«Frères saints»

 ME 1885 page 148

 

«C'est pourquoi, frères saints, participants à l'appel céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus» (Hébreux 3: 1).

«Prenons garde l'un à l'autre, pour nous exciter à l'amour et aux bonnes oeuvres» (Hébreux 10: 24).

Les deux passages sont l'un avec l'autre dans une relation très intime. L'auteur inspiré de l'épître y emploie un même mot qui ne se trouve que dans ces deux endroits (*). Nous sommes invités à considérer Jésus et en même temps tous ceux qui lui appartiennent, où qu'ils soient. Ce sont les deux grandes parties de notre oeuvre. Nous avons à nous occuper diligemment de Lui et de ce qui l'intéresse sur la terre, et ainsi nous serons délivrés de la misérable occupation de penser à nous-mêmes et à nos propres intérêts. Glorieuse délivrance, certes, pour laquelle nous ne saurions trop bénir notre libérateur.

(*) «Considérez» et «prenons garde» rendent le même mot de l'original $catano™w% qui exprime une sérieuse application de l'esprit à une chose.

Mais avant d'entrer dans l'examen des grands sujets que nous avons à considérer, arrêtons-nous un moment sur le titre merveilleux que l'Esprit Saint applique à tous les croyants, à tous les vrais chrétiens. Il les appelle «frères saints». C'est en vérité un titre d'une grande dignité morale. Il n'est pas dit que nous devons être saints. Non, nous le sommes. Il s'agit du titre, ou de la position de tout enfant de Dieu sur la terre. Sans doute qu'ayant cette sainte position par un effet de la grâce souveraine, nous devons être saints dans notre marche; il faut que notre état moral réponde toujours à notre titre. Nous ne devrions jamais nous permettre une pensée, une parole, ou une action, qui soit, ne fût-ce que dans le moindre degré, incompatible avec notre haute position comme «frères saints». De saintes pensées, de saintes paroles, de saintes actions, conviennent seules à ceux auxquels la grâce infinie de Dieu a donné ce titre.

Ne l'oublions pas. Ne disons, ne pensons jamais que nous ne pouvons maintenir une si haute position, ou vivre selon une telle mesure. La même grâce qui nous a revêtus de cette dignité, nous rendra toujours capables de la maintenir, et nous verrons, dans la suite de ces lignes, comment cette grâce agit, de quels puissants moyens moraux elle se sert pour produire une marche pratique qui soit en harmonie avec notre saint appel.

Sur quoi l'apôtre fonde-t-il cette appellation de «frères saints?» Il est de toute importance d'être au clair sur cette question. Si nous ne voyous pas qu'elle est entièrement indépendante de notre état, de notre marche ou de nos progrès, nous ne pouvons comprendre ni notre position, ni ses résultats pratiques. Nous affirmons hardiment que la marche la plus sainte qui se soit vue dans ce monde, le plus haut état spirituel qui ait été atteint, ne pourra jamais être la base d'une position telle que celle qui est exprimée par ce titre: «frères saints». Bien plus, l'oeuvre même du Saint Esprit en nous, si essentielle qu'elle soit à chaque degré de la vie divine, ne peut nous donner droit à entrer dans une telle dignité. Rien en nous, rien de nous, rien de ce qui nous concerne, ne pourra jamais être le fondement de cette position.

Sur quoi donc est-elle fondée? La réponse se trouve en Hébreux 2: 11: «Car et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un; c'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères». Nous avons là une des vérités les plus profondes et les plus étendues du saint volume. Nous y voyons comment nous devenons des «frères saints;» c'est en étant associés avec Celui qui pour nous descendit dans la mort, et qui dans sa résurrection est devenu le fondement de ce nouvel ordre de choses où nous avons notre place. Il est la Tête, le chef de cette nouvelle création à laquelle nous appartenons, le premier-né entre les plusieurs frères dont il n'a pas honte, parce qu'il les a placés sur le même terrain que lui et les a amenés à Dieu, non seulement selon la parfaite efficacité de son oeuvre, mais selon la parfaite acceptation et le prix de sa personne devant Dieu. «Et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un» (*).

