Méditations de J.N.D.

Suite des méditations 1 à 16 parues dans le Messager Evangélique 1886

 

Méditations de J.N.D. 1

Méditation de J.N.D. no 17 -  Ephésiens 6 - Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 18  -  Romains 7  -  Darby J.N. 3

Méditation de J.N.D. no 19  -  Lévitique 3; 7: 11-36 - Darby J.N. 5

Méditation de J.N.D. no 20  -  Psaume 110   -  Darby J.N. 7

Méditation de J.N.D. no 21  -  1 Thessaloniciens 1  -  Darby J.N. 8

Méditation de J.N.D. no 22  -  Psaume 69  -  Darby J.N. 10

Méditation de J.N.D. no 23  -  1 Jean 1 – 2: 1, 2  -  Darby J.N. 11

Méditation de J.N.D. no 24  - Lévitique 4: 1-26; 6: 17-23 - Darby J.N. 14

Méditation de J.N.D. no 25  - Josué 7 - Darby J.N. 15

Méditation de J.N.D. no 26  - Psaume 84 - Darby J.N. 17

Méditation de J.N.D. no 27  - Jean 6: 1-59 - Darby J.N. 19

 

Méditation de J.N.D. no 17 -  Ephésiens 6 - Darby J.N.

ME 1887 page 74

Christ (versets 1-9) devient le mobile de tout ce que nous avons à faire; c'est ainsi que tout s'adoucit pour nous ici-bas au milieu de nos misères. Ce sentiment, tout en agissant puissamment sur la conscience, est en même temps une source de joie. Nous pouvons tout faire en la présence du Seigneur Jésus; c'est lui que nous devons servir toujours et en toute occasion. C'est un privilège immense que d'introduire Christ de cette manière dans toutes les circonstances de notre vie. Nous trouvons ainsi le calme, précisément dans les moments de trouble et d'orage. Pierre n'aurait pas mieux marché sur une mer calme que sur une mer orageuse. La foi a pour résultat de faire que Dieu soit en tout la circonstance principale, quelles que soient les circonstances extérieures. Il faut de la vigilance pour cela. Ce n'est pas au moment où les difficultés surgissent que nous trouvons des ressources autour de nous. Satan nous dresse des embûches, mais sa force tombe instantanément quand Jésus se manifeste. Dans l'enfant de Dieu, la puissance de l'Esprit est plus forte que celle de Satan. Quand le coeur est sous l'influence des embûches de l'ennemi, celui-ci est fort, témoins les Gadaréniens.

L'économie actuelle est appelée la nuit; il fait nuit pour le monde, mais la nuit est avancée. Nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Combattre contre le sang et la chair, c'est combattre contre la nature humaine. La chair et le sang signifient toujours l'homme (cf. Hébreux 2: 14), quand ces deux expressions sont réunies; ce n'est pas le péché. Les Israélites, entrant dans la Canaan terrestre, ont eu à combattre les hommes, la chair et le sang. Notre Canaan est céleste, et nos ennemis sont, non pas les hommes, mais Satan et ses pièges. La parole de Dieu fait plus souvent mention de Satan que nous.

Verset 13. — Le temps actuel, où nous avons à combattre Satan, en l'absence de Christ, est en général un mauvais jour. Paul, à la fin de sa carrière, se trouvait seul; à mesure qu'il travaillait, Satan gâtait tout. Il est des temps où Satan déploie plus de puissance; c'est pourquoi nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Un homme qui irait à la guerre en négligeant une partie de ses armes serait un insensé. Il en est ainsi du chrétien qui lit la Parole et néglige la prière, ou prie et ne lit pas la Parole. Les chrétiens succombent facilement, quand ils ne prennent pas toutes les armes de Dieu; Satan trouvera bientôt leur côté faible et les frappera par cet endroit-là. Notre ennemi est rusé et puissant. Un chrétien qui manque à la vigilance, à la prière, à la lecture de la Parole, a oublié qu'il est en lutte avec Satan et sera bientôt blessé.

Verset 14. — La vérité, source de toutes nos espérances, de notre vie, de notre force, doit ceindre nos reins; elle doit juger toutes nos affections. Dans le ciel, nous pourrons nous laisser aller de tout notre coeur à nos affections. Ici-bas, il nous faut toujours veiller sur elles et sur nous-mêmes; dans le ciel, tout est pur. Ici-bas, on ne peut louer Dieu sans crainte du monde, parce que ce dernier n'a pas un coeur qui réponde au nôtre; au ciel, le contraire aura lieu. En présence de l'ennemi, au milieu des tentations et des combats, il faut être soldat et muni de toutes armes. Il ne suffit pas d'être sujet fidèle, il faut être prêt au combat. C'est la vérité agissant sur le coeur, retroussant, pour ainsi dire, toutes nos affections, nous débarrassant de ce qui nous encombre, et nous mettant ainsi en état de combattre.

Verset 14. — Etre revêtu de la justice est rare dans le sens pratique. C'est ce qui fait qu'on n'ose pas se mettre en avant contre l'ennemi; on a une mauvaise conscience. C'est une triste chose d'être sans cuirasse quand le combat arrive, et nous ne savons pas quand il arrivera. Ici-bas, pendant ce jour mauvais, nous pouvons nous trouver à chaque instant en présence de l'ennemi; c'est pourquoi nous devons veiller à avoir toujours une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes.

Verset 15. — L'esprit de contestation ne vient pas de l'Evangile. Nos pieds, nos démarches, doivent avoir la préparation, la disposition de paix; toute notre marche doit porter ce caractère. Nous avons ici-bas la paix avec Dieu, mais la guerre avec Satan; au ciel, la paix sera parfaite. En demeurant en Christ, le chrétien introduit dans son coeur l'esprit de paix, de calme. Dieu est le Dieu de paix, et sa paix garde nos esprits et nos coeurs. Un but, même bon, que nous poursuivons, ne nous donne pas la paix; il faut combattre pour y arriver; il n'est d'ailleurs pas en notre pouvoir; ce qui seul est en notre pouvoir est la marche, le chemin, l'obéissance à la volonté de Dieu. L'Eglise tombe souvent dans le piège en poursuivant un but, au lieu de ne faire que se soumettre à la volonté de Dieu. L'obéissance est une force divine et non humaine. La communion avec Dieu est la source de notre obéissance et de notre force. Avoir les pieds chaussés de la préparation de l'évangile de paix est une des principales dispositions que doit revêtir le chrétien.

Verset 16. — Toutes ces armes dont nous avons parlé sont défensives. Il en est de même du bouclier de la foi; c'est une confiance parfaite en Dieu. Tous les traits enflammés du malin sont éteints par cette disposition. La présence et les secours de Dieu nous sont bien plus assurés pour demain, que demain lui-même. La foi s'attache à Celui qui fait le bien, et non au bien qu'il a fait. Dieu est Dieu dans toutes les circonstances et la communion avec lui nous met en état de tout supporter sans que Satan nous atteigne.

Verset 17. — Le casque du salut, une paisible assurance du salut, nous donne une force indicible. La mort, le supplice ne sont plus rien, quand nous savons que, par eux, le monde nous mène droit à Dieu. Le salut m'appartient et non le jugement de Dieu; je suis déjà du côté de Dieu qui m'a réconcilié avec lui. Je suis encore dans la bataille, parce que Satan est contre moi, par cela même que je suis pour Dieu et que Dieu est pour moi. Le casque du salut nous rend hardis, et nous fait lever la tête, non par orgueil, mais par joie, par activité.

On devient actif pour frapper l'ennemi par l'épée de la Parole. La chair n'a pas d'épée; mais l'Esprit a la parole de Dieu qui est une épée à deux tranchants. Sans doute, la chair peut se servir de la parole de Dieu, faire de beaux discours par son moyen, amuser les âmes, leur faire plaisir, mais elle les laisse dans l'endurcissement et ne les pénètre pas.

Verset 18. — Si nous avons senti puissamment et sincèrement que Dieu est pour nous, nous serons toujours prêts à nous appuyer sur lui. Le chrétien ne doit rien faire que dans l'esprit de dépendance. Avec les meilleures dispositions, il fait mal, quand il agit sans prendre conseil de Dieu par la prière. Avant d'être roi, David n'a jamais agi qu'une fois sans prendre conseil de Dieu. Après être devenu roi, cela lui est arrivé souvent par orgueil; de là ses crimes. Nous ne devons rien décider sans prière; cela calme l'esprit et l'on sort de la présence de Dieu, ayant la pensée de Dieu par une entière obéissance. Quand nous ne veillons pas, les circonstances extérieures agissent sur la chair. La vigilance nous fait en tout recourir à Jésus.

