La promesse de Christ et ses résultats - «Je reviendrai»

ME 1887 page 367 - Rossier H.

1.

 «La promesse du Père» (*), c'est-à-dire le don du Saint Esprit venant habiter dans les croyants et dans l'Eglise, était pour les fidèles durant l'absence de Jésus. Laissés pour un peu de temps sur la terre, ils ne devaient pas y être orphelins: le Consolateur allait venir pour demeurer avec eux éternellement. Il devait être en eux pour les fortifier, les soutenir, les guider, les nourrir des choses d'en haut, et diriger leurs pensées et les affections de leurs coeurs vers l'accomplissement de la promesse de Christ: «Je reviendrai».

(*) Voyez les Messagers Evangéliques de 1885, page 26, et 1887, page 237.

La promesse du Père a été accomplie; le Saint Esprit est venu. C'est une vérité grandement oubliée, ou mal comprise et niée en pratique dans la chrétienté; combien, cependant, elle est précieuse! Les paroles du Seigneur nous le font comprendre: «Il vous est avantageux que je m'en aille», dit-il à ses disciples avant de les quitter, «car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai». La présence du Saint Esprit ici-bas valait mieux que celle même du Seigneur! Retenons-la donc cette vérité, qu'il est en nous, dans ces corps infirmes qui, cependant, sont son temple, et dans l'Eglise qui est ainsi l'habitation de Dieu. Sa présence en nous et avec nous, nous caractérise comme chrétiens, et imprime sur nous un sceau céleste. Puisse notre marche le manifester!

La promesse de Christ: «Je reviendrai», répond au désir du coeur renouvelé qui aspire à voir son Sauveur; elle répond au besoin que nous éprouvons d'être délivrés du corps d'infirmité que nous traînons avec nous, et de jouir enfin de «l'adoption»; son accomplissement est la conséquence nécessaire de notre caractère céleste et de la vie de Christ qui est en nous, car alors nous lui serons semblables: «Tel qu'est le céleste, tels aussi sont les célestes». Et si la présence du Saint Esprit sur la terre répond au fait de la séance de Christ en haut, l'attente du chrétien, son espérance de la venue de Christ, répond au fait que l'Esprit Saint est en lui: «Nous qui avons les prémices de l'Esprit, nous aussi, nous soupirons en nous-mêmes, attendant l'adoption, la délivrance de notre corps».

La promesse de Christ est l'espérance du chrétien; quand elle sera accomplie, alors aussi aura lieu ce dont la promesse du Père est les arrhes, selon ce qui est dit: «Vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire». Cette promesse se résume dans ces paroles du Seigneur à ses bien-aimés disciples: «Je reviendrai»; voyons ensemble, d'après les saints écrits, ce qui se rapporte à ce sujet si important pour nos âmes, si précieux pour nos coeurs.

Christ rejeté du monde, mais glorifié par Dieu qui l'a placé à sa droite, doit revenir un jour: c'est là une vérité généralement admise dans le christianisme. L'Ecriture, en effet, l'établit dans de nombreux passages, soit qu'elle en parle d'une manière générale en rapport avec l'établissement du royaume de Christ, soit d'une manière plus spéciale en rapport avec les croyants. Mais les idées d'un grand nombre de chrétiens à l'égard du retour du Seigneur sont vagues ou erronées; cet événement ne constitue pas pour eux la bienheureuse espérance, une espérance positive qui ne confond pas et qui remplit le coeur de joie. Loin de répondre aux affections de l'âme et de les réveiller, la venue du Seigneur est pour plusieurs un sujet de crainte, parce qu'elle se rattache pour eux à la pensée du jugement.

C'est une chose vraie et certaine, que Christ viendra du ciel juger les vivants et les morts: il est prêt à cela (1 Pierre 4: 5; 2 Timothée 4: 1). Mais est-ce là ce que le chrétien attend? Est-ce le jugement, ou attendrait-il davantage la mort? Non, car ce n'est pas là ce que lui disent, ni le Seigneur, ni les apôtres. «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi», dit Jésus à ses disciples, pour les consoler; telle est la promesse de Christ, il n'a pas un mot de la mort, ni du jugement. «Nous attendons des cieux le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur», dit l'apôtre aux Philippiens. «Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils», écrit-il aux Thessaloniciens. Le chrétien n'attend donc ni le jugement, ni la mort, mais Christ, et avec Christ, la jouissance de la vie éternelle dans toute sa plénitude.

Quand les apôtres avaient les yeux arrêtés vers le ciel où leur bien-aimé Maître s'en était allé, les anges leur disent: «Ce Jésus reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel». La promesse de Christ leur était ainsi rappelée et nous est confirmée, mais dans leur portée les paroles des anges diffèrent de ce que renferment celles du Seigneur: «Je reviendrai». Celles-ci nous parlent du retour du Seigneur pour nous introduire dans la maison du Père, afin que nous y soyons avec lui. Ce que disent les anges répond aux pensées des disciples au moment où Jésus les quittait. Ils venaient de lui demander: «Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétablis le royaume pour Israël?» Jésus leur répond: «Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité». Avant le rétablissement du royaume, le Père avait d'autres desseins à accomplir. Les apôtres et les disciples allaient recevoir le Saint Esprit, être par lui revêtus de puissance, et devenir les témoins du Seigneur à Jérusalem, dans la Judée, la Samarie, et jusqu'aux bouts de la terre. Comme lui, ils devaient être rejetés par la nation juive qui perdrait ainsi sa dernière chance de salut et serait mise de côté comme peuple. Les choses et les espérances terrestres feraient alors place aux célestes et au mystère caché dès les siècles en Dieu — l'Eglise, sa position et sa vocation en haut. Mais les disciples ne pouvaient apprendre cela que lorsque le Saint Esprit serait venu (Jean 14: 26; 16: 12, 13). Pour le moment, les anges leur disent ce qu'ils peuvent comprendre: «Ce Jésus reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel». Il viendra en effet sur une nuée, et ses pieds se poseront sur la montagne des Oliviers (Apocalypse 1: 7; 14: 14; Zacharie 14: 4). Ce sera pour le jugement des nations et de la génération juive infidèle et soumise à l'antichrist; ce sera pour la délivrance du résidu fidèle et le rétablissement du royaume pour Israël; pour le plein accomplissement des promesses faites aux pères et l'effusion de ces bénédictions merveilleuses sur la terre, auxquelles auront part, non seulement les Israélites, mais aussi les nations: ce sera le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ. (Apocalypse 11: 15). Lorsque Christ reviendra ainsi en gloire, pour le jugement des vivants et l'établissement du royaume, les saints déjà reçus auprès de lui et glorifiés, apparaîtront avec lui (Colossiens 3: 4; Zacharie 14: 5; 1 Thessaloniciens 3: 13). Quant au jugement des morts, il aura lieu plus tard, après les mille ans du règne de Christ (Apocalypse 20).

Ainsi, lorsque le jugement a lieu, le chrétien a déjà été introduit dans la maison du Père; il est avec Christ. Le Seigneur, rejeté d'ici-bas, allait prendre une nouvelle position en haut, s'asseoir, couronné de gloire et d'honneur, à la droite de Dieu. C'est en rapport avec cette nouvelle position qu'il dit à ses disciples: «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi». C'est dans cette position qu'il prend en justice, qu'il les place avec lui devant Dieu: «Vous en moi», et c'est à cette place céleste que se rapportent directement ses paroles: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi». Elles sont exclusivement pour les siens, l'expression de son tendre amour pour eux, ce faible résidu tiré de la nation juive, qui l'avait reçu quand tous le rejetaient, et qui allait devenir l'Eglise avec sa vocation, sa position, ses relations et ses espérances toutes spéciales.

C'est donc d'abord du caractère de l'Eglise et de sa position ici-bas, que nous avons à nous occuper. Et, en parlant de l'Eglise comme ensemble, il va sans dire qu'il s'agira aussi du chrétien individuellement comme en faisant partie.

Qu'était Christ ici-bas? Il vint chez soi, en Israël, mais il ne fut pas reçu; il était dans le monde, lui, la lumière, mais le monde ne l'a pas connu. Rejeté, il prit sa place dans ce monde comme n'y étant pas. En effet, il était ici-bas le Fils de l'homme, descendu du ciel, et cependant dans le ciel (Jean 3: 13). Il en était venu, c'était son origine, il était le céleste, et montrait sur la terre ce qu'est une vie céleste par une obéissance parfaite à Dieu et une séparation complète d'avec un monde plongé dans le mal et ennemi de Dieu. Il manifestait la sainteté, en même temps que l'amour et les tendres compassions de Dieu. Il aurait voulu attirer tous les coeurs à lui, mais sa présence ici-bas ne fit que montrer ce que l'homme est au fond de son être; le Sauveur dut dire de ceux au milieu desquels il avait vécu: «Ils ont, et vu, et haï, et moi et mon Père». Alors, ayant accompli son oeuvre, le Seigneur a pris sa place en haut. Il s'est sanctifié, mis à part pour les siens. C'est là où il est maintenant et où la foi le contemple.

Mais il a laissé ses bien-aimés ici-bas. Ils sont dans le monde, comme il y a été, mais ils ne sont pas du monde, comme lui n'en était pas. Dans ce monde, ennemi de Dieu et de leur Seigneur, ils sont dans la faiblesse, mais Jésus, avant de monter en haut, les place devant son Père dans la même position que lui. Lorsqu'il était avec eux, il les gardait; maintenant il les met sous la garde et les soins de son Père, et il demande que, par la puissance de la vérité, de la parole du Père, laquelle est la vérité, ils soient sanctifiés, mis à part du monde comme lui-même, pour manifester dans le monde la vie de Christ qui est la leur.

L'Eglise (le chrétien) n'est pas du monde, elle en est à part; d'où est-elle donc? Du ciel où est son Chef; c'est là son origine, c'est là qu'est sa vie et le but auquel elle tend. «Notre bourgeoisie est dans les cieux»; «notre vie est cachée avec le Christ en Dieu»; «il est notre vie». Le chrétien court «droit au but, pour le prix de l'appel céleste dans le Christ Jésus». Il est uni à Christ dans le ciel par le Saint Esprit; il est déjà assis en Christ dans les lieux célestes; là sont ses bénédictions et même ses combats. Le ciel est la sphère à laquelle il appartient; là est son héritage, là est son trésor. Tout le constitue un étranger sur la terre, et, au milieu du monde qui a rejeté son Sauveur, il est lui aussi rejeté et haï. Comment serait-il de ce monde qui a mis à mort Jésus qu'il aime?