(*) Il est du plus haut intérêt de remarquer que c'est à «Marie de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons», que fut accordé le privilège d'annoncer aux disciples la bonne nouvelle de la nouvelle et merveilleuse relation dans laquelle ils étaient introduits. «Va vers mes frères et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père; vers mon Dieu et votre Dieu».
Jamais auparavant, on n'avait entendu semblable message, et, de fait, il n'aurait pu être donné auparavant. Mais maintenant, la grande oeuvre était accomplie, le combat était achevé, la victoire remportée, et le fondement du nouvel édifice était posé. Marie de Magdala fut faite le héraut du plus glorieux message que jamais oreilles humaines eussent entendu.

Paroles merveilleuses! Méditons-les, cher lecteur. Remarquez la profonde, oui, l'incommensurable différence qui existe entre «celui qui sanctifie» et «ceux qui sont sanctifiés». Le Seigneur, personnellement, d'une manière intrinsèque, dans son humanité, pouvait être celui qui sanctifie. Nous, personnellement, dans notre condition morale, dans notre nature, nous avions besoin d'être sanctifiés. Mais, — que son nom soit béni éternellement! — telle est la perfection de son oeuvre, telles sont les «richesses» et «la gloire» de sa grâce, qu'il peut être écrit: «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde». «, Et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un». Tous sont sur un même terrain, et cela pour toujours.

Rien de plus grand que ce titre et cette position. Nous sommes devant Dieu selon tous les glorieux résultats de son oeuvre parfaite et selon toute l'acceptation de sa personne. Il nous a unis à lui, dans sa vie de résurrection, et nous a faits participants de tout ce qu'il a et de tout ce qu'il est, sauf sa déité qui est incommunicable.

Faisons particulièrement attention à ce que renferme le fait que nous avions besoin d'être «sanctifiés». Cela montre de la manière la plus forte et la plus claire, la ruine totale, sans espérance et absolue, où se trouve chacun de nous. Il n'importe pas, pour autant qu'il s'agit de cet aspect de la vérité, qui nous étions ou ce que nous étions dans notre vie personnelle et pratique. Nous avons pu être raffinés, cultivés, aimables, moraux et religieux selon l'homme; ou bien dégradés, démoralisés, dépravés, le rebut même de la société. En un mot, nous pouvions être, quant à notre état moral et notre condition sociale, aussi loin les uns des autres que les deux pôles, mais s'il s'agit du besoin d'être sanctifiés, pour le plus excellent comme pour le pire, avant que nous puissions être appelés «frères saints», il n'y a évidemment «aucune différence». Le plus vil n'a besoin de rien de plus, et le meilleur ne peut faire à moins. Nous tous et chacun de nous, nous sommes enveloppés dans une ruine commune et avons besoin d'être sanctifiés, mis à part, avant de pouvoir prendre notre place parmi les «frères saints». Et maintenant, mis à part, nous sommes tous sur un même terrain; le plus faible enfant de Dieu sur la terre fait partie des «frères saints», aussi vraiment et réellement que l'apôtre Paul lui-même. Il n'est pas question de progrès, de degré d'avancement, bien qu'il soit important et précieux de faire des progrès; il s'agit de notre commune position devant Dieu, de laquelle le «premier-né» (*) est d'une manière vivante, dans sa personne, l'éternelle et précieuse définition.

(*) Il s'agit de Christ comme «premier-né entre plusieurs frères» (Romains 8: 29), et non de Colossiens 1: 15.

Mais il est de la plus haute importance d'être bien au clair et bien fondé quant à la relation du «premier-né» avec les «plusieurs frères». C'est une vérité fondamentale, à l'égard de laquelle il ne doit y avoir ni vague ni indécision. L'Ecriture est claire et positive sur ce grand point. Mais plusieurs ne veulent pas écouter l'Ecriture. Ils sont si remplis de leurs propres pensées qu'ils ne prennent pas la peine de sonder les Ecritures pour voir ce qu'elles disent sur ce sujet. C'est pourquoi vous en trouverez plusieurs qui maintiennent que l'incarnation est le fondement de notre relation avec le «premier-né». Ils regardent à Celui qui s'est incarné comme étant notre «frère aîné» qui, en devenant un homme, nous a unis à lui, ou s'est uni à nous.