Méditation de J.N.D. no 18  -  Romains 7  -  Darby J.N.

ME 1887 page 134

Il est deux choses auxquelles Satan s'oppose absolument dans nos relations avec Dieu: la confiance et la sainteté. Ces deux choses ne se rencontrent pas nécessairement ensemble: le désir de la sainteté peut être séparé de la confiance en Dieu. On peut aimer la sainteté sans avoir une pleine confiance, parce que la source de ce désir est différente de celle de la confiance. Il est des vérités qui, prises séparément, nous plongent dans la misère. Les amis de Job, par exemple, l'effrayaient par des vérités que le Saint Esprit nous présente d'une autre manière. Plus l'amour de la sainteté manifeste le péché en nous, plus le désespoir produit par le péché est grand. La source de notre confiance est ce que Dieu est pour nous en Christ. Si nous voyons en Christ uniquement ce que nous devons être, cette comparaison de Christ à nous est un nouveau moyen de faire naître le désespoir.

La confiance en Dieu est un moyen de sanctification; c'est pourquoi Satan cherche à la détruire dans les âmes qui aiment sincèrement la sainteté, et à lui substituer une fausse confiance, comme il le fit pour Eve.

Pour bien comprendre le chapitre que nous avons lu, il faut comprendre toute l'épître aux Romains. On y trouve (chapitres 3; 4) deux principes: 1° Le sang de Christ comme réponse de Dieu à toutes les exigences de la justice de Dieu, quant à ce que l'homme a fait. 2° L'efficace de la résurrection de Christ sur la vie chrétienne et sur la foi. La résurrection de Christ nous montre (chapitre 5: 1-3) le péché derrière nous, la grâce dans le présent et la gloire dans l'avenir.

Ces choses découlent de deux grandes sources, le premier Adam et le second Adam. C'est là ce qui remplit la seconde partie du chapitre 5. Dans les chapitres suivants, l'apôtre montre l'effet de la vie du second Adam en nous quant au péché (chapitre 6), et l'effet de cette vie quant à la loi (chapitre 7). Tout cela se rattache à la justification. Si Christ ressuscité me communique sa vie, je suis placé dans toute l'efficace de ce que Christ a fait. Si nos âmes étaient aussi simples que la vérité de Dieu, nous nous verrions dans tout ce que Christ est, et nous aurions une joie inconcevable. En nous révélant l'état de nos âmes, Dieu ne nous demande pas ce que nous en pensons, mais il nous dit ce qu'il en pense. Dieu voit les âmes, auxquelles la vie de Christ est communiquée, dans ce que Christ est selon l'appréciation de Dieu; Dieu parle de nous selon sa vérité et non selon nos préjugés. Nous avons part à tous les privilèges par la communication d'une vie qui est la sainteté (chapitre 6: 3-6).

Dans le chapitre 7, l'apôtre montre l'effet de la loi, quand la vie a été communiquée au pécheur. La loi demande que la créature soit parfaite devant Dieu; elle exige la perfection absolue, sinon elle prononce la condamnation. La grâce est l'introduction de l'amour de Dieu et de la vie de Dieu au milieu du mal. Il ne peut pas exister de grâce où il n'y a pas de mal. Dieu donne, par la grâce, une vie qui hait le mal, aime la sainteté, et se place devant le mal selon l'efficace de la vie de Christ en nous.

La vie peut être introduite dans l'âme, sans une pleine connaissance de l'amour qui a donné cette vie, et c'est l'état qui est représenté au chapitre 7. Il est impossible qu'un homme qui n'est pas entièrement affranchi et délivré ait pu décrire cet état. Ce n'est pas dans le brouillard qu'on voit clairement ce qui le constitue, c'est quand on a passé dans la lumière,

(Versets 1-4). Le premier mari d'un Juif est la loi; dans la mort de Christ, le Juif est mort à la loi et peut se marier avec Christ afin de porter du fruit pour Dieu. Le sujet de ce chapitre est la délivrance de la servitude de la loi par la résurrection de Christ. Il n'y a pas de véritable paix sans cela.

(Verset 5). «Quand nous étions dans la chair»; donc le chrétien ne peut pas être dans la chair, car cela ne peut signifier que l'état d'inconversion. Nous ne sommes plus dans la chair, du moment où nous avons reçu la vie de Christ (Romains 8: 8, 9). L'homme qui est en Christ est, devant Dieu, non dans la chair, mais dans l'Esprit.

L'effet de la loi est d'attacher tout péché à l'âme comme sujet de condamnation. Il n'y a point d'autre principe dans la loi, que de nous rendre responsables, sans nous donner ni force, ni grâce. Son effet est décrit au verset 13.

Le verset 14 nous montre la connaissance du nouvel homme: «Nous savons que la loi est spirituelle»; et l'expérience du nouvel homme: «Mais moi je suis charnel, vendu au péché». Au verset 17, il va plus loin; il trouve que la chair n'est pas lui, parce que le nouvel homme juge en lui le vieil homme. Il distingue entre les deux natures. Romains 3: 10, 1l, montre que l'homme déchu n'a ni justice, ni intelligence, ni désir de Dieu. Mais, appliquant la sainteté de la loi à son état, il se condamne. S'il comprend et aime la sainteté, il retrouve encore la chair en lui, et se condamne encore. Mais, s'il trouve sa justice en Christ, le dernier obstacle est emporté. Le nouvel homme, aimant la sainteté, cherchant la sainteté, et voyant la chair en présence de la loi, tel est le tableau présenté depuis le verset 14, et il ne peut conduire qu'à l'exclamation finale du verset 24.

Il y a un avancement progressif dans l'affranchissement des âmes. Le premier effet de l'amour de la sainteté est de faire regarder à la chair comme étant nous-même. C'est un triste état. L'âme peut dire: ce n'est pas moi; ce n'est pas ce que je désire; mais elle met encore son état en question devant le jugement de Dieu. Quand l'âme croit que tout ce que la chair fait, c'est elle qui le fait, elle est encore tout près du désespoir. La grâce nous a vus dans tous nos péchés et nous a aimés. L'Evangile dit: Vous êtes perdus, je vous ai sauvés. L'âme, par la conscience, raisonne son état. C'est profitable, mais ce n'est pas la paix. La grâce nous montre comme étant ressuscités avec Christ. Dieu ne regarde pas à ma chair, qu'il a jugée en Christ, et ne me juge plus selon la loi. C'est comme Père qu'il me juge, et pour mon bien. Par le sceau du Saint Esprit, j'ai la force de la vie de Christ pour jouir de Dieu, et c'est le sujet du chapitre 8. Celui du chapitre 7 est, non le combat intérieur, mais l'effet du combat intérieur, considéré devant la loi. Si la loi est mon mari, Christ n'est pas mon époux; puis la fin du chapitre montre l'homme régénéré, considérant sa chair en présence de la loi qui le met au désespoir, d'autant plus qu'il comprend mieux la sainteté de Dieu.

Que puis-je donc faire? Rien; Dieu a tout fait. Je suis uni à Christ qui est ressuscité et moi avec lui. Ce n'est pas en nous-mêmes que Dieu nous juge; il nous a jugés en Christ.

Méditation de J.N.D. no 19  -  Lévitique 3; 7: 11-36 - Darby J.N.

ME 1887 page 256

Sauf les sacrifices pour le péché, qui ont une place à part, tous les sacrifices mentionnés dans les premiers chapitres du Lévitique supposent que le peuple est déjà en relation avec Dieu. Le sacrifice de prospérités vient après l'holocauste (chapitre 1): c'est-à-dire que le croyant, quand il a compris le sacrifice de Christ, a pour état normal d'entrer en communion avec le Père. C'est une chose bien fâcheuse quand un chrétien n'est pas dans cet état, car, pour y être, il ne lui manque rien. Le sang de Christ est toujours devant Dieu et nous sommes toujours acceptés en vertu de ce sang; la vie de Christ nous a été donnée et doit nous faire comprendre les pensées de Dieu à l'égard de Christ.

