Quelques notes d'une méditation sur Jean 14

Revues par l'auteur, J.N. Darby.

ME 1885 page 116

 

Il y a dans les paroles de Jésus beaucoup de choses qui en sous-entendent d'autres. Il y a certaines positions dont Jésus n'a pas parlé, mais qui sont supposées dans ce qu'il dit. Ainsi ces paroles: «Je ne vous laisserai point orphelins… que votre coeur ne soit pas troublé», nous révèlent la position dans laquelle Jésus laissait ses disciples. Les consolations ne sont applicables qu'à celui qui est dans l'affliction. Il n'est pas nécessaire de chercher à consoler quelqu'un, en lui disant: «Vous ne serez plus orphelin», si cette personne ne sent pas qu'elle est dans l'isolement. Or les disciples avaient tout abandonné, tout quitté pour le Seigneur; les voilà donc sans rien, puisque Jésus va leur être ôté. Et c'est dans cette position qu'ils avaient besoin de cette parole: «Je ne vous laisserai point orphelins».

Toutes les consolations données ici aux chrétiens, supposent qu'ils n'ont rien dans ce monde. Tout ce qui les liait à celui-ci étant coupé, il ne leur reste rien que Christ, qui les a attachés à lui dans le ciel. Ils sont rassemblés ici-bas dans un intérêt commun, et Christ est avec eux. Il les a tellement identifiés avec lui, qu'il peut dire: «Parce que moi je vis, vous aussi, vous vivrez».

Souvent nous sommes misérables, en sentant l'isolement et l'abandon de tout ce qui est du monde; cela arrive quand nous n'avons pas la conscience de notre union avec Jésus. N'étant plus du monde, si nous ne réalisons pas Jésus, nous ne pouvons jouir de rien. Nous ne pouvons être heureux que si nous avons le caractère d'orphelins relativement au monde, n'ayant plus rien dans celui-ci, mais possédant Christ; et alors les consolations nous deviennent précieuses.

«En ce jour, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi; et moi en vous» (verset 20). Jésus leur donne des consolations pour le moment où le monde ne le verra plus, et où la foi seulement pourra le voir; où la communion avec lui par le Saint Esprit peut seule faire jouir de sa présence. La communion s'exerce dans la conscience que nous sommes un avec ce Jésus qui n'est pas du monde. Le Seigneur veut nous faire comprendre qu'il nous a donné ici-bas la même position qu'il y a eue lui-même, et que, comme pour venir dans ce monde il a quitté la jouissance immédiate qu'il avait en haut avec le Père, nous devons aussi y être orphelins; et quel est le chemin dans lequel il a joui de la communion du Père, dans lequel il demeurait dans son amour? C'est qu'il faisait les choses que le Père lui avait commandées. C'est comme s'il nous avait dit: «Voilà le chemin que je vous trace». Le but de tout ce qu'il nous a dit est de former nos affections aux choses du ciel.

«Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime» (verset 21). Il compte sur notre amour. Nous savons quelle est notre tendance à nous détacher de lui et à chercher d'autres affections que celles de Christ. Eh bien, les commandements ne sont que le chemin qu'il nous a tracé pour que nos coeurs ne se détournent point de lui, et pour nous exercer à regarder à lui. Cette position de dépendance nous empêche de sentir notre isolement, notre position d'orphelins. Jésus tient à notre amour, et il travaille à le développer.

Il est allé nous préparer une place dans la maison du Père, nous y serons plus tard! en attendant, nous sommes sa maison, et plus tard, nous ferons notre demeure chez lui. L'intelligence spirituelle nous fait comprendre son désir, que là où il est, nous, nous y soyons aussi, afin que nous contemplions sa gloire. Il veut que nous voyions qu'après avoir été honni, humilié, le Père l'a élevé et glorifié au-dessus de toutes choses. Et s'il nous exerce par diverses épreuves, c'est pour nous faire comprendre qu'il nous aime assez pour vouloir nous avoir avec lui, et pour nous faire participer à tout ce que le Père lui a donné, et nous rendre, propres à en jouir. Il suppose que sa gloire est un bonheur pour nous; et cela fait voir, non seulement à quel point il nous glorifie, mais surtout à quel point il tient à posséder l'affection de nos coeurs; et si quelque chose y met obstacle, il le brise. Il veut que nous sentions tellement qu'il est notre tout, que si nous ne jouissons pas de lui, nous n'avons rien. Il suppose qu'il y a tellement d'affection dans nos coeurs pour lui que, si nous ne l'avons pas, nous nous sentons orphelins. Il compte sur nos affections, et il veut que notre coeur, notre marche, notre tout, dépende de lui. C'est dans le chemin de ses commandements, dans la pratique de ce qui nous détache du monde, que nous pouvons jouir de ce qu'il est pour nous.