L'épître aux Ephésiens

Notes recueillies à des études de la Parole

ME 1888 page 3

 

L'épître aux Ephésiens. 1

Chapitre 1. 1

Chapitre 2. 9

Chapitre 3. 15

Chapitre 4. 20

Chapitre 5. 38

Chapitre 6. 54

 

Chapitre 1

 (Versets 1, 2). Bien que l'apôtre adresse sa lettre «aux saints et fidèles dans le Christ Jésus, qui sont à Ephèse», l'ensemble de l'épître montre que sa portée est plus générale, et que l'Esprit de Dieu y a en vue l'Eglise universelle et non une assemblée locale. Aussi n'y trouvons-nous aucune direction particulière, aucune allusion personnelle, ni aucune salutation individuelle. Peut-être peut-on rapprocher de ce fait qu'au chapitre 20 des Actes (verset 28), Paul, ayant fait venir à Milet les anciens de l'assemblée d'Ephèse, leur parle dans ses exhortations comme ayant en vue l'Eglise entière: «Pour paître l'Assemblée de Dieu», dit-il, «laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils». Dans l'Apocalypse aussi (chapitres 1 et 2), l'assemblée d'Ephèse est choisie pour représenter l'Eglise entière, mais, hélas! dans son premier déclin.

L'épître aux Ephésiens envisage donc l'Eglise entière et les conseils de Dieu à son égard, comme aussi à l'égard des saints individuellement.

Avant d'aller plus loin, nous pouvons remarquer que l'état pratique des saints à Ephèse permettait à l'apôtre d'entrer immédiatement avec eux dans ce qui concerne les conseils de Dieu. Rien dans leur état ne nécessitait des directions particulières de l'apôtre en vue de cet état, ou en vue de quelque danger qui les menaçât, comme c'était le cas avec les Corinthiens, les Galates, et même les Colossiens. Appliquons-nous à nous-mêmes cette remarque. Si l'Esprit de Dieu, par la Parole, doit s'occuper à nous amener à nous juger, il ne peut pas en même temps nous entretenir d'une manière intime des secrets du coeur de Dieu. Il est bon que nous nous demandions pourquoi, aujourd'hui, nous avons tant de peine à entrer de coeur et d'intelligence dans le sujet que traite l'épître aux Ephésiens.

(Verset 3). Ici, l'apôtre entre en matière par une louange adressée au «Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ». Dieu est le «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ», envisagé comme homme, l'homme des conseils de Dieu, l'homme parfait, qui a glorifié Dieu en tout ce qu'il est, et qui, sur la croix même où il était abandonné de Dieu, ayant été fait péché pour nous, ne laissait pas d'appeler Dieu, son Dieu. Ce fils de l'homme, Dieu, son Dieu, l'a ressuscité, l'a glorifié, et placé à sa droite; là, Dieu est toujours son Dieu. (Voyez Apocalypse 3: 12). La nature de Dieu, du Dieu saint et juste, du Dieu qui est amour, se trouve révélée dans ce titre: «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ».

Mais Dieu est aussi le «Père de notre Seigneur Jésus Christ», considéré comme son Fils bien-aimé. C'est la relation dans laquelle lui, l'homme parfait, se trouve avec son Dieu. Or, ce que Dieu est pour le Seigneur Jésus Christ, il l'est aussi pour nous. En vertu de la rédemption accomplie, Jésus a pu nous introduire dans la position où son Dieu est notre Dieu, et dans la relation où son Père est notre Père. Jusqu'à la croix et à la résurrection, il était le seul homme, comme dernier Adam, dont Dieu fût le Dieu et Père, mais aussitôt qu'il est ressuscité, il envoie à ses disciples ce message: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu».

Son Dieu, qu'il avait glorifié d'une manière suprême sur la croix et dans sa mort pour le péché, venait de le ressusciter, et allait le placer avec justice dans la gloire (Jean 13: 31, 32). Et ce Dieu était maintenant aussi leur Dieu à eux qui avaient reçu Christ. Son Dieu lui devait que les siens fussent avec lui dans la même position que celle où il entrait comme l'homme glorifié. Ceux qui lui appartenaient étaient maintenant une nouvelle race d'hommes en tant qu'unis à lui, le second homme ressuscité, chef de cette nouvelle race. Ils sont maintenant dans la même condition que lui, comme auparavant ils étaient dans celle du premier homme, Adam. Christ, le second homme, dont la position est éternelle et immuable, a maintenant une race placée dans la même position que lui devant Dieu. Et le Fils du Père, Fils aussi comme homme, a maintenant des frères placés dans la même relation que lui avec son Père.

Tout découle dans cette épître de ces deux titres donnés à Dieu et des deux relations dans lesquelles Christ, et nous avec lui, nous nous trouvons à l'égard de Dieu.

C'est ce Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis «de toute bénédiction spirituelle». Toute, aucune ne manque de ces grâces. Elles sont spirituelles, c'est leur caractère, tenant de la nature de Dieu qui est Esprit, émanant de lui par son Esprit, communiquées par le même Esprit, et dont on ne jouit que par cet Esprit dans une vie qu'il produit. Elles sont en contraste avec les choses qui se rapportent à l'homme naturel ou dans la chair. Nous ne sommes pas encore, quant à nos personnes, dans la sphère où elles se trouvent; nous y serons un jour. Quand le Seigneur, que nous attendons des cieux comme Sauveur, aura transformé le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, alors ce corps sera spirituel, propre à habiter le lieu où sont nos bénédictions; un corps spirituel mû uniquement par la vie et la puissance de l'Esprit. En attendant, ces bénédictions nous appartiennent, nous en jouissons; Dieu, dans sa grâce, nous les a conférées — «nous sommes bénis de ces bénédictions». Elles sont spirituelles; telle est leur nature; un homme animal ne saurait en jouir. Ensuite, elles sont dans les lieux célestes où se trouve Christ. Celles des Israélites, au contraire, étaient temporelles et en Canaan.

Ces bénédictions se trouvent pour nous en Christ. Il en est le fondement, elles se concentrent en sa personne; elles découlent de lui. Il est pour Dieu la mesure des grâces que Dieu nous accorde; lui-même en jouit dans leur plénitude, et nous en jouissons en lui. C'est avant la fondation du monde que Dieu nous les a préparées en lui. Leur source première est notre élection en Christ avant la fondation du monde c'est alors que Dieu a fait choix de nos personnes il nous a élus en Christ. C'est là l'origine de l'activité de l'amour de Dieu pour nous, c'est en Christ. Son amour pour nous a dû précéder notre élection, car pour penser à nous élire, il fallait qu'il nous aimât, mais il ne pouvait nous aimer qu'en Christ: «Ils étaient à toi, et tu me les as donnés». Quelle pensée merveilleuse qu'avant que rien n'existât, avant que la rédemption eût été rendue nécessaire, Dieu, dans sa souveraineté, nous a aimés et a fait choix de nos personnes pour nous bénir, mais c'est en Christ: «Il nous a élus en Christ».

C'est comme Dieu, le Dieu de Christ, qu'il nous a élus. — Dieu est le nom qui exprime sa nature; Père est son nom de relation. Si, comme Dieu, il nous a élus pour nous avoir devant lui, il était nécessaire que la position dans laquelle il nous plaçait, correspondit à sa nature; il fallait qu'il pût se refléter en nous. C'est ce qu'exprime le verset 4: «Pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour». C'est à quoi Christ répond d'une manière parfaite, et nous sommes en lui. C'est en lui seulement que nous pouvons être devant Dieu d'une manière qui répond à sa nature.

Ensuite, l'amour de Dieu exigeait, pour ainsi dire, que ces êtres bénis, amenés ainsi devant lui, fussent en même temps dans une relation intime, une relation filiale avec lui. Le verset 5 nous le dit: «Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté». Après nous avoir choisis, dans son caractère de Dieu, pour nous avoir devant lui, selon toute sa nature sainte, pure et en amour, il nous a prédestinés dans son caractère de Père, pour nous adopter pour lui, pour être ses enfants en Jésus Christ. Le Dieu de Jésus Christ nous a élus, et le Père de Jésus Christ nous a prédestinés à l'adoption. Et tout cela est «selon le bon plaisir de sa volonté». Rien ne pouvait venir de nous, mais lui, souverain comme toujours, a voulu qu'il en fût ainsi, et y a trouvé sa satisfaction. Sa volonté est bonne, agréable et parfaite, Et tout glorifie sa grâce: «A la louange de la gloire de sa grâce» (verset 6). Nous avons ici cette partie de sa grâce qui s'exprime par ses conseils envers nous en Christ: «Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé». Tel est le but de ces conseils. Christ est le Bien-aimé du Père, seul il peut lui être agréable, mais Dieu nous rend agréables en lui, de sorte que le Père nous voit du même oeil et avec le même amour que son Bien-aimé. C'est là «la gloire de sa grâce», ses pensées éternelles d'amour envers nous, avant même que la rédemption ait eu lieu ou eût été rendue nécessaire. Qu'elle est digne, en effet, d'être louée, cette gloire de sa grâce! Cette partie de la grâce se rapportant aux conseils éternels de Dieu, est en quelque sorte distincte de l'autre partie qui s'exprime par la rédemption, bien qu'elles ne puissent se séparer et que l'une suive nécessairement l'autre, puisqu'il s'agit de nous, dans l'état où la grâce vient nous trouver. «Nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes, selon les richesses de sa grâce» (verset 7). Sans la rédemption, nous ne pouvions de fait être rendus agréables dans le Bien-aimé. Il y a donc l'action de la grâce de Dieu envers nous avant le temps, puis l'action de cette même grâce pour nous, par Christ, dans le temps. Dans le premier cas, c'est «la gloire de sa grâce;» dans le second, ce sont «les richesses de sa grâce».

 (Versets 8-14). La même grâce, manifestée dans les conseils de Dieu et dans la rédemption, nous fait aussi les confidents des pensées de Dieu à l'égard de Christ, auquel Dieu a résolu de donner l'administration universelle de tout ce qui est créé. Christ homme, dernier Adam, est celui dans lequel toutes choses, dans les cieux et sur la terre, doivent être réunies comme en un seul chef, dans la plénitude des temps, quand les temps des diverses dispensations seront accomplis. Tel est le propos arrêté de Dieu, le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, mystère qu'il nous fait connaître. Mais, en même temps, nous qui avons été prédestinés à l'adoption, pour être enfants de Dieu, nous le sommes aussi pour être associés à Christ comme héritiers. De même que nous avons notre part avec lui en haut, dans les lieux célestes, ainsi quand tout lui sera assujetti, nous aurons aussi notre part avec lui en bas, dans la partie inférieure de l'héritage. Alors nous serons à la louange de la gloire de Dieu.

En attendant, un des caractères chrétiens est d'espérer en Christ avant qu'il paraisse en gloire, en contraste avec le résidu juif qui croira en voyant. Les chrétiens sont les bienheureux qui n'ont point vu et qui ont cru (Jean 20: 24-29). Paul et les autres Juifs qui avaient cru, ont particulièrement ce caractère; c'est-à-dire que le verset 12, tout en caractérisant le chrétien d'une manière générale, s'applique d'une manière spéciale aux Juifs croyants.

Le verset 13 montre que cette bénédiction est aussi la part des gentils qui ont cru. La preuve en est que Dieu a mis sur eux le sceau de son Esprit lorsqu'ils ont cru, comme il l'avait mis sur les Juifs au commencement, lors de la Pentecôte. Pierre, qui ouvrit officiellement, pour ainsi dire, à Césarée, les portes du royaume des cieux aux gentils qui avaient cru et avaient été scellés du Saint Esprit, dit d'eux: «Quelqu'un pourrait-il refuser l'eau (l'eau du baptême, signe de l'entrée dans l'Assemblée chrétienne), pour que ceux-ci ne fussent pas baptisés, eux qui ont reçu l'Esprit Saint comme nous-mêmes?» (Actes des Apôtres 10: 47). Et encore: «Comme je commençais à parler, l'Esprit Saint tomba sur eux, comme aussi il était tombé sur nous au commencement… Si donc Dieu leur a fait le même don qu'à nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir l'interdire à Dieu?» (Actes des Apôtres 11: 15-17).

L'Esprit Saint qui avait été promis, était aussi donné aux gentils croyants. Il était pour eux, comme pour les Juifs croyants, et pour nous, non seulement le sceau marquant qu'ils appartenaient à Dieu comme ses enfants, mais aussi «les arrhes de notre héritage» (verset 14).

Ce caractère de l'Esprit Saint comme arrhes est précieux à remarquer. Les arrhes d'une chose, ce n'est pas seulement ce qui rend la chose sûre comme gage, mais c'en est un avant-goût; c'est une partie de la chose que, certainement, on aura dans sa plénitude. Si l'on donne à un domestique que l'on engage 10 francs d'arrhes, il a immédiatement la jouissance d'une partie de son salaire, en attendant d'en posséder la totalité. Ainsi l'Esprit Saint, gage assuré de nos bénédictions à venir, nous les fait goûter par avance.

Le Saint Esprit, duquel Juifs et gentils croyants étaient scellés, était pour eux tous, comme il l'est pour nous, «les arrhes de notre héritage, pour (ou jusqu'à) la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire». — Le Saint Esprit est donc, en même temps, le sceau mis sur les héritiers et les arrhes de l'héritage, jusqu'à ce que les chrétiens jouissent de fait avec Christ de l'héritage qu'il s'est acquis. Lui-même n'entrera en possession que lorsqu'il aura rassemblé tous ses cohéritiers. Combien cette association de nous avec Christ dans toutes ces bénédictions, sera en effet à la louange de sa gloire!

Elus par Dieu le Père, rachetés par le sang de Christ, scellés par l'Esprit Saint, voilà le triple caractère du chrétien; voilà comment le Dieu trois fois saint se manifeste dans sa grâce pour opérer notre salut, notre parfaite délivrance.

(Verset 15). L'apôtre parle ici comme s'il ne connaissait pas, de visage, ceux auxquels il écrit: «Ayant ouï parler de la foi, etc.». Il s'adresse à eux, comme il le fait aux Colossiens qui n'avaient pas vu son visage dans la chair (Voyez Colossiens 1: 9; 2: 1). Cela confirmerait la pensée que l'épître est une sorte de circulaire, plutôt qu'une lettre adressée à une assemblée locale.

(Verset 16). L'apôtre rend grâces à Dieu pour les bénédictions célestes, les richesses de la grâce, l'héritage de la gloire, dont les Ephésiens ont été faits participants, et en même temps pour leur foi au Seigneur Jésus Christ, qui peut leur faire réaliser ce qu'ils possèdent en lui, et leur amour pour tous les saints, qui est la démonstration de la réalité de leur foi et de la vie de Dieu en eux. La foi et l'amour sont les deux éléments essentiels de la vie chrétienne, et ne vont pas l'un sans l'autre.

Mais il désire qu'ils entrent d'une manière plus consciente et pratique dans la connaissance de la grandeur de leur appel et de leur héritage, et aussi dans la connaissance de la puissance qui les a introduits dans la jouissance de ce que Dieu leur a donné, la connaissance de la puissance qui a placé Christ dans la gloire. De là, la prière de Paul pour eux. Nous avons une autre des prières de l'apôtre au chapitre 3.

(Verset 17). Cette prière est adressée au «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire». Comme nous l'avons déjà fait remarquer, quand ce titre: «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ» est donné à Dieu, Christ est envisagé comme homme. Comme tel, Dieu l'a envoyé, l'a ressuscité et glorifié, ainsi que nous le voyons plus loin.

C'est sa puissance qui a opéré à l'égard de Christ, et cette même puissance opère aussi envers nous. — Dieu est aussi appelé «Père de gloire»; il est l'auteur et la source de toute gloire pour Christ homme, aussi bien que pour les siens.

L'objet de la prière est que Dieu donne aux Ephésiens «l'Esprit de sagesse et de révélation, dans sa connaissance, les yeux de leur coeur étant éclairés». Ils avaient été scellés du Saint Esprit, il était en eux, mais ici l'Esprit est caractérisé par ses dons et par ses opérations (voyez Esaïe 11: 2), et l'apôtre demande qu'il opère dans les saints, de manière à produire en eux une vraie connaissance de Dieu et de ses conseils. «L'Esprit de sagesse» pour saisir ces conseils et les apprécier; «l'Esprit de révélation» qui les découvre à l'intelligence et lui montre en même temps les perfections infinies de Celui qui les a formés — c'est «l'Esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance».

Ensuite (verset 18), Paul demande que les yeux du coeur des saints soient éclairés (ou illuminés). La lumière est nécessaire pour voir ce que l'Esprit de Dieu nous révèle, et cette lumière doit pénétrer non seulement nos intelligences, mais nos affections morales, dont le coeur est le siège. Une simple théorie des vérités divines laissera le coeur froid et attaché à d'autres objets. Pour que nous soyons pratiquement célestes, il faut que notre coeur soit pris. «Dieu a relui dans nos coeurs», non dans nos intelligences, «pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ» (2 Corinthiens 4: 6).

Le but en vue duquel l'apôtre demande que les saints reçoivent l'Esprit de sagesse et de révélation, et que les yeux de leur coeur soient éclairés, c'est, en premier lieu, afin qu'ils connaissent l'espérance de l'appel que Dieu leur a adressé, et les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, c'est-à-dire l'étendue des bénédictions dont ils jouissent. L'apôtre dit «son appel». Nous sommes bien les appelés et, dans ce sens, nous trouvons, au chapitre 4, verset 4, «une seule espérance de votre appel», mais c'est Dieu qui nous appelle, selon la souveraineté et la plénitude de sa grâce, à jouir des bénédictions qu'il nous réservait en Christ, et en disant son appel, Paul le rattache à Dieu même, ce qui en constitue pour nous l'excellence, la grandeur et le caractère.

«L'espérance de son appel» se rapporte aux versets 3 à 5 de notre chapitre, aux bénédictions pour lesquelles Dieu nous a élus en Christ; son appel découlant de cette élection. Nous sommes appelés à jouir de sa présence même, selon sa nature sainte et selon son amour; c'est l'effet de sa grâce de nous faire jouir ainsi de ce qui est au-dessus de nous, c'est-à-dire de lui-même, et c'est là notre espérance: l'apôtre demande que nous la connaissions, la contemplions et la goûtions, «les yeux de notre coeur étant éclairés».

Mais il y a aussi ce qui est ou plutôt sera au-dessous de nous, savoir «les richesses de la gloire de son héritage dans les saints», et cela se rapporte aux versets 10 et 11 de notre chapitre. Dieu possède toutes choses comme créateur, et il avait établi l'homme comme dominateur sur la terre. De plus, nous lisons qu'après avoir créé, il «vit tout ce qu'il avait fait, et voici, cela était très bon» (Genèse 1: 31). Mais Satan a voulu lui ravir sa gloire. A son instigation, l'homme a péché et s'est perdu, et l'univers a été souillé. Dieu pouvait-il demeurer sous ce coup qui anéantissait ses desseins à l'égard de l'homme et de la création, et pouvait-il laisser la victoire à Satan? Non, c'était impossible. Il a introduit l'homme de ses conseils, le second homme, Christ, en même temps son Fils bien-aimé, qu'il a établi héritier de toutes choses. «En lui, toute la plénitude s'est plut à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux. Et vous… il vous a maintenant réconciliés… par la mort, etc.» (Colossiens 1: 19-22). Ainsi, d'une part par la rédemption, «la rédemption par son sang, selon les richesses de sa grâce», l'homme est sauvé, Dieu a ses saints; et, d'un autre côté, l'univers est purifié et sera rempli de la gloire de Dieu. C'est là son héritage. L'apôtre en exprime la magnificence et la grandeur, en disant: «Les richesses de la gloire de son héritage». Quand sera-ce? Ce sera lorsque toutes choses auront été réunies en un dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre; ce sera dans le glorieux millénium, où tous les conseils de Dieu relativement à la création, auront leur accomplissement en Christ, — où «l'administration de la plénitude des temps», appartiendra au second homme. L'univers, que Dieu a créé et qui aura été purifié, sera donc rempli de sa gloire: c'est son héritage, il lui appartient, mais c'est dans les saints qu'il le possède; ce sont eux qui en ont la jouissance. Il en est de cela comme de la terre de Canaan. C'était la terre, l'héritage de l'Eternel, mais les Israélites en jouissaient. Ainsi, les saints sont bien les héritiers (verset 11); mais envisagé du côté de Dieu, l'héritage est sien, et il en hérite dans les saints. Quelle position merveilleuse pour eux, soit qu'ils regardent en haut, vers lui, en la présence duquel ils se trouvent, soit qu'ils abaissent leurs regards sur l'univers rempli de la gloire de Dieu. L'apôtre désire qu'ils entrent dans la connaissance de ce qui leur est ainsi donné en Christ.

Mais, en second lieu, le but de la prière de Paul est que les Ephésiens sachent «quelle est l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts» (versets 19, 20).

La puissance de Dieu est infinie; dans sa grandeur, elle s'élève au-dessus de tout; elle a une énergie à laquelle rien ne saurait résister, et nous avons à la connaître dans son opération envers nous, pour nous amener de la condition de mort où nous étions (chapitre 2: 1, etc.), à la foi et à la vie, afin que nous puissions avoir part à la gloire de Christ. Or nous voyons l'opération de cette même puissance en Christ, qui, comme homme, et sous le poids de nos péchés dont il s'était chargé, était descendu dans la mort, mais que l'énergie de la puissance divine a ressuscité d'entre les morts. La puissance qui a opéré dans le Christ pour le faire sortir du tombeau, est celle qui a opéré envers les croyants pour les amener à la vie divine qu'ils possèdent en vertu de la rédemption et de leur union avec Christ. Christ est envisagé ici comme homme, ainsi que dans les versets qui suivent. Comme Dieu, il pouvait dire en parlant de son corps: «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai», mais, comme homme, il dépendait entièrement de Dieu pour sa résurrection.

(Versets 20-23). L'apôtre ne peut s'arrêter au fait que la puissance divine a opéré pour ressusciter Christ d'entre les morts; il ouvre une parenthèse où il nous montre les résultats merveilleux, pour Christ et pour nous, de cet acte du souverain pouvoir de Dieu. A la suite de sa résurrection, la même puissance divine l'élève dans les lieux célestes, et lui donne la place d'honneur et d'autorité suprêmes. Il y avait droit comme Dieu, mais comme homme, c'est son Dieu qui le fait asseoir, à sa droite (comparez Hébreux 1: 3, 13; Psaumes 110: 1). De cette place où Dieu, son Dieu, l'a élevé, Christ voit au-dessous de lui tout ce qui occupe une place d'autorité ou de puissance dans le gouvernement et sous l'autorité suprême de Dieu. Quelque élevé que soit le rang occupé dans ces diverses hiérarchies des êtres célestes ou terrestres, Christ est au-dessus de tout nom qui se nomme, au-dessus de tout ce qui est créé. Il l'est, non pas seulement comme Créateur, ce qui est vrai (Colossiens 1: 16, etc.), mais comme homme ressuscité après que la rédemption a été accomplie; comme homme obéissant jusqu'à la mort (Philippiens 2). Il est au-dessus de tout nom qui se nomme, au-dessus de la place la plus élevée, de la gloire la plus grande qu'aucun être créé puisse avoir dans ce siècle actuel et dans celui qui est à venir, c'est-à-dire le millénium. Telle est la position glorieuse de la personne que l'Esprit Saint place devant nos yeux, et cette personne, c'est Christ, notre Rédempteur. Dieu «a assujetti toutes choses sous ses pieds» (comparez Psaumes 8: 6; 1 Corinthiens 15: 27); il tient tout de Dieu, qui l'a ressuscité, placé à sa droite, établi au-dessus de tout comme dominateur, rien ne demeurant qui ne lui soit assujetti (Hébreux 2: 8).

Mais, dans cette place de gloire, Christ n'est pas seul. Si Dieu l'a donné (établi, institué) chef (ou tête) sur toutes choses, il lui a uni l'Assemblée (l'Eglise) qui est son corps, qui ainsi le complète et occupe la même place glorieuse que lui. Il est Chef sur toutes choses; il remplit tout de sa gloire comme Dieu et comme Sauveur; mais l'Assemblée est sa plénitude. Unie à lui, comme le corps est uni à la tête, en vertu de la rédemption, elle tire de lui sa vie, il la remplit de sa présence, il manifestera en elle sa gloire; et elle est le complément de ce Chef glorieux, comme le corps complète la tête. Il remplit tout en tous; la gloire de la rédemption (comparez 4: 9, 10) s'étend dans tout l'univers, des parties inférieures de la terre où il est descendu, jusqu'au trône de Dieu où il est assis; mais il n'est pas seul, l'Eglise lui est unie, elle est sa plénitude. Glorieux partage des saints qui composent l'Assemblée!

Nous avons déjà appuyé sur le fait que, dans tout ce qui précède, Christ est envisagé comme homme. La prière de l'apôtre s'adresse au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Il est important de remarquer à ce sujet que, lorsque les saints sont dans un bon état pratique, comme c'était le cas des Ephésiens, le Saint Esprit par la Parole, peut occuper leurs pensées des gloires de Christ comme homme. Il n'est pas nécessaire alors de précautions, dans le but de sauvegarder sa divinité.

Mais quand l'état de spiritualité abaissé, comme c'était le cas pour les Hébreux, ou, s'il y a danger, comme pour les Colossiens, de diminuer la gloire divine de Christ, alors le Saint Esprit insiste sur la divinité du Seigneur. C'est ainsi que nous voyons, dans les Hébreux, Christ s'asseoir de son plein droit à la droite de Dieu; son caractère divin est mis en évidence: il est là le Créateur, le Dieu éternel et immuable. Dans les Colossiens, l'apôtre insiste également sur sa gloire comme Créateur. Mais ici, dans l'épître aux Ephésiens, comme ailleurs, Christ est présenté comme l'Homme parfait, absolument dépendant de son Dieu, et recevant de lui toute suprématie et toute gloire. Que Dieu nous donne d'être assez spirituels (et quand on est spirituel, on est simple), pour discerner les gloires, comme homme, de notre adorable Sauveur.

Chapitre 2

Après la parenthèse des versets 21 à 23 du premier chapitre, l'apôtre, revenant aux deux versets qui la précèdent, attribue à la même puissance de Dieu qui a fait sortir Christ du tombeau, de nous avoir aussi tirés de l'état de mort spirituelle où nous étions. C'est à quoi se rapporte le verset 19 du chapitre 1, où il est dit: «L'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons».

Dans les premiers versets du chapitre 2 (1-3), l'apôtre décrit l'effrayant caractère de l'état où nous étions, comme morts dans nos fautes et dans nos péchés. L'homme n'est pas représenté ici comme coupable à cause de ses péchés, ainsi qu'on le trouve dans l'épître aux Romains (chapitres 1-3), mais c'est sa condition naturelle qui est mise sous nos yeux: «Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés. Cet état de mort a pour cause les fautes, ou actes coupables, et les péchés, c'est-à-dire tout ce qui, dans l'homme, est opposé à la volonté de Dieu. Et cet état de mort, mort spirituelle, mort morale, exprime l'éloignement de Dieu, la séparation d'avec la source de toute vie véritable, et aboutit à la mort éternelle, la séparation finale d'avec Dieu. Dans cet état, l'homme est sans connaissance de Dieu, sans désir ni mouvement du coeur vers lui, sans capacité pour en sortir.

