Méditations de J.N.D.

 

Méditations de J.N.D. 1

Méditation de J.N.D. no 28 - Ephésiens 1. 1

Méditation de J.N.D. no 29 - Lévitique 16. 4

Méditation de J.N.D. no 30 - Luc 22: 14-30. 6

Méditation de J.N.D. no 31 - Luc 23: 32-46. 8

Méditation de J.N.D. no 32 - Exode 29. 11

Méditation de J.N.D. no 33 - 2 Corinthiens 12. 12

Méditation de J.N.D. no 34 - 2 Corinthiens 4. 15

Méditation de J.N.D. no 35 - Juges 1: 21 – 2: 5. 17

 

Méditation de J.N.D. no 28 - Ephésiens 1  

Darby J.N. – ME 1888 page 55

Ce chapitre nous montre: 1° ce que nous possédons déjà comme rachetés; 2° l'espérance de la gloire; 3° le Saint Esprit qui nous est donné ici-bas, pendant l'absence de Christ, comme arrhes de notre héritage, en attendant la rédemption de toutes choses. C'est du Saint Esprit, arrhes de notre héritage, source de notre force et de notre communion, que je désire vous entretenir aujourd'hui.

Le Saint Esprit est donné aux croyants (verset 13). Du temps des apôtres, il manifestait sa présence par des dons extraordinaires. Ces dons ayant pris fin, le fait de sa présence est aujourd'hui méconnu et oublié. On ne voit pas les enfants de Dieu se confier dans la présence et la puissance du Saint Esprit, pour être dirigés par lui. Le Saint Esprit gouverne l'Eglise; si l'on perd de vue cette vérité, on oublie du même coup que Satan gouverne le monde et en est le prince. Les Ecritures ne parlent jamais de l'influence du Saint Esprit; elles présentent le Saint Esprit comme Dieu, comme une personne agissante. Le Saint Esprit nous communique la vie; mais ce n'est pas là la présence du Saint Esprit gouvernant les saints individuellement, et collectivement l'Eglise.

Le Seigneur dit à ses disciples en s'en allant, qu'il leur enverrait un Consolateur qui serait éternellement avec eux. Après avoir tout accompli, Jésus s'est assis à la droite de Dieu et le Saint Esprit a été envoyé, non au monde, mais aux disciples seuls.

L'Esprit est l'agent divin immédiat dans la création (Genèse 1: 3) et sur nos propres coeurs, mais ce n'est pas là sa présence personnelle en nous. Il faut aussi distinguer entre les dons du Saint Esprit et sa présence. Il est des hommes qui ont le don de faire des miracles et que le Seigneur n'a pas connus. Balaam qui prophétisait par l'Esprit, était un réprouvé. Judas a fait des miracles sans être converti. Saül était parmi les prophètes et tomba sous le jugement de Dieu. Le Saint Esprit étant Dieu, agit comme Dieu dans sa souveraineté, sans égard à l'état du coeur. Dans l'Eglise, il distribue les dons comme il veut. Le Saint Esprit produit la vie en nous; c'est par l'efficacité de son opération que nous sommes engendrés de Dieu. Il nous convainc de péché, et nous rend d'abord misérables par la vue de ce que nous sommes. Nous arrivons ainsi à la conviction de notre entière impuissance. L'effet en est de nous introduire dans le sentiment d'une responsabilité toute nouvelle vis-à-vis de Dieu, responsabilité qui découle de la grâce et n'a rien à faire avec la responsabilité de l'homme sous la loi. Quand l'Esprit a fait naître en nous ce sentiment, il nous affranchit et produit la joie. Ces opérations de l'Esprit de Dieu ne sont pas encore sa présence.

Lisons maintenant quelques passages qui nous parlent de ce dernier fait: Galates 4: 6. Romains 8: 15. Au commencement de la vie chrétienne, avons-nous dit, l'Esprit communique la vie, mais, lorsqu'on est enfant, on reçoit le Saint Esprit comme gage de l'adoption, et l'on crie: Abba, Père.

2 Corinthiens 1: 20-22. Jean 7: 39. Le Saint Esprit est donné à ceux qui croient.

Ephésiens 1: 13. Romains 8: 15. Le Saint Esprit est le sceau de notre salut; ce don est la conséquence de l'accomplissement de ce salut. L'Esprit ne pouvait être donné avant cet accomplissement, avant que Jésus fût glorifié. Auparavant, il était un Esprit prophétique, tandis que maintenant il est nécessairement, pour les croyants, le sceau de ce qui est accompli, le sceau de leur salut. Il rend témoignage dans nos coeurs des pensées de Dieu. Il ne peut être en nous un esprit de crainte; il ne nous place pas sous la loi; il nous révèle les pensées de Dieu, et ces pensées sont que Dieu nous considère non comme des serviteurs, mais comme des enfants. Depuis la Pentecôte, quand il est question de l'Eglise, c'est le mot nous qui est employé. Il nous a aimés, nous a lavés, nous a fait rois et sacrificateurs, nous a ressuscités. Désormais, l'Esprit n'est plus un esprit de prophétie, en sorte que celui qui parle puisse être étranger aux événements qu'il annonce; c'est un esprit d'accomplissement, de communion, le sceau de mon adoption, de mon salut, et les arrhes de ma gloire.