Quand nous considérons le sacrifice de Christ, nous lui trouvons deux faces: sa nécessité pour notre salut et sa sainteté devant Dieu. La connaissance de la seconde nous met en communion avec le Père. C'est ce que représentent les sacrifices de prospérités; ils nous montrent Dieu ayant part avec son peuple à une joie commune. Ils reproduisent les principales circonstances de l'holocauste (chapitres 3: 1-3; 1: 3-6). La graisse représente la vigueur de la volonté, l'énergie intérieure du coeur: elle devait être offerte comme un sacrifice, par feu, à l'Eternel. Le sang est la vie. Ces deux choses étaient la part de l'Eternel. Toute la vie, toutes les affections, toute la force, toutes les pensées du coeur de Christ, ont été offertes à Dieu.

Dans le désert, l'Israélite ne pouvait manger la chair d'une bête sans l'avoir amenée auparavant, comme offrande, au tabernacle. Les païens en agissaient de même à l'égard de leurs idoles, et c'est à quoi 1 Corinthiens 10: 14-22, fait allusion. Les fidèles mangeaient le même animal dont la graisse et le sang avaient été offerts à l'Eternel. Une partie de l'animal était mangée par celui qui faisait l'offrande et ceux qu'il avait conviés. Une autre partie était mangée par Aaron et ses fils. L'épaule droite était la part du sacrificateur qui avait répandu le sang.

Le sacrifice de prospérités était donc un repas de communion entre Dieu et son peuple. Toutes nos actions de grâces et nos louanges sont offertes par Christ et, par lui, mettent en communion Dieu et l'Eglise. Il ne peut y avoir une prière présentée à Dieu qui ne le soit par Christ selon ses pensées et son sacrifice. Si nous avons de la joie, c'est que nous participons à la joie de Dieu. Dieu trouve sa joie dans tout ce qu'il y a en Christ. Christ, éprouvé par la sainteté de Dieu, n'a rien offert qui ne fût en bonne odeur à l'Eternel. Dieu en jouit, y trouve ses délices. Les fidèles partagent cette joie avec Dieu, en même temps qu'ils y participent en commun. Cette communion est particulièrement représentée et réalisée dans la cène. Toute l'Eglise de Dieu, représentée par Aaron et ses fils, y a sa part; Christ, lui-même, le sacrificateur qui a offert le sang et la graisse du sacrifice de prospérités, n'en est pas exclu. L'auteur de la rédemption a part à la joie de la rédemption; il a la joie de voir des pécheurs sauvés par l'efficacité de son sacrifice.

Il ne peut y avoir dans le coeur de Dieu une joie qui ne soit, en même temps, celle de Christ et de l'Eglise. Dans les choses de ce monde, un homme ne peut participer à ce qu'un autre possède; dans l'Eglise, tout est en commun; un membre de Christ ne peut souffrir sans que tout le corps souffre. La santé générale de l'Eglise peut n'en pas être affectée d'une manière sensible et visible, mais la chose n'en est pas moins réelle, parce que toute l'Eglise n'a qu'un seul Esprit. L'Eglise est dans l'incrédulité à l'égard de cette vérité; elle oublie l'action de l'Esprit de Dieu, ne croit et ne sait voir que l'action de l'homme.

Les sacrifices de prospérités représentaient donc la joie commune de Dieu, de Christ et de l'Eglise.

Une personne souillée ne pouvait avoir part à la communion de ces sacrifices. Si la souillure d'un frère est venue à la connaissance de l'assemblée, c'est une affaire de fidélité pour celle-ci de l'avertir et de ne pas l'admettre à la table du Seigneur. Si un frère a manqué, il doit tout premièrement s'humilier pour pouvoir prendre part au culte; non pas s'abstenir, mais retrouver par l'humiliation la communion rompue par le péché, la joie et la paix de la présence de Dieu.

Si notre culte ne se rattache pas directement au prix du sacrifice de Christ, tout y devient péché. C'est ce que signifie Lévitique 7: 15-17. Un culte séparé de l'efficacité du sacrifice et de sa parfaite acceptation devant Dieu, est devenu un culte charnel, un culte de forme dans lequel la chair pourra trouver beaucoup de charme (chants, musique, prières, discours), mais qui est absolument étranger à la communion de l'Esprit.

Il faut que le culte soit en esprit et en vérité. Les Samaritains n'avaient ni l'un ni l'autre. Les Juifs avaient la vérité sans l'Esprit; il en est de même aujourd'hui des chrétiens professants. La chambre est balayée et ornée, mais vide; l'Esprit est absent, la source jaillissante en vie éternelle manque. Chaque chrétien qui réalise le culte ne se borne pas à recevoir, mais boit à la source pour que l'eau vive, l'Esprit, coule de lui, et ainsi il règne une communion de joie entre Dieu, Christ et l'Eglise. Un cantique apportant Christ à notre âme et chanté par l'Esprit, nous remplit de joie. Si l'Esprit n'est pas là, je n'y trouverai que de belles paroles et une belle mélodie, et le cantique ne sera plus qu'une chanson et une abomination devant Dieu. Tout ce qui, dans le culte, n'est pas vivifié par l'Esprit, est de la chair et du péché. Tout doit y être lié à Dieu dans la bonne odeur de Christ; nous devons nous y nourrir avec Dieu de la perfection du Bien-aimé. C'est là le droit de l'onction (Lévitique 7: 35). Nous sommes oints par le Saint Esprit qui nous donne le droit d'avoir part à ces choses.

Cette onction est notre part perpétuelle. Quand il est dit: «N'éteignez pas l'Esprit» (1 Thessaloniciens 5: 19), cela signifie «les dons de l'Esprit». Il n'est pas possible que le Saint Esprit soit éteint dans le coeur d'un fidèle; mais toute pensée qui vient de la chair le contriste. Le Saint Esprit est le propriétaire de notre coeur et il n'y souffre pas la présence du mal; il est contristé de tout ce qui ne vient pas de lui. En ce sens, tout péché est contre le Saint Esprit.

Méditation de J.N.D. no 20  -  Psaume 110   -  Darby J.N.

ME 1887 page 275

Ce Psaume nous présente la sacrificature et la royauté du Seigneur. Jésus l'a cité pour confondre ses adversaires lors de sa dernière visite à Jérusalem: «David donc l'appelle Seigneur; et comment est-il son fils?» Quand il mentionna ce passage (Luc 20), le Seigneur allait être rejeté et s'asseoir à la droite de Dieu. Tout ce chapitre de Luc montre, dans une suite d'entretiens, la transition de l'économie juive à celle où nous sommes. Cette parole: «Rendez les choses de César à César» (Luc 20: 25), condamnait les Juifs que leur infidélité avait asservis aux Romains, mais qui renoncent ensuite eux-mêmes à l'espérance du Messie, en disant: «Nous n'avons pas d'autre roi que César» (Jean 19: 15). Ce Psaume 110 explique aussi le passage de Marc 13: 32, où il est dit que personne n'a connaissance du jour et de l'heure du jugement de Dieu, «pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils». Jésus est assis, comme homme, à la droite de Dieu. S'étant fait serviteur, il attend tout de la volonté de son Père et reçoit le royaume de cette manière; il attend que Dieu mette ses ennemis pour le marchepied de ses pieds. Il les foulera ensuite. Les ennemis de Christ, que ce passage a particulièrement en vue, sont les Juifs (Conf. Luc 19: 27). La nation sera détruite. Esaïe 65: 14, montre la distinction entre la nation, «ses ennemis», et les élus que Dieu s'est choisi du milieu d'elle, «ses serviteurs».

Dieu s'est révélé aux Juifs sous le nom de l'Eternel, à nous, sous le nom de Père. Le Père châtie ceux qu'il aime et qu'il reconnaît pour ses enfants; l'Eternel châtie ses ennemis et les foule dans la cuve de sa colère. Les Psaumes nous montrent les relations de l'Eternel avec les Juifs et le Messie. Sans doute, l'Eglise est de plusieurs manières intéressée aux choses qu'ils renferment. L'Esprit de Christ y parle par la bouche de Christ et par celle des fidèles. On y trouve exprimées les expériences produites par l'Esprit de Dieu dans le coeur, mais non pas les effets de la résurrection de Christ pour les croyants.

Le verset 1 du Psaume 110 nous présente l'économie actuelle, le verset 2, ce qui la suivra. Christ est le roi du royaume de Dieu; aujourd'hui, ce royaume a le caractère de royaume des cieux, parce que le roi est dans le ciel. Les versets 2 et 3 s'accompliront, quand il viendra selon Apocalypse 11: 15.

