Notes prises à une lecture de Luc 12

 ME 1887 page 41

Darby J.N. (1880)

 

Je désire, ce soir, dire quelques mots sur la seconde venue du Seigneur, et examiner quelques-unes des Ecritures qui nous la présentent, non comme prophétie, mais comme l'espérance proposée par Christ lui-même à ses saints.

Je voudrais en parler d'une manière pratique, dans son application à notre marche comme chrétiens. Christ, à sa première venue, a réglé, pour nous qui croyons, la question du péché. L'oeuvre qu'il accomplit alors est le fondement de toutes nos bénédictions, célestes ou terrestres. La nouvelle alliance, la gloire à venir, et même les nouveaux cieux et la nouvelle terre, tout dépend de ce qu'il a accompli sur la croix. Sur la croix, l'on put voir la haine de Dieu contre le péché et son amour pour le pécheur. Là se déploya la juste colère de Dieu sur Celui qui avait pris la place du pécheur. Là l'inimitié de l'homme se montra dans toute son étendue; le Fils de Dieu fut crucifié par les mains impies de l'homme. L'acte volontaire de la méchanceté de l'homme pour s'assurer de la mort de Christ, rendit manifeste le remède de Dieu pour le péché.

Un des soldats perça de sa lance le côté de Jésus, et de ce côté percé coulèrent du sang et de l'eau. C'était à la fois la manifestation suprême de la méchanceté de l'homme et de l'amour de Dieu pour le pécheur. Si vous pouvez croire les merveilles de la croix, il n'est aucune des gloires qui en découlent qui puisse vous surprendre. Qu'y a-t-il de plus merveilleux que de voir le Fils de Dieu, Celui qui était avec le Père de toute éternité, descendre dans ce monde et devenir un homme, et plus encore, s'abaisser ainsi afin de pouvoir mourir! Nous ne comprendrons jamais pleinement, ni dans le temps, ni dans l'éternité, les merveilles de cette oeuvre et les gloires de la Personne qui l'a accomplie, car «nul ne connaît le Fils, si ce n'est le Père». Il y a deux grands sujets que l'Ecriture place devant nous une fois que la question du salut est réglée: c'est le gouvernement de ce monde et la grâce qui saisit un pauvre pécheur et l'introduit dans la même place que Christ. Cela n'est pas la prophétie; c'est le dessein de Dieu touchant ceux qui croient en sa parole. Christ reviendra et prendra ceux qui lui appartiennent, afin qu'ils soient avec lui, là où il est. La prophétie nous dit que ce monde marche vers le jugement. Elle est, nous dit Pierre, «une lumière brillant dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour ait commencé à luire» (2 Pierre 1: 19). L'autre chose est que Dieu m'a pris, moi, pauvre pécheur, et me place dans la même gloire que son Fils; et, à son apparition, tous connaîtront que nous sommes fils, car intérieurement et extérieurement, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Je sais que je vais lui être semblable et que je suis fortifié pratiquement, «transformé à son image de gloire en gloire», à mesure que j'avance, en manifestant la vie de Christ.

 


 

Dans la première épître aux Thessaloniciens à la fin de chaque chapitre, la venue du Seigneur est placée devant nous. Les chrétiens de Thessalonique étaient nouvellement convertis, et ils l'avaient été pour attendre des cieux le Fils de Dieu (1: 9, 10). C'était une partie de leur christianisme, leur appel comme saints, que d'attendre des cieux le Fils, «que Dieu a ressuscité d'entre les morts, Jésus», etc. Comme nous l'avons dit, c'était le fondement de toute bénédiction et de toute espérance. S'il y avait un fruit de son ministère (2: 19, 20), c'était la joie de Paul de regarder à la couronne de réjouissance qu'il aurait en la présence du Seigneur Jésus à sa venue. Etait-il question de la marche pour les Thessaloniciens? c'était en rapport avec la venue du Seigneur (3: 13): leurs coeurs devaient être affermis sans reproche en sainteté devant Dieu notre Père, à la venue du Seigneur Jésus. Si, pour un moment, le voile était levé et que nous pussions voir le Fils de l'homme qui vient en gloire et notre place en lui, comme nous marcherions paisiblement, et combien saintes seraient nos voies dans ce monde!