L'apôtre, ensuite, caractérise le mode d'existence de ces morts. «Vous avez marché dans vos fautes et dans vos péchés», et c'était «selon le train de ce monde», ou le cours de ce monde, ce qui veut dire l'ensemble des principes qui régissent ce monde, et la conduite qui en résulte et en est la manifestation. Or ce monde a un chef, qui est appelé ici «le chef de l'autorité de l'air». L'homme marche selon les principes de ce monde, et, par conséquent, selon celui qui est à la tête du monde. L'air est ce qui nous enveloppe de toutes parts, et que nous respirons. Il est pris ici comme symbole d'une influence qui nous entoure. C'est celle du monde, mais le chef domine sur ces influences fatales et délétères qui s'exercent sur l'homme. Il a autorité sur elles et les dirige. Lui est un esprit, une puissance spirituelle agissant, maintenant qu'il le peut encore et n'est pas lié, avec énergie dans les fils de la désobéissance, les rebelles, constitués tels par leur désobéissance à Dieu. Il existe ainsi entre cet être mauvais et l'homme qui désobéit, une sorte de communion. De même que Dieu opère par son Esprit dans le croyant qui marche selon l'Esprit, ainsi Satan agit dans les fils de la désobéissance qui marchent selon le train de ce monde. C'était, sans doute, un esclavage sous lequel les païens se trouvaient d'une manière directe, mais les Juifs sont aussi comptés au nombre de ces fils de la désobéissance, quels que fussent leurs privilèges religieux. L'apôtre dit: «Parmi lesquels, nous aussi, nous avons tous conversé autrefois».

Le propre des fils de la désobéissance, quels qu'ils soient, Juifs ou gentils, c'est de vivre dans les convoitises de leur chair. La chair — la nature corrompue, qui est inimitié contre Dieu — est la cause pour laquelle l'homme est fils de désobéissance, et c'est par elle que le diable agit en lui. Les convoitises sont les mauvais désirs de la nature corrompue; ces désirs, non réprimés, nourris dans l'âme, deviennent des volontés que l'homme accomplit, volontés de la chair, de nos passions et de nos sens, ou volontés de nos pensées, c'est-à-dire d'une nature intellectuelle, mais toutes opposées à Dieu et provenant d'un coeur corrompu. (Matthieu 15: 19). Le trait final de cet état terrible est celui-ci: tant Juifs que gentils sont «enfants de colère», c'est-à-dire objets de la colère ou de l'indignation du Dieu saint et juste, et ainsi assujettis à son jugement. Et ce qui explique le terme «enfants», c'est que tous sont dans cette condition «par nature», nés tels; parce qu'ils sont nés dans le péché. C'est l'état naturel de l'homme par le péché, état que ni la loi, ni la morale, ni aucun privilège religieux, ne peut amender. L'apôtre montre ici que c'est une condition commune à tous, Juifs et gentils, de même que, dans l'épître aux Romains, il a montré que tous sont coupables. Seulement ici, l'homme est envisagé dans un état plus bas que dans l'épître aux Romains. Dans cette dernière, il vit, bien que ce soit d'une vie de culpabilité; ici, il est mort, mort pour Dieu, comme un cadavre en putréfaction.

(Versets 4-10). Notre impuissance pour sortir de l'état de mort où nous étions par nos fautes et nos péchés, était absolue; mais Dieu a pensé à nous; son dessein était de nous en tirer: tout est venu de lui, tout a été accompli par lui dans ce but.

La cause première, souveraine, de l'action de Dieu envers nous, se trouve dans son coeur. C'est sa miséricorde infinie, ce sentiment de profonde compassion envers des êtres misérables et dénués de force; c'est le grand amour dont il nous a aimés, nous, tout indignes que nous en étions. Or, Dieu ne se proposait pas de réintroduire l'homme dans l'état d'innocence perdu par Adam. C'en est entièrement fait du premier homme. Sa grâce envers nous avait des desseins infiniment plus élevés, et dont la réalisation se trouve dans le second homme, dans la personne, la vie et la position céleste de son Fils bien-aimé, avec lequel il nous identifie.

Il est donc intervenu envers nous qui croyons, «selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts» (1: 19, 20), et par cette puissance, seule efficace, nous qui étions morts dans nos fautes et nos péchés, il nous a vivifiés ensemble (Juifs et gentils) avec le Christ. La vie qui nous est ainsi communiquée est celle de Christ. Dieu nous a fait sortir de l'état de mort où nous étions, et nous donne part à la vie de son Fils ressuscité et glorifié. La vie de Christ ressuscité est au delà de la mort, du péché, du jugement, et de la puissance de Satan. Nous sommes associés à lui dans cette vie-là, car nous sommes ressuscités ensemble (Juifs et gentils) avec lui. Il n'y a plus de distinction; tous ensemble nous avons laissé derrière nous, dans la mort, tout ce qui tient à l'ancien état de choses décrit aux versets 1 à 3; notre vie est celle de Christ ressuscité et glorifié, et en lui nous entrons dans la position qu'il occupe déjà, et qui est décrite aux versets 20-22 du chapitre 1. Nous sommes assis — en plein repos — en lui dans les lieux célestes. Quelle position! Comme elle répond bien à la nature de Dieu, à sa puissance, à sa gloire, à sa riche miséricorde, au grand amour dont il nous a aimés, et à l'excellence de la personne de son Fils, avec qui et en qui nous jouissons de cette grâce! Vivifiés, de morts que nous étions; vivants de la même vie que Christ ressuscité; unis à lui dans la possession de sa vie, dans sa résurrection, dans sa séance en haut! En attendant que nous soyons personnellement dans le ciel, dans des corps glorifiés, nous y sommes en lui, gage assuré que nous y serons. Devant Dieu, dans la condition où Christ est lui-même, comme lui, nous sommes déjà des êtres célestes.

La parenthèse du verset 5: «Vous êtes sauvés par la grâce», est, sans doute, destinée à faire ressortir, auprès des Ephésiens sortis du paganisme, la grandeur de la grâce qui s'était déployée envers eux qui n'avaient aucune des promesses faites aux Juifs. Les gentils auraient pu être tentés de se glorifier vis-à-vis des Juifs. L'apôtre, ici, comme aux versets 11 et 12, et en Romains 11, leur rappelle la position d'éloignement où ils étaient, afin de leur faire d'autant plus apprécier la grâce qui les sauvait.

(Verset 7). Toutes ces bénédictions conférées à ces êtres autrefois morts dans leurs péchés et vivant dans la corruption, sous la puissance de Satan, ont pour but final de manifester et d'exalter l'immensité de la grâce de Dieu: «Afin de montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus». Dans le millénium, qui est le siècle à venir, nous serons manifestés en gloire pour faire connaître au monde que nous avons été aimés du Père, comme Jésus en a été aimé (Jean 17: 23). Déjà, quand le Seigneur viendra en jugement, il sera glorifié dans ses saints et admiré dans ceux qui ont cru (2 Thessaloniciens 1: 10). Au millénium succède l'état éternel, le siècle des siècles. Là se verra la continuation de la manifestation des immenses richesses de la grâce de Dieu envers l'Eglise, selon ce que nous lisons au chapitre 3 de notre épître, verset 21: «A Dieu soit gloire dans l'assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles». La place spéciale de l'Eglise durant le millénium, manifestera aux hommes sur la terre les richesses de la grâce de Dieu (Apocalypse 21: 9 à la fin); de même que sa place spéciale dans l'état éternel (Apocalypse 21: 2, 3), les manifestera aux yeux de toutes les autres classes de sauvés.

(Versets 8, 9). L'apôtre insiste de nouveau sur ce fait que nous sommes sauvés par la grâce. L'oeuvre qui nous apporte le salut, était dans les pensées de Dieu avant les temps des siècles, et a été accomplie avant que nous existions; c'est donc une pure grâce (Voyez 2 Timothée 1: 9, 10). Nous nous l'approprions par la foi, il est vrai; mais cette foi même ne vient pas de nous, c'est le don de Dieu. C'est lui qui la produit en nous, c'est encore la grâce. Ainsi se trouve complètement exclue l'action de l'homme, pour donner toute la place et toute la gloire à Dieu: «non pas sur le principe des oeuvres», quelles qu'elles soient, «afin que personne ne se glorifie».

(Verset 10). En effet, de toute manière, «nous sommes son ouvrage», nous, Juifs et gentils. De même que Dieu, au commencement, créa toutes choses par sa puissance, et fit surgir la lumière, et la vie dans la création, il a aussi, par sa puissance, tout opéré pour nous donner en Christ une position et une vie nouvelles. C'est son ouvrage à lui seul, en vertu de la rédemption opérée par Christ, c'est une nouvelle création (Voir 2 Corinthiens 5: 17, 18). Mais le but de cette création, dont nous sommes les objets, de cette nouvelle vie qui nous est donnée, c'est l'accomplissement des «bonnes oeuvres», qui sont l'expression du nouvel état où nous sommes, le fruit de la vie que nous possédons, ces bonnes oeuvres dans lesquelles nous avons à marcher. Aucune oeuvre accomplie par l'homme en dehors de cette vie nouvelle, n'est appelée bonne. Pour faire de «bonnes oeuvres», agréées de Dieu comme telles, il faut être l'ouvrage de Dieu. Le salut d'abord, puis les oeuvres qui en sont le fruit, Dieu a préparé d'avance la vie et la position nouvelles dont elles sont la manifestation, et il a aussi préparé d'avance que nous marchions en elles, que notre marche, notre conduite, soient caractérisées par elles. De sorte que les «bonnes oeuvres» ne sont pas exclusivement certaines oeuvres spéciales, mais l'ensemble des actes dont la vie du chrétien se compose, même ses devoirs journaliers. Sa marche ne consiste qu'en bonnes oeuvres, car tout ce qu'il fait par paroles et par oeuvres, il le fait au nom du Seigneur Jésus, ressort caché de sa vie spirituelle.

Ceux qui auront part à la résurrection de vie, sont ceux qui auront pratiqué le bien (Jean 5: 29). La vie éternelle sera la part de ceux qui, en persévérant dans les bonnes oeuvres, cherchent l'honneur, la gloire et l'incorruptibilité. Gloire, honneur et paix à tout homme qui fait le bien, (Romains 2: 6-10). Faire le bien, persévérer dans les bonnes oeuvres, marcher dans les bonnes oeuvres, voilà le propre du chrétien, c'est l'expression de sa vie en Christ. Cette marche ne gagne pas la vie éternelle et la gloire comme salaire, mais elle aboutit nécessairement, selon les pensées et les voies de Dieu, à la vie éternelle et à la gloire (Romains 6: 22).

Au verset 11, l'apôtre entre dans un autre sujet, relatif à la distinction qui existait autrefois entre les nations et les Juifs, quant à leur état collectif devant Dieu. En montrant ce qu'étaient les nations, la grâce de Dieu qui les amène à lui ressort davantage; mais, en même temps, les Juifs, quels que fussent leur position et leurs privilèges antérieurs, doivent venir prendre place avec les nations sur un même terrain nouveau où toute distinction cesse, de même que cela avait eu lieu quant à leur état moral (versets 3-8).

L'apôtre commence par rappeler aux Ephésiens, nations dans la chair, c'est-à-dire par naissance, comment, quant à leur position extérieure, ils étaient considérés par les Juifs. «Appelés incirconcision», c'était le terme de mépris que les Juifs appliquaient aux gens des nations (comparez 1 Samuel 17: 26, 36). Paul n'approuve pas ce mépris; à son tour, il caractérise les Juifs par ces mots: «ce qui est appelé la circoncision faite de main dans la chair;» chose vaine à ses yeux si elle n'est qu'en la chair, car la vraie séparation pour Dieu (ce que signifie la circoncision), est celle qui l'est au dedans, dans le coeur; mais il n'est pas moins vrai que les Juifs jouissaient de précieux privilèges dont les païens étaient privés, comme il le montre dans le verset suivant.

(Verset 12). Les Israélites avaient un Christ, un Messie qu'ils attendaient pour leur délivrance et en qui, pour eux, se résumaient toutes les bénédictions (voyez Jean 4: 25; 11: 27); les païens n'attendaient personne: personne ne leur avait été annoncé comme devant venir les bénir. Les Israélites formaient une cité, un état, que Dieu avait établi lui-même, et dans l'enceinte duquel se trouvait la bénédiction: les païens en étaient séparés, ils n'avaient là aucun droit d'entrée pour jouir de ces privilèges. Les Israélites avaient «les alliances de la promesse;» il ne s'agit pas ici de l'alliance conditionnelle de la loi, en vertu de laquelle la bénédiction découlait de leur obéissance: telle était celle de Sinaï; mais de ces alliances inconditionnelles, basées sur la pure grâce de Dieu et traitées avec Abraham, Isaac et Jacob (Genèse 17; 22; 26; 28). Ces alliances se rattachaient à la promesse de Christ et d'une bénédiction merveilleuse pour les Israélites; les païens y étaient étrangers. Ils restaient en dehors de ces alliances; aucune alliance n'avait été traitée avec eux, et si la promesse les concernait: «toutes les nations seront bénies en ta semence», ils l'ignoraient, et ce n'était pas parce qu'ils étaient entrés dans l'alliance. Les Israélites, en vertu de ces alliances et du Christ qu'ils attendaient, avaient une espérance — l'espérance glorieuse du royaume; les païens, privés de promesses, n'avaient rien pour l'avenir. Les Israélites avaient un Dieu qui s'était révélé à eux, Jéhovah leur Dieu, ainsi qu'il se nomme souvent, et qui s'était montré tel en les choisissant, les délivrant, les guidant, les bénissant, et même les châtiant; les païens n'avaient point un tel Dieu. Bien que coupables, s'ils ne reconnaissaient pas l'existence de Dieu proclamée par ses oeuvres et dans la conscience, ils ne le connaissaient pas par une révélation directe, seul moyen d'avoir de lui une vraie connaissance, et ainsi il n'était pas leur Dieu, quoique dirigeant tout par sa Providence. Ils étaient sans Dieu — athées — dans le monde. Telle était leur triste condition, quant aux privilèges religieux.

(Verset 13). Ce verset qui montre ce qui appartient maintenant aux Ephésiens devenus chrétiens, forme un merveilleux contraste avec les précédents. Ils étaient sans Christ, maintenant c'est dans le Christ Jésus; ils étaient étrangers, éloignés, sans Dieu, maintenant ils sont approchés, approchés de Dieu, non pas suivant l'ancien état des Juifs, car celui-ci prend fin aussi, mais suivant un état infiniment meilleur décrit dans les versets suivants. Et le moyen de ce rapprochement, c'est le sang de Christ, le sacrifice offert à Dieu, sur lequel est basée la réconciliation, de sorte que l'homme peut approcher de Dieu.

(versets 14-16). Christ est «notre paix». Ce n'est pas seulement que de deux classes de personnes séparées, ennemies, il n'en fait qu'une, abolissant ce qui les séparait, tuant l'inimitié qui existait entre elles; cela il l'accomplit sans doute. Mais dans ce but, avant tout, il réconcilie les uns et les autres avec Dieu «par la croix;» «dans sa chair». Et c'est sur ce terrain de la paix qu'il a faite, établie entre nous et Dieu par son sang, que Juifs et gentils se trouvent maintenant réunis. De ces deux manières, il est notre paix, et c'est ainsi que «des deux, il a fait un».

Un mur de clôture s'élevait entre les païens et les Juifs: la loi des commandements, les ordonnances de cette loi, séparaient complètement les Juifs de tout ce qui les entourait. Ils s'en prévalaient avec orgueil comme leur étant données de Dieu, et méprisaient les païens; ceux-ci leur rendaient leur mépris et les couvraient de ridicule, précisément à cause de ces préceptes que les Juifs se glorifiaient de garder; de là une inimitié profonde entre eux. Mais Christ a détruit ce mur de clôture, l'inimitié qui existait entre ces deux classes de personnes. Il l'a fait en détruisant, en annulant dans sa chair, dans sa personne, par son incarnation, par sa mort, la loi des commandements, des ordonnances, qui astreignaient les Juifs et les séparaient des nations. Cette loi prend fin à sa mort qui place les Juifs et les gentils sur un même terrain — celui d'êtres pécheurs. Les Juifs croyant en lui, devenus chrétiens, perdent leur condition judaïque; les païens croyants, devenus chrétiens, n'entrent pas dans le judaïsme, mais les uns et les autres sont créés par Christ et en lui, un seul et même homme nouveau, une nouvelle race spirituelle. Christ a ainsi fait la paix. Par sa croix, les Juifs sont réconciliés avec Dieu, les païens le sont aussi, l'inimitié entre eux est ainsi tuée, elle n'existe plus, et ils se trouvent former un seul corps. Nous avons là le grand principe vital de l'unité du corps de Christ. Nous avons donc là, par le sang de Christ, par sa chair, par sa croix, la réconciliation et la paix de l'homme avec Dieu, sur le terrain de la rédemption, et, comme conséquence, la réconciliation et la paix des Juifs et des gentils entre eux, formant une nouvelle race spirituelle, réconciliés en un seul corps avec Dieu.

(Verset 17). L'oeuvre de la rédemption qui place les Juifs et les gentils sur un même terrain, pour être réconciliés avec Dieu et avoir la paix entre eux, étant accomplie, Christ fait proclamer (ou évangéliser) la paix aux uns et aux autres; aux païens qui étaient loin, et aux Juifs qui étaient près; ces deux mots, loin et près, ayant rapport aux privilèges religieux. Christ est venu annoncer cette bonne nouvelle par ses apôtres, ses serviteurs, et son Esprit.

(Verset 18). Les uns et les autres jouissant ainsi de la paix, placés ensemble dans cette nouvelle condition, ayant le même Christ pour Médiateur, ont accès, comme enfants, auprès de Dieu le Père, par un seul Esprit; l'Esprit qu'ils ont reçu, les uns comme les autres, et qui est la puissance de leur vie et de leur communion avec Dieu.

(Versets 19-22). Voici maintenant les merveilleux privilèges dans lesquels entrent les Ephésiens devenus chrétiens, privilèges dépassant infiniment ceux que le judaïsme offrait, qui sont d'ailleurs la part des Juifs sortis de leur enceinte et qui nous appartiennent aussi.

En premier lieu, ceux qui jusqu'alors avaient été des étrangers et des forains, ou gens de dehors, sont devenus des concitoyens des saints; ils ont un droit de bourgeoisie parmi les chrétiens, de cette bourgeoisie qui n'est pas de la terre, mais du ciel. Ils avaient été sans Dieu, et les voici maintenant domestiques ou gens de la maison de Dieu, c'est-à-dire faisant partie de sa maison ou de sa famille (voyez Galates 6: 10).

Ensuite, ayant présenté l'idée d'une «maison de Dieu», l'apôtre envisage les croyants comme formant ensemble sur la terre un édifice spirituel, l'Assemblée du Dieu vivant, la maison de Dieu. Ils sont édifiés, bâtis, placés comme des pierres vivantes sur le fondement posé par les apôtres et prophètes dans leur prédication. Ce terme d'apôtres et prophètes désigne les mêmes personnes, et non deux classes différentes. Ce sont les apôtres qui étaient aussi prophètes, institués par Christ. La pierre angulaire de laquelle dépend toute la stabilité de l'édifice, est Jésus Christ lui-même, sa personne adorable et son oeuvre parfaite, fondement qui ne saurait être ébranlé, non plus que l'édifice entier qui repose sur lui, et dont toutes les parties lui sont intimement unies, et occupent la place que lui-même assigne à chacune.

En troisième lieu, cet édifice bien ordonné, sans défaut dans sa structure, chaque partie venant occuper sa place, s'élève, s'accroît, est en construction, pour être finalement un temple saint, demeure du Dieu de sainteté, dans la gloire, car alors seulement il sera achevé. Et cela a lieu et sera dans le Seigneur, car tout repose sur lui et dépend de lui. Tels sont les glorieux privilèges auxquels avaient part ceux qui autrefois étaient loin.

Mais, quatrièmement, en attendant le résultat final, l'achèvement de ce temple saint, les Ephésiens convertis, édifiés ensemble dans le Seigneur, avec tous les autres chrétiens, formaient déjà sur la terre une habitation où Dieu demeurait par son Esprit.

Chapitre 3

 (Verset 1). L'apôtre ayant déployé aux yeux des Ephésiens convertis le glorieux appel de l'Assemblée, habitation de Dieu, Assemblée dont ils faisaient maintenant partie, se sent pressé de prier pour eux, avant d'aborder les conséquences pratiques d'une telle position, mais immédiatement il s'interrompt pour exposer dans une parenthèse (2-13), le grand objet de soir apostolat, le mystère caché, dès les siècles en Dieu.

Cette interruption est amenée par ces paroles: «Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous, les nations…» Il se nomme, mais qu'est-il en ce moment, lui, Paul? Un prisonnier, il est lié de chaînes, il souffre, mais c'est, pour la gloire du Christ Jésus auquel il appartient. Et quelle est la cause de son emprisonnement? C'est d'avoir porté l'évangile aux nations, annonçant que toute distinction était abolie et que les croyants d'entre les païens entraient, avec les croyants d'entre les Juifs, dans la jouissance des mêmes privilèges. C'est ce qui avait excité contre lui la rage des Juifs incrédules. C'était donc pour eux, les nations, qu'il souffrait, et il va leur exposer la gloire de ce mystère qui les concernait, et dont il était l'administrateur envers eux par la grâce de Dieu qui lui avait été donnée (verset 2).

«Si du moins vous avez entendu parler, etc.», ces paroles sembleraient aussi indiquer que l'épître ne s'adressait pas aux Ephésiens seuls, au milieu desquels il avait longtemps travaillé, et qui devaient bien connaître la nature de son ministère.

(Versets 3, 4). Paul avait appris directement de Christ, par révélation, le mystère de l'Eglise, de la réunion des Juifs et des nations en un corps. Il ne l'avait pas reçu par l'intermédiaire de l'homme (comparez Galates 1: 1, 11, 12), et il en était l'administrateur, il le faisait connaître au milieu des nations. Il venait déjà de parler en peu de mots de ce mystère, dans les deux premiers chapitres, mais plus particulièrement dans la seconde partie du second (versets 11-22), et surtout dans les trois derniers versets. Ses lecteurs avaient donc déjà pu juger de l'intelligence que l'apôtre avait du mystère de Christ.

(Verset 5). Ce mystère, cette chose cachée en Dieu, n'avait pu être révélé aux fils des hommes dans les âges précédents. Pendant le temps où tout était relatif à la responsabilité du premier homme et à la première création, ce qui se rapportait au second homme glorifié et à la nouvelle création, ne pouvait pas être révélé, et ne le fut ni aux fils des hommes, ni aux anges. Mais maintenant que Christ était venu, et que, rejeté par les hommes, il avait été glorifié dans le ciel, et était devenu le Chef, la tête du corps (voyez 1: 20-22), maintenant que l'Esprit Saint était descendu le jour de la Pentecôte, le mystère avait été révélé, par l'Esprit, aux saints apôtres et prophètes (ceux dont il est parlé déjà 2: 20). Il est bien vrai que les prophètes de l'Ancien Testament avaient annoncé que les nations auraient leur part dans les bénédictions du royaume; mais le peuple de Dieu, Israël, reste toujours à part; il est, pour ainsi dire, le centre d'où découlent les bénédictions: les nations sont bénies avec lui (voyez Deutéronome 32: 43). Mais ce n'est pas là le mystère, car dans ce que l'Ancien Testament nous présente, les Juifs restent Juifs et les nations restent les nations, tandis que le mystère était que toute distinction est abolie, et les uns et les autres, en Christ (le mystère du Christ), placés sur le même pied. C'est ce que montre clairement le verset 6.

Les nations, y est-il dit, sont cohéritières (il va sans dire, les croyants d'entre les nations); elles font partie (comme les Juifs croyants et au même titre la grâce) des héritiers et des cohéritiers de Christ. Elles ont part à cet héritage, dont nous parlent les versets 11 et suivants du premier chapitre. En second lieu, elles sont d'un même corps avec les Juifs, comme nous le voyons au chapitre 2, verset 16; et enfin, coparticipantes de la promesse dans le Christ Jésus. La promesse était le Saint Esprit que les Ephésiens, comme les autres nations ayant cru, avaient reçu, aussi bien que les Juifs (comparez 1: 13; Actes des Apôtres 2: 33, 38, 39; 10: 44; 11: 15-17).

Et c'était l'évangile, la bonne nouvelle du salut par grâce et par l'oeuvre de Christ qui, leur ayant été prêché, les avait introduits dans le grand privilège que Dieu leur accordait.

(Versets 7, 8). Paul était devenu serviteur de cet évangile commun aux gentils et aux Juifs; serviteur selon le don de la grâce de Dieu et l'opération de sa puissance. Dieu l'avait mis à part et l'avait appelé par sa grâce. Il avait été un blasphémateur et un persécuteur, mais miséricorde lui avait été faite, la grâce du Seigneur avait surabondé envers lui. La puissance de Dieu avait opéré en le terrassant sur le chemin de Damas, en le dépouillant de tout ce en quoi il se glorifiait, et, de persécuteur, il était devenu serviteur de Christ, et annonçait la foi que d'abord il voulait détruire. Paul ne peut penser à cela sans se dire «moins que le moindre de tous les saints» (voyez 1 Corinthiens 15: 9). La grandeur de la grâce qui lui est conférée, bien loin de l'élever, lui rappelle ce qu'il était, l'humilie et le remplit en même temps d'admiration envers le Dieu qui daigne se servir de lui, et le mettre au premier rang parmi les apôtres.

En effet, c'est à lui qu'avait été donnée la grâce d'annoncer parmi les nations les richesses insondables de Christ. Apostolat grand par l'étendue du champ qu'il embrassait — les nations — et par l'objet qu'il présentait à ceux qui autrefois étaient loin — les richesses insondables du Christ, richesses de sa grâce et de son amour qui ne bornait pas à un seul peuple les bienfaits de la rédemption, mais l'étendait à tous, richesses insondables quant à leur étendue: c'est l'accomplissement des desseins de Dieu dans son Fils.

(Verset 9). Et cette même grâce avait appelé Paul à mettre en lumière, à manifester devant tous, Juifs et gentils, quelle était l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu. Il devait éclairer tous les hommes à l'égard de ce conseil de Dieu, de rassembler sur la terre, d'entre les Juifs et les gentils, l'Eglise dont la vocation est céleste, et se compose de membres unis à leur Chef glorifié dans le ciel. Ce mystère avait été caché jusqu'alors dans la pensée de Dieu, mais maintenant il était révélé; Paul le mettait en lumière devant tous, et en même temps était l'instrument choisi pour faire entrer les gentils dans l'accomplissement du dessein de Dieu, en leur annonçant l'évangile.

