Notes sur l'épître aux Hébreux

ME 1886 page 3

 

Notes sur l'épître aux Hébreux. 1

Chapitre 1. 1

Chapitre 2. 6

Chapitre 3. 9

Chapitre 4. 13

Chapitre 5. 20

Chapitre 6. 26

Chapitre 7. 31

Chapitre 8. 38

Chapitre 9. 40

Chapitre 10. 51

Chapitre 11. 57

Chapitre 12. 62

Chapitre 13. 67

 

Chapitre 1

Dans cette épître, l'Esprit de Dieu distingue entre la manière dont Dieu parla ou agit dans le temps passé et dans le temps actuel. Ainsi, dans l'épître aux Romains (chapitre 3: 25), l'apôtre parle de Christ, «lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu». Là, il applique la mort de Christ aux péchés commis avant qu'il vint. Le jour des propitiations en Israël était destiné à ôter les péchés passés. Dieu les avait supportés durant toute l'année, et lorsque, ce jour-là, le sacrifice avait été offert, le péché était entièrement ôté, et tout était sans tache devant Dieu. Il y a encore un jour des propitiations à venir pour Israël comme nation, quand il sera de retour dans sa terre. L'autre partie du passage cité de l'épître aux Romains est: «Afin de montrer sa justice dans le temps présent, en sorte qu'il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus». Cela est pour le temps présent. En montant en haut devant Dieu, Christ a établi une justice actuelle: tous nos péchés sont pardonnés et nous sommes faits justice de Dieu en lui. Romains 3: 25, nous présente la chose historiquement: les péchés de tous ceux qui furent sauvés aux temps de l'Ancien Testament, sont ôtés par le sacrifice de Christ, et nous pouvons l'appliquer actuellement et voir que, non seulement nos péchés passés sont ôtés, mais que, pour le présent, nous subsistons en justice devant Dieu.

(Verset 1). «Dieu avant autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes». C'est avant que le temps fût venu où il se révélerait lui-même (personnellement en Christ). Les messages étaient apportés par des hommes qui recevaient les communications de Dieu, car il parlait aux pères par les prophètes; mais maintenant, le Fils de Dieu étant venu, nous avons la manifestation de Dieu lui-même. «Dieu, à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils». C'est ainsi que la Parole est exaltée, selon ce qui est dit: «Tu as magnifié ta parole au-dessus de tout ton nom» (Psaumes 138: 2). Jusqu'alors son nom avait été exalté. Il s'était fait connaître à Abraham comme le Dieu fort, tout-puissant, lui enseignant à se confier en sa puissance, tandis qu'Abraham allait çà et là comme étranger, sans personne qui prit soin de lui. Ensuite, il se fit connaître à Nébucadnetsar comme le Dieu souverain, plus élevé qu'aucun des dieux des nations; il prît aussi ce nom pour Abraham, lorsque celui-ci revenait de la défaite des rois (Genèse 14), et il le prendra de nouveau quand le royaume sera établi. Il fut aussi connu sous le nom de Jéhovah, l'Eternel, «je suis», ce qui, dans sa signification pratique, veut dire: «le même hier, et aujourd'hui, et éternellement». Tous ces noms étaient glorieux, mais il a magnifié la Parole au-dessus de tout. La Parole est ce qui nous dit tout ce que Dieu est: sainteté, amour, sagesse, etc. La Parole exprime ses pensées et ses sentiments; elle est la révélation de lui-même. Dieu parle en Christ. Tout ce que Christ a fait était la manifestation de Dieu. Qui aurait pu guérir le lépreux, si ce n'est Dieu? «Je veux, sois nettoyé», telles sont ses paroles. Quel autre que Dieu pouvait ressusciter les morts? «Lazare, sors dehors!» «Je leur ai donné», dit-il, «les paroles que tu m'as données» (Jean 17: 8). Il nous a confié ses paroles pour que nous soyons, selon notre mesure, les vases de son témoignage.

«Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est vrai».

Maintenant, nous ne sommes pas seulement amenés à Dieu (Exode 19: 4), mais à Dieu se révélant lui-même, à Dieu manifesté en chair. Christ, en venant, a fait connaître le Père (Jean 17: 26). «Croyez-moi que je suis dans le Père,… sinon, croyez-moi a cause des oeuvres elles-mêmes». Quelle place bénie nous avons en Christ, l'ayant lui-même comme Celui qui nous révèle Dieu! En Christ, la pensée de Dieu est placée devant nous. «La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur». C'est ce qui rend la parole de Dieu si précieuse. Elle est en fait la parole écrite, mais c'est la révélation de Dieu. «Nulle prophétie de l'Ecriture n'est d'une interprétation particulière ou ne s'interprète elle-même». Nous avons la pensée de Dieu écrite, et ainsi elle est stable et impérissable, en contraste avec les traditions transmises de l'un à l'autre. L'Eglise ne peut rien dire sans l'Ecriture. Si l'Eglise pouvait dire quelque chose d'elle-même, les paroles de Christ ne serviraient à rien. J'ai un autre maître au-dessus de moi. Je parle de l'autorité, non point des dons, qui sont dans l'Eglise pour l'exposition de la vérité. Mais mettre l'autorité dans l'Eglise, c'est empiéter sur la seigneurie de Christ sur sa maison. C'est une grande chose de garder précieusement dans nos âmes, que nous avons cette révélation de Dieu en Christ, et le commencement du chapitre suivant suppose que nous le possédons: «C'est pourquoi nous devons porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne nous écartions». Ceux auxquels l'apôtre écrivait, étaient des Juifs qui avaient entendu le Seigneur lui-même, et ensuite ses apôtres; c'est pourquoi Paul n'a pas mis son nom à cette épître, comme il l'a fait à toutes les autres. C'est comme s'il disait: Vous, Juifs, écoutez ce que Dieu lui-même vous a dît, car vous l'avez entendu. Ainsi, l'apôtre ne faisait que confirmer ce que Dieu avait dit. Il est beau de voir Paul laisser de côté son propre apostolat (il est vrai qu'il n'était pas l'apôtre de la circoncision), et parler seulement des douze qui confirmaient les propres paroles de Christ.

Dans ce chapitre, nous voyons d'abord la gloire de Christ manifestée en ce qu'il est «héritier de toutes choses». Il était le Fils du Père, et Père d'éternité en vertu de sa propre puissance, et il héritera de toutes choses. S'il est Fils, il est donc héritier, car il est dit même de nous: «Si tu es fils, tu es aussi héritier». Tout ce qu'a le Père, est aussi à lui. «Il prendra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera», dit le Seigneur, en parlant du Saint Esprit. Le chapitre 2 fait allusion au Psaume 8, où, dans les conseils de Dieu, il est décrété que, comme homme, Jésus sera établi sur toutes choses; mais, dans le chapitre 1, nous avons la même personne comme Fils de Dieu et «héritier de toutes choses», et en voici la glorieuse raison: «Il a fait les mondes». Nous voyons la même chose en Colossiens 1: «Toutes choses ont été créées par lui et pour lui». Là c'est son droit sur la création, comme «l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création, etc.». De même ici, nous avons: «héritier de toutes choses, par lequel aussi il a fait les mondes». Il est distingué de Dieu le Père, - il est à la droite de sa puissance. Par la sagesse, Dieu a disposé toutes choses, et par la puissance il les a faites. Christ est cette sagesse et cette puissance.

 (Verset 3). «L'empreinte de sa substance;» Christ était le resplendissement de la gloire de Dieu. Ceci est plus que le témoignage rendu par les prophètes en d'autres âges. Jean 12: 38-41, en rapport avec Esaïe 6, montre, d'une manière très remarquable, ce resplendissement de sa gloire. Voyez aussi Hébreux 12: 26, 27, en rapport avec cette parole: «l'empreinte de sa substance».

«Soutenant toutes choses, etc.». C'est évidemment un acte divin. Qui pourrait maintenir l'univers tel qu'il est? Comment tout pourrait-il se soutenir sans Dieu, de sorte que pas un passereau ne tombe en terre sans lui? Comment subsisterait-il sans lui qui l'a fait? Bien qu'il ait établi l'ordre universel, c'est lui qui continue à le maintenir. Celui qui agit en tout, qui conduit tout et possède tout, c'est Christ. En tout, nous voyons sa gloire.

Une autre oeuvre divine mentionnée ici, est qu'il a fait «la purification des péchés;» c'est un acte tout aussi divin que celui de créer un monde, et, dans un sens, un acte beaucoup plus difficile, parce que le péché est si haïssable devant Dieu. Il serait aisé pour lui de créer de rien un autre monde. Il pouvait regarder la création qu'il avait faite et la déclarer «très bonne», mais sa sainteté est telle qu'il ne peut voir le péché. C'est pourquoi le péché est une chose qu'il doit ôter, et il est venu pour l'abolir. C'est contre Dieu que nous avons péché, et nul ne peut pardonner, si ce n'est celui contre qui le péché a été commis. Nos péchés ne sont pas d'abord contre l'homme, mais contre Dieu, et l'homme, par conséquent, ne peut pas les pardonner. C'est là une autre raison pour laquelle Dieu est le seul qui puisse le faire.

Mais remarquons une autre chose. La purification doit être faite avant que Dieu puisse pardonner. En traversant ce monde, l'homme a à passer par-dessus beaucoup de choses, et il le fait aussi bien qu'il peut; mais Dieu ne peut pas faire ainsi, il a «les yeux trop purs pour voir le mal». Si donc Dieu veut avoir affaire avec nous, il doit faire la purification des péchés. C'est une terrible nécessité que Dieu doive être occupé de nos péchés, mais il a assez d'amour et de puissance pour cela. S'il passait par-dessus, il devrait mettre de côté sa sainteté. Il y avait donc dans sa sainteté une nécessité morale, en vertu de laquelle, voulant avoir en sa présence de misérables pécheurs comme nous, il devait nous purifier. De même, si nous voulons avoir part avec Christ, le lavage des pieds est nécessaire.

«Ayant fait par lui-même la purification des péchés», il fallait que ce fût par lui-même. Personne ne pouvait l'aider en cela; les anges n'y pouvaient rien avoir à faire, bien qu'ils fussent envoyés pour le servir pendant qu'il était engagé dans cette oeuvre. L'homme ne le pouvait pas, car l'homme ne peut pas faire plus que son devoir; s'il faisait plus, ce serait mal. L'a purification des péchés doit être une oeuvre divine. Il y avait pour Dieu une nécessité divine de le faire, et cela par lui-même, parce qu'il ne peut pas tolérer le péché. Voilà comment je suis purifié. Parce qu'il ne peut pas supporter le péché, il l'ôte lui-même, et «le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché». C'est une oeuvre qui a été faite, non pas quelque chose qu'il veuille faire, qui soit encore à faire. Elle est faite, et il s'est assis. Nous n'avons donc plus un prophète qui vienne nous dire qu'il la fera, mais nous avons le témoignage du Saint Esprit qui nous dit qu'elle est accomplie.

«Le resplendissement de la gloire» de Dieu, non du Père. Le péché se rapporte à Dieu qui le juge, et non pas au Père. «Il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux». Toute l'oeuvre est accomplie, et d'une manière si parfaite, qu'il peut reprendre sa propre place, avec cette différence bénie, qu'il retourne au ciel comme homme, ce qu'il n'était pas auparavant. Etienne le vit comme «Fils de l'homme», debout à la droite de Dieu. Ici, nous le voyons «assis à la droite de la Majesté». Il a pris sur lui nos péchés, et cependant il est à la droite du trône de Dieu. Cela montre que la justice accomplie était si parfaite et si divine que, bien qu'il eût pris nos péchés, Christ pouvait s'asseoir sur le trône de Dieu sans le souiller. Il avait, sans doute, le droit de s'y asseoir comme personne divine, mais ici il y a plus. La justice divine est présentée à Dieu comme une chose accomplie, précisément comme le Fils de Dieu fut manifesté à l'homme quand il vint parmi nous ici-bas. D'un bout à l'autre, nous ne voyons que gloire divine.

Au Psaume 2, nous trouvons: «Baisez le Fils, de peur qu'il ne s'irrite… Oh! que bienheureux sont tous ceux qui se confient en lui». Et dans Jérémie 17: «Béni soit l'homme qui se confie en l'Eternel, — mais maudit soit l'homme qui se confie en l'homme». Nous trouvons ainsi dans les prophètes certains traits en mystère, pour ainsi dire, et qui manifestent la personne divine de Celui qui venait en humiliation. Voyez, par exemple, Esaïe 50: 3-5. La même personne glorieuse qui disait: «Je revêts les cieux de noirceur, et je mets un sac pour leur couverture, etc.», est celle qui dit: «Le Seigneur, l'Eternel, m'a ouvert l'oreille, et je n'ai point été rebelle, etc.». En Daniel 7, nous voyons, au verset 13, «le Fils de l'homme», venant devant «l'Ancien des jours», et, au verset 22, il est présenté comme étant lui-même «l'Ancien des jours».

(Verset 7). «Qui fait ses anges des esprits, et ses ministres une flamme de feu», mais cela n'est pas dit en parlant du Fils. Il dit alors: «Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles» (voyez Psaumes 45: 1-7). Celui dont le trône est aux siècles des siècles a été mis à l'épreuve; il a aimé la justice et haï l'iniquité tandis qu'il était parmi nous, et il nous a tirés de notre iniquité pour faire de nous ses compagnons. Voyez, en rapport avec ce mot «compagnons» ici, ce qui est dit dans Zacharie 13: 7, où Jéhovah parle de l'homme, «son compagnon» qui a été blessé «dans la maison de ses amis».

Ainsi, à travers tout l'Ancien Testament, nous voyons constamment briller la gloire de Christ, mais, dans ce chapitre, elle est pleinement développée. Il est reconnu comme Dieu, bien qu'étant en même temps un homme, et glorifié au-dessus de tous.

(Versets 10, 11, etc.). Voyez le Psaume 102, où il est dit: «Tes années sont de génération en génération;» c'est la réponse au verset 23 et à la première partie du verset 24. Cela est encore plus net et plus précis. Jésus, dans son humiliation, répand son coeur brisé devant Jéhovah. Le Psaume anticipe le rétablissement de Sion. Où sera alors le Messie qui a été frappé? S'il a été enlevé à la moitié de ses jours, comment pourrait-il être là? La réponse de Dieu est que lui, le Saint qui a souffert, est Jéhovah, le Créateur de toutes choses, Celui qui les a toutes établies et disposées. Quel témoignage rendu à son immuable déité!

C'est maintenant le temps de la grâce, où sont rassemblés ceux qui doivent être ses compagnons dans la gloire (verset 9).

(Verset 13). Les anges ont une position et un service très précieux, mais il ne leur est jamais dit: «Assieds-toi à ma droite», mais l'Eternel, Jéhovah, l'a dit à l'homme, Christ Jésus. C'est là la place qui lui appartient.

Quel précieux Sauveur nous avons! Le Seigneur lui-même est venu et a pris en main notre cause. Celui vers qui nous regardons et sur qui nous nous appuyons comme Sauveur, est l'Eternel, Jéhovah.

Ensuite, outre la gloire de sa personne, il y a cette autre vérité bénie, essentielle à notre paix, c'est le salut merveilleux que nous possédons; nos péchés sont complètement ôtés! Il y a dans ce salut une gloire merveilleuse et divine, un amour divin et ineffable — l'amour de Celui qui n'est pas semblable à un ange, qui ne pouvait accomplir son oeuvre que quand cela lui était dit.

Nos âmes sont ainsi appelées à adorer Celui qui revêt les cieux de noirceur, qui, en vérité, a fait toutes choses, savoir Jésus, le Fils de Dieu.

Chapitre 2

Les quatre premiers versets sont une exhortation fondée sur le chapitre précédent. Remarquez que cette épître ne commence pas comme les autres, par une adresse apostolique; Paul se place lui-même parmi les croyants juifs auxquels il écrit; ainsi, au chapitre premier, il dit: «Dieu nous a parlé», et il parle de Christ, et non de lui, comme étant leur apôtre. Dans tout le cours de l'épître, il déploie les richesses de Christ, pour les garder de glisser dans le judaïsme. Bien que l'évangile de l'incirconcision lui ait été confié, comme celui de la circoncision à Pierre, cependant c'est lui dont Dieu se sert pour parler aux croyants hébreux.

L'épître aux Hébreux n'est pas adressée à l'Eglise comme telle, mais aux saints individuellement, et ne traite pas de leur union avec Christ. Même, dans l'épître aux Romains, nous lisons: «Ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés», mais ici nous le voyons lui seul «couronné de gloire et d'honneur». Je voudrais encore faire observer que l'apôtre ne parlant pas ici d'union avec Christ, il insiste sur la responsabilité; c'est pourquoi nous rencontrons souvent des «si» et des avertissements. Cela ne touche en rien la persévérance finale des saints, comme on appelle cette doctrine; pour moi, je préférerais dire la persévérance de Dieu, sa fidélité, car c'est lui qui nous garde jusqu'à la fin. «Si vous persévérez», ne jette pas un doute sur votre persévérance. Il est à peine fait mention de l'oeuvre vivifiante de l'Esprit de Dieu dans cette épître, sauf en un ou deux cas. Au chapitre 2, verset 2: «La parole prononcée par les anges», signifie la loi donnée à Sinaï. Ces versets s'adressent à toute la nation juive, mais ceux-là seuls qui ont la foi reçoivent l'avertissement. Et je ferai remarquer que les avertissements de Dieu ne s'appliquent pas simplement au danger de tomber dans le péché, mais aussi à celui de glisser hors de la vérité, etc. Christ est venu dans le monde, ne leur imputant pas leurs fautes; mais ils ajoutèrent à leur rébellion de coeur le fait de rejeter Celui qui venait les avertir. Négliger le salut, c'est le mépriser. En rejetant Christ, les Juifs ont lié sur eux-mêmes leurs péchés. Avoir violé la loi était bien mal, mais rejeter la grâce est pire, et les quatre premiers versets insistent là-dessus.

Le dessein de Dieu relativement à l'homme est de l'établir sur toutes choses (versets 5 et suivants), mais ce dessein n'a pas encore reçu son accomplissement. «Le monde habité à venir» n'est pas le ciel, car cela existe maintenant; c'est la terre habitable à venir, non pas la terre dans son état présent. Les Juifs attendaient un nouvel ordre de choses, un état de bénédiction et de paix, et ils avaient raison: il en sera ainsi. Le monde actuel est assujetti aux anges. La main de Dieu ne se voit pas directement, mais ses anges sont des esprits administrateurs servant en faveur de ceux qui vont hériter du salut. Tout dans ce monde, bien que miséricordieusement conduit selon la providence, démontre l'existence du péché, — les vêtements que nous portons, les maisons que nous habitons, etc. Tout cela n'était pas le dessein de Dieu. Comme je l'ai dit, maintenant il n'agit pas directement. Il permet les choses et il domine dans le monde, mais il tire les siens hors du monde suivant ce qui est dit: «En sorte qu'il nous retirât de ce présent siècle mauvais», puis il leur enseigne à marcher à travers ce monde comme n'en étant pas. Il nous protège par le moyen de ses anges; ils sont ses ministres dans ses actes providentiels.

(Verset 6). Mais c'est un homme qui doit être établi sur le monde à venir. Autrefois (en Adam), la domination avait été confiée, à l'homme, mais il l'a perdue. (versets 8, etc.). Le dessein de Dieu, c'est-à-dire son ordre de choses à lui, n'a pas été touché par cela. Maintenant nous voyons Jésus couronné, et, quand nous le serons, alors toutes choses seront accomplies. La tête est maintenant glorifiée et les membres sont ici-bas dans la souffrance est assis à la droite de Dieu, attendant jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds.

Comparez le Psaume 2 avec le Psaume 8. Dieu dit: «J'ai oint mon Roi sur Sion, la montagne de ma sainteté». Christ est venu et n'a pas encore été établi là comme roi. Mais le Psaume 8 montre que, rejeté comme Messie, Jésus prend la place de Fils de l'homme. Ainsi, quand Pierre le confesse comme le Christ, Jésus défend expressément à ses disciples de dire cela de lui à personne, car, dit-il: «Il faut que le Fils de l'homme (son titre dans le Psaume 8) souffre beaucoup, etc.». Avant que Dieu établisse le royaume, il faut que le péché soit ôté. Nous passons maintenant à travers cet ordre de choses où tout n'est pas encore assujetti à Jésus. Christ a passé à travers ce monde même et a été tenté, avant de prendre sa place comme Sacrificateur, afin de pouvoir secourir ceux qui sont tentés. Etre tenté n'est pas péché, car il ne saurait avoir de sympathie pour le péché, mais nous avons besoin d'aide et de puissance pour en être débarrassés et pour le vaincre, et nous avons cela en Lui. Il a passé d'une manière parfaite à travers l'opprobre et la tribulation. Tout ce qui pouvait l'arrêter dans sa course de piété, Satan l'a fait, mais en vain. Le Seigneur a «résisté jusqu'au sang». Nous avons besoin de demander à Dieu l'aide nécessaire pour juger le péché, chacun en soi-même. La sympathie dans la détresse et dans la souffrance est une autre chose, et nous l'avons en Christ, aussi bien que le pardon.

J'ai dit, en commençant, qu'il y avait deux choses: les desseins et les voies de Dieu. Or c'est notre privilège de parcourir ces dernières, tandis que les premiers ne sont pas encore accomplis. Au lieu d'être seulement Fils de David, Christ est Fils de l'homme. Il entre dans notre nature, non pas, sans doute, dans l'état où elle se trouve en nous, mais cependant dans notre nature même. Or, quant aux voies de Dieu, nous avons au verset 9: «En sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout, etc.». Remarquez bien ceci: notre péché nous amène à la même place que, par la grâce de Dieu, il a prise. Nous trouvons en lui la grâce et l'obéissance parfaites. Lorsque Christ vint pour faire la volonté de Dieu, comme nous le voyons dans le Psaume 40, la majesté de Dieu devait être maintenue, et je dis, sans hésiter, que la vérité de Dieu, sa justice, son amour, sa majesté, tout fut maintenu et glorifié dans la mort de Christ, oui, beaucoup plus que si nous fussions tous morts. C'est en anticipant cela que Christ disait: «J'ai à être baptisé d'un baptême; et combien suis-je à l'étroit jusqu'à ce qu'il soit accompli!» Jusqu'alors son amour ne pouvait pas pleinement se répandre. Dans ces paroles: «Il convenait» (verset 10), je trouve le caractère de Dieu, tandis que, dans l'expression: «plusieurs fils» je vois les objets de son amour. Il ne pouvait nous amener à la gloire dans nos péchés. Nous avons Christ prenant en mains la cause du résidu, et, historiquement, où a-t-il commencé? C'est dans le baptême de Jean qu'il s'est identifié lui-même avec son peuple, c'est-à-dire avec les «sanctifiés» (verset 11, voyez Psaumes 16: 2, 3). Il s'associait avec les saints: nous ne pouvons pas faire un pas dans la vie divine, sans que Christ n'aille avec nous. Christ, en tout ce qu'il est, est avec nous jusque dans les moindres fibres de la vie divine, depuis la repentance qui est au commencement de cette vie. Non pas, cela va sans dire, qu'il y eût quoi que ce soit dont il eût à se repentir; mais son coeur est avec nous dans la repentance. Qu'il soit ainsi avec nous, est aussi vrai maintenant que ce sera vrai dans la gloire. Mais il n'y avait aucune union de Christ avec la chair. Ceux que Christ associe avec lui-même sont les excellents de la terre; en grâce, l'un de ses titres les plus doux était: «L'ami des publicains et des pécheurs».

Le verset 12 est une citation du Psaume 22: 22; nous y voyons Jésus ressuscité conduire les louanges de ceux qu'il daigne appeler ses frères. Nos chants devraient donc, toujours être en accord avec les siens. Il a passé à travers la mort pour nous; et si notre culte exprime l'incertitude et le doute, au lieu de la joie et de l'assurance dans le sentiment d'une rédemption accomplie, il ne peut y avoir harmonie, au contraire, il y a désaccord avec l'esprit du ciel.

Le verset 13 est tiré du Psaume 16, où, comme en d'autres endroits, Christ, sur la terre, prend la place d'homme dépendant. Il est spécialement présenté sous ce caractère dans l'évangile de Luc, où il est si fréquemment rapporté qu'il priait. Les paroles: «Me voici, moi, et les enfants que Dieu m'a donnés», se trouvent dans Esaïe 8: 18, et sont particulièrement applicables aux croyants hébreux. En s'attendant à l'Eternel pour Israël (lisez Esaïe 8: 16-18), lui et ses disciples sont pour signe.

Nous trouvons, au verset 14, la conséquence de son association avec nous. Dans ces derniers versets, il y a deux choses: Il a pris notre nature afin de pouvoir mourir, et aussi, afin de pouvoir passer à travers la tentation. Nous vivions assujettis à la mort; Christ est venu, a laissé s'exercer sur lui toute la puissance de Satan et de la mort, et a détruit ainsi celui qui avait le pouvoir de la mort. Par sa mort, il a fait propitiation pour le péché. Nous voyons les sentiments de son âme et les tentations de Satan, quand il disait, en Gethsémané, avant de passer par la mort: «Mon âme est saisie de tristesse jusqu'à la mort». C'était à cause de la puissance de Satan, car il dit: «C'est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres». Mais il passa à travers tout cela comme étant une partie des souffrances qu'il devait endurer. Dans les trois premiers évangiles, nous sont rapportées ses prières et ses supplications en Gethsémané; l'évangile de Jean nous parle de ses soins pour sa mère, quand il était sur la croix, et des paroles qu'il y prononce: «J'ai soif!» et «C'est accompli!» et cela est en harmonie avec le caractère de cet évangile, où Jésus nous est présenté sous son aspect divin. Après que le conflit avec Satan fut terminé, Jésus prit la coupe de la main de son Père. Ceux qui avaient été envoyés pour le saisir n'avaient aucun pouvoir sur lui, car ils tombèrent tous par terre, mais il se livra lui-même. Satan lui fit sentir toute l'amertume de la coupe, mais il la prit de la main de son Père.

Je parlerai plus loin de ce qui concerne la tentation. Je voulais seulement dire, maintenant, que me secourir n'est pas mourir à ma place; c'est quand je traverse ce monde que j'ai besoin de secours. L'arche dans le lit du Jourdain était une figure de Christ, nous précédant à travers les eaux de la mort qui, pour lui, ont regorgé par-dessus les bords, tandis que nous passons à pied sec. Car qu'est-ce que mourir pour le chrétien? C'est passer loin de toute douleur en la présence du Seigneur, — moment le plus heureux dans l'existence d'un chrétien.

Chapitre 3

Le premier titre, celui d'apôtre, donné à notre Seigneur dans ce chapitre, se rapporte à la première partie de l'épître; le second, celui de souverain sacrificateur, a trait à ce qui vient ensuite. Au chapitre 1, nous avons aussi ce qui le qualifie comme apôtre, et au chapitre 2, ce qui le qualifie pour la sacrificature. Il était le Messager divin pour le témoignage qu'il devait apporter à la terre, et il est monté en haut pour exercer la sacrificature en faveur de son peuple, et pour les besoins de ce peuple qui se trouve ici-bas où lui-même a été. «Dieu manifesté en chair, justifié en esprit,… élevé dans la gloire», fait allusion à ce qu'il est descendu ici-bas et est devenu un homme. Il faut qu'il soit dans le lieu saint afin d'accomplir son oeuvre comme sacrificateur; mais il doit être un homme. C'est pourquoi ce qu'il a été sur la terre, l'a rendu propre, pour ainsi dire, à cette oeuvre. Le troisième chapitre présente un troisième caractère de Christ: il est établi «sur sa maison».

Dans cette épître, il n'est nullement question de l'unité du corps. Nous y trouvons le Médiateur qui, d'un côté, parle à Dieu pour nous, et qui, de l'autre, nous parle de Dieu. «Si nous retenons ferme jusqu'au bout», et: «Tenons ferme notre confession, etc.», est-il dit. S'il parlait de l'unité du corps, on ne saurait être séparé de lui: il y a un seul Esprit unissant les membres à la Tête - «vous en moi, et moi en vous». Mais ce n'est pas le cas ici; il est question de profession, et il y a possibilité que la profession ne soit pas réelle; mais l'apôtre suppose qu'elle est sincère, et il dit: «Nous sommes persuadés de choses meilleures en ce qui vous concerne» (chapitre 6: 9). Il pourrait y avoir tous les privilèges décrits aux versets 4 et 5 du sixième chapitre, et point de fruit, mais au contraire l'apostasie. Les Hébreux auxquels Paul écrit avaient fait une profession publique de s'être attachés à Christ et d'avoir reçu un appel céleste. Quand nous parlons du corps de Christ, nous savons qu'il est parfait, qu'il n'y a aucune possibilité à ce qu'un faux membre y soit introduit; tandis que je puis m'adresser à une congrégation vivante comme espérant que tous ceux qui en font partie sont des saints, mais la fin seule le prouvera. Nul homme ne peut dire quelle sera la fin et si tous persévéreront, mais s'il y a la vie, nous savons qu'il y aura la persévérance.