Il serait difficile d'exprimer convenablement et d'énumérer les terribles conséquences d'une telle erreur. En premier lieu, elle renferme un blasphème positif contre la personne du Fils de Dieu; elle est la négation de son humanité absolument pure, sans péché, parfaite. Dans son humanité, il était tel que l'ange pouvait dire à la vierge Marie: «La sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu». Sa nature humaine était absolument pure. Comme homme, il n'a pas connu le péché, et il fut le seul duquel on ait pu dire cela. Il était unique, absolument seul dans cette condition. Il n'y avait pas, il ne pouvait y avoir aucune union avec lui dans son incarnation. Comment le saint et les profanes, le pur et les impurs, celui qui était sans tache et ceux qui sont souillés, auraient-ils pu être unis ensemble? C'était absolument impossible. Ceux qui pensent et disent que cela se pouvait, errent grandement, ne connaissant pas les Ecritures, ni le Fils de Dieu.

Mais, de plus, ceux qui parlent d'union dans l'incarnation se rangent au nombre des ennemis de la croix de Christ. En effet, quel besoin y aurait-il de la croix, de la mort ou du sang de Christ, si les pécheurs pouvaient lui être unis dans son incarnation? Il n'y aurait nul besoin d'expiation, nulle nécessité à la propitiation, aux souffrances et à la mort de Christ comme substitut, si les pécheurs sans cela pouvaient lui être unis.

Nous pouvons voir par là qu'une telle doctrine ne peut venir que de l'ennemi. Elle déshonore la personne de Christ et met de côté son oeuvre expiatoire. Avec cela, elle renverse l'enseignement de toute la Bible à l'égard de la ruine et de la culpabilité de l'homme. En somme, elle détruit complètement toutes les grandes vérités fondamentales du christianisme et ne nous laisse qu'un système profane, sans Christ, et infidèle. C'est à quoi le diable a toujours visé; c'est ce qu'il poursuit encore, et des milliers de soi-disant docteurs chrétiens sont ses agents dans ses efforts pour renverser le christianisme. Quelle responsabilité pour eux!

Mais écoutons sur ce sujet l'enseignement des saintes Ecritures. Que signifient ces paroles sorties des lèvres de notre adorable Sauveur, et que le Saint Esprit nous a conservées: «A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul?» Qui était ce grain de blé? Lui-même. Il devait mourir, afin de porter «beaucoup de fruit». Pour s'entourer de «plusieurs frères», il devait descendre dans la mort, afin d'ôter tout empêchement à ce qu'ils fussent éternellement associés avec lui sur le terrain nouveau de la résurrection. Lui, le vrai David, devait s'avancer seul contre le redoutable ennemi, afin d'avoir la profonde joie de partager avec ses frères les dépouilles, fruits de son éclatante victoire, Il y a, dans le 8e chapitre de l'évangile de Marc, un très beau passage qui se rapporte à notre sujet. «Et il commença à les enseigner: Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, et qu'il soit rejeté des anciens et des principaux sacrificateurs et des scribes, et qu'il soit mis à mort, et qu'il ressuscité après trois jours. Et il tenait ce discours ouvertement. Et Pierre, le prenant à part, se, mit à le reprendre». Dans un autre évangile, nous voyous que Pierre lui dit: «Seigneur, Dieu t'en préserve, cela ne t'arrivera pas». Maintenant, faisons attention à la réponse du Seigneur: «Mais lui, se retournant et regardant ses disciples, reprit Pierre, disant: Va arrière de moi, Satan, car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes».