Tel est le caractère de l'Eglise. Mais, en fait, elle est absente du ciel, de Christ, son Chef, sa vie et l'objet de ses affections. Elle est comme un étranger et un voyageur sur la terre; son coeur ne trouve rien ici qui réponde aux besoins et aux désirs de la vie qui est en elle, la vie de Christ, et ses regards se tournent vers sa patrie, la cité céleste. Elle, la fiancée de Christ, se trouve comme Rebecca s'acheminant à travers le désert, vers son Epoux. Si le chrétien réalise son vrai caractère, il ne peut que regarder toutes choses comme une perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de Christ, et les estimer comme des ordures afin de gagner Christ. Bien-aimés de Jésus, est-ce vrai de vous?

Ici-bas, pour le chrétien, c'est la lutte, les épreuves, le temps de la souffrance. Pour l'amour de Christ, il endure volontiers, mais ce n'est pas le repos. De plus, il faut veiller, tenir la chair en bride, être sans cesse en garde contre les ennemis du dehors et du dedans. Et tout cela dans la faiblesse et l'infirmité, dans un corps qui est une entrave, un corps corruptible, mortel, qui ne peut, comme tel, hériter du royaume de Dieu.

Tels sont, d'une part, la vocation et le caractère de l'Eglise, et de l'autre, la condition où elle se trouve ici-bas. La terre peut-elle donc être sa demeure? Non; on comprend qu'elle ne peut y rester, qu'elle a besoin de la pleine réalisation de ce qui répond à son caractère et à sa vie, que son désir tend à se trouver enfin où est son coeur, et le Seigneur Jésus lui fait entendre cette parole: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi».

Tirés du monde, appartenant à Christ qui nous a aimés et s'est donné pour nous, notre désir est d'être réunis à lui; ayant un corps d'infirmité, nous attendons l'adoption, la rédemption, et l'Esprit Saint qui est en nous, conduit nos coeurs à soupirer après le moment où nous verrons la réalisation de ces deux choses au retour de Christ. Et ce bien-aimé Sauveur qui n'oublie pas sa promesse, nous dit, en réponse à nos soupirs: «Je viens promptement». L'Eglise, elle, quant à son témoignage sur la terre, l'a oubliée, cette promesse. Durant de longs siècles, vierges sages et vierges folles se sont endormies; mais le cri s'est fait entendre: «L'Epoux vient; sortez au-devant de lui!» et il ne cessera de retentir jusqu'à l'instant si proche où l'Epoux paraîtra. Dans la parabole du Seigneur, plus rien ne suit cet appel, sinon l'arrivée soudaine de l'Epoux. Nous sommes à ce moment; puissions-nous le comprendre et tenir nos lampes prêtes.

Ainsi, ce qui concerne l'Eglise, le plein résultat de la rédemption à son égard, l'accomplissement entier du dessein de Dieu, ne sera atteint que lorsqu'elle sera entrée dans sa sphère propre, — le ciel, — lorsque la promesse de Jésus: «Je vous prendrai avec moi», sera réalisée.

Ce n'est pas la mort qui la réalise, car alors l'Eglise ne se trouve pas tout entière réunie à son Chef. D'ailleurs, la mort, bien qu'amenant le chrétien dans un état préférable à l'état actuel, — car «être avec Christ est de beaucoup meilleur», — la mort ne le place pas dans la condition définitive où il jouira de la gloire et de l'activité dans la gloire, car son corps, qui était ici-bas le temple du Saint Esprit, est encore dans le tombeau. Aussi la parole de Dieu dirige-t-elle toujours la pensée du chrétien, non vers la mort comme terme, mais, en passant par-dessus la mort, vers le moment où tout sera pour lui selon la perfection et la plénitude de la rédemption, vers la transformation de notre corps d'abaissement en la conformité du corps de la gloire du Seigneur, soit par la résurrection pour ceux qui sont endormis, soit par la transmutation des vivants à sa venue. C'est le résultat final de la victoire de Christ; c'est alors que le chrétien atteindra le but des conseils de Dieu à son égard, — «être semblables à Christ»; selon ce que dit l'apôtre: «Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères». Pour atteindre ce but, il n'est pas question de mourir, mais d'être «glorifiés».

Dans la seconde épître aux Corinthiens, chapitre 5, nous lisons: «Car nous savons que si notre habitation terrestre, qui n'est qu'une tente, est détruite, nous avons une maison éternelle dans les cieux». Il semble que le mot «détruite» se rapporte à la mort; mais non, l'apôtre fait surtout allusion à la fragilité, à l'infirmité de nos corps actuels qui peuvent être détruits. Il ajoute aussitôt: «Dans cette tente, nous gémissons, désirant avec ardeur d'avoir revêtu notre domicile qui est du ciel»; est-ce seulement après la mort, dans la résurrection? Non, pas nécessairement, car il dit encore: «Non pas que nous désirions être dépouillés (c'est-à-dire mourir), mais revêtus (du corps incorruptible), afin que ce qui est mortel (le corps actuel) soit absorbé par la vie».

Voilà donc l'attente et le désir de l'apôtre; ce n'est pas de mourir, mais d'avoir revêtu le domicile céleste. Et c'est Dieu «qui nous a formés à cela même», c'est là son dessein, le but qu'il avait en vue pour nous, et comme arrhes il nous a donné son Esprit, l'Esprit de Celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts, et qui «vivifiera aussi nos corps mortels par son Esprit qui habite en nous».

Ce dessein de Dieu n'est accompli que lorsque la promesse de Christ est réalisée; c'est donc la venue du Seigneur que le chrétien, que l'Eglise a devant les yeux; elle répond au dessein de Dieu, aux désirs de Christ et aux affections des siens. Voyons donc maintenant ce que la parole de Dieu nous dit du retour de Jésus pour ses rachetés.

 

Le premier passage est celui que nous avons cité, où Christ, avant de quitter le monde, console ses disciples par ces paroles: «Je reviendrai et vous prendrai avec moi». Ce passage ne nous donne aucune indication sur la manière dont le Seigneur reviendra. Mais l'apôtre Paul, écrivant aux Thessaloniciens, s'étend sur ce sujet. Cette première épître à des chrétiens récemment convertis, est remplie de l'enseignement relatif à la venue de Christ. Chaque chapitre la présente à un point de vue spécial. Les Thessaloniciens avaient été convertis «pour servir le Dieu vivant, et, vrai, et pour attendre des cieux son Fils Jésus». C'était donc là ce qui caractérisait, dès le début de sa carrière, un homme converti, devenu chrétien. C'est ainsi que le Seigneur Jésus, dans la parabole des dix vierges qui représentent ceux qui professent le christianisme, nous les montre comme étant sorties pour aller a la rencontre de l'Epoux. Elles s'endorment, mais le cri qui les réveille à minuit est: «Voici l'Epoux; sortez à sa rencontre». Ce qui caractérisait un converti au commencement du christianisme, doit être ce qui le caractérise aussi maintenant: attendre l'Epoux; aller à sa rencontre. C'est la conséquence du fait que l'on est sorti du monde, qu'on ne lui appartient plus. Tandis que l'on sert Dieu, une seule chose occupe le coeur: le retour de Christ. C'était le cas chez les Thessaloniciens, et l'apôtre leur présente la venue du Seigneur comme le motif d'une sainteté en rapport avec Celui qu'ils attendaient, et la pratique de l'amour les uns envers les autres. «Veillez», dit aussi le Seigneur, «ayez vos reins ceints et vos lampes allumées, et soyez comme des hommes qui attendent leur Seigneur». La venue prochaine de Jésus était pour les Thessaloniciens une chose si réelle, si certaine, qu'ils étaient affligés au sujet de leurs amis chrétiens délogés, parce qu'ils pensaient que ceux-ci n'auraient pas la joie de voir Jésus revenir. Ils retenaient ferme la vérité du retour du Seigneur, mais il y avait en eux de l'ignorance au sujet de ceux qui s'étaient endormis, car l'apôtre était resté peu de temps parmi eux. Paul, le Saint Esprit en Paul, ne voulait pas qu'ils restassent dans cette ignorance qui les attristait, et il prend cette occasion de leur donner, et à nous aussi qui vivons dans les derniers jours, un enseignement plus complet et infiniment précieux. Quelle sagesse merveilleuse que celle de Dieu! Il permettait que les premiers fidèles passassent par des circonstances ou des difficultés qui provoquaient les enseignements du Saint Esprit par le moyen des apôtres, et nous avons ainsi la parole de Dieu complète, suffisante, divinement inspirée, pour nous enseigner et nous instruire dans la justice, afin que nous soyons accomplis et parfaitement accomplis pour toute bonne oeuvre.

L'apôtre nous instruit donc avec les Thessaloniciens touchant ce qui arrivera aux chrétiens qui sont délogés, lorsque Christ reviendra, afin que notre espérance à leur égard ainsi que pour nous-mêmes, soit sans ombre. Il n'emploie pas d'abord le mot de mort pour ceux qui sont absents du corps et présents avec le Seigneur. L'expression «ceux qui dorment», «ceux qui se sont endormis», est choisie à dessein, parce qu'elle annonce le réveil. Ce n'est pas que l'âme dorme; pareille notion est étrangère à la Parole. Le brigand, dont le corps aura été jeté à la voirie, comme ceux des malfaiteurs mis à mort, est, quant à son esprit, dès le même jour avec Jésus dans le paradis. Le désir de Paul est de déloger pour être avec Christ, ce qui est meilleur que de se trouver dans ce corps. Etienne remet son esprit au Seigneur Jésus. On est absent du corps et présent avec le Seigneur. Tout cela n'est pas le sommeil; c'est un état heureux et où l'on a conscience de soi-même, bien que ce ne soit pas l'état parfait, celui d'être semblable à Christ dans un corps glorifié. Quelle douceur dans cette image du sommeil pour désigner la mort! Ce qui était le roi des terreurs, les gages du péché, n'est plus qu'un doux sommeil. On s'endort en Christ, dans les bras du Sauveur qui a annulé la mort, qui lui a ôté son aiguillon, qui a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort. Mais l'esprit veille, contemplant déjà les réalités éternelles, près de Jésus. La vie éternelle, la vie de Christ qui est dans le chrétien, ne saurait sommeiller. Débarrassée de l'entrave du corps corruptible, elle jouit auprès du Seigneur, dans le repos, en attendant la gloire. Et quand la possédera-t-elle? Quand le réveil viendra, et c'est ce dont l'apôtre va parler aux Thessaloniciens.