Au verset 5, c'est Israël qui parle. Christ doit régner sur son peuple, rétablir le trône de David et gouverner les nations. Au verset 7, le Christ s'humiliera, sera rafraîchi dans sa carrière terrestre, puis il sera glorifié.

Le Seigneur n'est pas encore établi comme roi; il attend que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. Alors le sceptre de sa force sortira de Sion; il régnera sur les Juifs et sur les nations. L'Eglise est avec Christ dans des relations plus intimes: il ne règne point sur son épouse et sur ses cohéritiers.

Méditation de J.N.D. no 21  -  1 Thessaloniciens 1  -  Darby J.N.

ME 1887 page 277

C'est un beau témoignage que l'apôtre rend aux Thessaloniciens dans ce chapitre. Il priait sans cesse pour eux en vue de leurs combats contre Satan, intercédant pour que Dieu agît dans leur coeur et les soutint contre les assauts de l'ennemi. Mais l'apôtre rendait aussi toujours grâces à Dieu pour eux tous; leur état étant pour lui une source de joie devant Dieu.

Avant d'aborder ce sujet, remarquons (versets 6; 7) qu'ils étaient, par les afflictions, en communion avec l'apôtre et le Seigneur, et remplis de joie. Il n'y a jamais de réveil religieux sans persécution. Satan voudrait, avant tout, que les chrétiens se tinssent tranquilles et vécussent en se conformant au monde; aussi, lorsque les droits de Christ sont réclamés sur les coeurs dans ce monde qui est le royaume de Satan, il met tout en oeuvre pour s'y opposer. N'a-t-il pas suscité à Jésus toutes les oppositions possibles? Du moment que nous devenons imitateurs des apôtres, nous avons la joie de l'Esprit Saint accompagnée de persécutions. L'effet de ces dernières est de mettre à nu la chair partout où elle se trouve; Dieu se sert de l'opposition de Satan pour manifester ce qu'il y a dans le coeur de l'homme. L'effet de la fidélité des chrétiens est de rendre, par la persécution même, le monde, à son insu, prédicateur de l'évangile, car en blâmant les principes, la conduite et les espérances du chrétien, il en parle et les publie.

Mais revenons au motif des actions de grâces de l'apôtre. On trouve, au verset 3, plusieurs expressions remarquables. Les mots: «devant notre Dieu et Père», montrent que tout ce que les Thessaloniciens faisaient, découlait de la vraie source du bien. «Votre oeuvre de foi»: Il est des oeuvres chrétiennes qui, faites dans la lumière et la profession de Christ, glorifient Dieu devant les hommes (Matthieu 5: 16). Il en est d'autres qui, commencées avec lui, se continuent hors du regard de Dieu, et, par conséquent, ne le glorifient pas. La foi, l'amour et l'espérance, étaient à la base de l'oeuvre, du travail et de la patience des Thessaloniciens. L'église d'Ephèse (Apocalypse 2: 2) avait aussi les oeuvres, le travail et la patience, mais le premier amour s'était éteint. L'eau coulait encore que la source était déjà tarie.

Une oeuvre de foi découle uniquement des rapports de mon âme avec Christ, n'ayant égard ni aux difficultés, ni aux résultats, mais uniquement à la volonté de Dieu. Le travail doit être le fruit de l'amour, sinon il est un travail de mercenaire. Notre travail ne peut être quelque chose que par l'amour, parce qu'il est ainsi l'expression de l'amour de Dieu. La patience dans ce travail sera bien vite nécessaire à cause des difficultés et de l'opposition que nous rencontrons. Cette patience doit être celle de l'espérance. Le travail engendre le travail. La patience chrétienne n'est pas un laisser aller, mais une force en vue de l'espérance de la gloire, au milieu du mépris et de la réjection du monde. Rien ne peut la décourager: l'objet de la foi est toujours le même; l'amour de Christ toujours le même; la gloire qui nous est promise est immuable.

Les vérités qui avaient introduit les chrétiens de Thessalonique dans cette vie d'activité et de communion sont rappelées aux versets 9 et 10. Ils s'étaient tournés des idoles vers Dieu, non vers d'autres idoles. Tout ce qui détache notre coeur de Dieu est une idole: l'avare est idolâtre de l'argent, le gourmand fait de son ventre son Dieu. C'est aussi une idolâtrie de se reposer sur l'argent pour être heureux. L'efficace seule du Saint Esprit peut nous tourner des idoles vers Dieu. Quand Dieu prend possession du coeur, les idoles tombent. Cela ne se fait pas sans combat. Il faut que Dieu soit notre seul objet. Le chemin, sans doute, peut être plus ou moins vite parcouru, mais le point capital est que Dieu soit notre objet. Entre deux hommes, dont l'un est à dix lieues de Genève et s'y rend, dont l'autre n'en est qu'à une lieue mais lui tourne le dos, lequel arrivera le plus vite à Genève? De fait, le second n'y arrivera jamais.

Dès leur conversion, les Thessaloniciens attendaient des cieux le Seigneur Jésus. Sa venue était le moment attendu de leur délivrance et de leur joie. On désire la présence de celui qu'on aime; pour attendre le Seigneur avec joie, il faut aussi être assuré qu'il vient pour nous prendre auprès de lui, et qu'il n'y a pour nous ni jugement, ni colère à venir. Le chrétien est, avec le Seigneur, non pas dans des relations vagues, mais dans des relations connues. Christ est connu comme ami, comme Sauveur. En croyant en lui, nous sommes de son parti dans ce monde. Il faut être du premier Adam ou du second. Si je suis uni au second Adam, je connais mon sort; et je sais que si le premier Adam m'a privé du paradis terrestre, le second m'a donné le ciel. Toute la vie des Thessaloniciens était devenue la manifestation de leur communion avec Christ.

Méditation de J.N.D. no 22  -  Psaume 69  -  Darby J.N.

ME 1887 page 297

 

Ce Psaume se rapporte en entier au Messie; les malédictions qui y sont prononcées sont le jugement de Dieu sur les ennemis du Christ (Conf. Romains 11: 9, 10). Il en est de même de toutes les malédictions des Psaumes.

Plus on considère tout le conseil de Dieu, plus on est frappé de l'extrême légèreté de nos coeurs à l'égard du péché. Combien de fois n'agissons-nous pas selon notre volonté et les convoitises de nos coeurs, sans même penser à Dieu! Et cependant Dieu, Christ, les anges, et Satan même, envisagent le péché comme une chose infiniment sérieuse. Le coeur de l'homme seul, ce coeur qui est la scène de tous les combats entre le bien et le mal, traite le péché avec légèreté! C'est dans le monde que le combat de Christ avec Satan et sa victoire sur l'ennemi ont eu lieu, et le monde n'y prend pas garde. C'est ici-bas que Dieu a manifesté toutes ses pensées à tous égards, et l'homme, seul objet de toutes ces manifestations, passe indifférent à côté de ces choses. Rien ne peut mieux démontrer l'éloignement naturel du coeur humain pour tout ce qui est de Dieu.

Quand une telle légèreté se montre chez des chrétiens, elle est d'autant plus déplorable, et elle est tout aussi dangereuse lorsqu'il s'agit de l'Eglise que s'il est question de notre marche individuelle. Si nous avions compris ce qu'il en a coûté à Christ pour acquérir l'Eglise, nous ne pourrions nous occuper, selon notre pensée, de ce qui la concerne, et nous comprendrions que nous ne pouvons être pour elle que des instruments de la grâce.

Quand il est dit (verset 17): «Ne cache pas ta face de ton serviteur», c'est la requête de Christ allant à la mort; la face de Dieu lui était cachée, parce qu'il expiait le péché et portait notre condamnation. Ce cri ne peut être le nôtre; Christ seul a pu le pousser, et cela lorsqu'il était notre remplaçant. Toute la colère de Dieu contre le péché a été épuisée dans le jugement que Christ a subi à notre place. Cette colère ne nous atteint plus, car la perfection, l'immensité de l'amour de Dieu pour nous, sont manifestées dans la colère dont nos péchés ont été l'objet en Christ.

Christ, comme homme, a beaucoup souffert de la part des hommes, sous leurs mépris, leurs insultes et le supplice qu'ils lui ont infligé. Il était d'autant plus sensible à ces choses, que son âme était parfaite pour les sentir. Mais, en un certain sens, ces souffrances étaient comparativement encore peu de chose. Il a souffert de la part de ses disciples. Comme homme, il avait besoin en Gethsémané de quelqu'un qui veillât avec lui; ses disciples dorment. Ils dormaient aussi, quand il leur montrait sa gloire sur la montagne de la transfiguration. L'un des siens le trahit, les autres s'enfuient.

