La connaissance de Dieu et ses résultats

ME 1886 page 441

Lisez Jean 1: 1-18; 1 Jean 4: 7-19

 

«Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître.»

Telle est la déclaration de Dieu dans sa parole. La création peut bien faire connaître qu'il y a un Dieu. Elle manifeste sa puissance éternelle et sa divinité, de manière à rendre inexcusables ceux qui disent: «Il n'y a point de Dieu;» mais, avec toute la splendeur dont elle brille, elle ne nous dit pas ce qu'est Dieu; elle ne nous révèle pas ce qu'il est dans sa nature et son caractère.

Aux premiers temps du monde, les patriarches, selon ce que Dieu lui-même leur avait dit, savaient qu'il était le Dieu Fort, Tout-puissant, le Créateur des cieux et de la terre, devant lequel ils avaient à marcher dans l'intégrité mais ils ne connaissaient Dieu que par ces attributs.

La loi, donnée par Moïse, ne fait pas connaître ce qu'est Dieu en lui-même. Il reste caché derrière le voile, dans l'obscurité du sanctuaire. La loi révèle sa sainteté et sa justice; l'Israélite le connaît aussi comme le Dieu fidèle et miséricordieux. C'est l'Eternel, tel est son nom; il est toujours le même, Celui qui a fait les promesses et les accomplira; mais il n'est pas encore connu dans sa nature. «Tu es un Dieu qui te cache», dit le prophète.

Le monde, par la sagesse, par ses spéculations savantes et ses recherches profondes, par sa philosophie, si transcendante soit-elle, n'a pas connu Dieu. Loin de là: d'entre ses sages, les uns ont dit: Il n'y a point de Dieu; les autres: Tout est Dieu; d'autres encore demeurent dans le doute; tous ensemble dans l'ignorance la plus complète de ce qu'il est.

Pour apprendre à le connaître, il fallait plus que la création, plus que la loi, sans parler de la sagesse humaine qui ne donne pas cette connaissance; il fallait lui-même; il fallait qu'il sortît du sanctuaire et se montrât hors du voile. Et c'est ce qu'il a fait, car il voulait que l'homme le connût lui, le Dieu bienheureux, et fût rendu parfaitement heureux par cette connaissance.

Il s'est donc pleinement révélé, non sans doute dans sa gloire essentielle, dans l'incompréhensibilité de son Etre infini, selon cette lumière inaccessible où «il habite, lui que nul homme n'a vu, ni ne peut voir», mais cependant dans la plénitude de ce qu'il est. Et il l'a fait de manière à être accessible à tous, «aux petits enfants» même, tandis que ces choses étaient cachées «aux sages et aux intelligents» qui n'avaient que cette sagesse et cette intelligence pour les guider. Oh! combien cela est digne de Dieu que de se mettre ainsi à la portée de tous, du plus faible, du plus humble des enfants des hommes.

Et comment l'a-t-il fait? «Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître». Voilà la réponse divine. C'est par Celui qui de toute éternité était dans son sein, l'objet de ses délices, qui le connaissait dans cette relation ineffable, «le Fils de son amour», c'est par lui que Dieu s'est révélé à nous, se faisant connaître tel que son Fils, dans son sein, le connaissait.

Pour cela le Fils a dû devenir un homme, l'un de nous, sans péché, sans doute, mais, à part le péché, semblable en toutes choses à ceux au milieu desquels il venait pour leur faire connaître Dieu. «La Parole (l'expression de la pensée comme de la volonté de Dieu) devint chair». «Lui est l'image dut Dieu invisible», en lui, devenu un homme, le Dieu invisible a été manifesté. Qui l'avait vu, ainsi qu'il le dit, avait vu le Père. C'est donc dans un homme qui a marché sur la terre, mais un homme parfait, sans souillure, qui en même temps était le Fils bien-aimé de Dieu, Dieu lui-même, que Dieu s'est révélé à nous. Les actes comme les paroles du Fils, faisaient connaître Dieu, et cela d'une manière accessible à tous.

