Les compagnons de David et les amis de Paul

Les lignes suivantes sont un extrait d'une lettre adressée à un ami, et c'est à sa requête qu'elles sont envoyées comme un message à l'Eglise de Dieu. Veuille l'Esprit Saint les revêtir de sa puissance.

ME 1887 page 471  -  Mackintosh Ch.

Lisez 2 Samuel 23; Romains 16

 

Combien sont précieux ces liens spéciaux formés par la main de Dieu. Il y a le grand lien général qui nous unit à tous les enfants de Dieu — tous les membres du corps de Christ: mais il existe des liens spéciaux, que nous devrions toujours reconnaître et chercher à fortifier et à entretenir.

Nous nous occupions dernièrement, avec beaucoup d'intérêt et de profit, des vaillants hommes de David, dont nous parle le chapitre 23 du second livre de Samuel, et des amis de Paul à Rome, mentionnés à la fin de l'épître aux Romains. Parmi les milliers d'Israël, — tous membres circoncis de la congrégation d'Israël, et enfants d'Abraham, — il y en avait relativement peu qui se distinguassent par un dévouement personnel et une entière consécration de coeur. Nous voyons même une différence marquée entre ces quelques-uns. Il y avait «les trente» vaillants hommes, «les trois», et «les trois premiers». Suivant ce qu'il était ou ce qu'il avait fait, chacun a sa place spéciale dans le livre de la vie responsable et pratique. De plus, il nous est dit exactement ce que chacun a fait, et comment il l'a fait. Rien n'est oublié, mais tout est fidèlement rapporté, et aucun d'eux ne peut prendre la place d'un autre. Chacun accomplit ce qu'il a à faire, remplit sa place, et reçoit sa récompense (*).

(*) Nous pouvons remarquer la même chose dans le cas des douze apôtres. Nous savons beaucoup plus sur «Pierre, Jacques et Jean», que sur les neuf autres. Et, même entre ces trois, nous voyons une différence, puisque l'un est désigné spécialement «comme le disciple que Jésus aimait», et était penché sur son sein pendant le souper.

Or, il en est ainsi dans toute la Bible, comme nous le voyons en Abraham et Lot; Elie et Abdias; la Sunamite et la veuve de Sarepta. Lecteur chrétien, désirons ardemment marcher plus près de Dieu, et vivre dans une intimité plus grande avec la pensée de Christ.

Nous voyons la même chose dans le chapitre 16 de l'épître aux Romains. Rien n'est plus frappant, ni plus remarquable, que les différentes expressions dont se sert l'apôtre, suivant les personnes auxquelles il s'adresse. Remarquons d'abord de quelle manière Phoebé est recommandée à l'assemblée de Rome. «Je vous recommande Phoebé, notre soeur». Sur quel terrain l'apôtre la recommande-t-il? Est-ce parce qu'elle «rompt le pain», ou parce qu'elle est «en communion» à Cenchrée? Non; mais parce qu'«elle est servante de l'assemblée», et qu'«elle a été en aide à plusieurs et à moi-même».

Paul nous présente, dans un langage touchant et énergique, la base morale des droits de Phoebé à l'hospitalité et à l'aide de l'assemblée. Dire qu'une personne «rompt le pain», ne donne, hélas! aucune garantie quant à son dévouement personnel. Cela devrait être, mais cela n'est pas. Et c'est pourquoi on n'aurait aucune raison fondée de s'attendre à la sympathie, à l'aide et à la confiance des enfants de Dieu sur ce terrain-là. L'apôtre lui-même, quand il demande les prières des saints, présente la base morale de sa demande. «Frères, priez pour nous». Sur quel terrain? Est-ce parce que nous «rompons le pain», ou parce que nous «sommes en communion?» Point du tout, mais parce que «nous croyons que nous avons une bonne conscience, désirant de nous bien conduire en toutes choses».

Remarquez ensuite ce qui est dit de Priscille et Aquilas. Qu'avaient-ils fait? Ils avaient été les aides de l'apôtre. Ils avaient exposé leur propre cou pour sa vie. Et il ajoute: «Auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les assemblées des nations». Cela est d'une beauté exquise. Ils s'étaient acquis un bon rang. Ils avaient acquis la confiance et l'estime de l'apôtre et de toutes les assemblées. Et il doit toujours en être ainsi. Nous ne pouvons pas nous introduire tout d'un coup dans les affections et la confiance des gens. Nous devons nous recommander par une vie de justice pratique et de dévouement personnel. «Nous recommandant nous-mêmes à toute conscience d'homme devant Dieu» (2 Corinthiens 4: 2).