Il commence par leur rappeler l'objet de leur foi: «Nous croyons que Jésus mourut et qu'il est ressuscité». Notre foi est en un Christ mort et ressuscité. Ici, l'apôtre donne au Seigneur son nom de Jésus, celui qui lui a été donné comme homme sur la terre. Le Fils de Dieu devenu un homme, Jésus, est mort, et nous savons que c'est pour nos péchés. Mais nous savons qu'il n'est pas resté dans la mort; il ne pouvait y être retenu. «Par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait l'empire de la mort», puis «il a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père»; il est sorti du tombeau et est entré dans la puissance d'une vie sur laquelle la mort n'a plus de pouvoir. Si le chrétien est appelé à passer par la mort, comme Jésus y a passé, de même que Jésus il sortira de ce sommeil de la mort, pour entrer dans la pleine jouissance de la vie de résurrection qu'il possède déjà en Christ, mais qui étendra alors sa puissance sur son corps lui-même. «Si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts, vivifiera aussi vos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en vous». En tout, le chrétien est identifié avec son glorieux Chef; s'il meurt, il sera identifié avec lui dans la résurrection (Romains 6). C'est ce que l'apôtre enseigne aux Thessaloniciens. «De même aussi», ajoute-t-il après le passage où il parle de Jésus mort et ressuscité, «de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis en Jésus». Tout comme les vivants, ils seront avec Jésus quand celui-ci paraîtra en gloire aux yeux du monde. Comment cela pourra-t-il avoir lieu? Parce qu'ils auront été réveillés de leur sommeil, ressuscités par la puissance de Christ. Le Sauveur a dit: «Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra». Uni à Christ, possédant la même vie que lui, le chrétien, s'il vient à déloger, ne peut, non plus que Christ, rester dans le tombeau: il ressuscitera.

L'apôtre ayant dit: «Dieu amènera avec Jésus ceux qui se sont endormis en lui», est conduit à expliquer comment le fait aura lieu, et à entrer dans des détails concernant la venue du Seigneur pour les siens. Il a reçu directement du Seigneur la parole qu'il va nous communiquer. Cela fait partie des révélations spéciales que Paul reçut, qui sont en rapport avec l'Eglise, le mystère dont il est le révélateur, et que nous ne trouvons pas dans les autres écrits inspirés. Ceux-ci parlent, en effet, de l'apparition, de la révélation en gloire du Seigneur, mais avant cet événement, l'apôtre Paul nous dit que les saints sont déjà avec Christ: «Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3: 4). Cela ressort aussi du livre de l'Apocalypse où, quand le ciel s'ouvre pour laisser paraître, aux yeux du monde, le Vainqueur et le Juge, «les armées qui sont dans le ciel le suivent», et ces armées sont les saints (comparez Apocalypse 19: 8, 14). Ce n'est pas que les autres apôtres ignorassent cette vérité de la venue de Christ pour prendre près de lui ses bien-aimés, avant son retour en gloire avec eux; ils la connaissaient, comme aussi ce qui concerne l'Eglise, mais ce n'était pas l'objet de leur enseignement (*).

(*) Sauf ce que Jean dit dans l'Apocalypse et ce que le Seigneur enseigne en Jean 14.

Paul, par la parole du Seigneur, nous montre donc en premier lieu comment Christ revient pour les siens. Il écarte d'abord d'un mot la pensée courante, et si souvent exprimée même par des chrétiens, qu'il nous faut tous mourir. Oui, «il est réservé aux hommes de mourir une fois», c'est leur sort comme enfants d'Adam pécheur, mais quand il s'adresse aux chrétiens, l'apôtre dit formellement: «Nous ne nous endormirons pas tous» (1 Corinthiens 15: 51). Et ici, il parle de «nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur», et qui ne mourons pas, par conséquent. Il ne faut pas objecter que Paul s'est trompé, en disant «nous», puisque des siècles se sont écoulés depuis. L'Esprit de Dieu ne se trompe pas, mais sa sagesse est admirable. Pour le chrétien, la venue de Christ est toujours une chose présente, aucun événement ne la précède ni ne l'annonce. Ce «nous» était pour le temps où Paul parlait, comme il est maintenant pour «nous», puisqu'en fait le Seigneur a tardé. Mais tardera-t-il encore? «Veillez», dit Jésus, «car vous ne savez ni le jour ni l'heure», et rappelez-vous, bien-aimés, ce que nous avons déjà dit, qu'après le cri de minuit, il n'est plus question d'autre chose que de l'arrivée de l'Epoux.

Mais ce que l'apôtre veut présenter aux Thessaloniciens, c'est que «nous, les vivants qui demeurons», n'aurons aucun privilège sur ceux qui se sont endormis en Jésus, «nous ne les devancerons aucunement». Pour le montrer, il décrit la manière dont s'effectuera le retour du Seigneur et ses résultats pour les saints. «Le Seigneur lui-même… descendra du ciel». De ce trône du Père où il s'est assis après avoir vaincu, il se lèvera; il descendra de ce lieu de gloire, du ciel, où il est monté aux yeux de ses disciples, où il est entré pour s'asseoir à la droite de la Majesté. Il descendra, non pour être encore vu du monde, comme au jour où il posera ses pieds sur la montagne des Oliviers, mais pour accomplir sa promesse: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi». Pour les appeler et les introduire auprès de lui, il n'envoie pas un serviteur, non pas même l'ange le plus élevé en dignité; non, cela ne conviendrait pas aux tendres liens qui unissent son coeur à celui de ses bien-aimés. L'époux vient lui-même chercher son épouse dont il a été longtemps absent. Il faut qu'à la fin du voyage, ce qui frappe d'abord les oreilles et les yeux de la fiancée, soit la voix et la face de son bien-aimé. «Soyez prêts», est-il dit, constamment prêts, sans doute, mais ne pouvons-nous pas penser, chers amis, qu'à ce moment suprême, quand il se lèvera pour venir chercher l'Eglise qui l'attend, qui depuis longtemps avec l'Esprit dit: «Viens», l'Epouse, sous l'action de l'Esprit, tressaillira comme Rebecca, lorsque, avertie par le serviteur de l'approche d'Isaac, elle descendit et se couvrit de son voile, et que de même, l'Eglise remplie de joie prendra cette attitude d'hommage et de soumission devant l'Epoux (*)? Et elle entendra alors la voix de Celui qui l'aime et qui l'appellera en haut vers lui. Il ne vient pas jusqu'à la terre, mais il appelle les saints à venir à sa rencontre dans les nuées.

(*) Je ne veux pas dire qu'il y aura rien de semblable dans l'état extérieur de l'Eglise professante; mais simultanément dans les coeurs de tous ceux qui, dispersés maintenant pour la plupart, appartiennent à Christ, sont membres de son corps.

Sa voix se fait entendre. C'est un cri de commandement qui est destiné à rassembler, autour de lui, ceux qui lui appartiennent. Eux seuls reconnaissent cette voix qu'ils ont déjà entendue dans leurs coeurs, quand ils sont passés de la mort à la vie. Elle n'est pas pour le monde, qui ne saurait la discerner, mais de même que mon enfant, dans une foule affairée, si je l'appelle, entend et discerne ma voix et se rend vers moi, sans que la foule se soucie de ce qui se passe entre lui et moi, de même les croyants entendront la voix bien-aimée du Seigneur les appeler hors de ce monde duquel ils ne sont pas. C'est la voix de l'archange, de Celui qui commande aux créatures les plus élevées; c'est la trompette de Dieu, le puissant appel de Dieu qui a autorité sur les vivants et sur les morts. Tous ceux qui ont eu part à la vie de Dieu entendent la voix du Seigneur. Les morts en Christ se réveillent d'abord et ressuscitent; les vivants qui demeurent se réunissent à eux, et tous ensemble, dégagés, comme nous le verrons, de tout ce qui est terrestre et qui attache ici-bas; attirés, pour ainsi dire, vers Celui qui les appelle d'en haut, et qui est le centre de leur vie, de leurs pensées et de leurs affections, ils s'en vont dans les nuées au-devant du Seigneur en l'air. Comme lui-même avait quitté la terre et était monté en haut, eux aussi, avec leurs corps d'abaissement transformés en la conformité du corps de la gloire de Christ, laissent ce séjour de péché et de larmes pour être pour toujours avec le Seigneur.

Quel moment pour nous tous, bien-aimés, quand la scène de ce monde disparaissant tout à coup de nos yeux, ils s'ouvriront dans la lumière du ciel pour voir la face radieuse du Sauveur! Comme une tendre mère appelle son enfant endormi et que celui-ci, ouvrant les yeux, voit d'abord le doux visage de celle qu'il connaît, ainsi la première chose que les morts réveillés entendent, c'est la voix du Sauveur; le premier objet qui frappe leurs regards, c'est lui-même en sa beauté; et pour nous, les vivants qui demeurons, il en sera de même, car cette vie terrestre, qui n'est que comme un songe, disparaîtra pour faire place à la présence du Seigneur.

Voilà le fait simple que la parole du Seigneur, par le moyen de Paul, place devant nos âmes, et qui va bientôt arriver. C'est ainsi que Jésus reviendra pour chercher ses bien-aimés. Fait bien solennel, mais aussi bien réjouissant pour le coeur. Il est la réalisation de la parole que le Seigneur prononça à l'occasion de la mort de Lazare: «Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais». L'ordre est le même que dans l'enseignement de l'apôtre: d'abord, la résurrection pour celui qui a passé par la mort; ensuite, la vie, la vie dans sa plénitude, la vie sans passer par la mort, pour celui qui est vivant à la venue du Seigneur. Et ces privilèges, ressusciter, revivre encore que l'on serait mort, ou vivre sans passer par la mort, appartiennent aux croyants: «Celui qui croit en moi», dit le Seigneur.

Une dernière remarque relative à ceux qui ressusciteront à la venue du Seigneur, c'est qu'ils comprennent tous les morts en Christ; non seulement les saints appartenant à l'Eglise, mais les saints de l'ancienne économie qui, par la foi, comme Abraham, ont vu le jour de Christ, qui cherchaient une patrie céleste, qui «sont morts dans la foi, n'ayant pas reçu les choses promises, mais les ont vues de loin et saluées». Ceux-là aussi iront avec nous à la rencontre du Seigneur quand il viendra, et seront introduits dans la patrie céleste vers laquelle ils tendaient.

