Fragments de lettres

 

Fragments de lettres. 1

ME 1885 page 98. 1

ME 1885 page 214  -  Darby J.N. 2

ME 1885 page 439. 5

 

 

ME 1885 page 98

Montpellier, 15 mai 1844

Bien chères soeurs,

Me voici enfin à Montpellier, ne sachant combien de temps je dois y rester. Extérieurement il n'y a pas grand-chose qui m'y retienne, mais je crois que Dieu a quelque dessein, et quoique devant me rendre sous peu dans le Gard, je ne pense pas abandonner entièrement Montpellier. Dieu, je l'espère, me conduira. J'ai toute confiance en lui, qui gouverne selon ses pensées de grâce et non pas selon celles de l'homme.

Mais en vous écrivant, c'est plutôt vous, votre soeur et votre famille, que j'ai en vue, car tout froid et peu démonstratif que je sois, vous ne pouvez pas penser qu'après tant de bonté et de soins que vous m'avez prodigués, je puisse être indifférent à ce qui vous concerne. J'ai été profondément touché des nouvelles reçues par Mlle X., sur la mort de votre pauvre neveu. J'étais prêt à me plaindre que vous ne m'en ayez rien dit, si je n'avais pas respecté l'affliction qu'un coup aussi sensible a dû produire. Mais j'ose venir vous témoigner toutes mes sympathies. Je sais que c'est le Seigneur seul qui peut réellement consoler quand il nous frappe, et la source de notre consolation est précisément le sentiment que c'est lui-même qui nous a tant aimés qui nous frappe, car ce qui vient de sa main ne peut qu'être parfait. Nous ne saurions l'expliquer; le coeur en souffre; mais c'est notre Père qui a donné la coupe à boire. C'était la seule et parfaite consolation de Jésus. On retrouve la main de quelqu'un de connu; on ne s'arrête pas aux circonstances qui nous paraissent mystérieuses; on s'en rapporte à lui; tout est changé; le coeur est attendri, ne veut pas qu'il en soit autrement; la volonté n'est pas en rébellion, et l'on se console, auprès de lui, sentant plus que jamais qu'il est notre tout. Précieuse leçon, glorieuse position, où Dieu seul peut nous placer. Jusqu'à ce qu'on en soit là, la chair se remuera; il ne faut pas s'en étonner. Alors tout sera noir, parce que nous voyons tout d'après nos propres coeurs, et la lumière n'est pas dans l'homme; mais si la vie de Christ est en nous, nous verrons qu'il y a du péché là-dedans; il sera mis à découvert; on sentira que l'on avait besoin d'être frappé; la soumission se produira. Nous nous disons devant Dieu: «Je me suis tu et je n'ai point ouvert ma bouche, parce que c'est toi qui l'as fait», et la paix est bientôt là. Si l'âme est déjà soumise, alors rien ne nous sépare de son amour; et la confiance dans cet amour nous donne une paix inébranlable. Chères soeurs, je peux pleurer avec vous et la famille de votre pauvre Charles, comme les Juifs avec Marie, mais je sais que Celui qui l'aime peut soutenir vos âmes. Je m'assure en lui à votre égard… Soyez assurées vous-mêmes aussi de toutes mes sympathies. Je sens que l'épreuve opérera d'une manière différente sur l'une et l'autre d'entre vous, mais notre précieux Sauveur fera son oeuvre à lui dans chacun des siens. D'après ce que j'ai vu, il y a trois mois, j'ai pensé que Mlle M. pourrait être découragée et abattue par cette affliction. S'il en est ainsi, qu'elle se souvienne que Ses voies ne sont pas comme nos voies, et que le coeur de Jésus, de Celui qui nous frappe, a passé lui-même par toutes les épreuves par lesquelles il nous fait passer; qu'il ne peut nous faire goûter quelque chose pour notre bien, sans en avoir bu lui-même toute l'amertume jusqu'à la lie. Il sent ce qu'il fait; il souffre tout ce qu'il inflige; c'est son amour, sa connaissance de tout, qui le fait agir en toutes choses. Ayons pleine confiance en Celui qui a été tenté en toutes choses semblable à nous, à part le péché.

Votre bien affectionné frère.

 ME 1885 page 214  -  Darby J.N.