Cela est d'une beauté parfaite. Non seulement ce récit présente à l'intelligence une vérité, mais il fait resplendir dans le coeur un brillant rayon de la gloire morale de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ, bien propre à remplir nos âmes d'adoration envers lui. «Se retournant et regardant ses disciples», c'est comme s'il avait voulu dire à son serviteur qui se trompait: «Si j'écoute ce que tu me suggères, si je veux m'épargner moi-même, que deviendront ceux-ci?» Précieux Sauveur! Il ne pensait pas à lui-même. «Il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem», sachant bien ce qui l'attendait là. Il allait à la croix pour porter là la colère de Dieu, le jugement du péché, toutes les terribles conséquences de notre condition, afin de glorifier Dieu par rapport à nos péchés, et cela, afin d'avoir la joie ineffable et éternelle de s'entourer des plusieurs frères auxquels il pouvait, sur le terrain de la résurrection, annoncer le nom du Père. «J'annoncerai ton nom à mes frères». Du milieu des terribles ombres du Calvaire, où il endurait pour nous ce que nulle intelligence humaine ne pourra jamais mesurer, il regardait en avant vers ce moment glorieux. Pour pouvoir nous appeler «frères», il devait rencontrer seul la mort et le jugement pour nous.

Pourquoi toutes ces souffrances, si l'incarnation était la base de notre union ou de notre association avec lui? (*). N'est-il pas évident qu'il ne saurait y avoir de lien entre Christ et nous, si ce n'est sur le terrain d'une expiation accomplie? Comment ce lien pourrait-il exister, à moins que le péché fût expié, la culpabilité ôtée, et les droits de Dieu satisfaits? Cela serait tout à fait impossible. La maintenir est se détourner de la révélation divine, saper les fondements mêmes du christianisme, et c'est à quoi le diable tend, comme nous le savons bien.

(*) Nous n'avons nullement la pensée que l'union avec Christ, comme Tête du corps, soit enseignée en Hébreux 2: 11. Le développement de cette vérité se trouve autre part (Ephésiens 1: 22, 23; 5: 30). Mais soit que nous le considérions comme Tête ou chef du corps, ou comme premier-né entre plusieurs frères, l'Ecriture nous enseigne clairement que la mort du Seigneur était absolument essentielle à notre union avec lui. Point de mort, point d'union. Le grain de blé devait tomber en terre et mourir, afin de porter beaucoup de fruit,

Nous ne poursuivrons pas davantage ce sujet. Il se peut que la grande majorité de nos lecteurs soient au clair sur ce point, et le tiennent pour une des vérités essentielles du christianisme. Mais dans un temps comme le nôtre, nous sentions l'importance de rendre à toute l'Eglise de Dieu un témoignage à cette vérité. Nous sommes persuadés que l'erreur que nous avons combattue — l'union avec Christ dans l'incarnation — forme une partie intégrante d'un vaste système d'infidélité et d'anti-christianisme qui domine sur des milliers de chrétiens professants, et qui fait d'immenses progrès dans toute la chrétienté C'est la profonde et solennelle conviction que nous avons de ce fait qui nous a conduits à appeler l'attention du bien-aimé troupeau de Christ sur l'un des plus précieux et des plus glorieux sujets qui puissent occuper notre coeur, savoir, notre titre à être nommés «frères saints».

Nous nous arrêterons maintenant quelques moments à l'exhortation adressée aux «frères saints, participants de l'appel céleste». Comme nous l'avons déjà fait remarquer, nous ne sommes pas exhortés à être des «frères saints», nous sommes faits tels. Cette place et cette portion sont nôtres par l'effet d'une grâce infinie, et c'est sur ce fait que l'apôtre base son exhortation: «C'est pourquoi, frères saints, participants de l'appel céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus».

Les titres donnés ici au Seigneur le présentent à nos coeurs d'une manière bien propre à les toucher. Ils embrassent toute son histoire, depuis le moment où il était dans le sein du Père jusqu'à celui où il descendit dans la poussière du sépulcre, puis de là jusqu'au trône de Dieu. Comme apôtre, il vint de Dieu vers nous, et comme souverain sacrificateur, il est retourné vers Dieu où il est pour nous. Il vint du ciel pour nous révéler Dieu, pour déployer devant nous le coeur même de Dieu, pour nous faire connaître les précieux secrets qui étaient dans son sein. «Dieu, ayant autrefois, à plusieurs reprises et de différentes manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là nous a parlé dans le Fils (šn u³ò), qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes, qui, étant le resplendissement de sa gloire et l'empreinte de sa substance, et soutenant toutes choses par la parole de sa puissance, ayant fait par lui-même la purification des péchés, s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux».