L'espérance de sa venue conduit toujours à la sainteté dans la marche. «Celui qui a cette espérance en lui se purifie comme lui aussi est pur». Les Thessaloniciens se trompaient à l'égard de leurs amis qui étaient morts (4: 13, etc.). Ils craignaient qu'ils ne fussent ainsi privés de toute la bénédiction qu'apporterait la venue du Seigneur. L'apôtre leur dit qu'il n'en serait pas ainsi. «Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance à l'égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n'ont pas d'espérance. Car si nous croyons que Jésus mourut et qu'il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus… Nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui dorment, etc.». Ceux qui s'étaient endormis auraient l'avantage, ils ressusciteraient d'abord. Qu'il s'agisse de consolation à l'heure de la douleur, de soutien dans l'épreuve, d'énergie dans le service, c'est tout la même chose: «Consolez-vous l'un l'autre par ces paroles». «Que le Dieu de paix vous sanctifie entièrement, et que votre esprit, votre âme et votre corps tout entiers soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ» (5: 23).


C'est le caractère de l'étoile du matin. Attendre le Seigneur produit la sainteté dans la marche. Quand le Seigneur allait quitter ce monde, il semblait qu'il abandonnait ses disciples; mais c'était tout le contraire (Jean 14: 2, 3, 16). Au commencement du livre des Actes, c'est de sa manifestation qu'il est question, tandis que dans le chapitre 14 de Jean, le Seigneur parle de sa venue pour les siens; mais il ne reviendra pas jusqu'à ce que tous ses cohéritiers aient été rassemblés. Au chapitre 3 de l'épître aux Philippiens, Paul nous montre que notre bourgeoisie, c'est-à-dire nos associations vivantes, sont dans le ciel. Cela signifie qu'avant la venue du Seigneur, notre vie, comme ressuscités avec lui, est en haut, «d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire». A la fin de l'Apocalypse, l'étoile du matin nous est présentée comme notre espérance: «Moi, je suis la racine et la postérité de David, l'étoile brillante du matin». L'étoile du matin n'est mentionnée que trois fois dans les Ecritures, et c'est toujours en rapport avec la venue de Jésus pour l'Eglise, non pour le monde ni pour la terre millénaire. Quand le Soleil de justice se lèvera, ce sera pour le jugement. L'ETOILE DU MATIN est vue par ceux qui veillent, par ceux qui ATTENDENT le jour durant les ténèbres de la nuit. «L'Esprit et l'épouse disent: Viens!» L'Esprit, le chrétien, l'Eglise, disent: Viens. J'ai l'Esprit et j'ai l'eau de la vie, mais non pas encore l'Etoile du matin, et c'est pourquoi l'Epouse dit: Viens! Le premier chapitre de l'Apocalypse passe par-dessus tout le temps qui s'écoule entre la première venue du Seigneur et son retour. Les saints disent: «A Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; et il nous a faits un royaume», etc.; mais régner avec lui n'est pas la plus haute gloire. Si ce Roi est mon époux, sera-ce sa royauté qui occupera mon coeur? Non; l'Eglise est son épouse, et nulle promesse de régner n'aura autant d'effet sur nos coeurs que la conscience que nous sommes son épouse. Aucune promesse de régner avec lui n'égalera la connaissance de ce fait que c'est mon époux qui règne. «Je viens promptement», voilà la promesse qui remplit de joie le coeur du chrétien. Le Seigneur dit encore au résidu à Thyatire: «A celui qui vaincra et qui gardera mes oeuvres jusqu'à la fin, je lui donnerai autorité sur les nations». Voilà la gloire. Mais est-ce tout? Non. «Et je lui donnerai l'étoile du matin». Ah! C'est LUI-MEME pour moi-même. «Nous avons la parole prophétique rendue plus ferme, etc.». La prophétie est une lumière qui brille dans ce monde couvert de ténèbres, mais lorsque vous jouissez de la connaissance personnelle de sa venue, le désir de votre coeur est satisfait. Votre attitude propre comme chrétien, la seule qui vous convienne comme tel, c'est d'attendre le Fils de Dieu des cieux. Ce n'est pas une question de propitiation. Les Thessaloniciens avaient été convertis pour servir le Dieu, vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils Jésus (voyez Matthieu 25).