Qu'a donc été le message du Fils unique, qu'avons-nous appris de Dieu en le voyant, lorsqu'il a habité «au milieu de nous?» Deux choses nous ont été données à connaître comme étant l'essence même de Dieu: «Dieu est lumière», «Dieu est amour». Et en même temps, comme se rattachant à ce dernier caractère, il nous a été révélé comme Père, dans une relation éternelle d'amour avec le Fils. C'est là ce que le Fils unique a manifesté, lorsqu'il est venu au milieu de nous, déployant, dans sa personne adorable, la plénitude de la grâce et de la vérité. «La Parole devint chair et habita au milieu de nous… pleine de grâce et de vérité». La grâce — c'est l'amour s'adaptant à l'état de ceux qui sont perdus et indignes; la vérité — c'est la lumière se répandant sur toutes choses pour faire connaître ce qu'elles sont en elles-mêmes en réalité, et les rapports qu'elles ont entre elles; — ces choses sont surtout Dieu, le monde et l'homme.

Le caractère suprême de Dieu révélé par le Fils, c'est donc l'amour connu dans la lumière. Amour et lumière s'unissent en lui d'une manière inséparable, car c'est lui-même. La lumière de la vérité, Dieu lui-même, comme un soleil bienfaisant, se lève pour le monde dans la personne de Christ, — il est «la lumière du monde» — et dans cette lumière, je découvre que Dieu est amour.

Mais l'amour est actif; il a un objet. Nous savons que l'objet suprême et éternel pour le coeur de Dieu, c'est son Fils. «Le Père aime le Fils», proclame l'Esprit Saint par la plume de Jean. «C'est ici mon Fils bien-aimé», telle est la déclaration du Père, deux fois répétée sur la terre; «le Père m'aime», dit le Seigneur à ses disciples; et au Père, il dit: «Tu m'as aimé avant la fondation du monde». Dans les profondeurs de l'éternité, l'amour ineffable du Père trouvait ses délices dans le Fils; sur la terre, où il marchait dans l'humilité comme un homme parfait et obéissant, le regard du Père s'abaissait avec tendresse sur lui, et son coeur prenait en lui son plaisir; les cieux lui étaient ouverts, et dans les siècles à venir, l'amour dont il est aimé resplendira aux yeux ravis des saints.

Mais sommes-nous en dehors de cette sphère? Sommes-nous seulement admis à savoir ces choses, à les voir pour ainsi dire de loin, comme des splendeurs auxquelles nous devons rester étrangers, sans y participer? Non. Cet amour a voulu se répandre en dehors du sein du Père, non seulement pour se montrer dans la personne du Fils, mais pour se communiquer à des créatures et les amener à jouir de lui-même. Et quelles créatures! Ce ne sont pas les anges élus, restés purs, ce sont les pécheurs de la race coupable d'Adam. Et c'est en cela que brille l'excellence de cet amour, que l'on en voit la profondeur; amour pur, désintéressé, souverain, qui s'abaisse jusqu'aux plus vils et aux plus misérables, pour les attirer à lui et les introduire dans son ineffable félicité.