(Verset 10). Dieu a créé toutes choses; dans la création il a montré sa puissance et sa sagesse, là les anges avaient contemplé le déploiement de ces perfections. Maintenant, les êtres célestes, les principautés et les autorités, apprenaient à connaître d'une manière plus merveilleuse encore, la sagesse si diverse de Dieu, déployée dans une chose qui jusqu'alors leur avait été cachée, dans une nouvelle création qui avait la rédemption pour base, dans l'Eglise, composée d'hommes sauvés formant un corps uni à Christ, sa tête glorifiée dans le ciel. Les anges avaient vu la sagesse de Dieu dans la création, sa sagesse dans le choix d'un peuple sur la terre pour y conserver son nom; maintenant que ce peuple avait rejeté sa grâce, ils voyaient cette sagesse se manifester pour le déploiement d'une grâce plus grande par l'Assemblée, selon ce que Dieu s'était proposé en lui-même et avait arrêté avant que le temps n'eût commencé son cours. Ce dessein de sa grâce, il l'avait accompli dans le Christ Jésus, devenu par sa mort et sa résurrection. Sauveur des croyants et Chef de l'Eglise (verset 11). Et nous, croyants, membres de l'Assemblée, selon cette relation bénie dans laquelle nous nous trouvons en Christ, unis à lui, nous avons hardiesse auprès de Dieu pour nous adresser librement à lui; l'accès vers lui nous étant ouvert sur une base assurée, nous nous approchons de lui avec confiance.

(Verset 13). Telle étant la place que Dieu, dans ses conseils, avait donnée a ces croyants d'entre les nations, Paul étant l'administrateur de ce glorieux mystère, maintenant, ils ne devaient pas se décourager en voyant les souffrances qu'endurait ce fidèle serviteur pour leur avoir annoncé un évangile qui les avait introduits dans ces bénédictions. Ces souffrances mêmes démontraient la gloire de la position que Dieu avait donnée à ces païens convertis, et dont les Juifs étaient jaloux.

Avec le verset 13, se termine la première partie du chapitre; c'est la conclusion de ce que l'apôtre a exposé relativement à son apostolat, à son ministère dans les souffrances, lui, le prisonnier du Christ Jésus pour les nations. Au verset 14, il reprend sa pensée interrompue, celle de présenter à Dieu sa requête pour les croyants des nations introduits dans l'Assemblée, afin qu'ils soient affermis dans la connaissance et la jouissance pratiques de l'amour du Christ, et qu'ils croissent ainsi dans la vie intérieure jusqu'à toute la plénitude de Dieu. La première prière de Paul, au chapitre 1, avait surtout pour objet que les croyants entrassent dans l'intelligence de ce qui concernait leur appel, leur espérance, les richesses de leur héritage, et la puissance divine qui les avait appelés de la mort à la vie; cette seconde prière est plus subjective et se rapporte davantage, et même essentiellement, à l'état du coeur des croyants, pour qu'ils jouissent des richesses de la grâce et de l'amour de Dieu.

La prière du premier chapitre était basée sur le nom du «Dieu de notre Seigneur Jésus Christ», le Dieu qui a ressuscité et glorifié Christ; celle-ci se rapporte au nom de Père. Sous le nom de Jéhovah (l'Eternel), les Juifs seuls pouvaient se réclamer de lui, selon ce qui est dit en Amos: «Je vous ai connus, vous seuls (la famille d'Israël), de toutes les familles de la terre» (3: 1, 2). Mais sous le nom de Dieu comme Père, se range toute famille dans les cieux et sur la terre, anges, Eglise, Juifs et nations; tous tirent de lui leur nom. Dieu prend ce titre non seulement comme Créateur (cf. 4: 6), mais essentiellement comme Père de notre Seigneur Jésus Christ, son Fils unique et éternel, par lequel, en vertu de la rédemption accomplie, nous sommes introduits auprès de Dieu comme ses bien-aimés enfants, nés de lui. Et combien ce titre de Père devait être précieux pour ces gentils convertis, qui, autrefois sans Dieu, faisaient maintenant partie, tout aussi bien que les Juifs, de la famille de Dieu!

(Versets 16-19). C'est devant ce Dieu et Père que l'apôtre fléchit les genoux, afin que les croyants jouissent des grâces de Dieu selon les richesses de sa gloire, c'est-à-dire selon la grandeur de sa puissance et de son amour. En effet, il demande d'abord qu'ils soient fortifiés puissamment quant à l'homme intérieur; que la puissance divine agisse avec énergie dans cette partie de nous-mêmes par laquelle nous entrons en relation avec Dieu et sommes capables de le connaître; cette partie spirituelle et morale dans laquelle opère le Saint Esprit, d'abord pour la renouveler (comparez Romains 12: 2), et pour lui communiquer une vie nouvelle, ensuite pour être la puissance de cette vie. On voit donc immédiatement qu'il s'agit, non de choses glorieuses en dehors de nous, mais d'un état d'âme existant déjà dans le croyant — l'homme intérieur — et que l'apôtre désire voir se fortifier et grandir. Or c'est l'Esprit de notre Dieu que nous avons reçu, qui est l'agent de la puissance divine en nous, afin que l'homme intérieur soit fortifié.

Et quel sera le résultat de l'action de cette puissance? C'est que Christ, l'objet de notre foi, le centre des conseils de Dieu et des affections du Père, l'expression de tout ce qu'il est en gloire et en amour, que ce Christ habite dans nos coeurs; qu'il soit l'objet connu qui remplisse nos affections, que nous le saisissions par la foi, non seulement comme celui qui, afin de nous sauver, a accompli une oeuvre pour nous, mais comme celui qui demeure en nous, auquel nous sommes unis de telle sorte que, comme Paul, nous disions d'une manière consciente: «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi».

Cette habitation de Christ en nous, nous enracine et nous fonde dans l'amour. L'amour de Dieu révélé dans le don de son Fils, l'amour que lui-même a pour nous et dont sa mort a été l'expression, l'amour du Père pour ceux que Christ a rachetés, telle est la vue merveilleuse qui se présente aux regards de l'homme intérieur. Fortifié puissamment par le Saint Esprit, il saisit, goûte et réalise toujours plus la grandeur de cet amour qui le pénètre, qui s'empare toujours plus des profondeurs de son être, de sorte qu'il est enraciné comme un arbre puissant qui plonge ses racines dans la terre et y est attaché, il y est fondé comme un édifice sur un roc inébranlable.

Cette puissance opérant par le Saint Esprit et qui enracine et fonde les saints dans l'amour, agit aussi pour nous faire comprendre, car l'amour conduit à la vraie intelligence, — mais comprendre en embrassant avec nous tous les saints, objets du même amour et possédant la même intelligence spirituelle, — comprendre quoi? Paul ne le dit pas, mais les expressions dont il se sert montrent que ce ne peut être que cet infini que Dieu seul remplit. Les saints placés avec Christ au centre, sur le fondement inébranlable de l'amour, voient s'étendre autour d'eux, comme aussi au-dessus et au-dessous d'eux, cette sphère sans limites de l'infini que Dieu remplit de son être et de sa gloire.

De cet infini, nous nous trouvons, pour ainsi dire, ramenés au centre, à Christ et à son amour. La même puissance divine qui, par le Saint Esprit, nous enracine et nous fonde dans l'amour, pour que les regards de notre âme, bien établie au centre, se portent de toutes parts vers l'infini de la gloire de Dieu, nous fait aussi connaître l'amour de Christ, l'amour dont il nous a aimés et dont il nous aime pour l'éternité. L'apôtre demande que les saints le connaissent, cet amour. Et si Christ habite dans leurs coeurs, si avec lui, ils se trouvent au centre de cette sphère où l'amour du Père et du Fils se déploie, comment ne le connaîtraient-ils pas? Mais de même que tout le reste, cet amour ne se mesure pas; notre conception, notre capacité est trop faible; il est infini, il surpasse toute connaissance. Nous le connaissons, béni soit Dieu; nous savons qu'il existe; nous connaissons la personne dans le coeur duquel il se trouve, mais sa grandeur, son étendue, qui la mesurera? Ce sont les profondeurs divines que nul ne peut sonder (voir Job 11: 7-9).

L'apôtre résume toute sa prière pour les saints par ces mots: «Afin que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu». Dieu lui-même, dans la plénitude de sa gloire et de son amour, s'est révélé en Christ; Christ habite en nous; par là, nous sommes enracinés et fondés dans l'amour; avec tous les saints nous sommes placés au centre de cette plénitude de Dieu; nous connaissons l'amour de Christ qui surpasse toute connaissance, nous sommes en Dieu et Dieu est en nous: remplis jusqu'à la plénitude de Dieu. Nous ne saurions contenir cette plénitude dans notre être borné, mais nous pouvons en être «REMPLIS». C'est ce que l'apôtre demandait pour les Ephésiens; que ce soit aussi notre prière pour les saints et pour nous-mêmes.

(Verset 20). Cette conclusion de la prière de l'apôtre (verset 19) amènerait naturellement la pensée: comment des choses si grandes peuvent-elles devenir le partage d'êtres tels que nous?

A cela répond ce que l'apôtre dit dans la magnifique doxologie qui termine notre chapitre. Il ramène nos pensées vers Celui qui peut faire infiniment plus que nos pensées ne peuvent concevoir et nos demandes exprimer, et qui par conséquent peut accomplir la prière de l'apôtre et les nôtres. Et Dieu a mis en nous la puissance divine qui opère pour cela, savoir le Saint Esprit qui fortifie l'homme intérieur et le rend capable de jouir de tout ce que l'apôtre a demandé. Quelle grâce d'être sous l'effet de cette puissance qui agit en nous — nous qui souvent ne savons pas nous-mêmes ce qu'il faut demander comme il convient (Romains 8: 26) — et qui dépasse nos pensées saines et nos demandes intelligentes! Nous avons plus que tout ce que nous pouvons demander ou penser quel contraste avec l'état de l'homme naturel qui ne peut jamais obtenir tout ce qu'il désire, ni tout ce que son coeur demande!

Pénétré d'adoration envers un Dieu qui a déployé les richesses de sa puissance et de son amour d'une manière aussi merveilleuse envers les saints, l'apôtre se sent pressé de lui rendre gloire. Mais c'est comme uni à tous les saints qui composent et composeront l'Assemblée. Cette pensée collective se retrouve dans toute l'épître. C'est, en effet, dans l'Assemblée qui est dans le Christ Jésus, que Dieu est glorifié d'une manière particulière maintenant, dans le siècle à venir et dans l'éternité. Maintenant déjà, Dieu habite en elle par son Esprit; dans le millénium, l'Assemblée sera le centre d'où la gloire divine rayonnera dans tout l'univers; et dans l'état éternel, sur la nouvelle terre et sous les nouveaux cieux, elle sera encore comme habitation de Dieu, le centre autour duquel se trouveront les hommes sauvés. (Voyez Ephésiens 2: 22; Apocalypse 21: 9-27; Apocalypse 22: 1-4; et Apocalypse 21: 1-8).

Chapitre 4

Ici commence la partie morale de l'épître, les exhortations que l'apôtre a à coeur d'adresser aux Ephésiens, afin que leur marche réponde à la doctrine qu'ils ont reçue dans leurs coeurs. Chose d'une haute importance pour chaque chrétien.

(Verset 1). Ces exhortations se fondent (le mot «donc» l'indique) sur les glorieuses vérités relatives à l'Eglise et que l'apôtre a présentées auparavant; en particulier, sur la grâce merveilleuse qui, plaçant les Juifs et les gentils sur un même pied, introduisant ces derniers dans la jouissance des mêmes privilèges que les premiers, fait des uns et des autres «une habitation de Dieu par l'Esprit». Quel motif puissant pour une marche sainte!

L'apôtre, comme au commencement du chapitre 3, se présente comme «le prisonnier du Seigneur». Il était prisonnier pour avoir fait connaître aux nations la grâce qui les rendait «cohéritières et d'un même corps, et coparticipantes de la promesse, dans le Christ Jésus». Quel cachet d'autorité devaient avoir les exhortations d'un tel homme, souffrant pour cette cause, et quel écho ne devaient-elles pas trouver dans le coeur des Ephésiens!

«Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés». C'est d'une manière digne de l'appel tout entier, comprenant leur position parfaite en Christ devant Dieu, aussi bien que le fait d'être un seul corps, d'avoir accès auprès de Dieu, et de former l'habitation de Dieu par l'Esprit, mais plus spécialement cette dernière partie de l'appel.

(Verset 2). En pensant à la grâce qui nous est faite de faire partie de cet ensemble où Dieu habite, il convient de ne pas penser à soi, mais à Celui qui habite là et au bien de ceux qui constituent cet ensemble. Le «moi» se distingue par l'orgueil et l'égoïsme; le caractère chrétien est l'humilité, la douceur, la longanimité le support dans l'amour. L'amour, fruit par excellence de la vie divine, reproduction dans l'âme de ce qu'est Dieu, l'amour qui est «le lien de la perfection», est seul capable de produire, et produit en effet en nous l'humilité vraie, la douceur sans faiblesse, la longanimité sans indifférence, et le support sans laisser-aller. C'est avec ces dispositions que l'on peut répondre à l'exhortation du verset 3: «Vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix».

(Verset 3). Mais que veut dire l'apôtre par «l'unité de l'Esprit?» Etre réconciliés en un seul corps, avoir accès, les uns et les autres, auprès du Père par un seul Esprit, et enfin être édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit, tels sont les principes de cette unité. Tous les saints sont donc en relation les uns avec les autres par l'Esprit, suivant ces principes. S'appliquer à garder l'unité de l'Esprit, c'est s'appliquer à réaliser cette relation dans laquelle nous nous trouvons les uns avec les autres, à garder ce qui constitue cette relation. Or cela ne se peut que si le «moi» est laissé de côté, et si la puissance de l'Esprit agit seule en nous. Alors nous avons une même pensée, un même sentiment, un même amour, produits par l'Esprit. Si mon frère ne voit pas comme moi en quelque chose, je n'en dois pas moins le supporter dans l'amour, sans quoi je ne garderais pas l'unité de l'Esprit. Ainsi que l'a dit un vénéré serviteur de Dieu «L'unité de l'Esprit est une notion abstraite la difficulté vient de ce que l'on y voit un fait absolu. L'unité de l'Esprit, c'est lorsque votre pensée et la mienne sont d'accord avec la pensée du Saint Esprit». L'unité de l'Esprit est celle qui est établie par le Saint Esprit entre les membres du corps de Christ, — unité de pensées, de sentiments et d'affections, — elle ne peut évidemment exister que cimentée par la paix régnant entre tous, car si nous nous querellons, ce n'est pas l'unité de l'Esprit.

Il n'y a pas d'exhortation à garder l'unité du corps; c'est un fait absolu, existant alors même qu'il n'y en aurait pas de manifestation publique. En gardant l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix, l'unité du corps serait publiquement manifestée, car «il y a un seul corps et un seul Esprit». Hélas! c'est ce qui n'a pas eu lieu, l'unité de l'Esprit n'a pas été gardée, il n'y a plus de manifestation publique de l'unité du corps. Nous n'en sommes pas moins tenus à obéir à l'exhortation de l'apôtre, et à supporter dans l'amour ceux qui, par manque de lumière, ne sont pas dans la position que la Parole montre être celle du chrétien. Mais tolérer le mal par condescendance n'est pas garder l'unité de l'Esprit.

(Versets 4-6). «Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance de votre appel». Ce seul corps est celui qui existe toujours à un moment donné sur la terre, depuis que le Saint Esprit qui le forme a été envoyé. Il se compose de tous les croyants existant à ce moment donné. Les chrétiens délogés n'en font plus partie, ils sont remplacés par les nouveaux convertis. Mais s'il s'agit du résultat dans la gloire, selon que l'expriment les deux derniers versets du premier chapitre, alors nécessairement tous ceux qui ont été membres du corps de Christ sur la terre, tous les croyants qui auront existé entre la Pentecôte et le retour du Seigneur, se trouvent compris dans ce résultat final. L'Assemblée, le corps de Christ, est alors complète, dans la perfection de la gloire.

Il y a donc un seul corps sur la terre, et non pas: il devrait n'y en avoir qu'un. Aucune des différentes corporations organisées sous le nom d'églises, n'est le seul corps; leur ensemble ne le constitue pas non plus. Le seul corps se compose seulement de ceux qui, par le Saint Esprit, sont unis à Christ, la Tête glorifiée dans le ciel: «Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12: 13). «Il n'y a qu'un seul corps», comme il n'y a qu'un «seul Esprit» qui le forme et qui l'anime. Quant à la manifestation de cette unité, c'est une autre chose. Elle aurait dû être manifestée pour la gloire de Christ, mais elle ne l'est pas: triste preuve que l'Eglise n'a pas su garder l'unité de l'Esprit.

«Une seule espérance de votre appel», a trait à la place spéciale qu'occupera l'Eglise dans la gloire durant l'éternité (voyez chapitre 1: 18). Cette espérance de la gloire se lie à l'appel. L'Eglise est appelée à cette gloire; elle a l'espérance d'en jouir. Elle ne la possède pas encore, mais elle en possède les arrhes qui sont l'Esprit Saint (voyez chapitre 1: 14), et l'espérance qu'elle a est assurée (Romains 5: 5). L'espérance est une dans son objet, une comme le corps qui tout entier l'a et dont chaque membre en jouit, une comme l'Esprit qui anime le corps et qui conduit les membres du corps à la réaliser.

Nous trouvons, dans les versets 4-6, les fondements de l'exhortation de l'apôtre à garder l'unité de l'Esprit. Ce sont, pour emprunter les expressions d'un frère bien connu de nous tous et maintenant dans le repos, ce sont «les divers points de vue sous lesquels on peut envisager cette unité en rapport avec l'Esprit, en rapport avec le Seigneur et en rapport avec Dieu». Il y a un corps et un Esprit; non seulement un effet produit dans le coeur des individus pour qu'ils s'entendent entre eux, mais un corps. L'espérance dont cet Esprit est la source et la puissance, est une. C'est là l'unité essentielle, réelle et permanente. Il y a aussi un seul Seigneur: à lui se lient «une seule foi» et «un seul baptême». C'est la profession et la reconnaissance publiques de Christ comme Seigneur (comparez 1 Corinthiens 1: 2). Enfin, il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de toutes choses, et partout, et en nous tous. Quels puissants liens d'unité! L'Esprit de Dieu, la seigneurie de Christ, l'universelle toute présence de Dieu, le Père, tout tend à amener dans l'unité ceux qui se rattachent à chacun comme à un centre divin. Toutes les relations religieuses de l'âme, tous les points par lesquels nous sommes en contact avec Dieu, s'accordent pour former de tous les croyants un seul corps dans ce monde, et de telle sorte qu'on ne peut pas être chrétien sans être un avec ceux qui le sont. On ne saurait avoir de la foi, ni jouir de l'espérance, ni exprimer d'une manière quelconque la vie chrétienne, sans avoir la même foi et la même espérance que les autres croyants, sans exprimer ce qui se trouve chez les autres qui ont la foi. Mais nous sommes appelés à le maintenir pratiquement.

Nous trouvons donc, dans ces versets 4-6, trois sphères d'unité, contenues l'une dans l'autre, et grandissant chaque fois. La sphère intérieure comprend le corps de Christ, formé et animé par lui, et possédant l'espérance des destinées glorieuses réservées au corps, et dont il jouit par l'Esprit. La seconde sphère comprend la profession chrétienne, et la troisième renferme l'univers entier.

Dans cette dernière, on entre par la naissance naturelle; dans la seconde, par le baptême d'eau; dans la première, par la nouvelle naissance et le baptême du Saint Esprit.

Si les membres du corps composent à eux seuls la sphère centrale, ils occupent aussi une place toute particulière dans les deux autres. Ils sont nécessairement la vraie expression de la profession chrétienne, laquelle dépend du seul Seigneur, qui a autorité sur tous ceux qui invoquent son nom, et parmi lesquels il est, hélas! des professants sans vie.

Dans la sphère qui s'étend à tout l'univers, les chrétiens occupent l'heureuse place que leur donne une relation intime et filiale avec le Dieu et Père de tous: il est en eux.

(Verset 7). Ce verset nous présente la diversité dans l'unité. Si, dans notre position et nos privilèges communs comme enfants de Dieu, nous sommes un, nous avons, d'un autre côté, chacun un service différent; chacun des grâces différentes, en vue du bien de l'ensemble et selon que le donateur, dans sa sagesse et sa grâce souveraine, trouve bon de les dispenser, de les mesurer à chacun. Chaque membre du corps a une fonction particulière. Ce verset se relie ainsi au verset 16, où nous voyons que «tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour».

(Versets 8-15). Mais si, dans le verset 7, nous avons le service de chacun des membres du corps, dans les versets 8 à 15, nous avons les ministères spéciaux, donnés par le Seigneur en vue du perfectionnement des saints pour l'oeuvre du service et l'édification du corps de Christ.

La source glorieuse du ministère est d'abord indiquée par l'apôtre. C'est Christ monté en haut et remplissant toutes choses; Christ, l'homme victorieux, exalté au-dessus de tout. Mais avant de monter, il s'était abaissé. Le Fils de Dieu était descendu de la gloire éternelle pour devenir un homme sur la terre (voyez Philippiens 2), l'homme Christ, puis, comme homme, était descendu encore plus bas, dans la mort et le tombeau; c'est jusque-là que l'accomplissement de son oeuvre rédemptrice l'a conduit. Mais cette oeuvre a été complète. Il est entré en personne dans la forteresse de Satan: «Par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable, afin qu'il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude».

Ayant subi la mort et le jugement, il a délivré les siens que l'ennemi retenait captifs. Non seulement cela, mais il a fait captif le chef de la captivité, Satan lui-même, de sorte que, devant les droits du Seigneur, la captivité n'existe plus. Le maître de la captivité (c'est-à-dire des captifs), le geôlier, la captivité elle-même, tout a été mené prisonnier.

Déjà le Seigneur avait vaincu Satan dans le désert, tors de la tentation (Matthieu 4). L'homme fort ayant été lié, Jésus avait pu piller ses biens (Luc 4). Mais à la croix, le Seigneur «a dépouillé les principautés et les autorités, et les a produites en public, triomphant d'elles en la croix» (Colossiens 2: 15); et enfin, nous le voyons ici emmenant tout captif.

C'est donc après une victoire complète sur toute la puissance de l'ennemi, que Christ est monté comme homme au-dessus de tous les cieux, ce qui indique son élévation suprême. Il remplit ainsi tout, des résultats de la rédemption qu'il a accomplie, tout, depuis le tombeau jusqu'au trône de Dieu. «Toute autorité lui a été donnée dans les cieux et sur la terre» (Matthieu 28: 18), et il tient «les clefs de la mort et du hadès» (Apocalypse 1: 18). Or, en attendant que l'univers entier soit le théâtre de sa suprématie, Dieu ayant mis ses ennemis pour marchepied de ses pieds, Christ emploie cette autorité et sa puissance pour rassembler les membres de son corps, et les faire croître jusqu'à la mesure de sa stature, la plénitude du Christ.

Les ministères spéciaux qui découlent de lui, les dons qu'il accorde depuis la gloire où il se trouve, sont les moyens qu'il emploie dans ce but. Combien est glorieuse la source du ministère en exercice dans le corps de Christ sur la terre!

Ainsi: 1° Satan est emmené captif par Christ, et 2° Christ monté en haut, reçoit les dons comme homme, dans l'homme, et pour les hommes. L'apôtre Pierre, en prêchant aux Juifs, signale ce fait lorsqu'il dit: «Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 2: 33).

«Etant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes». Emmener captive la captivité, est une expression hébraïque pour dire: faire captif celui qui retenait des captifs (voyez Juges 5: 12). Des hommes autrefois captifs de l'ennemi sous la puissance de Satan, sont délivrés, puis donnés par le Seigneur et employés, comme instruments de sa puissance, pour délivrer d'autres âmes, les rassembler et les faire croître. Quelle merveille de la grâce!

(Verset 11). Dans ces dons venant du Seigneur glorifié, il y a comme deux catégories: la première comprenant les apôtres et les prophètes, donnés comme des fondements, émanant du Seigneur d'une manière extraordinaire et revêtus de son autorité. La seconde catégorie comprend les évangélistes, les pasteurs et docteurs: ce sont des ministères permanents pour tous les temps de la période de l'Eglise, jusqu'à la venue du Seigneur. Nous ferons quelques remarques sur ces deux catégories de ministères.

D'abord, remarquons que, dans l'épître aux Ephésiens, ce sont des hommes qui sont donnés comme revêtus d'un ministère, et non le don qui est en eux. Christ a donné les uns comme apôtres, et non l'apostolat; les autres comme évangélistes, et non le don d'évangéliser; de même, il n'a pas donné le pastorat, mais des pasteurs. Ainsi l'on ne peut séparer le don de l'homme qui le possède. Reconnaître le don et rejeter l'homme, est l'oeuvre de l'ennemi. C'est ce que des ennemis de l'apôtre cherchaient à suggérer aux Corinthiens à l'égard de Paul: «Ses lettres», disaient-ils, «sont graves et fortes, mais sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable» (2 Corinthiens 10: 10).

«Il a donné les uns comme apôtres, d'autres comme prophètes». Remarquons que les apôtres étaient aussi prophètes (Ephésiens 2: 20; 3: 5). On n'était pas apôtre sans être prophète. Les écrits des apôtres étaient des écrits prophétiques (Romains 16: 26). Du reste, nous voyons que les hommes donnés comme apôtres, un Paul, un Pierre, possédaient aussi les autres dons, remplissaient les autres ministères. Ils étaient certes évangélistes, pasteurs et docteurs. L'apôtre Paul était un puissant évangéliste et un profond docteur. Pierre était évangéliste et pasteur. On voit aussi que l'enseignement des autres, même des prophètes, doit être jugé d'après le témoignage des autres (1 Corinthiens 14: 37). Les apôtres et prophètes sont comme le fondement de l'édifice céleste; on ne pose pas de nouveau chaque jour le fondement. Une fois posé, il demeure. Et en effet, si nous n'avons plus personnellement des apôtres et prophètes, leurs écrits nous restent; eux-mêmes nous restent par leurs écrits, de sorte qu'aujourd'hui on peut les écouter et ainsi être de Dieu, ou ne pas les écouter, et ainsi n'être pas de Dieu (1 Jean 4: 6).

Remarquons encore, au sujet des apôtres, qu'ici, au chapitre 4 des Ephésiens, il n'est pas question de ce qui a lieu avant l'ascension de Christ, de sorte que les apôtres de l'Eglise sont donnés par le Seigneur monté dans la gloire, et il y en a plus de douze et de treize. Ainsi les douze, choisis sur la terre, sont ensuite donnés depuis la gloire, quand le Saint Esprit est répandu. Mais Paul — ce bon treizième — et Barnabas et d'autres, sont donnés directement du ciel, sans avoir été préalablement choisis sur la terre, compagnons de Christ ici-bas.