Le Seigneur ne mentionne jamais sa venue comme devant avoir lieu au delà de la vie des personnes que son discours met en scène: ainsi les vierges qui sortent pour aller au-devant de l'Epoux sont aussi celles qui entrent avec lui aux noces. Le Seigneur, il est vrai, a fait connaître à Pierre qu'il devrait déposer sa tente; mais c'est une exception, et, comme on le sait, l'exception confirme la règle. Ainsi, notre affaire est d'attendre le Seigneur, telle est la règle pour nous: pour le chrétien la mort est l'exception. Que penserait-on de nous, si nous allions dire aux gens: Vous déposerez votre tente — c'est-à-dire, vous mourrez? Ah! diraient-ils, c'est ce que nous attendons, quand le moment sera venu. Mais telle n'est pas l'espérance du chrétien; son espérance est d'aller à la rencontre du Seigneur en l'air. S'il arrive que nous mourions, ce sera être absent du corps et présent avec le Seigneur, et lorsqu'il apparaîtra, nous paraîtrons avec lui. Nous verrons le Seigneur face à face; nous lui serons semblables: c'est là la joie du chrétien. Le Seigneur vient une seconde fois à part le péché, sans souffrance. Il a souffert, et nous ne pouvons sonder les profondeurs de ses souffrances; nul ne les connaît sinon le Père; l'éternité ne sera pas suffisante pour nous les faire mesurer. Eh bien, Celui qui a tant souffert, je le verrai. Si j'aime une personne, mon désir est de la voir. Supposez que toutes les personnes de cette ville attendissent des cieux le Seigneur, quel changement cela produirait dans cet endroit! Mourir n'est pas la même chose; les hommes s'attendent à mourir; ils sont accoutumés à voir mourir autour d'eux; mais attendre le Seigneur comme une chose actuelle changerait tout le cours des choses dans ce monde. Si nous étions du monde, la pensée de sa venue mettrait un terme à tous nos projets; mais le chrétien sait qu'il ne sera parfaitement conforme à l'image du Fils de Dieu, que quand Jésus reviendra; c'est pourquoi son désir tend vers cette venue. Un chrétien est une personne qui se trouve entre la première et la seconde venue de Christ. Il est associé avec lui dès maintenant, il le sert et l'attend, et il veille en l'attendant. Si nous passons par la mort, nous attendrons près de lui.


 «Là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur» (Luc 12: 34). Il y a dans ce passage une exhortation et aussi une promesse positive. Votre objet n'est pas le monde, mais votre responsabilité est de présenter Christ devant le monde. «QUE VOS REINS SOIENT CEINTS ET VOS LAMPES ALLUMEES». Ayez dans vos âmes ce qui est céleste, et cela jugera tout ce qui est contraire. Naturellement nous avons à travailler dans ce monde, afin de nous procurer honnêtement les choses dont nous avons besoin: le vêtement et la nourriture. Le Seigneur a travaillé. Il n'était pas seulement le fils du charpentier, il est appelé lui-même le charpentier. Mais ce n'était pas son objet; son coeur n'était pas dans ces choses. Peu nous est rapporté de son histoire durant les trente premières années de sa vie sur la terre, mais parmi ce que nous en savons, nous voyons qu'à l'âge de douze ans, son objet était la volonté de Dieu: «Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père?» dit-il à Joseph et à Marie. Il fut toujours l'homme obéissant, attendant toujours, pour agir, la parole du Père. Je dois avoir «mes reins ceints» de la vérité, et ma «lampe allumée», et être comme ceux qui attendent leur Seigneur, passant à travers ce monde comme étant de ceux dont les associations sont dans le ciel. Mes voies doivent être celles d'un homme qui attend son Seigneur; tel est le caractère que Dieu veut voir dans un chrétien: sa position est d'attendre des cieux le Fils de Dieu. Le méchant serviteur ne disait pas que son maître ne viendrait pas, mais qu'il tardait à venir, et c'est ainsi qu'il en vint à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer. Il cherchait sa propre satisfaction. Le caractère d'un chrétien est celui d'un homme qui attend son Seigneur, sans savoir le moment de sa venue. Et bienheureux ces serviteurs que le Seigneur, quand il viendra, trouvera veillant. C'est là que le coeur doit être, c'est ce que le Seigneur attend de moi. Si mon coeur est rempli de Christ, je l'attendrai. C'est ma joie de penser qu'il va venir nous prendre pour être avec lui, là où pas un seul saint ne se trouvera qui ne sera extérieurement et intérieurement semblable à lui-même. Marie de Magdala, de laquelle il chassa sept démons, et le brigand qui fut attaché à la croix, seront avec lui, semblables à lui, conformes à son image.