«Apôtre de notre confession;» on ne pourrait pas dire apôtre de (notre) vie. On ne peut bien comprendre cette épître, si l'on ne retient pas cette vérité. Dans l'épître aux Ephésiens, où il est plutôt question du corps de Christ, on ne trouve pas d'expression telle que celle-ci: «Afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang».

C'est parce qu'elles ne comprennent pas le caractère de cette épître, que beaucoup d'âmes sont éprouvées et exercées par plusieurs passages qui s'y trouvent. L'écrivain s'adresse aux Hébreux, en admettant la possibilité qu'ils n'aient pas la vie et ainsi, qu'ils ne persévèrent pas jusqu'à la fin. L'Eglise suppose une tête dans le ciel. «L'appel céleste» n'implique pas nécessairement que, parce qu'ils sont appelés au ciel, ils font, pour cela, partie du corps de Christ. Le royaume et le corps sont deux choses différentes. «Chef sur toutes choses à l'assemblée», est aussi beaucoup plus étendu que le royaume. Le royaume suppose un roi, et le corps, une tête. L'Eglise est précieuse à Dieu. Tout ce que Christ a, je le possède: la même vie, la même justice, la même gloire. Si ma main reçoit un coup, je dis que c'est moi qui suis blessé; il en est ainsi de Christ et des membres de son corps: «Pourquoi me persécutes-tu», dit le Seigneur à Saul, et c'est par cette vérité, que le persécuteur est converti. Cela montre ce que la grâce a fait pour nous; elle nous a tirés hors de nous-mêmes. Le corps de Christ démontre la plénitude de la rédemption, et le dessein de Dieu en rapport avec elle. Mais le peuple de Dieu est présenté sous un autre aspect, comme étant ici-bas dans l'infirmité, mais ayant cet appel céleste. Dans cette condition, j'ai besoin de quelqu'un dans le ciel, et il n'y a pas une infirmité, un besoin, une douleur, une souffrance, une anxiété, qui n'attire la sympathie et le secours de Christ, et cela attire mes affections vers lui. Mais, avant que le sujet de la sacrificature soit abordé, Moise est présenté comme type: «Jésus, qui est fidèle à Celui qui l'a établi, comme Moise aussi l'a été dans toute sa maison». La maison est le lieu où Dieu habite, et il y a une autre chose ici, savoir, le Chef de la maison, Celui qui y administre.

Dieu est toujours venu au-devant de son peuple selon l'état où se trouvait celui-ci. En Egypte, il avait besoin de délivrance, et Dieu est venu le délivrer. Dans le désert, les enfants d'Israël habitaient sous des tentes, et l'Eternel a voulu aussi avoir une tente. Pour entrer dans le pays, il leur fallait quelqu'un qui les y introduisit, et le chef de l'armée de l'Eternel s'est trouvé là. Puis, quand ils sont dans le pays, il élève son palais, son temple, et là il y a du repos. Nous n'en sommes pas encore au temple, nous n'avons pas le repos; nous avons maintenant le tabernacle, et «il reste un repos». Au temps où cette épître était adressée aux Hébreux, il y avait un temple, mais il n'était pas pour nous.

Le temple est une demeure pour Dieu. Jusqu'à ce qu'il y ait eu une rédemption, Dieu n'avait pas de demeure. L'Ecriture ne parle jamais de l'homme comme pouvant recouvrer l'innocence ou l'image de Dieu; mais même quand Adam se trouvait dans l'innocence, Dieu ne demeurait pas avec lui, bien qu'au frais du jour il vint se promener dans le jardin d'Eden. Dieu ne demeura pas non plus avec Abraham: «Il a donné la terre aux enfants des hommes», «les cieux sont à l'Eternel». Mais une fois la rédemption accomplie, Dieu forme quelque chose pour lui-même. Ainsi, dans l'Exode, au chapitre 15, verset 13, le mot «demeure» se rapporte à ce qu'ils avaient dans le désert, et au verset 17, «l'habitation» est pour le repos, à la fin (voyez Exode 29: 45, 46).

Dieu visitait Abraham, — et Abraham habitera dans le ciel, — mais Dieu ne pouvait pas avoir une habitation parmi les homme, jusqu'à ce qu'il leur eût fait connaître la rédemption. La nature et le caractère de Dieu l'exigeaient. L'amour est le caractère de Dieu; pour jouir de Dieu, je dois être avec lui. La sainteté est sa nature. Nous sommes faits fils de Dieu (l'esclave ne demeure pas dans la maison pour toujours; le fils y demeure pour toujours), et, par la nature divine qui nous est communiquée, nous sommes rendus capables d'être chez nous, dans cette maison de Dieu, mais c'est la rédemption qui nous en donne le droit.

Comme individu, le chrétien est un temple maintenant; mais la chose provisoire et temporaire, c'est Dieu habitant avec nous. La pleine bénédiction, pour nous, est quand nous habiterons avec Dieu. Nous trouvons ces deux choses en Jean 14. Le Seigneur dit: «Je vais vous préparer une place». C'est comme s'il nous disait: Je ne m'en vais pas pour être seul là, mais pour vous y avoir aussi. Au verset 23, le Père et le Fils font leur demeure chez nous jusqu'à ce que nous allions faire notre demeure chez eux. Le fait que Dieu a une maison est, comme pensée générale, la conséquence de la rédemption. Dans l'épître qui nous occupe, il est fait allusion à l'administration de la maison, plutôt qu'à la demeure de Dieu. «L'habitation de Dieu», en Ephésiens 2, est la chose présente; «le temple» est à venir. Il est parlé de la maison d'une manière plus vague et plus étendue dans l'épître aux Hébreux, parce que cela comprend la profession du christianisme. «Celui qui a bâti toutes choses est Dieu». Dans un sens, la création est sa maison; dans un autre, Christ a traversé les cieux, comme Souverain Sacrificateur, et est entré dans les cieux des cieux, dans le lieu très saint (ce qui est représenté en type par les deux voiles à travers lesquels le souverain sacrificateur devait passer pour entrer dans le lieu très saint). Dans un troisième sens, le corps professant, le christianisme est sa maison, «et nous sommes sa maison»nous les saints. Il peut y avoir des hypocrites parmi eux, mais ils sont «édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit», Christ administre comme Fils sur sa maison; Moïse n'y était que serviteur. Il y a en cela une immense consolation pour nous; d'abord, parce que tout est parfaitement gouverné; secondement, parce que, quand nous regardons à la maison, nous pouvons y voir s'introduire toutes sortes de manquements; mais, quels qu'ils soient, Celui qui administre la maison ne peut faillir. C'est pourquoi, bien que tous cherchassent leurs propres intérêts, et non pas ceux de Jésus Christ, Paul pouvait dire: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Philippiens 2: 21; 3: 1). Il y a quelqu'un à qui rien n'échappe. Aucun de ceux qui ont un intérêt réel pour l'Eglise de Dieu, ne doit jamais perdre confiance. Paul, en considérant les Galates, les voit dans un si mauvais état qu'il ne sait que penser d'eux; il voudrait changer de langage envers eux: «Vous qui voulez être sous la loi, n'écoutez-vous pas la loi?» Mais, dans le chapitre suivant, il dit: «J'ai confiance à votre égard, par le Seigneur». Christ est sur sa propre maison. Deux choses s'ensuivent donc: il fera tourner toutes choses en bien — même que Paul soit en prison, etc.; et il y a aussi un bien présent. Quand toutes les jointures et les liens ne fonctionnent pas comme il le faudrait, on fait davantage l'expérience du ministère direct de Christ. Christ rattache tout à sa propre gloire, et la foi rattache la gloire du Seigneur au peuple du Seigneur. C'est ce que faisait Moïse. La foi ne se contente pas de dire: Le Seigneur est glorieux, et il pourvoira à ce qui convient à sa gloire, mais elle voit les moyens pour cela. Quand Moïse est avec Dieu, il dit, à l'occasion du veau d'or: «Epargne ce peuple», mais, quand il descend vers les Israélites, il «retranche le peuple», parce qu'il sentait ce qui convenait à la gloire de Dieu.

Nous avons à compter sur Christ pour l'Eglise, et non sur elle-même. Ainsi, quand Paul a paru devant Néron, il prononce lui-même, pour ainsi dire, sa propre sentence, et déclare qu'il sera acquitté (Philippiens 1: 23-25). Pourquoi? Parce qu'il voit que c'est plus nécessaire pour les Philippiens — pour une seule église. C'était l'enseignement divin et l'exercice de la foi qui le rendaient capable de juger ainsi.

L'Eglise a manqué ici-bas quant à sa responsabilité, mais Christ a une entière autorité sur son Eglise, et il s'intéresse à elle. Nous n'avons pas à établir des règles pour l'Eglise; c'est au Maître et non aux serviteurs à gouverner la maison. Il y a un seul Maître, c'est Christ. Il est établi sur l'Eglise, et non pas l'Eglise sur lui. «Nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu'au bout la confiance, etc.». Ah! dit-on, n'ayez pas trop de confiance, ne voyez-vous pas qu'il y a un «si?» Mais, je demande, qu'avez-vous saisi? Ce sur quoi il est insisté, c'est que vous ne le lâchiez pas. Est-ce pour empêcher que j'aie confiance? Qu'avaient-ils cru? Que Christ était venu, — un Sauveur céleste pour eux, ce qui était bien plus excellent qu'un Sauveur terrestre. Qu'ils n'abandonnent pas cela. Il y avait à craindre, non qu'ils fussent trop confiants, mais qu'ils ne retinssent pas leur confiance. De quoi dois-je me méfier? De moi-même? Oh! je ne saurais trop le faire. Mais est-ce à l'égard de Christ que vous n'auriez pas de confiance? Son oeil peut-il jamais s'obscurcir, ou son coeur se refroidir? Cessera-t-il jamais d'intercéder? La preuve que je suis une vraie pierre dans la maison, c'est que je retiens ferme la confiance. Les sacrificateurs de l'ancienne dispensation étaient toujours debout pour le service, mais Christ s'est assis, parce que l'oeuvre est parfaitement accomplie. Pour chaque péché, il était besoin d'un nouveau sacrifice; le péché n'était jamais ôté. Il fallait aux Israélites une absolution nouvelle de la part du sacrificateur, chaque fois que le péché avait été commis. Mais, maintenant, Dieu dit: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Si vous êtes sous la loi, c'est une autre chose, vous n'avez pas acquis de la confiance. Si vous parlez de n'avoir pas de confiance, en quoi ne vous confiez-vous pas? Si vous vous confiez le moins du monde en l'homme, c'est une preuve que vous ne voyez pas que vous êtes perdu. Si vous mettez de côté votre confiance en vous-même, et si vous dites, je suis perdu, c'est autre chose. Aucun homme qui connaît vraiment la rédemption, n'a au fond de son âme confiance en lui-même, et aucun chrétien ne peut dire: vous ne devez pas vous confier à Christ. Notre privilège est d'avoir en Christ une confiance qui soit comme un roc sous nos pieds, et de nous réjouir dans l'espérance de la gloire de Dieu. Sa justice a placé Christ dans la gloire comme homme, et la même justice m'y placera.

Quelqu'un dira-t-il: Je ne sais pas si j'ai une part en cela? Alors vous êtes sous la loi: Dieu peut labourer votre âme, l'exercer pour votre bien; mais vous n'avez pas encore été amené à accepter la justice de Dieu. L'âme qui est dans cet état, n'a pas accepté la justice de Dieu pour elle-même, au lieu de la nôtre pour Lui. Vous vous appuyez encore sur votre propre coeur pour avoir de la consolation, du repos et de l'assurance. C'est une chose très sérieuse pour l'âme que d'être amenée à être tellement vidée de tout, qu'elle n'a qu'à accepter ce que Dieu donne. C'est terrible de se trouver seul avec soi-même devant Dieu, sans avoir rien à dire ni à présenter. Vous n'aurez jamais d'amour pour Christ jusqu'à ce que vous soyez sauvés, et c'est l'oeuvre de l'Esprit de Dieu. Le prodigue a appris ce qu'il citait en lui-même, par ce que son père était pour lui. Pouvait-il douter du coeur de son père quand celui-ci se jetait à son cou?

Le reste du chapitre traite du peuple d'Israël — le peuple professant dans le désert. Ils n'entrèrent point dans le pays: leurs corps tombèrent dans le désert. Il est parlé d'eux tandis qu'ils sont en chemin. Le «aujourd'hui», cité du Psaume 95, demeure toujours pour Israël, jusqu'à ce que Dieu ait repris en mains la cause du résidu à la fin de Ses voies envers lui, après que l'Eglise a été recueillie dans le ciel.

(Verset 14). «Compagnons» est le même mot qu'au verset 9 du premier chapitre. Vous êtes compagnons du Christ si vous faites partie de cette compagnie. Cette place est la vôtre si vous allez jusqu'au bout. Ce genre de déclaration ne touche en rien la sécurité des saints. Calvinistes et Arminiens peuvent dire de quelqu'un: Il arrivera au ciel, s'il persévère jusqu'à la fin. La certitude du salut, est la certitude de la foi, et non pas celle qui exclut la dépendance de Dieu à chaque moment. Je ne doute en aucune manière que Dieu gardera jusqu'au bout chacun des saints, mais nous avons à poursuivre la course pour obtenir la gloire éternelle. Il faut retenir ferme la fidélité de Dieu, mais en même temps il est important de garder la pleine signification de passages tels que celui-ci, qui agissent sur la conscience comme avertissements pendant le chemin. Il n'y a aucune incertitude, mais nous avons à travailler à notre propre salut, avec crainte et tremblement. En 1 Corinthiens 9: 27, le christianisme personnel est distingué du fait de prêcher à d'autres. Il n'est pas question de l'oeuvre, mais de la personne comme pouvant être ‡dçcimov, c'est-à-dire désapprouvée ou réprouvée; en d'autres termes, pas chrétienne (comparez 2 Corinthiens 13: 5). Au chapitre 2 de l'épître aux Romains, il est parlé de la vie éternelle comme résultat d'une manière de vivre qui plaît à Dieu. Sans doute, c'est sa grâce qui donne la puissance, mais la vie éternelle est le résultat d'une course où l'on a porté des fruits. En un mot, il est également vrai que j'ai la vie éternelle, et que je marche vers la vie éternelle. Dieu la voit comme une seule existence, mais nous avons à la séparer dans le temps. Marchez dans ce chemin et vous aurez ce qui est au terme de la course. Cela ne porte pas atteinte à cette autre vérité, que Dieu gardera les siens et que personne ne les ravira de sa main. C'est comme si notre Père disait: Voilà mon enfant; je veille sur lui pendant toute la route, et j'aurai soin de l'y garder.

Chapitre 4

La parole de Dieu (versets 12, 13) se rattache à l'apostolat (chapitre 3: 1). Le sujet des derniers versets est la sacrificature de Christ. Ce sont là nos deux ressources pour traverser le désert — la parole de Dieu et la sacrificature de Christ. Israël était traité comme un peuple conduit hors d'Egypte, mais sujet à tomber en chemin. Il en est ainsi de l'avertissement adressé aux Hébreux (chapitre 4: 1): «Quelqu'un d'entre vous paraisse ne pas l'atteindre». La parole est adoucie. Au chapitre 3, nous avons vu que Dieu s'adresse à eux comme à un corps de personnes amenées sous l'autorité de Christ, mais en admettant la possibilité qu'il y eût des hypocrites parmi eux.

Il y a deux choses distinctes en rapport avec le peuple — la rédemption et la traversée du désert.

Les épîtres aux Hébreux et aux Philippiens s'adressent toutes deux aux saints comme étant dans le désert. Dans les Philippiens, il est plutôt question de l'expérience personnelle, comme le montrent, par exemple, ces paroles: «Je sais que ceci me tournera à salut par vos supplications». Dans les deux épîtres, les saints traversent le désert; ils ne sont pas encore dans le repos.

(Verset 1). Nous avons «son repos», non pas seulement le repos, mais le repos de Dieu. Ce n'est pas simplement comme étant fatigués et heureux de nous reposer, mais nous allons dans le repos de Dieu. Il y a ici une allusion à la création; lorsque Dieu eut vu que tout ce qu'il avait fait était très bon, il y trouva son plaisir et se reposa. Le travail spirituel que nous avons maintenant à accomplir n'est pas le repos, non plus que le tourment et la douleur causés par le péché. Dieu se reposera dans son amour (Sophonie 3: 17); mais comment pourrait-il se reposer ici? Il ne le peut pas jusqu'à ce qu'il voie parfaitement heureux tous ceux qu'il aime. Comment peut-il se reposer là où se trouve le péché? La sainteté ne le peut pas, et l'amour non plus ne peut pas se reposer au milieu de la douleur. Il s'est reposé de ses oeuvres dans la première création, parce que tout était très bon, mais quand le péché eut été introduit son repos fut interrompu, et il doit travailler de nouveau (Jean 5). Dieu ne trouve du repos que là où tout est selon son propre coeur, et ainsi il est complètement satisfait dans l'exercice de son amour.

Quand la lutte et le labeur seront passés, nous entrerons dans le repos où il est. C'est là la promesse: «Une promesse ayant été laissée d'entrer dans son repos» — le repos même de Dieu. Tant que les affections n'ont pas l'objet qui leur convient, elles ne trouvent pas de repos. Elles l'auront alors; nous serons avec lui et nous lui serons semblables. Il y aura aussi bientôt, même pour cette pauvre création, un repos comparatif.

Les Hébreux auxquels l'épître s'adresse, sont comparés aux Juifs qui étaient sortis d'Egypte; quelques-uns tombèrent, mais l'apôtre dit: «Nous sommes persuadés de meilleures choses en ce qui vous concerne;» «nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour la perdition». Qu'avaient-ils trouvé? Leur Messie sur la terre? Non. Il s'en était allé, et ils étaient laissés étrangers quant à ce qui était ici-bas, et n'ayant pas non plus atteint le ciel. C'est la condition de tout chrétien; l'état de son coeur est une autre chose.

(Verset 12). «Nous avons été évangélisés». Les bonnes nouvelles nous ont été annoncées aussi bien qu'à eux. L'apôtre parle du caractère de ceux qui entrent — pour nous la promesse, le repos de Dieu, c'est le ciel, comme Canaan l'était pour Israël. Les incrédules n'entreront pas dans le repos, mais bien les croyants. C'est la porte par laquelle ils entrent.

Quant à la création, il n'y a pas de repos pour eux en elle; le repos n'est pas encore venu pour eux. «Ainsi je jurai dans ma colère, s'ils entrent, etc.», veut dire qu'ils n'y entreront pas — c'est-à-dire les Israélites incrédules; mais Dieu ne fait pas le repos pour que personne n'y entre. Il commence donc de nouveau (verset 7). David est venu cinq ou six cents ans après Moise, et dans le Psaume 95, il dit, si longtemps après: «Aujourd'hui, etc.». S'ils n'ont pas été introduits dans le repos par Josué, cependant «il reste un repos pour le peuple de Dieu». Ce repos n'est pas encore venu pour les Israélites. Il arrivera sous la nouvelle alliance, quand viendra Christ, le Messie selon les Ecritures des Juifs.

«Celui qui est entré dans son repos, lui aussi s'est reposé de ses oeuvres», non pas seulement du péché. Quand Dieu se reposa, ce n'était pas du péché, mais du travail. Les oeuvres de piété ne sont pas le repos. Dieu se repose en Christ maintenant, et moi je me repose de mes oeuvres, quant à ma conscience, parce que j'ai cessé de faire des oeuvres pour ma justification, et je trouve mon repos en Christ. Je ne me repose pas d'accomplir des oeuvres de piété — ce repos-là n'est pas encore venu. Travailler ou s'appliquer à «entrer dans ce repos», ne s'applique pas ici à la justification. «Il reste un repos». Nous en avons un, le repos de la conscience, mais nous attendons plus.

Les deux ressources dont nous avons parlé, pour nous faire traverser le désert, sont la Parole appliquée par l'Esprit et la sacrificature de Christ. Il n'est jamais parlé d'union avec Christ dans les Hébreux; discerner, juger, etc., n'a aucun rapport avec l'union; il s'agit ici de chrétiens dans le désert, et il est besoin de l'intercession de Christ; l'épître s'adresse à nous comme à des chrétiens distincts, individuels, traversant ce monde et entourés de pièges de tous côtés.

Il est bien remarquable de voir comme la parole de Dieu est la révélation de Dieu lui-même. «La parole de Dieu est vivante et opérante… et il n'y a aucune créature qui soit cachée devant lui (ou elle)». Devant qui? Devant la parole de Dieu, la révélation de Christ. Il est appelé la parole de Dieu — «Dieu manifesté en chair». Il était la vie divine — la perfection de tous les motifs divins dans un homme ici-bas. La parole de Dieu est l'application à nous-mêmes de la nature de Dieu. Tout ce qu'il est nous est appliqué, tandis que nous passons à travers ce monde. D'abord nous sommes régénérés par la Parole — nés de nouveau par une semence incorruptible, — nous devenons participants de la nature divine, cette nature qui ne peut pécher parce qu'elle est de Dieu. Ensuite, tous les mobiles et toutes les intentions du coeur doivent être manifestés par cette Parole. La parole écrite est l'expression de la pensée de Dieu ici-bas. La perfection divine, exprimée dans la vie de Christ, telle que nous la présente la parole écrite, nous est appliquée. Quelle recherche de soi-même y avait-il chez Christ? Je ne parle pas ici du fait qu'il allait de lieu en lieu faisant du bien, mais des sentiments de son coeur et des mobiles qui le faisaient agir. Combien le «moi» a été notre mobile! Il n'en a pas été ainsi de Christ. Dans ce passage (verset 12), il n'est pas fait allusion à des péchés grossiers, mais aux «pensées et aux intentions du coeur». Combien le «moi» a de place en nous durant une journée!

En Jean 17, le Seigneur dit: «Je me sanctifie moi-même». Christ est mis à part comme présentant la perfection dans l'homme, Christ un homme modèle, si je puis ainsi dire; tout ce que Dieu approuve a été vu en lui. La même chose devrait se voir en nous, comme il dit: «Sanctifie-les par la vérité». C'est dans ce but que, pendant toute notre course, la Parole nous est appliquée, dans nos motifs, nos pensées et nos sentiments. Christ ne faisait pas seulement le bien, mais il marchait dans l'amour, et la Parole nous dit: «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous», «vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné». Ce qui descend de Dieu remonte aussi vers lui. Le «moi» peut entrer dans le bien que nous faisons; mais ce qui est un parfum de bonne odeur monte seul à Dieu — «une offrande et un sacrifice à Dieu». Ce qui n'est pas fait exclusivement dans la puissance de l'amour divin, dans le sens d'une offrande, est gâté — le moi y est entré.

«Atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit». Dieu a créé les affections naturelles, mais combien il y entre du «moi» et de l'idolâtrie, combien la propre volonté et la propre satisfaction ne se glissent-elles pas en nous! Cela c'est l'âme et non pas l'esprit. La parole de Dieu arrive, et fait la séparation entre l'âme et l'esprit, entre ce qui est du moi et de l'esprit et qui semble la même chose, les mêmes affections, au point de vue de l'homme. Quelle masse de corruption! Pouvons-nous avoir communion avec Dieu quand le moi se trouve là? Quels chrétiens impuissants nous sommes, vous et moi, et chacun! La grâce est là, Dieu en soit béni! mais, dans un certain sens, combien notre niveau est bas!

 «Je veux me mettre à prier», dira quelqu'un; mais toute bénédiction découle de la communion immédiate avec Dieu. Il y a des fleuves d'eau vive. Comment en jouirai-je? «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive», dit le Seigneur; puis il ajoute: «Des fleuves d'eau vive couleront de son ventre». Il faut boire d'abord, avant que des fleuves d'eau vive puissent découler de vous. Les prophètes apportaient un message: «Ainsi a dit l'Eternel», ensuite ils avaient à chercher la signification de la prophétie; mais nous, nous devons d'abord boire. Nous sommes dans une relation telle avec Christ, que nous recevons d'abord de lui avant de pouvoir communiquer à d'autres.

Qu'est-ce qui peut nous faire tomber dans le désert? La chair. Elle n'a aucune communion avec Dieu; la chair est aussi mauvaise dans un saint que dans tout autre. Ce qui fait tomber, c'est la chair: «les pensées et les intentions du coeur» non jugées. Après que Dieu nous a amenés hors d'Egypte, sa parole vient juger tout ce qui en nous est de la vieille nature. Tout est jugé selon la nouvelle nature. Tout ce qui est en Christ est appliqué aux mobiles et aux intentions de nos coeurs, — tout est jugé selon Dieu lui-même. La parole de Dieu est une épée — ne guérissant pas, mais tout à fait inflexible dans son caractère. Elle découvre et dévoile la chair, la manifeste, et signale ses pensées, ses intentions, ses volontés ou ses convoitises. Tout est passé au crible. Mais n'y a-t-il pas des infirmités? Oui; mais partout où la propre volonté et les propres desseins agissent, la parole de Dieu vient comme un couteau tranchant pour les couper. Pour les infirmités, la faiblesse, — non pas la volonté propre, — nous avons un souverain sacrificateur qui a été «tenté en toutes choses comme nous, à part le péché».

C'est ce qui est admirablement exprimé en figure dans l'Ancien Testament. L'eau manquait: le rocher fut frappé et l'eau coula. Il y a pour nous des ressources en Christ, le rocher frappé, mais, en outre, il y a là pour nous de l'eau, une fontaine d'eau qui jaillit en nous. Les enfants d'Israël furent ainsi éprouvés durant toute la traversée du désert. L'épée à deux tranchants était nécessaire. Il y eut des murmures; ils durent retourner en arrière. Mais Dieu retourna avec eux. Comment passèrent-ils à travers le désert? Qu'est-ce qui fut annoncé de la part de Moïse, car il était là comme leur apôtre? Comment devait-il répondre à leurs murmures? Le rocher ne devait pas être frappé une seconde fois. Il fallait se servir des verges. Il y avait sur celle d'Aaron des boutons, des fleurs et des fruits — la vie sortie de la mort — une sacrificature vivante. Alors Dieu dit à Moïse: «Va, parle au rocher». Il ne s'agit plus de le frapper. Supposez que Dieu eût seulement exécuté, le jugement, comment auraient-ils pu traverser le désert? Mais la sacrificature vivante est introduite — Aaron avec sa verge; la grâce sous la forme de la sacrificature. C'est là ce qui nous fait passer à travers tout: il est fait face à toutes les infirmités et même aux manquements, quand il y en a eu, par Celui qui a traversé les cieux.

Il n'y a pas la moindre miséricorde pour la chair. Elle est jugée par la Parole. Moïse, le plus doux des hommes, manqua dans cette occasion même — il frappa le rocher au lieu de lui parler. Abraham, qui avait appris à connaître la toute puissance de Dieu, descendit en Egypte et faillit parce qu'il craignit. Dieu se glorifia lui-même. Il se «glorifia devant le rocher au désert, mais Moïse, qui ne l'avait pas glorifié, fut exclu du pays.

(Verset 14). Ici sont mentionnées des choses très importantes touchant la sacrificature. En premier lieu, la sacrificature s'exerce dans le ciel où nous en avons, besoin: c'est là que Dieu se trouve. Lorsqu'il y avait un appel terrestre, la sacrificature était sur la terre. Notre appel est céleste, et Christ, notre souverain sacrificateur, a passé à travers les cieux. Une autre chose importante est que, tandis qu'il exerce la sacrificature pour nous, Christ n'a plus rien des infirmités qui sont les nôtres maintenant. Mais, durant tout le cours de sa vie sur la terre, il a passé à travers ces infirmités en séparation, obéissance et sainteté. Quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles. Il marche dans le sentier des brebis et elles le suivent. Christ a passé par tous les exercices d'un homme pieux; par exemple, il n'avait point de pain, Satan veut le tenter d'en faire, mais il ne cède point à la tentation. Tout ce qu'un saint peut rencontrer comme saint en fait de besoins, Christ l'a rencontré et s'y est montré parfait.

Dans le sentier que les brebis ont à suivre, elles voient en lui l'exemple de la perfection; mais alors ce n'était pas le temps de son oeuvre sacerdotale. Il a passé par la route, et maintenant il peut «sympathiser à nos infirmités».

Comme un autre l'a fait remarquer, nous avons dans l'épître aux Hébreux, plus de contraste que de comparaison. Le voile du tabernacle et la sacrificature en Israël, tout est en contraste avec ce que nous avons. Notre souverain sacrificateur n'est pas «enveloppé d'infirmité». Remarquez ce qui en résulte. Etant dans le ciel, il apporte à nous soutenir toute la perfection de pensées et de sentiments qui appartiennent au lieu où il se trouve. J'éprouve ces infirmités et ces difficultés, et il me secourt selon toute la perfection des lieux célestes où il est. C'est précisément ce dont nous avons besoin. Il montre un sentier, il l'a connu, et il sent ce que c'est que ce sentier à travers ce monde, et il peut, ainsi soutenir nos coeurs ici-bas jusqu'à ce que nous arrivions au ciel.