18…

… Je suis reconnaissant de ce que nous ayons atteint un lieu de repos après la lutte contre le mal et l'attaque de l'ennemi. Ce que je désirerais maintenant serait que, comme nous ne pouvons pas espérer une paix de longue durée, nous nous éprouvions nous-mêmes individuellement, quant à la part que nous avons prise dans la chose, pour voir jusqu'à quel point nous nous sommes servis d'armes charnelles dans notre combat.

Quoique notre objet ait été, avec justice, d'ôter le mal d'un lieu saint, mal qui était de telle nature que l'on y pouvait voir clairement une attaque sérieuse de l'ennemi contre Christ dans l'assemblée, — l'ennemi semant à droite et à gauche ses influences pour aveugler les yeux ou obstruer de diverses manières la vue des saints, afin d'empêcher qu'ils ne vissent l'un comme l'autre, cependant, comme par la grâce de Dieu, il y avait la décision de tenir ferme contre le mal, l'ennemi chercha à détourner l'attention du vrai point en question, pour la porter sur la manière d'être ou de faire de ceux qui étaient engagés dans l'action.

Comme dans la question touchant la personne de Christ, qui surgit il y a environ 30 ans, dans celle-ci aussi on s'est beaucoup occupé de la manière dont l'affaire a été conduite, ceux qui faisaient de cela le point capital, oubliant, semble-t-il, que dans de semblables luttes, il n'est pas étonnant que la faiblesse de la chair se manifestât. Mais qu'est-ce que cela prouve? — Précisément combien nous étions incapables de faire face à un tel assaut, et de plus que, dans l'intervalle entre la précédente attaque et celle-ci, on n'avait pas su «racheter le temps», ni rassembler ses forces, afin d'être prêts et revêtus de «toute l'armure de Dieu». — A-t-on fait assez attention à cette partie de l'armure, «la cuirasse de la justice?» — les reins ont-ils été ceints de «la ceinture de la vérité?» Y a-t-il eu cette attitude de dépendance qu'indiquent ces paroles: «priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, et veillant à cela?» Les circonstances présentes n'ont-elles pas montré que l'on avait manqué à cet égard? Il ne peut y avoir de réel profit pour nous à nous appesantir sur telle ou telle faute; en le faisant, nous nous assimilons insensiblement à elles. C'est quand l'on progresse dans la connaissance de ce qui est vrai et saint, que l'oeil spirituel discerne le mal et les manquements. Ainsi, dans les écrits de Jean, ce qui est du mensonge est mis en évidence par la vérité; ce qui est des ténèbres est compris dans la lumière, et ce qui est de Satan, par ce qui est de Dieu. Je ne désire pas montrer l'erreur en disséquant des écrits, etc. J'ai la confiance que Dieu, dans sa grâce, rendra chacun capable pour lui-même, de discerner l'erreur dans une paisible communion avec Lui. Dans aucune lutte contre l'ennemi, nous ne verrons être exactement du même avis tous ceux qui sont ouvertement du côté du Seigneur. Il y a aussi une plus grande énergie de foi chez quelques-uns que chez d'autres; il y en aura moins si l'on a oublié ce qui est dit dans 2 Pierre 1: 5; et si, dans cette lutte, des frères viennent en collision, si les disputes commencent, celui qui est victorieux à la fin, se trouve cependant vaincu jusqu'à un certain point, parce que, entre frères, un conflit en lui-même est fatal aux uns comme aux autres, si la chair est en activité, ce qui est trop souvent le cas. L'ennemi en prend avantage. Dans le livre des Juges, lorsqu'il a semblé bon aux enfants d'Israël de marcher contre Benjamin, à cause du péché auquel cette tribu s'était associée en refusant de livrer les méchants au jugement, les enfants d'Israël et Benjamin sont battus tour à tour, et lorsque ceux qui ont finalement vaincu leurs frères peuvent se reconnaître, la douleur accompagne leur victoire, car une tribu avait été retranchée d'Israël. Dans leur zèle, ils avaient «juré à Mitspa» à son sujet. Alors ils viennent en la présence de Dieu, et s'humilient à cause de Benjamin, leur frère. Et c'est toujours ce qui a lieu quand il y a un véritable amour pour les frères; quoique l'on ait eu à s'opposer à eux, cependant, comme Dieu se repent quand il voit leur trouble, pour avoir communion avec lui, nous avons à prendre la place d'intercession pour eux en amour; car quelques erreurs que nous puissions commettre (et nous en commettons), nous ne devons pas être comme les chefs des nations, exerçant la domination et la seigneurie, mais comme des frères, sachant que ce qui réjouit le coeur du Seigneur est de nous avoir dans le droit chemin et d'en jouir, et c'est pour cela qu'il a travaillé. Et même s'il châtie, c'est dans le même but. Nous voyons combien il était prompt à accepter les confessions de son peuple (bien que les estimant à leur juste valeur) (Psaumes 78: 34-39). Comme ses voies nous sont bien montrées en Osée 14. Il y fait connaître aux Israélites, le lieu où ils peuvent croître — que c'est seulement en sa présence. Ils confessent leur péché et leur faiblesse; alors Dieu dit; «Je serai comme une rosée à Israël», et ensuite: «Il fleurira comme les lis, et il poussera ses racines comme le Liban. Ses rejetons s'étendront, et sa magnificence sera comme l'olivier, et son parfum comme le Liban» (Osée 14: 5, 6).