 «Nous ayant prédestinés selon le conseil de sa volonté, afin que nous soyons à la louange de sa gloire» (Ephésiens 1). Dieu veut nous avoir bien au-dessus de tous les cieux dans la gloire avec son Fils. Mais Christ s'est fait serviteur pour toujours (Exode 21). Il nous a aimés jusqu'à la mort, la mort de la croix, et il dit: quand je serai au ciel je servirai encore. Maintenant vos reins doivent être ceints et vos lampes allumées, dit le Seigneur; ce n'est pas le repos; mais quand la course sera achevée, quand je serai maître sur ma propre maison, vous serez assis avec moi et je servirai encore. Il n'a pas voulu avoir douze légions d'anges, non; c'était sa gloire de servir; l'amour se délecte à servir (Jean 13). Son service ne prend jamais fin; quand il m'aura dans le ciel, son délice sera de servir. Je les ferai asseoir à table et je les servirai, telle est la pensée du Seigneur à l'égard des siens. Quand je pense que le Fils de Dieu est descendu du ciel, qu'il est devenu un homme afin de mourir pour moi, je ne puis m'étonner de rien, je puis tout attendre. Nos reins ne seront plus ceints là-haut; il nous fera asseoir et lui-même servira. C'est en soi-même la bénédiction que d'être avec lui — de s'asseoir et qu'il nous serve. Il n'y a aucune difficulté de croire qu'il fera tout pour nous, quand nous savons qu'il a quitté la gloire et est devenu un homme, afin de nous servir; et le secret du coeur de Dieu est de m'avoir conforme à l'image de son Fils — ce à quoi il m'a prédestiné, et Christ ne verra du fruit du travail de son âme que lorsqu'il aura chaque membre de son corps dans la même gloire que lui et parfaitement semblable à lui. Nous régnerons avec lui, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus élevé; il y a une joie bien plus profonde pour l'épouse fidèle; pour elle, la meilleure chose, c'est d'être avec son époux. Elle sait que s'il règne, elle régnera aussi avec lui, mais sa joie est de se dire: Celui qui règne, c'est mon époux. Eh bien, je régnerai avec lui, mais cela ne vient qu'en second rang — la maison du Père est au-dessus de toute la gloire du royaume, et Christ a dit: «Je vais vous préparer une place». Christ ne peut pas se tenir à distance de nous. Il ne nous a pas donné ce monde, mais il nous donne ce que le Père lui a donné. La gloire dans laquelle il est entré comme Fils de l'homme, voilà la gloire qu'il nous donne. Croyez-vous que Dieu vous aime comme il aime son Fils? Nous n'ajoutons pas foi à l'amour que Dieu a pour nous. Nous ne croyons pas à cet amour qui est dans son coeur. S'il n'a pas épargné son propre Fils, que ne nous donnera-t-il pas avec lui! Dieu part toujours de ce qu'il est en lui-même; nous, nous commençons toujours par nous-mêmes; nous allons de bas en haut: le mieux serait de faire comme Dieu voudrait. Si je regarde au Seigneur, si je l'attends, j'aurai mes reins ceints et ma lampe allumée. Je crois qu'il viendra bientôt; je ne dis pas qu'il le fera, je pourrais me tromper — mais c'est ma pensée. Si je soupire après la venue du Seigneur, j'attendrai et je veillerai, et «BIENHEUREUX CE SERVITEUR QUE SON MAITRE, LORSQU'IL VIENDRA, TROUVERA FAISANT AINSI».