Remarquez ensuite, au verset 12, le tact parfait de l'apôtre: «Saluez Tryphène et Tryphose, lesquelles travaillent dans le Seigneur. Saluez Persis, la bien-aimée, qui a beaucoup travaillé dans le Seigneur». Quelle belle distinction nous voyons là! Pourquoi l'apôtre ne les classe-t-il pas toutes les trois ensemble? La raison en est bien simple: les deux premières avaient seulement travaillé, tandis que la troisième avait beaucoup travaillé. Chacune a sa place suivant ce qu'elle était, et ce qu'elle avait fait.

Il ne serait pas venu à la pensée de Tryphène et Tryphose d'avoir de l'envie et de la jalousie contre Persis, parce qu'elle était nommée «la bien-aimée», tandis qu'elles ne l'étaient pas; ou parce que le mot «beaucoup» était ajouté à son travail et ne l'était pas au leur. Oh non! l'envie et la jalousie sont les fruits pernicieux d'une misérable occupation de soi-même; ils ne peuvent trouver place dans un coeur entièrement dévoué à Christ et à ses intérêts. Or, j'envisage ces passages du second livre de Samuel et de l'épître aux Romains comme un spécimen des pages du livre de la vie responsable et pratique, dans lequel le nom de chacun est écrit suivant ce qu'il est et ce qu'il a fait. Il va sans dire que tout est sur le principe de la grâce. Chacun dira avec bonheur: Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis! De plus, tous les enfants de Dieu, tous les membres de Christ sont également «agréables», dans le Bien-aimé, tous se trouvent dans la même relation. Le plus faible membre du corps de Christ est aimé de Dieu comme Christ lui-même. La tête et les membres ne peuvent pas être séparés. Comme il est, tels aussi sont-ils. Le plus faible enfant de la famille a sa place dans le coeur du Père, et personne ne peut se placer entre eux (Ephésiens 1: 6; Jean 17; 26 ; 1 Jean 4: 17).

Tout cela est vrai et précieux rien ne peut l'altérer. Mais quand il s'agit de la grande question de la vie pratique et du dévouement personnel, quelle variété infinie! Nous voyons «les trois», «les trois premiers» et «les trente». C'est une chose d'être «accepté», et c'en est une autre que d'être «acceptable» ou agréable. C'est une chose que d'être un enfant bien-aimé, et une autre un serviteur dévoué. Il y a l'amour qui se rattache à la relation dans laquelle on se trouve, et celui qui découle de la satisfaction que cause l'objet aimé.

Ces choses ne doivent pas être confondues, et, assurément, tout enfant de Dieu «accepté», devrait désirer ardemment d'être un serviteur «agréable» à Christ. Oh! qu'il en soit de plus en plus ainsi dans ces jours de froide indifférence et de préoccupation de soi, où la plupart sont satisfaits du simple fait qu'ils sont en communion, comme on dit — qu'ils participent à la fraction du pain; jour où, relativement, un si petit nombre comprennent ce dévouement personnel qui est «agréable» au coeur de Christ.

Nous désirons être bien compris. La vraie communion dans l'Esprit — la communion des saints — est précieuse au delà de toute expression; et la fraction du pain faite avec vérité et sincérité, et en souvenir de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ, qui rions a aimés et s'est donné lui-même pour nous, est un des plus grands et des plus riches privilèges de ceux dont les coeurs lui sont attachés. J'admets tout cela pleinement.

Mais, d'un autre côté, nous ne devons jamais oublier la tendance qu'ont nos pauvres coeurs à être satisfaits de simples formes et formules, quand la puissance n'est plus là. C'est une chose que d'être en communion de nom, et de prendre part à la forme extérieure de la fraction du pain, et une autre que d'être un serviteur de Christ sérieux dévoué et décidé. Etre tel est ce que nous devrions tous désirer ardemment; car le reste est une misérable déception, qui endort la conscience, endurcit le coeur et trompe l'âme.