Nous trouvons dans la première épître aux Corinthiens (chapitre 15), un enseignement qui complète ce que l'apôtre a dit aux Thessaloniciens. Là, nous apprenons quelle est l'opération de la puissance du Seigneur à l'égard des corps, soit des ressuscités, soit des vivants qui demeurent au moment de sa venue, afin de les rendre propres au lieu qu'ils doivent habiter. Dans le chapitre que nous avons cité, l'apôtre avait en vue de détruire les erreurs qui couraient parmi les Corinthiens relativement à la résurrection. Il y montre que, si l'on nie la résurrection, Christ non plus n'est pas ressuscité, et, qu'ainsi notre foi est vaine. Les esprits de ceux qui sont délogés vivent, sans doute, comme le Seigneur le déclare aux sadducéens en parlant d'Abraham, d'Isaac et de Jacob: «Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants», car pour lui, tous vivent, mais ils vivent en attendant la résurrection. L'être humain n'est complet qu'avec un corps; s'il a passé par la mort, cette séparation de l'âme d'avec le corps n'est que pour un temps, il sera de nouveau complet en résurrection. La mort est venue par Adam, en lui tous meurent; mais dans le Christ, tous seront rendus vivants. Tous les morts ressusciteront; mais les uns en résurrection de vie, les autres, en résurrection de jugement (Jean 5). Les premiers sont ceux qui appartiennent à Christ. Comme nous l'avons vu, ils ressuscitent à sa venue (1 Corinthiens 15: 23); la résurrection de jugement a lieu plus tard, nous n'avons pas à nous en occuper ici. L'apôtre décrit l'état du corps ressuscité des fidèles, dans les versets 42 à 49, en contraste avec nos corps actuels. Le corps ressuscite en incorruptibilité, en gloire et en puissance; il ressuscite corps spirituel, entièrement mû et pénétré par l'Esprit et ne participant plus aux fonctions de la vie animale qui convient à son existence sur la terre. Comme descendants d'Adam, nous avons porté dans nos corps l'image d'Adam, le premier homme tiré de la terre et qui est poussière; mais comme appartenant à Christ, le second homme venu du ciel, nous sommes célestes, et nous porterons l'image du céleste en résurrection. En tout, nous lui serons semblables. Le lieu auquel nous appartenons, la demeure qui nous est destinée, c'est celle où Christ se trouve, c'est le ciel où il nous introduira à sa venue. Or, non seulement le péché ne peut entrer dans le ciel, mais la chair et le sang, ce que nous sommes dans la condition actuelle de nos corps mortels et corruptibles, ne peuvent trouver place dans le séjour de l'incorruptibilité. Mais Christ a accompli pour nous une rédemption parfaite; il nous a lavés de nos péchés et rendus propres moralement pour la présence de Dieu, et quand il vient pour nous prendre avec lui dans le ciel, il nous donne, aux ressuscités, aussi bien qu'aux vivants qui demeurent, un corps approprié à ce séjour de l'incorruptibilité et de la gloire. «Notre bourgeoisie», dit Paul, «est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, lequel transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses».

C'est ce que l'apôtre enseigne aussi aux Corinthiens, sans toutefois mentionner la venue de Christ. «Voici, je vous dis un mystère: Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés: en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce mortel revête l'immortalité». Ce passage est tout à fait parallèle à celui de l'épître aux Thessaloniciens. C'est un mystère, une chose qui était restée cachée jusqu'alors, comme ce que Paul disait à ceux de Thessalonique par la parole du Seigneur. «Nous ne nous endormirons pas tous», tous ne meurent pas pour ressusciter, il y a des fidèles vivants quand la résurrection arrive. «Mais nous serons tous changés». Il faut qu'une transformation ait lieu, pour que les saints puissent hériter le royaume de Dieu. Les morts ne ressuscitent pas avec un corps tel que celui qui a été déposé dans la tombe, mais ils ressuscitent incorruptibles. Ce n'est pas une résurrection analogue à celle de Lazare qui, par la puissance du Seigneur, sortit de la corruption, mais reprit la même vie naturelle que nous avons, sujette à la mort. Non, ce sera une résurrection de vie; sur ces corps ressuscités incorruptibles, la mort n'aura plus de pouvoir. Les vivants qui demeurent, qui ne se seront pas endormis, ne pourront pas aller vers le Seigneur avec la chair et le sang qui les attachent à la terre, éléments dissolubles et corruptibles, impropres pour le ciel; ils seront changés. Nous, les vivants, ne serons pas «dépouillés», c'est-à-dire que l'esprit ne s'en ira pas du corps, il n'y aura pas de mort, nous ne le désirons pas, dit Paul (2 Corinthiens 5), mais nous serons revêtus. Le chrétien n'attend, ni ne désire la mort; il désire d'être revêtu du corps incorruptible, parce qu'alors il sera conforme au Seigneur. «Nous serons changés», le mortel sera absorbé par la vie; nous serons revêtus. Remarquons encore ici l'expression «nous». L'apôtre se place au nombre de ceux qui seront changés, comme, dans les Thessaloniciens, il a dit «nous, les vivants». De fait, Paul sera du nombre de ceux qui ressusciteront, mais la résurrection qui a lieu à la venue du Seigneur doit, comme cette venue, être attendue à chaque instant. Comme Paul, le chrétien désire, non d'être dépouillé, mais revêtu, car alors il verra son Sauveur. Et c'est «en un instant, en un clin d'oeil», que le fait aura lieu, et non par une transformation lente. La trompette, la dernière, celle qui annonce le départ, sonne; l'appel puissant de Dieu se fait entendre, et aussitôt les morts se réveillent revêtus de corps de gloire, et les vivants, échappant à la scène passagère et tumultueuse du monde, se trouvent aussi dans cette bienheureuse condition. Les uns et les autres ont maintenant des corps immortels et incorruptibles, propres pour la gloire céleste; ils ont des yeux qui peuvent contempler le Roi dans sa beauté, et des oreilles qui peuvent entendre les paroles ineffables du paradis. Ils sont capables, maintenant, de jouir sans entraves du Seigneur, vers lequel ils montent en haut et qui les introduit dans la gloire, suivant le désir de son coeur: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire que tu m'as donnée… Et la gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée». Oui, bien-aimés, bientôt «ce corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et ce mortel aura revêtu l'immortalité»; «la mort sera engloutie en victoire». La rédemption aura eu pour nous son parfait accomplissement, nous jouirons de l'adoption, la délivrance du corps; le dessein de Dieu à notre égard sera pleinement réalisé: nous serons «conformes à l'image de son Fils, premier-né entre plusieurs frères»; la promesse du Seigneur et ce qu'il désirait pour ses bien-aimés, aura aussi vu son accomplissement. Nous serons «auprès de lui», «toujours avec le Seigneur».

Toi-même tu verras ce que ton coeur réclame:

De ton oeuvre à la croix le fruit mûr et parfait;

Tu jouiras, Seigneur, du travail de ton âme,

Et ton amour divin en sera satisfait.

2.

La promesse de Christ s'accomplira: il reviendra et prendra les siens auprès de lui; examinons maintenant, d'après la parole de Dieu, la suite et les résultats de ce bienheureux événement pour nous.

Rachetés du Seigneur Jésus, lavés dans son sang, justifiés par Dieu lui-même, nous jouissons de la paix avec Dieu, nous sommes dans sa faveur, notre position devant lui est parfaite, elle est celle de Christ lui-même; nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang; parfaits quant à la conscience, nous sommes des adorateurs qui avons accès dans le sanctuaire; nous sommes une sainte sacrificature pour offrir, par Jésus Christ, des sacrifices spirituels; une sacrificature royale, pour annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Mais nous ne possédons toutes ces choses et n'en jouissons que par la foi, bien qu'elles soient réelles comme fondées sur le témoignage de Dieu; nous avons ce trésor dans des vases de terre, dans la faiblesse et l'infirmité qui nous entravent, et notre jouissance de ces choses n'est que dans la mesure de notre foi. Mais quand le Seigneur nous aura pris auprès de lui, nous serons introduits dans la pleine possession et la jouissance de toutes ces grâces. Ce ne sera plus par la foi, mais par la vue que nous marcherons; nous ne verrons plus comme au travers d'un verre obscur, mais face à face. Nous jouirons pleinement de la vie spirituelle et divine avec des facultés parfaites, dans des corps ressuscités, ces corps que l'apôtre nomme corps spirituels, c'est-à-dire animés uniquement par la vie de l'Esprit. Nous verrons le Seigneur comme il est et lui serons semblables, et, dans cette heureuse condition, nous serons toujours avec lui. N'est-ce pas bien là la réponse aux désirs et aux affections de nos coeurs renouvelés?

L'Apocalypse, ce livre tout prophétique, se rapportant essentiellement à l'accomplissement des voies de Dieu à l'égard de la terre, pour établir le règne de son Fils, nous montre en même temps, comme par contraste, la part distincte de l'Eglise en haut, après avoir retracé ce qui concerne l'Eglise dans sa responsabilité sur la terre. Combien il est consolant, en face du spectacle douloureux que présente l'Eglise ici-bas, en présence de la fin qui attend le corps professant — vomi de la bouche du Seigneur — combien il est consolant de voir le dessein de Dieu accompli dans les lieux célestes, à l'égard du mystère qui était caché en lui dès les siècles; de contempler l'Eglise, selon le désir du Seigneur, toujours avec lui, associée à sa gloire, à son règne, et en attendant celui-ci, prenant, dans le ciel, le plus profond intérêt à ce qui s'accomplira ici-bas pour amener l'établissement du royaume, et en particulier à ce qui concerne les saints souffrants et persécutés de cette période!

L'Apocalypse s'ouvre, pour ainsi dire, par le chant de louange et de triomphe qui sort du coeur de l'Eglise, quand elle voit devant elle, dans la personne du témoin fidèle, du premier-né des morts, du Prince des rois de la terre, Celui dont elle connaît l'amour, son puissant Rédempteur. Elle proclame la part bénie qu'il lui a donnée et exalte son nom: «A celui qui nous aime», dit-elle, «et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles! Amen». Les saints sont l'objet de l'amour de Christ dans le passé, le présent et l'avenir; son amour s'est manifesté envers eux en les rendant propres pour la position élevée qu'il voulait leur donner à la gloire de Dieu son Père — celle de rois et sacrificateurs — comme lui aussi est Roi et Sacrificateur, ainsi que le siècle à venir le montrera, et les saints lui rendent hommage.