Quel merveilleux privilège! Dieu se révélant à nous dans la personne de Christ! Dieu nous a parlé dans le Fils. L'apôtre de notre confession nous a donné la pleine et parfaite révélation de ce que Dieu est. «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître». «C'est le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ».

Tout cela est d'un prix inestimable. Jésus a révélé Dieu à nos âmes. Nous n'aurions connu absolument rien de Dieu, si le Fils n'était venu et ne nous eût parlé. Mais — loué et béni soit notre Dieu! — nous pouvons dire avec toute la certitude possible: «Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable; et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ. Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle». Parcourons les quatre évangiles et contemplons Celui qui nous y est présenté par le Saint Esprit dans tout l'éclat de sa souveraine grâce, de cette grâce qui brillait dans ses paroles, dans ses actes, dans toutes ses voies, et nous pouvons dire: Celui-là est Dieu. Nous le voyons allant de lieu en lieu faisant le bien, et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable; nous le voyons guérissant les malades, nettoyant les lépreux, ouvrant les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, nourrissant les affamés, essuyant les larmes de la veuve, pleurant au tombeau de Lazare, et nous disons: C'est Dieu. Tous les rayons de la gloire morale brillant dans la vie et le ministère de l'apôtre de notre confession, étaient l'expression de Dieu. Il était le resplendissement de la gloire divine et l'empreinte de sa substance.

Tout cela n'est-il pas infiniment précieux pour nos âmes? Avoir Dieu révélé dans la personne de Christ, de sorte que nous pouvons le connaître, nous réjouir en lui, trouver toutes nos délices en lui, l'appeler «Abba, Père!» marcher dans la lumière de sa face, avoir communion avec lui et avec son Fils Jésus Christ, connaître l'amour de son coeur, — l'amour même dont il aime le Fils! — quelle profonde bénédiction, quelle plénitude de joie! Comment louer et bénir assez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ pour la merveilleuse grâce qu'il a déployée envers nous, en nous introduisant dans une telle sphère de bénédictions et de privilèges, et en nous plaçant dans une relation si merveilleuse avec lui-même par le Fils de son amour! Puissent nos vies le glorifier! Puisse le seul grand but et l'unique objet de nos coeurs être de magnifier son nom!

Examinons maintenant la seconde partie de notre sujet. Nous avons à considérer «le souverain sacrificateur de notre confession». Cela aussi est rempli des plus riches bénédictions pour chacun des frères saints. Celui qui, comme apôtre, est descendu de Dieu vers nous pour nous le faire connaître, est retourné vers Dieu afin d'être devant lui pour nous. Il vint nous parler de Dieu, il est retourné en haut pour parler de nous à Dieu. Il paraît pour nous devant la face de Dieu. Il nous porte continuellement sur son coeur. Il nous représente devant Dieu, et nous maintient dans l'intégrité de la position où son oeuvre expiatoire nous a introduits. Sa sacrificature est la provision divine pour notre sentier dans le désert. S'il n'était question que de notre position ou de notre titre, nous n'aurions pas besoin de sacrificature, mais pour autant qu'il s'agit de notre état actuel et de notre marche pratique, nous ne pourrions faire un pas, si nous n'avions notre grand souverain sacrificateur toujours vivant pour nous en la présence de Dieu.

Or, dans l'épître aux Hébreux nous sont présentées trois faces du service sacerdotal du Seigneur. En premier lieu, nous lisons au chapitre 4: «Ayant donc un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme notre confession; car nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché».

Lecteur chrétien, n'est-ce pas une précieuse et immense bénédiction que d'avoir, à la droite de la Majesté dans les cieux quelqu'un qui sympathise à vos infirmités, qui entre dans vos douleurs, qui sent pour vous et avec vous dans tous vos exercices d'âme, vos épreuves et vos difficultés? Quelle chose que d'avoir sur le trône de Dieu, un homme, un coeur humain parfait, sur qui vous pouvez compter dans toute votre faiblesse, quand vous sentez le poids du combat, en toutes choses, en un mot, à part le péché!