Puissions-nous être parmi les sages pour comprendre et connaître ces choses. Dieu, dans sa grâce, a donné du repos dans la lutte — l'ennemi n'est pas invaincu — mais nous avons appris combien nous étions impuissants pour tenir tête à la difficulté — combien la chair tendait à s'immiscer dans la question, et combien de choses il y avait à tenir en bride. Puissions-nous être humiliés à l'égard de tout cela, mais cependant reconnaissants envers notre Dieu, de ce qu'il n'a pas permis à l'ennemi de nous écraser, tout faibles que nous sommes (Psaumes 124: 6).

Et maintenant, laissant de côté les détails des discussions irritantes, des expressions dures, malveillantes ou profanes, que cela fût réel ou imaginaire, regardons à notre armure, de manière à être préparés pour le prochain assaut de Satan, car certainement il viendra. N'y avait-il pas en nous de l'orgueil et de la fierté? Sans cela, notre Dieu n'aurait pas permis ce qui est arrivé. Quand il fit sortir Israël hors d'Egypte, il ne voulut pas les conduire par le pays des Philistins, afin qu'ils ne vissent pas la guerre; il les mena par un autre chemin. Quelle différence au chapitre 14 des Nombres, versets 44, 45! Ils étaient alors hautains d'esprit, et Dieu les laissa apprendre leur faiblesse dans un combat avec ses ennemis. Abraham aussi, après sa grande victoire, ayant accompli avec sa poignée d'hommes, ce que les cinq rois n'avaient pu faire, eut à apprendre qui était Celui qui l'avait rendu capable de si grandes choses, mais il l'apprend d'une manière bien plus bénie. Melchisédec s'avance avec des rafraîchissements — la force et la joie de la part du Dieu Très-haut qui avait livré ses ennemis entre ses mains. Abraham reconnaît cela, et il adore. Et alors, quand vient le moment où l'ennemi veut le pousser à s'enorgueillir et à s'enrichir de récompenses charnelles, il peut répondre, parce qu'il avait appris dans le secret: «J'ai levé mes mains au Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre». Nulle chair ne se glorifiera en sa présence; et si le conflit actuel nous a appris quelque chose de notre faiblesse, soit parce que nous nous étions exaltés dans l'idée que nous étions Philadelphie, ou que nous avions établi ici-bas une sorte d'«organisation», comme étant la vraie chose, quelque douloureuse que soit la manière dont nous l'avons appris, nous pouvons encore bénir Dieu qui ne nous a pas manqué, mais qui veut toujours nous amener à la conscience du besoin que nous avons de lui, et cela, d'une manière invariable, pour notre bénédiction et pour sa gloire.

Ne perdons donc pas notre temps en folles récriminations, mais qu'en ce désir de la bénédiction, il y ait une croissance commune dans les choses de Dieu.

Là où le péché est manifesté, il ne doit pas y avoir de compromis avec lui; mais, dans ces jours-ci, chacun individuellement doit se rappeler que si l'assemblée est incapable de se purifier elle-même du mal, à cause d'empêchements charnels, et d'agir selon la Parole que nous avons pour ce cas en 1 Corinthiens 5: 13, la même voix qui parle à l'assemblée, dit au saint individuellement, dans 2 Timothée 2: 19: «Que celui qui invoque le nom du Seigneur, se retire de l'iniquité». Si la chair agit dans l'assemblée de manière que le mal ne puisse être ôté, chaque individu est responsable pour lui-même envers Dieu; la question de majorité ou de minorité n'y a rien à faire. Je ne crois pas que Dieu permette que ceux qui sont fidèles restent longtemps seuls; il s'en trouvera d'autres également fidèles et vrais.