Au chapitre 4, nous les voyons, ces saints, ce royaume de sacrificateurs, dans le lieu où leur a donné accès le sang de Christ qui les a lavés de leurs péchés; ils ne sont plus sauvés seulement en espérance, mais jouissent du plein effet de la rédemption. Ressuscités ou transmués, ils sont maintenant glorifiés; ils portent l'image du céleste et sont assis dans le ciel, où d'abord ils n'étaient qu'en Christ. Revêtus de la sagesse divine, portant le caractère de Christ, l'Ancien des jours, ils comprennent parfaitement et goûtent pleinement les choses qu'ils possèdent, et ont l'intelligence des desseins et des voies de Dieu qui se déroulent sous leurs yeux. Ils ne connaissent plus en partie seulement; ce qui est parfait est venu, ce qui est en partie a pris fin: ils connaissent à fond comme ils ont été connus. Ils sont assis sur des trônes, car ils doivent régner comme Christ et avec Christ, après avoir souffert avec lui. C'est dans la présence du Dieu créateur et juge qu'ils se trouvent. Du trône sur lequel est assis, dans sa gloire, Celui que le prophète ne nomme pas, dont le nom est merveilleux, sortent des éclairs et des tonnerres et des voix, mais ils sont sans crainte. Ils connaissent Celui qui est sur le trône; c'est le Dieu qui les aime; ils sont dans le lieu où la crainte n'existe pas. Les couronnes d'or, symbole de la justice divine, sont sur leurs têtes; des vêtements blancs, les justices des saints, les revêtent. Ils sont dans la paix de Dieu, dont ils jouissent sans mélange, sans que rien puisse l'altérer, ni la troubler. La gloire du ciel se déploie autour d'eux, mais c'est l'atmosphère à laquelle ils ont été rendus propres. La sainteté orne le sanctuaire, les êtres célestes la proclament; les saints glorifiés subsistent dans cette sainteté, ils la respirent avec bonheur; n'est-ce pas leur élément, l'élément de la vie divine qui est la leur? Il n'y a plus lieu, pour eux, à ce que le grand souverain sacrificateur intercède pour eux, pour les maintenir devant Dieu, ni à ce que l'Avocat divin exerce son office à leur égard pour rétablir leur communion avec le Père. Il n'y a plus lieu au lavage des pieds opéré par Celui qui a voulu, dans sa grâce, être serviteur pour toujours. La poussière de ce monde souillé ne peut plus s'attacher à eux; elle ne saurait pénétrer dans le sanctuaire. Aussi voyons-nous que la mer, le vase où se trouvait l'eau destinée à purifier de ces souillures, est là-haut de verre, semblable à du cristal. La sainteté des rachetés est, parfaite entière et permanente à jamais. Voilà la condition merveilleuse qui nous appartiendra là-haut, quand Christ sera venu nous prendre auprès de lui et nous introduire en la présence divine.

Et les saints glorifiés n'y seront pas inactifs. Taudis que les saintes armées proclament, en adorant, la puissance, l'immutabilité et la sainteté de l'Eternel Dieu, bien loin, comme Esaïe autrefois devant cette même gloire, de s'écrier: «Malheur à moi! Je suis perdu! car mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des armées!» eux, les saints célestes, se prosternant devant Celui qui vit aux siècles des siècles, jettent devant son trône, à ses pieds, les couronnes de gloire qu'ils tiennent de lui, et le proclament seul digne de tout honneur, de toute gloire et de toute puissance, lui, leur Seigneur et leur Dieu, le créateur de toutes choses.

Telle sera notre occupation, bien-aimés lecteurs, quand la promesse de Christ aura été accomplie. Dans la splendeur du ciel où Dieu a son trône, nous le contemplerons dans sa grandeur, sans voile, sans crainte et dans un transport indicible, pénétrés de tout ce qu'est ce Dieu tout puissant, éternel et très saint, nous l'adorerons sans aucun mélange de pensées étrangères.

Mais ce n'est pas seulement Dieu dans son éternité, dans son essence immuable, dans sa puissance et sa sainteté, Dieu comme créateur et gouverneur souverain, que les saints glorifiés contemplent et adorent dans la condition parfaite où l'oeuvre de Christ les a placés. Un autre objet leur est présenté. C'est Celui-là même qui les a introduits dans la gloire. Ils le connaissent comme Celui à qui tous les droits appartiennent. Nous avons déjà fait remarquer cette intelligence parfaite des choses divines que possèdent les saints dans le ciel. C'est déjà, ici-bas, notre privilège de connaître ce qui est de Christ et que l'Esprit nous communique. Nous avons à croître dans cette connaissance. Mais que de faiblesse dans notre appréciation de la vérité, que de lenteur dans notre croissance, que de préjugés, de pensées charnelles, de précipitation dans nos jugements, que de raisonnements viennent nous entraver et affaiblir notre sentiment et notre intelligence des choses divines! Là-haut, dans la pure lumière que n'obscurcissent jamais les ombres de la terre, tout est vu sans voile, tout est discerné sans erreur, par des intelligences que n'embarrasse plus rien de terrestre, et qui habitent des corps spirituels, instruments parfaits pour servir de telles intelligences. Et leur coeur, les affections y trouvent aussi leur aliment dans l'objet divin, seul digne de les attirer, seul capable de les satisfaire, et qui resplendira devant eux dans tout l'éclat de sa céleste beauté. Plus d'envie, plus d'égoïsme, plus de jalousie une seule et même pensée, un seul et même amour, rempliront tous les coeurs ravis par la présence du Sauveur.

Dieu est devant les saints non seulement comme le Créateur et le Juge tout-puissant et souverain, mais comme le Rédempteur. Lorsque l'ange puissant proclame à haute voix: «Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux?» le prophète ne voit ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre, personne qui pût ouvrir le livre et lire ce qui y était écrit. Il est là dans toute la faiblesse de ses conceptions humaines. Mais les anciens, les saints glorifiés, ont la connaissance et l'intelligence des pensées de Dieu. Ils savent quel est Celui à qui, dans ces pensées, est réservée la gloire d'être le révélateur des conseils de Dieu à l'égard du monde et de nouveau en rapport avec Israël. L'Eglise est en haut avec les saints glorifiés de l'ancienne économie, et Dieu reprend ses voies à l'égard d'Israël sur la terre; car Dieu n'oublie pas son peuple qu'il a préconnu, il ne l'a pas rejeté à toujours, car ses dons de grâce et son appel sont sans repentir. Les anciens savent que Celui qui les a lavés dans son sang, afin de pouvoir les introduire dans le ciel en la présence de Dieu, est aussi le Lion de Juda et la racine de David, et que, par sa victoire, il a acquis le droit d'ouvrir les sceaux. Ils connaissent toutes les gloires célestes et terrestres du Rédempteur, et ces saints glorifiés, qui ont cette connaissance des pensées de Dieu et cette vue des gloires de Christ qui remplissent leurs âmes, ces saints c'est nous, chers lecteurs chrétiens, quand Christ nous aura pris auprès de lui. Quelle félicité! Dans les pensées vaines de leur coeur, plusieurs se figurent bien des choses touchant le ciel. N'est-ce pas assez pour remplir à jamais l'horizon toujours plus vaste de nos âmes que la connaissance et la vue de Dieu et de Christ? N'avons-nous pas là tout ce qu'il nous faut pour l'éternité?

Les saints savent aussi que le Lion de Juda n'a vaincu que par la mort. Il apparaît au milieu du trône et des armées célestes comme l'Agneau immolé. Dans Celui qui occupe la plus haute place et que la gloire couronne, qui possède la perfection de la puissance et de la connaissance pour gouverner l'univers, les saints contemplent le Messie qui fut rejeté et mis à mort. C'est cette personne adorable que Jean le baptiseur montrait à ses disciples, en leur disant: «Voici l'Agneau de Dieu». Les saints glorifiés l'ont connu ici-bas comme leur Sauveur; par la foi, ils se sont attachés à lui et l'ont suivi, portant, eux aussi, leur croix. Maintenant ils le voient dans la gloire, mais c'est toujours le même Jésus; exalté en haut, il porte les traces de ses souffrances, lui qui les a aimés et s'est livré pour eux. Ils sont associés à lui dans la gloire pour le gouvernement qu'il va prendre en main, mais ils n'oublient pas quel est Celui qui les a rachetés et à quel prix il a pu les avoir auprès de lui. Ils adorent et ils louent et, en même temps, comme sacrificateurs, ils offrent pour d'autres, car, tandis qu'ils sont dans le ciel, il y a des saints qui souffrent sur la terre. Leur coeur prend en eux un intérêt profond. Ils ont aussi souffert et ils sympathisent avec ceux qui souffrent. Les coupes de parfum qu'ils offrent, sont remplies des prières des saints. Autrefois ils priaient pour tous les saints, maintenant ils offrent, dans le ciel, les prières des saints sur la terre. Ah! nos coeurs ne seront pas froids et ne resteront pas inactifs dans la gloire. En tout, nous serons associés à notre précieux Sauveur. Tout ce qui concerne ses saints sur la terre, sa gloire et son règne, nous intéressera. Quelle perspective, bien-aimés lecteurs! Nous verrons Celui qui nous a aimés; unis à lui, nous célébrerons le nouveau déploiement de sa puissance et de sa grâce envers d'autres saints que son sang a achetés pour Dieu de toute tribu, et langue, et peuple, et nation, afin qu'eux aussi, comme nous, soient rois et sacrificateurs, associés aussi à Christ pour régner sur la terre. Ce que l'Agneau avait en vue en s'offrant en sacrifice, c'était la gloire de Dieu, l'accomplissement de ses desseins. C'est pour cela que Dieu l'a glorifié; ses souffrances l'ont conduit à la gloire, et sa gloire proclame ses souffrances. Nous verrons cette gloire, nous comprendrons pourquoi il en est revêtu, et, placés au premier rang du choeur de toute la création qui l'acclamera, nous, les prémices de ses créatures, nous célébrerons l'Agneau divin.

