Quelques pensées sur le corps de Christ

«Il y a un seul corps» (Ephésiens 4: 4).

ME 1885 page 190

 

C'est une grande grâce de recevoir une vérité, mais il est important de la posséder telle que la Parole nous la présente, et non selon la forme que notre esprit peut lui avoir donnée.

Au milieu des saints qui professent connaître les vérités relatives au corps de Christ et y rendre témoignage, il peut sembler étrange d'avoir à poser des questions telles que celles-ci: «Qu'est-ce que le corps de Christ?» «Qu'est-ce que l'unité de ce corps?» Cependant ce que l'on entend dire parfois prouve combien plusieurs sont éloignés d'avoir compris ces faits et la place qu'ils occupent dans la Parole.

Beaucoup ont pensé, sans s'en rendre compte peut-être, que le corps de Christ est l'ensemble de tous les croyants ayant à leur tête Christ, comme seul Seigneur; de même qu'une armée a un seul chef. Mais l'expression «le corps de Christ», ne comporte l'idée ni d'une grande société d'individus, ni d'une grande armée, ni même d'une grande famille. Les croyants sont des membres du seul corps.

Mais comme le mot «corps» signifie aussi quelquefois un ensemble d'individus formé selon certaines conditions, ou pour un certain but, comme corps d'armée, corps législatif, et, dans l'Ecriture «corps des anciens» (1 Timothée 4: 14), la parole de Dieu définit nettement ce qu'est le corps de Christ, en prenant pour exemple le corps de l'homme (1 Corinthiens 12).

L'expression «membre» s'applique aussi figurément à quelqu'un qui fait partie d'une société, d'une communauté quelconque, mais, dans les épîtres, elle n'est jamais employée qu'en rapport avec le corps de Christ. On est membre de Christ, membres l'un de l'autre. On n'est pas membre d'un troupeau, ni d'une assemblée locale; on en fait partie comme membre du corps de Christ.

Aucun écrivain sacré, sauf l'apôtre Paul, ne parle du corps de Christ, de son unité, et de l'union du corps avec sa tête glorifiée dans le ciel.

C'est dans l'épître aux Romains (chapitre 12: 4, 5), que pour la première fois il fait allusion au corps de Christ et à son unité: «Comme dans un seul corps, nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l'un de l'autre». Voilà bien le corps et ses membres, un tout indivisible, bien que composé de parties, dont aucune ne peut être séparée de l'ensemble. Ce n'est pas une corporation, une réunion d'individus dont un peut manquer sans que l'ensemble en souffre.

Ensuite, dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 10, Paul, parlant des éléments de la cène, dit, au verset 16, que le pain que nous rompons est la communion du corps de Christ, c'est-à-dire du corps du Sauveur qui a été sur la croix; mais, au verset 17, il révèle une autre chose; c'est que nous qui sommes plusieurs, en rompant ensemble un même pain auquel tous nous participons, nous exprimons le grand fait de l'unité du corps de Christ sur la terre: «Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain». De même qu'il n'y a pas eu deux Sauveurs sur la croix, et qu'il n'est pas question de deux pains de la cène, il n'y a pas deux ni plusieurs corps de Christ sur la terre, mais un seul.

Et c'est ce «seul corps» de Christ sur la terre, composé de tous les rachetés, qui se trouve défini dans le chapitre 12 de la même épître, non comme une corporation, un ensemble d'individus, mais comme un corps un et indivisible, tel que le corps de l'homme, bien que composé de plusieurs membres. «Car de même que le corps est un, et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ» (verset 12). Uni au Seigneur Jésus, sa tête glorifiée dans le ciel, le corps sur la terre est appelé de son nom: «Ainsi aussi est le Christ».

Cette tête du corps, glorifiée dans le ciel, nous est montrée en Ephésiens 1: 22, 23: «Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef (ou tête) sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (voyez les versets 19-23; Colossiens 1: 15-20). Ce n'est donc pas une réunion d'individus sous un chef ou général, dans le ciel. Non, c'est le corps et la tête. Comme on l'a fait remarquer, l'expression «le Seigneur du corps», n'est pas dans la Parole (*).