Plusieurs regardent la sacrificature comme un moyen d'être justifié; cela vient de ce que Dieu est un juge à leurs yeux. Ils craignent d'aller droit à lui, et ne connaissent pas la grâce et la rédemption; ils veulent, pour ainsi dire, engager Christ en leur faveur. Cela est tout à fait inexact. Plus d'une âme l'a fait dans l'ignorance et dans l'infirmité, et Dieu y a égard, mais c'est se méprendre sur notre position comme chrétiens. Est-ce que l'intercession de Christ pour nous dépend de ce que nous allons à lui pour l'obtenir? C'est quand je me suis éloigné de Dieu, — quand je ne vais pas à lui, — que j'ai un avocat auprès du Père. Ainsi Christ pria pour Pierre avant que celui-ci eût péché. C'est la vivante grâce de Christ dans tous nos besoins — sa pensée tournée vers nous; sans cela, nous ne serions jamais restaurés. C'est quand Pierre eut commis le péché, que le Seigneur le regarda. Même lorsque nous avons commis des fautes, sa grâce intervient ainsi. C'est dans le ciel qu'il le fait: comment pourrions-nous donc avoir à nous adresser à lui, si nous n'étions pas justifiés? La raison qui fait que je puis m'approcher, c'est que ma justification est une chose réglée. Il m'a donné le droit d'aller dans le ciel en vertu de ce qu'il est, Jésus Christ le juste, et de ce qu'il a fait. Notre place est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière — assis dans les lieux célestes en Christ. Notre marche sur la terre peut varier, elle n'est pas toujours à cette hauteur, mais notre titre est toujours le même. Que faut-il donc faire? Je suis au dedans du voile, et cependant pas dans un état à y être du tout. La sacrificature de Christ est là pour concilier cette contradiction entre notre position céleste et notre marche ici-bas. Jésus Christ est le juste, et la justice que j'ai en lui est mon titre à la place que j'occupe dans le ciel. L'action sacerdotale me rétablit dans la communion de la place où je suis en justice. Elle est en relation immédiate avec la perfection de sa propre marche ici-bas et avec la place où il se trouve maintenant.

Quand Christ était ici-bas, Satan vint, mais ne trouva rien en lui. Il ne devrait rien trouver en nous, mais ce n'est pas ce qui a lieu. Si je ne veux pas épargner la chair, j'ai pour cela la parole de Dieu. Mais quant à tous les sentiments d'un homme ici-bas, il les a éprouvés, comme il le dit: «L'opprobre a brisé mon coeur» (Psaumes 69: 20). En Gethsémané il fut dans l'angoisse et priait d'autant plus instamment. Il avait le coeur d'un homme, et tout ce qu'un coeur d'homme peut ressentir, il l'a ressenti, en communion avec son Père, sans qu'aucun manquement fût possible. «A part le péché», dit plus que «mais sans péché», ou «excepté le péché», parce que chez lui il n'y avait pas plus de péché intérieur qu'extérieur. Dans tous ces sentiments d'homme, il sympathise maintenant avec nous.

(Verset 16). «Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce». C'est aller droit à Dieu, et non au sacrificateur. C'est «au trône de la grâce». Nous avons besoin de miséricorde: comme des pauvres et faibles créatures que nous sommes, elle nous est nécessaire; dans nos manquements, il nous la faut; comme pèlerins ici-bas, nous en avons toujours besoin. Quelle miséricorde Dieu montra envers les Israélites dans le désert! Leurs vêtements ne s'usèrent pas sur eux, Dieu avait même soin des habits qu'ils portaient! Pensez à cette miséricorde qui ne laissait pas leurs pieds s'enfler dans le chemin! Puis, s'ils avaient besoin de connaître le chemin: Oh! dit l'Eternel, j'irai devant avec l'arche pour leur tracer le chemin.

Ce n'était pas du tout la place de l'arche; elle était destinée à rester au milieu du camp, mais Dieu venait au-devant des besoins de son peuple. Or, malgré tout cela, et la sécurité que cela devait leur donner, ils voulurent envoyer des espions pour reconnaître le pays: insensés que nous sommes de vouloir connaître d'avarice ce qui est devant nous! Ils devaient rencontrer des Amorrhéens, de hautes murailles, des géants; «c'est un pays qui dévore ses habitants», disent les espions, même avec le sarment et la grappe de raisin sur leurs épaules; et ils perdent courage! C'est juste notre image dans notre chemin vers le ciel. Ils ne peuvent pas tenir devant ces difficultés: «nous étions comme des sauterelles», disent encore les espions; la vraie question n'est pas ce que nous sommes, mais ce que Dieu est.

Comme saints nous sommes plus faibles que le monde, et nous devons l'être; mais, quand nous nous attendons à Dieu, qu'est-ce que le monde? Quand les Israélites n'ont pas confiance en Dieu, ils trouvent quelque chose à redire même au pays promis. Quel Dieu il est! Qu'il est admirable! Il dit: Si vous ne voulez pas entrer en Canaan, il vous faut rester dans le désert, — et il les fait retourner, mais il retourne avec eux. C'est la grâce, mais c'est le trône de la grâce. Dieu gouverne; c'est un trône. Il ne laisse rien passer, non, pas la moindre chose: voyez seulement ce qui arrive au peuple à Kibroth-hataavah! Mais lorsque c'est l'ennemi qui accuse Israël, comme dans le cas de Balaam, Dieu ne châtie pas le peuple, mais il dit: «Je n'ai pas vu d'iniquité en Jacob». Du moment que c'est une question entre le peuple de Dieu et l'accusation de l'ennemi, Dieu ne permet pas un mot contre son peuple; mais lorsqu'il y a un Acan dans le camp, Dieu juge. Pourquoi? Parce qu'Il est là, dans le camp; c'est un trône. Si vous n'êtes pas victorieux, c'est qu'il y a du péché.

Nous pouvons nous approcher avec confiance du trône de la grâce; il y a un trône, non pas un médiateur, mais tout est grâce. Si je vais au trône, au lieu que le trône vienne à moi, pour ainsi dire, tout est grâce et je trouve du secours. Je ne puis jamais aller au trône de la grâce, sans trouver miséricorde. Dieu peut envoyer des châtiments, mais c'est un trône de grâce et de toute miséricorde; «afin que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun». Si vous avez une volonté, Dieu la brisera; si vous avez un besoin, il vous aidera. Sentez-vous que vous pouvez toujours vous approcher avec confiance, même quand vous avez manqué? Humilié, sans doute, et humble constamment, mais humilié quand vous avez manqué.

Chapitre 5

Le mot perfection, dans l'épître aux Hébreux, signifie l'état d'homme fait. Il y a, dans cette épître, beaucoup, et, dans un sens, plus de contraste que de similarité dans les allusions qui y sont faites aux types de l'Ancien Testament. Nous sommes maintenant dans une position différente; les choses d'autrefois étaient seulement une ombre qui ne nous donnait pas une perception distincte de notre position. Aussi longtemps qu'elles étaient des figures, elles ne découvraient pas ce que nous avons dans le temps présent. Nous avons pleine liberté, pour entrer dans les lieux saints; au contraire, le voile en séparait les Israélites. Dans le chapitre qui nous occupe, il est important de voir le contraste. Christ est le souverain sacrificateur. Or nous lisons: «Tout souverain sacrificateur pris d'entre les hommes (lui-même était un homme, je n'ai pas besoin de le dire)… est capable d'avoir de l'indulgence pour les ignorants… puisqu'il est aussi lui-même enveloppé d'infirmité». Il y a ici contraste, bien que l'image générale soit présentée. Les sacrificateurs avaient de l'infirmité et devaient offrir pour eux-mêmes aussi bien que pour le peuple, ce qui n'est pas le cas pour Christ. Si nous ne voyons pas ce contraste, nous sommes exposés à commettre de grandes méprises en tirant des analogies. En voulant une analogie absolue, nous sortirions de la vérité. Il y a comme certains points de repère de la vérité qui gardent l'âme: par exemple, l'expiation qui a été accomplie une fois pour toutes. La sacrificature de Christ est dans le ciel. Elle doit s'exercer continuellement dans le lieu où nous adorons. Nous adorons en esprit dans le ciel, et là nous avons besoin de notre Sacrificateur. Les sacrifices d'autrefois étaient un acte remémoratif de péché; mais nous, nous n'avons plus conscience de péché. Le sacrificateur est là, une fois pour toutes, en vertu du sacrifice offert une fois et pour toujours. En fait nous manquons, mais notre place est toujours en Christ dans le ciel. Quand la communion a été interrompue, c'est par la sacrificature qu'elle est rétablie.

Remarquez la dignité de Celui qui est appelé à cet office: «Tu es mon Fils». La gloire de sa personne est reconnue en vue de sa sacrificature. «Moi, je t'ai aujourd'hui engendré». Il était homme aussi réellement que nous, mais sans la partie pécheresse en nous. Il n'était semblable exactement ni à Adam, ni à nous. Adam n'avait pas la connaissance du bien et du mal; Christ l'avait, Dieu l'a. Mais à présent les hommes ont la connaissance du bien et du mal, et, avec cela, le péché. Christ était né de femme, mais d'une manière miraculeuse. La source était sans péché, et cependant il avait la connaissance du bien et du mal.

Nous ne pouvons sonder ce qu'il était. Nos coeurs ne doivent pas scruter la personne de Christ, comme si nous pouvions la connaître entièrement. Nul être humain ne peut comprendre l'union de Dieu et de l'homme dans sa personne. «Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père». Nous pouvons connaître tout ce qui est révélé, et nous pouvons beaucoup apprendre touchant Christ. Nous connaissons le Père, ainsi qu'il est dit: «Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler». Nous savons qu'il est saint, qu'il est amour, etc.; mais quand nous essayons de sonder l'union de Dieu et de l'homme, nous ne le pouvons pas, nul homme ne le peut. Nous savons que Christ est Dieu, et nous savons qu'il est homme — homme parfait, à part le péché; et s'il n'est pas Dieu, qu'est-il pour moi? Quelle différence y a-t-il entre lui et un autre homme? Christ est venu en chair. Tous les sentiments que j'ai (sauf le péché), il les avait. La citation du Psaume 2, qui est faite ici (verset 5): «Tu es mon Fils; moi, je t'ai aujourd'hui engendré», ne se rapporte pas à sa relation éternelle avec le Père comme Fils unique, mais à sa naissance dans ce monde, dans l'humiliation. Il est appelé à être souverain sacrificateur. Il a cet appel comme homme, non pas seulement comme pris d'entre les hommes. La gloire de sa personne vient en premier lieu. Envisagé comme venu en chair, il était né de Dieu; s'il s'agit de nous, «ce qui est né de la chair est chair». Mais lui, dans sa nature même, il est associé avec Dieu et associé avec l'homme. Il est «l'arbitre qui peut mettre sa main sur nous deux» (Job 9: 33). Je puis me croire net quand je suis loin de Dieu; mais lorsque je me trouve en sa présence, je sais qu'il me plongera dans un fossé, et mes vêtements m'auront en horreur. Mais «que sa terreur ne me trouble pas;» Dieu a ôté la crainte par Christ. Christ était la sainteté parfaite, et il était prêt pour tout. Son humilité était parfaite: toute crainte est ôtée par lui. Même comme homme, il est le saint; de ce côté il se tient devant Dieu, et de l'autre (comme homme) il tient à nous; c'est ainsi qu'il est l'arbitre qui met sa main sur nous deux.

Le sacrificateur en Israël devait présenter des offrandes pour se purifier lui-même; mais Christ était propre à cet office par lui-même, sans offrande. Aaron seul (*) était oint sans aspersion de sang sur lui; lui avec ses fils n'étaient oints qu'après le sacrifice.

(*) Comme type de Christ.

Quant à l'office de sacrificateur, il y a en Christ une parfaite compétence. Il est le Fils, et par conséquent il est propre pour Dieu; il est homme, et par conséquent il est rendu propre pour moi. Je ne parle pas de son sacrifice, mais de sa personne. «Je t'ai engendré aujourd'hui», voilà sa personne. Ensuite vient l'office: «Salué par Dieu souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec», «sans commencement de jours, ni fin de vie, etc.;» non pas semblable à un homme qui descend d'une suite d'aïeux, «mais selon la puissance d'une vie impérissable», sans généalogie.

Ainsi se trouvent posés les grands principes concernant sa personne et son office: il est Fils et il est sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec. Avant qu'il prenne cet office, une autre qualification est nécessaire. Il y a une difficulté qui ne se trouvait pas dans la sacrificature terrestre, laquelle était en rapport avec un tabernacle et un culte terrestres. Mais maintenant le culte est dans le ciel. Il faut donc une sacrificature qui soit aussi dans le ciel. Or là Christ n'aurait pu avoir l'expérience de l'infirmité. Que devait-il donc faire? Passer d'abord à travers tout dans ce monde.

La sacrificature suppose un peuple réconcilié avec Dieu. En Israël, il y avait d'abord, comme fondement, le jour des propitiations; et ensuite, les sacrificateurs continuaient leur office journalier après que la réconciliation avait eu lieu pour l'année. Le jour des propitiations posait le fondement de l'exercice de la sacrificature pendant l'année. En ce jour-là, le souverain sacrificateur représentait tout Israël, et posait sa main sur le bouc Hazazel en vue de la réconciliation du peuple (ce qui n'était pas son office de chaque jour); c'est ce que Christ a fait sur la croix comme victime et comme représentant. Il a donné son propre sang; il a souffert et il a représenté le peuple, et ensuite il est allé au dedans du voile, en vertu de la réconciliation qu'il a faite. Au jour des propitiations il y avait deux boucs, l'un était pour l'Eternel, l'autre pour le peuple, et le sang du premier était mis sur le propitiatoire. Dans cet acte il n'y avait pas de confession de péchés. C'est en vertu du sang de Christ placé sur le propitiatoire, que la miséricorde est proclamée à tout le monde, même au plus vil pécheur dans le monde. Mais supposez que quelqu'un dise: «Je trouve que le péché est actif en moi: comment puis-je venir à Dieu?» Je lui répondrai: Christ a porté vos péchés sur la croix; il vous a représenté là, confessant vos péchés sur sa propre tête, et Dieu a condamné en Christ le péché dans la chair. Il arrive souvent que l'on est plus troublé par la présence actuelle du péché que par tous les péchés passés; mais je dis à celui qui est dans ce cas: Dieu a condamné le péché en Christ. Le caractère de Dieu tout entier, sa majesté, sa justice, son amour, tout a été manifesté et glorifié sur la croix. La vérité de Dieu y a été justifiée, car il avait dit: «Au jour que tu mangeras, tu mourras certainement», et Christ est mort à la place de l'homme coupable. Mais lorsque ma conscience est exercée, ce n'est pas assez pour moi de voir que Dieu a été glorifié dans la mort de Christ; je sens devant Dieu mes propres péchés, et alors je vois qu'il a confessé mes péchés. Et maintenant, comme sacrificateur en haut, il me maintient dans la puissance de la réconciliation qu'il a faite.

Avant d'offrir le sacrifice, il a suivi le sentier où ont à marcher les brebis. C'était avant qu'il commençât à représenter le peuple — «dans les jours de sa chair;» — c'est une chose passée, avant qu'il exerçât sa sacrificature. «Quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles» dans le sentier où se rencontrent les tentations, les peines, les difficultés. C'est pourquoi il est dit de lui, qu'il est «le chef et le consommateur de la foi», non pas de notre foi; nous allons à travers notre petite portion d'exercice de foi, lui a passé à travers tout. Moïse refusa les trésors de l'Egypte; Christ a refusé le monde entier. Abraham «séjourna dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère;» Christ fut un étranger dans le monde entier. Jamais, dans tout son sentier, nous ne le voyons s'abriter sous sa puissance divine; il supporte tout ce qu'un coeur humain peut supporter. Il n'y a pas une épreuve qu'il n'ait ressentie. Si je parle d'une conscience convaincue de péché, c'est une autre chose. Il a senti le poids du jugement de Dieu contre le péché, mais ce fut à notre place sur la croix. Dans le sens le plus profond, il l'a pris tout entier sur lui-même. Quelle entière dépendance! «Ayant offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort, etc.». C'est surtout en Gethsémané, qu'il a réalisé pleinement et dans toute sa force ce qu'il devait rencontrer. Dans sa marche, nous avons à le suivre: «marcher comme lui a marché»; en Gethsémané, c'est une autre chose — là, il fut seul.

Il y a trois parties dans la vie de Christ. Au commencement il fut tenté, en premier lieu, en vue de satisfaire sa faim, puis par toute la vanité et la gloire de ce monde, qu'il refusa, car il n'était pas venu pour cela. La dernière tentation était plus subtile. Jésus y répondit: «Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu», — tu n'éprouveras pas le Seigneur pour voir s'il est fidèle. Tenter n'est pas se confier. Quand le peuple d'Israël tenta l'Eternel, ils montèrent sur la montagne pour voir si Dieu les aiderait. Mais Christ refusa d'accéder à aucune des choses que Satan lui présentait. Il lia l'homme fort, et le diable se retira d'avec lui pour un temps; alors Christ pilla ses biens, — guérissant les malades, ressuscitant les morts, etc. Une puissance était venue en grâce, puissance parfaitement capable de délivrer ce monde de la puissance de Satan, de nous sauver des conséquences du péché — de toute la méchanceté et de toute la misère qui se trouvent ici-bas.

Mais il y avait quelque chose de plus profond: les hommes haïssaient Dieu — ils ne voulaient pas le recevoir. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu». Dans un endroit où Jésus avait exercé sa puissance en bonté envers un pauvre homme, on le pria de s'en aller. En retour de son amour, il rencontre la haine. Ce monde aurait été délivré, s'il avait voulu le recevoir, mais il ne le voulut point. L'homme profite de ce que Dieu s'est abaissé jusqu'à lui afin d'être à sa portée, pour chercher à se débarrasser de Lui.

Cela introduit un autre point. Ayant pris en main la cause du peuple, Christ doit en porter les conséquences. Satan dit: Si tu ne me laisses pas mes droits sur eux, tu dois souffrir. Satan vient et se sert de toute la puissance qu'il a sur l'homme pour arrêter Christ dans sa marche. Au jardin de Gethsémané, Christ l'appelle «le pouvoir des ténèbres», et il dit: «Mon âme est saisie de tristesse jusqu'à la mort; demeurez ici et veillez avec moi;» mais ils ne pouvaient veiller avec lui, ils s'endormirent. Comme Satan a le pouvoir de la mort, il le fit peser sur Christ. Christ recula-t-il? Non mais étant en agonie, il priait plus instamment il ne se défendait pas lui-même. Il aurait pu chasser Satan, mais comment alors nous aurait-il délivrés? Il ne demanda jamais d'aucune autre coupe qu'elle passât loin de lui; mais il ne pouvait pas être sous la colère de Dieu et ne point le sentir. «Il fut exaucé à cause de sa piété». Il descendit dans la profondeur où Satan avait plein pouvoir sur son âme. Il fut en agonie, en lutte, mais il y avait en lui parfaite obéissance et parfaite dépendance; il disait: «Non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite». Seulement, il criait d'autant plus instamment à Dieu, et ensuite il laissa aller son âme dans les lieux profonds, sous le pouvoir de Satan. Il ne s'était pas livré lui-même, ceux qui venaient le prendre auraient dû s'en retourner; à sa parole: «C'est moi», ils reculent et tombent par terre. Il se présente de nouveau à eux et dit: «C'est moi: si vous me cherchez, laissez aller ceux-ci». Il se met lui-même à la brèche. Il va à la croix, et là, avant d'avoir remis son âme à son Père, il a bu la coupe, puis son âme rentre en la présence de son Père. Ayant passé à travers le pouvoir de Satan dans la mort, — «c'est ici votre heure et le pouvoir des ténèbres», — il va en avant; Dieu le ressuscite d'entre les morts et lui donne une place dans la gloire. Il est «consommé», il est l'homme amené à la perfection, comme second homme —il est parfait. Etienne le vit comme «le Fils de l'homme» à la droite de Dieu.

Nous pourrions penser qu'il était ainsi arrivé à la fin de son service, après s'être abaissé lui-même et avoir été obéissant jusqu'à la mort. Qu'y avait-il de plus? Lisez Jean 13; il va en haut pour être tout autant serviteur que jamais!

Nous avons vu, outre la personne de Christ, trois choses qui se rattachent à sa sacrificature. En premier lieu, il a parcouru le même sentier que nous avons à suivre, mais sans faillir; il a passé à travers tout, et a obéi même jusqu'à la mort. Ainsi il sait quel est le sentier. Pour le péché, il est mort; dans sa vie, nous voyons la sainteté. Secondement, il a fait propitiation pour les péchés du peuple — le sang a été offert. Et enfin, il est un homme parfait en la présence de Dieu. J'ai ainsi le chemin parcouru et connu par Christ, le péché expié et un homme vivant en la présence de Dieu — un Avocat, savoir, Jésus Christ, le juste. Le fondement n'est pas changé, la justice demeure. Il a fait la propitiation pour nos péchés. Il a passé, par toutes les épreuves du chemin, et il est salué (ou proclamé) par Dieu souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédcc. L'épreuve a été traversée et l'oeuvre a été accomplie, avant qu'il entre en la présence de Dieu; il est entré et il est maintenant justice parfaite devant Dieu. L'ordre d'Aaron n'était nullement celui de Christ; c'était l'ordre de Melchisédec, mais l'analogie est selon Aaron.

(Verset 10). Qu'était l'ordre de Melchisédec? La bénédiction. Il bénit Abraham de la part de Dieu, et Dieu de la part d'Abraham. Quand le temps, de la pleine bénédiction sera venu pour le ciel et pour la terre, Christ la répandra comme Melchisédec l'a fait. Ce sera louange et puissance; nous en avons maintenant l'avant-goût (1 Pierre 2: 9). Quand nous serons avec Christ dans la gloire, nous célébrerons ses louanges. Tandis qu'il est au dedans du voile, qu'il n'est pas encore sorti, il ne prend pas publiquement ce titre, celui de souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec, car le temps de la bénédiction extérieure n'est pas encore venu. Pourquoi? Est-ce qu'il est indifférent? Tarde-t-il pour ce qui concerne sa promesse? Non; mais s'il écrase tout le mal par le jugement, les hommes doivent périr, or il est patient, ne voulant pas qu'aucun périsse. Pendant que Christ est au dedans du voile, le Saint Esprit continue à opérer et cherche et rassemble les pauvres pécheurs. Christ a bien le titre maintenant, mais il ne le déploie pas, ainsi l'ordre de la sacrificature est selon l'analogie d'Aaron. Nous entrons en esprit avec lui, là ou il est, pour offrir des sacrifices spirituels. Le temps du déploiement de la puissance n'est pas venu, mais nous sommes au dedans du voile: c'est pourquoi l'apôtre presse les Hébreux d'avancer vers la perfection, vers l'état d'hommes faits. Quelle est pour moi la mesure d'un homme parfait? Dans un sens, Adam était un homme très imparfait; en tout cas, ce qu'il avait dans l'état d'innocence, il le perdit bientôt; il était donc imparfait en ce sens qu'il pouvait le perdre, et certes l'homme n'est pas parfait, maintenant, dans l'état d'Adam. Où donc est la perfection? Dans l'homme qui est au ciel. Je l'ai, cette perfection, dans la connaissance de ma position actuelle en Christ, non qu'en fait je sois maintenant moi-même dans le ciel, mais j'y suis en lui, et nous avons à porter «l'image du céleste;» dans ce sens, nous sommes parfaits. Le Père l'a placé à sa droite; supposons donc que j'aie la connaissance, et de ce fait, et de celui que je suis en lui, je suis appelé à marcher comme tel. Pourquoi donc suis-je parfait? Parce que j'ai communion avec lui et que je suis associé avec lui là où il est.

Quelque chrétien dira-t-il: «Je suis au pied de la croix?» Christ n'est pas au pied de la croix. La croix a mis un homme dans le ciel; c'est là qu'est Christ. Vous n'êtes donc pas encore venu à lui. Vous vous travaillez dans les pensées, de votre propre coeur, et vous ne l'avez pas suivi par la foi là où il est, si vous êtes au pied de la croix. Comment puis-je voir maintenant l'effet de la croix? En étant dans le ciel. J'y suis entré à travers le voile déchiré. (Ce n'est pas qu'une personne qui est là, au pied de la croix, doive être méprisée; mais si vous êtes là, vous n'êtes pas encore entré par la croix à travers le voile). Si vous étiez en dedans du voile, vous vous connaîtriez vous-même comme étant ce qu'il y a de pire — comme n'ayant rien de bon dans la chair. Il est précieux de voir une âme exercée de cette manière, comme l'était le prodigue dans le pays éloigné; mais il n'était pas encore venu à son père, il n'avait pas encore découvert ce que son père était. Il y avait chez lui un mélange de «lui-même»; il ne connaissait pas son père, quand il parlait d'être un mercenaire. Ce n'est pas de l'humilité, comme on le pense, de se tenir loin de Dieu et de dire comme Pierre: «Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur». Est-ce de l'humilité que d'être insensible à la bonté de Dieu? Le prodigue ne pouvait rien dicter ni rien prescrire, quand son père était à son cou; il n'avait rien du tout à faire dans la maison comme un mercenaire. Ce n'est pas de l'humilité. C'est un mélange du «moi» avec la connaissance de s'être éloigné de Dieu. Où voulez-vous être? Il vous faut prendre votre place avec Christ ou n'en avoir aucune. C'est ce que signifie ici être parfait. Il n'y a qu'un seul chemin pour entrer, c'est par Christ qui est dans la gloire. Nous n'avons de titre pour aucune autre place. Comment Christ y est-il? Non pas en vertu de sa souveraine sacrificature, mais en vertu de ce qu'il s'est offert pour le péché pour nous: «Je t'ai glorifie sur la terre»; «Père, glorifie ton Fils». C'est pour cette raison que l'apôtre parle de l'évangile de la gloire. Christ est dans le ciel comme témoin de la perfection de l'oeuvre qu'il a accomplie.

(Versets 13, 14). Le lait est propre aux petits enfants, et la viande solide aux hommes faits; voilà tout ce que cela signifie. Ne recherchons pas la place qu'avait un Juif pieux, mais celle que Christ a. Ensuite, l'apôtre continue à avertir les Hébreux, dans le cas où ils ne seraient encore que sur ce terrain juif.

Sur la croix, Christ a bu la coupe; en Gethsémané, il l'a anticipée. La mort et le jugement ne sont plus; Christ ne peut plus mourir. La victoire est complète; les péchés sont ôtés et, en conséquence, il est entré au ciel; cette victoire est la nôtre.

Bien ne semblait être plus sur le coeur de Paul que de maintenir les saints à la hauteur de leurs privilèges. Ils voyaient que Christ était mort pour eux (et ce fait n'avait pas sur eux la puissance qu'il aurait dû avoir), mais ils étaient aussi ressuscités avec Christ, ils étaient en Christ dans les lieux célestes, au dedans du voile; et comment réalisaient-ils cela? — «Vous êtes devenus tels, que vous avez besoin de lait». Au premier moment de la conversion, il y a beaucoup d'amour dans le coeur. Et il y a une autre chose. Quand on vient d'être converti, toutes ces choses sont plus aisées à comprendre que lorsqu'on est plus habitué à les entendre, et que le monde est entré dans le coeur. Lorsqu'il y a de la fraîcheur dans le coeur, l'intelligence va avec. Il y a ici une grande force dans le mot «devenus». Voyez ce qu'ils étaient (chapitre 10), lorsqu'ils acceptaient «avec joie l'enlèvement de leurs biens», sachant qu'ils avaient pour eux-mêmes «des biens meilleurs et permanents». La connaissance de ce qu'ils avaient dans le ciel leur faisait volontiers faire le sacrifice de ce qui était ici-bas. Mais quand Christ n'a pas cette place dans le coeur, on n'abandonne pas volontiers ces choses, et la connaissance des choses célestes est aussi obscurcie. L'intelligence et la fraîcheur des affections vont ensemble. Quand brille un beau soleil, on voit aisément les choses lointaines. S'il fait obscur, c'est plus difficile. Dans le jour, on marche dans les rues sans penser au chemin — on le connaît; mais la nuit il faut prendre garde et penser au chemin qu'on a à suivre. Il en est de même des choses spirituelles; il y a moins de ressort, on les saisit moins, il y a moins de clarté, lorsque nos coeurs ne sont pas heureux. Mon jugement est clair, quand mes affections sont chaudes. Les motifs qui agissaient auparavant sur moi, cessent d'être, quand tout est en règle dans mon coeur. Je puis tout estimer comme des ordures, si mes affections sont fortes: «Là où est voire trésor, là aussi sera votre coeur».