Telle est, bien-aimés lecteurs, la part que nous aurons dans le ciel, quand la promesse de Christ aura été accomplie; notre part, comme rachetés par lui, ressuscités et glorifiés avec lui.

Ce n'est pas encore tout ce que la parole de Dieu nous présente en rapport avec notre introduction dans le ciel, quand Jésus nous prendra à lui. Nous nous trouvons avec Dieu et avec notre Sauveur dans certaines relations, que la grâce a établies. Nous goûterons dans le ciel le fruit de ces relations.

Nous sommes enfants de Dieu; nous le sommes maintenant. Jésus, le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous a révélé Dieu sous ce caractère de Père que n'avaient point connu ni les patriarches, ni les prophètes, ni aucun des saints de l'Ancien Testament. Il nous l'a fait connaître comme un Père qui voulait s'entourer d'une famille, dans laquelle son Fils bien-aimé fût, comme homme, le premier-né. Le monde n'a pas connu Jésus; les siens, le peuple juif, ne l'ont point reçu, mais tous ceux qui le reçoivent, qui croient en lui, sont nés de Dieu, ils possèdent en Jésus la vie éternelle, ils ont ainsi le droit d'être appelés enfants de Dieu. Le Seigneur, pendant sa vie sur la terre, introduisait progressivement ses disciples dans la connaissance de cette relation si intime et si douce avec Dieu où il voulait les placer. Il les habituait peu à peu, pour ainsi dire, comme de petits enfants, à balbutier ce nom: «Abba, Père». Il leur avait fait connaître son nom, et il voulait le leur faire connaître encore mieux, et les introduire dans la jouissance de tout ce que ce nom comporte pour nous. Mais pour cela, il lui fallait achever sur la croix son oeuvre d'amour, l'oeuvre qui glorifiait Dieu, son Père, et qui nous sauvait. Quand tout eut été accompli, qu'il fut ressuscité, et put ainsi introduire les siens dans la puissance de la vie où il était entré, il leur envoie un message en les saluant comme ses frères. Son Dieu est leur Dieu, son Père est leur Père: la famille de Dieu est constituée et se rassemble autour de son Chef. Lui-même, dans sa mort et sa résurrection, a posé le fondement sur lequel elle pouvait être établie. «Nous sommes maintenant enfants de Dieu», nous qui l'avons reçu, qui croyons en lui, et le Saint Esprit, qui nous a communiqué la vie divine, rend aussi témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, et nous fait jouir de cette relation. Toutefois, nous n'en jouissons maintenant que par la foi et dans la mesure de notre foi.

Si nous sommes maintenant enfants de Dieu, «ce que nous serons n'a pas encore été manifesté», ajoute l'apôtre. En effet, nous sommes encore dans l'infirmité de corps corruptibles et nos esprits qui y sont renfermés, sont dans la faiblesse. Mais quel est le dessein de Dieu à l'égard de ceux qui sont maintenant ses enfants? L'apôtre nous le dit: «Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères». Il veut les glorifier. Le changement de scène et de condition qui aura lieu quand ce dessein de Dieu s'accomplira, n'altérera en rien cette précieuse relation: elle repose sur ses conseils immuables. Ceux qu'il a élus en Christ avant la fondation du monde pour être saints et irréprochables devant lui, en amour, sont aussi ceux qu'il a prédestinés pour les adopter pour lui par Jésus Christ. Quand Jésus vient chercher ses bien-aimés pour qu'ils soient auprès de lui dans la gloire, ils sont enfants de Dieu. Le voyant tel qu'il est, ils lui sont semblables dans des corps glorifiés — c'est là ce que nous serons — mais toujours enfants de Dieu.

Mais quelle est la place des enfants de Dieu? Evidemment, c'est la demeure de leur Père. Or, sur la terre, nous sommes loin du foyer paternel. Nous sommes enfants et héritiers, sans doute; notre titre et nos droits sont certains, mais nous cheminons ici-bas comme étrangers et voyageurs. Par la foi, nous avons libre accès auprès de notre Père; nous jouissons des arrhes de l'héritage par l'Esprit qui nous a été donné; nous sommes les objets de ses tendres soins, aimés comme Jésus a été aimé — immense consolation pour nos âmes; mais nous ne sommes pas encore chez nous, dans la maison du Père, où se trouve le repos, où son amour rayonne de tout son éclat, où rien n'en entrave la jouissance.

Eh bien, Jésus a dit: «Dans la maison de mon Père (et son Père est notre Père), il y a plusieurs demeures… je vais vous préparer une place… je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi». La place légitime de notre précieux Sauveur, c'est la maison de son Père. Il y retournait, après avoir achevé l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire; mais il ne voulait pas y être seul. L'oeuvre qu'il avait accomplie lui permettait d'introduire en justice, selon les desseins et le coeur de Dieu, d'autres enfants dans cette maison, savoir ceux qu'il avait lavés de leurs péchés et rachetés par son sang. Et il leur montre la place préparée pour eux par sa grâce, par le fait qu'après la rédemption accomplie, il y est entré. Il leur dit: «C'est là où je vais; vous y serez auprès de moi. Je reviendrai vous prendre. C'est ma place, c'est aussi la vôtre». C'est donc dans la maison du Père que le Seigneur, étant revenu nous prendre, nous introduira, conformément à notre caractère d'enfants de Dieu, afin que nous jouissions, avec lui, de toute l'intimité de notre relation avec le Père. Quelle sera sa joie, quelle sera la nôtre! Le coeur comprend déjà quelque chose de cette félicité des enfants de Dieu, la bouche ne saurait l'exprimer. Quelle image plus douce et plus touchante de ce qu'est le ciel, que de nous le montrer comme la maison du Père où nous serons pour toujours avec Jésus! La gloire est quelque chose; c'est grand, et nous serons dans la gloire; mais que serait toute la gloire du ciel, sans l'amour du Père, goûté chez lui, avec son Fils bien-aimé? C'est là, bien-aimés lecteurs, que Jésus, quand il viendra, nous conduira pour jouir des délices de cette demeure: «Encore un peu de temps, très peu de temps, et celui qui vient, viendra, et il ne tardera pas». Courage donc, élevons nos regards en haut; nous irons bientôt nous reposer chez nous; nous jouirons de ce qu'exprime ce cantique:

Dans la pure lumière,

Plus haut que le ciel bleu,

Est la maison du Père,

La demeure de Dieu;

Demeure glorieuse

Qu'orne la sainteté,

Où brille radieuse

La divine clarté;

 

Demeure où la louange,

Dans un accord sans fin,

Parfaite, sans mélange,

Chante l'amour divin.

 

Un repos ineffable

Règne dans ce séjour:

La paix inexprimable

De l'éternel amour.

 

C'est ta présence, ô Père!

Qui remplit ce saint lieu

D'amour et de lumière:

C'est ton repos, ô Dieu!

 

Et c'est là qu'est ma place,

Dans l'éternel bonheur!

Là m'introduit ta grâce,

O Jésus, mon Sauveur!

Comme enfants de Dieu, «nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ».

Mais ce n'est pas au moment où Christ accomplit sa promesse que nous sommes mis en possession de cet héritage. Il faut attendre avec lui, dans la maison du Père, le moment où Dieu mettra toutes choses sous ses pieds, où tout lui sera assujetti; le moment où, selon le bon plaisir de Dieu, toutes choses seront réunies dans le Christ. C'est donc quand il sera apparu dans sa gloire, qu'il aura abattu tous ses ennemis, et que son règne sera établi, que nous connaîtrons, en les possédant et en en jouissant, quelles sont «les richesses de la gloire de son héritage dans les saints». Alors, quand les fils de Dieu auront été révélés, les soupirs de la création cesseront, son attente et son espérance seront réalisées; affranchie de la servitude de la corruption, elle jouira de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. En attendant, nous serons avec le Seigneur.

Nous sommes enfants de Dieu; nous avons été introduits dans cette relation intime avec le Père; mais, ici-bas, nous sommes aussi serviteurs. Nous avons été affranchis, arrachés au dur esclavage de Satan et du péché; achetés à prix, nous ne sommes plus à nous-mêmes; nous appartenons à Celui qui, pour nous délivrer, est mort et a été ressuscité. Nous avons un Seigneur, un Maître, c'est Jésus; nous sommes serviteurs de notre Maître. Comme il l'a été sur la terre, nous le sommes aussi. C'est pour le servir que nous sommes laissés sur la terre. Sans doute que nous avons à lui rendre témoignage, à annoncer ses vertus, mais c'est en le servant fidèlement que nous le ferons. Et de celui qui le sert ainsi, le Seigneur dit que son Père l'honorera.

Il y a des services spéciaux pour ceux qui y sont appelés. Tous ne sont pas apôtres, ou prophètes, ou docteurs, ou évangélistes, mais tous les chrétiens ont l'insigne honneur, le précieux privilège d'être des serviteurs de Jésus, de pouvoir «servir le Seigneur». Pour le plus humble, pour le plus faible, il y a un service. Que dis-je? Toute la vie du chrétien n'est qu'un service: «Ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes», mais pour Christ. «Nul de nous», dit encore l'apôtre, «ne vit ayant égard à lui-même; et nul ne meurt ayant égard à lui-même, mais soit que nous vivions, nous vivons ayant égard au Seigneur, soit que nous mourions, nous mourons ayant égard au Seigneur; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur». Et c'est comme tels que, quoi que nous fassions, par paroles ou par oeuvre, nous avons à le faire au nom de notre Seigneur Jésus, agissant pour lui et en vue de lui.

Mais le Maître est absent. Il est allé dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir ensuite. Durant son absence, il a confié, comme nous l'avons vu, un service à ses serviteurs, «à chacun selon sa propre capacité». Qu'ont donc à faire ces serviteurs? Nous le voyons dans la parabole, c'est d'être fidèles dans l'usage de ce qui leur a été confié et de le faire valoir pour le Maître, non pour eux-mêmes. Peu importe l'importance et la grandeur du service, si humble soit-il, c'est à la fidélité que le Maître regarde; c'est la fidélité qui a son approbation. Combien cette pensée est consolante pour ceux qui, sur la terre, occupent une humble et chétive place aux yeux des hommes. Si, dans cette position, ils servent de coeur le Seigneur, ils auront la joie d'entendre l'expression de son approbation: «Bien, bon et fidèle esclave; tu as été fidèle en peu de chose, je t'établirai sur beaucoup: entre dans la joie de ton Maître». Et quand sera-ce, bien-aimés? Quand le Maître sera de retour; au jour de la rémunération. A chacun sera donnée sa récompense, selon son labeur; un verre d'eau froide donné au nom de Jésus, en ce jour-là ne perdra pas sa récompense; mais à tous appartiendra ce qu'il y a de plus précieux que la plus élevée des récompenses, ce qui est pour le coeur: l'entrée dans la joie de notre Maître; son approbation et la communion avec lui dans le bonheur céleste. Voilà une partie de ce qui nous attend comme serviteurs, quand le Maître reviendra.