Satan avait la main dans tout cela, mais il ne se borne pas à se servir, contre Christ, de sa puissance sur les hommes, et à priver ainsi le Seigneur de toute consolation. Il vient contre lui avec la puissance des ténèbres et de la mort, mais il n'a rien en Christ et ne rencontre en lui que la pleine soumission à la volonté du Père. Job, lui, se plaignait de Dieu, manifestant ainsi ce qui est au fond du coeur de l'homme.

Mais Jésus a souffert aussi de la part de Dieu. En Gethsémané, Christ appelle Dieu son Père; sur la croix, où la colère de Dieu tombe sur lui, il dit: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» En effet, cela était inexplicable! Dieu ne répond pas. S'il eût répondu, l'expiation n'eût pas été accomplie (Psaume 69: 2, 3).

Au verset 5, Christ confesse, comme Souverain sacrificateur, les péchés de son peuple; il est là, comme mettant la main sur la tête du bouc Azazel.

Au verset 6, il est dans un tel état de délaissement et de honte, qu'il prie, dans son amour, qu'aucun des siens ne soit rendu confus par son ignominie. Ce Psaume nous introduit ainsi dans l'intimité du Seigneur, quand il épanche son coeur devant Dieu dans ses souffrances. Comme Dieu a été glorifié dans sa mort, il l'est maintenant par sa victoire, le Seigneur étant assis à sa droite (verset 29).

Méditation de J.N.D. no 23  -  1 Jean 1 – 2: 1, 2  -  Darby J.N.

ME 1887 page 316

 

En nous créant, Dieu voulait avoir ses créatures pour lui-même, mais il y a dans notre nature humaine une quantité de choses dont Satan se sert, depuis que le péché est entré, pour nous détourner de Dieu ou pour nous troubler. Nous possédons, par exemple, une faculté, la conscience, sans laquelle il n'y avait pour nous aucune possibilité de rapports avec Dieu. Elle nous fait juger de ce qui est bien ou mal, nous accuse ou nous approuve, que nous soyons convertis ou non. Satan trouble notre conscience pour nous effrayer, tandis que Christ l'atteint pour nous amener à la connaissance des privilèges éternels qu'il nous a acquis. Le sentiment que la justice est nécessaire pour plaire à Dieu, est une chose naturelle à l'homme. Satan agit sur ce sentiment et nous pousse aux bonnes oeuvres pour nous faire trouver la justice devant Dieu; il nous détourne ainsi de la simple foi, par laquelle seule nous pouvons être justifiés. Tout homme a une certaine idée innée de piété. Dans le paganisme, Satan la détourne pour soi, en prenant la place de Dieu, et la piété naturelle de l'homme s'agenouille devant des démons. Beaucoup de gens se croient pieux, parce qu'ils ont un vif sentiment des beautés de la création; Satan s'est alors servi d'un sentiment juste pour détourner la piété de son seul objet. Il ira même jusqu'à faire d'un croyant un mystique, c'est-à-dire un homme dont la piété a pour objet ce qu'il est pour Dieu et la nature de Dieu en lui, au lieu de regarder à ce que Dieu est pour lui. C'est ainsi que Satan se sert de toutes ces choses justes et bonnes en elles-mêmes pour nous séduire. N'oublions pas qu'il mêle toujours un peu de vérité à ses mensonges; nous éviterons ainsi de trouver bonnes certaines choses qui nous sont présentées comme telles, parce qu'elles contiennent de la vérité. L'ennemi ne va-t-il pas jusqu'à se servir de notre communion avec Dieu pour nous troubler et nous embarrasser? C'est ce qui arrive à beaucoup de chrétiens en lisant cette première épître de Jean.

La foi, en nous rapprochant de Dieu, fortifie la conscience, et remet dans leur vrai jour les choses par lesquelles Satan cherche à nous fourvoyer. Elle nous montre, par exemple, les bonnes oeuvres comme un fruit de l'amour et non comme un moyen d'être juste. C'est en portant nos yeux sur Jésus seul, en nous le rendant palpable, pour ainsi dire, et en détruisant, par là même, tout faux mysticisme, que Dieu nous fait entrer dans sa communion. Nous disons «faux mysticisme», car cette épître nous montre la nature de Dieu dans le chrétien, mais elle a soin de corriger ce qu'un tel exposé pourrait avoir de dangereux pour nous, en nous présentant l'amour de Dieu envers nous, manifesté dans la personne et dans le don de Christ.

Les principes énoncés dans cette épître le sont d'une manière absolue, parce qu'ils sont considérés en eux-mêmes et dans leur vérité devant Dieu. C'est toujours ainsi que l'Esprit parle dans les épîtres de Jean, et que Jésus lui-même parle dans l'évangile du même apôtre. Ces principes abstraits, nous venons de le dire, sont considérés en eux-mêmes; ils ne sont vus ni dans leur application, ni dans les exceptions de détail. On ne peut comprendre la première épître de Jean, si l'on ne voit les vérités qu'elle enseigne, comme elles sont devant Dieu, et non comme elles sont devant l'homme.

Ce qui nous est dit, versets 1 à 4 du chapitre 1, montre que tout le conseil de Dieu s'est réalisé pour nous d'une manière palpable. Cela met d'emblée à néant tout mysticisme.

Au verset 3, le but de l'épître est indiqué. C'est de nous introduire dans la communion du Père et du Fils. C'est ce qui fait la force et la joie de la vie chrétienne. Sans doute, nous avons à faire chaque jour de nouvelles découvertes dans cette communion, mais nous y sommes. Nous ne voyons pas, chaque jour, en notre ami un nouvel ami, mais nous lui découvrons constamment des traits nouveaux qui nous avaient échappé.

Au verset 5, nous trouvons un message: Dieu est lumière. «Toutes choses, étant reprises par la lumière, sont manifestées; car la lumière manifeste tout» (Ephésiens 5: 13). La lumière met le mal en évidence; un seul rayon de soleil dans une chambre obscure, suffit pour faire découvrir la poussière dont l'air est rempli. En participant à la vie de Christ, nous avons cette lumière et nous pouvons comprendre ce qu'elle est, chose impossible avant cela.

«Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (verset 7). Il y a trois manières d'envisager la question du péché: 1° Le péché en nous; 2° les péchés commis avant notre conversion; 3° les péchés dans lesquels nous tombons lorsque nous sommes enfants de Dieu. Souvent ces différentes manières de considérer le péché nous troublent. Nous comprenons facilement le pardon des péchés commis avant notre conversion; mais nous sommes bien plus exercés à propos de la question du péché qui est en nous, jusqu'à ce que nous ayons appris que Dieu a condamné (non pas pardonné) le péché (non pas les péchés) dans la chair, à la croix de Christ (Romains 8: 3). Le chrétien est plus angoissé lorsqu'il découvre le péché en lui après sa conversion, qu'il ne l'a été lorsqu'il a été convaincu des péchés commis avant sa conversion. Mais il peut se dire que Christ est mort pour lui tel qu'il est. Tout le mal que Dieu peut découvrir en nous a été comme retranché et ne tombe plus sous le jugement de Dieu, car Christ est mort pour cela.

Une seconde cause de trouble pour le chrétien, ce sont ses chutes. Avant notre conversion, Satan nous aveugle en nous plongeant dans la joie du monde. Après notre conversion, il cherche à nous effrayer et à nous faire perdre la confiance en Dieu, en profitant, pour cela, du péché qui est en nous et des péchés qu'il peut nous arriver de commettre, tout en étant chrétiens. Mais, sur ce dernier point, la Parole nous révèle qu'outre la propitiation accomplie une fois pour toutes, nous avons un Avocat auprès du Père. Je dis «outre la propitiation», car si nos péchés ne sont pas actuellement expiés, ils ne le seront jamais. Sans effusion de sang il n'y a point de rémission; et le sang ne peut être répandu, maintenant, une seconde fois; mais lorsque étant chrétiens il nous arrive de pécher, notre communion avec le Père est détruite; il faut qu'elle soit rétablie. A cela répond l'office d'avocat. Notre avocat est Jésus Christ le juste. Dans la personne de Christ, la justice n'est jamais ôtée de devant Dieu; et il est là pour nous; le Juste est notre Avocat. Ainsi la communion peut être rétablie.