«Dieu est amour», dit l'apôtre. Comment le saurai-je, moi, créature ignorante de Dieu, éloignée de lui et coupable? «En ceci a été manifesté l'amour de Dieu pour nous, c'est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui». Telle est la réponse que nous fait l'Esprit Saint. Pour connaître et jouir il faut vivre, et vivre d'une vie en rapport avec l'objet qui doit être connu. Pour connaître Dieu et jouir de lui, trouver son bonheur en lui, il faut posséder la vie de Dieu, être, comme dit l'apôtre, «participants de la nature divine». Mais le péché nous avait rendus étrangers à cette vie de Dieu. De fait, nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, ne vivant que dans la chair pour nous-mêmes et pour le monde. Le Dieu qui est amour nous a vus dans cet état, et il a envoyé dans le monde, dans le monde ténébreux et coupable, son Fils, en qui était la vie — «et la vie était la lumière des hommes». Le Fils unique est venu pour communiquer cette vie, la vie divine, la vie éternelle, à ceux qui croient en lui — «afin que nous vivions par lui», non d'une vie indépendante, mais d'une vie qui se trouve en lui seul et qui, par cela même, ne peut manquer. En croyant en lui, nous sommes nés de Dieu; nous devenons enfants de Dieu. Telle est la première manifestation de l'amour se répandant au dehors: la vie donnée à ceux qui en étaient privés, afin qu'ils pussent jouir de l'amour.

Mais ce n'était pas tout ce dont nous avions besoin. «Dieu est amour», et nous, nous n'aimions pas et ne pouvions pas aimer. Une barrière infranchissable s'élevait entre Dieu et nous, la barrière de nos péchés qui nous arrêtait devant sa sainteté et sa justice, que la lumière nous montre dans leur étendue, leur exigence et leur perfection. Il ne suffisait pas d'avoir la vie pour être rendus capables de connaître et jouir; il fallait ne pas être tenu à distance de la source des délices. Mais «Dieu nous aima, et il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés». Celui qui révèle Dieu, le Père, Celui qui est venu donner la vie, Celui en qui elle se trouve, c'est aussi Celui que Dieu donne, qu'il envoie pour enlever la funeste barrière qui nous empêchait de nous approcher de Dieu et de nous abreuver dans sa connaissance et son amour.

Amour ineffable que celui qui se donne entièrement pour des coupables, afin qu'ils puissent être participants du bonheur qui se trouve dans l'amour. Il se donne entièrement; car pour être la propitiation pour nos péchés, il fallait non seulement que le Fils devînt un homme, mais qu'il souffrît la peine que nos péchés méritaient, le jugement, l'abandon de Dieu et la mort. Quelle manifestation de l'amour! «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous». Le Père donne le Fils, le Fils se livre pour nous. Vraiment Dieu est amour. Il l'a montré, d'une manière parfaite, à la croix. Dans la lumière, nous découvrons que, pour que nous jouissions de la communion avec lui, «le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché».

Telle est la manifestation de l'amour: «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima». Quel mérite y aurait-il à aimer ce qui est souverainement aimable? mais aimer ce qui, en soi, n'est digne que de haine, «en ceci est l'amour», et c'est l'amour de Dieu pour nous.

Cet amour a un couronnement. «L'amour est consommé avec nous», dit Jean. Il semble que, nous avoir donné la vie et avoir ôté nos péchés pour que nous jouissions de sa communion, soit tout, mais non: «la grâce surabonde». «De sa plénitude, nous recevons grâce sur grâce». L'amour ne s'arrête pas dans son expansion, qu'il n'ait amené ses objets dans la position la plus parfaite. La propitiation a été faite pour nos péchés. Ils sont ôtés de devant Dieu; il n'y a plus de condamnation actuelle. Mais l'avenir reste. Et dans l'avenir se dresse devant nous le jugement, le tribunal de Christ. Qu'y aura-t-il pour nous dans ce jour? Comment paraîtrons-nous devant ce tribunal? Ici vient se placer la consommation de l'amour avec nous, «afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement». L'amour qui a fait venir dans ce monde le Fils unique pour nous donner la vie, qui l'a fait monter sur la croix pour expier nos péchés, nous donne aussi devant Dieu la position la plus parfaite. «Comme il est lui», lui, dans le ciel, justice et sainteté, agréable à Dieu et bien-aimé, «comme il est lui» qui a accompli l'oeuvre de Dieu, qui l'a «glorifié sur la terre» et qui a été «glorifié à la droite de Dieu», oui, «comme il est», dans cette position parfaite devant Dieu, «nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Identifiés avec Christ devant Dieu, aimés comme Jésus, déjà dans ce monde, que sera-ce donc au jour du jugement, quand nous aurons revêtu la gloire et l'incorruptibilité, et que nous serons, en tout, semblables à Christ? «Nous avons toute assurance» pour ce jour-là. C'est le désir de l'amour, de cet amour qui est dans le coeur de notre Dieu.