Quelle plume, quelle bouche d'homme, pourra décrire dignement et pleinement la bénédiction profonde qui résulte du fait d'avoir dans la gloire un homme dont le coeur est avec nous dans toutes les épreuves et les douleurs de notre sentier à travers le désert? Quelle précieuse provision! Quelle divine réalité! Celui qui a toute puissance dans les cieux et sur la terre, vit maintenant pour nous dans le ciel. Nous pouvons compter sur lui en tout temps. Il entre dans tout ce qui nous touche, comme nul ami sur la terre ne pourrait le faire. Nous pouvons aller à lui et lui dire ce que nous ne pourrions pas confier à notre plus intime ami ici-bas. Lui seul peut nous comprendre parfaitement.

Mais notre grand souverain sacrificateur peut comprendre tout ce qui nous concerne. Il a passé par toutes les douleurs et les épreuves qu'un coeur humain peut connaître. C'est pourquoi il est capable de sympathiser parfaitement avec nous, et il prend plaisir à s'occuper de nous chaque fois que nous passons par la douleur et l'affliction, quand notre coeur est brisé et accablé sous un poids d'angoisse que lui seul peut connaître pleinement. Précieux Sauveur et miséricordieux souverain sacrificateur! Puissent nos coeurs trouver leurs délices en toi, et s'abreuver plus largement aux sources inépuisables de consolation et de joie qui se trouvent dans ton tendre amour pour tous tes frères éprouvés, tentés, pleurant et souffrant ici-bas!

Le chapitre 7 des Hébreux nous montre une autre partie bien précieuse de l'oeuvre sacerdotale de notre Seigneur, savoir son incessante intervention devant Dieu en notre faveur. «De là vient aussi qu'il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux».

Quelle puissante consolation pour tous les «frères saints!» Quelle précieuse assurance! Notre grand souverain sacrificateur nous porte continuellement sur son coeur devant le trône. Tout ce qui nous concerne est dans ses mains bénies, et il ne laissera rien péricliter. Il est vivant pour nous, et nous vivons en lui. Il nous conduira à travers tout, en sécurité, jusqu'à la fin. Les théologiens parlent de la persévérance finale des saints; l'Ecriture parle de la persévérance finale de notre divin et adorable souverain sacrificateur. C'est sur cela que nous nous reposons. Il nous a dit: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez». «Si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils», — le seul moyen par lequel nous pussions être réconciliés, — «beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie», c'est-à-dire sa vie en haut dans le ciel. Il s'est porté lui-même garant pour chacun des «frères saints», de les amener droit à la gloire à travers toutes les difficultés, les épreuves, les pièges et les tentations du désert. Béni soit à jamais son saint nom!

En Hébreux 13: 15, nous avons la troisième partie du service qu'accomplit pour nous, dans le céleste sanctuaire, notre grand souverain sacrificateur: «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu, un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom».

Qu'il est précieux de savoir que nous avons devant Dieu quelqu'un qui lui présente nos sacrifices de louanges et nos actions de grâces! Combien cela nous encourage à lui apporter en tous temps de tels sacrifices! Il est vrai qu'ils peuvent paraître très pauvres, très maigres et très imparfaits; mais notre grand souverain sacrificateur sait comment séparer la chose précieuse de la chose vile. Il prend nos sacrifices, et les présente à Dieu dans toute la perfection du parfum de bonne odeur de sa propre personne et de son ministère. Le moindre soupir du coeur, la moindre expression des lèvres, le plus petit acte de service, monte à Dieu non seulement dépouillé de toute notre infirmité et de toute notre imperfection, mais orné de toute l'excellence de Celui qui vit à jamais en la présence de Dieu, non seulement pour sympathiser et intercéder, mais aussi pour présenter nos sacrifices d'actions de grâces et de louanges.