Ce n'est pas tout. Le Maître est absent, mais il a dit: «Je reviendrai». Quelle doit être la disposition de coeur et l'attitude dans le monde des serviteurs, à qui leur Maître a commandé: Servez jusqu'à ce que je vienne? Le Maître lui-même le leur dit, et garder dans le coeur son exhortation, sera le mobile le plus puissant pour un service fidèle. L'attente du retour et de la venue du Maître est ce qui doit les caractériser. Après avoir montré à ses disciples que, quelle que soit leur faiblesse, ils n'ont rien à craindre, puisqu'ils sont sous les soins d'un Père qui leur destine le royaume; après les avoir exhortés à renoncer aux choses qui passent pour s'attacher aux choses d'en haut qui sont permanentes et éternelles, le Seigneur ajoute: «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, quand il reviendra des noces».

Le maître reviendra, voilà la chose qui est placée devant les serviteurs. S'ils l'aiment, si leur coeur lui est vraiment dévoué, ils voudront être prêts à le recevoir. Quand viendra-t-il? Ils n'en savent ni le jour ni l'heure; ce sera «le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin». L'attente doit être constante; aucun événement ne l'annonce. Pour être prêts au moment où il viendra, que faut-il donc? «Ayez vos reins ceints et vos lampes allumées», voilà l'exhortation de Jésus. Pour attendre véritablement et, en attendant, servir avec fidélité, il faut qu'aucun objet étranger n'occupe le coeur, ne distraie l'esprit. Les reins ceints indiquent que l'on est prêt pour le service, que l'on veut éviter le contact de ce qui souillerait les vêtements dans la marche, et que l'on n'attend que le signal du départ, comme les Israélites prêts à quitter l'Egypte. Tels doivent être les vrais serviteurs. «Ceignant les reins de votre entendement, et étant sobres», dit l'apôtre, «espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ». Ce sont, donc nos pensées, si facilement vagabondes et errantes au milieu des mille préoccupations et soucis de la vie, si aisément souillées au contact du monde qui nous entoure de ses influences délétères, ce sont nos pensées sur lesquelles nous avons à veiller, afin qu'elles soient comme réunies en un faisceau et fixées sur le désir de notre Maître, sur le Maître lui-même, n'étant préoccupés que de son service, et fuyant les souillures du monde. Que de choses viennent entraver notre service! que d'objets le monde nous présente qui souilleraient nos coeurs, si nous nous y arrêtons! Serviteurs, rappelons-nous l'exhortation de Jésus: «Veillez donc, priant en tout temps». La vigilance incessante nous empêchera de laisser la ceinture de nos reins se détendre, de sorte que nos pensées s'échappent, et la prière appellera le secours divin dont notre faiblesse a constamment besoin. Ainsi, nous serons toujours prêts pour le service comme pour la venue du Maître. Mais cela suppose l'effort constant contre la tendance naturelle de nos coeurs à se relâcher, tandis que le Maître tarde encore, et à s'occuper de tout autre chose que de lui-même, de son service et de sa venue.

«Que vos lampes soient allumées», ajoute le Seigneur. Nous sommes dans la nuit de ce monde qui a préféré les ténèbres à la lumière. La lampe, «notre lampe», est la profession que nous faisons d'être chrétiens; la lampe allumée, c'est la profession vivante, celle qui a pour ressort la vie de Dieu. Une lampe ne brûle que s'il y a de l'huile en elle. Les chrétiens de nom sont dans les ténèbres tout comme le monde. Ils ont la lampe et la mèche, mais non l'huile, la vie de Dieu par l'Esprit qui seule répand la lumière, un témoignage pour Dieu. Mais, bien-aimés, une lampe a besoin d'être soignée; la mèche doit être débarrassée de ce qui en obscurcirait la flamme. Aaron devait arranger continuellement les lampes dans le sanctuaire, afin qu'elles donnassent tout leur éclat. De même, vous, serviteurs, vous avez à veiller à ce que rien ne vienne ternir ou obscurcir la lumière de votre témoignage, la pureté de votre service. Ici encore, se place bien l'exhortation de Jésus, si souvent répétée par lui et ses apôtres: «Veillez donc;… ce que je vous dis à vous, je le dis à tous: Veillez». Si le coeur est languissant, si l'attente du Maître ne le domine pas, s'il s'assoupit, comment sa lampe donnera-t-elle sa lumière? Serviteurs, «c'est l'heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru: la nuit est fort avancée, et le jour s'est approché; rejetons donc les oeuvres de ténèbres, et revêtons les armes de la lumière». Oui, bien-aimés, débarrassons nos lampes de toutes les impuretés qui sont venues en obscurcir la lumière; c'est le dernier temps, c'est le dernier témoignage; prêtons l'oreille à l'exhortation de notre cher Maître: «Ayez vos lampes allumées, et soyez semblables à des hommes qui attendent leur Maître, quand il reviendra des noces, afin que, quand il viendra et qu'il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt». «Ne dormons donc pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres».

«Ils lui ouvrent aussitôt»; cela ne montre-t-il pas l'empressement d'un coeur qui est prêt, et dont tout le désir est de voir la face du Maître bien-aimé? Puissions-nous être tels, vigilants dans l'amour, manifestant la vie, et tout prêts à accueillir avec joie notre Seigneur. Bienheureux ces serviteurs, que l'amour pour leur Maître, leur désir de le voir, tiennent éveillés, et qui ne se laissent point appesantir par les soucis d'ici-bas, ni détourner par les convoitises du monde, ni décourager par le retard. «Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant», a dit Jésus. Il a pour eux une récompense spéciale. A celui qu'il trouve accomplissant fidèlement sa tâche, «faisant ainsi», il donne une part glorieuse. A celui dont le coeur veille dans la sombre nuit du monde, les yeux fixés vers l'étoile du matin, attendant son lever, il veut donner une part selon son propre coeur. Ce que le Maître apprécie, bien-aimés, ce n'est pas tant la grandeur et l'éclat extérieur du service, que le coeur fidèle et dévoué qui l'attend, qui le désire, dont la pensée est arrêtée sur lui et qui, dans le service, si humble soit-il, qui lui est confié, s'applique constamment à lui être agréable. Oui, ce que Jésus aime, c'est un coeur tout entier pour lui, à ses pieds, ne voulant et ne désirant que lui; une âme qui, par amour pour lui, veille afin que ses vêtements ne se souillent point au contact du monde, tient intérieurement tout en ordre, rend un humble et fidèle témoignage, n'a de souci que pour sa gloire, et l'ATTEND. Puissions-nous réaliser, par grâce, ce vrai service. Pour ces serviteurs-là, Jésus, quand il viendra, a en réserve une récompense selon son coeur. Il répondra d'une manière digne de lui, à leur amour et à leur fidélité dans l'attente.

Il va venir et les trouvera prêts. Et alors, que fera-t-il? Comme nous l'avons vu, il les introduira où il est; ils entreront dans la joie de leur Seigneur. Lui sera heureux de les recevoir, eux de le voir. Mais réclamera-t-il de nouveau le service de leur part? Non; la scène change d'une manière merveilleuse, au delà de nos conceptions, car les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées. Le service a cessé; bienheureux serviteurs, vous pouvez maintenant délier vos ceintures et laisser flotter vos robes. Là où le Maître vous a introduits, tout est sainteté; il n'y a plus rien qui souille et dont vous avez à vous garantir. Rien ne s'y trouve pour solliciter vos pensées et attirer vos affections hors du centre divin. Jésus lui-même est là, remplissant de son amour le saint lieu où vous êtes: vous le verrez comme il est, toute autre chose aura disparu. Avec délices, vous vous abreuverez de sa présence adorable. Plus de lampes à maintenir allumées; le temps du témoignage est passé; vous serez loin de la nuit du monde, éclairés par la lumière éternelle de la gloire qui illumine le séjour où le Maître vous aura conduits.

Ta gloire l'illumine,

Toi seul es son flambeau,

Dans ta beauté divine,

Fils de Dieu, saint Agneau!

Plus de labeurs, plus de veilles, plus de larmes. Combien il y en a dans le chemin du vrai serviteur! L'apôtre Paul nous en parle (2 Corinthiens 11). Nous ne les connaissons qu'en faible mesure; peut-être, hélas! est-ce à cause de notre peu de fidélité? Mais on n'est pas serviteur sans les avoir ressentis. Alors, toutes les peines auront pris fin. Lui-même, oh! bien-aimés, nous accueillant comme on le fait envers des amis chéris, fatigués d'un long et pénible voyage, nous prendra, pour ainsi dire, par la main, et nous fera asseoir à la table dressée par son amour. C'est le repos, le repos parfait après le travail, la veille et l'attente, le repos préparé et donné par lui; le repos près de lui.

Là n'est plus de tristesse,

Là cessent les douleurs;

L'éternelle allégresse

Y remplit tous les coeurs.