(*) D'un autre côté, il ne faut pas méconnaître l'autorité de la tête sur le corps. Il faut les deux expressions: «Chef» et «Tête» ensemble, pour exprimer et l'union du corps avec la tête, et la supériorité de la tête sur le corps comme autorité. Le principe de la chose se trouve dans l'emploi du mot chef (tête), en 1 Corinthiens 11: 3, et Ephésiens 5: 23 — Le mot: chef tout seul, en rapport avec le corps de Christ sur la terre, prêterait à l'idée d'un chef de corps, d'un capitaine; et le mot: tête tout seul, tendrait à méconnaître le sens d'autorité; il faut donc les deux idées réunies, relativement à Christ, chef (tête) de son corps qui est l'assemblée.

Poursuivons depuis le verset 13 du 12e chapitre de la 1re épître aux Corinthiens: «Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit. Car aussi le corps n'est pas un seul membre, mais plusieurs. Si le pied disait: Parce que je ne suis pas main, je ne suis pas du corps, est-ce qu'à cause de cela il n'est pas du corps? Et si l'oreille disait: Parce que je ne suis pas oeil, je ne suis pas du corps, est-ce qu'à cause de cela elle n'est pas du corps? Si le corps tout entier était oeil, où serait l'ouïe? Si tout était ouïe, où serait l'odorat? Mais maintenant, Dieu a placé les membres, — chacun d'eux, — dans le corps, comme il l'a voulu. Or, si tous étaient un seul membre, où serait le corps? Mais maintenant les membres sont plusieurs; mais le corps, un. L'oeil ne peut pas dire à la main: Je n'ai pas besoin de toi; ou bien encore la tête aux pieds: Je n'ai pas besoin de vous; — mais bien plutôt les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires; et les membres du corps que nous estimons être les moins honorables, nous les environnons d'un honneur plus grand; et nos membres qui ne sont pas décents, sont les plus parés, tandis que nos membres décents n'en ont pas besoin. Mais Dieu a composé le corps en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui». La simple lecture de ce passage, que nous citons en entier, à cause de son importance, prouve que le corps de Christ n'est pas une corporation d'individus, mais un corps aussi réellement un que le corps humain, qui sert de terme de comparaison: «Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier» (verset 27). Rappelons encore une fois que l'expression membre n'est relative qu'au corps: membre du corps, pas d'autre chose; membre de Christ; membres l'un de l'autre.

Voilà quel est le corps dont il est aussi parlé plusieurs fois dans l'épître aux Ephésiens, et qui est naturellement «un seul corps». Seulement il est bon de remarquer que, dans cette épître, le corps est présenté sous deux aspects différents. Premièrement, dans le passage déjà cité du chapitre 1, verset 23, le corps de Christ est envisagé tel qu'il sera, dans son plein accomplissement dans la gloire. Là tous les membres se trouveront, pas un ne manquera. Il y aura tous ceux qui sont déjà délogés et tous ceux qui sont encore sur la terre, ainsi que tous ceux qui peuvent encore être convertis jusqu'au moment bienheureux où tous, ressuscités et transmués, seront avec le Seigneur dans la gloire, comme «son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous». Alors la tête et le corps seront glorifiés, complément l'un de l'autre. Merveilleuse grâce, merveilleuse gloire!