Les douze sont considérés dans les évangiles en relation avec Israël, et auront une place spéciale dans la gloire millénaire: «Vous serez», leur dit le Seigneur, «assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël» (Matthieu 19: 28; Luc 22: 30). Dans l'Apocalypse (21: 14), la muraille de la cité a douze fondements, et sur eux sont écrits les noms des douze apôtres de l'Agneau.

Mais si les apôtres étaient prophètes en même temps, il y avait aussi des prophètes distincts des apôtres (Actes des Apôtres 11: 27, 28; 13: 1; 15: 32; 21: 10). Ces prophètes parlaient des choses de Dieu par révélation, faisaient connaître les pensées de Dieu, et étaient ainsi la bouche de Dieu (1 Corinthiens 14: 29, 30). Les prophètes ont disparu personnellement, comme les apôtres, mais dans un sens le don de prophétie demeure. Seulement, au temps apostolique, prophétiser, comme nous l'avons dit, impliquait que l'on révélait quelque chose de la part de Dieu. Aujourd'hui la parole de Dieu, le cycle des révélations, est complète (Colossiens 1: 25); de sorte qu'actuellement, le don de prophétie a pour effet de faire ressortir devant les âmes et de placer devant les consciences, ce qui se trouve dans la révélation écrite. Ce don consiste à faire valoir la Parole auprès des âmes, et pour celles qui en profitent et apprennent ainsi à voir dans la Parole ce qui leur était étranger, c'est bien une espèce de révélation. En ce sens, «celui qui prophétise parle aux hommes pour l'édification, et l'exhortation, et la consolation… Celui qui prophétise édifie l'assemblée» (1 Corinthiens 14: 3, 4).

La seconde catégorie des dons comprend les évangélistes, les pasteurs et docteurs, parmi lesquels les évangélistes viennent d'abord. C'est qu'en effet, ce don est de première importance, puisque sans lui les autres n'auraient pas lieu de s'exercer. L'évangéliste annonce la bonne nouvelle de la rédemption, du plein et parfait salut par grâce, et, l'Esprit Saint appliquant la parole de Dieu aux âmes, l'évangéliste les délivre de la puissance de Satan pour les amener à Dieu, et les conduire au rassemblement des membres du corps de Christ sur la terre.

Si l'on ne conçoit l'évangélisation que comme une oeuvre qui a pour objet d'arracher les âmes à la perdition pour les introduire dans le ciel, sans se soucier de la position ecclésiastique et de la marche collective de ces âmes sur la terre, on reste à côté d'une importante pensée de Dieu, de celle qui est relative au corps de Christ sur la terre. Les âmes converties par la prédication de Pierre, de Paul, ou d'autres, étaient ajoutées à l'assemblée des croyants existante dans le lieu où la prédication avait eu lieu, ou, s'il n'existait pas d'assemblée, étaient réunies pour former l'assemblée dans ce lieu-là (Actes des Apôtres 5: 14; 11: 19-26; 13: 1; 14: 23; etc.).

Une fois les âmes amenées dans l'assemblée, elles sont au bénéfice d'autres ministères, — pasteurs et docteurs, — pour être soignées, nourries, instruites, afin de prendre de la croissance, de se perfectionner, de passer de l'enfance à l'état d'homme fait, et de croître et de croître encore, car la mesure de l'état à atteindre, c'est la stature de la plénitude du Christ.

Paître les brebis de Christ, leur enseigner Christ pour les faire croître et les mettre en garde contre les pièges de Satan et les fausses doctrines, tel est spécialement le but du Seigneur en donnant des pasteurs et docteurs. Le don de docteur (celui qui enseigne) peut être spécial, appartenir à un homme qui pénètre dans la Parole, voit la liaison de ses parties et sait l'exposer avec clarté, de manière à jeter la lumière dans l'intelligence au sujet de cette Parole, sans pour cela avoir le tact et le discernement nécessaires au pasteur, mais on conçoit moins que le pasteur ne soit pas en même temps docteur, c'est-à-dire capable d'enseigner. Aussi, l'apôtre joint-il ces deux mots, «pasteurs et docteurs», comme ne formant qu'un seul don. Aussi voit-on que le surveillant ou évêque devait être propre à enseigner; il y avait des anciens qui travaillaient dans la parole et dans l'enseignement (1 Timothée 3: 2; 5: 17; Tite 1: 9).

Tout l'ensemble de ces dons permanents: évangélistes, pasteurs et docteurs, sont donc des ministères de rassemblement et d'édification des âmes; des canaux de bénédiction provenant de la Tête du corps, par le lien que le Saint Esprit a formé et entretient entre Christ et les membres de son corps. Ces dons subsisteront jusqu'à ce que le Seigneur vienne, car jusqu'à ce moment l'Eglise a à croître; nous pouvons le conclure du rapprochement des versets 11 et 13. «Et lui a donné, etc… jusqu'à ce que nous parvenions».

Dans l'épître aux Ephésiens, nous ne trouvons pas des dons, signes de puissance, pour servir de témoignage à ceux de dehors, comme l'étaient plusieurs des manifestations de l'Esprit mentionnées en 1 Corinthiens 12 (voyez 1 Corinthiens 14: 22). — Les langues et les opérations de miracles ont été retirées. Il n'y a dans la Parole aucune indication d'où l'on puisse conclure, qu'ils dussent continuer jusqu'au retour du Seigneur. L'apôtre dit: «Y a-t-il des langues, elles cesseront». Mais les ministères donnés par le Seigneur à son Eglise, continueront tant qu'il y a à croître, selon la parole: «Jusqu'à ce que nous parvenions tous». Et quelle qu'ait été l'infidélité de l'Eglise, quel que soit son état de ruine, les soins du Seigneur ne cessent pas.

«En vue du perfectionnement des saints, pour l'oeuvre du service, pour l'édification du corps de Christ». Le but vers lequel tendent ces ministères exercés par des hommes donnés par Christ glorifié, est le «perfectionnement des saints», Cet effet étant produit dans tous les saints, ce sera pour l'oeuvre du service auquel tous ont à concourir chacun dans sa mesure, — l'oeuvre du service, — l'activité dans l'amour et le dévouement. Et ainsi sera atteint le troisième but, «l'édification du corps de Christ», se développant et grandissant. «L'opération de chaque partie dans sa mesure, produira l'accroissement du corps, pour l'édification de lui-même, en amour» (verset 16), car c'est l'amour seul qui édifie (*) (1 Corinthiens 8: 1).

(*) Le verset 12 n'indique pas trois buts parallèles à poursuivre; c'est ce que montre dans l'original la différence des prépositions. Le but premier, principal, est le perfectionnement; les autres découlent de celui-ci.

 «Jusqu'à ce que nous parvenions tous;» tous les membres du corps, pendant toute la période de l'Eglise, depuis la Pentecôte jusqu'au retour de Christ. Les divers ministères continueront à être donnés et à s'exercer, tant qu'il y aura un corps de Christ sur la terre, et cela en vue d'amener tous les membres du corps à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu. La foi est une: «Il y a une seule foi» (verset 5), et c'est à cela que tous parviennent, à la foi commune à tous les saints, qui comprend toutes les vérités qui se rattachent à la personne et à l'oeuvre de Christ, — l'unité de la connaissance du Fils de Dieu, — connaître tous le Fils de Dieu pleinement révélé.

«La connaissance du Fils de Dieu». C'est la seule fois que le Seigneur est ainsi nommé dans cette épître. A l'égard de ce titre, nous trouvons dans la Parole que le Seigneur est Fils de Dieu, éternellement tel avant la fondation du monde (Jean 1: 1, 14, 18). Puis il est Fils de Dieu, né dans le monde, selon ce qui est dit au Psaume 2 (voyez Luc 1: 35). Ensuite, nous le voyons comme Fils du Dieu vivant, sur lequel l'Eglise est fondée (Matthieu 16: 16-18). Il a été déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts (Romains 1: 4). Il possède la vie impérissable, vie qui, en lui, a traversé la mort et s'est manifestée dans sa résurrection (Apocalypse 1: 17, 18; voyez encore au sujet de ce titre de Fils de Dieu: Jean 9: 35-38; 11: 4; 20: 31; 1 Jean 5: 5, 13). En croyant au nom du Fils, on a conscience d'avoir la vie éternelle (1 Jean 5: 13), et, en croissant dans la connaissance du Fils de Dieu, déterminé tel par la résurrection des morts, on atteint l'état de l'homme fait (Ephésiens 4: 13).

Arrêtons-nous un moment sur cette expression «d'homme fait», ou «parfait». Paul annonçait Christ, tout ce qui est en lui, à tout homme, Juif ou gentil, afin de présenter «tout homme, homme fait ou parfait en Christ» (Colossiens 1: 28). Dans la première épître aux Corinthiens (2: 6), l'apôtre parle de la sagesse de Dieu révélée par l'Esprit, dont on peut parler entre les parfaits ou hommes faits. C'est ce qui se rapporte aux conseils de Dieu à notre égard en Christ: «la sagesse pré-ordonnée avant les siècles pour notre gloire». Ensuite, nous voyons Paul (Philippiens 3: 15, 17) se mettant, pour ainsi dire, à la tête des hommes faits, leur montrant le chemin pour courir droit au but, en laissant ce qui est derrière et tendant avec effort vers ce qui est devant, pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus (verset 14). Enfin, en Hébreux 5: 14, l'apôtre dit que la nourriture solide est pour les hommes faits, — la nourriture solide, c'est-à-dire la parole de la justice, — pour eux qui, par le fait de l'habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal. La parole de la justice a trait, pensons-nous, à la place glorieuse que Dieu, selon ses conseils et selon sa justice, a faite à Christ dans la gloire en vertu de son oeuvre, et nous sommes faits justice de Dieu en lui (*). Les hommes faits sont nourris dans la connaissance de ce Christ glorieux, croissent en lui, et jouissent en lui pratiquement de tout ce que sa position leur confère.

(*) «Le développement de la parole de justice, des vrais rapports pratiques d'une âme avec Dieu, selon son caractère et selon ses voies, s'accomplit dans la mesure de la révélation du Christ qui est la révélation de ce caractère et le centre de toutes ces voies de Dieu… L'Esprit ne veut pas s'arrêter aux éléments (Hébreux 6: 1), en enseignant les chrétiens, mais continuer jusqu'à la pleine révélation de la gloire du Christ qui appartient a l'homme fait, ou, si l'on veut, qui le forme.» (Etudes sur la Parole)

Christ, le Fils de Dieu, est pleinement révélé dans la Parole. Par le moyen des dons qu'il a placés dans l'Eglise et qui présentent sa personne ainsi révélée, les membres du corps croissent par sa connaissance, et s'avancent vers la mesure de la stature de Christ, étant transformés, de plus en plus, à sa ressemblance, par cette connaissance réelle et vivante. «La plénitude du Christ», telle est la mesure de la stature vers laquelle les saints ont à croître; pour Dieu, il ne peut y avoir d'autre mesure en tout, sinon la plénitude (voyez chapitre 3: 19). C'est là le but vers lequel les saints ont à tendre: la stature de la plénitude de Christ, et cela aboutit comme terme à la perfection que nous atteindrons, quand nous lui serons faits semblables, «conformes à l'image de son Fils», selon les conseils de Dieu. Il en est de cette croissance qui a pour terme la stature de la plénitude de Christ, comme de la sainteté pratique que nous poursuivons maintenant, et qui n'est pas autre que celle que nous posséderons dans le ciel.

Ainsi une âme se trouve saisie par la prédication d'un évangéliste; elle est convertie par la grâce, vivifiée par l'action de l'Esprit Saint, sauvée par l'oeuvre de Christ. Elle a tourné le dos à la perdition, et la voilà en route vers ce but excellent: atteindre Christ dans la gloire, être là conforme à lui; c'est là ce qui lui appartient comme membre du corps de Christ, dont elle fait partie du moment qu'elle a cru. Mais sur la route qui aboutit à cela, cette âme rencontre (ou devrait rencontrer) les soins du ministère des pasteurs et docteurs, pour l'instruire dans la connaissance du Fils de Dieu, et la faire croître en Christ vers la mesure de la plénitude de sa stature, à quoi s'ajoute comme terme final, l'état parfait en résurrection. Ainsi, tout ce que cette ,âme reçoit, chemin faisant, se trouve être autant d'acomptes, pour ainsi dire, relativement à cette perfection qu'elle atteindra à la venue du Seigneur. Mais le but du ministère, il ne faut pas l'oublier, c'est de présenter tout homme parfait en Christ, la mesure, c'est la stature de la plénitude du Christ, rien au-dessous.

Ces considérations montrent bien quelle est la valeur, aux yeux du Seigneur, du ministère en exercice de sa part au milieu des siens.

Il ressort aussi de ce que nous venons de voir, que, sauf dans des cas spéciaux, — car la grâce de Dieu est souveraine et il agit comme il lui plaît, — un homme n'est pas converti seul sans l'action d'un ministère. C'est ce que nous montrent clairement les nombreux exemples de conversions rapportés dans les Ecritures: Pierre prêchant aux Juifs et à Corneille; Philippe envoyé à l'eunuque éthiopien, etc. «Comment entendront-ils, sans quelqu'un qui prêche?»… «Ainsi la foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole de Dieu» (Romains 10: 14, 17). De plus, un homme une fois converti, ne peut se perfectionner tout seul. Les ministères sont donnés en vue du perfectionnement des saints. Une âme ne trouvera pas seule, même en lisant sa Bible, ce que le Seigneur veut lui communiquer par le moyen d'autrui. Ne se trompent-ils donc pas grandement, ceux qui croient pouvoir se passer soit de l'enseignement oral, soit de l'enseignement écrit, présenté par le moyen des dons que le Seigneur a placés dans l'Eglise? Ne méconnaissent-ils pas la grâce qu'il montre en les donnant? Selon la nature, un enfant ne peut pas se donner le jour tout seul, et une fois né, il ne saurait se nourrir seul, ainsi en est-il d'une âme et de la vie de Dieu dans cette âme.

Le verset 14 de notre chapitre, montre précisément que les divers ministères établis par le Seigneur en vue des soins à donner aux membres de son corps, ont pour objet de les faire sortir de l'état d'enfance, afin d'échapper à l'agitation et à l'inconstance produites par la réception de toutes sortes de doctrines humaines qui, de même que les vents soufflant de tous côtés emportent et ballottent çà et là un navire sans gouvernail, poussent dans toute espèce de pensées diverses un esprit peu affermi dans la connaissance de la vérité. Ces spéculations trompeuses des faux docteurs sont présentées avec habileté et conduisent les âmes dans l'erreur par des voies détournées. On s'écarte d'abord un peu, tant soit peu de la vérité, mais l'écart grandit à chaque pas, par quelque subtilité nouvelle. Et remarquons qu'au fond de toute erreur, il y a toujours une tendance morale, le fruit du coeur corrompu. C'est «la tromperie des hommes», c'est «l'habileté», ou la ruse, pour détourner de la vérité. «Le coeur est trompeur par-dessus tout», et l'ennemi se sert de ce coeur pour égarer les âmes.

«Afin que nous ne soyons plus de petits enfants». L'état d'enfance est un état normal au commencement de la vie chrétienne. La caractéristique des petits enfants, en 1 Jean 2: 13, c'est qu'ils connaissent le Père. Or on ne peut le connaître que par le Fils (Matthieu 11: 27; Jean 1: 18); et l'on ne peut avoir conscience d'une relation avec le Père que par le sceau du Saint Esprit (Romains 8: 15, 16; Galates 4: 6, 7; 1 Jean 2: 20, 27). Ainsi l'état du petit enfant, dans le chapitre 2 de la 1re épître de Jean, est bien l'état chrétien, mais susceptible de croissance. Et cet état est plus élevé que celui du plus grand des justes de l'ancienne économie, puisque ceux-ci n'étaient pas scellés du Saint Esprit et ne jouissaient pas de l'adoption.

Mais lorsque, faute de croître, les chrétiens, malgré le temps écoulé depuis leur conversion, ne sont pas même arrivés à l'état normal du petit enfant, décrit en 1 Jean 2, cette enfance-là est un état anormal (voyez comme exemples, 1 Corinthiens 3: 1, 2; Hébreux 5: 11-13). Comme l'a dit quelqu'un: «ce sont des nains spirituels». Si tous les chrétiens mettaient à profit les soins du Seigneur à leur égard, par les ministères donnés par lui, il n'existerait pas de petit enfant à l'état anormal, état aussi inférieur à celui des petits enfants de 1 Jean 2, que l'état d'un adulte, dont l'esprit ne s'est point développé depuis la toute première enfance, l'est à celui d'un enfant qui a l'intelligence propre à son âge.

Le terme enfants est opposé à hommes faits. L'apôtre veut que le chrétien laisse l'enfance et sa faiblesse, et croisse vers l'état d'homme fait.

(Verset 15). «Mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à lui qui est le Chef, le Christ». Ce verset forme un contraste frappant avec le précédent. Etre vrai est opposé à la tromperie des hommes, et croître en toutes choses est opposé à rester des enfants chancelants. La vérité et l'amour ont caractérisé Christ d'une manière parfaite (Jean 1: 17); ils doivent caractériser le chrétien: ce sont les éléments constitutifs de sa vie qui est celle de Christ. Ces deux choses vont toujours ensemble dans la Parole: on ne saurait les séparer (2 Jean 1-3; 1 Corinthiens 13: 6). Ensemble, elles produisent l'accroissement vers lui, Christ, qui est le Chef. C'est une croissance ascendante qui a Christ pour terme. On croît jusqu'à lui où il est, dans la gloire, et là, Chef (ou Tête) du corps. Il n'est pas dit: croître jusqu'à lui, le Sauveur; car le salut est une chose accomplie et que tout chrétien possède parfaitement; mais jusqu'à lui, le Chef du corps, ce qui suppose la connaissance et la réalisation de la notion du corps de Christ, dont il est la Tête de laquelle découle vie et force, comme nous le voyons au verset suivant. On croît bien individuellement, mais ensemble, comme membres du corps, vers Celui qui est le Chef. C'est un développement moral, résultat de la vie du Chef en nous. «Croître en toutes choses», dans toutes les vertus chrétiennes (voyez 2 Pierre 1: 5-11), dans tout ce dont nous voyons l'expression parfaite en Christ.

(Verset 16). «Duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour».

«Tout le corps», l'Eglise, cet ensemble comparé à un corps humain, organisé, bien coordonné dans toutes ses parties qui toutes sont solidement liées entre elles, de manière à former un tout.

«Chaque jointure du fournissement», ce qui lie les unes aux autres ces parties et les fait communiquer entre elles. Elles n'agissent pas seules et indépendamment l'une de l'autre, mais ont une relation et une communication mutuelles.

«L'opération de chaque partie dans sa mesure». Chaque partie opère, agit, fournit sa part à l'ensemble, selon la force et dans le sens qui lui sont propres, de manière à être en harmonie avec l'ensemble.

«Duquel tout le corps;» c'est Christ, la Tête glorifiée du corps, duquel découlent la vie, la force, la grâce, dans chaque partie, et qui produit ainsi l'accroissement général du corps, pour l'édification de lui-même, c'est-à-dire pour l'édification du corps. Le corps, l'Eglise, est comparé à une construction, un édifice qui s'élève.

«En amour». Ce qui est l'âme et la vie présidant à ce mouvement de croissance du corps, c'est l'amour, provenant aussi de Christ; l'amour dans le coeur de chaque membre. Ainsi, comme l'a dit quelqu'un: «Du Chef découle, par le moyen de ses membres, la grâce nécessaire pour accomplir l'oeuvre d'assimilation à lui-même. Son corps, bien uni, s'accroît par l'opération de sa grâce dans chaque membre, et s'édifie en amour».

Et le même dit encore: «Le verset 11 parle des dons spéciaux et des dons permanents; le verset 16 de ce que chaque jointure fournit à sa place. Les uns et les autres ont leur action dans la formation et la croissance du corps».

Quel agencement admirable que celui du corps de Christ! On peut lui appliquer ces paroles du Psaume 139 au sujet du corps humain: «Je te célébrerai de ce que j'ai été fait d'une étrange et admirable manière; tes oeuvres sont merveilleuses, et mon âme le sait très bien».

Au verset 17, commencent les exhortations pratiques relatives à la marche individuelle des membres du corps de Christ. Ce fait, que les chrétiens sont membres de ce corps, n'est jamais oublié dans cette épître (versets 25; 5: 30). Mais les exhortations, bien que nous concernant tous, sont adressées plus spécialement aux chrétiens d'Ephèse qui sortaient du paganisme. C'est pourquoi, les versets 17 à 19 décrivent l'état et la marche d'un pauvre gentil dégradé, d'un homme privé entièrement de la parole de Dieu. Mais, au fond, c'est l'état de l'homme naturel, c'est la marche de l'homme qui ne veut pas de Dieu. Quelle application cela ne trouve-t-il pas de nos jours, dans notre siècle de civilisation et de lumières, comme on dit, mais dans lequel l'homme s'attache à exclure Dieu!

Les versets 20 à 24 expriment, par un contraste saisissant, le vrai caractère, le vrai état d'un chrétien, caractère et état d'où découle aussi sa marche.

(Versets 17-19). Le «donc» du verset 17, rattache les exhortations au verset 1. L'apôtre, au verset 1, a rappelé son titre de prisonnier dans le Seigneur, comme un motif puissant pour le coeur des Ephésiens à marcher d'une manière digne de leur appel. Ici, il atteste ou témoigne dans le Seigneur ce qu'il va dire. Il revêt sa parole de l'autorité du Seigneur. La marche chrétienne doit différer du tout au tout de la marche des nations. Il s'agissait alors des nations païennes, parmi lesquelles avaient été les Ephésiens. Maintenant, la marche du chrétien doit aussi différer totalement de celle du monde, dans lequel il était avant sa conversion.

La marche dépend de l'état, et nous avons ici un tableau frappant de l'état d'un homme sans Dieu, comme l'étaient les païens. L'entendement, qui comprend les facultés intellectuelles, est la partie la plus élevée dans l'homme. C'est la source de ses pensées. Mais l'entendement, ce qui devrait diriger l'homme, étant obscurci, les pensées, au lieu de se porter vers ce qui est vraiment bon et permanent, se dirigent vers des choses vaines, de néant, qui laissent l'âme vide. La cause première de cet état de ténèbres, c'est qu'ils sont étrangers à la vie de Dieu. Ils vivent de la vie naturelle pour les choses visibles et qui passent, mais la vie spirituelle, dont Dieu est la source, dans laquelle on le connaît et l'on jouit de lui, cette vie qui est en même temps la lumière de l'entendement, et ramène les pensées de la vanité aux choses réelles et immuables, cette vie-là, ils y sont étrangers. Etre étranger à la vie de Dieu, c'est d'une manière pratique être sans Dieu ou athée.

Or la cause en est «l'ignorance qui est en eux». Nous savons, par Romains 1: 18-23, que, si les païens n'avaient pas la connaissance de Dieu, du moins de son existence comme Créateur tout-puissant, c'est qu'ils s'étaient égarés dans de vains raisonnements, et ainsi étaient tombés dans l'idolâtrie; mais la cause plus profonde de cette chute était morale. Ici, elle est exprimée par ces mots: «à cause de l'endurcissement de leur coeur». Le coeur est le siège des affections et en même temps du sens moral. Le coeur étant endurci, les affections se détournent de leur vrai objet, et le sens moral paralysé ne permet plus de discerner le bien et le mal. Ainsi les ténèbres dans l'entendement et l'endurcissement du coeur avec l'éloignement de la vie de Dieu et l'ignorance, voilà l'état de chute profonde où se trouvaient ces païens. Etat naturel de l'homme, hélas!

La conséquence de cet état se traduit dans la marche (verset 19). Le sentiment moral étant perdu, il n'y a plus ni honte, ni remords, et l'homme se plonge avec une ardeur insatiable dans tout ce qui peut gratifier ses sens, — insatiable, car en satisfaisant ses convoitises, il ne peut jamais les assouvir, et il ne peut non plus répondre au besoin caché de bonheur qui est en lui.

(Versets 20-24). A ce triste tableau de l'état qui caractérise le vieil homme, l'apôtre oppose celui du nouvel homme. Il procède de la même manière qu'au chapitre 2. Là, dans les versets 11 et 12, il rappelle aux Ephésiens leur état collectif comme païens, puis dans les versets suivants, il dépeint leur nouvel état collectif comme chrétiens, associés aux Juifs convertis, et jouissant des mêmes privilèges qu'eux. De même ici, à l'ancien état individuel, il oppose le nouveau. Mais cet état est absolument nouveau. Ce n'est pas une amélioration de l'ancien. Et cela l'est si peu, que l'apôtre le présente comme une création (voyez 24; comparez avec 2: 10). C'est le nouvel homme, et la vérité de cet homme nouveau est en Jésus, — la vérité, soit quant à ce qui le constitue, soit quant à la marche. En effet, Christ est l'expression parfaite de ce qu'est un chrétien. En lui, l'état et la marche étaient une seule et même chose. Les versets 17-19 nous ont montré l'homme sans la vie de Dieu; les versets 20-24 nous montrent la vie avec Dieu, ou plutôt la vie de Dieu dans l'homme.

(Verset 20). «Vous n'avez pas ainsi appris le Christ». Ce qui vient de Christ, ce qui se trouve en lui, est totalement différent de l'état précédent. A la place de l'ignorance, le chrétien, enseigné de Dieu, a la connaissance de Christ. Sa connaissance se résume en celle d'une personne. Mais cette personne est le Christ, le Messie, nom officiel de Celui en qui se trouve la parfaite vérité morale, qui est lui-même la vérité et la pleine expression de l'état nouveau et selon Dieu, dans lequel se trouve le chrétien. Avoir appris le Christ, c'est avoir acquis la connaissance réelle et du coeur de tout ce qui concerne cette personne. C'est l'homme qui est mort, qui a été ressuscité, et qui est exalté dans le ciel.

(Verset 21). «Si du moins vous l'avez entendu et avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus». Mais pour apprendre Christ, il faut l'avoir écouté et avoir reçu cet enseignement. «En lui», va plus loin encore que d'avoir écouté; c'est avoir pénétré ce qu'est Christ et ce qui est en Christ; c'est être entré dans la réalité et l'intimité de sa vie, d'une vie qui est la nôtre. Et l'on est instruit ainsi «selon que la vérité est en Jésus». Jésus est le nom que portait sur la terre, parmi les hommes, cette personne adorable, le Fils de Dieu, et qui y a marché dans une justice, une sainteté et une pureté entières. Combien ce nom convient ici, où il va parler de notre marche. La vérité est l'expression juste et parfaite de ce qu'est une chose, ou de ce que sont les choses, comme aussi de leurs relations entre elles. Jésus, Dieu devenu un homme, est la vérité à l'égard de toutes choses et l'a manifestée dans toutes ses voies ici-bas. Il met toutes choses en lumière, et dévoile ce qu'elles sont en réalité. La vérité est en lui, mais ici particulièrement à l'égard de ce nouvel état de l'homme, du nouvel homme, en qui est la vie de Dieu, et dont lui est l'expression parfaite, comme étant Dieu manifesté en chair.