Romains 16: 17, est individuel. Le verset 20 montre le caractère de Dieu que je dois manifester en me séparant ou en me retirant, c'est-à-dire «la paix». Lui voit la racine du mal, et dit qu'il brisera bientôt Satan sous nos pieds, et alors viennent immédiatement ces paroles: «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec vous». En disputant, je ne manifeste pas le Dieu de paix. Si je peux en aider d'autres, c'est bien. Certainement je n'aiderai personne en restant associé avec le mal. Ma retraite peut servir à exercer des âmes, et ainsi je vais en paix; mais je ne dois pas rester avec le péché. La difficulté est de garder clairs les motifs d'action; si nous entrons dans des débats, comme nous le voyons en 2 Corinthiens 12: 20, nous pouvons finir par le désordre. Afin d'être avec Dieu dans toutes ces choses, notre unique désir devrait être de nous garder mutuellement dans un chemin droit, et d'y ramener ceux qui ont pu s'en écarter (Jacques 5: 19, 20).

ME 1885 page 439   

Londres, 23 janvier 1862

… Je vous donne ces nouvelles, parce qu'il est bon que les frères s'intéressent à leurs frères, où qu'ils soient, en sorte qu'ils prient pour eux. On ne compte pas assez sur l'intervention de Dieu, [sur le fait] qu'il entend nos prières et qu'il agit, lui qui dispose de tout. Ainsi on ne lui apporte pas assez les difficultés qui surgissent dans l'oeuvre. — Que de fois j'ai trouvé qu'en lui présentant tout, il a agi en bénédiction par des moyens qu'on n'aurait pu prévoir. Seulement, il nous faut nous tenir près de lui. Jean était habitué à être près de Jésus, et quand un cas solennel arrive, il est dans le cas de lui demander une réponse, selon l'intimité de sa confiance en lui, — une confidence; nous n'avons droit à rien, mais, près de lui, on jouit des communications de son amour. Le secret de l'Eternel est avec ceux qui le craignent. Par rapport à ce que vous me dites de l'évangélisation, soit de l'appel, je suis aussi loin que possible de la pensée que ce soit une chose basse. Un excellent frère qui avait à coeur la marche des frères, me reprochait de m'y vouer trop, il y a plus de 20 ans. Je n'en ai aucun regret, bien loin de là. Je sens que d'autres frères ont plus de dons pour cela, mais c'est une joie quand Dieu m'accorde la grâce de m'occuper de cette partie de l'oeuvre. Dans ces derniers temps, cette oeuvre est de la plus haute importance. Aussi Dieu y a poussé beaucoup de monde. Chez quelques-uns, il y a quelque chose de superficiel, en sorte qu'une oeuvre qui agisse plus profondément dans les consciences devient aussi nécessaire, mais, ici au moins, c'est comme si Dieu voulait pousser les âmes dans un lieu de sûreté avant la fin. Grâces à Dieu, il y a plus de zèle chez les frères, de ce côté-là aussi; mais je crois que, dans tous les temps, la bénédiction intérieure est dans la mesure de l'esprit d'évangélisation. La raison en est très simple. C'est la présence de Dieu qui bénit, et Dieu est amour, et l'amour fait chercher les âmes. Ce n'est nullement pour mépriser ou faire négliger le soin des âmes chrétiennes. Rien de plus important à sa place, mais il me semble que les deux choses vont ensemble [là] où l'amour de Dieu se trouve. Ce n'est pas non plus pour faire négliger ce qu'on appelle les principes des frères, principes auxquels j'attache toujours plus d'importance, comme au témoignage de Dieu dans ces derniers jours. C'est la Parole qui me les a fait recevoir comme la vérité au commencement; l'expérience m'en a fait sentir l'importance pour l'Eglise tout entière, et cela aux yeux du Seigneur et comme témoignage de Dieu essentiel pour ces temps-ci. Mais Dieu aime les âmes et, si nous ne les cherchions pas, il mettrait son témoignage ailleurs. Il nous aime, je le crois; mais il n'a pas besoin de nous. Qu'il nous donne seulement de lui être fidèles, et certainement il nous bénira. Sa patience aussi est grande.