Et ce n'est pas tout ce que ce Sauveur adorable veut faire pour ses chers serviteurs introduits près de lui, après les fatigues du service ici-bas. Où y a-t-il un coeur comme le sien? Il est le même dans son amour hier, et aujourd'hui, et éternellement, et c'est des profondeurs de cet amour parfait et immuable qu'il tire la récompense la plus douce pour les siens. Serviteurs du divin Maître, quand il sera venu vous prendre, non seulement vos travaux auront cessé, et vous serez assis dans le repos céleste, à la table de votre Seigneur, mais lui-même, s'avançant, vous servira. Ce n'est pas comme autrefois Joseph, qui, ayant été reconnu de ses frères, et les ayant pardonnés et embrassés, reste cependant à distance, et les fait servir à une autre table que la sienne. C'est ce qui aura lieu pour le peuple terrestre, Israël, lorsqu'il aura reconnu pour son Roi, celui qu'il a percé. Mais pour ses bien-aimés serviteurs, qui, ayant cru sans avoir vu, se sont attachés à lui, ont souffert avec lui ici-bas, et l'ont suivi et servi dans l'opprobre, ceux-là le Père les honore, et le Seigneur lui-même les sert. Lui-même, et non ses anges, car c'est un service d'amour. Par amour, il est venu du ciel ici-bas pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs; par cet amour dont il aime les siens jusqu'à la fin, il s'est ceint pour leur laver les pieds, tandis qu'ils traversent le monde: il est là-haut, grand sacrificateur devant Dieu pour eux, avocat auprès du Père quand ils ont manqué, toujours serviteur, et quand il les a introduits dans le repos, il s'avance, et, serviteur encore, — c'est la place qu'il a voulu prendre et garder dans son amour, — c'est sa main qui leur dispense les fruits divins de bénédiction, de joie ineffable, de paix parfaite, dont il veut les nourrir dans le paradis de Dieu. C'est lui-même qui les sert, et ce qu'ils savourent, ce sont les délices de son amour, sa Personne même, tout ce qu'il est. Et c'est pour l'éternité!

Fruits de ta victoire,

Sauvés par la foi,

Quand les tiens en gloire

Seront avec toi,

Au parvis céleste,

Sous l'oeil paternel,

Ton amour nous reste:

Service éternel!

Oh! bienheureux, en effet, ces serviteurs-là! «Quelle récompense pour un si faible et misérable service que le mien!» peut dire chaque serviteur. Bien-aimés, la récompense est selon son coeur, et non selon nos services. Elle découle de son amour, elle est digne de lui. Si notre joie est alors parfaite, la sienne ne le sera pas moins. Quoi de plus doux que de servir ceux que l'on aime? Nous l'aimons ici-bas, et si faiblement que ce soit, nous le servons, et il l'apprécie. Quel encouragement pour nous! Là-haut, son coeur prendra plaisir à nous servir. Lui que les anges adorent et exaltent, il s'avance pour recevoir ceux qui l'ont servi ici-bas et les sert à son tour! Quel déploiement d'amour! Qu'à son nom soit gloire à jamais. Et qu'en attendant que le Maître vienne, nous soyons de ces serviteurs qui veillent, les reins ceints et les lampes allumées.


Mais il est une autre relation dans laquelle l'Eglise se trouve avec Jésus. C'est la plus intime, celle qui montre combien nous sommes près de son coeur. Ce n'est plus seulement que nous sommes un avec lui comme membres de son corps, mais unis à lui, un avec lui, par les liens de la plus tendre affection, affection réciproque de lui à nous, de nous à lui, par l'Esprit. L'Eglise est l'Epouse de Christ. Quelle union intime dans l'amour nous révèle ce titre! Mais tels étaient les desseins de Dieu pour la gloire et le coeur de son Fils bien-aimé.

Autrefois, Dieu avait dit d'Adam: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul» il lui fallait une aide semblable à lui, qui répondit à ce qu'il était et aux besoins de son coeur, et qui partageât sa gloire comme image de Dieu, comme dominateur sur toutes choses. Et Dieu forma pour Adam la femme, «chair de sa chair, et os de ses os». Isaac ressuscité d'entre les morts en figure, et devenu héritier de tous les biens de son père, était seul. Eliézer, envoyé par Abraham, va chercher au loin une épouse pour l'héritier, et lui amène Rebecca, après le long voyage et la traversée du désert. Joseph, type si parfait de Christ, épouse Asénath. Ainsi, le dernier Adam, le Fils unique ressuscité, l'héritier de toutes choses, ne devait pas rester seul, selon les desseins de Dieu. Il lui fallait aussi une épouse qui lui fût semblable, tout près de son coeur, et partageant tout avec lui. Lui-même l'a vue dans les desseins et les conseils de Dieu, cette épouse, perle unique et de grand prix, et son coeur en a été ravi. Pour la posséder, il fallait qu'il l'acquit, et pour cela, il a tout vendu, il a renoncé à tout ce qu'il avait. Il a quitté le ciel, il a laissé sa gloire comme Messie pour Israël, il a donné sa vie comme homme. Oui, Christ a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle, pour posséder celle dont la beauté l'avait ravi. Il la sanctifie et la purifie; il la forme pour lui-même, pour l'avoir telle qu'il la désire, parfaite en beauté, glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. C'est ainsi qu'il veut se la présenter. Elle tire de lui sa vie; c'est de son sommeil de mort qu'elle est sortie. Après être monté ressuscité auprès de son Père, après avoir été déclaré héritier de toutes choses, Dieu ayant assujetti toutes choses sous ses pieds, il a envoyé le Saint Esprit pour chercher et former son Epouse, pour lui amener la Rebecca céleste. L'Esprit Saint déploie devant les yeux de celle qu'il doit conduire à Christ, les richesses et la gloire de l'héritier, et l'Eglise a quitté le monde (*); elle a dit: «J'irai»; rien n'a pu la retenir, et elle s'est mise en route avec le divin guide qui va l'introduire auprès de son Epoux.

(*) On comprend qu'il n'est pas question de la réalisation extérieure par l'Eglise professante de ce que nous disons. Il s'agit de ce que Christ forme et qui aura son parfait accomplissement dans le ciel. Tout coeur chrétien comprendra aussi quelle est l'application individuelle de ce qui est présenté ici.

Mais cette relation de Christ avec l'Eglise n'est pas proclamée publiquement dans le temps actuel. Sauf un passage de l'Apocalypse (22: 17), où elle est nommée l'Epouse par une sorte d'anticipation, que l'on comprend en voyant ce passage venir après le chapitre 26, verset 9; nulle part dans la Parole, l'Eglise n'est appelée l'Epouse. Christ n'est pas l'Epoux de l'âme, aucune organisation ecclésiastique, aucune assemblée locale ne peut assumer ce titre. L'Epouse est unique. Actuellement la relation existe, mais secrète, pour ainsi dire, entre lui et l'Eglise. Celle-ci est fiancée à Christ, comme une vierge chaste, l'objet de son coeur, indissolublement liée à lui. Bientôt, le moment après lequel elle soupire sera venu. Après avoir longtemps dit avec l'Esprit: «Viens, Seigneur Jésus», après avoir rendu son témoignage ici-bas, après avoir fait entendre aux âmes l'invitation de la grâce: «Que celui qui entend, dise: Viens. Et que celui qui a soif vienne»; le voyage à travers le désert du monde parviendra à son terme. L'Epoux accomplira sa promesse: «Oui, je viens promptement», et il recevra son Epouse, il l'introduira en haut et se la présentera telle qu'il l'aura formée, telle qu'il la voulait, réfléchissant son image.

A toi seul, ô Jésus, à ta lumière pure,

O Soleil de justice, empruntant ses rayons,

L'Eglise portera, dans la gloire future,

L'éclat immaculé de tes perfections.

Mais alors même, quand Christ se sera présenté l'Eglise, les noces de l'Agneau ne seront pas encore célébrées. Pour la reconnaissance publique de l'Epouse, il faudra encore attendre. Déjà maintenant, elle est unie indissolublement à son Epoux; elle le sait; elle l'aime, le contemple et l'adore. «A Celui qui nous aime, soit la gloire», dit-elle, quand elle l'entend mentionner comme le fidèle témoin, le premier-né des morts, le Prince des rois de la terre. Arrivée au ciel, terme de son pèlerinage, elle est près de lui, son coeur se repose. Mais pour que les noces aient lieu dans le ciel, il faut que la fausse église, celle qui usurpe sur la terre la place d'Epouse, ait trouvé sa fin. Après que la vraie Epouse a été ravie par son Epoux dans le ciel, les jugements tombent sur la chrétienté apostate, et, enfin, la grande Babylone vient en mémoire devant Dieu pour qu'elle boive la coupe de sa colère. «Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande!» proclame un ange puissant; et la foule nombreuse qui est dans le ciel, éclate en accents de triomphe: «Alléluia! le salut et la gloire et la puissance de notre Dieu! car ses jugements sont véritables et justes: car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre! Alléluia! Louez notre Dieu, vous tous qui le craignez!» Et, de nouveau, le ciel répète: «Alléluia! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne!»

C'est alors, quand le Seigneur est entré dans son règne, que l'Epouse, déjà glorifiée, reflétant l'image du céleste, revêtue de toute sa beauté, sera reconnue publiquement devant les multitudes qui peuplent le ciel, comme celle qui appartient à Christ et qui régnera avec lui. Quels transports, quelle allégresse remplira tous les coeurs! «Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire; car les noces de l'Agneau sont venues». Le long voyage a pris fin, la fiancée a été amenée à son époux; la voilà, dans sa chaste et simple parure, revêtue de fin lin éclatant et pur. Jésus la voit devant lui, telle que son coeur la voulait, telle que ses soins l'ont formée, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Il se délecte en elle, elle se réjouit en lui. Elle est à son bien-aimé, son bien-aimé est à elle, et c'est pour l'éternité! Le ciel, dans des transports de joie, le proclame; le banquet des noces de l'Agneau est dressé, les bienheureux conviés y ont pris place; les véritables paroles de Dieu, ses desseins éternels envers l'Eglise sont accomplis. Elle est pour toujours avec le Seigneur. La plume est impuissante pour décrire, la bouche pour dire, l'esprit pour concevoir la plénitude et l'immensité de cette félicité. Et c'est là ce que Jésus désire pour nous, c'est là qu'il va nous introduire. «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire que tu m'as donnée», telle a été la prière de notre Sauveur; elle va être exaucée quand il accomplira sa promesse. «Et la gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, comme nous, nous sommes un; moi en eux, et toi en moi; afin qu'ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que toi tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé». Voilà ce que nous donne Celui qui nous aime, la gloire, la gloire que le Père lui a donnée comme homme. C'est revêtus de cette gloire, un avec Christ, aimés comme lui par le Père, que nous paraîtrons devant le monde quand il sera manifesté. Et le moment approche. Il dit: «Je viens bientôt». Qu'à cette déclaration, nos coeurs répondent avec amour: «Amen; viens, Seigneur Jésus!»

Hommage à toi, Chef de l'Eglise!

L'Epouse, objet de ta faveur,

A tes côtés bientôt assise,

Sans fin bénira son Seigneur.

O saints transports! joie ineffable!

Nous jouirons de ta beauté,

De ton amour inexprimable

Qui remplira l'éternité.