Les versets suivants vont nous montrer quel est le résultat d'avoir appris le Christ, de l'avoir écouté et d'avoir été instruits en lui selon la réalité de la vie qui a été manifestée en Jésus.

(Verset 22). En premier lieu, c'est quant à la vie et la conduite précédente décrites plus haut (versets 17-19), d'avoir dépouillé le vieil homme. De nouveau, l'apôtre caractérise ce vieil homme, cet ancien état qui tient à notre nature déchue. Il se corrompt, se dégrade de plus en plus et se détruit, par le fait qu'il cède aux convoitises qui le séduisent, le trompent et le séparent toujours plus de Dieu, source de la vie et du bonheur. Le chrétien instruit selon que la vérité est en Jésus, a dépouillé le vieil homme, en a fini avec lui, avec les convoitises trompeuses et la corruption qui en est la suite. Le vieil homme a trouvé sa fin à la croix de Christ; là il a été crucifié avec Christ (Romains 6: 6). Ce dépouillement correspond donc à la mort avec Christ (comparez 1 Pierre 3: 18; 4: 1). Et remarquons bien qu'il n'est jamais dit que le chrétien doit faire mourir le vieil homme, ni qu'il doit le dépouiller. C'est une chose faite. Mais la conséquence de ce que notre vieil homme a été crucifié, est que nous devons nous tenir pour morts au péché (voyez Romains 6: 11, et le passage cité de Pierre); et la conséquence d'avoir dépouillé le vieil homme est le reniement de tout ce qui constituait son état et sa marche (voyez notre chapitre, verset 25).

(Verset 23). L'apôtre entre maintenant dans la description de ce qui constitue le nouvel état de l'homme, le vieil état étant dépouillé, mis de côté, comme une chose avec laquelle on n'a plus rien à faire. Dans cet ancien état, l'entendement était obscurci ou aveuglé, et les pensées vaines; maintenant, le chrétien a appris le Christ et a été instruit en lui «à être renouvelé dans l'esprit de son entendement», c'est-à-dire qu'éclairé par la lumière divine résultant de la connaissance de la vérité en Jésus, ses yeux étant ouverts, il y a dans son âme un courant de pensées tout nouveau et permanent, se portant vers les choses de Dieu, les seules réelles et durables (2 Corinthiens 4: 16-18). Remarquons qu'il n'est pas dit «avoir été renouvelés», mais «être renouvelés», ce qui implique la continuation de l'action (voyez 2 Corinthiens 4: 16).

(Verset 24). Ensuite, le chrétien a revêtu «l'homme nouveau». Pour bien comprendre ce qu'est cet homme nouveau, rappelons encore les traits du vieil homme: point de vie de Dieu, l'erreur et la déception, l'injustice et la souillure, tel nous l'avons vu. Mais l'homme nouveau (Christ en est le modèle parfait, et de même la vie du nouvel homme en nous découle aussi de lui) est «créé selon Dieu», — d'après la nature et le caractère de Dieu, — «en justice et en sainteté de la vérité». L'expression «créé» montre bien qu'il ne s'agit nullement d'une amélioration de l'ancien état. De plus, ce mot porte l'esprit sur la puissance nécessaire pour produire ce nouvel état — c'est l'excellente grandeur de la puissance divine qui s'est montrée dans la résurrection de Christ. La puissance et les efforts de l'homme n'y sont pour rien. Enfin, cette création du nouvel homme rappelle bien celle d'Adam, le premier homme, mais il y a une complète différence avec le nouvel homme qui a pour type parfait Christ, le second homme. Et c'est pourquoi l'on ne peut dire que le revêtement du nouvel homme soit la restauration en l'homme de l'image divine, effacée et souillée par le péché. C'est autre chose et infiniment plus. Comme quelqu'un l'a dit, à propos du premier homme: «Dieu souffla dans les narines de l'homme une respiration de vie, et ainsi l'homme devint une âme vivante en relation immédiate avec Dieu lui-même… Il créa l'homme à son image… Il est la créature de Dieu, le chef et le centre de tout le reste, le dominateur sur tous. Mais quoique l'homme représente Dieu et soit fait à sa ressemblance, il n'est question ici ni de justice, ni de sainteté. Celles-ci furent introduites par la rédemption et la participation à la nature divine. Il y avait l'absence du mal, et, jusque-là, la ressemblance de Dieu; mais il y avait aussi l'ignorance du mal, et non ce que Dieu est par rapport au mal. Nous avons ici la position de l'homme plutôt que sa nature, quoique l'absence du mal et la source d'affections qui se répandaient au dehors de lui comme centre, eussent dû se trouver en lui, s'il ne fût pas tombé. Ces dernières choses étaient plutôt la ressemblance, la position était plutôt l'image».

Voilà le premier homme avant la chute. Le nouvel homme est «créé selon Dieu», d'après la nature de Dieu. Cette création implique la possession de la vie. Nous sommes «participants de la nature divine», et par suite de la vie de Dieu, de la vie spirituelle. Ce n'est pas une respiration de vie soufflée en nos narines, mais c'est la vie même de Christ ressuscité (voyez Jean 20), la vie du dernier Adam, un esprit vivifiant (1 Corinthiens 15: 45). Ce passage montre la supériorité de la vie du nouvel homme sur celle d'Adam, le premier homme. Mais de plus créé selon Dieu, implique aussi le caractère de Dieu dans le nouvel homme. C'est ce qu'expriment ces paroles: «en justice et sainteté de la vérité», C'est plus que «justice et sainteté véritables», bien que ce soit exact. Justice et sainteté de la vérité, exprime qu'elles sont dans le nouvel homme selon toute la vérité qui est en Jésus. Cette justice et cette sainteté découlent de ce qu'est Jésus qui les possédait en lui et les a présentées d'une manière parfaite dans sa marche. «Toutes choses ont leur vrai caractère aux yeux de Dieu. Il juge justement de toutes, soit moralement, soit en puissance. Il agit selon ce jugement. Il est juste. Il connaît aussi parfaitement le mal, étant lui-même le bien, et il a le mal en parfaite horreur, de sorte que sa propre nature le repousse. Il est saint. Or le nouvel homme, créé d'après la nature divine, l'est ainsi en justice et sainteté de la vérité». La justice consiste dans la marche intelligente de l'homme de Dieu selon ses devoirs dans les relations diverses où il se trouve. La sainteté consiste à rejeter tout ce qui est contraire à la nature de Dieu, dans nos coeurs et dans nos voies.

Tel est donc l'état et la vie du nouvel homme ce qui suit nous montrera dans les détails, les conséquences qui en résultent dans la marche du chrétien. Cela est amené par le commencement du verset 25: «C'est pourquoi», qui rattache les exhortations pratiques qui suivent à ce que l'apôtre a présenté.

Le chrétien ayant dépouillé le vieil homme, la chose étant considérée comme faite, l'apôtre ne dit pas: «C'est pourquoi, dépouillant le mensonge», mais «ayant dépouillé». Dans l'épître aux Colossiens, nous lisons simplement: «Ne mentez point l'un à l'autre, ayant dépouillé le vieil homme» (3: 9); ici, l'apôtre va plus loin, il ajoute un précepte positif: «Parlez la vérité chacun à son prochain». Il ne s'agit pas seulement de s'abstenir de mentir, de tout ce qui a le caractère de la fausseté, mais d'avoir un langage vrai, exempt d'équivoque, sans dissimulation. Et cela est fondé d'une part sur ce que nous avons été instruits «selon que la vérité est en Jésus», et d'une autre sur ce que «nous sommes membres les uns des autres». Ne pas dire la vérité, à un membre du corps de Christ, vaut autant que se tromper soi-même. Remarquons de plus, comme l'apôtre rattache les devoirs les plus ordinaires aux vérités les plus élevées du christianisme. Ainsi, le premier trait caractéristique du nouvel homme dans la vie pratique, c'est la vérité.

(Verset 26). «Mettez-vous en colère et ne péchez point». Le chrétien ne peut rester impassible devant le mal. Il lui est dit: «Ayez en horreur le mal». Comment, en le voyant commettre, n'éprouverait-il pas de l'indignation? Aussi voyons-nous, par différents passages de la Parole, qu'il y a une sainte indignation. Moïse descendant de la montagne et voyant l'idolâtrie du peuple, est embrasé de colère et brise les tables (Exode 32: 19, 20). Etait-ce à cause de lui? Par un sentiment personnel? Non; mais il était ému à cause de l'Eternel méprisé et déshonoré par son peuple. Du Seigneur, il est dit que, «les ayant regardés tout à l'entour avec colère, étant attristé de l'endurcissement de leur coeur» (Marc 3: 5); pourquoi? Parce que Dieu était déshonoré par l'incrédulité des Juifs. Paul, de même, à Athènes, voyant l'idolâtrie extraordinaire du peuple de cette ville, «était excité au dedans de lui» (Actes des Apôtres 17: 16), mais ce mot excité exprime l'indignation. N'était-ce pas aussi le sentiment du déshonneur jeté sur Dieu par l'idolâtrie de ces païens qui se vantaient de leurs lumières? Nous voyons donc que ce n'est pas sans raison que le verbe est à l'impératif. On ne doit pas rester indifférent devant le mal. Il est des cas où l'on peut donner essor à une sainte indignation. Mais l'apôtre ajoute: «Et ne péchez pas». Si, dans le Seigneur Jésus, expression parfaite du nouvel homme, la colère est toujours restée sainte et légitime, il n'en est pas de même pour nous. La chair est en nous, et le moi est aisément mis en jeu; ni l'un ni l'autre ne doivent agir, car alors il y a péché. Le motif doit être en dehors de nous, selon Dieu, et si nous éprouvons ce sentiment de colère, il doit toujours être en accord avec la présence de Dieu.

Aussi est-il ajouté: «Que le soleil ne se couche pas sur votre irritation». Ne gardez pas en vous ce qui risquerait de devenir de la rancune, de la haine, un esprit de vengeance, une chose, enfin, où la chair aurait sa part, ce qui donnerait «occasion au diable». Chose bien sérieuse! Il y a un prince de ce monde, un ennemi rusé, subtil et toujours vigilant, à qui nos manquements donnent accès en nous. Le mensonge et la haine l'ont toujours caractérisé (Jean 8), et ce sont aussi les caractères du vieil homme. Mais l'homme nouveau qu'anime l'Esprit Saint, est caractérisé par la vérité et la haine du mal qu'il juge, mais sans esprit de ressentiment. Le soleil ne se couche pas sur son irritation. Rien n'interrompt sa paisible communion avec Dieu.

(Verset 28). Un troisième trait de la vie du nouvel homme, c'est la justice pratique, consistant non seulement à ne pas faire tort, mais à donner à qui est dans le besoin. Ce n'est pas seulement éviter le mal, mais faire le bien. La loi se bornait à dire: Tu ne déroberas pas. En rapport avec cela, le travail est recommandé. L'apôtre en avait donné l'exemple (Actes des Apôtres 20: 34, 35). Mais ce n'est pas tout genre de travail. Toute occupation et toute profession ne conviennent pas au chrétien; elle doit être selon Dieu; il faut faire de ses mains «ce qui est bon». L'expression «celui qui dérobait», a un sens plus étendu que celui qui s'appliquerait à des vols manifestes. Ce serait s'approprier le bien d'autrui par des moyens détournés, les fraudes quelconques. Combien de nos jours, le chrétien même doit être sur ses gardes à cet égard. Et s'il est tombé dans quelque faute à ce sujet, qu'il écoute l'exhortation de l'apôtre: «Que celui qui dérobait, ne dérobe plus».

(Verset 29). Nous voyons ici, comme quatrième trait, que, selon le nouvel homme, la bouche du chrétien ne doit exprimer que ce qui est bon, et s'abstenir de ce qui est corrompu en fait de paroles. Ici encore, nous avons les deux côtés: «Qu'aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche». Le mot traduit par déshonnête signifie littéralement pourri, corrompu, comme un fruit gâté. Une telle parole est celle qui provient du vieil homme qui «se corrompt;» elle ne peut que communiquer ce qu'elle porte en elle-même, la corruption du péché. Elle ne doit pas sortir de la bouche, du chrétien. En contraste avec cela, l'apôtre recommande que les paroles qui sortent de la bouche, soient «bonnes», l'expression des saintes pensées du nouvel homme; alors elles produiront «l'édification selon le besoin» de celui à qui elles s'adressent; car nous avons à user de discernement provenant de la grâce qui remplit le coeur, ces paroles en communiqueront quelque chose à ceux qui les entendent. Quel principe merveilleux — principe divin qui régissait toute la vie du Sauveur, et qui est introduit dans le chrétien qui a revêtu le nouvel homme: faire du bien par ses actes et ses paroles!

(Verset 30). S'il y a en dehors de nous le prince de ce monde, le diable qui cherche une occasion pour entrer, il y a en nous — dans le chrétien — un hôte divin: le Saint Esprit, appelé ici l'Esprit de Dieu, parce qu'il s'agit, dans tout ce passage, du caractère de Dieu reproduit dans l'homme nouveau. Il est en nous comme le sceau de Dieu indiquant que nous sommes à lui, ainsi que le manifestera «le jour de la rédemption;» c'est-à-dire ce jour glorieux où nos corps aussi seront transformés à la ressemblance de Christ. Cette présence du Saint Esprit dans le chrétien complète son caractère: il a revêtu le nouvel homme, et l'Esprit de Dieu est en lui. Cet Esprit est la puissance de sa vie. C'est pourquoi, l'apôtre ajoute aux exhortations précédentes celle-ci: «Et n'attristez pas le Saint Esprit de Dieu». Que rien, dans votre vie et votre marche, pensées, paroles et actes, ne vienne entraver son action. Qu'il y ait jugement constant de vous-mêmes, et dépendance de Dieu. Sans quoi, l'Esprit de Dieu est attristé, et, au lieu d'être pour nous une source de joie et de force, nous sommes malheureux et faibles. Il nous accuse plutôt. Pouvons-nous nous excuser quand nous manquons, en disant que c'est la chair qui a agi? Le Saint Esprit est là, pour que vous teniez la chair en bride.

(Verset 31). Ainsi que toute expression de la méchanceté du vieil homme soit ôtée du milieu des chrétiens, sans que rien soit excepté. Remarquez ce mot tout répété six fois, ne laissant place à aucune excuse pour la moindre manifestation de ces traits de la nature corrompue et qui tous se rapportent à l'esprit de haine et de violence. «Toute amertume», ce sentiment d'humeur qui provient de ce que l'on repasse en soi les fautes réelles ou imaginaires des autres contre vous; «tout courroux, et toute colère», c'est la passion, l'irritation, le ressentiment, provenant de ce que l'on est ou se croit offensé; «toute crierie, et toute injure», c'est l'expression par des paroles des mauvais sentiments dont il est parlé plus haut. Nous voyons la triste gradation de ces choses. Une amertume non jugée produit l'irritation, qui à son tour amène les cris et les injures. Tout cela ne doit pas se trouver au milieu des chrétiens. Mais il y a une racine à ces choses, c'est «toute malice», tout sentiment mauvais envers les autres, et cette racine doit être jugée et arrachée.

(Verset 32). Comme dans les exhortations précédentes, après les sentiments et actes mauvais du vieil homme que le chrétien a dépouillé, sentiments et actes que, par conséquent, il doit répudier, nous avons les sentiments qui conviennent au nouvel homme selon le caractère de Dieu imprimé en lui, et que le chrétien a à manifester dans sa vie. Le verset 32 nous montre ce contraste.

Au lieu de l'amertume, c'est le pardon de tout ce en quoi les autres auraient pu nous avoir blessés, offensés, ou fait tort. Et ici, c'est Dieu lui-même qui nous est présenté comme modèle; Dieu qui nous a pardonné en Christ tous ces péchés, par lesquels nous l'avons offensé, et vis-à-vis desquels les plus grandes fautes des autres envers nous ne sont rien. «En Christ», ne nous rappelle-t-il pas le prix auquel il a pu nous pardonner; et Celui en qui il nous a manifesté son amour? L'esprit de pardon et de support, c'est ce qui doit exister avant tout.

Au lieu de la colère et du courroux, la compassion pour ce que souffrent les autres, la tendre sympathie et les consolations qui en découlent. Et au lieu de la crierie et des injures, la bonté les uns envers les autres, la douceur, et un esprit paisible et patient, qui relève et encourage; des paroles aimables sortant d'un coeur qui, vivant avec Dieu, désire le bien de ses frères. Alors où sera la place pour la malice? Où les mauvais sentiments pourront-ils germer, si les bonnes herbes remplissent toute la place? Mais comme nous le verrons, c'est l'amour qui est la racine de tout cela, l'amour puisé à sa source, en Dieu qui est amour.

Chapitre 5

Les deux premiers versets de ce chapitre appartiennent, à proprement parler, au chapitre précédent. Le dernier verset nous a parlé de la bonté et de la compassion que nous avons à exercer les uns envers les autres, de l'esprit de pardon dont nous devons être animés, et l'apôtre a placé devant nos coeurs, comme modèle, Dieu nous pardonnant en Christ. Cela conduit naturellement la pensée vers la source de ce pardon, l'amour de Dieu qui nous l'accorde, l'amour de Christ par qui nous le possédons. En même temps, ce qui est dit: «Comme Dieu vous a pardonné», amène l'apôtre à placer devant nous plus complètement ce qui doit être la mesure de notre marche: Dieu lui-même.

(Verset 1). «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants». Participants de la nature divine, étant avec Dieu dans une relation filiale — ses enfants bien-aimés — et ayant en nous son Esprit, nous avons à imiter notre Père, à reproduire son caractère ici-bas, et le caractère qui nous est présenté ici, c'est l'amour: «Et marchez dans l'amour». Il ne peut y avoir pour des enfants de Dieu de mesure inférieure à celle-là: «être imitateurs de Dieu».

(Verset 2). Mais à l'exhortation de marcher dans l'amour, l'apôtre ajoute un motif puissant et, en même temps, place devant nous l'exemple parfait de Celui qui, comme homme, a marché ainsi: «Et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». Ce n'est plus seulement une disposition du coeur conduit par la grâce de Dieu, et qui oublie et pardonne les torts des autres; c'est plus: c'est l'amour dans son activité, dans son dévouement constant, dans l'oubli entier de soi-même pour les autres; c'est l'atmosphère dans laquelle on vit moralement, qui vous entoure, et qui répand son parfum, son influence dans toute la conduite: «marchez dans l'amour».

L'expression parfaite de cette marche ici-bas a été Christ: «Comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous». Qu'étions-nous quand il nous a aimés? Quelles misérables créatures! Dans quelle abjection nous trouvions-nous! Il n'y avait en nous que ce qui était digne d'être haï. C'est alors qu'il nous a aimés. Son amour a puisé en lui-même tous ses motifs pour se porter sur nous. Il a été parfaitement pur et désintéressé. Puis il a donné la preuve de cet amour: «Il s'est livré lui-même pour nous». C'est là, en effet, la vraie caractéristique de l'amour, c'est de se donner. C'est tout le contraire de l'égoïsme qui rapporte tout à soi, même dans les affections. Mais le vrai amour s'oublie et se donne. Tel fut celui de Christ. «Personne, dit-il, n'a un plus grand amour que celui-ci, qu'il laisse sa vie pour ses amis». «Par ceci, nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour nos frères».

Il ne s'agit pas ici du sacrifice de Christ pour le péché, car dans cette offrande de lui-même pour ôter le péché, nous ne saurions évidemment le suivre comme modèle. Ce qui est présenté, c'est le fait de son dévouement et de son amour incomparable qui l'a conduit à se livrer pour nous, à donner sa précieuse vie, comme les passages cités plus haut le présentent aussi. C'est pourquoi aussi l'apôtre ajoute: «Comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». Sous la loi, les seuls sacrifices caractérisés comme étant de «bonne odeur» à l'Eternel, étaient l'holocauste, l'offrande de gâteau et les sacrifices de prospérité, mais non les sacrifices pour le péché. Les premiers représentent l'offrande parfaite et volontaire de Christ lui-même à Dieu; c'est à ceux-là que Paul fait allusion.

Mais s'il s'est livré pour nous, c'est dans une consécration et un dévouement parfaits à Dieu, Celui dont, en toutes choses, il avait en vue la gloire. Il s'est livré pour nous, mais comme offrande et sacrifice à Dieu. Le mobile qui l'a fait se dévouer pour nous, c'est l'amour qui puise ses motifs en lui-même, dans son propre fond.

L'objet de ce dévouement, c'est autrui. L'amour se satisfait en se dépensant. On se donne pour les autres; cela coûte quelque chose (à Christ sa propre vie); mais le tout n'est que l'expression d'un coeur consacré à Dieu et qui s'offre à lui. En cela donc, nous pouvons suivre Christ. Ainsi que l'a dit quelqu'un, en parlant des sacrifices d'agréable odeur représentant Christ: «Nous pouvons, à un point de vue inférieur, il est vrai, voir le chrétien comme nous étant présenté ici, car il doit offrir son corps en sacrifice vivant. Il doit, par les fruits de l'amour, présenter des sacrifices de bonne odeur, acceptables pour notre Dieu, par Jésus Christ». En résumé donc, le motif suprême de dévouement, c'est Dieu; le mobile et la source, c'est l'amour; les objets, ce sont les autres. On se donne pour eux, mais on s'offre à Dieu en le faisant; pour nous, comme ce l'était pour Christ d'une manière parfaite, c'est le secret du vrai service.

Dieu est amour, et Dieu est lumière. Nous venons de voir, aux versets 1 et 2, la marche dans l'amour, comme imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants; plus loin, — verset 8 et suivants, — nous aurons la marche dans la lumière, qui répond à ce second caractère essentiel de Dieu; et c'est à quoi les versets 3 à 7 sont une introduction tout à fait appropriée.

Le pardon qui nous a été accordé, l'amour dont nous sommes aimés, ne doivent pas nous faire perdre de vue les droits de la sainteté de Dieu. Le chrétien, qui a revêtu le nouvel homme, doit donc prendre garde à ce que la corruption du vieil homme ne se glisse pas dans les rapports qu'il soutient avec les autres chrétiens. C'est ce que nous montrent les versets 3 à 7.

Remarquons que l'apôtre base son exhortation aux chrétiens, non pas maintenant sur ce qu'ils sont des bien-aimés de Dieu, mais des saints, mis à part pour Dieu, pour répondre dans leur vie tout entière, au caractère de Celui dont les yeux sont trop purs pour voir le mal. Il convient à des saints que leurs paroles soient pures, exemptes de légèreté, de tout ce qui blesserait la bienséance. Ainsi, non seulement les chrétiens ont à s'abstenir de toute impureté et de toute cupidité dans leurs actes, mais ils doivent être séparés de ces choses, à ce point que leur bouche ne les nomme même point dans leurs conversations entre eux. «Parmi vous;» la société chrétienne doit être sainte en tout. De l'abondance du coeur la bouche parle; si nous sommes occupés de Dieu et de Christ, les choses malséantes ne se trouveront pas sur nos lèvres, mais «bien plutôt les actions de grâces». De sorte que, comme toujours dans ces exhortations de l'apôtre, nous avons ce qui se rapporte au dépouillement du vieil homme, ce dont il y a à s'abstenir, et le côté positif et béni qui tient à la vie de Dieu dans le nouvel homme — des actions de grâces sortant du coeur et exprimées par les lèvres, au lieu des choses impures, honteuses et légères. Quel contraste!

(Verset 5). L'apôtre en appelle, pour appuyer son exhortation, à ce que les Ephésiens savaient, à ce que tout chrétien doit savoir: c'est «qu'aucun fornicateur, ou impur, ou cupide (qui est un idolâtre), n'a d'héritage dans le royaume du Christ et de Dieu». Le caractère de Dieu ne peut changer; le mal ne peut être toléré, là où il règne, car il est saint; le chrétien le sait et c'est pourquoi, même en paroles, il ne doit rien avoir à faire avec ce qui exclut les méchants du royaume du Christ et de Dieu, et ne pas traiter ces choses à la légère. Rien ne doit le souiller: «Soyez séparés, et ne touchez pas à ce qui est impur», dit le Seigneur.

La cupidité, le désir, quel qu'il soit, de s'approprier et de garder pour soi une chose, y mettant et y attachant son coeur, est une idolâtrie, qu'il s'agisse d'argent ou d'autres choses. C'est une idolâtrie, parce que c'est mettre dans le coeur quelque chose à la place de Dieu.

Remarquons aussi cette expression: «le royaume du Christ et de Dieu», ou «de Celui qui est Christ et Dieu». De quelque manière qu'on les rende, ces paroles nous montrent l'excellence et la grandeur de Christ, soit que nous les considérions comme présentant Christ associé de la façon la plus intime à Dieu; soit que nous les considérions comme affirmant la divinité de Christ. En même temps, nous voyons ce qu'est ce royaume. Il participe du caractère même de Christ et de Dieu. Rien d'impur n'y peut entrer, car quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? quel accord de Christ avec Bélial?

(Verset 6). Nous pouvons être exposés dans le monde, et même parmi ceux qui se disent chrétiens, à entendre de vains raisonnements, tendant à persuader qu'il ne faut pas être si rigides, pas y regarder de si près; c'est pourquoi l'apôtre insiste et montre non seulement l'exclusion des méchants du royaume du Christ et de Dieu, mais aussi «la colère de Dieu» qui, «à cause de ces choses, vient sur les fils de la désobéissance». Etre banni loin de Dieu, et se trouver sous le coup de sa colère, voilà le sort fatal des désobéissants. Il est bon de se tenir à la parole de Dieu, en ces jours où on cherche à en affaiblir la portée. «Que personne ne vous séduise par de vaines paroles».

(Verset 7). La conclusion que tire l'apôtre est que le chrétien ne doit point avoir de participation, soit par paroles, soit par actes, avec les désobéissants, avec ceux qui ont les caractères décrits au verset 5. S'ils sont exclus du royaume de Dieu à cause de ces choses, le chrétien qui appartient à ce royaume n'a rien de commun avec eux.

 (Versets 8-14). Ici, se trouvent développés, les motifs de cette séparation exclusive: «Nous sommes lumière dans le Seigneur;» «enfants de lumière». Ainsi, le motif de notre marche présenté ici n'est pas «notre appel», ni notre relation avec Dieu dans l'amour — «de bien-aimés enfants;» mais c'est que nous sommes lumière. Dieu est lumière, c'est son second caractère essentiel, et, par lui, c'est celui du nouvel homme, Dieu est lumière, le chrétien est lumière dans le Seigneur. Remarquons que vie et lumière sont identiques — je veux dire la vie de Dieu (Jean 1: 4). Or le chrétien possède cette vie; il est lumière.