«La nourriture solide est pour les hommes faits;» il ne s'agit point de personnes qui ont fait de grands progrès, mais qui sont d'âge mûr. Il y avait des choses difficiles à expliquer, parce qu'ils étaient devenus paresseux à écouter. Le secret de cet état était la perte de la fraîcheur des affections. C'est une chose sérieuse de penser que nous pouvons perdre cette fraîcheur et l'intelligence; mais «à celui qui a, il sera donné plus encore». Il y a des choses bonnes et mauvaises à discerner, c'est pourquoi je parlais de trouver le chemin.

Chapitre 6

Joignez à ce qui précède le commencement de ce chapitre: «C'est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, etc.»; au lieu de perdre votre temps avec ce qui est passé, avancez vers la pleine révélation de Christ; soyez là comme chez vous et comprenez ce qu'est la volonté du Seigneur. Nous ne pouvons pas séparer la connaissance du bien et du mal de la connaissance de Christ. Si je veux, par moi-même, discerner entre le bien et le mal, comment le pourrai-je? Comment puis-je, sans lui, marcher comme lui a marché? C'est impossible. «En lui», qu'est-ce que cela signifie? Que veut dire: «Vous en moi?» Où est Christ? Dans le ciel; eh bien, c'est là que je suis aussi. Mes affections doivent donc y être, et mon espérance c'est d'être complètement identifié avec lui. La portion que j'ai est ce qu'il a — vie, justice et gloire: en tout, je suis associé avec lui-même. En cela est la différence entre la parole du commencement du Christ et la pleine perfection — comme nous l'avons vu au chapitre 5, verset 9, «ayant été consommé» ou glorifié. Ici-bas, il a passé à travers l'expérience des choses qui s'y rencontrent, puis il est allé dans le ciel pour y être sacrificateur, parce que nos bénédictions, nos relations, etc., sont en haut, parfaites là, et non point ici-bas. Il n'a pas reçu cette partie des conseils de Dieu en gloire quand il était sur la terre; maintenant il est dans le ciel, et il m'a associé avec lui dans cette place. Je puis voir que Christ a traversé ce monde de manière à pouvoir sympathiser avec nous dans toutes nos douleurs et nos difficultés. Il a porté mes péchés, et où est-il maintenant? Dans le ciel, et j'y suis aussi en esprit, et il m'y amènera aussi de fait. Où il est, c'est là qu'il a été «consommé». L'oeuvre est accomplie, et maintenant il m'en fait connaître l'effet; il me montre la marche qui appartient à la justice qu'il a opérée. Il a pris mon coeur et m'a associé avec lui-même, et il me dit que c'est là la «perfection» vers laquelle j'ai à avancer. Où est-ce que Paul a vu Christ? Dans la gloire. S'il avait auparavant connu Christ selon la chair, il ne le connaissait plus ainsi maintenant (c'était là «le commencement», quand Christ était sur la terre, voyez 1 Jean 1), mais il le connaissait dans le ciel, et cette grande vérité lui avait été révélée que tous les saints sur la terre étaient comme Christ.

Paul avait haï Christ; il avait cherché à effacer son nom de dessus la terre; il avait marché dans le péché, non comme transgresseur de la loi, mais comme rejetant Christ quand Christ était sur la terre, et, bien plus, il avait résisté au Saint Esprit; il avait refusé de recevoir le témoignage que la miséricorde de Dieu donnait, par le Saint Esprit, à ce peuple pour lequel Christ avait intercédé sur la croix. Les Juifs avaient lapidé Etienne qui rendait témoignage, et Saul y consentait. Il était «le premier des pécheurs», parce qu'il avait persécuté l'Eglise de Dieu. Il fit ainsi la découverte que la pensée de la chair est inimitié contre Dieu et qu'elle ne se soumet pas à Dieu; il l'éprouva dans sa propre expérience; et maintenant, il trouvait qu'il y avait des saints qui n'étaient point dans cet état où il était encore lui-même — qui étaient vivifiés avec Christ et associés avec Christ dans la gloire. «Je suis Jésus que tu persécutes;» voilà ce qu'il entendit quand il persécutait les saints. Ils n'étaient pas associés avec le premier Adam, mais avec le second homme; «en Christ», telle était leur position. Ces personnes qu'il persécutait étaient Christ. Ce qui le brisa et l'abattit dans la poussière, ce fut de voir Christ dans la gloire et tous ceux-là associés avec lui. Maintenant il apprend qu'il est mort à la loi, mort à la chair. Il dit dès lors: Le Christ que je désire gagner est un Christ glorifié. Gagner Christ peut me coûter la vie: n'importe. C'est lui qui est mon objet. Le premier Adam a «été pesé dans la balance, et trouvé léger;» mais j'en suis hors; je ne suis pas dans la chair, mais en Christ. La vieille chose est entièrement passée; le chrétien est crucifié au monde et le monde lui est crucifié; il est mort et ressuscité, il a un autre objet. Il a été fait vivant d'entre les morts, parce que Christ l'a été; il est «agréable dans le Bien-aimé;» il a la conscience que cette oeuvre de Christ le place dans une nouvelle position, — bien que pas encore glorifié dans son corps, — et c'est là «la perfection». Quel était alors l'état des affections de Paul? «Que je gagne Christ», était son désir. «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste». C'était son objet, ce qui remplissait sa pensée.

Le Saint Esprit est descendu pour nous enseigner toutes ces choses. Les croyants sont unis à Christ dans la gloire, mais il n'est jamais dit que Christ se soit uni à l'homme. L'apôtre était donc vivant par la puissance du Saint Esprit. Quelle épreuve, pour son coeur, de voir ces chrétiens hébreux retourner à «la parole du commencement du Christ,… la repentance des oeuvres mortes, la foi en Dieu,… le jugement éternel!» Toutes ces choses étaient vraies, mais si l'on s'arrête là, on perd un Christ glorifié. «Qui vous a ensorcelés?» disait l'apôtre aux Galates. De lui-même il disait: «Je connais un homme en Christ», et son coeur était brisé de trouver des saints restant dans les choses terrestres par rapport à Christ. Le Saint Esprit était venu les rendre participants d'un appel céleste, les associer de coeur et de pensée avec Christ, et leur révéler des choses qui devaient les séparer du monde, et non pas seulement les garder du mal, bien que ce soit vrai aussi. Un temple subsistait encore, où Christ lui-même avait été; pourquoi l'avoir laissé si Christ n'avait pas jugé la chair? Le mur mitoyen de clôture avait été élevé, comment auraient-ils osé le jeter bas, si Dieu lui-même ne l'avait pas fait? Si Dieu n'avait pas dit, pour parler ainsi: «Je ne veux plus rien avoir à faire avec la chair», comment auraient-ils osé quitter le camp et sortir dehors? Christ glorifié est la fin de tous les premiers principes, et nous avons à traverser ce monde en étrangers et pèlerins.

La seule chose que Dieu ait jamais reconnue en fait de religion est le judaïsme qui avait à faire avec la chair. Mais la croix a mis fin à la chair; tout est crucifié: votre vie, votre chez vous, vos associations, tout est en Christ. Telle n'était pas la doctrine du commencement du Christ. Que trouvons-nous lorsque Christ était sur la terre? Il parlait alors du jugement à venir, auquel croyaient ceux à qui il s'adressait. Les pharisiens croyaient à une résurrection des morts; il y avait des baptêmes, c'est-à-dire des ablutions. Les Hébreux avaient eu toutes ces choses, qui composaient une religion terrestre, et que Dieu sanctionnait jusqu'à ce que la croix fût venue. Le Messie venant sur la terre était le commencement, mais maintenant je laisse cela; je ne nie pas ces choses, — elles sont toutes vraies, — mais j'en ai d'autres. Saul pouvait être le saint le plus avancé lorsqu'il était sous les anciennes choses, mais sans connaître Christ. Mais supposez des personnes «qui ont goûté du don céleste, qui sont devenues participantes du Saint Esprit, et qui ont goûté la bonne parole de Dieu», puis, qui abandonnent tout cela, que peuvent-elles faire alors? Supposez qu'elles aient reçu toutes ces choses dans leurs esprits et les laissent, qu'y aura-t-il pour elles? Il peut y avoir une marche en avant qui va de la foi en un Christ humilié, à un Christ glorifié, mais au delà il n'y a plus rien.

Il n'y a rien qui parle de vie dans le fait d'être devenus participants du Saint Esprit. Cela place fortement, devant nous, la présence effective du Saint Esprit et la puissance par lui, mais c'est une chose très différente de la vie, et que, néanmoins, nous avons besoin de connaître. Nous devons avoir cela, outre la vie. Si nous sommes nés de l'Esprit, il y a de la puissance pour nous par la présence d'une personne, qui peut agir dans une autre qui n'a pas la vie. Il peut y avoir de la lumière dans une âme sans la moindre trace de vie. Prenons le cas de Balaam, par exemple. L'Esprit de Dieu vint sur lui; il vit la bénédiction qui reposait sur le peuple de Dieu, et il en parla. Il avait de la lumière, mais son âme était endormie, et il dut dire: «Je le vois, mais non pas maintenant». C'était tout l'opposé de la vie. Vous pouvez voir un homme tout près de la vie, voyant toute la bénédiction qui s'y trouve, mais ne l'ayant pas. Or si toutes les bénédictions célestes sont vues et rejetées, que peut-il rester d'autre?

«Qui ont goûté la bonne parole de Dieu». — Simon le magicien en est un exemple.

«Les miracles du siècle à venir», ces miracles qui abattent la puissance de Satan. Dans le jour qui vient, cette puissance remportera la victoire sur tout le pouvoir de Satan. Simon le magicien aurait voulu avoir cette puissance lorsqu'il l'eut vue.

 «Il est impossible que ceux qui… et qui sont tombés, soient renouvelés encore à la repentance, crucifiant pour eux-mêmes le Fils de Dieu, et l'exposant à l'opprobre». La nation avait crucifié Jésus, mais ceux qui le crucifièrent ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Maintenant le Saint Esprit avait répandu la lumière, et ceux qui tombaient le faisaient pour eux-mêmes; ce n'était pas par ignorance, mais par volonté. Il y a des personnes qui reçoivent immédiatement, avec joie, la parole, — c'est ce fait même qui prouve qu'il n'y a pas de racine. Elles veulent bien l'avoir dans la joie, mais l'abandonnent dans la tribulation. La parole de Dieu ne produit pas toujours de la joie. Quand elle entre dans l'âme et atteint la conscience, quand elle laboure ce terrain jusqu'alors en friche, et qu'elle juge les pensées et les intentions du coeur, il n'y a pas de joie. Elle déchire le coeur afin qu'il produise du fruit, mais c'est pour la vie et le bien de l'âme. Ici, il ne s'agit pas simplement de la joie d'avoir entendu la parole, mais d'avoir goûté la bonne parole touchant un Christ glorifié. Il n'est pas question ici de vivifier. On peut être vivifié sans avoir le Saint Esprit; ainsi Moïse était vivifié, mais il n'avait pas été baptisé du Saint Esprit. Le Saint Esprit n'était pas venu avant le jour de la Pentecôte; il se fit alors du ciel un son, comme d'un souffle violent et impétueux, et il remplit la maison où les disciples étaient assemblés, mais ce n'était pas pour donner la vie. La puissance est une chose, donner la vie en est une autre. Au jour, de la Pentecôte, ceux qui étaient déjà vivifiés devenaient l'habitation de Dieu par l'Esprit, et il y eut des manifestations de la présence de Dieu, des langues, etc., toutes choses qui anticipaient l'établissement du royaume.

C'est après que le salut a été donné, après que l'âme est née de Dieu, que le Saint Esprit vient dans le croyant comme sceau, comme arrhes et comme onction. Je puis goûter, en quelque mesure, la puissance, sans être scellé, mais comme croyant j'ai le sceau, je suis brisé en moi-même, et n'ai pas seulement «la joie» en le recevant. Je suis un pêcheur, en moi n'habite point de bien; or cela est une question directe entre mon âme et Dieu; ce n'est pas comme Simon le magicien, croyant à cause des miracles qu'il voyait. Avant d'être converti, je croyais qu'il y avait un Christ tout autant que je le fais maintenant. Lorsque Christ était sur la terre, bien des personnes, après avoir vu les miracles qu'il opérait, s'en retournaient chez elles sans que leur coeur eût été touché. Mais quand l'Esprit de Dieu opère dans notre âme, il nous montre ce que nous sommes, et fait que nous nous soumettons à la justice de Dieu. Il laboure toute l'âme et tout l'être d'un homme, — fait qu'il se soumet à la justice de Dieu, — lui montre sa position dans le Christ ressuscité, — lui montre que tout est à lui. Or, goûter ces choses dans la puissance de la vie, est tout à fait différent du fait de les voir seulement. Si vous avez rejeté ces choses glorieuses, il ne reste plus rien pour vous. Si vous ne voulez point avoir Christ, qu'aurez-vous d'autre? Ici, l'avertissement est en rapport avec le Saint Esprit; au chapitre 10, c'est avec le sacrifice. Ce qui suit montre bien qu'aucun changement n'était supposé dans l'homme: «La terre qui boit la pluie… reçoit de Dieu de la bénédiction; mais si elle porte des épines et des chardons, elle est réprouvée». Le terrain est bien le même — la pluie l'arrose aussi, mais il produit des chardons. Il en est ainsi chez les hommes; il peut n'y avoir rien en eux qui porte du fruit. Le résultat de la vie se voit dans le fruit, non dans la puissance. L'ânesse muette pouvait parler; c'était de la puissance, mais non de la vie spirituelle.

«Mais nous sommes persuadés, en ce qui vous concerne, bien-aimés, de choses meilleures et qui tiennent au salut» (verset 9). Ici, nous voyons le travail d'amour; il y a donc la vie. Peut-être ne se trouve-t-il que très peu de fruit, mais l'arbre n'est pas mort s'il y a du fruit, — «des choses qui tiennent au saint», non pas seulement de la puissance, non pas seulement de la joie, — toutes deux peuvent exister sans la nature divine. «Quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, et quand même j'aurais la foi de manière à transporter les montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien». Judas pouvait chasser les démons tout comme les autres apôtres, mais Christ dit à ses disciples: «Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux». La relation de notre coeur avec Christ, la conscience que Dieu a écrit notre nom dans les cieux, voilà ce qui est précieux (verset 10). Ici, nous trouvons du fruit; l'amour des frères est là, la nature divine s'y trouve, et «la pleine assurance de l'espérance jusqu'au bout» est la chose désirée par l'apôtre pour les saints. Nous pouvons regarder à cela.

Quand la semence tombe dans un endroit pierreux, elle lève rapidement; mais il n'y a pas de racine. Lorsque la parole n'atteint pas la conscience, il n'y a pas de racine, pas de vie, et, par conséquent, point de fruit. Vous pouvez pleurer sur Christ et être sans vie, comme les femmes qui sortaient de Jérusalem. La chair ne peut pas aller jusqu'au bout, lorsque la vie divine est absente. On peut espérer des miracles, sans connaître le Seigneur et sans être connu de lui. Un atome d'esprit brisé vaut mieux que de remplir le monde de miracles (verset 6). L'église professante est juste dans cet état. Il doit y avoir apostasie et elle doit être retranchée; cela est annoncé en Romains 11: «Si tu persévères dans cette bonté, autrement tu seras aussi coupé». L'apostasie viendra, et il n'y aura pas de renouvellement à la repentance.

Quelques mots pour nous, maintenant, sur ce que nous avons en Christ. Nous avons les choses célestes, nous sommes associés avec Christ dans le ciel; «parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez». J'ai tout en Christ. Il est ma vie, ma justice devant Dieu, et Dieu repose avec délice en moi parce que je suis en Christ. Où est ma place en Christ? Dans le ciel, et il m'a donné le Saint Esprit pour que je le sache et que j'en jouisse, de sorte que mon âme se repose en cela, comme étant le témoignage de Dieu. Dieu ne peut pas mentir. Abraham avait une promesse et il crut à la promesse; un serment, et il y ajouta foi. J'ai plus que cela. Je crois Celui qui a accompli la promesse. J'ai maintenant une justice en la présence de Dieu, et nous avons davantage en espérance, savoir la gloire qui appartient à sa justice. J'ai la vie, la justice, le Saint Esprit comme sceau; de plus, le Précurseur est entré au dedans du voile, et le Saint Esprit me donne la conscience de mon union avec lui, et non pas simplement du fait que le péché est ôté. Nous avons l'Esprit en vertu de la justice. Le Saint Esprit est venu me dire que je suis dans ce Christ entré au dedans du voile. Quelle est la conséquence pratique de cela? Si la gloire de Christ est mienne, je vais après lui; alors tout ce qui est dans le monde n'est plus que des ordures.

«Ils auraient eu du temps pour y retourner» (chapitre 11: 15); cela s'applique au cas où la foi est exercée et mise à l'épreuve. Vous qui avez connu le Seigneur depuis quelque temps, vous avez eu du temps pour retourner, l'avez-vous fait? Dites-moi, comment les choses ont-elles été pour vous? Une pierre laissée sur le sol s'y enfonce graduellement. Il y a dans les choses présentes une tendance constante à abaisser le niveau des affections — ce n'est pas le péché ouvert, mais ce sont les devoirs de la vie, et il n'existe pas de plus grand piège. Nous avons un seul devoir, c'est de servir Christ. Du côté de Dieu, tout est lumière.

Chapitre 7

L'apôtre, ayant maintenant abordé le sujet de la sacrificature, montre l'excellence de celle de Christ selon l'ordre de Melchisédec, et s'en sert pour ramener les Hébreux de ce qui était selon le «commandement charnel», à ce qui est selon «la puissance d'une vie impérissable».

La sacrificature est selon l'ordre de Melchisédec, mais d'après l'analogie d'Aaron — Christ n'est pas encore sorti du lieu très saint. Des arguments sont tirés de l'Ecriture pour montrer que cette sacrificature est beaucoup plus excellente que celle d'Aaron, et un point important est établi, c'est que, «à la ressemblance de Melchisédec, un autre sacrificateur se lève». Cela met de côté le premier. Mais aussitôt que disparaît la sacrificature aaronique, c'en est fait de tout le système qui s'y rattache, car elle en est la clef de voûte. Les propres Ecritures des Hébreux annonçaient qu'il devait y avoir une autre sacrificature, et elle était maintenant venue. Or, dès qu'il est question de Christ, le Saint Esprit développe toute la beauté et l'excellence de ce qui se rapporte à sa personne.

Le chapitre 14 de la Genèse et le Psaume 110, renferment tout ce que nous savons de Melchisédec, et nous font connaître le mystère de sa personne et sa gloire. Lorsque Christ était sur la terre, les Juifs ne pouvaient pas comprendre comment il pouvait être à la fois le Fils et le Seigneur de David. Dans le Psaume 110, au verset 4, c'est Jéhovah qui parle, et non pas au verset 7. «Il boira du torrent dans le chemin;» c'est-à-dire, en s'humiliant lui-même, sa tête sera élevée.

La partie de l'histoire d'Abraham présentée en Genèse 13 et 14, est d'un haut intérêt. Il en a entièrement fini avec le monde, tandis que Lot, dans son chemin égoïste, aime le monde et le choisit, tout en étant un croyant. Abraham n'agit pas ainsi; il abandonne le monde dans la puissance de la foi. Lot était assujetti au monde; Abraham avait une entière puissance sur le monde, parce qu'il l'avait abandonné. Il n'en aurait pas voulu accepter depuis un fil jusqu'à une courroie de soulier. Alors Dieu lui dit: «Je suis ton bouclier et ta très grande récompense». Il avait Dieu. Ayant abandonné le monde, il en était victorieux, et il avait Dieu pour son bouclier.

C'est après sa victoire que Melchisédec vient à sa rencontre. Dans le jour à venir, cela sera réalisé en Christ venant à la rencontre de son peuple, et maintenant cela s'applique à nous d'une manière céleste. «Sacrificateur du Dieu Très-haut»; ces paroles font ressortir en entier le caractère particulier de Melchisédec. Abraham avait vaincu par la foi. Il connaissait Dieu par la foi. Maintenant, Dieu se fait connaître à lui comme étant le «possesseur des cieux et de la terre». Les puissances des nations étant brisées, Dieu gouverne et fait ce qu'il lui plaît, et Nébucadnetsar lui donne le titre de «Dieu Très-haut». Il prend sa grande puissance et règne comme le Dieu Très-haut. Tel n'était pas le nom sous lequel il était connu à la foi d'Abraham; c'était sous le nom de Shaddaï — le Tout-Puissant. «Je suis», lui dit-il, «le Dieu Tout-puissant; marche devant ma face». Abraham était appelé à marcher devant la face de Dieu, et Dieu ne souffrait pas qu'aucun homme lui fit du mal, tandis qu'il traversait ce monde. C'est sous son nom de Jéhovah, le seul vrai Dieu, que Dieu avait placé son peuple en relation avec lui-même — tout ce que l'on adorait en dehors de Jéhovah n'était que des faux dieux. En contraste avec ces noms et ces relations, nous sommes en relation avec Dieu comme Père; toutefois, la foi les reconnaît tous. Le «Très-Haut» exprime autre chose; «possesseur des cieux et de la terre», est en rapport avec ce que nous lisons en Colossiens 1: «Réconcilier toutes choses avec elle-même [la plénitude],… soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux»; et en Ephésiens 1: «Réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre». Il sera le possesseur des cieux et de la terre. «Sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec»: dans ce caractère de sacrificateur du Très-Haut, il a remporté une pleine victoire sur la puissance du monde. L'héritier de la promesse est le grand vainqueur. Dans le Psaume 91, nous voyons que celui qui a découvert qui est ce Très-Haut (on ne trouve jamais le nom du Père dans les Hébreux; il y est parlé du «trône de la grâce»), celui qui a trouvé ce secret, aura les bénédictions du Dieu d'Abraham. C'est l'expérience que fait Ezéchias, lorsque insulté par l'ennemi qui lui jette ces paroles: «Les dieux des nations ont-ils bien délivré chacun son pays de la main du roi d'Assyrie?» (2 Rois 18: 33). il peut dire: «J'aurai pour moi Jéhovah, le Dieu d'Israël, maintenant méprisé, mais qui vaincra au milieu des dieux des nations» (Psaumes 91: 2). Maintenant il n'y a plus de secret dans son nom (verset 9). Satan cite le Psaume 91, à Jésus, pour l'engager à s'appliquer, en dehors des voies de Dieu, les promesses qui y sont faites au Messie. Jésus répond: «Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu» (Luc 4: 10-12). Tenter Dieu, c'est l'éprouver pour voir s'il est aussi bon que sa parole, — pour voir s'il est vrai. Mais nous n'avons pas à mettre Dieu à l'épreuve. Connaître le Très-Haut, c'est voir qu'il est Jéhovah, le Dieu d'Israël. Lorsque Christ aura pris son pouvoir royal, il sera sacrificateur et roi comme Melchisédec; il sera sacrificateur sur son trône (Zacharie 6: 13). Le conseil de paix dont il est parlé dans ce passage, est entre Jéhovah et ce sacrificateur assis sur son trône: «la justice et la paix se sont entre-baisées» (Psaumes 85: 10). Quant à Aaron, il ne fut jamais roi.

Après la victoire, Melchisédec apporte du pain et du vin. Là où se trouve la vie de la foi, il n'y a aucune pensée d'un sacrifice pour assurer la bénédiction, mais il apporte des rafraîchissements pour le vainqueur, du pain et du vin, accompagnés d'actions de grâces: le pain, symbole de ce qui fortifie, et le vin, de ce qui rafraîchit et réjouit le coeur de l'homme. Le peuple sur la terre est introduit dans une pleine bénédiction. Melchisédec bénit le Dieu Très-haut de la part d'Abraham, et bénit Abraham de la part de Dieu.

La sacrificature terrestre prend le caractère de joie et de bonheur, quand la victoire a été remportée. Melchisédec était roi de Salem (de paix) et roi de justice. Il n'est pas question ici de justice divine; c'est la justice établie. Il gouverne selon elle, — «la justice regardera des cieux», — c'est la justice dans sa personne et la miséricorde manifestée envers ceux qui ne la méritent pas. Il est dit en Esaïe: «Un roi régnera en justice; et il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l'orage» (chapitre 32: 1, 2). «La justice et la paix se sont entre-baisées», la justice est le caractère du gouvernement, et la paix est l'effet de la justice. Nous en jouissons maintenant d'une manière plus élevée, d'une manière divine; nous l'avons dans nos âmes, mais elle sera sur la terre, en Melchisédec, roi de justice et roi de paix. Dans le Psaume 110, nous voyons Christ assis à la droite de Dieu, et nous sommes en relation avec lui pendant le temps qu'il est assis en haut, «jusqu'à» ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds. Son peuple sera de franche volonté au jour de sa puissance; nous, par grâce, nous le sommes maintenant (Psaumes 110: 3). «Du sein de l'aurore te viendra la rosée de ta jeunesse;» c'est-à-dire toutes les nouvelles générations d'Israël, quand une bénédiction nouvelle sera répandue sur la terre. Christ viendra en puissance, et dominera sur ses ennemis. Il jugera les nations. «Il boira du torrent dans le chemin», c'est-à-dire disposé à accepter le rafraîchissement dans le chemin, étant parfaitement dépendant. «C'est pourquoi il lèvera haut la tête». Il sera exalté. Jésus a dit: «Je leur ai donné les paroles que tu m'as données», et sa dépendance parfaite a été récompensée par son exaltation. Quand on considère son titre de sacrificateur, il est selon la puissance d'une vie impérissable, mais ce n'est pas ainsi qu'il s'exerce maintenant. Ce sera lorsque «la justice et la paix» s'entre-baiseront. Il était nécessaire que l'expiation eût lieu. Les Juifs avaient rejeté la promesse aussi bien que la loi, et maintenant ils doivent venir comme tout autre pauvre pécheur, pour être justifiés gratuitement, par grâce.

Mais il y a plus, relativement à la dispensation; il y a la question de la nouvelle alliance. Nous avons à voir quelle y est notre part. La nouvelle rend ancienne la première qui fut faite en Sinaï; elle s'adressait à l'homme dans la chair, affirmant des droits sur lui. La nouvelle alliance est sur ce fondement que la loi est écrite dans le coeur et que le pardon est donné. La nouvelle alliance est traitée avec Israël et Juda, mais n'avons-nous rien à faire avec elle? Je ne dis pas cela; le sang de Christ a été répandu, comme il le dit: «Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs». Tout ce qu'il fallait faire pour y introduire les Juifs, Dieu l'a fait; leur entrée dans la nouvelle alliance est différée à cause de leur incrédulité. Qu'avons-nous donc? Christ est ministre de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit. Nous avons la loi dans nos coeurs, et nous avons aussi le pardon. Nous jouissons de toutes les bénédictions de la nouvelle alliance — le fondement selon Dieu est entièrement posé. Nous avons Christ, dans les entrailles duquel la loi était cachée (Psaumes 40), et non pas la lettre, — celle-ci a été faite avec Israël et Juda, bien qu'actuellement ils soient en dehors. De plus, je suis un avec le Médiateur de la nouvelle alliance. Comme faisant partie de l'Eglise, je suis un membre de son corps, vérité qui n'est pas énoncée dans l'épître aux Hébreux, il est vrai, mais je suis membre de son corps, tandis qu'il est au dedans du voile et non point revêtu de son caractère aaronique, je suis associé avec lui. Le sang sur lequel tout est fondé a été versé; il est allé accomplir ce qui se rapporte aux choses célestes et, tandis qu'il est en haut, je suis en relation avec lui. Je jouis de l'efficacité du sang. Il est là-haut sur le trône, en preuve de son acceptation. Il est notre précurseur dans la gloire où nous allons entrer. Il est sacrificateur à toujours, tandis que je suis ici-bas dans l'infirmité. En contraste avec les sacrificateurs qui mouraient, lui est sacrificateur «selon la puissance d'une vie impérissable». Tandis qu'il attend jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds, il fait tout pour ses amis; il a envoyé le Saint Esprit pour nous associer à lui dans le ciel, et il maintient notre communion avec Dieu jusqu'à ce qu'il vienne. Dans les Hébreux, les figures ne se rapportent point au temple, mais au tabernacle dans le désert. Celui qui est sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec est entré au dedans du voile. Dieu a eu en vue de meilleures choses pour nous, et nous sommes entrés dans cette association céleste avec lui.

Le chapitre 7 des Hébreux, démontre la supériorité de la sacrificature de Christ. «A perpétuité» (verset 3), ce fait sur lequel il est beaucoup insisté, a certainement une grande importance pour nous. Ce qui en résulte, c'est-à-dire la permanence de notre position, est mis en évidence dans les chapitres 9 et 10. La signification du mot rendu par «à perpétuité», n'est pas seulement «pour toujours», mais «sans interruption». La sacrificature aaronique pouvait être interrompue, — elle passait d'un homme à un autre, — mais celle de Christ, selon l'ordre de Melchisédec, est intransmissible. Dans sa nature même, elle porte le cachet de l'éternité; ainsi la valeur du sang de Christ est pour toujours, son efficacité est continuelle ou perpétuelle — c'est là la force de l'expression «à perpétuité». Que trouve-t-on maintenant en général dans l'état des âmes? Leur paix est-elle continuelle, ou bien lorsqu'elles ont la conscience d'avoir manqué, ont-elles besoin d'avoir recours à une nouvelle aspersion du sang? Le Juif devait offrir, pour chaque péché, un nouveau sacrifice, mais nous, nous avons un seul sacrifice dont l'efficacité dure sans interruption. La sacrificature dure et s'exerce continuellement. Si nous manquons, il y a un Avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste. La sacrificature est selon «la puissance d'une vie impérissable», et non comme celle d'Aaron; elle n'est pas dans le temple, mais dans «le vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, et non point l'homme». Elle est toujours là, intransmissible; il peut sauver «entièrement», ou «jusqu'à l'achèvement», à travers tout; «il est toujours vivant pour intercéder».