En effet, l'amour vrai, l'amour connu comme se trouve en Dieu qui «est amour», non seulement donne la vie, ôte le péché et veut avoir son objet parfait devant lui, mais l'amour ne veut pas qu'il y ait aucune crainte dans le coeur. L'amour et la crainte s'excluent. «Il n'y a pas de crainte dans l'amour, mais l'amour parfait chasse la crainte; car la crainte porte avec elle du tourment, et celui qui craint n'est pas consommé dans l'amour». Où se trouve l'amour parfait? Dans le coeur de Dieu. Quels sont les objets de cet amour? Nous, nous en Christ, dans le Bien-aimé; nous pour qui il a envoyé son Fils dans le monde, nous qu'il aime comme Jésus a été aimé, qu'il regarde comme étant dans le monde tels que Jésus. Il a montré ainsi la perfection de son amour. Que craindrions-nous donc? La mort? Mais nous avons la vie par son Fils, la vie impérissable, la vie éternelle. Serait-ce la présence de Dieu à cause de nos péchés? Mais Christ est la propitiation pour nos péchés: il les a tous ôtés. Craindrions-nous le jugement? Mais celui qui croit «est passé de la mort à la vie», et il «ne vient pas en jugement». «Comme il est, lui, nous aussi nous sommes tels en ce monde». Mais peut-être tremblerons-nous devant les luttes, les peines et les difficultés de cette vie? Celui qui nous a donné son Fils, qui l'a livré pour nous, ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui? Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Ne sommes-nous pas «en toutes ces choses, plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés?» Assurément; et quand nous contemplons Dieu qui «est amour», l'amour parfait, disons-nous bien: «Cet amour est pour moi, il est avec moi, il est en moi, il est à moi». Que craindrais-je donc? La moindre crainte dans le coeur du croyant fait injure à l'amour parfait de Dieu, et montre qu'il n'est pas consommé dans l'amour.

Ainsi nous avons la pleine connaissance de Dieu, sa manifestation de ce qu'il est, et les conséquences qui en résultent pour nous. Dieu s'est pleinement révélé à nous dans la personne de son Fils. Il est lumière, il est amour; la grâce et la vérité sont venues en Jésus. Par lui nous avons la vie, nous sommes nés de Dieu, des enfants bien-aimés. Nous le connaissons comme Père, notre Père, relation ignorée, et du monde, et des hommes pieux de l'ancien temps, et des Juifs eux-mêmes. Nous le connaissons comme lumière, et nous sommes dans la pleine lumière de cette connaissance de Dieu. Nous savons qu'il est amour; il l'a manifesté, et cet amour versé dans nos coeurs bannit la crainte. Nous sommes à l'abri de cette frayeur, de cette grande obscurité qui tombait sur Abraham. En sa présence, nous ne disons pas comme Jacob: Que ce lieu-ci est terrible! ou comme Moïse: Je suis épouvanté et tout tremblant. Nous avons part au lot des saints dans la lumière et, affranchis du pouvoir des ténèbres, notre place est dans le royaume du Fils de son amour. Heureuse sphère que celle qui est déjà la nôtre, sphère où se manifeste Dieu lumière et amour!

Puisse chacun de nous dire: «Nous avons connu et cru l'amour que Dieu a pour nous». Etant ainsi sans crainte, «ayant connu Dieu», consommés dans l'amour, notre joie sera parfaite et nous pourrons dire: «Nous l'aimons, parce que lui nous a aimés le premier».