Mais, en attendant ce moment, le corps de Christ nous est présenté sous un autre aspect, au chapitre 4 de cette même épître. C'est le corps sur la terre, un seul corps, et toujours complet, parce qu'il se compose de tous les saints qui existent ensemble sur la terre à un moment donné, entre le jour de la Pentecôte où le Saint Esprit descendit sur la terre, et le retour du Seigneur. Qu'on le prenne au premier siècle, ou au dix-neuvième, il est toujours complet; de nouveaux membres, savoir, ceux qui sont convertis, viennent remplacer ceux qui sont recueillis auprès du Seigneur. Le personnel change, mais ce qui est dit au chapitre 4 des Ephésiens ne change jamais; c'est toujours actuel: «IL Y A UN SEUL CORPS». Nous disons: Le personnel change, mais le corps sur la terre est toujours complet, étant composé des saints qui existent ensemble sur la terre à un moment donné. Ceux qui sont délogés ne font évidemment plus partie de ce corps sur la terre; de même aussi les âmes qui ne sont pas encore converties n'y appartiennent pas; mais, dans le plein résultat dans la gloire, tous s'y trouveront. On peut remarquer en passant que, dans 1 Corinthiens 12, le corps de Christ nous est présenté sous le second aspect, c'est-à-dire sur la terre, car dans le ciel on ne souffre pas.

C'est parce qu'il y a un seul corps sur la terre, que l'apôtre commence ce chapitre 4 aux Ephésiens, en exhortant les saints à marcher d'une manière digne de l'appel dont ils ont été appelés, avec humilité, douceur, support dans l'amour; nous appliquant à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Oui, c'est parce qu'il y a un seul corps, et non afin qu'il n'y en ait qu'un.

C'est à ce corps que le Seigneur monté en haut, a donné un ministère qui durera aussi longtemps que l'existence du seul corps sur la terre: «Il a donné… pour l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous… à la mesure de la stature de la plénitude du Christ». Et plus loin, l'apôtre ajoute: «Mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à lui qui est le chef (ou tête), le Christ, duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour».

Au chapitre 5 de la même épître, versets 29 à 32, il s'agit de l'union entre Christ et l'assemblée. «Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os», dit l'apôtre; et, après avoir cité Genèse 2: 24, qui parle de l'union de l'homme et de la femme, il ajoute ces paroles: «Ce mystère est grand, mais moi je parle relativement à Christ et à l'assemblée». Quelle merveille de grâce!

En Colossiens 1: 15-20, dans l'énumération que fait l'apôtre de toutes les gloires de Christ, pour montrer qu'il faut qu'en toutes choses il tienne le premier rang, nous trouvons aussi qu'il est la tête du corps, de l'assemblée. La tête a la première place dans le corps, l'époux tient le premier rang relativement à l'épouse.

Les choses que nous venons de passer en revue sont tout autant de faits, de vérités, qui ne se trouvent que dans les écrits de Paul, écrits d'une importance toute particulière, selon le témoignage de Pierre, dans sa seconde épître, chapitre 3, versets 15 et 16. Paroles bien sérieuses, qui nous montrent que ce n'est pas sans se porter préjudice à soi-même, que l'on tord les écrits de Paul — comme aussi les autres écritures.

L'Eglise, comme corps de Christ, était une chose tout à fait nouvelle, et dont il n'avait pas été parlé auparavant. Elle ne pouvait être révélée avant que le Seigneur, la tête du corps, eût été glorifié comme homme dans le ciel, et que la personne du Saint Esprit, en conséquence de l'exaltation de Christ, fût descendue sur la terre pour former ce corps, et lui donner conscience de son union avec sa tête glorifiée en haut. Aucun des douze apôtres ne pouvait connaître l'Eglise sous ce point de vue, avant que Paul eût été suscité pour le leur révéler, aussi bien qu'aux autres chrétiens (comparez Ephésiens 3: 1-12). Les anges mêmes n'ont pas connu le mystère, avant qu'il fût révélé par Paul (Ephésiens 3: 10). Paul a ainsi complété la parole de Dieu (Colossiens 1: 24-29).

 

Nota. — Il n'est jamais question dans la Parole d'assemblées locales comme membres du corps de Christ: «Vous êtes le corps de Christ et ses membres chacun en particulier». Il s'agit ici d'individus, non d'assemblées, cela est évident. Mais une assemblée locale peut être l'expression du corps de Christ dans ce lieu, comme c'était le cas à Corinthe et partout où il y avait une assemblée de Dieu.