Melchisédec était un homme comme un autre, — cela va sans dire, — mais il était un personnage mystérieux apparaissant sur la scène sans origine connue. De qui était-il fils? On pourrait faire, à son égard, mille suppositions sans arriver à une conclusion. Pourquoi? Parce que Dieu a jugé à propos de laisser cela dans l'obscurité pour nous. Comme sacrificateur, Christ était sans généalogie, mais non pas comme homme: nous connaissons sa mère. De plus, il ne devait pas cesser d'être sacrificateur à un certain âge, comme ceux de la race d'Aaron: il l'est perpétuellement. «Assimilé au Fils de Dieu», c'est seulement comme sacrificateur. Nous voyons aussi que la royauté se rattache à la sacrificature.

Le fait qu'Abraham donne à Melchisédec la dîme du butin, est un autre point important. Dieu avait donné aux Israélites la sacrificature aaronique, les promesses, etc., mais il y avait quelque chose de plus grand, quelque chose qui s'était passé précédemment, et qui était au-dessus et allait au delà de tout ce qu'ils avaient. En Abraham, Lévi donne la dîme à Melchisédec, ce qui montre bien la supériorité de celui-ci sur Lévi. Les versets 12-14 montrent que les Hébreux ont à abandonner tout ce qui s'appliquait à Aaron.

Les versets 18 à 20 nous dévoilent le secret de tout. Ce qui existait auparavant a été abrogé, parce que ce n'était pas parfait, et il y a eu l'introduction d'une meilleure espérance, par laquelle nous approchons de Dieu. Tel est le résultat. Les Juifs pouvaient-ils approcher ainsi? Non. «Nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties», mais nous avons une chose meilleure, «nous approchons de Dieu». La parfaite propitiation a été faite, — le voile est déchiré, — le souverain Sacrificateur est dans le ciel: et, lorsqu'il en sortira, nous sortirons avec lui (voir Colossiens 3: 4).

Il y a un moment où le vrai Melchisédec apparaîtra en gloire. Etre assis sur le trône même de Dieu est la place la plus élevée. Maintenant, le Seigneur est assis à la droite de Dieu, dans toute la plénitude et l'éclat de sa gloire, et tandis qu'il est là, nous sommes associés avec lui en tout — morts avec lui, etc. Puis, quand il sera manifesté, nous serons manifestés avec lui en gloire. Nous pouvons aussi nous considérer comme associés et unis à lui dans la sacrificature: il est le souverain Sacrificateur, et nous sommes sacrificateurs. Le Saint Esprit qui a été envoyé d'en haut, nous associe avec lui dans le ciel. Nous ne pouvions pas recevoir le Saint Esprit jusqu'à ce que Jésus eût été glorifié; mais, ayant en lui une justice parfaite, nous sommes assis en lui dans les lieux célestes.

(Verset 25). «Il peut sauver entièrement tous ceux qui s'approchent de Dieu par lui». Nous ne venons pas à lui, le sacrificateur, mais il va à Dieu pour nous, et nous allons à Dieu par lui. Comme Seigneur, nous sommes venus à lui, mais non comme sacrificateur. Il intercède et nous relève, lorsque nous avons manqué. Il veille toujours, et tandis que souvent nous ne pensons pas à lui, lui pense toujours à nous.

(Verset 26). «Car un tel souverain sacrificateur nous convenait». Pourquoi cela? Il nous convenait! C'est que, si les Juifs avaient un culte d'adoration sur la terre, nous, nous allons plus haut que les cieux pour adorer. C'est là qu'est notre Sacrificateur, à la droite de Dieu, et cela détermine le caractère de notre culte. «Plus haut que les cieux», tel est le lieu où nous adorons. Dans le sens le plus complet, il s'est sanctifié lui-même lorsqu'il est monté en haut (Jean 17). Au lieu d'un sacrificateur qui soit joint avec nous dans le lien du péché et de ses conséquences (ce qui ne pouvait pas être — il était saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, mais ayant porté nos péchés sur la croix), il prend nos coeurs hors de ce monde présent et les élève dans la scène où il se trouve lui-même. Ce qui rend Christ propre à exercer la sacrificature, c'est qu'il peut me prendre là où il n'y a point de péché. Il a porté mes péchés. Sous le service judaïque, le péché n'était pas ôté, mais tel n'est pas maintenant le caractère de notre relation avec Dieu. Nous sommes morts, — morts au péché; on ne peut l'unir avec notre place sur la terre. Christ est monté «plus haut que les cieux». Nous n'avons point d'autre relation avec Dieu, si ce n'est en Christ, hors de la chair (non pas physiquement, sans doute, car nous avons le trésor dans des vases de terre). Christ, «élevé plus haut que les cieux,… nous convenait». Il y a, dans le monde, beaucoup de choses qui sapent cette vérité. On dit que nous ne sommes pas morts au péché, et que nous sommes associés avec Christ autrement que dans la mort. C'est erroné. Si je ne suis pas mort, je ne puis avoir aucune association avec Christ. Le voile est déchiré, le péché est ôté — le péché dans la chair est condamné — nous sommes morts. De jour en jour et de plus en plus, je vois les dangers qui menacent cette vérité, et combien il y a à lutter contre l'effort qui est fait pour nous amener à être associés avec Christ dans la chair. Il est ressuscité, et notre association est avec lui dans le ciel. Là est notre bourgeoisie. C'est une merveilleuse consolation pour nous de savoir que Christ a passé par tout ce que nous avons à traverser. Oui, il a tout traversé lui-même, «tenté, comme nous, en toutes choses, à part le péché». Et «il est toujours vivant pour intercéder pour nous», tandis que nos coeurs sont associés avec lui par la puissance du Saint Esprit.

Deux grands principes fondamentaux se rattachent au fait que nous approchons de Dieu par Christ: 1° Le lieu où nous approchons, comme donnant le caractère de sa sacrificature. 2° La non répétition du sacrifice: «Un tel souverain sacrificateur nous convenait». Le lieu où nous rencontrons Dieu est «plus haut que les cieux», et les questions: «puis-je approcher?» «comment approcher?» sont résolues par le fait que sa sacrificature s'exerce là où nous approchons de Dieu. Christ est d'abord descendu vers nous là où nous étions comme pécheurs; mais quand nous approchons de Dieu, ce doit être là où Christ se trouve maintenant. La place du sacrificateur, sous l'ordre judaïque, était le lieu saint; mais pour nous, il n'y a point de voile entre nous et le lieu très saint. Dieu est lumière; nous marchons dans la lumière. Nous devons donc être rendus capables de nous approcher de Dieu selon la lumière dans laquelle il est. La présence de Dieu est la pureté même, et en même temps la puissance de la pureté.

Dieu nous a d'abord visités quand nous étions ses ennemis, sans attendre que nous montions au ciel; mais quand nous allons à lui comme adorateurs, participants de l'appel céleste, nous sommes plus haut que les cieux. Notre relation avec Dieu est dans le sanctuaire, dans la lumière où il est, et pour cela il faut un souverain sacrificateur qui soit «saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux».

Les sacrificateurs juifs étaient des hommes qui étaient dans l'infirmité; pour entrer dans le lieu très saint, ils ne nous auraient pas suffi. Il est nécessaire que nous ayons un souverain sacrificateur capable de nous maintenir dans le lieu où nous a placé la justice divine. Le sacrificateur doit être «saint, innocent, séparé des pécheurs;» c'est-à-dire que l'oeuvre de la sacrificature s'accomplit en dehors de la région où le péché se trouve, l'oeuvre de Christ sur la croix nous ayant amené dans cette région. Il est séparé des pécheurs: quant à son propre état, moralement, il fut toujours un nazaréen, mais il s'est mis lui-même à part comme nazaréen en rapport avec nous. Il est là où se rend le culte.

Les fautes sont mesurées par la place que nous occupons. En Israël, il était dit aux sacrificateurs: «Vous porterez l'iniquité du sanctuaire». Nous sommes tous sacrificateurs — il n'y a pas une caste séparée de sacrificateurs — et toutes nos fautes et nos manquements sont mesurés par la place où nous sommes. Cette place à laquelle nous appartenons, où nous rendons notre culte, et où se trouve, notre sacrificateur, est en dehors de la portée du péché. Lorsque de fait nous serons là, nous pourrons laisser aller librement nos pensées et nos sentiments; nous n'y aurons plus besoin de nos consciences. Maintenant, il nous faut veiller sur toute chose; mais là, il y a une pleine liberté avec Dieu, il peut y avoir avec lui, le plus libre, le plus entier abandon dans toutes nos pensées et tous nos sentiments.

L'autre chose par laquelle notre souverain Sacrificateur diffère des souverains sacrificateurs d'autrefois, est qu'il s'est offert lui-même, une fois pour toutes, non pour ses propres péchés, mais pour ceux du peuple — pour l'Eglise et pour ceux d'Israël. Il l'a fait une fois pour toutes, pleinement, finalement, — cela ne peut être répété. Une fois pour toujours, constitue le plein caractère du sacrifice de Christ. Cela nous donne une position très distincte. Amenés dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, là où le sacrifice ne peut plus être répété, un sacrificateur se trouve là, en présence de Dieu, en vertu d'une condition inaltérable. Si Christ n'a pas porté et ôté nos péchés, ils ne le seront jamais. Son sang a été versé, il n'en a pas été seulement fait aspersion. Si vous avez été une fois sous l'aspersion du sang de Christ, quelque chose peut-il vous l'ôter? Son sang n'a-t-il pas toujours sa valeur. Je ne puis parler d'une nouvelle aspersion, si le sang n'a pas perdu sa valeur. Je puis avoir mes pieds lavés d'eau pour le renouvellement de la communion; mais quant à la personne, elle n'est plus jamais lavée de nouveau avec de l'eau, bien que les pieds aient souvent besoin d'être purifiés.

Dans trois cas, il y avait aspersion du sang en Israël: l'alliance, le lépreux et le sacrificateur (voyez Exode 24; Lévitique 14 et Exode 29). Dans le cas de l'alliance, l'aspersion eut lieu une fois pour toutes; elle n'a jamais été renouvelée, mais a été mise de côté pour faire place à une meilleure. Le lépreux et le sacrificateur recevaient l'aspersion une fois — elle n'était pas renouvelée. — On ne se replaçait pas sous la puissance de ce sang. «Si nous marchons dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière… le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché». Cela ne change point du tout; c'est céleste dans son caractère; c'est purifier et rendre propre pour Dieu dans la lumière, et c'est éternel dans son efficacité. C'est une place où nous sommes introduits pour toujours.

Laissez-moi m'arrêter un moment pour vous demander: «Jusqu'à quel point avez-vous oublié cela? Jusqu'à quel point êtes-vous sur un terrain juif?» Cela se lie à «la pleine assurance de foi». Nous devons être purs avant d'être là, comme Dieu est dans la lumière. C'est quelque chose de tout à fait différent, si la question de mon état vient à surgir. Comment est-ce que j'arrive à cette place, dans la lumière? C'est par la croix. Mais si j'y viens par la croix, suis-je souillé ou non? Je suis amené en la présence de Dieu; mais je ne puis m'y trouver sans avoir été purifié. Christ est venu à nous quand nous étions dans nos péchés, autrement il n'y aurait pas d'espérance; mais c'est par la vertu de son sang que nous allons à Dieu. Comment y allez-vous — purifié ou non? Ne savons-nous pas si nous sommes purifiés ou non? Nous pouvons être ignorants de nous-mêmes, mais nous savons si nous sommes purifiés ou non. Le moyen par lequel nous entrons en la présence de Dieu, c'est en étant purifiés. C'est tout à fait différent de la position de ceux dont la marche était sur la terre — commettant un péché et en étant purifiés, en commettant un autre et étant purifiés de nouveau. Le fruit de la lumière est bonté, justice, vérité. Si nous sommes faits enfants de lumière, ce n'est pas pour diminuer la lumière, mais pour juger toutes choses par elle. Tel est l'effet d'être là.

Chapitre 8

 «Assis à la droite du trône de la majesté dans les cieux». Pourquoi est-il dit assis? Parce que, si tout ce qui était nécessaire pour nous a été fait, Christ n'a rien de plus à faire. Je ne parle pas de son oeuvre sacerdotale, mais de ce qu'il a fait pour ôter nos péchés. Il s'est assis, il se repose, n'ayant rien de plus à accomplir (chapitre 10). L'offrande a été présentée et ne peut être répétée.

(Versets 2, 3). Tout ce qui se rapporte à la sacrificature se fait dans le ciel même, mais l'offrande est une autre chose. Celui qui offrait amenait la victime, le sacrificateur recevait le sang et le portait dans le tabernacle. Au jour des propitiations, il y avait encore une autre chose; le sacrificateur avait à traverser tout par lui-même; ce n'était pas l'oeuvre d'intercession qu'il accomplissait, mais celle de représenter le peuple. Christ a pris cette place. Il pouvait dire: «Mes iniquités m'ont atteint», car il portait nos péchés. Nous ne pouvons jamais parler de porter nos péchés; Lui, qui n'en avait point, les a portés pour nous. Il était, à la fois, la victime et celui qui confessait tous les péchés. Ensuite, il accomplit son service sacerdotal et porte le sang dans le sanctuaire, s'étant offert lui-même à Dieu sans tache. Il fut «fait péché». Il s'offrit lui-même librement, et les péchés furent placés sur lui; en premier lieu, il prit la terrible coupe, puis il fit l'aspersion du sang. Mais sa sacrificature est tout entière dans le ciel (*). Le tabernacle était sur la terre; il y avait un parvis qui l'entourait; être dans le parvis, c'était être hors du monde, mais non pas dans le ciel.

(*) Tandis que le Saint Esprit déployait devant les Hébreux la sacrificature céleste, il y avait, sur la terre, une autre sacrificature qui, bien que n'étant plus reconnue de Dieu, continuait cependant. C'était un moment de transition. L'objet de l'épître n'était pas seulement de faire connaître aux saints les privilèges célestes dont ils jouissaient actuellement, mais de les inviter à sortir du camp. Ensuite eut lieu la destruction de Jérusalem: alors les événements eux-mêmes parlèrent dans le même sens. Mais nous pouvons voir que les Hébreux sont traités, dans cette épître, avec beaucoup de ménagements et conduits pas à pas, car la seule conclusion qui apparaisse encore est que la promesse d'une nouvelle alliance rend ancienne la première qui, par conséquent, est près de disparaître. Nous savons, par d'autres écritures, qu'en principe, la croix avait aboli l'ancienne alliance, et que le sang de Jésus a posé la base de la nouvelle.

Jésus fut élevé (Jean 12) pour attirer tous les hommes à lui. Rejeté par les Juifs, Dieu le présenta, lui, le Christ mort, pour être le centre d'attraction pour tout le monde. Lorsqu'il vint accomplir son service et sa mission sur la terre, il était envoyé aux brebis perdues de la maison d'Israël; mais lorsque je vois Christ crucifié, c'est pour le pécheur quel qu'il soit, et la croix me fait voir l'amour parfait pour le pécheur et la propitiation pour le péché — c'est la parfaite grâce. Ensuite, en vertu de son sang qui a été versé, il entre, par le voile déchiré, dans le lieu très-saint, et j'y entre moi-même, en esprit, dans la présence même de Dieu, — mais non pas sur la terre. Les choses terrestres étaient un type et une ombre des choses célestes; notre place, maintenant est dans le lieu très-saint.

Il n'y a nulle place pour l'ancienne alliance. On fait souvent une grande confusion par rapport à l'alliance de grâce et la loi. La loi fut donnée en Sinaï. Toutes les promesses furent données sans condition; mais lorsque les enfants d'Israël sortirent d'Egypte, c'était différent. L'accomplissement de la promesse dépendait de leur obéissance, et tout prit fin parce qu'ils ne purent pas garder la loi. Pourquoi Dieu introduisit-il ce principe d'obéissance? Avec la promesse, il n'était nullement question de justice, mais lorsque la loi fut donnée, quelque chose ayant été exigé de l'homme, l'effet immédiat fut de faire ressortir le péché. Pourquoi la loi est-elle intervenue? Parce que nous sommes des créatures excessivement orgueilleuses, qui pensons pouvoir faire beaucoup.

La loi ne montrait pas ce que Dieu était, mais ce que l'homme devait être; et lorsqu'elle lui fut appliquée comme pierre de touche, elle manifesta le mal qui était en lui. Donnée à un pécheur pour lui dire ce qu'il devait être, c'était trop tard — il avait déjà manqué: le veau d'or fut érigé avant que les Israélites eussent reçu les paroles de la loi. Christ, au lieu d'exiger de l'homme, la justice, porte les péchés et opère la justice. Ce que nous avons en Christ est beaucoup plus que ce qu'exige la loi. La loi n'a jamais demandé qu'un homme donnât sa vie — bien moins encore que le Fils de Dieu mît la sienne. Il a glorifié Dieu là où Dieu avait été déshonoré, non pas seulement en marchant justement sur la terre; mais en lui Dieu a été glorifié.

Supposez que Dieu eût exercé le jugement en justice sur l'homme à cause du péché, où aurait été l'amour? Et s'il avait passé par-dessus les péchés, sans les juger, où aurait été la justice? Il y a eu un amour indicible et infini envers les pauvres pécheurs, et une justice infinie envers Dieu. C'en est fait du terrain entier de l'alliance de Sinaï — nous sommes morts sous elle; elle ne peut aller plus loin. La loi place l'homme sous la responsabilité. Vous placez-vous sur le terrain de votre responsabilité? alors vous êtes perdus.

C'est là toute la question des deux arbres dans le jardin d'Eden — la vie et la responsabilité. Christ, comme homme, a pris l'arbre du bien et du mal, — la responsabilité, — et sous elle, il est mort. Il s'est placé sous l'un et nous a donné l'autre, car il est la vie.

Ainsi, dans le chapitre 8, il y a une toute nouvelle alliance et elle rend ancienne la première. Selon la lettre, elle est traitée avec la maison d'Israël. Mais, en outre, il y a la grâce. Ce n'est pas: «je ne me souviendrai plus», mais: «je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés et de leurs iniquités». Il ne s'en souviendra absolument plus. C'est là notre place. Si une alliance est faite avec l'homme, c'est sa ruine certaine; parce que sa justice est exigée, il faut qu'il la garde, cette alliance. Mais ici, Dieu dit: «Je mettrai mes lois dans leurs entendements». Si un homme est placé sous l'ancienne alliance, il y a un «si» — si tu gardes. Mais sous la nouvelle, il n'y a point de «si». Cette alliance de la lettre est faite avec Israël, non avec nous, mais nous en avons le bénéfice: «Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui est répandu pour plusieurs». C'était abolir, par la mort, l'infraction à toute obligation. Israël n'ayant pas accepté la bénédiction, Dieu a introduit l'Eglise, et le Médiateur de la nouvelle alliance est monté en haut. Nous sommes associés maintenant avec le Médiateur, mais bientôt Israël entrera dans la nouvelle alliance. Paul en était le ministre, non de la lettre, ce qui ne se pouvait pas, mais de l'esprit. Les enfants d'Israël n'auront pas besoin de ministre de la nouvelle alliance, car chacun la connaîtra lorsque Dieu l'écrira dans leurs coeurs; et, en le faisant, Dieu (en parlant avec toute révérence) sera leur ministre. Nous ne l'avons pas selon la lettre, mais selon l'esprit, et ainsi nous en possédons toute la valeur, parce que le Médiateur de cette alliance est devenu notre vie, — nos péchés sont pardonnés, — nous sommes associés avec le Médiateur. Il est notre vie et nous jouissons, au dedans du voile, de toutes les bénédictions de la nouvelle alliance. Nous les avons toutes, pour cette raison même qu'elle n'a pu avoir son exécution avec le peuple pour qui elle était faite.

Voici maintenant la question qui se pose: Jusqu'à quel point sommes-nous sur ce terrain? Jusqu'à quel point votre foi a-t-elle saisi le fait que Christ a réglé tout ce qui était contre nous, et qu'il est entré au dedans du voile, parce que tous nos péchés ont été ôtés? La vraie lumière luit maintenant; cela ne pouvait être dit aussi longtemps qu'il y avait un voile et une sacrificature terrestre.

Pouvez-vous demeurer en la présence de Dieu sans voile, sachant que plus la lumière luit sur vous, plus il est évident qu'il n'y a pas une tache sur vous?

Chapitre 9

Dans le chapitre précédent, l'apôtre a touché un point très important pour les Hébreux, et aussi pour chacun de nous, c'est-à-dire les deux alliances. La première, faite à Sinaï, avait un caractère très distinct en ce qu'elle exigeait de l'homme la justice, et, par conséquent, enfantait «pour la servitude» (Galates 4: 24).

Ce qui distinguait la loi comme alliance, c'est qu'au lieu de la promesse, elle présentait la bénédiction sur le fondement de l'obéissance. Le caractère distinctif des dix commandements était qu'ils demandaient l'obéissance: «Tu feras ceci, tu ne feras pas cela», voilà ce qu'elle dit: il n'est pas question de nouvelle nature. Or, il nous est dit: «Sans la sainteté, personne ne verra le Seigneur». Il ne s'agit pas de savoir comment on obtient la sainteté: la nouvelle nature désirera obéir, mais c'est une chose autre que la justice provenant de l'obéissance. La nature de Dieu est sainte. Je ne parle pas de l'obéissance envers Dieu, mais de sa nature qui est sainte, et, pour être saints, nous devons avoir une nouvelle nature. La loi montrait bien Dieu comme étant saint, mais la condition de la loi était: «Si vous obéissez à ma voix»; ainsi les promesses de Dieu sont liées, sous la loi, à l'obéissance de l'homme. Cette alliance-là est maintenant entièrement mise de côté. Nous sommes appelés à l'obéissance, et nous sommes sanctifiés pour l'obéissance, mais ce n'est pas la même chose qu'être placés sous des conditions. La nouvelle alliance a rendu vieille la première, et Dieu a établi une nouvelle alliance avec Israël et Juda, mais non selon celle qu'il avait faite avec leurs pères, lorsqu'il les tira d'Egypte.

On peut dire que, dans le chapitre 9, l'apôtre insiste sur ce que sont les conditions de la nouvelle alliance. Si l'ancienne avait été parfaite, Dieu n'en aurait pas introduit une nouvelle. Dieu ne voulait pas que l'homme eût la bénédiction sur ce terrain, et pourquoi? Parce qu'il avait éprouvé l'homme et l'avait trouvé incapable de produire aucun bien. S'il s'agit d'être sur le terrain de ma justice, je ne puis avoir aucune bénédiction. L'homme doit être convaincu qu'il n'y a en lui aucun bien. Il ne peut se placer sur ce terrain de la justice qu'avec la prétention orgueilleuse de son coeur de pouvoir l'acquérir. Mais maintenant, le principe d'exiger quelque chose de l'homme est entièrement mis de côté, et ceux qui connaissent le principe de Dieu, savent que c'est seulement dans l'orgueil de son coeur naturel, que l'homme peut prétendre être béni de cette manière.

A moins que la grâce, et la grâce seule, ne pose un nouveau fondement, il n'y a absolument aucune espérance. Mais maintenant Dieu a introduit une chose nouvelle; il a indiqué dans les sacrifices de taureaux, de boucs, etc., un autre moyen d'être béni. Au lieu d'approcher de Dieu sur le pied que l'on est pur, on doit venir à lui en étant purifié du péché. Mais il était impossible que ces sacrifices ôtassent les péchés. La conscience n'était pas soulagée par ces observances cérémonielles qui n'étaient que des ombres et non l'image même des choses à venir. Elles ne faisaient que préfigurer le moyen d'approcher. On le voit, en ce que, outre le jour des propitiations, des sacrifices continuels étaient nécessaires pour garder purs les Israélites. Mais on ne venait pas à Dieu, sauf dans le sens où il dit: «Je vous ai portés sur des ailes d'aigle, et vous ai amenés à moi». C'est Christ qui est mort, le Juste pour les injustes, «afin de nous amener à Dieu». Dans le service du tabernacle, le peuple, ni même les sacrificateurs, ne pouvaient approcher. Nadab et Abihu prirent du feu étranger et offrirent celui qui n'avait pas été pris de l'holocauste; alors Dieu dit: Aaron n'entrera pas en tout temps dans le lieu saint, en dedans du voile. Ce n'était qu'au jour des propitiations que le souverain sacrificateur seul pouvait y entrer enveloppé de nuages d'encens.

En ce temps-là, il y avait bien une révélation de la part de Dieu, mais non une révélation de Dieu lui-même. Salomon avait dit: «L'Eternel a dit qu'il habiterait dans l'obscurité profonde». Moïse pouvait bien entrer sans voile en la présence de Dieu. Lorsqu'il en sortait, il mettait un voile sur sa face, mais quand il entrait, il l'ôtait. Moïse, comme médiateur, type de Christ, représentait la nation devant Dieu, mais la figure s'arrêtait là, et nous voyons Aaron qui ne pouvait entrer qu'une fois l'année. Son oeuvre s'accomplissait derrière le voile. Dieu pouvait bien donner aux Israélites des révélations touchant lui-même, mais jamais leurs consciences ne pouvaient se trouver purifiées en la présence de Dieu. Il y avait un voile non déchiré entre Dieu et le peuple et les sacrificateurs.

Il est très important de noter cela, à cause du principe qui met en contraste notre position et celle des Juifs. Nous sommes en la présence de Dieu, et nous y sommes toujours, — c'est le terrain chrétien, — eux n'y étaient jamais. Une purification journalière nous est nécessaire aussi, sans doute; mais, cependant, nous sommes toujours en la présence de Dieu, et c'est une chose bien peu réalisée actuellement par le peuple de Dieu. «Si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière», est-il dit. L'oeuvre est accomplie une fois pour toutes, et nous sommes approchés en vertu de cette oeuvre, et si nous ne sommes pas là par cette oeuvre, nous n'y serons jamais. Je parle ici de Dieu ayant égard à la propitiation, et de notre position en la présence de Dieu, et non point de notre relation d'enfants avec le Père. Nos sentiments peuvent varier de jour en jour, mais notre position devant Dieu ne change jamais en Christ. Et si nous rejetons ce seul sacrifice pour le péché, il n'y en a point d'autre.

 (Versets 3 et suivants). Personne ne pouvait entrer au dedans du second voile. La raison divine qui nous en est donnée est: «L'Esprit Saint indiquant ceci: le chemin des lieux saints n'a pas encore été manifesté». Le voile montrait que le peuple ne pouvait pas approcher de Dieu. Dieu pouvait leur donner des lois, les punir s'ils les enfreignaient, les rendre capables de s'attendre à lui, mais ils ne pouvaient s'approcher. S'il s'agit d'être en sa présence, je dois venir là où il est. En sa présence, le péché n'est pas mesuré par la transgression, mais par ce qu'il est: — «dans la lumière, comme il est dans la lumière». «Vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur». Le peuple de Dieu est maintenant amené devant lui dans la lumière, et toujours là; c'est là que Dieu l'a placé par la foi; il ne s'agit pas de nos sentiments. Aussi longtemps que subsistait le premier tabernacle, cela n'avait pas été du tout manifesté. Dieu se cachait (Esaïe 45: 15). Dès que le voile est enlevé, Dieu introduit les gentils aussi bien que les Juifs, mais la nature même des sacrifices excluait la pensée d'une rédemption éternelle. Leur répétition montrait que le péché était là, sans cela ils n'auraient pas été répétés. L'unique sacrifice pour le péchés ayant été offert, montre que les péchés ont été entièrement ôtés. La nature de ces sacrifices ne révélait jamais Dieu, et ne rendait jamais la conscience parfaite.

Il y a ici une autre chose pratique à remarquer. Il n'est pas dit seulement que le péché est ôté, mais que la conscience est parfaite; plus de conscience de péchés (non de pécher), c'est la même chose qu'une conscience parfaite. Nous avons tous une conscience de pécher, mais si j'ai la conscience de péchés, je ne puis venir à Dieu; comme Adam, je me cache de devant lui. Nous n'avons pas seulement ici le péché ôté de devant Dieu, mais aussi ôté de la conscience. Plusieurs reconnaissent bien la première chose, mais pensent, quant à la seconde, qu'ils ont besoin de pardon répété, de répétition de purification par le sang. Comment le péché a-t-il pu être ôté? Uniquement par les souffrances de Christ. Christ doit-il donc souffrir de nouveau?