L'Ecriture fait une différence entre le péché, notre nature pécheresse, la sève de l'arbre, et les péchés qui en sont le fruit. Christ a répondu à tout cela et maintient ou rétablit la communion. Bénissons Dieu pour la certitude entière que nous avons de notre pleine acceptation en Christ!

Méditation de J.N.D. no 24  - Lévitique 4: 1-26; 6: 17-23 - Darby J.N.

ME 1887 page 337

 

Le sujet qui nous occupe ce soir est le sacrifice pour le péché. Les chapitres qui précèdent nous montrent Christ dans la perfection de son sacrifice qui l'a fait se dévouer jusqu'à la mort (chapitre 1); dans la perfection d'une vie de consécration à Dieu (chapitre 2); et comme objet de la communion du peuple avec Dieu (chapitre 3). Le chapitre 4 nous présente Christ fait péché pour des coupables.

L'offrande pour le péché devait être parfaite (verset 3), mais comme la victime était identifiée avec le pécheur, elle ne pouvait, comme telle, être une odeur agréable à l'Eternel (conf. 1: 9). Christ a été traité de la part de Dieu comme s'il avait été le pécheur lui-même.

Quand il s'agit de l'application des sacrifices à l'individu et de leur efficacité pour lui, le sacrifice pour le péché vient le premier, comme étant celui qui est nécessaire avant tout autre; ici, il vient en dernier lieu, parce qu'il s'agit, dans les chapitres 4 et 5, non pas d'établir les relations du pécheur avec Dieu, comme au grand jour des expiations, mais de la restauration du coupable dans la communion avec Dieu, perdue par sa faute. Nous considérons, ce soir, le sacrifice pour le péché au premier de ces deux points de vue.

Le sang de Christ présenté à Dieu, voilà ce qui nous donne de la hardiesse en Sa présence. Dieu me voit selon l'efficacité du sang de Christ, et c'est ce que Dieu pense de ce sang qui fait ma confiance. Il l'estime comme il doit être estimé; il l'a reçu et accepté pour l'expiation de mes péchés. Quand l'Esprit de Dieu agit en nous, il nous remet en mémoire nos péchés; il nous les présente et nous fait sentir ce que nous sommes devant Dieu, en nous retraçant toutes nos souillures. Alors notre âme est angoissée et travaillée, mais ce travail de conscience ne suffit pas; il nous faut comprendre clairement que Christ a pris et ôté tous nos péchés, car il est des âmes qui se fondent sur le sang de Christ sans avoir compris toute son efficacité. Cette parfaite efficacité nous est présentée très particulièrement dans les sacrifices pour le péché.

Les mondains passent légèrement sur le péché et pensent que Dieu ne tiendra pas compte de leurs fautes. Mais rien ne lui échappe, ni les torts envers autrui, ni les péchés commis par erreur. C'est le péché qui est la cause de l'erreur; sans le péché, on n'errerait point. Si je n'aime pas comme Christ aime, le péché en est la cause. Si je pèche par ignorance, c'est que l'ignorance est une conséquence de mon caractère de pécheur. Une erreur de jugement provient toujours de ce que nos affections sont éloignées de Dieu, car nos affections dirigent nos jugements. Si mon oeil est simple, tout mon corps sera éclairé. C'est notre privilège à nous, croyants, de participer à la sainteté de Dieu; tout ce qui, en nous, n'est pas selon cette sainteté est péché.

Dieu nous montre ce qu'il voit en nous, et plus sa lumière pénètre dans nos coeurs, plus nous sommes à même de le découvrir. Une mauvaise conscience nous met en opposition avec cette lumière; quand nous péchons par erreur, c'est que nous avons mis quelque obstacle à ce que la lumière pénétrât pleinement en nous. Plus j'avance dans la connaissance de la sainteté de Dieu, plus j'apprends à connaître le péché en moi. Cherchons auprès de Dieu lui-même, l'idée que nous nous faisons du péché. Dieu juge du péché selon ses pensées à lui et non pas selon les nôtres. Pour lui, on ne peut toucher à ce qui est souillé, sans être soi-même souillé et coupable (chapitre 5: 2).

Nos privilèges sont la mesure de notre responsabilité. Dieu nous a admis en sa présence; le sang de Christ est le témoin de notre pleine acceptation devant lui; dès l'entrée de la carrière chrétienne, nous sommes affranchis et placés dans une pleine liberté devant Dieu; mais tout cela ne rabaisse nullement le jugement de Dieu à l'égard de ce qui convient à sa sainteté et du péché dans les siens; bien au contraire, ce sont ceux dont les vêtements ont été lavés dans le sang de l'Agneau qui doivent garder leurs vêtements purs, veiller à ne pas les souiller, et marcher jour après jour dans la sainteté, sous le regard de Dieu.

Dans le sacrifice qui était offert pour le souverain sacrificateur et pour tout le peuple (chapitre 4: 1-21), le sang était porté dans le lieu saint et le corps de la victime était brûlé hors du camp, tandis que, dans les autres cas, où le sang n'était pas porté dans le sanctuaire (chapitre 4: 22-35), le sacrificateur mangeait la victime dans un lieu saint, faisant ainsi le péché sien, s'identifiant de coeur avec le sacrifice pour le péché. C'est ce que Christ a fait pour nous.

Et désormais, Dieu serait injuste envers Christ, s'il ne nous pardonnait pas nos péchés, mais il est fidèle et juste pour le faire et nous purifier de toute iniquité. Notre pardon est une justice que Dieu doit à Christ.

Méditation de J.N.D. no 25  - Josué 7 - Darby J.N.

ME 1887 page 377

 

Toute notre force est en Dieu, et sa grâce aime à manifester sa puissance dans notre infirmité. Cela est vrai, mais il est tout aussi vrai que Dieu n'abandonne jamais son caractère de sainteté et qu'il maintient aussi toujours sa justice vis-à-vis de ceux qu'il aime, Seulement ses châtiments deviennent pour nous un moyen de bénédiction, et, par sa grâce, concourent, ainsi que toutes choses, à notre bien. La grâce de Dieu n'affaiblit, en aucune manière, son gouvernement; Dieu bénit l'Eglise si elle est fidèle, il la châtie selon ses manquements.

Le chapitre 7 de Josué nous présente, dans l'histoire d'Israël, des principes applicables aussi à l'histoire de l'Eglise.

L'histoire d'Israël, dans le désert, correspond à un côté de la vie chrétienne. Comme ce peuple, nous n'entrons dans le désert qu'après avoir été complètement délivrés; comme pour eux, notre marche à travers le monde, fait ressortir que Dieu est notre seule ressource, notre tout. Nous y apprenons comme Israël (conf. Deutéronome 8: 2-6), que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l'Eternel. Le chrétien qui ne trouve pas tout en Dieu, qui ne se contente pas de la manne, se trouve privé de tout. Il est dans le désert, regrettant les légumes d'Egypte, mais ne pouvant plus en jouir à sa guise comme autrefois, parce qu'il a été retiré du pays d'esclavage, et que son coeur éclairé par le Saint Esprit ne saurait plus y être à l'aise. Ainsi, le désert sert à l'exercice de notre foi et à la manifestation de tout ce qui est dans notre coeur: «Pour connaître ce qui était dans ton coeur», dit l'Eternel à Israël. Dieu ne nous donne ici-bas que ce qu'il nous faut pour le voyage, car, notre repos n'étant pas ici, la manne suffit. Mais aussitôt qu'Israël est introduit en Canaan, la manne cesse pour être remplacée par une autre nourriture.

Cette seconde partie de l'histoire d'Israël, l'entrée en Canaan, correspond au second côté de la vie chrétienne; seulement ce qui, pour le peuple terrestre, était consécutif, est simultané pour l'Eglise, qui à la fois traverse le monde, et se trouve introduite en Christ dans les lieux célestes dont elle jouit par l'Esprit. Canaan devient pour Israël le théâtre du combat contre ses ennemis (qui sont, pour l'Eglise, les malices spirituelles dans les lieux célestes), comme le désert avait été le lieu de l'exercice de la patience.