Remarquons aussi qu'il n'est pas dit dans la Parole que le chrétien est amour. C'est la prérogative de Dieu. L'amour en Dieu est souverain: il n'est lié à aucune créature pour devoir l'aimer. Nous, nous aimons, parce que nous avons la vie de Dieu, et à cause de cela, nous sommes tenus d'aimer (1 Jean 4: 11). Cela n'est pas être souverain, aussi nous ne sommes pas amour. Mais étant participants de la nature divine, ayant ainsi la vie de Dieu, une nature pure, nous sommes lumière. Toutefois, c'est dans le Seigneur. Dieu est lumière dans son essence, flous, nous le devenons par la vie qu'il nous communique en Christ.

Qu'étions-nous donc? Tout l'opposé — c'est-à-dire ténèbres. Ce n'est pas seulement que les Ephésiens fussent dans les ténèbres, comme quelqu'un qui, dans l'obscurité qui l'environnerait, aurait cependant les yeux ouverts; non, c'était leur nature morale (Jean 1: 5). C'est ce que l'homme est devenu par le péché: son intelligence, sa volonté, son coeur, tout son être intérieur a été complètement obscurci (Romains 1: 21). Mais, de même que de morts nous avons été faits vivants, de même de ténèbres, nous sommes devenus lumière dans le Seigneur (Comparez Actes des Apôtres 26: 18 et 1 Pierre 2: 9).

La conséquence est que nous sommes exhortés à marcher comme des enfants «de lumière;» à laisser luire et briller cette lumière (Philippiens 2: 15). C'est toujours le caractère d'enfants de Dieu qui se trouve ici, non pas maintenant au point de vue de l'amour, mais de la sainteté. Nés de lui, nous sommes placés en dehors de toute souillure; c'est notre nature, nous avons à marcher d'une manière conséquente avec ce que nous sommes.

(Verset 9). Or cette lumière se manifeste par ce que l'apôtre appelle son fruit, et ainsi, nous savons ce que comporte l'expression: marcher comme des enfants de lumière. Elle n'est pas seulement quelque chose d'intérieur qui réjouit notre âme, en nous faisant contempler les choses de Dieu. La lumière, comme la vie, dans le chrétien, se montre de manière à être vue dans le monde où nous sommes placés. Christ y a été, d'une manière parfaite, la lumière; nous sommes appelés à l'être aussi (Matthieu 5: 14-16).

Quel est donc ce fruit de la lumière? Il consiste «en toute bonté, et justice, et vérité;» l'opposé de la méchanceté, de l'injustice et du mensonge, qui caractérisent non seulement le paganisme (Romains 1: 29, 31), mais aussi le monde christianisé (2 Timothée 3: 2-4), parce que ce sont des manifestations de ce qu'est l'homme naturel, moralement corrompu (Marc 7: 22). La lumière produit dans ceux qu'elle pénètre, tout ce qui moralement est bon, juste et vrai, conforme ainsi au caractère de Dieu, manifesté parfaitement en Christ. La vérité est toujours liée aux autres vertus, sans quoi celles-ci risqueraient de ne plus s'exercer dans la sphère et les limites qui leur conviennent.

«Eprouvant ce qui est agréable au Seigneur», se rattache à la marche des enfants de lumière. Ils n'ont pas à chercher ce qui leur plaît ou ce qui plaît au monde. Entre toutes les choses qui se présentent, ils ont à voir celles qui plaisent au Seigneur. Cette lumière leur donnera de pouvoir les examiner et les discerner, comme la lumière physique permet de voir, d'apprécier et de comparer les qualités visibles des objets. Ce qui est agréable au Seigneur pourra ne pas toujours nous être agréable, mais en marchant dans les choses qui lui plaisent — celles qui sont bonnes, justes et vraies — et que la lumière nous fera discerner, nous éprouverons que la volonté de Dieu, qui est que nous marchions ainsi, est bonne, agréable et parfaite.

(Verset 11). «Et n'ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les aussi». La lumière produit un fruit: quelque chose de réel, de durable en bien pour soi et pour les autres: quelque chose que l'on goûte et savoure. Les ténèbres, ce qui règne dans le coeur de l'homme irrégénéré, de celui qui n'est pas enfant de la lumière, produisent des oeuvres, pensées, paroles et actes, opposées au fruit de la lumière. L'apôtre a, sans doute, en vue les pratiques d'immoralité, de mensonge et d'injustice qui, en public et en secret, étaient courantes chez les païens. Il exhorte les chrétiens d'Ephèse à n'avoir rien de commun avec ces oeuvres, mais au contraire à les reprendre. Cependant, l'exhortation nous concerne aussi; car aujourd'hui, comme alors, le monde, siège des ténèbres, nous entoure, et tout ce qui est du monde, convoitise des yeux, convoitise de la chair et orgueil de la vie, produit des oeuvres. Pour être peut-être souvent moins grossières que dans le paganisme, même pour avoir un certain éclat aux yeux des hommes, ce ne sont pas moins des oeuvres de ténèbres, d'autant plus dangereuses qu'elles sont plus subtiles. Ces oeuvres de ténèbres sont infructueuses, ne produisant aucun fruit pour le vrai bien de l'âme, ni pour la gloire de Dieu, ne laissant dans l'âme que l'amertume, le vide et le néant, ne satisfaisant en rien les besoins du coeur, au contraire. Aujourd'hui, comme autrefois, les chrétiens ne doivent pas avoir part à ces oeuvres, à ce qui est infructueux. Leur vie est destinée à porter un fruit. L'exhortation est absolue: «rien de commun». Ils sont lumière, or «quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres?» (2 Corinthiens 6: 14-16). Ils sont de Dieu, quelle association peuvent-ils avoir avec un monde ennemi de Dieu? (1 Jean 2: 15; Jacques 4: 4). L'exhortation à la séparation totale d'avec les oeuvres de ténèbres est bien sérieuse, digne d'être pesée avec soin par tout chrétien.

Mais cette exhortation présente un côté positif: «Reprenez-les aussi». Comment les reprendre? Le fait seul de s'en séparer, de ne rien vouloir avoir à faire avec elles, est une répréhension (1 Pierre 4: 4), pour ceux qui les pratiquent. Mais de plus, en marchant comme des enfants de lumière, les chrétiens répandent la lumière qui, projetée sur les oeuvres de ténèbres, en dévoile et en fait ressortir le mal, l'odieux, le néant: elles sont reprises par ce contraste, manifestées dans leur vrai caractère, car la lumière manifeste l'état vrai de toutes choses. Rien de puissant comme une vie sainte pour convaincre (*) les hommes de ce qu'ils sont: c'était le cas, d'une manière parfaite, chez le Seigneur, et c'est ce qui lui attirait la haine. «La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait des oeuvres mauvaises, hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient reprises» (Jean 3: 19, 20). Celui qui pratique la vérité sait, au contraire, que ses oeuvres sont de nature à supporter le grand jour.

(*) Reprendre et convaincre sont exprimés par le même mot (Voyez Jean 16: 8).

(Verset 12). «Car les choses qu'ils font en secret, il est honteux même de les dire». L'apôtre fait ressortir par ces mots, «honteux de les dire», tout ce que ces péchés — les oeuvres de ténèbres — avaient de grave et d'odieux. Mais c'est pour cela même qu'il s'agissait de les reprendre, de les manifester par le contraste avec la sainteté chrétienne, afin que les hommes en fussent convaincus.

(Verset 13). Ces choses dont l'apôtre vient de parler, de même que toutes les autres, étant montrées sous leur vrai caractère par la lumière, sont vues comme condamnables et condamnées. De cette manière, le pécheur est convaincu de son état devant Dieu, et s'il ne se détourne pas de la lumière, s'il ne repousse pas cette conviction, il deviendra lumière lui-même. Ainsi, la vie du chrétien qui marche comme un enfant de lumière, dans la séparation du mal et la pratique de «toute bonté, justice et vérité», est une prédication puissante pour convaincre les pécheurs, les attirer à Christ, et ainsi glorifier Dieu (1 Pierre 2: 12).

 (Verset 14). Mais il y a des chrétiens qui dorment, et qui, dans cet état, se trouvent comme confondus avec les morts; car il s'agit bien d'un chrétien dans ce verset, et non pas de quelqu'un qui n'a pas la vie et qui, par conséquent, ne peut dormir. Combien ne sommes-nous pas en danger de tomber dans cet état! Nous sommes entourés de morts, — c'est le monde où nous vivons, — si un chrétien tolère et ne répudie pas ses influences pernicieuses, le sommeil le prend; l'indifférence et l'engourdissement le gagnent à l'égard des choses de Dieu, des bénédictions dont il veut que nous jouissions pleinement. En quoi, extérieurement, un tel chrétien diffère-t-il des morts qui l'entourent? La lumière parfaite, Christ, brille sur lui, mais il n'en profite, ni n'en jouit point. Quelle perte pour lui! Il est couché parmi les morts; son langage, comme de quelqu'un qui rêve, est le même que le langage de ceux qui marchent selon le train de ce monde; sa conduite n'est pas celle d'un séparé du monde; plus ou moins, il participe aux oeuvres de ténèbres; c'est un chrétien mondain, qui ne voit, qui n'entend, qui ne sent rien spirituellement.

«C'est pourquoi il dit: Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi». Il faut qu'un tel chrétien sorte de sa torpeur, qu'il cesse d'avoir sa place au milieu des morts, qu'il en sorte, lui qui a la vie de Dieu, et il trouvera que Christ, la lumière, n'a cessé de briller sur lui, de sorte qu'il entre dans la jouissance de la bénédiction qui lui appartient, et en même temps, il verra, dans cette lumière, ce que doit être un chrétien, ainsi que les versets suivants le développent.

C'est pourquoi, il dit: «Réveille-toi, etc…». L'apôtre, ou plutôt l'Esprit Saint qui le guidait, fait allusion à ces paroles du prophète Esaïe: «Réveille-toi, réveille-toi, revêts-toi de la force, Sion!…» «Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de l'Eternel s'est levée sur toi» (Esaïe 52: 1; 60: 1; comparez 26: 19). Cela s'applique directement à Israël qui, bien qu'étant toujours le peuple de Dieu, dort actuellement, comme mort au milieu des nations. Mais la lumière, la gloire de l'Eternel, Christ, brillera sur lui quand il se lèvera, et les nations marcheront à sa lumière. L'apôtre fait l'application de ces passages au chrétien.

(Verset 15). Au lieu de dormir, il faut marcher, mais en prenant garde à ses pas, dans un chemin semé de pièges. Il s'agit de marcher, soigneusement, avec prudence, et non comme au hasard (voyez Proverbes 4: 26). Pour discerner et éviter les pièges, il faut de la sagesse; le chrétien ne doit pas en être dépourvu, car il a la sagesse divine en Christ qui l'éclaire. Il a la révélation de ce qui est agréable à Dieu; marcher soigneusement, c'est s'appliquer à le pratiquer.

 (Verset 16). «Les jours sont mauvais;» nous sommes dans un monde gouverné par Satan, où le péché règne, où l'opposition à Dieu est croissante. Nous avons donc besoin d'avoir l'oeil ouvert et le coeur sage, afin de saisir les occasions, les moments opportuns que Dieu nous présente et en profiter pour faire le bien.

(Verset 17). Pour cela, il nous faut avoir l'intelligence spirituelle, afin de comprendre dans chaque cas donné, à tout moment, quelle est la volonté du Seigneur. C'est une grande chose, pour faire vraiment le bien, de comprendre quelle est la volonté du Seigneur. Nous sommes enclins à suivre la nôtre, toujours prompte à agir et à nous conduire dans ce qui nous semble bien, et qui n'est cependant pas ce que le Seigneur veut. On peut, si l'on n'y prend garde, se figurer que nous suivons la volonté du Seigneur, quand en réalité c'est la nôtre.

(Verset 18). Pour pouvoir marcher soigneusement avec sagesse et intelligence, il faut non seulement ne pas dormir, mais encore s'abstenir de l'excès du vin, de tout ce qui excite la nature. Si l'on ne veille pas, si l'on ne se conduit pas avec sagesse, si l'on n'a pas saisi la portée des enseignements du Seigneur à cet égard (Luc 21: 34), on risque fort de tomber dans le piège. Et cela d'autant plus facilement, que le vin produit d'abord une sorte d'excitation dans laquelle plus d'un chrétien, hélas! a été conduit à parler des choses de Dieu ou à agir dans la prière. «Soyez sobres, et veillez pour prier», dit l'apôtre (1 Pierre 4: 7). Le vin enivre, il ôte à l'esprit le contrôle qu'il doit exercer sur les pensées, les paroles et les actes; il excite la chair et lui lâche la bride, et tout cela aux dépens de la délicatesse des sens spirituels. «Ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution», c'est-à-dire le relâchement de tout sens moral (comparez Proverbes 23: 29-35; 31: 4, 5; Osée 4: 11).

Quel danger pour le chrétien et quel empêchement à ce qu'il soit «rempli de l'Esprit!» Or c'est à cela qu'il est appelé, en contraste avec l'ivresse du vin. Au lieu d'une énergie charnelle, momentanée, et qui aboutit à la dissolution, l'apôtre exhorte les saints à être «remplis de l'Esprit», source d'une véritable énergie, pour marcher saintement et joyeusement. Etre rempli de l'Esprit exprime un état subjectif, en contraste complet avec la dissolution. L'Esprit Saint a pris possession de nos pensées, de nos affections, de notre intelligence, de telle sorte qu'il régit notre être intérieur tout entier, et en exclut tout autre mobile. De cette manière, non seulement par la puissance du Saint Esprit on s'abstient du mal, côté négatif de la sainteté, mais l'âme est établie dans un état intérieur où le bien réel occupe les pensées et les affections, et qui se manifeste extérieurement par la pratique de tout ce qui est selon Dieu.

(Verset 19). Si, au lieu d'être attristé, l'Esprit Saint remplit tout notre être et le gouverne, il y produit des fruits bénis. En premier lieu, le chant, l'effusion de l'âme devant Dieu par ce moyen. Les divers chants dont il est question ici, sont l'expression de la joie (Jacques 5: 13) qui remplit le coeur par le Saint Esprit, en présence des bénédictions dont Dieu nous comble (Romains 14: 17), de la louange et de l'adoration devant un Dieu que l'Esprit Saint nous fait connaître en Christ. Ce sont des «cantiques spirituels», produits de la vie de l'Esprit en nous; contraste avec les chants profanes et mondains. La joie du chrétien est sainte; ses chants sont consacrés au Seigneur, et ne sont pas seulement des mélodies qui charment les oreilles, mais l'expression de ce qui remplit son coeur: «Chantant et psalmodiant de votre coeur au Seigneur». Et enfin, ces chants venant du coeur, donnés par l'Esprit, expression des sentiments dont il remplit l'âme, communiquent à d'autres ce qu'ils expriment, sont ainsi un moyen d'édification mutuelle, et manifestent l'union des coeurs des croyants devant Dieu: «Vous entretenant par des psaumes, etc.». Que le Seigneur nous donne de savoir chanter de notre coeur à sa gloire!

(Verset 20). Secondement, le fait d'être rempli de l'Esprit nous porte à rendre grâces à Dieu pour toutes choses. En tout, nous voyons la main d'un Dieu qui nous est connu dans son amour, sous son caractère de Père, et ce Père n'a envers nous que des pensées de tendresse: il veut notre bien, même en nous affligeant (Hébreux 12: 10). Cette connaissance de Dieu, nous la possédons par notre Seigneur Jésus Christ; c'est lui qui a établi et qui maintient nos relations avec Dieu; c'est en son nom que nos sacrifices d'actions de grâces montent vers lui et lui sont agréables. Nous ne pouvons être toujours dans la joie, dans le monde d'épreuves où nous vivons; mais nous pouvons toujours rendre grâces, car «toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu» (Romains 8: 28). Mais pour pouvoir ainsi rendre grâces, il faut que la volonté propre soit absente.

(Verset 21). Cet état d'âme, résultat de l'action sans entrave de l'Esprit remplissant le chrétien, se montre, en troisième lieu, par la soumission les uns aux autres dans la crainte de Christ. Là où l'Esprit gouverne le coeur, il n'y a point de place pour la propre volonté et l'orgueil. Il y aura donc soumission les uns envers les autres dans les diverses relations où Dieu nous a placés. Au-dessus de toute autorité, le chrétien qui se trouve dans une position subordonnée voit Christ, son Seigneur: il se soumet dans la crainte de Christ, duquel il est le serviteur, duquel il dépend. Ce verset 21 se lie bien à ce qui précède et à ce qui suit. Le chrétien est heureux, il peut toujours rendre grâces pour toutes choses. Mais c'est le Seigneur Jésus auquel il doit cette position, c'est en son nom qu'il rend grâces; c'est à cause de lui, en vue de lui, par amour pour lui et en craignant de lui déplaire, qu'il se soumettra. Puis suit l'énumération des diverses relations dans lesquelles cette soumission trouve à se déployer. Or c'est un devoir souvent très difficile à remplir, et qui ne peut l'être, dans ses applications si diverses et si délicates, que dans la crainte de Christ, en ne perdant pas de vue le Seigneur — agissant pour lui dans sa dépendance.

Quand il est dit «soumis les uns aux autres», cela ne peut s'entendre d'une soumission réciproque: les versets qui suivent le montrent.

Au chapitre 5 de la 1re épître de Pierre, verset 5, le texte reçu porte: «De même, vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens, et ayant tous de la soumission l'un pour l'autre, soyez parés d'humilité». D'après cela, on pourrait supposer que la soumission doit être réciproque — et que, par exemple, si les jeunes gens doivent être soumis aux anciens, ceux-ci, à leur tour, ont à se soumettre aux jeunes gens. Mais la vraie leçon est: «Vous, jeunes gens, soyez soumis aux anciens; et tous, les uns à l'égard des autres, soyez revêtus d'humilité».

Celui que le Seigneur a placé au-dessus de moi doit bien être revêtu d'humilité, mais moi, tout en étant revêtu d'humilité, je dois lui être soumis dans la crainte de Christ.

 (Verset 22). L'apôtre entre maintenant dans les détails relatifs aux devoirs du chrétien dans les diverses relations où il peut se trouver placé. Il commence par ce qui concerne la position de la femme à l'égard de son mari, et réciproquement. Mais aussitôt sa pensée se porte sur le grand sujet de l'épître — l'assemblée; et ici, c'est pour l'envisager comme l'objet de l'affection et des tendres soins de Christ. Nous nous occuperons d'abord exclusivement de ce qui nous est dit sous ce rapport, dans la fin de notre chapitre.

(Verset 23). En tout premier lieu, ce qui nous est présenté, c'est l'autorité de Christ. «Le Christ est le Chef (ou la Tête) de l'Assemblée», vérité déjà énoncée dans l'épître (1: 22), et que l'apôtre rappelle ici en rapport avec la place de soumission où se trouve l'Assemblée vis-à-vis de lui. L'Assemblée comprend ici tous les croyants depuis la Pentecôte jusqu'au retour du Seigneur; c'est l'Assemblée dans sa généralité.

(Verset 24). Le commencement de ce verset exprime ce qu'est l'Assemblée à l'égard de son Chef: elle «est soumise». C'est sa condition il ne s'agit pas de la réalisation du fait à un moment donné sur la terre.

(Verset 25). Nous arrivons, dans ce verset, à l'amour de Christ pour l'Assemblée et à la manifestation de cet amour: «Christ a aimé l'Assemblée». Remarquons tout d'abord que c'est un amour de relation — c'est-à-dire dans une relation établie. Cet amour a un caractère plus spécial que celui du Sauveur pour un pauvre pécheur, tout grand que soit cet amour-là, comme Paul le sentait quand il disait: «Le Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi» (Galates 2: 20. Voyez aussi Romains 8: 37, et Ephésiens 5: 2, où il est évidemment question de l'amour que le Seigneur a eu pour nous avant qu'une relation fût établie entre lui et nous). Il est important pour nous de faire attention à l'exactitude des expressions de la parole de Dieu en toutes choses. Autre est l'amour s'exerçant dans sa souveraineté envers des pécheurs coupables et indignes, et l'amour s'exerçant envers ceux qui se trouvent amenés dans une relation avec Dieu et Christ. Rappelons ici les paroles d'un vénéré frère sur ce sujet «Il n'est pas dit que Christ ait aimé le monde il n'a pas de relation avec le monde comme tel. Il est dit que Dieu a tant aimé le monde: c'est ce que Dieu est en bonté pour le monde. Il n'est pas dit que Dieu a aimé l'Assemblée. La relation propre de celle-ci comme telle, est avec Christ, son époux céleste. Le Père nous aime: nous sommes ses bien-aimés enfants. Dieu, dans ce caractère, nous aime. Ainsi Jéhovah aime Israël. — D'un autre côté, toute la tendresse et la fidélité qui appartiennent à la relation dans laquelle Christ se trouve, sont à nous en lui, aussi bien que tout ce que le nom de Père renferme aussi de son côté».

Il est très vrai que chacun de nous, croyants, peut dire: «Christ m'a aimé et s'est livré pour moi; Christ m'aime individuellement comme son racheté». Mais il y a un amour spécial de Christ pour l'Assemblée, et chaque croyant, comme en faisant partie, a le droit de se l'approprier et de compter sur lui. On jouit en commun de cet amour. C'est ce qui rend précieux le rassemblement des enfants de Dieu comme assemblée. De là aussi l'importance de ne pas limiter ce rassemblement aux chrétiens avec lesquels on se réunit, mais d'y comprendre tous les rachetés de Christ. Dieu a formé, par son Esprit et pour la gloire de son Fils, un lien entre ceux qui lui appartiennent maintenant sur la terre, et Christ a pour eux un amour tout particulier dont jouissent ceux qui le réalisent. Quelle joie pour nos âmes d'entrer d'une manière consciente dans cet amour, et quel privilège de travailler à amener les autres membres du corps de Christ à en jouir aussi! Il a aimé l'Assemblée, l'Assemblée tout entière.

Christ a donc aimé l'Assemblée; c'est le motif de son dévouement absolu pour elle et la source de toutes les bénédictions dont il la comble.

Le premier effet de cet amour pur et infini comme Celui qui l'éprouve, immuable et éternel comme Il est dans sa nature, est exprimé par ces paroles: «Il s'est livré lui-même pour elle». C'est le propre de l'amour de renoncer à tout pour l'objet aimé, de lui donner tout ce que l'on a de plus précieux, de se donner soi-même tout entier. Nous le concevons; mais Christ seul l'a pleinement et parfaitement réalisé pour l'Assemblée. Il est ce marchand «qui cherche de belles perles; et ayant trouvé une perle de très grand prix, il s'en alla et vendit tout ce qu'il avait, et l'acheta» (Matthieu 13: 45, 46). Pour Christ, l'Assemblée était de très grand prix; il la voyait telle; il l'aimait et voulait l'avoir; il a tout abandonné, tout laissé pour cela, et enfin «il s'est livré lui-même pour elle», afin de se l'acquérir.

«Remarquons l'étendue du don. Il se donne lui-même. Ce n'est pas seulement sa vie, tout vrai que ce soit, mais c'est lui-même. Nous voyons en cela spécialement le dévouement de son amour: il donne, et ce qu'il donne, c'est lui-même. Tout ce que Christ était est donné, et donné par lui; c'est l'entier dévouement et le don de lui-même. Et maintenant, tout ce qui est en lui — sa grâce, sa justice, son acceptation auprès du Père (comme homme parfait avant sa mort), sa sagesse, la gloire excellente de sa personne, l'énergie de l'amour divin qui peut se donner, tout est consacré au bien-être, au bonheur de l'Assemblée. Il n'est point de qualités, point d'excellences en Christ qui ne soient nôtres, en conséquence de ce don qu'il a fait de lui-même» (*).

 (*) Etudes sur la Parole de Dieu.

L'Assemblée connaît ainsi l'amour dans le don qu'il lui a fait de lui-même, afin de l'acquérir. Il n'a rien laissé de lui-même qu'il n'ait livré pour elle. Et c'est ce qui attire et gagne le coeur (1 Jean 3: 16; 4: 19). De plus, c'est une chose accomplie pour toujours.

(Verset 26). La seconde chose qui résulte de l'amour de Christ pour l'Assemblée, et qui découle aussi de ce qu'il s'est donné pour elle, c'est qu'il veut l'avoir pour lui, telle qu'elle réponde à ce qu'il est lui-même et à ce que son coeur a en vue pour elle. «Il s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau, par parole».

L'objet premier de Christ en se livrant pour l'Eglise est donc de la sanctifier, c'est-à-dire de la mettre à part du monde pour lui-même. C'est ce que signifie à proprement parler le mot sanctifier; mais la mise à part n'est que le côté négatif, pour ainsi dire. En étant mise à part pour lui, l'Eglise doit répondre moralement à soit caractère céleste et pur, et c'est là le côté positif de la sanctification. C'est une oeuvre que Christ accomplit, et cela en vertu de ce qu'il est et de ce qu'il a fait pour l'Eglise.

Il la sanctifie donc en la purifiant. Il ne trouve pas l'Eglise telle qu'il la veut pour répondre à ce qu'il est — Lui est pur — et à la demeure où il veut l'introduire: il faut donc qu'il la purifie moralement, qu'il la débarrasse de tout ce qui n'est pas en harmonie avec Dieu, avec lui-même et avec le ciel.

Le moyen que Christ emploie pour cette purification pratique est «le lavage d'eau par parole». L'expression «lavage d'eau» indique qu'il ne s'agit pas ici du «sang qui purifie de tout péché», du fait qu'il «nous a lavés de nos péchés dans son sang». L'aspersion du sang pour nous purifier est faite une fois pour toutes (Hébreux 9; 10). La culpabilité est ôtée; il n'y a plus d'imputation de péchés, mais une position acquise au croyant pour toujours en vertu du sacrifice de Christ offert une fois pour toutes.

Ici, il s'agit d'une action morale exercée dans le coeur et la conscience, pour débarrasser le croyant et l'Eglise de toute impureté ou souillure contractée en passant ici-bas. «Celui qui a cette espérance en lui, se purifie, comme lui aussi est pur». Le lavage d'eau s'opère «par parole». La parole de Dieu est l'eau employée par le Seigneur. «Vous êtes déjà nets par la parole que je vous ai dite;» c'est la parole appliquée à l'âme par le Saint Esprit, et qui la sépare du monde pour Christ (Jean 15: 3). C'est une chose faite et qui ne se renouvelle pas (voyez Exode 29: 4); mais pour former le coeur de l'Eglise et pour les manquements dans sa marche à travers le désert, nous avons l'action constante de Christ figurée dans le lavage des pieds (Jean 13). C'est le lavage d'eau par parole. La parole est bien toute l'Ecriture, mais plus spécialement ce qui exprime ce qu'est Christ dans son amour et sa pureté, et ce que sont les choses célestes. (Jean 16: 14). En premier lieu, la présentation de ces choses à l'âme, dégage le coeur de ce qui est de la terre et forme les affections pour ce qui est en haut. «Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image» (2 Corinthiens 3: 18). C'est ainsi que se réalise le verset cité plus haut: «Celui qui a cette espérance en lui, se purifie, comme lui aussi est pur». Mais en second lieu, la parole nous fait juger tout ce qui, dans notre marche, est en désaccord avec le caractère et les affections de Christ. L'ayant vu, jugé et confessé, le lavage d'eau par parole a été effectué. «Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité». Mais cela est le résultat de ce que «nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste».