Il y avait de la piété dans les saints de l'Ancien Testament, et la piété est une bonne chose, mais il n'y avait jamais une conscience purifiée. Jamais nous ne trouvons chez la plus pieuse personne sous la loi, le sentiment d'être en la présence de Dieu. Le souverain sacrificateur entrait une fois par an au dedans du voile, enveloppé de nuages d'encens; mais, maintenant, le chemin des lieux saints a été manifesté, le voile a été entièrement déchiré du haut jusqu'en bas, et la conscience est parfaite comme la lumière dans laquelle nous sommes.

(Verset 7). Sous l'ancienne alliance, c'étaient seulement les «péchés d'ignorance» qui étaient pardonnés; mais, maintenant, Dieu va à la source même chez l'homme. L'ancienne alliance agissait avec l'homme sur le pied de l'obéissance, maintenant Dieu amène le pécheur lui-même dans une nouvelle condition devant lui. L'ancienne alliance était un remède partiel avec la déclaration que le peuple ne pouvait pas venir en la présence de Dieu. C'était un témoignage pour Dieu, mais à présent, une chose nouvelle est manifestée — ce n'est pas de réparer ce qui est vieux — ce qui avait lieu sous l'ancienne alliance dans son caractère de remède partiel, mais une chose entièrement nouvelle: Dieu donne une nouvelle nature en Christ. Le système juif n'avait pas de provision pour les grands péchés; ainsi le psalmiste dit: «Garde ton serviteur des péchés commis avec fierté» (Psaumes 19: 13; comparez Nombres 15: 30-36). C'était une provision pour le vieil homme sans la vue de Dieu, au lieu que maintenant l'homme est amené parfait, dans une nouvelle nature, en la présence de Dieu.

(Verset 10). Certaines choses étaient imposées aux Israélites jusqu'au temps du redressement. Christ est venu «souverain sacrificateur des biens à venir». A quoi cela se rapporte-t-il? Quelques-uns trouvent une difficulté dans l'expression «les biens à venir», se demandant si cela se rapporte à ce qui était à venir pour les Juifs, alors que le tabernacle était debout, ou si c'est à ce qui est maintenant à venir. Je crois que cela se rapporte aux deux. Tout était nouveau en Christ, et était à venir sur un nouveau fondement. La base est posée pour l'entière et parfaite réconciliation de l'homme avec Dieu.

En Romains 3, Dieu montre sa justice à l'égard du support des péchés précédents, etc. La justice ne fut jamais révélée sous la loi — Dieu supportait les choses, mais il n'y avait aucune manifestation de la justice. Maintenant, «il montre sa justice». Elle a été révélée, quand la propitiation fut faite. Aussitôt il y a un autre terrain que celui de la promesse donnée à ceux qui marchent par la foi, comme Abraham. Il n'était pas question de venir en la présence de Dieu. L'ancienne alliance était sur l'ancien terrain, la nouvelle se place sur un terrain nouveau. L'oeuvre et le sang de Christ ne sont pas la provision pour les péchés du vieil homme, mais pour rendre parfaite la conscience du nouvel homme, afin de le placer en la présence de Dieu. Nous ne pourrions pas être en cette présence si nous avions une seule tache sur nous; mais, n'en ayant aucune, nous sommes amenés dans le ciel même. Christ est entré une fois pour toutes dans les lieux saints (verset 12). Il n'y est pas entré pour en ressortir et y rentrer, mais, par la vertu de son propre sang, il y est entré une fois pour toutes. Dieu en voyant le sang ne peut voir le péché. Il n'est pas question de mon appréciation de ce sang, mais la conscience se repose sur la valeur que Dieu y trouve. «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus». Mon coeur peut désirer de l'apprécier davantage, mais la question est: Comment puis-je me trouver en la présence de Dieu sans une seule tache? Dieu regarde au sang de Christ, et il ne peut alors regarder au péché, sans cela il n'y aurait pas de valeur dans le sang. Où est le sang? Il a été présenté à Dieu, non a l'homme, et Dieu l'a accepté. Il est impossible que Dieu impute au croyant un seul péché; ce serait mépriser le sang de Christ.

Une autre chose est que cela subsiste à toujours. Qu'est-ce que la foi? C'est penser comme Dieu pense. Si je dis que Christ est entré, une fois pour toutes, avec son propre sang, cela peut-il jamais cesser? Non; et alors je ne puis cesser d'être parfait; Christ a accompli l'oeuvre pour toujours, ou bien il ne l'a pas accomplie du tout. Une autre parole donne aussi à son oeuvre cette grande puissance, c'est: «Ayant obtenu une rédemption éternelle», et c'est «une fois pour toutes». Combien doit-elle durer? A jamais. Il n'y a pas seulement purification, mais aussi rédemption. Il m'a pris de la place où j'étais et m'a amené en la présence de Dieu — et m'a rendu propre à y être pour toujours. M'y aurait-il amené dans un état souillé? Tandis que le voile subsistait, je ne pouvais pas être amené dans la présence de Dieu; mais maintenant, c'est l'oeuvre de Christ qui m'y place. M'y a-t-il placé dans un état qui ne conviendrait pas? C'est impossible. Il nous a «obtenu une rédemption éternelle», lui «qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même à Dieu sans tache». Nous trouvons ici, d'abord, sa propre et parfaite volonté dans cette oeuvre. Il s'est offert lui-même; non seulement il dit: «Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté», mais, ici, rempli du Saint Esprit, il s'offre lui-même. Christ étant devenu un homme, fut obéissant en toutes choses; mais il y avait une autre chose, il vint offrir un sacrifice. Comme victime, il était un homme sans tache, et s'offrir en sacrifice était son acte propre; il l'a fait par l'Esprit éternel. Le point en question ici, n'est pas que les péchés ont été mis sur lui, mais qu'il s'est offert lui-même, afin que toute la question du bien et du mal fût réglée en lui dans la présence de Dieu. Il s'est offert lui-même à Dieu, pour que Dieu fit de lui ce qu'il voudrait; pour le faire malédiction s'il le voulait, et il a été fait malédiction; cependant, c'était sa volonté de prendre cette place.

L'homme avait besoin de rédemption (verset 12), et non pas seulement d'une légère purification. La rédemption consistait à nous tirer de la condition où nous étions. La gloire de Dieu demandait à être maintenue là où Dieu avait été déshonoré. L'homme était ici dans un état de rébellion et en même temps de ruine, sous la puissance de Satan, et lui, Christ, devait souffrir afin que Dieu fût glorifié, — et il s'est offert lui-même. Il l'a fait par la puissance de l'Esprit éternel. Il y avait en lui, comme homme, une énergie divine, non pas un simple sentiment, — et, de plus, il était «sans tâche» lorsqu'il fut éprouvé même jusqu'à la mort. Il était devenu un holocauste parfait, d'agréable odeur à Dieu. Chaque mouvement de sa volonté était pur; la pureté était dans toutes ses pensées, dans tous ses actes, et ce fut sans hésiter qu'il s'offrit lui-même pour être fait même cette chose haïssable — le péché. Il voulut être fait péché, être fait malédiction, même jusqu'à la mort; il s'offrit sans réserve. «Il a été fait péché pour nous,» mais il s'était donné pour cela, et c'est pourquoi c'était un parfum d'agréable odeur. Aucune offrande pour le péché n'était d'agréable odeur à Dieu: le mot employé pour indiquer que ces offrandes étaient consumées, n'est pas le même que lorsqu'il s'agit de l'holocauste. Pour l'offrande pour le péché, le mot signifie simplement brûler, dans l'autre cas, c'est faire fumer ou brûler l'encens. Cela ne lui était pas imposé, mais s'étant offert lui-même, il est devenu tel. Durant toute sa vie, il n'a pas connu le péché, mais, sur la croix, le péché fut mis sur lui, et à cause de cela, il passa par la mort — la mort, les gages du péché. Voilà pourquoi, quand il est parlé du sang, il est dit: «Combien plus le sang du Christ». Il y a deux choses: la personne qui s'offre elle-même, et la preuve de sa mort pour le péché — le sang qui est la preuve de la mort. Il y a journellement une purification, un lavage, mais c'est avec l'eau, et non pas pour être pardonné devant Dieu: que le Père pardonne est une autre chose. «Sans effusion de sang, il n'y a pas de rémission». Combien cela montre clairement que, si la rémission n'est pas faite par cela, elle ne le sera jamais; car le sang ne peut être versé une seconde fois. «Purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant;» nous revenons ici à la conscience. Et ensuite, nous avons «l'héritage éternel» (versets 14, 15), où il s'agit, de nouveau, de perpétuité.

Au verset 13, il est fait allusion à deux choses et non pas sans distinction; premièrement, au grand jour des propitiations, lorsqu'on offrait le sang de taureaux et de boucs, et, secondement, à la génisse rousse qui était pour la purification journalière, en vue de la communion. Cette dernière était faite une fois, la première se faisait une fois par an et se répétait d'année en année. Le sang de la victime était porté dans le lieu très-saint, et le corps brûlé hors du camp, ce qui signifiait que c'en était fini avec le judaïsme. Israël était le camp. Il avait une religion charnelle — la chair en rapport avec Dieu, ces deux ne pouvaient jamais être d'accord. Aussi tout ce système n'était-il établi que pour éprouver l'homme. Ici donc, le sang était porté au dedans du voile, et le bouc azazel emportait dans le désert, les péchés confessés sur sa tête. Ainsi les péchés étaient ôtés. Maintenant, notre place est au dedans du voile, en vertu du sang, et le péché est ôté. Le type nous montre que c'est là notre place. La «génisse» était destinée à faire l'aspersion sur celui qui était souillé, non point une aspersion avec du sang, mais avec de l'eau et quelque chose qui était en rapport avec le sang, savoir les cendres de l'animal (voyez Nombres 19). La génisse que l'on prenait dans ce but devait n'avoir jamais porté le joug; un homme pur devait l'égorger et faire sept fois aspersion du sang devant Dieu. La valeur du sang est toujours en la présence de Dieu, mais une personne souillée par l'attouchement d'un mort ne peut s'y trouver. Les cendres de la génisse devaient être mises dans de l'eau vive; elles montraient que le péché avait été consumé dans le sacrifice offert depuis longtemps. Les choses dans lesquelles nous avons manqué sont les mêmes pour lesquelles Christ est mort, et le Saint Esprit (l'eau vive) apporte à la conscience le sentiment de cette souillure pour laquelle Christ est mort, et qu'il a ôtée. Cela me fait beaucoup plus sentir le péché, tout en me montrant que tout a été ôté. Ce qui m'occupe n'est pas tant la culpabilité que ce qu'il y a de terrible dans le péché. Il y a donc une nouvelle aspersion avec de l'eau, non avec le sang; une nouvelle aspersion du sang mettrait en question la permanence de sa valeur. Le Saint Esprit apporte à ma conscience et à mon coeur la valeur de la mort de Christ, et ainsi la communion, qui est interrompue même par une pensée coupable, se trouve rétablie.

Il y a deux exemples de l'aspersion du sang faite une fois pour toutes: le cas du sacrificateur et celui du lépreux. La marche entière et toutes les pensées sont consacrées à Dieu selon la valeur du sang de Christ (Exode 29: 20; Lévitique 14: 14). Or cette valeur ne se perd jamais. Si je ne marche pas selon la valeur du sang de Christ, le Saint Esprit vient me rappeler que mon péché a réduit Christ en cendres, et j'ai ainsi un beaucoup plus profond sentiment du péché. Nous voyons que nous nous sommes laissés entraîner par ce qui a attiré la colère de Dieu, et par ce qui a causé l'agonie de Christ.

«Pour que vous serviez le Dieu vivant» (verset 14). Sous l'ancienne alliance, l'obéissance était requise de l'homme dans sa nature adamique; un voile était devant Dieu, l'homme était en dehors — et il devait y rester. Les sacrifices étaient une provision temporaire pour maintenir les relations avec Dieu, mais on n'approchait pas de Dieu. Christ, comme souverain sacrificateur des biens à venir, amène le nouvel homme, pour toujours, en la présence de Dieu. Le voile est déchiré, et, devant Dieu, se trouve un homme ressuscité avec la puissance de purifier. Telle est la perfection de la place dans laquelle nous sommes établis, et tout ce qui n'y convient pas est jugé selon cette place.

(Versets 16, 17). Le mot «testament» est bien employé dans ces deux versets. Voir cela facilite l'intelligence du passage. Partout ailleurs, lisez «alliance».

Nous avons donc ici une chose de la vie ordinaire qui nous est présentée pour expliquer la mort de Christ. En mourant, il nous a laissé toute la bénédiction — elle nous est venue directement dans toute sa puissance. Nous sommes affranchis une fois pour toutes par sa mort. Rien ne peut altérer cette bénédiction. Les bénédictions de la nouvelle alliance sont devenues valables ou ont été validées après sa mort.

La première alliance doit devenir ancienne pour qu'il puisse y en avoir une nouvelle; l'introduction de la nouvelle renferme en soi la mort. Dans cette épître, nous avons très peu de chose concernant l'oeuvre de Christ sous son aspect d'humiliation. Au premier chapitre, cette partie est introduite en rapport avec sa personne divine, qui, «ayant fait, par lui-même, la purification des péchés, s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux». La purification des péchés est mentionnée en passant, et ensuite il nous est parlé de sa gloire en haut. Les sujets traités surtout dans les Hébreux, sont la bénédiction et la félicité attachées au sacrifice de Christ, son exaltation et l'honneur qui lui est conféré. La valeur du sang de Christ nous est présentée ici sous trois aspects. En premier lieu, c'était le sceau de l'alliance, en rapport avec le fait qu'il est offert à Dieu. C'est aussi ce qui eut lieu en rapport avec l'alliance traitée avec Abraham (Genèse 15). Une personne se liant, par la mort, de la manière la plus solennelle, passe à travers les parties des victimes offertes en sacrifice. Le sang était le sceau du sacrifice. Ensuite, il purifie, et, troisièmement, il est versé pour la rémission des péchés.

Premièrement, nous avons la sanction de l'alliance par le sang. Une autre chose, qui s'y rattache étroitement, était la consécration par le sang. Il était fait aspersion du sang sur le lépreux pour sa purification, et sur les sacrificateurs pour leur consécration. L'alliance scellée et le peuple lié à cette alliance par le sang, puis le lépreux et les sacrificateurs, tels sont les trois cas dans lesquels nous trouvons l'aspersion du sang sur les personnes. Il faut que le sang, la puissance de la mort, soit introduit, sans quoi il y a une entière séparation d'avec Dieu. La merveilleuse efficacité du sang de Christ vient de ce qu'il introduit la mort; ceux qui sont séparés de Dieu lui sont ramenés par la mort de Christ. «Vous qui étiez loin, vous avez été approchés par le sang du Christ». Le sang est une figure représentant que la vie est ôtée. Le sang étant versé, l'être entier de l'homme est brisé; et l'agonie de l'âme de Christ sur la croix était la séparation d'avec Dieu: «Mon Dieu, mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» Les conséquences en sont des plus importantes pour nous. Où est l'homme avec toute sa volonté perverse, avec tout son péché, s'il est mort? C'en est fait de tout. «Celui qui est mort est quitte du péché». C'est une cessation absolue, cessation de tout l'être et de toute la volonté dans ce que l'homme était comme pécheur. Christ a pris cette place pour moi. Caïn et Abel, semble-t-il, étaient également propres à obtenir la bénédiction, mais chez l'un, la foi n'existait pas, il ne reconnaissait pas que la mort était intervenue entre l'homme et Dieu. Aussi longtemps qu'un homme cherche quelque bien en lui-même, il ne se voit pas comme mort. Cherchez-vous un homme mort ou un homme vivant? Vous attendez du fruit d'un homme vivant, et vous ne vous reconnaissez pas comme mort, si vous cherchez du fruit en vous-même. Si je suis mort, je ne chercherai pas à savoir si je suis mort ou vivant. Abel vint à Dieu avec un sacrifice de bêtes tuées. Il avait la foi. Nous ignorons comment il apprit cela, mais nous savons que la mort était intervenue, puisque l'homme fut revêtu de peaux d'animaux. C'est, en figure, ce qui fait notre paix. «Celui qui est mort est quitte du péché». Aussi longtemps que Christ était vivant sur la terre, rien n'était encore fait pour l'homme, quant à l'abolition du péché. «A moins que le grain de blé tombant en terre, ne meure, il demeure seul». Tout ce qui était ainsi démontré, c'est que, dans son état naturel, l'homme ne pouvait être réconcilié avec Dieu.

La première alliance ne fut pas inaugurée sans l'aspersion du sang, mais c'était pour placer le peuple sous la menace de mort. C'est comme s'il lui avait été dit: Si vous n'obéissez pas, tout est perdu (Jérémie 34: 16-20). Si les Israélites n'obéissaient pas, la mort devait être leur partage, parce qu'ils avaient promis l'obéissance et avaient scellé leur promesse en se plaçant sous l'aspersion du sang. Dans le cas d'Abraham (Genèse 15), Dieu lui avait fait une promesse, et l'avait scellée par la mort en passant entre les victimes divisées. La question de justice parmi des hommes vivants était soulevée par la loi. Il y avait diverses figures qui montraient qu'il fallait que la mort intervînt, mais l'obéissance était la règle, et par conséquent il n'y avait rien que manquement. Mais à travers tout on voit ce principe: il faut le sang. Maintenant, sous la grâce, nous voyons le péché entièrement aboli. Si nous étions morts, le jugement aurait dû nous atteindre; mais Christ ayant été manifesté et ayant porté le jugement pour nous, nous sommes entièrement affranchis de tout ce que nous avions à craindre. Lorsque Dieu fit cette alliance, il lui donna pour sanction l'aspersion du sang. Mais l'aspersion du sang ne fut pas faite pour Aaron lui-même; il était le type de Christ, qui n'avait pas besoin d'être consacré par le sang, mais qui a porté le sang au dedans du voile pour d'autres.

On voit ensuite l'aspersion faite sur les vaisseaux du tabernacle. C'est la purification et non le pardon. «Presque toutes choses sont purifiées par du sang, selon la loi;» il n'est pas dit toutes choses, parce qu'il y a une purification par l'eau qui n'est pas en rapport avec l'effusion du sang. Du côté percé de Christ sortirent du sang et de l'eau, représentant l'efficacité de la grâce qui expie et purifie. Un homme ne peut être purifié moralement sans la mort; la mort est nécessaire. C'est du côté de Christ mort que l'eau est sortie. L'eau représente la purification par l'Esprit, par le moyen de la Parole. Mais la mort est nécessaire. Il ne s'agit pas de purifier le vieil homme vivant, le vieil homme est mis à mort — je ne le reconnais pas comme vivant, mais il y a quelque chose qui vous appartient, qui doit être mortifié et tenu dans la mort, ce sont vos membres qui sont sur la terre. Le fondement de la purification est posé; c'est le sang de la génisse dont il est fait aspersion, sept fois, devant la porte du tabernacle; mais l'eau est la figure employée pour indiquer le moyen de la purification: «le lavage d'eau par la Parole». «Vous êtes déjà nets par la parole que je vous ai dite» (Ephésiens 5; Jean 15). Tenez-vous vous-mêmes pour morts et comme ayant la puissance de la vie en Christ. En dehors de Christ, je n'ai ni vie, ni justice, je n'ai rien. Si je regarde à l'eau pour être purifié ou pour quoi que ce soit, je dois y entrer par la mort, alors il faut de la foi. Si je regarde à moi-même comme à un homme vivant dans le monde, je vois que ma volonté agit et, par conséquent, je ne suis pas réellement mort. Si je me mets à m'enquérir, à chercher des pourquoi, je ne marche pas par la foi. J'ai à me compter pour mort — c'est la foi. Nous ne pouvons mortifier nos membres avant d'avoir pu dire: Je suis mort. Si le vieil homme n'est pas mort, il est péché. Il n'y avait d'abolition du péché que par la mort — la vie ôtée. «Sans effusion de sang, il n'y a pas de rémission», — il ne dit pas ici: sans aspersion de sang. Il faut que le châtiment soit appliqué à Celui qui a pris le péché sur lui. Dans la rémission des péchés se trouve compris le caractère de Dieu tout entier, sa majesté, sa gloire. Si Dieu n'agit pas envers le péché comme péché, il n'y a pas de justice — ce serait de l'indifférence. Il faut qu'il y ait souffrance pour le péché, et alors, quant à la mort, j'en suis quitte.

La rémission n'est pas en rapport avec l'aspersion et cela est important à deux points de vue: premièrement, il y avait une souffrance effective sous les conséquences du péché; et, en second lieu, la chose ne pouvait avoir lieu qu'une fois. Elle a été faite une fois pour toutes, et si je n'ai point par elle un pardon parfait de mes péchés, je ne l'aurai jamais. L'effusion du sang n'aura pas lieu de nouveau. Nous apprenons à apprécier toujours mieux la valeur du sang, mais l'oeuvre de Christ a une valeur parfaite dans laquelle les anges désirent regarder. La chose par laquelle j'ai la rémission ne peut plus jamais être refaite. L'eau n'a d'importance que pour autant qu'elle lave (il est parlé de laver et de faire aspersion); il n'en est pas ainsi du sang; celui-ci devait être présenté à Dieu, le juge offensé. L'efficace du sang est en dehors de nous-mêmes. Par rapport à l'homme, le sang le purifie une fois pour toutes, mais ce n'est pas tout; le sang a une efficace en lui-même, comme étant l'expression du jugement pour le péché, et dit à Dieu que le jugement a été subi et que le péché est ôté. Dieu dit: «Je verrai le sang et je passerai par-dessus». Cela est tout à fait distinct de l'application personnelle dans la purification. Il y a en elle une valeur spéciale pour l'homme, parce que lorsqu'un homme a été nettoyé, il n'aime pas à être sali, tandis que quelqu'un qui n'est pas purifié ne se soucie point d'être sali. Il est vrai que, lorsqu'il s'agit de l'eau, si quelqu'un a été régénéré par la Parole, c'est une chose faite pour toujours, faite une fois pour toutes; cependant outre cela, nous avons constamment besoin du lavage des pieds. Mais il n'y a pas de nouvelle présentation du sang à Dieu — point de nouvelle «effusion de sang». Il y a un accroissement de recherche spirituelle qui nous est nécessaire pour mieux connaître la valeur du sang de Christ, mais cela n'est point nécessaire à Dieu. Il en connaît toute la valeur.

(Verset 21). Trois choses se faisaient le jour des propitiations. Le sang était mis sur le propitiatoire, représentant Christ entré dans le ciel après avoir fait la propitiation pour les péchés, fondement sur lequel nous pouvons évangéliser tout le monde. Cela se rattachait au lot qui était pour l'Eternel (lisez Lévitique 16: 9, 15). La mort de Christ a glorifié Dieu, qu'il y ait une âme ou des milliers d'âmes de sauvées.

Tout était, par le péché, dans la plus entière confusion. Quelle espèce de monde est celui-ci? Où est la justice? où est l'amour? Quelle folie dans l'incrédulité! Comment l'homme résoudra-t-il, sans Dieu, le problème de toute la misère qui nous entoure? Où verrons-nous la bonté de Dieu? Comment pourrait-elle être expliquée sans Christ? L'indifférence à l'égard du péché n'est pas l'amour. Les hommes cherchent à se persuader que Dieu sera indifférent au péché. Mais lorsque je vois le jugement de Dieu sur Christ à cause du péché, je vois jusqu'au fond du coeur de Dieu, — sa justice est satisfaite, et, qui plus est, il peut se reposer dans son amour. Et si vous venez à Dieu comme un pécheur, et vous reposez en Christ, c'est la gloire de Dieu de vous voir là à cause du sang.

«Les choses célestes purifiées par de meilleurs sacrifices». Satan et ses anges sont là, et elles ont besoin d'être purifiées. Cette purification n'est pas la rémission. Il faut tout autant que la maison de Dieu soit purifiée, qu'il faut que son peuple soit justifié (comparez Colossiens 1).

Les péchés particuliers du peuple étaient confessés sur le bouc azazel. C'était la substitution (verset 26). Il y a une valeur perpétuelle dans le sacrifice de Christ. Il a souffert une fois pour toutes. Cette souffrance n'était pas le simple fait de la mort. L'agonie de son âme quand il s'écriait: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné», était beaucoup plus profonde que la séparation de l'âme d'avec le corps. La mort était les gages du péché, mais la colère de Dieu était versée sur Christ contre le péché. La mort, pour Christ, n'était pas simplement sortir du corps pour aller dans le paradis. Il payait les gages du péché, mais, en outre, subissait la colère. Or cela ne peut plus avoir lieu. Il est entré une fois pour toutes dans les lieux saints. S'il y était entré plusieurs fois, il aurait dû souffrir plusieurs fois. «Mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu». Je ne puis subsister en la présence de Dieu autrement que par le sacrifice de Christ, qui ne peut jamais être renouvelé. Il a aboli le péché, pourquoi souffrirait-il de nouveau? Il l'a aboli selon la gloire de Dieu.

 «En la consommation des siècles, il a été manifesté une fois». Cela peut sembler étrange en voyant combien de siècles se sont passés depuis qu'il est venu; mais cela ne veut pas dire chronologiquement, cela a été la fin de différentes périodes. Jusqu'à ce temps, Dieu avait fait l'épreuve de l'homme comme vivant dans ce monde. Cela est terminé, l'homme ne vit plus maintenant (je parle de l'homme moralement, comme jugé par Dieu); c'est pourquoi, il est dit dans les Colossiens: «Pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans ce monde?» L'homme a été mis à l'épreuve quant à la vie, et maintenant le figuier est coupé. Portait-il du fruit? Non, et c'est pourquoi il a été coupé. Le figuier représentait la nation juive, dans laquelle Dieu faisait l'épreuve de l'homme placé dans les meilleures circonstances. «Qu'y avait-il à faire à ma vigne que je n'aie pas fait pour elle?» dit l'Eternel (Esaïe 5). Christ vint chercher du fruit au figuier et, n'y en trouvant point, il dit: «Coupez-le; qu'aucun fruit ne naisse plus de toi». La «saison des figues n'était pas encore là;» ce n'était pas encore le moment de porter des fruits. Dieu, pour ainsi dire, avait dit: «Ils auront du respect pour mon Fils». Non; ils le mirent à mort, et l'homme, comme tel, ne peut plus à jamais porter de fruit. L'homme, dans la chair, est sous la sentence de mort. «Quand nous étions encore sans force… Christ est mort pour des impies», dit l'apôtre. Ainsi l'homme n'est pas seulement impie, mais sans force pour sortir de cet état. Christ doit clore l'histoire du vieil homme en portant le péché, et introduire une nouvelle chose. Alors Dieu fait un festin et invite à y venir; mais qu'ont fait les conviés? Non seulement ils ont rejeté le Fils, mais ils refusent de venir au festin!

L'homme a été pleinement éprouvé et maintenant, s'il veut avoir la bénédiction, ce ne peut plus être sur le terrain de la responsabilité, mais entièrement par grâce, par le second Adam (Romains 5). Si je crois cela, je découvre peu à peu la vérité touchant le vieil homme. Au commencement, nous ne voyons peut-être que les péchés grossiers. «Mais que faut-il faire quand je vois que je ne puis rien faire», direz-vous: Reconnaissez que vous êtes ruiné, et, comme Paul, «qu'en moi, savoir en ma chair, il n'habite point de bien».

«Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois — et après cela le jugement»; la mort est comme l'huissier qui nous amène devant le banc du tribunal, pour entendre le jugement. Mais ensuite, nous avons la contre-partie en grâce (verset 28). «Ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent», tous croyants. Que signifie, «sans péché?» Quant à sa personne, il était sans péché quand il vint la première fois dans ce monde; mais maintenant il va revenir — pourquoi? Pour s'occuper des péchés? Non; il l'a fait la première fois, et maintenant, entièrement a part du péché, il vient pour prendre les siens à lui-même. Pour ceux qui se confient en l'oeuvre accomplie à sa première venue, et qui attendent la seconde, il n'y a plus rien que bénédiction. Il y a une oeuvre faite en nous, pour nous rendre participants de celle qui a été faite en dehors de nous, mais ici il est question de l'oeuvre faite pour nous, tout à fait en dehors de nous. Quelle a été ma part dans la croix de Christ? La haine qui l'a mis à mort, et les péchés qu'il a portés, sont toute la part que les pécheurs ont eue dans ce qui y a été fait. En conséquence, il ne peut jamais y avoir une ombre sur l'amour que Dieu a manifesté à la croix de Christ. Il est parfait.

Chapitre 10

Nous avons, dans ce chapitre, la conséquence pratique de ce qui a été exposé dans le précédent, — c'est-à-dire l'unité du sacrifice, — «une seule offrande», fondement posé pour la nouvelle alliance.