Le premier exploit des Israélites après le passage du Jourdain, est la chute de Jéricho sans force humaine, par la seule puissance de Dieu. Mais Jéricho avait été mise en interdit (Josué 6: 16-19). Or Israël fut infidèle au sujet de l'interdit; aussi Dieu dut en tenir compte, et ne put sanctionner l'état dans lequel se trouvait son peuple par cette désobéissance. Acan seul avait pris l'interdit, et cependant ce sont trente-six hommes d'Israël qui périssent d'abord. C'est que, par là, Dieu jugeait encore autre chose chez son peuple. Israël s'était prévalu de la victoire de Jéricho pour prendre confiance en ses propres forces, alors que toute sa force était en Dieu. L'interdit sert à montrer que ce peuple, si puissant en Dieu, est parfaitement faible en lui-même, quand la force de Dieu se retire. Elle abandonne le peuple, parce que Dieu ne peut être en communion avec le péché. Quand l'Esprit est contristé par un membre du corps, tout le corps est affaibli.

Dieu est toujours fidèle pour manifester le mal et le juger; il sait que nous ne pourrions être heureux s'il tolérait le péché. L'effet du jugement est de fondre le coeur du peuple; le coeur de Josué se fond aussi, mais cela le pousse à s'approcher de Dieu, et il retrouve Sa force en disant: «Que feras-tu pour ton grand nom?» Le nom de Dieu était déshonoré par le péché d'Israël et par la fuite d'Israël. La réponse de l'Eternel porte sur ces deux points. Il relève Josué, mais l'interdit empêche la communion d'Israël avec Dieu. Pourquoi Dieu jugerait-il le monde, s'il souffrait le péché au milieu de son peuple? Pourquoi exterminerait-il les Amorrhéens, s'il ne punissait pas l'iniquité d'Israël? Il est donc de la sagesse et de la fidélité de Dieu de manifester l'interdit et de le juger, afin de pouvoir sortir avec son peuple dans le combat contre Satan. Aï fut pris (chapitre 8), sans doute avec beaucoup plus de peine et avec humiliation, mais Dieu ne retire pas sa main que ses ennemis ne soient détruits.

C'est parce que le peuple est reconnu de Dieu, que Dieu l'envoie au combat contre ses ennemis. Plus nous serons fidèles, plus nous nous trouverons aux prises avec les attaques de l'ennemi. Satan a plus d'intérêt à faire broncher une âme fidèle qu'un chrétien mondain, car son but est de déshonorer l'évangile devant le monde. De là vient que, plus nous avançons, plus nous sommes exposés à broncher si nous ne nous tenons pas dans la communion de Dieu. Mais souvenons-nous qu'il faut la fidélité de chacun et de tous pour que tout le corps ait la force de Dieu dans le combat. L'unité du corps de Christ est telle, qu'il est impossible qu'il y ait de l'interdit dans un membre de ce corps, sans que tout le corps soit affaibli.

Méditation de J.N.D. no 26  - Psaume 84 - Darby J.N.

ME 1887 page 416

 

Comme il arrive ordinairement dans les Psaumes, le sujet de celui-ci est présenté dès les premiers versets. Il exprime les désirs des fidèles qui, pendant la captivité, avaient été longtemps privés de la joie d'entrer dans les parvis de l'Eternel; il fournit des accents au bonheur de revoir ces parvis et de suivre le chemin qui y conduit, même par la vallée desséchée de Baca. Comme le résidu d'Israël, l'Eglise aussi marche vers les tabernacles de Dieu, mais non pas vers ceux qui sont faits de main d'homme. Les tabernacles de l'Eternel sont pour nous la maison du Père; c'est là seulement que le fidèle est chez soi, et qu'il trouve le repos. Quand l'objet de son coeur est au delà du point auquel il est parvenu, il ne peut jouir du repos, fût-ce même dans l'endroit le plus désirable du monde. Le premier «bonheur» qui nous est présenté, est donc que la maison du Père est notre repos: «Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison» (verset 4). Il ajoute un second bonheur: «Bienheureux… ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés» (verset 5). Le verset 4 parle de notre joie en espérance, le verset 5 de notre joie actuelle et pour le chemin.

Dieu, dans la plus haute perfection de son être (lumière, amour), se manifeste au coeur des pécheurs lors de la première visite qu'il leur fait, et, sous ce rapport, l'enfant de Dieu le plus avancé ne peut le connaître d'une manière plus complète qu'un petit enfant dans la foi. Mais d'un autre côté, s'il est vrai que nous connaissons Dieu dès le commencement de notre course ici-bas, nous apprenons cependant à le connaître toujours davantage. Plus je comprends la perfection de Dieu, plus je connais son amour; et plus aussi je sens combien il est précieux à mon âme. Si la connaissance de Dieu est séparée de celle de l'amour de Dieu, on n'a pas la vie de Dieu.

«Ils te loueront incessamment» (verset 4). Rien dans le coeur de l'homme naturel ne répond à la louange de Dieu. Essayez de le louer dans les rues d'une ville, vous verrez immédiatement que le coeur de l'homme est inimitié contre Dieu. Les chrétiens peuvent aller dans un monde sans écho pour Dieu, faire entendre la voix de la bonne nouvelle; mais ce n'est qu'ensemble qu'ils peuvent jouir de Dieu et le louer. Le désir de tout coeur converti est que Dieu soit loué, et ce désir ne sera pleinement satisfait que dans la maison de Dieu. Impossible pour l'âme de jouir en plein du repos, avant que Dieu soit loué incessamment par tous ceux qui l'entourent.

«Bienheureux l'homme dont la force est en toi» (verset 5). Quand je me trouve en présence des difficultés, j'ai besoin de force, moi faible, pour être encouragé et soutenu dans la patience. Pierre manquait de cette force quand il a renié Jésus; la force de la chair est sujette à la fatigue, la force de Dieu jamais. Aucune créature ne peut être plus forte que la force de Dieu, ni que l'amour de Dieu. Jésus n'a-t-il pas été le plus fort, quand il a vaincu le monde?

Dieu a mis le repos au bout de la route, et les rachetés seuls sont en chemin pour s'y rendre. Nous faisons, en route, l'expérience de notre propre coeur et des ressources de Dieu pour nous, mais le repos est certain, et la parole de Dieu nous en rend témoignage. Notre route est comme un défilé à traverser, au delà duquel est la gloire. Quand on descend dans le défilé, peut-être y perdra-t-on la gloire de vue et le chemin sera difficile, mais nous avons la certitude que c'est le chemin de la gloire. Nous y trouvons le mépris du monde et la lutte avec Satan; nous n'y trouvons pas le repos, mais il nous faut avoir ce chemin, les chemins frayés dans le coeur. La vallée de Baca, cette terre desséchée, est alors réduite en fontaine. Lorsque nous sommes en communion avec Dieu, chaque difficulté devient l'occasion du déploiement de la gloire de Dieu.

L'enfant timide trouve de la joie dans la certitude de l'amour de sa mère, lorsque quelque danger se présente, tandis que nous sommes souvent abattus et découragés, parce que notre force n'est pas en Dieu. Dieu veut que sa grâce nous suffise, et cela est plus précieux que si l'écharde en la chair nous était ôtée.

«La pluie la couvre de bénédictions» (verset 6). Elle vient, non de la terre, mais du ciel, auquel nous devons être attachés et d'où nous devons tout attendre. S'il n'y a pas d'eau ici-bas, c'est afin que je sache que Dieu prend, en tout, soin de moi, pour me donner l'eau, la manne, la force, tout en un mot. Dieu dit à Israël qu'il l'a fait passer dans le désert afin de l'humilier (Deutéronome 8: 2-5). Quelle bénédiction que nous soyons ainsi humiliés! Jamais Dieu n'a fait cela ni aux Egyptiens, ni aux Cananéens. Pour nous, l'effet de ces choses est de nous faire vivre de ce qui sort de la bouche de Dieu et de nous faire marcher de force en force. Les difficultés accroissent, pour nous, les forces que nous trouvons en Dieu. Nous ne sommes pas actuellement capables de jouir de tout ce qui se trouve en Dieu, aussi tout ne nous est pas encore donné, mais à mesure que nous avançons, nous marchons de force en force; Dieu prend plus de place dans nos âmes; il manifeste les endroits vides ou les endroits durs de nos coeurs, et s'occupe à remplir les uns, à fondre les autres.

Au verset 8, Dieu se présente à l'âme dans trois relations différentes. Il est l'Eternel, Dieu toujours le même; le Dieu des armées, Celui qui gouverne toutes choses; Dieu de Jacob, le Dieu de son peuple qui est fidèle à ses promesses.

«Vois et regarde la face de ton Oint» (verset 9). C'est là notre assurance, le gage de la faveur de Dieu, Dieu nous regarde en Christ, et tout ce que nous lui demandons en son nom, il le fera.