Ainsi Christ dans son amour agit continuellement, avec une patience parfaite, pour rendre l'Eglise propre pour Dieu, pour lui-même et le ciel. Et il le fera jusqu'à son retour.

 (Verset 27). Si l'on s'arrêtait à considérer le résultat acquis jusqu'ici, en voyant l'état de l'Eglise sur la terre, on pourrait penser que ce résultat est nul, et on serait porté à se demander ce qu'il faudra que le Seigneur fasse encore avant son retour, pour amener l'Eglise à un état meilleur. Mais nous n'avons pas à regarder à ce que l'homme a fait et fait; il a failli dans ce qui lui était confié à l'égard de l'Eglise comme à l'égard de toute autre chose. Il faut envisager les choses au point de vue du Seigneur, qui ne cesse d'agir dans sa grâce et amènera les choses au but que son amour veut atteindre et pour lequel il s'est livré lui-même. Le second objet de Christ en se livrant pour l'Eglise, son but suprême et final à son égard, le couronnement de son amour, nous est indiqué dans ces paroles: «Afin que lui se présentât l'Assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable». C'est la fin triomphante de l'Eglise dans la gloire après les fatigues et les luttes du chemin, après avoir été durant ce temps l'objet de la tendresse et des soins de Christ.

L'oeuvre de sanctification et de purification a été accomplie sur la terre; maintenant le Seigneur, selon le désir de son coeur, introduit son Epouse auprès de lui dans la gloire (Jean 17: 22, 24). Il opère par sa puissance pour faire disparaître tout ce qui tenait à son séjour sur la terre et qui n'était pas un fruit de ses soins. Autrefois, l'Eternel Dieu avant formé Eve, tirée d'Adam, la lui présente pour être sa compagne et répondre aux affections de son coeur, en partageant sa gloire comme chef de la création. Maintenant Christ, le second homme, dernier Adam, ayant formé l'Eglise selon sa pensée, l'ayant tirée de lui-même, pour ainsi dire, lui ayant communiqué sa vie, après s'être livré pour elle, se la présente à lui-même dans la gloire, glorieuse, reflétant sa gloire et la partageant, Epouse de Celui qui est «Chef sur toutes choses à l'Assemblée». Comme Rebecca, après la traversée du désert sous la conduite du serviteur, se trouve en présence d'Isaac, de l'héritier de tous les biens d'Abraham, et est conduite par lui dans la tente de Sara, de même Christ vient pour mettre fin au voyage de l'Eglise, et transformée par sa présence, il la conduira dans la demeure céleste où elle partagera sa place, héritière avec lui (Ephésiens 1: 10-13).

Quelle consolation de contempler à l'avance par la foi, ce moment de la rencontre de l'Epoux avec son Epouse. «Il se la présentera à lui-même», et nous, nous le verrons tel qu'il est. Dans cette gloire où l'Eglise sera, toute ride, — toute trace de fatigue, toute tache, — toute trace de souillure, auront disparu. Rien, plus rien du désert que le souvenir de ses tendres soins à lui. Elle est sainte et irrépréhensible. Déjà sur la terre, en lui, elle était telle; qui pouvait l'accuser? elle était devant Dieu, telle que lui (Ephésiens 1: 4; Romains 8: 33-35; 1 Jean 4: 17). Maintenant, elle est auprès de lui, dans la gloire, resplendissante de sa pureté et de sa sainteté. L'Epouse est ornée pour son Epoux: «Il lui a été donné d'être vêtue de fin lin, éclatant et pur». C'est ce que son amour voulait pour elle! A lui soit gloire!

A toi seul, ô Jésus, à ta lumière pure,

O Soleil de justice, empruntant ses rayons,

L'Eglise portera dans la gloire future,

L'éclat immaculé de tes perfections.

Les versets 29 et 30 expriment d'une manière infiniment touchante et pour le temps présent, les soins du Seigneur pour l'Eglise et l'intimité de son union avec Christ. Il l'aime comme sa propre chair; «il la nourrit et la chérit». Elle a besoin de nourriture, et Christ y pourvoit, par le moyen du ministère (chapitre 4). Dans sa faiblesse, elle a besoin de son amour et de ses tendres sympathies; elle a ici l'assurance qu'il la chérit et que, par conséquent, il pourvoira à tous ses besoins, la soutiendra et la défendra, comme sa propre chair, comme lui-même. Il ne la laisse pas (Jean 14: 18).

 «Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». L'apôtre fait allusion à Eve tirée d'Adam, pour exprimer l'intimité de notre union avec lui. Notre position ainsi que notre vie, nous tirons tout de lui.

Mais il est bon de remarquer à propos de ces paroles: «De sa chair et de ses os», qu'il ne s'agit pas ici de Christ devenant homme, «participant à la chair et au sang», comme il est dit en Hébreux 2. Il n'est pas question ici de son incarnation, mais de notre union avec lui, ce qui ne pouvait avoir lieu avant sa mort. (Jean 12: 24). Adam n'était pas chair et os d'Eve, mais Eve, comme tirée de lui, l'était d'Adam. De même l'Eglise, ayant sa position et sa vie en Christ, tirée de lui et unie à lui, est de sa chair et de ses os.

(Verset 31). C'est un grand mystère que cette union de Christ et de l'Eglise. L'apôtre l'exprime en appliquant à cette union le passage de Genèse 2: 24, et afin de bien faire comprendre que ce mystère concerne l'union de Christ et de l'Eglise, et non celle du mari et de la femme, il ajoute: «Mais moi, je parle relativement à Christ et à l'Assemblée».

L'homme doit abandonner ses autres relations naturelles pour s'attacher à sa femme (verset 31), et c'est bien ce que le Seigneur a fait pour son Assemblée. Il a laissé pour elle tous ses droits naturels, comme Juif et comme Messie. Pour avoir la perle de grand prix, «il s'en alla, et vendit tout ce qu'il avait». De quel prix est l'Assemblée aux yeux de Christ; qu'il est grand son amour pour elle!

 Reprenons maintenant les versets 22-33, au point de vue des exhortations relatives aux devoirs réciproques des femmes et des maris. D'une manière générale, toutes ces exhortations ont la plus haute importance pratique, parce que les rapports que nous avons à soutenir avec les autres remplissent toute la vie, et que, parmi ces rapports, ceux qui existent entre supérieurs et inférieurs sont les plus nombreux et impliquent des devoirs réciproques difficiles à bien accomplir. Le supérieur est constamment tenté d'abuser de sa position d'autorité; d'un autre côté, rien n'est difficile au coeur naturel comme de se soumettre. L'apôtre, ayant affaire à des chrétiens, place les uns et les autres, supérieurs et subordonnés, en présence du Seigneur auquel tous ont à être soumis dans l'exercice de leurs devoirs.

Toutefois il commence toujours par les inférieurs auxquels il rappelle le devoir de la soumission; aux femmes (5: 22), aux enfants (6: 1), aux serviteurs (6: 5). N'y aurait-il pas là un égard pour ceux qui ont à se soumettre, chose si difficile à l'homme naturel? Du reste, Paul vient d'exhorter d'une manière générale les subordonnés à la soumission (verset 21), et ce qui suit n'est que l'application du principe général aux diverses relations. En s'adressant d'abord à ceux qui ont à se soumettre, il ne saurait oublier de placer devant les supérieurs la manière dont ils ont à exercer leur autorité, non avec arbitraire, mais dans l'esprit chrétien.

La première relation établie de Dieu est celle de mari et de femme. Elle est la première en date, et la première ici mentionnée. Par les développements précieux concernant Christ et l'Eglise, auxquels cette relation a donné lieu, nous pouvons voir son importance aux yeux de Dieu. Sa bonté envers l'homme s'était ainsi exprimée au commencement: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul, je lui ferai une aide qui lui corresponde». Dieu fit cette aide, pour répondre aux besoins du coeur d'Adam. Celui-ci, à son tour, répondit à la pensée de Dieu, en disant: «Cette fois, celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair». Un lien d'affection était formé et l'unissait à Eve. Hélas! le péché entra et corrompit tout, même dans cette sainte et douce relation, et rendit nécessaires les exhortations telles que celles que nous lisons ici.

Les deux seules exhortations adressées aux femmes sont celles-ci: «Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur» (verset 22). «Comme l'Eglise est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs propres maris» (verset 24), et: «Quant à la femme, qu'elle craigne (ou respecte) son mari». Le verset 21 nous donne le motif général de la soumission: c'est la crainte de Christ. Le verset 22 nous présente le mode de soumission qui convient à la femme vis-à-vis de son mari: «comme au Seigneur», et cela est fondé sur ce que le mari est à l'égard de la femme. Il est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de l'Assemblée. Ce verset 22 ne veut donc pas dire simplement: Soyez soumises, parce que le Seigneur le commande; ou comme si en le faisant vous obéissiez au Seigneur. Il va plus loin et veut dire: Soyez soumises à vos maris, comme vous êtes soumises au Seigneur. Si la femme craint le Seigneur, elle reconnaîtra le Seigneur dans l'autorité qu'il a conférée au mari. Le verset 23 nous montre, en effet, que le mari est, relativement à la femme, dans la même position que Christ à l'égard de l'Assemblée. Puisque la condition de l'Assemblée est d'être soumise à son chef, celle de la femme est de l'être à son propre mari. Ce même verset 24 nous indique encore l'étendue de la soumission: c'est «en toutes choses».

Telle est la condition de la femme à l'égard de son mari, la chose étant envisagée ici au point de vue absolu, au point de vue où l'un et l'autre sont chrétiens. L'accomplissement de nos devoirs envers les autres est d'ailleurs toujours indépendant de la manière dont les autres remplissent les leurs envers nous. Il se peut que le mari manque, soit dur, exigeant: le devoir de la soumission de la femme n'en est pas moins positif. C'est l'épreuve de sa foi, de sa confiance et de sa soumission au Seigneur; et il y a en cela une grande force et une puissante consolation. Il se peut même que le mari ne soit pas chrétien; l'apôtre Pierre s'occupe de ce cas, et nous fait voir quel fruit béni peut porter alors la soumission de la femme (1 Pierre 3: 1, 2), bien loin de diminuer l'obligation de celle-ci. Il en serait de même dans les cas pénibles où, par obéissance à Dieu, elle ne pourrait accéder à des exigences contraires à la parole de Dieu. Sa fidélité, accompagnée de douceur, peut avoir un effet salutaire. Mais, dans les Ephésiens, l'apôtre n'envisage pas ce côté; il montre le mariage tel qu'il doit être entre chrétiens. Et il termine par une exhortation au respect que la femme doit avoir pour celui qui est son chef, selon l'ordre de Dieu: «Quant à la femme, qu'elle craigne son mari».

Remarquons encore, à ce sujet, que la Parole touche à nos points sensibles, à ce qui ne coule pas de nos caractères naturels, car il faut que le moi soit brisé. Ce n'est pas le propre de la femme d'être soumise. D'une manière générale, c'est le caractère propre de nous tous que l'indépendance. La femme est naturellement aimante, dévouée: elle a besoin de s'attacher. Aussi la Parole ne l'exhorte pas à aimer son mari: en général, ce n'est pas de ce côté qu'elle manquera. Mais elle pourra vouloir dominer; ce penchant pourra s'accentuer, si, comme il arrive dans notre pauvre état actuel, ses facultés dépassent celles de son mari. La Parole la ramène à la position qui lui convient: «Femmes, soyez soumises à vos propres maris».

Dans un passage de Tite (2: 3-5), on voit cependant les femmes âgées, que leur expérience doit rendre propres à enseigner de bonnes choses, être exhortées à apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, etc.

Les exhortations adressées aux maris sont plus étendues, et sont fondées sur l'exemple de Christ dans sa conduite envers l'Assemblée. L'exhortation générale est: «Maris, aimez vos propres femmes». La soumission recommandée à la femme ne saurait donc être un esclavage pour celle-ci; la femme obéit comme à Christ; en Christ, le mari aime; il y a dans la soumission de l'une, comme dans l'amour de l'autre, communion avec le Seigneur. Il n'est pas dans la nature de l'homme d'aimer avec abnégation, en se dévouant. Il aime plutôt pour lui-même. Voilà pourquoi l'apôtre propose aux maris pour modèle, l'amour de Christ pour l'Eglise; amour de dévouement complet et n'ayant pour but que le bien de son objet. C'est ainsi que le mari doit aimer sa propre femme: en vue de son bien moral et de son perfectionnement; en s'oubliant lui-même pour elle.

Au verset 28, l'apôtre reprend en disant: «De même, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps; celui qui aime sa propre femme, s'aime lui-même». L'Eglise est le corps de Christ, elle est une avec lui; de même les époux sont un, «une seule chair». Or personne n'a jamais haï sa propre chair, de sorte qu'un mari doit aimer sa femme comme son propre corps, comme une partie de lui-même. On a des soins pour son corps; on le nourrit, on cherche à lui éviter le mal et à le maintenir en bon état. Ainsi le mari doit entourer sa femme de tendresse, lui faire du bien, et être son appui constant, Christ est encore son modèle dans ces soins exprimés par ces mots: «il la nourrit et la chérit» (*), ou la soigne tendrement, l'encourage et la console, comme une tendre mère le fait pour son petit enfant qu'elle tient dans son sein.

(*) Ce mot nalpei renferme l'idée d'encourager, consoler, réjouir.

En troisième lieu, le verset 33 dit aux maris: «Que chacun de vous aussi, en particulier, aime sa propre femme comme lui-même». Elle a droit à cette affection-là; le mari doit l'aimer comme un autre lui-même, et, par conséquent, ne point la faire passer après lui dans ce qui peut être l'expression de l'amour, ne pas penser à soi d'abord, puis à elle; mais en tout, l'unir à sa vie.

Tout aboutira à bien pour l'Eglise, à cause de l'amour de Christ pour elle, amour qui est la source et le mobile des soins qu'il prend pour elle, de manière à se l'attacher en gagnant son coeur pour lui. C'est ainsi que les soins affectueux, le support, la patience et les égards des maris peuvent tout conduire à bien dans les ménages chrétiens. Christ nourrit et chérit son Eglise; c'est ce que fera le mari pour sa femme, s'il prend l'amour qu'il a pour sa propre personne comme mesure de son amour pour sa femme. Ce sont des soins délicats qui sont réclamés des maris envers leurs femmes. Ils ne doivent pas les soumettre à une sorte de joug autoritaire, souvent privé d'affection, d'égards et de respect.

Aussi, l'apôtre Pierre dit-il en parlant des femmes: «Maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c'est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues».

Il ne s'agit pas ici de prières mutuelles, comme si la femme avait à s'exprimer à haute voix en priant, son mari étant avec elle. Rien ne nous autorise à déroger à l'ordre établi de Dieu, sur ce point, non plus que sur aucun autre. Les prières ensemble, par l'organe du mari, ont assurément une grande importance, et nous voyons que l'apôtre les suppose, bien que l'expression: «vos prières», puisse avoir une portée plus étendue. Comment, en effet, le mari priera-t-il lui-même, soit en particulier, soit en famille, ou dans l'assemblée, s'il manque d'égards, s'il est dur dans sa manière d'agir envers sa femme, si d'une manière quelconque la paix mutuelle est troublée? Et comment la femme pourra-t-elle dire amen aux prières de son mari, si son coeur est accablé par la conduite qu'il tient à son égard?

Chapitre 6

La seconde relation naturelle, découlant de la première et que l'apôtre nous présente, est celle des parents et des enfants. Comme pour la relation précédente, l'exhortation s'adresse d'abord à ceux qui doivent la soumission aux autres. Le grand principe pratique du christianisme, ou même, d'une manière plus générale, le principe qui a dû toujours et doit gouverner l'homme pour le bien, c'est l'obéissance, dont le Seigneur Jésus, dès l'enfance, a donné l'exemple parfait. Ici, ce principe est appliqué à la relation d'enfants à l'égard des parents: «Enfants», dit l'apôtre, «obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste». Cette obéissance à ceux desquels on tient la vie, qui nous ont soignés, nourris et élevés, est juste selon la nature. Dieu, dans la loi, confirme cette obligation d'une manière positive par le cinquième commandement, et l'apôtre, en citant celui-ci, montre que le christianisme ne l'a point abrogé, car Dieu reconnaît toujours l'ordre qu'il a établi.

Pour montrer l'importance de cette exhortation, l'apôtre, en citant le commandement de la loi: «Honore ton père et ta mère, afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre», ajoute que c'est le premier commandement avec promesse. La prospérité matérielle et la longue vie étaient les bénédictions que l'Eternel accordait à son peuple terrestre, lorsque celui-ci était obéissant. Dieu les promettait d'une manière spéciale aux enfants qui rendaient à leurs parents l'honneur qui leur était dû, et si maintenant ce ne sont pas des bénédictions matérielles que nous avons à attendre, nous pouvons cependant être assurés et conclure des paroles de l'apôtre, qu'une bénédiction particulière reposera sur les enfants qui honorent leurs parents. La bénédiction se trouve rattachée à la reconnaissance de l'autorité en ceux à qui Dieu l'a conférée.

Le mode et le mobile de l'obéissance nous sont indiqués par ces mots: «dans le Seigneur». L'affection est un mobile puissant, sans doute, la conscience aussi nous fournit un motif à l'obéissance, mais c'est le Seigneur qui donne à la fois la force pour marcher dans ce chemin et pour obéir de la manière qu'il faut. L'enfant chrétien a pour motif d'obéissance le Seigneur, qui a donné l'autorité aux parents. C'est pour lui en même temps un encouragement dans les difficultés que le chemin de l'obéissance peut présenter, et une douceur lorsqu'il pense: «En obéissant à mes parents, je suis agréable au Seigneur».

Mais «dans le Seigneur» marque aussi la limite. Il faut toujours reconnaître l'autorité des parents et les honorer, qu'ils soient Juifs ou païens, comme cela pouvait arriver à Ephèse, ou qu'ils ne portent que le nom de chrétiens sans en posséder la réalité, mais alors le cas peut se présenter où «il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes» (Actes des Apôtres 5: 29). Si, à Ephèse, un enfant de parents païens avait été converti au Seigneur, et qu'ils eussent voulu le contraindre à renier le Seigneur, il n'aurait pu leur obéir en cela; son obéissance étant caractérisée par ces mots: «dans le Seigneur». Mais malgré tout, il ne cessait pas de reconnaître l'autorité de ses parents, et rien ne l'empêchait de les honorer. Voilà pour ce qui concerne les enfants chrétiens.

Mais tous les enfants de parents chrétiens se trouvent placés par le fait même de ce que sont leurs parents, dans une position spéciale de mise à part (voyez 1 Corinthiens 7), et ainsi ont aussi à obéir dans le Seigneur. L'exhortation concerne tous les enfants de l'Assemblée. Ils sont tous sous cette responsabilité.

(Verset 4). Les pères sont exhortés à ne pas provoquer leurs enfants, à ne pas les irriter. Si les pères seuls sont nommés, c'est sans doute parce qu'en premier lieu, le père est le chef de la famille, et ensuite parce qu'une semblable exhortation est plus nécessaire pour eux que pour les mères, dont le coeur est naturellement plus porté à la tendresse. Toutefois, en principe, elle s'adresse aux uns et aux autres, car la mère peut avoir à exercer l'autorité soit par l'absence momentanée ou le délogement du père.

«Ne provoquez pas vos enfants;» l'exercice de l'autorité des pères, l'éducation, la correction de leurs enfants, tout doit être le fruit de l'affection paternelle, telle qu'est celle de Dieu envers nous, lui qui ne nous châtie que pour notre profit. Ainsi l'affection des pères doit se montrer de manière à gagner le coeur des enfants, et, se répandant en tout, leur faire aimer le foyer domestique. Si un père doit corriger son enfant, il ne doit pas le faire comme quelqu'un qui aurait à venger une insulte personnelle, mais être en cela aussi imitateur de Dieu qui châtie avec amour, pour le bien de celui qui a mérité le châtiment.

«Elevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur». La discipline exprime la règle et la sévérité souvent nécessaire pour maintenir la règle. Les avertissements indiquent plutôt l'enseignement donné avec douceur aux enfants, pour leur montrer quelle doit être leur conduite. Mais discipline et avertissements doivent être du «Seigneur». Le père exerce la discipline du Seigneur et place ses enfants sous ses avertissements. La pensée de Dieu est ainsi de nous faire considérer les enfants comme étant au sein de l'ordre de choses où Dieu habite, où le Seigneur exerce son autorité, et où se trouve l'enseignement du Saint Esprit. Comme quelqu'un l'a exprimé: «Les enfants doivent être élevés pour le Seigneur, et comme le Seigneur les élèverait».

Les versets 5 à 9 se rapportent à une relation qui n'était pas une institution divine avant la chute, mais qui avait son origine dans l'état de péché de l'homme — celle de maîtres et d'esclaves, car il s'agit ici, non de serviteurs libres, mais d'hommes appartenant à d'autres hommes. La soumission et une soumission respectueuse — avec crainte et tremblement — n'est pas moins recommandée aux esclaves, mais rien n'est plus touchant que les encouragements que Dieu leur donne dans leur triste condition, et les motifs élevés qui leur sont présentés pour être obéissants. Les maîtres qu'ils ont sont des maîtres selon la chair, qui peuvent être bons ou fâcheux, n'importe — l'esclave doit les respecter et leur obéir, et non se révolter contre leur autorité. Jamais le christianisme ne conduit à l'insubordination, mais il introduit la saveur du ciel dans les conditions de subordination, même les plus humiliantes. Le pauvre esclave devenu chrétien, était l'affranchi du Seigneur; il appartenait à Christ. Il devait obéir à son maître selon la chair, en simplicité de coeur, sans raisonner sur sa position, sans se plaindre, obéir comme à Christ, ayant son Seigneur devant lui. Devenu esclave de Christ, il devait servir non par crainte du châtiment et seulement sous les yeux du maître, non plus pour être loué par les hommes, mais comme étant toujours sous les yeux de Christ, et désirant lui être agréable. C'était d'ailleurs la volonté de Dieu qu'il faisait en obéissant ainsi à son maître, car c'est Dieu qui avait permis que, dans un monde de péché, il fût dans cette condition d'esclave. Et cette volonté de Dieu, comment devait-il l'accepter et l'accomplir? De coeur, servant joyeusement, comme asservi au Seigneur et non aux hommes. Ainsi la misérable et humiliante position d'esclave de l'homme, position parfois si douloureuse, disparaissait de devant ses yeux; Dieu, dans son amour, la remplaçait pour lui, par le doux assujettissement au Sauveur qui l'aimait, au Seigneur qui l'avait racheté, au Dieu qui était son Père. Quelque pénibles que fussent ses devoirs d'esclave, il pouvait dire en les accomplissant: «C'est mon Dieu que je sers». A quelle hauteur Dieu ne plaçait-il pas l'esclave méprisé, sans pour cela diminuer en rien sa responsabilité d'obéir, mais en lui donnant les motifs et les mobiles puissants pour le bien faire. Et c'est ainsi que l'évangile pouvait être orné en toutes choses par ceux que le monde considérait comme un rebut (Tite 2: 10).

Et au delà de cette terre, quand il n'y aura plus ni hommes libres, ni esclaves, la Parole montre le Seigneur, au jour de gloire, tenant compte de quelque bien que l'homme aura fait, dans quelque position qu'il se soit trouvé placé. Ayant servi le Seigneur et non les hommes, c'est du Seigneur qu'ils recevront la récompense.

Ce beau passage renferme d'ailleurs les principes qui doivent gouverner les serviteurs chrétiens aujourd'hui, bien qu'ils soient des serviteurs libres.

 (Verset 9). Les maîtres ont moins de paroles à leur adresse. Ils n'avaient pas besoin d'encouragements, comme les pauvres esclaves. «Faites en de même avec eux», dit l'apôtre; c'est-à-dire considérez-vous comme esclaves de Christ, ayant à lui répondre comme à votre Seigneur, et à faire aussi la volonté de Dieu. Ils avaient donc à se conduire chrétiennement à l'égard de leurs esclaves, «renonçant aux menaces», qui ne conviennent en aucune manière aux disciples de Celui qui était doux et humble de coeur, et qui, souffrant de la part des hommes, ne menaçait pas. Ils avaient à imiter leur Maître qui était aussi celui de leurs esclaves. Ils avaient à se souvenir que, quelle que fût leur position d'autorité sur la terre, ils avaient aux cieux un Maître duquel ils dépendaient, et devant lequel tous sont égaux, qui juge justement, auprès duquel il n'y a point d'acception de personnes. Il y aune grande délicatesse à rappeler ces deux motifs de conduite chrétienne aux maîtres et non aux esclaves: «Leur Maître, et le vôtre, est dans les cieux», et «il n'y a pas d'acception de personnes auprès de lui» — il vous juge tous sur le même pied.

De même que les exhortations adressées aux esclaves, conviennent en principe aux serviteurs actuels, ce que l'apôtre dit aux maîtres, s'applique à ceux d'aujourd'hui, car exercer l'autorité avec rigueur, et même en abuser, est un des penchants naturels du coeur de l'homme.

 (Verset 10). Ici cessent les exhortations relatives aux diverses relations dans lesquelles le chrétien peut se trouver sur la terre. Un sujet particulier est introduit qui concerne tous les saints, et les exhortations deviennent générales. Ce sujet est celui du combat. Mais ce combat a lieu sur le terrain même où l'apôtre nous a montré que sont les privilèges du chrétien, c'est-à-dire dans les lieux célestes, là où il est béni de toute bénédiction spirituelle en Christ, où il est assis en lui, où la sagesse diverse de Dieu est montrée aux principautés et aux puissances par l'Assemblée. Ainsi le combat se rattache au caractère même de l'épître. Ce n'est pas comme dans l'épître de Pierre, où les saints sont envisagés comme des pèlerins sur la terre, en route vers l'héritage céleste. Là, le désert est la scène du combat (1 Pierre 2: 11; 5: 8). Dans l'épître aux Colossiens, qui se termine par des exhortations semblables à celles que nous avons vues dans notre épître, les chrétiens sont vus comme ressuscités, mais encore sur la terre, et il n'est pas question pour eux de combat. En Ephésiens, le combat a lieu là où nous sommes placés — or, nous sommes «assis dans les lieux célestes en Christ».