Au lieu d'un homme chassé du paradis terrestre à cause du péché, il y a maintenant un homme — le second homme — qui, selon la justice divine, est entré dans le paradis de Dieu, en vertu d'un nouveau titre que l'homme n'avait jamais eu auparavant. La conséquence en est que, lorsqu'il reviendra en gloire, il n'aura rien à faire avec le péché. Il est venu une fois pour le péché, mais quand il viendra la seconde fois, ce sera sans aucune question de péché pour compléter le salut déjà opéré. Quand il reviendra, ce sera pour introduire l'homme (*) dans la pleine félicité où il se trouve lui-même. «Il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent». Ce ne sera pas seulement pour l'Eglise; la chose est ouverte pour le résidu, quand Christ apparaîtra à la terre (**).

(*) Il va sans dire que par là, il faut entendre les rachetés. (Note du traducteur)

(**) Les paroles du texte n'expriment pas la plénitude de l'espérance de l'Eglise qui est d'être avec lui. Ce verset fait plutôt allusion à son apparition, mais il exprime l'espérance de l'Eglise et du résidu, considérés comme pèlerins ici-bas.

Le chapitre 10 montre l'effet produit sur la conscience par le sacrifice de Christ offert pour le péché. Nous n'avons pas simplement ici l'établissement des faits. Mon péché peut être ôté sans que je le sache; mais le christianisme nous fait voir comment la conscience est purifiée, et non pas seulement que les péchés sont ôtés. Si ma conscience est purifiée, il n'y a plus rien entre moi et Dieu. J'ai la pleine délivrance de toutes les conséquences du péché et un titre à la gloire, en vertu de la nouvelle chose qui a été accomplie. Quel est donc mon état actuel? Ma conscience est parfaitement purifiée, et c'est ce que la loi ne pouvait pas nous dire. Elle ne pouvait donc jamais rendre parfaits ceux qui s'approchent. Cela était réservé comme un témoignage pour l'évangile quand l'oeuvre serait accomplie. Lorsqu'un homme est dans la présence de Dieu, on connaît le plein effet que cela a sur la conscience. Il devait y avoir une répétition continuelle des sacrifices, aussi longtemps que le péché était là. Sous la loi, il y avait toujours une question de péché entre Dieu et son peuple.

Aux derniers jours, les enfants d'Israël obtiendront le salut en vertu du sacrifice de Christ. Ils seront bénis, par lui, du ciel; leurs pensées reposeront sur Christ venant vers eux sur la terre. Christ leur apportera la bénédiction là où ils sont, mais il ne les prendra pas au ciel. Or, cela n'est pas du tout notre part. Nous sommes avec lui, tandis qu'il est au ciel. Le Saint Esprit est venu, en conséquence du fait que Christ est entré dans le ciel. Il n'y avait point eu de sang porté au dedans du voile, ni de sacrifice porté hors du camp, jusqu'après le péché de Nadab et Abihu. Après ce péché, Aaron ne dut plus entrer en tout temps dans le lieu très-saint, mais seulement une fois l'an, pour faire aspersion du sang sur le propitiatoire. Le voile alors n'était pas déchiré, mais le péché étant manifesté au dehors, le sang devait être porté au dedans du voile. Le témoignage de l'acceptation pour Israël aura lieu quand Christ sortira du ciel. Il ne peut avoir ce témoignage, aussi longtemps que Christ est au dedans du voile. Pour nous, nous sommes associés avec lui dans le ciel, par le Saint Esprit qui en a été envoyé et qui nous fait ainsi connaître la valeur du sacrifice de Christ. Il va venir et nous prendra auprès de lui, afin que là où il est, nous, nous y soyons aussi. Nous devons être associés avec lui là, en haut.

Jusqu'à sa mort, cela ne pouvait pas être: Dieu aurait mis de côté la loi, si la plénitude de la bénédiction avait été introduite par elle, et la loi fut donnée à son peuple, non aux nations. Le résultat de l'oeuvre de Christ est qu'une conscience purifiée est mon état constant en la présence de Dieu. Ni une révélation, ni un prophète, ne sont nécessaires pour cela. Les adorateurs, une fois purifiés, n'ont «plus aucune conscience de péchés». Combien il y a de chrétiens qui ne savent pas qu'ils n'ont plus conscience de péchés! Si vous ne le savez pas, vous ignorez la valeur du sacrifice de Christ. Pouvez-vous aller au ciel, ayant encore du péché sur vous? Vous ne pouvez y être avec des péchés. L'ancien état était celui d'hommes vivant sur la terre, manquant, étant purifiés, puis manquant de nouveau. C'est là votre condition, à moins que vous ne soyez dans le ciel, sans péché, en vertu de cet unique sacrifice de Christ. Le croyant est introduit là en Christ, — dans les lieux célestes, — purifié du péché. Je ne parle pas de ce qu'il est comme homme sur la terre, mais en Christ. Etes-vous là, dans les lieux célestes? C'est la question. Etes-vous dans le lieu très-saint quant à votre conscience, votre coeur, votre esprit, et sans «aucune conscience de péchés», «dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière», sans aucun souvenir de péché devant Dieu? Sous la loi, il y a un souvenir de péchés; mais ici, «plus aucune conscience de péchés». Christ n'est pas seulement entré au dedans du voile, parce que maintenant il n'y a plus de voile, mais je suis dans le ciel à travers le voile déchiré. Qu'est-ce que le déchirement du voile? La mort de Christ. Je vois là par sa mort, sa mort à cause de mes péchés. J'entre par la chose qui les a ôtés et je suis là sans mes péchés. Remarquez bien comment Dieu fait de tout cela son affaire. Tout est accompli sans nous, par lui seul. C'est lui qui a accompli l'oeuvre, et c'est encore lui qui la révèle. C'est l'oeuvre de Dieu, et elle est selon la vérité de Dieu.

Trois choses étaient nécessaires. Si j'étais plein de péché, j'avais besoin de quelqu'un qui pensât à moi, de quelqu'un qui accomplit ce qu'il fallait pour moi, et de quelqu'un qui vînt m'en dire l'effet. «C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés». Il n'est pas parlé ici de l'oeuvre du Saint Esprit appliquant à l'âme l'oeuvre de Christ, mais il y a 1° la volonté de Dieu, — «c'est par cette volonté» 2° l'oeuvre par laquelle elle est faite, — «l'offrande du corps de Christ faite une fois pour toutes». Avant que je fusse né, elle fut faite une fois pour toutes. Y ai-je contribué? Non: «Par l'obéissance d'un seul, plusieurs ont été rendus justes». C'est par l'offrande du corps de Christ faite une fois pour toutes. 3° La connaissance m'en est communiquée. Sans cela, ma conscience ne pourrait être purifiée. Je dois être justifié par la foi; c'est la connaissance que j'ai de ma justification, et non celle que Dieu en a. L'apôtre dit: «L'Esprit Saint aussi nous en rend témoignage». C'est le fondement sur lequel la conscience est purifiée; il n'est pas question ici de la vivification; nous avons le pardon après avoir été vivifiés. Pierre parle d'être «élus, en sainteté de l'Esprit, pour l'obéissance»; nous sommes renouvelés pour l'obéissance. C'est l'oeuvre de Dieu de vivifier ma conscience, mais, outre cela, il y a le témoignage du Saint Esprit. La chose est réglée, et ce n'est pas une petite chose; nous l'adorons à cause de cela. Il dit: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Mais vous dites: Je pèche aujourd'hui, peut-être pécherai-je demain, etc. Dieu dit: «Je ne me souviendrai plus». S'il y a du péché devant lui, qu'est-ce qui peut l'ôter? Il n'y a plus d'offrande pour le péché. Si le péché n'est pas ôté, comment le sera-t-il jamais? Si Dieu s'en souvient, il n'y a pas d'espoir pour moi, parce que Christ ne mourra pas une seconde fois, et que, «sans effusion de sang, il n'y a pas de rémission». Il est très important pour la conscience qu'elle se trouve dans la présence de Dieu, pour apprendre à connaître là toute notre condition quant au péché. Quand on envisage la chose comme chrétien, on voit qu'il n'y a pas de péché, pour cette unique raison que Christ s'est placé dans la condition où j'étais. En vertu de cela, cette condition a cessé d'exister, et il est allé comme homme dans le ciel, précisément parce que cette condition n'existe plus. Dieu lui a dit: «Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds». Aux sacrifices qui étaient pour l'homme dans la chair, est substitué l'unique sacrifice de Christ.

(Verset 5). «Tu m'as formé un corps». Christ prit une fois pour toutes la place d'obéissance, afin de mettre de côté tout ce qui avait été établi auparavant. «Tu m'as creusé des oreilles», dit-il au Psaume 40, c'est-à-dire, il avait des oreilles comme un serviteur pour entendre la parole qui lui était commandée. Quoique l'homme fît en offrant des sacrifices, il ne pouvait pas sortir de la condition où il se trouvait. Un autre est introduit. «Il ôte le premier, afin d'établir le second». Sous le premier, ceux qui offraient apportaient quelque chose de leur volonté; c'était l'homme. Mais, dans le second, tout est de la volonté de Dieu, et l'obéissance à cette volonté. Aussitôt que le corps de Christ a été formé, il n'y a plus eu rien de sa volonté. Tout était longtemps auparavant dans les conseils de Dieu: «Il est écrit de moi dans le rouleau du livre». C'était la volonté de Christ dans le ciel de se donner lui-même. Il entreprend de tout accomplir, et l'ayant une fois commencé, il poursuit tout dans l'obéissance: «Selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, partons d'ici». Il y a un parfait amour pour son Père, et en même temps une parfaite obéissance. Il y a l'accomplissement parfait de la volonté de Dieu, — Christ s'offrant lui-même pour être l'homme obéissant, et nous n'avons pas seulement le dessein, mais l'accomplissement même du fait, toute la valeur d'un être divin qui se donne lui-même: «Voici, je viens pour faire ta volonté». Il a pris la place d'obéissance.

«Ayant dit plus haut: Tu n'as pas voulu de sacrifices, ni d'offrandes, ni d'holocaustes, ni de sacrifices pour le péché, et tu n'y as pas pris plaisir… alors il dit: Voici, je viens pour faire ta volonté». La volonté de l'homme est ici entièrement mise de côté. La volonté de l'homme est le mal, le principe du péché. Une volonté indépendante de Dieu est le principe même du péché. La volonté de l'homme a tout d'abord été la désobéissance envers Dieu. Christ avait une volonté libre, parce qu'il était Dieu, mais lorsqu'il eut pris la place de serviteur, il n'eut pas de volonté. L'orgueil horrible de l'homme lui fait oublier que son indépendance de Dieu, le fait que sa volonté n'est pas mue par la volonté de Dieu, est la rébellion contre lui, et tel est notre état naturel. Tout, sauf l'obéissance à la volonté d'un autre (*) est péché. Nous oublions que nous sommes des créatures. Christ vint pour faire la volonté de Dieu, jamais la sienne propre. La soi-disant indépendance de l'homme (car, après tout, les hommes sont les esclaves de Satan) est entièrement mise de côté par un autre homme. Il eut à apprendre l'obéissance par les choses qu'il a souffertes. Toute volonté qu'il aurait pu avoir rencontra l'opposition. Il n'y avait pas une seule chose vers laquelle il pût se tourner, sans que l'obéissance y fût une souffrance. Il souffrit aussi de la part de Dieu pour les péchés de l'homme. Il s'offrit lui-même par l'Esprit éternel. Lorsqu'il fût mis à l'épreuve par Satan, lui montrant le bien et le mal, il se livra lui-même, devenant spécialement l'holocauste depuis le moment de son combat en Gethsémané. Le premier ordre de choses a passé entièrement — «il ôte le premier». Si je pouvais avoir la justice par la loi, dit Paul, je ne la voudrais pas; j'en ai une meilleure, savoir, la justice de Dieu. S'il avait pu y avoir une justice quelconque par la loi, c'en est fait maintenant: une nouvelle chose a été introduite — «il ôte le premier, afin d'établir le second».

(*) L'auteur veut dire Dieu. (Note du traducteur)

 (Verset 11). «Et tout sacrificateur se tient debout chaque jour», etc. Ils étaient constamment debout, parce qu'il y avait toujours du péché à ôter. Ce qu'ils faisaient pour l'ôter, n'accomplissait jamais la chose. Ils offraient des sacrifices pour les hommes dans la chair, et jamais ils n'avaient fini. Mais Christ s'est assis. Il y avait une justice propre à s'asseoir sur le trône même de Dieu, et c'est là que nous sommes. Christ est assis à perpétuité sur le trône. Il n'a pas à se lever comme les autres sacrificateurs. Le sacrifice a été complet, et il s'est assis pour toujours. Cela ne veut pas dire éternellement, mais d'une manière continue. Il n'a pas à se lever pour offrir de nouveau. Les autres sacrifices ne pouvaient pas avoir cet effet continu, mais maintenant le fait qu'il est assis là est la preuve que c'est sans interruption. Il s'est assis, n'ayant plus jamais à se lever, parce que la valeur du sacrifice est sans interruption en la présence de Dieu, et le Saint Esprit a été envoyé pour nous en faire connaître le résultat. La personne qui aurait des péchés sur elle devrait être exclue du ciel; ainsi Christ devrait en être exclu, s'ils n'étaient pas loin, puisqu'il les avait pris sur lui. Mais le Saint Esprit est le témoin que Christ est dans le ciel. Si vous raisonnez ainsi: «Mes péchés sont pardonnés aujourd'hui, mais ce que je pourrai faire demain sera rappelé contre moi», alors vous êtes loin de Dieu. En présence de Dieu, voici quelle est ma condition: j'y suis sans mes péchés. Dans la présence de Dieu, ou bien je suis un pécheur condamné, ou bien j'ai une conscience purifiée. Loin de Dieu, nous pouvons raisonner. En sa présence, il peut y avoir, pour un moment, une terrible détresse d'âme, mais la foi amène dans la condition d'avoir une conscience purifiée.

(Verset 13). «Attendant désormais». C'est là la patience de Christ. La conscience n'a rien à faire avec l'attente. La justice n'a rien à attendre, la conscience non plus. Tout a été accompli. Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. Non seulement ils sont sanctifiés, sanctifiés par Dieu, mais il les a rendus parfaits; ils sont parfaitement mis à part, rendus parfaits par Dieu, par la chose même par laquelle il les a mis à part. Ils peuvent donc dire: «Je suis parfait pour Dieu, et je suis heureux avec lui, parce que je suis parfait devant lui». La chose est tellement réglée avec lui, que nous sommes entièrement parfaits, et que Christ a pu s'asseoir tranquillement.

Maintenant, le Saint Esprit nous l'annonce aussi entièrement en nous en montrant les conséquences pratiques: «Là où il y a rémission de ces choses, il n'y a plus d'offrande pour le péché». Le sang est présenté à Dieu et demeure dans une efficacité inaltérable. Cela met à néant, non seulement les grossières superstitions en rapport avec la chrétienté professante, mais aussi toutes les formes et les ordonnances par lesquelles les hommes pensent arriver à quelque chose devant Dieu. Si nous ne sommes pas d'une manière stable comme en la présence de Dieu avec une conscience purifiée, nous n'avons pas encore saisi la vérité de Dieu sur ce point. Quand nous réalisons cela comme étant notre place, nous jugeons différemment du péché; le mal est découvert, et nous savons qu'il ne peut y avoir de place pour lui; et le bien est mieux compris dans la présence de Dieu. Le péché est jugé d'une manière plus profonde que lorsqu'il y a seulement terreur et incertitude dans l'âme.

(Verset 19). «Une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints». Ce voile déchiré l'a été complètement pour nous. Nous savons qu'il a été déchiré par l'amour parfait de Dieu, et nous entrons en la présence de Dieu sans voile. Le chemin a été manifesté. Nous allons là où Christ est allé; la sainteté qui a déchiré le voile a ôté le péché. Au verset 21, nous lisons: «Ayant un grand sacrificateur», nous ne pénétrons pas seuls dans les lieux saints; le grand sacrificateur qui a accompli l'oeuvre y est entré avant nous. Je ne puis pas entrer au dedans du voile sans l'y trouver. L'apôtre se sert de figures juives; il se fait Juif pour les Juifs. Outre le souverain sacrificateur, il y avait d'autres sacrificateurs. Au lieu d'offrir l'encens au dehors du voile, comme les sacrificateurs juifs, nous entrons au dedans du voile.

(Verset 22). Les sacrificateurs étaient lavés d'eau pure, comme nous aussi. Il n'est pas question ici de l'onction d'huile, mais de l'aspersion du sang et du lavage d'eau. C'est ce qui aura lieu, en substance, pour Israël, dans les jours qui approchent.

 «Approchons-nous», etc.; puis au verset suivant: «Retenons la confession de notre espérance». L'exhortation est d'avoir communion avec Dieu au dedans, et de n'être pas attiré par le monde au dehors, c'est-à-dire par les ordonnances, etc., vers lesquelles les Hébreux étaient en danger de se trouver entraînés. Puis, au verset 24, nous sommes exhortés à penser aux autres, à marcher dans la puissance du fruit de l'Esprit; et, au verset 25, non seulement à aimer les individus, mais à nous souvenir de l'assemblée. Christ dit: «Je te louerai au milieu de la congrégation». Quelqu'un dira: «Je suis très heureux en restant à la maison», mais cela ne va pas. Il est vrai que venir à l'assemblée amène souvent la persécution.

Le «jour» dont il est parlé ici (verset 25), n'est pas l'enlèvement de l'Eglise, mais l'apparition. Plus le jour approche, plus grande est la difficulté de nous rassembler nous-mêmes; mais l'exhortation est de se trouver rassemblés, comme chrétiens, d'une manière claire et évidente. Il n'est pas parlé d'aller écouter un sermon, mais du rassemblement de nous-mêmes. L'oeuvre de Dieu n'est pas seulement de faire des chrétiens, mais de rassembler en un les enfants de Dieu qui sont dispersés. Cela ne sera pas accompli dans le millénium. Il y aura alors différentes nations, bien qu'elles doivent venir pour adorer; et dans les temps de l'Ancien Testament, il y avait un seul peuple particulier, mais non pas le rassemblement en un — cela s'applique au temps actuel.

L'autorité ecclésiastique n'est pas ce que l'apôtre veut dire: ce n'est pas la foi; mais la foi est le rassemblement de nous-mêmes, non par la volonté de l'homme, mais par celle de Christ qui, par sa mort, a une Eglise ou assemblée qui n'est pas du monde, et qui est rendue manifeste par le rassemblement de nous-mêmes.

(Verset 26). Si vous dites: «J'abandonne ce rassemblement avec Christ», il n'y a pas d'autre sacrifice pour le péché, si ce n'est celui qu'il a offert. Si vous foulez aux pieds le sang de ce sacrifice, sachant ce qu'il est (je ne dis pas: étant régénérés), mais l'abandonnant volontairement, votre portion est celle d'adversaire. Une personne qui voit la vérité et qui l'abandonne, est toujours plus opposée et plus amère contre la vérité que nulle autre, — elle est un adversaire. S'ils choisissaient le péché à la place de Christ, il n'y avait plus de sacrifice. C'est ici le cas d'un abandon déclaré du Seigneur par propre volonté dans le péché; ce n'est pas manquement ou désobéissance, mais apostasie.

Nous voyons, dans toute cette épître, l'importance de la place dans laquelle nous avons été établis, et la responsabilité de marcher d'une manière qui y convienne. Christ est toujours dans la présence de Dieu pour nous. En conséquence, notre droit est la pleine liberté d'entrer; notre place ne change jamais, bien que le péché empêche la communion, jusqu'à ce qu'il ait été confessé.

Chapitre 11

Nous avons déjà vu, dans cette épître, que les Hébreux, au lieu de marcher par la foi, étaient en danger de retourner aux choses qu'ils pouvaient voir et qui leur convenaient comme à des hommes dans la chair — choses telles que des ordonnances et des cérémonies extérieures dont le système juif était rempli, mais hors desquelles Dieu appelait les chrétiens à sortir. La tendance constante de nos coeurs est de retourner en arrière. Il est honteux, pour ceux qui sont sortis d'entre les nations, de s'attacher, en quelque mesure, à ces choses qui n'étaient que des ombres, mais c'était naturel aux Juifs, pour lesquels avaient été établis ces pauvres et misérables éléments afin qu'ils les observassent. Maintenant, il y avait quelque chose de meilleur; ils attendaient le retour de Christ et il leur était dit: «Celui qui vient, viendra, et il ne tardera point». Il n'est pas du tout question, dans cette épître, de la position de l'Eglise, corps de Christ; sous ce rapport, quand le Seigneur vient, il la prend à lui-même, ainsi qu'il le dit: «Je vais vous préparer une place,… je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi». Mais ici, étant envisagés comme pèlerins ici-bas, il s'agit, pour nous, de responsabilité, et nous attendons son apparition. Ce qui caractérise l'Eglise, c'est l'espérance d'être avec lui; ici, c'est l'appel céleste et la sacrificature entre nous et Dieu.

L'apôtre, dans ce chapitre, continue à montrer la puissance de la foi. Le premier verset n'est pas une définition de la foi, mais la description de ses effets. Elle est «l'assurance (ou ferme conviction) des choses qu'on espère, et la conviction (ou démonstration intérieure) de celles qu'on ne voit pas». L'effet de la foi est la parfaite certitude de la réalisation des choses. La définition de la foi est dans ces paroles: «Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai» (Jean 3: 33). Il reste que ce que nous «espérons, nous l'attendons avec patience». La promesse est aussi certaine que si nous en avions déjà l'accomplissement. Nous ne le voyons pas; si nous le voyions nous ne l'espérerions pas, mais nous réalisons les choses non vues. Tel est le pouvoir de la foi dans l'âme.

Nous voyons, dans ce chapitre, la foi dans son caractère actif — l'opération de la foi là où elle se trouve. Ce qui produit la foi, c'est l'Esprit de Dieu appliquant la parole avec puissance, et quand l'âme a vu quelque chose de Christ, elle ne peut être satisfaite sans avoir davantage. «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité», telle est la réception de la vérité dans l'âme. Ensuite, vient l'effet pratique dans la marche du croyant. Il y a beaucoup de méthode dans ce chapitre, plus qu'il n'en apparaît à première vue; car ce n'est pas la méthode de l'homme, mais celle de Dieu. L'activité de la pensée divine est toujours selon la mesure de l'amour divin, et aussitôt que vous avez le fil de la pensée divine, vous découvrez la beauté et l'ordre. Ainsi, dans le livre de l'Exode, se trouve, aux chapitres 25 à 27, la description qui se rapporte au tabernacle, puis il y a une interruption aux chapitres 28 et 29, qui traitent des sacrificateurs et de leur consécration, et ensuite au chapitre 30, se termine la description des ustensiles du tabernacle. L'esprit humain ne voit là rien que désordre, mais quand l'objet dont ces choses ne sont que l'ombre est connu, l'ordre le plus parfait apparaît aux yeux.

Il est parlé d'abord de la foi en rapport avec la création. La sagesse humaine dit: «Rien ne peut sortir de rien». Le philosophe n'aurait jamais pu trouver par lui-même, comment «les mondes ont été formés par la parole de Dieu». La création est une chose absolument inconnue à la raison. «Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu», mais la manière dont l'homme explique la création, ou plutôt l'existence des mondes, conduit au panthéisme ou à l'athéisme. Les hommes ont reçu de la Bible quelque connaissance sur ce sujet, mais jamais, sans l'Ecriture, la création ne peut être connue simplement ou avec certitude.

Dans les exemples de foi qui suivent, nous voyons le fondement sur lequel l'homme pouvait être en relation avec Dieu: en Abel, c'est la foi qui apporte un sacrifice; en Hénoc, elle est ce qui conduit à marcher avec Dieu, et elle est aussi la puissance de vie manifestée dans son enlèvement. Au verset 7, nous avons la foi en rapport avec le gouvernement de Dieu, et le jugement du monde comme conséquence; dans l'exemple suivant, nous voyons ce genre de foi qui compte sur la promesse. Elle saisit la promesse de Dieu, en est satisfaite, abandonne tout et n'obtient rien en échange. Tout ce à quoi la chair s'attache doit être abandonné, et c'est ce que les Hébreux avaient à faire. Si je n'ai rien à faire avec la terre, je suis un homme céleste. Si je n'ai rien sur la terre, je ne suis pas un homme de la terre. Dieu n'a pas honte d'être appelé le Dieu de celui dont le coeur et la portion sont dans le ciel. C'est la foi qui donne ce caractère, un caractère céleste (versets 8-22).

On a ensuite la foi qui compte sur Dieu, l'énergie active de la vie, non plus seulement un caractère, mais l'énergie; non pas tant l'abandon de quelque chose, que l'énergie active du nouveau principe dans l'âme. Cela se trouve dans les versets 23 à 31. Mais l'entrée dans le pays n'est pas mentionnée; le repos promis est dans le ciel. Ils possèdent le pays; c'est une chose qui diffère du passage de la mer Rouge et du désert.

Depuis le verset 32, sont mentionnés toutes les diverses difficultés et les traits de foi dans lesquels les individus avaient à tenir ferme contre le peuple de Dieu professant. C'est la chose la plus difficile de beaucoup. Si vous voulez vivre d'une vie de foi, il vous faudra souvent vivre sans les chrétiens. On a à marcher seul avec Dieu et avec nul autre, et si on ne le fait pas, l'incrédulité est là pour mettre des obstacles sur la route. La communion des saints est une chose précieuse, mais il y a des temps où nous devons agir seuls. Jonathan agit dans la foi, quand il attaqua les Philistins, mais la folie de Saül vint tout gâter. Nous avons besoin de la foi qui compte sur Dieu; que les autres fassent ce qu'ils veulent. Cela n'est pas un acte brillant de foi, mais cela est d'une grande valeur. Quelqu'un qui va prêcher l'évangile aux païens sait ce qu'il a à faire. Les difficultés qu'il rencontre sont loin d'être aussi grandes que celles d'un chrétien avec le monde qui professe d'être chrétien. Si l'on n'est pas très près de Christ, on ne peut discerner ce qui est du monde et ce qui est de Christ.

(Versets 37 et 38). Ils eurent à prendre la portion qu'ils pourraient ici-bas, et ils moururent sans avoir reçu les promesses, «Dieu ayant eu en vue quelque chose de meilleur pour nous, etc.». C'est sur cela qu'est fondé le commencement du chapitre 12. La discipline, dans ce chapitre, se rattache aux épreuves de la foi; la discipline est contre la chair (verset 2). Notre attention est détournée de tous les autres exemples de foi du chapitre 11, et le regard doit se fixer sur Celui qui a passé à travers tout. «Fixant les yeux sur Jésus». La portée de l'expression est: les détournant de tout, afin de les porter sur Jésus. «Il est assis à la droite du trône de Dieu;» quant aux Abraham, aux Isaac, aux Joseph, aux Moïse, etc., il est dit qu'ils «n'ont pas reçu ce qui avait été promis», de Christ cela n'est pas dit, car il le possède. «Il est assis à la droite du trône de Dieu;» il a la récompense. Une autre chose nous est présentée: il a parcouru tout le chemin d'épreuves, supportant les moqueries, le fouet, etc.; il a foulé, dans ses moindres parties, le sentier de la foi. Les autres ont eu chacun leur épreuve particulière, mais l'encouragement donné maintenant pour la foi, c'est qu'il est assis, ayant passé à travers tout. David et tels autres n'ont pas encore leur récompense; tous ceux-là ne sont pas encore parvenus à la perfection, mais bien Lui. Le christianisme n'avait pas encore été introduit. Ils n'avaient pas été introduits dans la gloire de la résurrection. D'autres devaient être amenés à quelque chose de meilleur. Lui était le chef et le consommateur de la foi, et il a la récompense.

Il est bon que nous voyions quel est le caractère de la récompense. Elle n'est jamais le mobile de la conduite, cela ne laisserait pas de place à l'amour; mais elle agit comme encouragement, lorsque nous sommes dans le sentier où l'amour nous a introduits, et que nous nous y trouvons entourés de difficultés et d'épreuves.

Les Hébreux étaient en danger de retourner en arrière, en attendant un Messie qu'ils pussent voir. L'apôtre leur rappelle qu'aucun de ceux dont ils se glorifiaient n'avait vu ce qu'il attendait. «Tous ceux-ci sont morts dans la foi, n'ayant pas reçu les choses promises». Vous voulez un Messie visible; mais aucun de ceux dont vous vous glorifiez n'a obtenu ce qu'il espérait. Pour des Juifs, c'était un argument sans réplique. Les anciens n'ont rien eu que par la foi. Il en est de même pour nous. Qu'avons-nous, sauf ce que nous avons par la foi?