Verset 10. Il vaut mieux être à la porte du ciel que dans ce monde.

Le verset 12 résume tout. Je n'ai point d'autre ressource. Si notre confiance est dans l'homme, nous rencontrerons tôt ou tard une occasion où l'homme manquera, et c'est là que Satan nous attendra pour nous cribler. Se confier en Dieu est la chose la plus difficile; c'est mettre la chair sous ses pieds, car la chair ne trouve rien à y gagner, mais c'est pour le coeur un bonheur inexprimable.

Méditation de J.N.D. no 27  - Jean 6: 1-59 - Darby J.N.

ME 1887 page 436

 

Il y a dans cet évangile quelque chose de très caractéristique quant à l'ordre des sujets. Au chapitre 5, par exemple, Jésus donne la vie comme Fils de Dieu; au chapitre 6, il devient, comme Fils de l'homme et dans son humiliation jusqu'à la mort, l'aliment de la vie; au chapitre 7, il sera manifesté en gloire à son retour. Ces divers enseignements se rattachent, chaque fois, à un fait qui vient de se passer. Dans notre chapitre, il rassasie cinq mille personnes, selon ce qui est écrit: «Je rassasierai de pain ses pauvres» (Psaumes 132: 15). Alors la foule le reconnaît comme le Messie, le prophète attendu depuis Moïse, et que ce dernier avait commandé d'écouter. Les trois caractères de prophète, de sacrificateur et de roi, se trouvent dans ce chapitre: Christ était prophète, et le peuple juif lui a reconnu ce caractère; il est actuellement sacrificateur à la droite du Père; il sera reconnu roi, quand il reviendra avec puissance. Au verset 15, le peuple veut le faire roi, parce qu'il n'a compris ni l'humiliation que le Messie devait subir, ni le caractère de sa royauté. Il ne pouvait comprendre le sacerdoce de Christ, parce qu'il ne savait pas que Christ devait entrer dans le sanctuaire avec son propre sang. Jésus, dans son caractère de sacrificateur, monte sur la montagne et prie; les disciples descendent à la mer et s'embarquent; ils sont ballottés sur les vagues, image de l'état actuel de l'Eglise pendant l'absence du Seigneur. Les disciples ont peur quand Jésus leur apparaît, marchant sur la mer; mais dès qu'ils le reçoivent, le calme revient et ils abordent au lieu où ils allaient. Il en est de même pour nous; nous sommes ballottés par les vagues, anxieux, effrayés, mais Jésus marche au-dessus de toutes les difficultés, et sa force est notre force. C'est par un tel exemple que le Seigneur nous fait comprendre ce qu'il est pour nous en son absence. Nous semblons entièrement délaissés, au milieu des difficultés et des peines, mais le Seigneur est là-haut pour nous soutenir, et il va quitter cette position pour venir à nous.

Les foules sont étonnées de le retrouver de l'autre côté de la mer. Elles le cherchaient, parce qu'elles avaient été rassasiées de pain, mais Jésus leur montre ce qu'elles ont à faire: la première chose est de croire, de se soumettre entièrement à Dieu. Si Dieu nous commandait quelque grande chose, nous la ferions, parce que cela répondrait à notre orgueil, mais nous avons simplement à obéir par la foi. Dieu demande que nous soumettions à Jésus notre coeur et notre intelligence, tout ce qu'il y a en nous. Jésus doit être notre tout. Cette soumission est, pour un coeur incrédule, bien plus difficile que de faire des choses très difficiles, mais qui nous mettraient en bonne réputation devant les hommes. Le peuple demande à Jésus quel signe il donne de la certitude de ses paroles. Jésus leur répond qu'il est lui-même le pain du ciel; tout son amour se montre en cela. S'il est possible de ne pas voir tout l'amour de Dieu dans la grande humiliation de Jésus, jusqu'à devenir notre pain du ciel, comment sera-t-il possible de voir cet amour ailleurs? Le signe que Dieu nous donne pour nous prouver son amour, c'est tout d'abord que Jésus s'est incarné, que, voyant notre état de ruine et d'éloignement de Dieu, il est descendu ici-bas, vers nous, pour nous délivrer, comme il le fit jadis pour Israël en Egypte. Ceux qui n'ont pas encore reçu Jésus pour leur tout, leur nourriture et leur breuvage, ne sont pas rassasiés. Ils éprouvent du vide et du mécontentement (verset 35). Du moment que l'on est en communion avec Jésus, on comprend qu'il n'y a plus pour l'âme ni faim, ni soif. Mais, pour avoir la vie éternelle, il faut non seulement le manger comme pain, mais il faut aussi manger sa chair et boire son sang. Jésus s'est humilié jusqu'au supplice, jusqu'à donner pour nous sa chair et son sang. Il est descendu du ciel pour être serviteur, pour faire, non sa volonté, mais celle du Père. A son plus grand ennemi, à celui qui hier lui crachait au visage, il ouvre aujourd'hui les bras s'il vient à lui, et il le sauve. Il est le serviteur d'un tel homme, parce qu'il est le serviteur du Père qui attire tout homme qui vient à Jésus (versets 39, 40). La volonté du Père est que Christ ne perde rien de ce que le Père lui a donné. Toute âme qui a été attirée à Jésus a ainsi, comme gage, la vie éternelle. Tout cela est fondé sur la volonté du Père et met à néant l'orgueil de la chair. Christ ne fait aucun cas de notre chair et bien qu'elle murmure ou se scandalise (versets 43, 61), il continue sans chercher à lui plaire. Jésus ne s'est pas borné à être serviteur, il a laissé sa vie en rançon, il est mort pour nous, pécheurs. Quand le sang est séparé du corps et a été répandu, c'est que la mort est intervenue. Du moment que nous sommes venus à Christ, nous sommes assurés de tout: Christ a donné sa vie, son sang est devant Dieu; il est entré lui-même en la présence de Dieu avec l'efficacité de ce sang. La vie que Jésus avait, comme homme, a été donnée; nos péchés, portés par lui, se sont écoulés, pour ainsi dire, avec son sang; ce sang les a lavés; la mort les a expiés, et le sang est présenté à Dieu. Nos âmes pensent à Jésus mort et se nourrissent de cette mort par la foi.

Dès lors, et tant que nous sommes ici-bas, Jésus nous nourrit continuellement de sa vie et de sa mort. Nos affections sont attachées à lui, qui est le témoignage de la tendresse et de l'amour de Dieu pour nous; et, tandis qu'il est en haut, intercédant pour nous, nous sommes attirés à lui et détachés de coeur des principes de ce monde. Si Jésus a été pauvre, parce qu'il m'a aimé, puis-je désirer les richesses? Tous les motifs qui dirigent les hommes sont parfaitement contraires à la seule chose glorieuse pour moi, un Christ que les hommes ont méprisé et rejeté. L'unique place que Jésus ait pu prendre en ce monde est la plus basse de toutes; c'est là que mon coeur s'attache à lui. Si sa mort me montre la sainteté et la colère de Dieu, elle donne en même temps une réponse à tout ce que Dieu exige. C'est dans la personne et l'amour de Jésus que nous apprenons à connaître Dieu comme un feu consumant.

La cène est le symbole de cette mort, mais ce n'est pas d'elle qu'il est question dans ce passage, où il s'agit de manger la chair et de boire le sang de Christ, pour avoir la vie éternelle. Cette nourriture que la foi s'approprie, nous fortifie de jour en jour, elle nous attache à Christ et nous soustrait à l'influence du monde qui perd ainsi sa puissance sur nous. Christ est la source et l'aliment de notre vie; nourris de lui, nous sommes satisfaits et joyeux, car nous sommes détachés du monde, et nous avons Christ, et nous jugeons de toutes choses selon que nous apprécions Jésus, notre nourriture. Que devient alors pour nous l'orgueil du monde — il a crucifié Jésus — l'opinion du monde — il a rejeté Jésus. Les choses de la chair sont amères pour l'Esprit, comme celles de l'Esprit sont amères pour la chair. Nous ne pensons pas assez à Jésus, nous ne portons pas assez son empreinte. La chair estime les choses du monde autrement que Jésus ne les aurait estimées. Nous cherchons à faire de Dieu notre serviteur pour nous exalter ici-bas, et nous ne pensons pas que Christ est notre serviteur, pour arracher nos âmes à tout l'effet du poison répandu dans le monde.