Tout cela est rempli d'encouragement et de consolation. Combien souvent nous avons à gémir de notre froideur, de notre sécheresse, de notre manque de vie, soit en particulier, soit en public! Il semble que nous soyons incapables d'autre chose que d'un gémissement ou d'un soupir. Eh bien, Jésus — et c'est le fruit de sa grâce — prend ce gémissement ou ce soupir, et le présente à Dieu dans toute la valeur de ce qu'il est. C'est une partie de son ministère actuel pour nous devant notre Dieu, ministère qu'il prend plaisir à accomplir. C'est sa joie de nous porter sur son coeur devant le trône. Il pense à chacun de nous en particulier, comme s'il n'avait à penser qu'à chacun de nous seul.

Cela est merveilleux, mais il en est ainsi. Il entre dans toutes nos petites épreuves, dans nos moindres douleurs, dans nos combats et nos exercices de coeur, comme s'il n'avait autre chose à faire. Chacun de nous possède l'attention et la sympathie sans partage de son coeur large et aimant, dans tout ce qui peut surgir pendant notre passage à travers cette scène d'épreuves et de douleurs. Il a passé à travers toutes ces choses. Il connaît chaque pas de la route. Nous pouvons discerner l'empreinte bénie de ses pas à travers le désert, et, regardant en haut dans les cieux ouverts, nous le voyons sur le trône, lui, l'homme glorifié, mais le même Jésus qui a marché ici-bas; les circonstances dans lesquelles il a été sont changées, mais non pas son coeur tendre, aimant, rempli de sympathie: «Le même hier, et aujourd'hui, et éternellement».

Tel est donc, bien-aimé lecteur chrétien, le grand souverain sacrificateur que nous sommes exhortés à considérer. Réellement, nous avons en lui ce qui répond à tous nos besoins. Sa sympathie est parfaite, son intercession est toute puissante, et nos sacrifices sont, par lui, rendus toujours acceptables. Nous pouvons bien dire. «Nous avons tout en abondance».

Et maintenant, comme conclusion, jetons un regard sur l'exhortation: «Prenons garde l'un à l'autre, pour nous exciter à l'amour et aux bonnes oeuvres».

La liaison morale de ce passage avec celui qui nous a d'abord occupés, est pleine de beauté. Plus nos regards seront fixés sur lui, plus nous serons rendus propres et disposés à prendre garde à ceux qui lui appartiennent, quels qu'ils soient et où qu'ils puissent être. Montrez-moi un homme rempli de Christ, et je vous montrerai un homme rempli d'amour, de sollicitude et d'intérêt pour chaque membre du corps de Christ. Ce doit être ainsi. Il est impossible d'être près de Christ et de ne pas avoir le coeur plein des plus tendres affections pour tous ceux qui sont à lui. Nous ne pouvons le considérer, sans nous souvenir d'eux et être conduits à les servir, à prier pour eux, à avoir à leur égard de la sympathie selon notre faible mesure. Si vous entendez quelqu'un parler hautement de son amour pour Christ, de son attachement à Sa personne, du plaisir qu'il trouve en lui, et qu'il n'y ait en cette personne ni amour pour ceux qui sont de Christ, ni sollicitude à leur égard, ni intérêt pour ce qui les concerne, ni promptitude à se dépenser pour eux, ni sacrifice de soi-même par amour pour eux, vous pouvez être sûr d'être en présence d'une profession vide et sans valeur. «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères. Mais celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui? Enfants, n'aimons pas de parole, ni de langue, mais en action et en vérité». Et encore: «Nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère».

Ce sont de salutaires paroles pour chacun de nous. Puissions-nous les laisser pénétrer bien avant dans nos coeurs! Puissions-nous, par l'action puissante du Saint Esprit, être rendus capables de répondre de tout notre coeur à ces deux pressantes exhortations: à considérer l'apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession, d'une part, et de l'autre, à prendre garde l'un à l'autre. Nous en avons besoin. Et rappelons-nous que «prendre garde l'un à l'autre» ne revêtira jamais la forme d'une curiosité indiscrète, ni d'un espionnage inexcusable; choses qui ne peuvent être regardées que comme le fléau de toute société chrétienne. Non, c'est le contraire de cela. C'est la sollicitude tendre et aimante, qui se montre d'une manière délicate dans tout service rendu à propos, fruit d'amour d'une vraie communion avec le coeur de Christ.