Sans entrer dans les détails du chapitre 11, nous avons, en premier lieu, la création; puis, touchant le sacrifice: «Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn». Une chose à remarquer ici, c'est comment la foi répond à tous les cas qui se présentent depuis que le péché est entré. Elle n'a rien à faire avec l'innocence; celle-ci n'a pas besoin de foi. La foi n'était pas nécessaire, quand tout autour de l'homme n'était que jouissance; mais elle est connue quand le péché est entré dans le monde — et c'est une disposition de Dieu pleine de bénédiction, car elle nous apporte tout ce qui nous est nécessaire — la justice, la vie, et un abri quand le jugement atteint le monde. Elle conduit à être voyageur dans une contrée étrangère, et elle produit une énergie vivante pour vaincre. Elle introduit Dieu pour la jouissance, — la communion, — le manque de communion donnant le sentiment du péché, et elle nous ramène. La foi introduit positivement Dieu, quand le péché nous a écartés de sa présence. Elle nous fait sortir de la chair pour nous amener à Dieu. Elle introduit Dieu, ou, plutôt, Dieu s'introduit lui-même par sa parole et son Esprit. Il n'y a pas une position où vous ne puissiez pas l'avoir, et la première chose pour laquelle nous en avons besoin est pour la justice.

Abel était un pécheur; la foi amène dans une meilleure position que celle d'innocence. Je ne puis jouir de rien avec justice selon la chair; mais du moment que je saisis Dieu, je suis hors de ces choses et en relation avec lui. Lorsque les Israélites furent dans le pays, l'occasion pour la foi manqua, sauf là où des besoins spéciaux la faisaient ressortir.

Après que le péché nous a séparés de Dieu, la justice est possédée par la foi: «Il a reçu le témoignage d'être juste». Caïn, avant que son coeur eût été mis à nu, était ce que nous appellerions un très honnête homme; il travaillait à la sueur de son visage, puis il venait adorer Dieu. Que voudriez-vous de meilleur? Mais c'était cela même qui montrait qu'il n'avait pas la moindre pensée juste touchant Dieu. Il croyait pouvoir adorer Dieu tout à son aise, comme si de rien n'était; et, en réalité, il apportait à Dieu la preuve de la malédiction. C'est justement ce que fait l'homme naturel. Abel nous présente quelque chose de tout à fait différent. Il introduit la mort; il prend un premier-né du troupeau, une bête égorgée, et par là il reconnaît qu'il est sous l'effet du péché, et non pas seulement extérieurement. Il apporte du sang à Dieu — un sacrifice — une victime immolée, le seul chemin pour s'approcher de Dieu. Par ce sacrifice, il reconnaît qu'il est un pécheur et un pécheur perdu, à moins que la mort d'un autre n'intervienne. Il vient à Dieu avec un sacrifice, et déclare ainsi: sans cela je suis perdu. Ce passage est clair quant à la justice: «Il a reçu le témoignage d'être juste, Dieu rendant témoignage à ses dons. «Ce n'est pas seulement que la justice soit en Christ; il est ma justice — je suis «fait justice de Dieu en lui». Abel obtint le témoignage qu'il était juste, et non pas que Dieu était juste. Ce n'est pas seulement que Dieu avait donné le sacrifice, mais il y avait aussi l'action de Dieu dans l'homme. Dieu avait pourvu au sacrifice, mais la foi agit en l'apportant à Dieu. «Dieu rendait témoignage à ses dons». Cela est plein de bénédiction; j'ai le témoignage que je suis juste. Cela n'est pas de l'expérience.

Je n'ai pas besoin de témoignage pour ce que j'expérimente, mais j'ai besoin d'un témoignage qui me délivre des choses dont je suis occupé en moi-même, alors que j'en souffre, et j'ai cette délivrance par le don de Dieu qui est parfait. Je suis rendu «agréable dans le Bien-aimé». Vous dites: Il y a quelque chose en moi dont je ne puis me débarrasser. Rappelez-vous que le témoignage du Saint Esprit en vous est le contraire du témoignage du Saint Esprit pour vous. En moi, il prend garde à toute faute que je commets, cela n'est pas la justice; mais le témoignage qu'il rend pour nous est: «Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités». Si quelqu'un m'apporte un billet, il ne demande pas ce que je suis. En apportant Christ à Dieu, j'apporte la perfection. Le sacrifice offert par Abel est une figure particulière de Christ. Christ s'est fait lui-même notre prochain, et Israël l'a mis à mort. Ayant rejeté Christ, ils en portent la marque sur eux; mais il est le sacrifice par lequel ils seront restaurés. La foi dit: je vais à Dieu par le sacrifice.

En Hénoc est introduite la vie, aussi bien que la justice. Christ a été «déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts». Hénoc, avant d'être enlevé, avait reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu. Dans l'Ancien Testament, il est dit qu'il marcha avec Dieu. Si nous sommes réconciliés avec Dieu, nous pouvons marcher avec lui. Alors la vie se manifeste dans la marche, et la puissance de cette vie est, pour Hénoc, qu'il ne meurt pas du tout. Christ dit: «Celui qui vit et croit en moi ne mourra point à jamais». Ainsi ceux qui vivront à sa venue ne mourront point. Nous pouvons ne pas mourir: «Nous ne dormirons pas tous», dit l'apôtre. Pour la foi, c'en est entièrement fini des gages du péché. Hénoc ne fut pas trouvé, parce que Dieu l'avait enlevé — il ne fut point du tout touché par la mort. C'en est fait de ce qui était la puissance de la mort. Une autre chose accompagne cela, c'est «qu'avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu». Ici, je vois la vie au-dessus de la mort. C'est ce que nous avons comme une chose actuelle, et si le Seigneur vient, nous ne mourrons point. Sa longue patience est la raison pour laquelle il diffère sa venue. En marchant avec Dieu, nous avons le témoignage de plaire à Dieu. C'est la paix, le bonheur, la joie de la faveur dans laquelle nous sommes. L'Esprit de Dieu, au lieu de nous reprendre, inonde nos âmes de la lumière de la faveur de Dieu. Nous voyons maintenant la gloire obscurément, comme à travers un verre; mais c'est une vérité positive que le Saint Esprit est en nous, et, si nous marchons avec Dieu, il nous rend heureux dans la jouissance de la faveur de Dieu. Non seulement j'ai fait bien en ceci ou cela; je ne pense plus du tout à moi-même, mais à Dieu.

Si je fais seulement attention à ce que dit la conscience naturelle, je n'ai pas du tout la pensée de Dieu. Cela ne touche pas du tout ce qu'est Dieu, mais ce qu'est l'homme. Elle dit que l'homme peut s'exalter lui-même, qu'il a une responsabilité envers lui-même, mais croire Dieu est bien plus, car c'est reconnaître la responsabilité envers Dieu. «Il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent». Il est parlé de venir à un autre. Est-ce que je viens à quelqu'un avec lequel je suis? En venant, je pense à ce qu'il est, à ce que Dieu pense de telle ou telle chose. Par la foi, nous avons affaire avec lui d'une manière vivante. Il est celui qui prend garde à toute chose. Quelle différence dans votre marche, si vous appliquez cela à chaque moment de votre vie! Nous sommes appelés à juger de toutes choses dans la lumière. Que m'importeront toutes les difficultés, si je sais que je plais à Dieu? Celui qui marche ainsi ne méprise personne, parce que, en pensant à Dieu, il va de force en force. La communion avec Dieu lui fait voir toujours plus la pensée de Dieu — il voit ce que Dieu fait. «Si ton oeil est simple, tout ton corps sera rempli de lumière». S'il manque, en marchant ainsi avec Dieu, il sera affligé, parce qu'il aura perdu ce en quoi il prenait plaisir. S'il est habitué à marcher d'une manière insouciante, il n'y fera pas attention. «Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu». Si l'on est diligent à le rechercher, il y aura une rémunération.

(Verset 7). Si Hénoc présente un cas exceptionnel, celui d'un enlèvement analogue à celui de l'Eglise, Noé, comme le résidu juif aux derniers jours, se trouve dans le lieu où le jugement allait fondre, et il est averti des choses qui ne se voyaient pas encore (il était en outre prédicateur de la justice, comme il est dit autre part); il craint et se construit une arche. L'Esprit prophétique était sien; le monde est condamné, et lui-même devient héritier de la justice qui est par la foi. Il accepta le témoignage de Dieu avec le moyen d'échapper; et ainsi hérita de cette justice sur laquelle le nouveau monde est fondé. Ainsi, nous avons vu la foi dans la création, la foi dans le sacrifice, la marche avec Dieu et le témoignage.

Du verset 8 au verset 16, nous avons, non pas les grands principes des relations de l'homme avec Dieu, depuis le commencement jusqu'à la fin, comme dans les versets précédents, mais la foi qui fait sortir l'homme des relations naturelles et le fait être un pèlerin, en lui donnant toute la force nécessaire pour réaliser les promesses. Et comme tous ces hommes de Dieu réalisèrent leur position d'étrangers sur la terre par la foi, vécurent et moururent dans la foi, et non dans la possession de ce qui était promis, ainsi Dieu les regarde avec une faveur toute particulière, n'a pas honte d'être appelé leur Dieu, et surpassera leurs espérances des choses célestes.

Les versets suivants (17-22) nous montrent, de plus, la foi qui sacrifie les choses même qui, en apparence, devaient accomplir les promesses, pour les recevoir de Dieu seul; la foi qui a confiance en dépit de tout ce qui tend à détruire la confiance.

Ce dont nous venons de parler est plutôt la patience de la foi; ce qui suit en est l'énergie. Ainsi, dans l'histoire de Moïse, on voit la foi qui demeure ferme en face des plus extrêmes difficultés (versets 22-27). De plus, c'est la foi et non la providence, qui doit régler la marche du fidèle. Nous pouvons encore remarquer dans les versets suivants (28-31), que la foi se sert des moyens que Dieu établit et que la nature, ou bien récuse, ou bien n'emploie que pour sa propre ruine. Mais si les Egyptiens sont engloutis, types de ceux qui par eux-mêmes se figurent pouvoir passer à travers la mort et le jugement, la prostituée Rahab s'identifie, par la foi, avec les espions et le peuple de Dieu, avant même qu'un seul coup ait été frappé de ce côté du Jourdain, et elle échappe, ainsi à la destruction qui tombe sur la ville de Jéricho qui se confiait en elle-même.

Ensuite viennent les exemples des actions et des souffrances de la foi qui se déroulent à travers toute l'histoire d'Israël, non plus détaillés comme auparavant, mais présentés d'une manière générale; mais tous ces hommes de foi, comme les patriarches, ne recevant pas l'accomplissement de la promesse — grande leçon pour les Hébreux chrétiens!

En outre, ils avaient à se rappeler (verset 40) que Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous. Les hommes fidèles d'autrefois devaient, aussi bien que nous, parvenir à la perfection dans la résurrection de gloire, mais il y a des privilèges spéciaux pour les saints qui sont appelés maintenant, c'est-à-dire «pour nous».

Chapitre 12

Il y a un double effet produit dans l'âme qui se trouve en la présence de Dieu: la conscience est alarmée et le coeur est encouragé. La présence de Dieu garde la conscience dans une entière activité, mais la conscience est fortifiée, tout en voyant le caractère du mal, pour regarder au-dessus de lui.

Dieu nous amène en sa présence, pour que nous y jugions tout ce qui est contraire à sa nature, et pour nous fortifier contre le mal, et c'est là une chose encourageante. Il prend son plaisir en nous, et il prend son plaisir à nous rendre conformes à lui-même; ainsi la grâce est introduite d'une manière extrêmement bénie, nous rendant participants de sa nature. C'est de ce qu'il est qu'il veut nous rendre participants, — non seulement participants de la sainteté, mais de sa sainteté. Il ne dit pas: «Vous devez être saints», c'est-à-dire que le précepte ne vient pas sous cette forme: mais il nous communique la sainteté — sa propre nature. Voyez le contraste entre la grâce et la loi. Est-ce que Dieu n'exige pas la sainteté en sa présence? Sans doute, mais c'est la loi. La grâce signifie qu'il prend son plaisir à nous donner la sainteté.

La séparation du mal et la puissance du bien, tel est le caractère imprimé sur toutes les voies de Dieu ici-bas, châtiments, discipline, etc. Nous avons le secret de ses voies et de la manière dont il agit, lorsque nous sommes assez près de lui pour le voir. Les Hébreux allaient en déclinant en spiritualité, de sorte qu'ils n'avaient pas la clef nécessaire pour comprendre ses voies. Les cheveux de nos têtes sont tous comptés. Lorsqu'une fois le coeur a saisi cela, il doit comprendre que c'est l'effet de la grâce de Dieu qu'il soit ainsi occupé de nous. Ainsi, il est dit dans Job: «Il ouvre l'oreille aux hommes et scelle l'instruction qu'il leur donne, pour détourner l'homme de ce qu'il fait; et il cache l'orgueil à l'homme».

L'apôtre a nommé, au chapitre 11, tous les héros de la foi, puis il dit ici: «Fixant les yeux sur Jésus». Christ a parcouru toute la carrière, et les autres seulement une petite partie. Il a méprisé la honte et s'est assis à la droite du trône de Dieu. Il a atteint le but, ayant fourni toute la course à travers les troubles et les difficultés.

(Versets 3 et 4). S'adressant aux Hébreux, l'apôtre leur dit: «Vous êtes placés ici de la part de Dieu dans le lieu où se trouve le péché, pour avoir le dessus sur lui». Nous sommes tous placés ici comme un témoignage du bien divin au milieu du mal, dans ce monde, et cela avec une puissance plus grande que la puissance qui est dans le monde. Celui qui est pour nous est plus grand que celui qui est contre nous. Nous sommes appelés à être la lettre de Christ, — à glorifier Dieu dans toutes les circonstances, — non pas à être apôtres.

Nous manquons ici et nous manquons là; mais nous sommes placés selon la volonté de Dieu, ici et là dans ce monde, afin d'y manifester Christ, et pas seulement pour faire l'oeuvre.

En disant cela, on suppose une vérité d'une immense portée, savoir que nous avons cette vie (la vie de Christ). Une autre chose est que toutes les questions entre Dieu et nous sont réglées; ensuite, soit que nous mangions ou buvions, ou fassions quoi que ce soit, nous avons à faire tout au nom du Seigneur Jésus. Pour me servir de son nom, il faut que je sois autorisé par lui.

C'en est fait de toutes les questions qui se rattachent à nous comme fils d'Adam. «Si donc vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans ce monde…» etc.? (Colossiens 2). Vous n'êtes pas du tout en vie dans le monde; «tenez-vous vous-mêmes pour morts». Voilà pourquoi nous sommes affranchis de la loi. Nous sommes morts; et la loi ne saurait avoir d'autorité sur un homme mort. Cette position dans laquelle nous sommes placés comme rendant témoignage, de même que toutes les voies de Dieu envers nous, repose sur ce fondement — nous sommes nés de Dieu. C'est plus que de recevoir la vie naturelle. Nous ne sommes pas nés de Dieu comme créatures, mais c'est comme chrétien que je suis né de Dieu.

L'effet de la communication de cette vie, est d'en avoir fini avec toute l'ancienne vie; nous avons une vie «cachée avec Christ en Dieu». Tout est réglé et fermement établi: non seulement nous avons une nouvelle nature, mais une paix parfaite. «Je vous laisse ma paix», dit le Seigneur: c'est la paix de Christ. Aucun nuage d'aucun trouble n'était sur lui. Il nous a purifiés, afin que nous soyons sans tache, et sa justice est nôtre.

Nous avons cette nature, nous sommes nés de Dieu, et nous avons à le manifester; mais hélas! nous trouvons dans notre propre nature bien des empêchements, notre caractère, notre humeur, etc. Dieu s'attache à agir pour nous, afin que nous manifestions la nouvelle vie, quand nous manquons à «combattre contre le péché», et il le fait par des châtiments, par la discipline, etc. Nous sommes dans la relation d'enfants, et il nous faut faire attention à ce que sont les pensées de Dieu à notre égard. «Celui que le Seigneur aime, il le discipline». J'ai la discipline ou les châtiments que Dieu envoie à ceux qu'il aime. Peut-être ma volonté a besoin d'être brisée, peut-être y a-t-il en moi des tendances que j'ignorais, et qui ont besoin d'être mises au jour, afin de m'humilier. Je suis ainsi exercé à l'égard du bien et du mal. Dieu hait le mal et aime le bien, et il nous brise pour subjuguer le mal, pour le détruire, etc. Il nous rapproche de lui-même. Dieu fait notre éducation comme étant ses enfants. Quelquefois, sans voir ce qu'il fait, nous nous trouvons jouissant de la bénédiction. La volonté agit en nous; Dieu vient et brise notre volonté, et nous voyons ensuite que, par là, nous obtenons la bénédiction.

Un petit enfant fait des sottises qui, peut-être, nous amuseront, mais il n'a pas encore appris à mieux faire. Un chrétien est comme un petit enfant; il doit être instruit et élevé. La patience de Dieu, en prenant toute cette peine avec nous, devrait nous réjouir. C'est une chose étrange de parler d'affliction comme devant nous réjouir, mais si notre propre volonté est brisée, c'est une bonne chose, et nous pouvons nous en réjouir.

Il y a diverses manières dans lesquelles, comme saints de Dieu, nous sommes éprouvés. Bien que nous vivions dans une grande tranquillité, il pourrait y avoir plus de persécution si notre fidélité était plus grande; mais, à travers toutes les circonstances, Dieu trace notre chemin, s'occupant lui-même de nous, de notre caractère particulier, et pour nous briser et nous instruire. Ce qui nous manque, et ce dont nous avons besoin, c'est de réaliser que Dieu nous aime si tendrement. Nous sommes tellement précieux pour Dieu (beaucoup plus, assurément, que des passereaux), qu'il veut prendre toute la peine possible pour nous rendre «participants de sa sainteté». Nous sommes enclins à ne pas croire à l'activité de son amour. Quelque sujet de trouble nous arrive; eh bien, Dieu a veillé sur nous individuellement, pendant des années, des mois, des semaines, et permet enfin que ce trouble nous arrive, parce qu'il le voit nous être nécessaire.

Il est de la plus haute importance, pour nous, d'avoir la conscience que Dieu agit continuellement, envers nous, en amour. Nous faisons partie de cette famille qui lui appartient, de la famille de Dieu et non du monde; par conséquent, il agit avec nous comme avec des fils: «Aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais, plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice, etc.». Tout cela est pour nous encourager. L'encouragement est donné, fondé sur le lien de grâce qui existe entre nous et Dieu. Puis, il nous accorde le précieux privilège d'être des témoins pour lui, dans ce monde. Tout ce qui tend à rendre meilleur l'état du coeur, est bon, et tout est fondé sur la grâce. C'est pour cela qu'il est dit: «Veillant, de peur que quelqu'un ne manque de la grâce de Dieu; de peur que quelque racine d'amertume bourgeonnant en haut, ne vous trouble». Pourquoi Dieu insiste-t-il là-dessus? Quelque personne impure ou profane! Ah! c'est parce que nous sommes venus à Dieu. La grâce nous place en sa présence, nous rend participants de sa sainteté, et alors il dit: «Veillant, de peur que quelqu'un ne manque de la grâce», c'est-à-dire ne perde cette entière confiance dans l'amour de Dieu. C'est là la jouissance pratique présente, de ce que Dieu est pour vous. Si vous perdez cela, vous tombez. Il n'y a rien d'autre que la grâce pour lier le coeur à Dieu. «Le péché n'aura pas de domination sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce».

Marchez dans le sanctuaire de sa présence. Vous n'êtes pas venus à la montagne terrible de Sinaï, mais étant venus à la grâce parfaite de Dieu dans le Seigneur Jésus Christ, prenez garde à la manière dont vous marchez. La grâce doit être le caractère de votre marche (verset 22). C'est là la vraie bénédiction. La terreur n'arrête en rien le mal. L'effet du feu brûlant de la montagne de Sinaï, fut que les enfants d'Israël «prièrent que la parole ne leur fût plus adressée». Etait-ce là marcher avec Dieu? Nous n'avons pas à terrifier les gens par notre vie. Nous pouvons les avertir, si cela est nécessaire, et nous servir de la loi comme d'un marteau, pour agir sur les consciences endurcies, — tout est bien à sa place, — mais dans notre marche, nous ne pouvons être un témoin de cela. Nous sommes venus à une chose toute différente. Nous pouvons parler de la loi, mais ce n'est pas là que nous sommes.

Or, il nous faut être des témoins vivants de ce que nous sommes, et de la place où nous sommes. Nous sommes venus à la montagne de Sion qui représente la grâce. C'est là le résultat, quand nous parlons de la place où nous avons été amenés. C'est à Dieu. Il parle de ce qui sera sur cette terre, et c'est là, pour ainsi dire, regarder en bas. Sion vint à la fin de toute la responsabilité. Quant à la loi, le résultat final fut «Ichabod», car l'arche était entre les mains de l'ennemi. L'unique lien avec Dieu était rompu. Alors Dieu intervint et choisit David, de la tribu de Juda — et non Joseph (ce qui signifiait une complète abondance de bénédiction dans la nature). Les Jébusites ayant été vaincus et détruits, David jeta les fondements du temple sur le mont Sion. C'était le nouveau lien avec Dieu en grâce, lorsque la responsabilité eut pris fin.

Mais ce n'est pas tout, à beaucoup près. Il est parlé ici de toute la scène céleste, aussi bien que de la terrestre. Maintenant, nous avons quelque chose de plus — ce qui était dans le dessein de Dieu, ce qu'auparavant l'homme n'avait jamais eu d'aucune manière. Dieu se glorifie lui-même d'une manière à laquelle les anges n'avaient jamais pensé. Nous sommes venus à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste — le ciel. Alors, quand nous sommes là, nous nous trouvons dans le rassemblement universel des myriades d'anges — le rassemblement universel du ciel; ensuite, «l'Eglise des premiers-nés» — assemblée spéciale inscrite dans le ciel. C'est là ce que nous sommes — non pas simplement des créatures, comme le sont les anges, mais nous sommes ceux dont les noms sont écrits dans les cieux, comme ayant ce privilège spécial — une assemblée que Dieu a identifiée avec Christ, le premier-né. Il est remarquable de voir comme ici ils sont distingués, à part de tout. Dans cette revue générale, Dieu ne peut les laisser passer, sans distinguer «l'Eglise des premiers-nés écrits dans les cieux». Voilà à quoi nous sommes venus; c'est tout le grand résultat. Tous ceux-là sont assis autour de lui. Puis il y a une autre caractéristique de la scène: «Dieu, le Juge de tous».

Il y a Sion sur la terre, la Jérusalem céleste en haut, le rassemblement universel des anges, et l'Eglise des premiers-nés; ensuite, Dieu lui-même, dans la voie gouvernementale, «le Juge de tous»; puis, les «esprits des justes consommés», les saints de l'Ancien Testament, dans le caractère que la grâce leur a donné: «des justes». Ils ont couru la course, et ils sont là. Alors, commence ce qui se rapporte à la scène terrestre, au point de vue de l'effet final. Nous venons à Jésus, «le Médiateur d'une nouvelle alliance». Ce n'est pas à la nouvelle alliance que nous venons, mais à Jésus qui en est le Médiateur. Je suis associé avec Celui qui est le Médiateur; c'est une chose plus élevée que si je venais simplement à l'alliance. Il fera une nouvelle alliance avec Israël sur la terre. Mais à cela est ajouté: «Et au sang de l'aspersion». La terre sera bénie, à cause du sang de Christ qui a été versé; il crie paix au lieu de crier vengeance, comme celui d'Abel.

Etant venu au Médiateur, je contemple la perspective merveilleuse de toute bénédiction pour la terre. Il est doux de savoir que la terre jouira de la bénédiction, mais notre part est bien meilleure. Nous sommes appelés à rendre témoignage du lieu d'où nous sommes. Or nous sommes du ciel; nous en venons, en esprit, cela est vrai, maintenant. Ce qui est vrai en esprit, est plus réel et plus palpable que ce que nous voyons. Ce qui se passe dans nos coeurs et dans nos esprits, est plus ce que nous sommes en réalité, que ce dont nos corps sont occupés. Christ était un charpentier, aussi réellement que tout autre charpentier, mais ce n'était pas ce qu'il était. Il en est ainsi de nous, nous sommes amenés dans toutes ces choses avec Dieu; alors, la chose est d'être toujours un témoin de la place à laquelle il nous a appelés dans sa grâce. Nous sommes venus; Dieu agit donc envers nous, en rapport avec cette place à laquelle il nous a amenés.

Diriez-vous peut être: cette épreuve-ci ou celle-là est suffisante pour me décourager? Mais non; c'est Dieu qui vous y a amenés et Dieu y est avec vous, agissant envers vous en grâce, selon la place en laquelle il vous a introduits.

Au milieu de la compagnie céleste, une compagnie est distinguée entre toutes — c'est vous-mêmes. Assurément, c'est assez pour nous rendre humbles.

Chapitre 13

Les exhortations finales, c'est-à-dire celles de notre chapitre, sont très importantes, et se rapportent, ainsi qu'on pouvait s'y attendre d'après ce qui a été déjà vu, au sentier propre aux saints dans ce monde, aux saints pour lesquels Christ paraît maintenant devant la face de Dieu. Ces exhortations, par conséquent, ne s'élèvent pas à la hauteur des communications faites dans l'épître aux Ephésiens, car le sujet dans celle aux Hébreux a été constamment celui de l'appel céleste, et non le mystère de Christ et de l'Eglise.

L'amour fraternel doit demeurer en dépit de tout. Nous ne devons pas oublier l'hospitalité, si nous voulons avoir la même part qu'Abraham. Il faut se souvenir des prisonniers et de ceux qui sont maltraités, lorsque nous considérons nous-mêmes et nos propres circonstances. Le mariage doit être tenu en honneur et la pureté gardée, soit dans cet état ou hors de cet état. Notre conduite doit être sans avarice, étant contents de ce que nous avons, car Dieu se montrera fidèle à sa parole qui nous promet ses soins immanquables, même dans ces choses, de sorte que nous pouvons dire avec hardiesse: «Le Seigneur est mon aide, et je ne craindrai point: que me fera l'homme?»

Le Saint Esprit exhorte ensuite les saints à se souvenir de leurs conducteurs qui leur avaient annoncé la parole de Dieu; l'issue de leur conduite était digne de toute considération, et leur foi devait être imitée. Ils n'étaient plus; mais Jésus Christ est le même hier, et aujourd'hui, et éternellement. Ils ne devaient donc pas se laisser entraîner par des doctrines diverses et étrangères. La grâce est ce qui affermit le coeur, et non pas les viandes, qui n'ont pas profité à ceux qui y ont marché. C'est une erreur de penser que les chrétiens n'ont pas d'autel: ils en ont un duquel ceux qui servent le tabernacle n'ont point le droit de manger; c'est-à-dire que les Juifs ont perdu leur place de privilège, qui, maintenant, appartient d'une manière infiniment meilleure à ceux qui ont Jésus. Comme en lui, ainsi en nous, les extrêmes de la honte ici-bas et de la gloire en haut, sont trouvés se rencontrer. Il n'en était pas ainsi des Israélites. Ils avaient le camp, et ils ne pouvaient pas entrer au dedans du voile. Et cependant, ils avaient même alors le type le plus frappant d'un autre état de choses. «Car les corps des animaux dont le sang est porté, pour le péché, dans les lieux saints, par le souverain sacrificateur, sont brûlés hors du camp. C'est pourquoi aussi Jésus, afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc vers lui, hors du camp, portant son opprobre. Car nous n'avons pas ici de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir». Les chrétiens, maintenant, ont à porter la croix, en attendant d'être au ciel avec Christ. Tout terrain mitoyen est aboli avec l'ancienne alliance. Mais si nous attendons la gloire, d'autant plus devrions-nous louer continuellement, offrant par Jésus, à Dieu, le fruit des lèvres qui confessent son nom, et n'oubliant pas les sacrifices de bienfaisance et de communion.

De plus, nous sommes appelés à obéir à nos conducteurs et à être soumis, car «ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte». Ce n'est pas qu'ils aient à rendre compte des âmes des autres, mais de leur propre conduite à l'égard des autres. L'obéissance de la part de ceux sur lesquels ils veillaient devait être beaucoup pour ces guides, afin qu'ils pussent accomplir leur oeuvre avec joie, et non pas en gémissant, car cela ne serait pas profitable aux saints.

L'apôtre demande leurs prières, ce qu'il pouvait faire avec une bonne conscience, occupé qu'il était de l'oeuvre de la grâce, et non pas de la faiblesse et des manquements d'une marche insouciante. De plus, il les en supplie, afin qu'il pût leur être plus tôt rendu.

Et combien précieuse et appropriée à leurs besoins et leur encouragement, est la prière par laquelle il termine: «Le Dieu de paix qui ramène d'entre les morts le grand pasteur des brebis, dans la puissance du sang de l'alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende accomplis en toute bonne oeuvre pour faire sa volonté, faisant en vous ce qui est agréable devant lui, par Jésus Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles! Amen».

Le nom de Paul ne paraît pas à la fin de cette épître non plus qu'au commencement, et cela pour des raisons qui sont évidentes, quand on considère que c'est une lettre adressée à des saints d'entre ceux de la circoncision. Mais qui d'autre que Paul aurait ainsi parlé de Timothée? L'écrivain était en Italie, et envoie la salutation de ceux qui s'y trouvaient. Le courant apostolique apparaît, dans cette épître, à toute personne spirituelle.