillon ne produit aucun effet. On est satisfait, tellement qu'on dit: Je n'ai besoin de rien. Que voulez-vous présenter à de telles personnes? Christ leur manque, et cependant elles se disent riches; Christ n'a pour elles aucune saveur, elles n'ont besoin de rien, pas même de lui. Etat déplorable.


Laodicée est rejetée, vomie de la bouche du Seigneur. Telle marche, telle fin. Comme l'apôtre l'écrivait aux Philippiens, en leur ouvrant tout son coeur, en parlant de ceux qui le faisaient pleurer: «Qui sont ennemis de la croix du Christ, dont la fin est la perdition, dont le dieu est leur ventre, et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses de la terre» (chapitre 3: 18, 19).


On se fait de grandes illusions sur les oeuvres. Je ne parle pas ici de celles que l'on voudrait accomplir pour établir sa propre justice, mais de celles que l'on fait comme chrétiens, et que l'on préconise comme bonnes oeuvres. Il faut que les oeuvres puissent supporter le contrôle du Seigneur, l'oeil de Dieu, et pour cela qu'elles ne soient pas le résultat de notre propre choix, de notre activité propre, mais le fruit d'un coeur soumis qui attend et suit l'ordre du Maître. Si le zèle que l'on apporte à faire quelque chose est par choix, plus que selon la direction du Maître, comment l'oeuvre pourra-t-elle recevoir son approbation? Si le bien que l'on fait, n'est pas le résultat de l'obéissance à Dieu, c'est perdu. «Les bonnes oeuvres» sont celles qui appartiennent à la nouvelle création: «Ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles».


L'attitude et le langage de Laodicée rappellent les vierges folles. Mais ici, il y a des ressources pour la foi: «Je te conseille d'acheter de moi»; il est encore temps, Lui reste le même. Il peut y avoir encore à Laodicée des individus fidèles; dans tout système religieux de la chrétienté, il peut y avoir des chrétiens; mais la foi au Seigneur est souvent mêlée à tant de choses étrangères, et enveloppée de tant de ténèbres, qu'il est difficile de voir le lumignon qui fume encore.

Le Seigneur invite ici à acheter de lui, et c'est à ceux qui se disent riches qu'il s'adresse. Ils n'ont donc pas en réalité ce dont ils se vantent, et ce qu'ils prétendent avoir, ils le considèrent comme le fruit de leur propre activité: «Je me suis enrichi». Il s'agit de les ramener à la vraie source de tout: «Je te conseille d'acheter de moi». Si ce que l'on croit posséder ne vient pas directement de lui, de Christ, si on n'est pas allé à lui dans le sentiment de son dénuement pour le tenir de lui seul, on est encore «le pauvre et le misérable». A Laodicée la parole n'a pas été gardée; aussi quelle différence entre «tu as peu de force», la faiblesse consciente, et «je me suis enrichi», la prétention orgueilleuse. En général, la parole a peu de place chez les faiseurs d'oeuvres et parmi ceux qui disent: «Je suis riche, je me suis enrichi». Quelle action aurait-elle sur eux, quelle place lui donneraient-ils, qu'apprendraient-ils d'elle? «ils n'ont besoin de rien».Quel prix aurait-elle pour leur âme? quelle place et quel prix pourrait avoir même Christ? — ils n'ont besoin de rien. Ils croient posséder tout, mais aux yeux du Seigneur, quel triste et déplorable état! «le pauvre et le malheureux, misérable, aveugle et nu», —- ils n'ont rien — ils ont besoin de tout.


A Laodicée, l'amour du Seigneur se montre pour les discipliner: «Je reprends et je châtie ceux que j'aime». Dans les moments les plus désespérés, Christ est toujours la ressource. Il châtie pour ramener à lui; et si, comme ici, il se tient dehors, ne pouvant avoir de place là où sans lui on croit n'avoir besoin de rien, dehors il est encore la ressource pour ceux qui se repentent.

Le système laodicéen s'est déjà bien dessiné dans ses contours, c'est ce qui lui attire la menace: «Je vais te vomir de ma bouche». Les moyens qui devaient amener la conversion, l'attachement entier du coeur à Christ, n'ont produit qu'une demi-conversion; ce qui devait rendre bouillant, n'a produit que la tiédeur. Combien on voit cela de nos jours! C'est la profession chrétienne avec un grand étalage d'oeuvres, mais sans la vie. On fait des chrétiens par le progrès dans la connaissance; on enseigne avec exactitude des doctrines qui entrent dans la tête, mais restent sans action sur la conscience et le coeur. On s'est enrichi intellectuellement et l'on s'en vante, et c'est tout. La vérité et la doctrine restent une lettre morte; et que peut-on espérer si les vérités vitales, celles qui se rapportent à la personne de Christ, n'ont aucune action sur l'âme, la laissent dans la tiédeur, si elles ne stimulent pas le coeur? Mais le Seigneur, lui, ne varie pas dans son tendre amour. Quoique tenu à la porte, il y frappe. En frappant, il s'adresse à l'ensemble; si les individus répondent, «si quelqu'un entend sa voix», il entrera chez lui, dit-il, et il ajoute: «Je souperai avec lui et lui avec moi». C'est la communion spirituelle du Seigneur avec l'âme individuellement.

 

Nous sommes dans des temps de tiédeur — on dirait que les chrétiens sont des plantes étiolées qui n'ont pas cru dans le sol qui leur convient. Mais là même la grâce du Seigneur veut se déployer: si nous sommes simples de coeur, nous trouverons dans cette grâce qui découle du coeur rempli d'amour du Seigneur, assez de chaleur pour nous rendre bouillants.