Ce n'est donc pas tout de se conduire chrétiennement dans les diverses conditions et relations naturelles dans lesquelles nous nous trouvons ici-bas, — ce qui est représenté par la marche d'Israël à travers le désert, — mais il faut combattre les ennemis qui voudraient nous empêcher de jouir des biens et des privilèges célestes que nous avons en Christ. C'est ainsi que, bien que Canaan eût été donné à Israël, les ennemis occupant le pays, il fallait que le peuple de Dieu combattit pour en prendre possession et en jouir effectivement. Les Israélites avaient à combattre des hommes — le sang et la chair; notre lutte est contre les puissances des ténèbres. Or, pour combattre de tels ennemis, il faut autre chose que la force et les armes humaines, Nous avons besoin de la force du Seigneur et de l'armure complète de Dieu.

La première chose donc que nous dit l'apôtre est: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force». Il met de côté la force de l'homme comme complètement insuffisante contre des ennemis aussi puissants, et place devant nous, pour que nous nous en emparions, «la puissance de la force» du Seigneur, de Celui qui a triomphé de tous ces ennemis et auquel rien ne peut résister. Nous pouvons voir, au chapitre 4, ce qu'est la puissance de la force du Seigneur. Ressuscité, victorieux de la puissance de l'ennemi, il emmène «captive la captivité», monté en haut, au-dessus de tous les cieux, et remplit tout des effets de sa victoire. Cette force du Seigneur est nôtre en lui. «Fortifiez-vous dans le Seigneur»: on est en lui; saisissons cela pour être forts; saisissons ce que nous avons en Christ, selon les conseils et la grâce de Dieu; et puis, usons de «la puissance de sa force», soyons-en revêtus et pénétrés.

Remarquez comme ces paroles, nous exhortant à nous fortifier dans le Seigneur, sont bien à propos les premières, car, pour endosser une armure et être prêt au combat, il faut avoir de la vigueur. Un homme débile ne vaut rien pour cela. Et il ne nous est pas dit seulement: Soyez forts; mais la source où nous pouvons puiser la force nous est montrée — «dans le Seigneur». Quelle ressource!

(Verset 11). Mais avec la force, et pour pouvoir en user, il faut l'armure complète de Dieu. De même que la force est du Seigneur et non de nous, l'armure doit être de Dieu et non de l'homme, pour pouvoir résister à des adversaires tels que ceux avec qui la lutte est engagée et qui sont décrits plus loin. Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles. L'ensemble de cette armure constitue le bon état pratique du chrétien, non pas sa position en Christ devant Dieu; rien n'y doit manquer; Dieu la donne complète, afin que nous nous en revêtions. Si nous manquons à en revêtir une seule pièce, l'ennemi trouvera là une entrée pour nous nuire.

La raison pour laquelle nous avons à revêtir l'armure complète de Dieu, c'est afin de pouvoir «tenir ferme contre les artifices du diable». Ce n'est pas contre la puissance du diable que nous avons à tenir ferme. Sa puissance, Christ l'a brisée à la croix; par sa mort, il l'a rendu impuissant; c'est un ennemi vaincu, mais dont les artifices sont à redouter, dont il faut craindre les ruses, destinées à nous priver de la jouissance de nos privilèges et de nos bénédictions. L'armure de Dieu est ce qui nous permettra de tenir ferme contre toutes ses tentatives de séduction. C'est l'unique moyen de les déjouer. Notre prudence, notre sagesse, n'y pourraient rien.

(Verset 12). Ici, nous sont décrits la nature et le caractère des ennemis que nous avons à combattre; la sphère de leur domination, et le lieu où ils se trouvent et où ils livrent le combat.

Ce n'est pas contre «le sang et la chair» qu'est notre lutte. L'expression «la chair et le sang», employée dans divers passages de l'Ecriture (Matthieu 16: 17; 1 Corinthiens 15: 50; Galates 1: 16), désigne la nature humaine depuis la chute; ici, nous avons le sang et la chair, signifiant simplement des hommes, en contraste avec les êtres spirituels mentionnés dans la suite du passage. Ainsi les Israélites, pour se mettre en possession du pays de Canaan, avaient à combattre des hommes, — le sang et la chair, — nous, pour jouir des bénédictions célestes, nous avons à combattre des ennemis spirituels.

Le titre donné à ces ennemis est celui de «principautés et autorités». Un monde invisible très réel, aussi réel que celui qui tombe sous nos sens, nous entoure, peuplé d'êtres intelligents, doués en création, de facultés puissantes, d'énergie, de force, de manière à exercer la suprématie et le pouvoir: ce sont les principautés et les autorités (*). De ces créatures élevées en dignité, les unes sont demeurées dans la soumission à la volonté de Dieu qui seule dirige et règle leurs facultés et leur énergie, de Dieu, dont ils sont les instruments dociles. Ce sont les anges de Dieu, les saints anges, les anges élus; les anges de l'Eternel, puissants en force, qui exécutent sa parole, écoutant la voix de sa parole, «tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut» (Luc 15: 10; 9: 26; 1 Timothée 5: 21; Psaumes 103: 20; Hébreux 1: 14): parmi ceux-là sont ces principautés et autorités, dont il est question au chapitre 3 de notre épître (verset 10).

(*) Dans l'épître aux Colossiens, parmi les classes d'anges sont aussi mentionnés «les trônes et les seigneuries» (1: 16), sans doute des êtres plus élevés encore que les principautés et autorités, et dans les Romains, «les puissances» (Romains 8: 38).

Mais d'autres anges ont péché et n'ont pas gardé leur origine; ils ont abandonné Dieu; leur volonté s'est dépravée (2 Pierre 2: 4; Jude 6). Ils n'en sont pas moins des principautés et des autorités quant à leur nature, leurs facultés, leur puissance et leur énergie, mais ayant été rebelles à Dieu, tout leur être ne s'emploie qu'au mal. C'est une puissance spirituelle de méchanceté.

Ils ont un chef, Satan — l'adversaire (Matthieu 25: 41; Apocalypse 12: 7-9). Ce sont là les êtres, c'est là la puissance et l'énergie uniquement dirigées contre Dieu et ce qui est de lui, contre lesquels nous avons à combattre (*); nous avons besoin de bien voir, à la clarté de la parole de Dieu, combien ces ennemis sont redoutables, pour comprendre l'absolue nécessité de la force du Seigneur et de l'armure complète de Dieu.

(*) Il est bon aussi de nous rappeler que ce sont ces principautés et ces autorités, dont notre adorable Seigneur et Sauveur a triomphé sur la croix (Colossiens 2: 15). Cela ne diminue en rien la nécessité du combat, mais combien il est encourageant dans le combat de savoir que nous suivons un Chef qui a déjà triomphé des ennemis!

La sphère dans laquelle ces êtres méchants dominent est celle des ténèbres. Le mot traduit par «dominateurs» (*), implique que cette domination s'exerce sur le monde. Dieu est lumière; il demeure dans la lumière et la répand autour de lui. Mais le monde n'a pas la lumière de Dieu; elle est bien venue dans le monde, mais il n'en a pas voulu, et il est resté ténèbres. C'est dans ces ténèbres que les mauvais esprits dominent, trompant et séduisant les hommes.

(*) cosmocratoraz.

Remarquons encore que ce sont des «puissances spirituelles de méchanceté», et qu'elles sont «dans les lieux célestes». Nous sommes bénis en Christ «de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes», et c'est là que nous rencontrons, pour s'opposer à ce que nous jouissions de nos bénédictions, une puissance spirituelle, de même nature que ces bénédictions, mais puissance de méchanceté, c'est-à-dire l'entier contraste avec le bien, et qui, par son énergie, ses ruses et ses mensonges dans ce qui touche le domaine religieux, s'oppose à nous. Il ne s'agit pas simplement, dans cette lutte, d'empêcher la chair de se montrer et de résister aux tentations qui se présentent dans notre course à travers le désert. Sans doute, Satan est aux aguets et se servira, si nous ne veillons pas, de la chair et du monde pour nous faire tomber. Mais il y a plus, ici. Le combat est sur un terrain plus élevé — les lieux célestes, où nous avons tout en Christ. Et c'est ce terrain béni que Satan voudrait nous empêcher d'occuper. Or, si nous sommes fidèles à obéir aux exhortations de Dieu dans notre chapitre, la chair aussi sera tenue en bride, et le monde n'aura, plus d'attraits. Comment en aurait-il pour celui qui est tout occupé de s'emparer des biens célestes et qui en savoure la douceur?

Que si l'on s'étonne de voir ces puissances de méchanceté dans les lieux célestes, qu'on lise le commencement du livre de Job et le chapitre 12 de l'Apocalypse, et l'on verra affirmé le fait de la présence de Satan et de ses anges dans ces régions supérieures, d'où ils vont être précipités. Le Seigneur ne dit-il pas lui-même: «Je voyais Satan, tombant du ciel comme un éclair?» (Luc 10: 18). Ce temps viendra, comme aussi celui où nous serons mis en possession de notre héritage dans les cieux, et où nous jouirons en fait et dans la gloire de tout ce dont nous ne jouissons maintenant que par la foi et au prix de la lutte.

 (Verset 13). «C'est pourquoi», dit l'apôtre, après avoir montré la puissance redoutable de nos ennemis, «prenez l'armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister». Le mauvais jour, dans un sens général, c'est toute la période de temps durant laquelle Satan et ses anges peuvent exercer leur puissance, et durant laquelle le chrétien a à combattre. C'est le temps de l'absence de Christ. Mais il y a des temps où la puissance de l'ennemi se fait sentir d'une manière particulière, soit par l'opposition du monde, soit par le développement et les progrès de l'erreur; nous avons à être prêts à résister. Pour cela, nous avons à avoir revêtu l'armure complète; quand l'ennemi est sur nous, ce n'est pas le moment de l'endosser. La guerre est là toujours; l'effort puissant de l'ennemi peut se faire sentir d'un instant à l'autre; il cherche à nous trouver en défaut; soyons constamment et entièrement prêts à résister. Le mauvais jour doit nous trouver complètement armés.

«Et, après avoir tout surmonté, tenir ferme». Image frappante du combattant qui, ayant repoussé tous les assauts, est debout, prêt à une nouvelle lutte, car la guerre n'est pas terminée, et nous avons à tenir ferme la bannière de Christ, son témoignage ici-bas.

Nous en venons maintenant à la description des différentes pièces de l'armure que le chrétien doit revêtir.

(Verset 14). «Tenez donc ferme;» cri d'exhortation que l'apôtre fait entendre de nouveau aux combattants, puis il procède à la description des différentes armes dont le soldat chrétien doit se revêtir.

Les pièces de l'armure sont au nombre de sept, en comptant la prière. Une armure venant de Dieu ne peut être que complète. Toutes les pièces sont défensives, sauf la sixième: l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. Il faut non seulement les avoir toutes ensemble, mais on ne peut les revêtir que dans l'ordre indiqué, parce qu'elles sont la conséquence l'une de l'autre. La ceinture ne peut se mettre par-dessus la cuirasse; en effet, la ceinture est une garantie intérieure qui est comme l'âme de la sûreté extérieure que procure la cuirasse.

Une autre chose à remarquer, c'est que les pièces de l'armure sont toutes pratiques. Il ne s'agit pas de notre position devant Dieu. En Christ, elle est parfaite, et nous n'avons pas besoin d'être armés devant Dieu. Mais pour résister à l'ennemi et tenir ferme, nous avons besoin d'armes pratiques, de réalité dans notre intérieur et notre vie. Ainsi, par exemple, le chrétien étant justice de Dieu en Christ, n'a nul besoin de cuirasse devant Dieu; mais, devant l'ennemi, il est nécessaire qu'il ait la cuirasse de la justice pratique. Du reste, toutes ces dispositions pratiques à revêtir sont fondées sur ce qui est accompli en Christ et par Christ, et qui est devenu la part du croyant. Le chrétien, qui connaît l'oeuvre et la personne de Christ, qui, par grâce et par la foi, est entré en possession de ces privilèges décrits aux chapitres 1 et 2, peut seul revêtir l'armure de Dieu.

«Ayant ceint vos reins de la vérité». Le nouvel homme, en soi, n'a pas besoin de se ceindre de la vérité, puisqu'il est créé selon Dieu en justice et sainteté de la vérité. Mais le chrétien ayant la chair en lui et Satan contre lui, doit avoir le siège intérieur de ses affections et de sa force, tout son être moral, mis en ordre et maintenu constamment tel par l'action de la vérité. «Les reins», désignent ce qu'il y a de plus intime dans nos pensées, nos affections, les mouvements de nos coeurs. La vérité a son expression dans la parole de Dieu. Les reins sont ceints de la vérité, quand cette parole est appliquée à notre homme intérieur. La ceinture chez les anciens servait à retenir et à serrer autour des reins, les filaments flottants, de manière à ce qu'ils n'entravassent pas la marche; de plus, en serrant les reins, elle était un moyen de force. La ceinture de la vérité empêche les pensées et les mouvements du coeur de flotter et d'errer çà et là, donnant ainsi prise à Satan. Nous avons à appliquer nous-mêmes cette parole et à la laisser pénétrer en nous, selon le caractère sous lequel elle nous est présentée. La vérité est ainsi clairement connue et devient vérité pratique en nous; nous avons ainsi la force pour empêcher nos pensées d'errer, la lumière pour découvrir les ruses de l'ennemi, et la puissance pour lutter. Ainsi, au chapitre 4 de l'épître aux Hébreux, verset 12, nous lisons: «Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu'une épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur». C'est le jugement de nous-mêmes par la parole; une action continue de la vérité en nous, pour nous maintenir dans ce jugement. Les pensées et le coeur sont ainsi retenus par un frein qui les empêche de s'égarer, la volonté est bridée, tout est gouverné et tenu en ordre sous le regard de Dieu, l'ennemi ne trouve pas de prise.

«Ayant revêtu la cuirasse de la justice». Dans l'état décrit plus haut, on peut marcher pratiquement dans la justice, avec une conscience qui n'a rien à se reprocher, résultat d'une marche juste en toutes choses devant les hommes. La grâce nous enseigne à vivre justement. (Tite 2: 12). Paul s'exerçait à avoir «une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. C'est une cuirasse devant laquelle sont impuissants les reproches par lesquels l'ennemi cherche à troubler, et trouble en effet, une âme qui ne marche pas bien. Avec une bonne conscience, en marchant avec Dieu dans la justice, on est sans crainte.

(Verset 15). «Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l'évangile de paix». Pour la promptitude et la sécurité de la marche, une bonne chaussure est nécessaire au soldat. Le soldat chrétien doit avoir les pieds chaussés de la préparation de l'évangile de paix. Or une mauvaise conscience ne donne pas la paix, au contraire. On est alors mécontent de soi, mécontent des autres, et la marche est loin d'être assurée. Mais la marche selon la justice produit un état paisible, dans lequel on est capable de voir où l'on porte le pied pour le bien des autres. Et c'est ainsi, comme nous l'avons fait remarquer, que l'ordre, dans lequel s'endossent les différentes parties de l'armure, n'est nullement indifférent. L'une se rattache à l'autre: la vérité, la justice, la paix; soutenu et gardé par la vérité, on a une bonne conscience, et l'âme chemine en paix. Etant occupé du bien, le Dieu de paix est avec nous (Philippiens 4: 8, 9). On porte la paix avec soi, selon ce qui est écrit: «Or le fruit de la justice, dans la paix, se sème pour ceux qui procurent la paix» (Jacques 3: 18). Etant heureux soi-même, on répand le bonheur autour de soi. Quelqu'un a dit qu'un homme heureux est facilement aimable.

(Verset 16). «Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant». Cette arme défensive est essentielle pour repousser les assauts de l'ennemi, de quelque part qu'ils viennent. La cuirasse est une pièce fixe; le bouclier se manie de tous côtés; il en est ainsi du bouclier chrétien — «la foi», c'est-à-dire la pleine et entière confiance en Dieu, en sa bonté, sa sagesse, sa fidélité, sa puissance, dans la conscience constante de sa grâce. Cette confiance existe là où se trouvent la vérité dans le coeur et la justice dans la vie. Non seulement on marche paisiblement, mais on se confie en un Dieu que l'on connaît dans sa nature et dans son caractère. D'ailleurs, on a une bonne conscience devant lui; or cela produit la confiance. Comme quelqu'un l'a dit: «Une mauvaise conscience n'est jamais confiante».

«Les dards enflammés du méchant», allusion à ces traits empoisonnés qu'on lançait dans les combats, ou à ces autres traits garnis de matières inflammables et destinés à incendier les villes assiégées. Quoi qu'il en soit, ils représentent les efforts de l'ennemi pour jeter dans nos âmes le doute et l'incrédulité à l'égard de ce qu'est Dieu et de ce qu'il est pour nous. Il se sert pour cela de toutes les circonstances diverses par lesquelles nous avons à passer et où nous sommes mis à l'épreuve. C'est pourquoi, nous avons besoin d'être bien établis d'avance dans la confiance en notre Dieu, afin que, de quelque côté que vienne l'assaut, de quelque circonstance que l'ennemi fasse usage, nous présentions notre bouclier — foi en Dieu.

Non seulement le bouclier empêche les dards de nous atteindre, mais il les éteint. «Vous pourrez éteindre tous les dards;» avec cette confiance implicite en un Dieu qui vous aime, qui est pour vous, vous annulerez toutes les tentatives que Satan fera pour vous atteindre et vous affaiblir. Le Seigneur Jésus disait à ses disciples: «Ayez foi en Dieu;» puis aussi: «Toutes choses sont possibles à celui qui croit». On se confie ainsi en Dieu pour soi-même, pour les siens, pour le bien de l'Eglise, pour les intérêts du Seigneur.

Si, les premières pièces de l'armure manquant, on ne peut manier le bouclier dont l'intégrité dépend des autres armes, alors il n'y a rien pour repousser les dards enflammés de l'ennemi, et on peut être amené dans un état, où toute confiance dans l'amour de Dieu est perdue, état qui, à la fin, peut devenir voisin du désespoir. Dans une telle condition, il est impossible d'avoir le «casque du salut» sur sa tête, ni «l'épée de l'Esprit» dans sa main.

 (Verset 17). «Prenez aussi le casque du salut». Le mot traduit par «prenez», renferme aussi l'idée de «recevez». Quant aux quatre premières pièces de l'armure, il s'agit bien de les prendre nous-mêmes volontairement et avec énergie. Mais ici, au verset 17, il semble que l'on reçoit, en retour, et comme juste conséquence, le casque pour couvrir la tête et l'épée pour être maniée. «Le bouclier de la foi représente une confiance générale; le casque du salut est plutôt ce sentiment de liberté et de joie découlant de la connaissance de la délivrance que Dieu a opérée pour nous en Christ». Le casque du salut est ainsi le complément des diverses pièces défensives de l'armure. «Le salut et la délivrance de Dieu sont vivants dans notre mémoire. Dieu a été pour nous, et il est pour nous; qui sera contre nous». Ainsi préservé et gardé par cette pleine assurance d'un salut accompli, on marche la tête haute, sans crainte, avec courage, humblement sans doute, mais certain d'être sur le terrain et dans le chemin de toute délivrance; et fondé sur la Personne qui délivre.

Alors, muni de toutes les armes défensives, on peut saisir et manier «l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu». Celle-ci est une arme offensive, la seule au milieu de toutes les autres; mais son usage dépend pour nous du fait d'avoir revêtu le reste de l'armure, sans quoi nous ne saurions nous en servir.

Lorsque la parole de Dieu, comme étant la vérité qui sanctifie (Jean 17: 17), a pénétré en nous comme une épée à deux tranchants (Hébreux 4: 12), alors nous pouvons employer à notre tour cette même parole, comme une arme contre l'ennemi. C'est une arme à laquelle il ne saurait résister, comme nous le voyons dans le combat que le Seigneur lui livre dans le désert. Devant cette pointe aiguë d'un «il est écrit», et d'un «il est encore écrit», l'ennemi n'a qu'à se retirer.

Mais il faut savoir manier cette épée. Or elle est «l'épée de l'Esprit;» ni l'intelligence, ni la capacité de l'homme, ne sauraient bien en faire usage; «car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles» (2 Corinthiens 10: 4). Il faut donc, pour se servir de la Parole à propos et bien diriger les coups de cette épée, que l'Esprit agisse en nous, nous faisant voir où, quand et comment frapper. En même temps, dans nos combats spirituels, elle sert à nous défendre, en nous faisant juger ce qui est contre Dieu et s'oppose à nous.

Remarquons encore que le combat, dans notre chapitre, n'est pas une lutte corps à corps avec l'adversaire, que nous avons à soutenir jusqu'à ce qu'il soit terrassé: aussi longtemps que nous sommes ici-bas, le combat se prolonge; c'est donc plutôt une attitude permanente de défensive sur laquelle nous devons nous tenir pour ne pas être entamé par l'ennemi.

(Verset 18). On pourrait penser qu'une fois arrivé à un tel état pratique, revêtu des pièces de l'armure divine dont nous venons de parler, le chrétien a acquis, contre l'ennemi, une provision de force dont il peut user librement jusqu'au bout. Il n'en est rien. La septième et dernière partie de l'armure est justement l'expression d'une absolue et continuelle dépendance de Dieu. Et cette dépendance, expression de la faiblesse, est la source réelle, bien que cachée, de puissance, sans laquelle le reste ne serait rien. C'est ce qui donne et entretient force et vie aux autres parties de l'armure. «Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit». Cette recommandation se lie étroitement avec ce qui précède et qui a rapport à l'épée de l'Esprit. Pour manier l'épée de l'Esprit, il faut aussi prier par l'Esprit. L'état de dépendance et de confiance envers Dieu, en même temps que de communion avec lui, impliqué par la prière, doit être continuel — «en tout temps», et s'étendre à tout — «par toutes sortes de prières». De plus, la ferveur doit s'y joindre, ce sont «des prières et des supplications». Les besoins sentis vivement, conduisent à des requêtes pressantes. Mais c'est «par l'Esprit». L'Esprit découvre les besoins, forme les désirs, et dirige le coeur vers Celui qui seul peut satisfaire parfaitement les besoins et répondre aux désirs qui sont selon lui, puisque l'Esprit les produit. Ainsi le combat se poursuit dans la dépendance de Dieu, dans la communion de Dieu et avec la force de Dieu.

Mais il y a plus: c'est la vigilance spirituelle pour que rien ne nous détourne de Dieu; c'est la persévérance à nous servir de cette arme. Si l'ennemi veille sans cesse, si, constamment, nous sommes en butte à ses attaques, nous ne saurions nous endormir et cesser de prier: «Veillant à cela avec toute persévérance». Tout tourne en prières, quand l'on est près de Dieu; toutes choses deviennent des occasions de nous entretenir avec Dieu.

«Et des supplications pour tous les saints». Dans la communion avec Dieu, le coeur s'élargit; on ne pense pas à soi-même seulement, mais à tous ceux que Dieu aime et que Jésus a rachetés. Ils sont dans le même combat, on prie pour eux. Si l'on prie peu, on prie surtout pour soi, mais en priant en tout temps, en étant en tout temps auprès de Dieu, les intérêts, la gloire du Seigneur, occupent le coeur; on exerce sa sacrificature en faveur de tous les saints. Quel précieux privilège!

(Versets 19, 20). Mais on pense aussi aux serviteurs du Seigneur. «Et pour moi», dit l'apôtre, «afin qu'il me soit donné de parler à bouche ouverte pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l'évangile, pour lequel je suis un ambassadeur lié de chaînes, afin que j'use de hardiesse en lui, comme je dois parler». Nous avons ici, dans l'apôtre, un bel exemple de la dépendance du chrétien; il ne l'exprime pas seulement lui-même pour lui-même, mais, comme serviteur du Seigneur, il comptait sur les prières des saints (voyez Hébreux 13: 18, 19; 1 Thessaloniciens 5: 25, etc.). L'apôtre priait et rendait grâces pour tous les saints (2 Thessaloniciens 1: 11; Romains 1: 8, 9; Ephésiens 1: 16; 1 Thessaloniciens 1: 2), mais il comptait aussi sur leurs prières pour lui.

Il était «un ambassadeur lié de chaînes». Quelle expression! Quel contraste! Un ambassadeur chez les hommes a droit à être respecté; mais l'apôtre n'était pas mieux traité que son Maître ne l'avait été. Mais nous voyons bien dans le cas de Paul, comme dans tant d'autres, que si Dieu permet que l'ennemi fasse emprisonner le serviteur de Christ, le service du serviteur ne peut être emprisonné. Dans les liens, comme en liberté, Paul, comme ambassadeur, délivrait son message (2 Corinthiens 5: 20, 21). Son emprisonnement a servi, non seulement à amener à la connaissance de l'évangile des prisonniers, des geôliers, des esclaves, des soldats, mais à faire proclamer le message de Dieu jusqu'à la cour de l'empereur de Rome. Et c'était pour avoir la hardiesse nécessaire, et pour pouvoir parler comme il le fallait dans ce lieu-là, que Paul sentait particulièrement le besoin d'être soutenu par les prières des saints.

Soutenons-nous ainsi, en tout temps, par nos prières, les serviteurs du Seigneur?… Et prions-nous toujours pour tous les saints?…

(Versets 21, 22). Paul envoie Tychique à Ephèse, au lieu de le garder près de lui dans ses circonstances de prisonnier. Il montre ainsi son attachement pour les Ephésiens. Comptant en même temps sur leur amour pour lui, Paul, et sachant l'intérêt qu'ils lui portaient dans la position où il était, il veut qu'ils soient consolés par les nouvelles que Tychique était chargé de leur communiquer.

(Versets 23, 24). Dans sa salutation, au verset 23, l'apôtre exprime ce qu'il souhaite aux frères dans leur généralité: «Paix, amour, avec la foi, de la part de Dieu, le Père, et du Seigneur Jésus Christ!» Mais, au verset 24, il exprime quelque chose de spécial, pour «tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté».

La grâce ne saurait s'allier avec le relâchement, avec un coeur partagé, relativement à ce qui concerne la personne du Seigneur Jésus Christ. Si cela a eu lieu, il faut la vérité agissant dans la conscience pour ramener le coeur à un état pur. «En pureté» (*), c'est selon la puissance de la vie divine qui écarte tout ce qui peut corrompre. Ceux qui ont le coeur pur verront, Dieu (Matthieu 5: 8). Celui qui prononce le nom du Seigneur, est exhorté à se retirer de l'iniquité, à se purifier des vases à déshonneur, et à poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur (2 Timothée 2). Lui-même a dit: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole». Aimant ainsi le Seigneur Jésus Christ en pureté, on a besoin de la grâce pour être maintenu dans la vérité et dans la séparation de tout ce qui pourrait altérer cette pureté.

(*) «En incorruptibilité»,  ajnarsia

On a remarqué que l'épître aux Ephésiens ne parle pas de la venue du Seigneur; les saints y sont vus comme déjà assis en lui dans les lieux célestes. Les bénédictions, les prérogatives, le combat, le témoignage, tout, dans cette épître, se trouve dans les lieux célestes.