Ce n'est pas l'humilité qui dit: Je ne sais pas si j'ai le Saint Esprit. Le témoignage de l'Esprit ne peut être douteux. De ce que quelques-uns rêvent, il ne s'ensuit pas que ceux qui veillent ne puissent avoir la certitude de ce qu'ils voient. Le Saint Esprit est le gage de tout ce que nous possédons; il est un esprit de liberté, de joie, de force. Il est vrai qu'on peut être joyeux sans être converti; qu'on peut écouter l'évangile avec joie, sans que la conscience soit atteinte; mais quand l'Esprit est là, son fruit se manifeste bientôt, et nous fait voir si cette joie était vraie ou fausse. On trouve toujours chez celui qui est vraiment converti, à côté de la joie et malgré elle, une conscience vivifiée, parce que l'âme a été introduite en la présence de Dieu. L'enfant de Dieu n'est pas seulement joyeux de son pardon; il est joyeux de faire la volonté du Père. C'était la joie de Christ. Si nous ne faisons pas cette volonté, loin d'être joyeux, nous serons tristes et mal à l'aise. Notre conscience ne peut être satisfaite quand nous perdons, par notre désobéissance, la communion avec Dieu. C'est cette communion qui fait que l'enfant de Dieu hait le péché même, et non pas les conséquences du péché, qu'il le hait par amour pour son Père et non pas pour échapper au châtiment. Celui qui serait joyeux d'être pardonné et qui, alors même que le péché lui permettrait d'entrer au ciel, ne haïrait pas le péché, celui-là ne serait pas un enfant de Dieu. La joie d'un homme inconverti n'est pas une joie dans la présence et dans la communion de Dieu lui-même. Elle peut être produite par la présence des enfants de Dieu, ou par une bonne prédication. Une conscience délicate, plus joyeuse dans la présence de Dieu que hors de cette présence, ne peut se trouver que chez un vrai enfant de Dieu. Il se sent mal à l'aise dans le monde, il peut se sentir tout à fait au large en la présence de Dieu. L'effet d'une fausse joie est d'endormir la conscience.

Voilà ce qui distingue la présence du Saint Esprit dans l'âme de l'enfant de Dieu qui est affranchi.

Un autre caractère du Saint Esprit est la connaissance et l'intelligence des choses de Dieu. L'onction de la part du Saint (1 Jean 2: 20) est un Esprit d'intelligence qui fait connaître toutes choses. Ce n'est pas l'onction du Sage, mais celle du Saint. Si nous pratiquons le péché et contristons l'Esprit, nous ne pouvons avoir cette connaissance dans une grande mesure. C'est dans communion de Dieu, que nous connaissons et comprenons les pensées de Dieu. Dieu est un ami dont nous connaissons les pensées intimes. Celui qui est habitué à voir en Christ les conseils, les pensées, les promesses de Dieu, comprend les pensées de Dieu; elles ne se révèlent pas à celui qui ne vit pas dans sa communion. Ces choses sont cachées aux sages et aux intelligents et révélées aux petits enfants. Quand nous nous sentons petits, nous comprenons la puissance et la richesse de Dieu. C'est le péché seul qui nous obscurcit la parole de Dieu, car l'onction de la part du Saint nous fait connaître toutes choses.

Le Saint Esprit, en nous révélant l'accomplissement du salut, est le sceau de notre adoption; il est un esprit de joie, d'affranchissement, de liberté. Il est un esprit de force; le nouvel homme n'est pas la force, mais l'Esprit est la force du nouvel homme. Ceux qui croient ont la vie éternelle le Saint Esprit devient la puissance de cette vie il fortifie ceux qui la possèdent. Il nous communique les choses de Christ avec la conscience qu'elles sont à nous, ce qui le distingue de l'esprit prophétique. Si je passe dans ce monde souillé, le coeur occupé de Dieu, c'est par le Saint Esprit qui est un esprit de force, car il m'enlève à ce qui m'entoure et m'entretient de Christ, du ciel, de Dieu, et me fait jouir des choses de Christ comme étant miennes. Il nous donne, dans la communion de Dieu, la certitude que Dieu est pour nous. L'oeil est simple, le corps plein de lumière; nous sommes du parti de Dieu dans le monde.

Si tout cela est vrai, l'Eglise de Dieu rend témoignage par son état, qu'elle a contristé, que nous avons contristé le Saint Esprit. Elle est faible, privée de connaissance, de certitude, de puissance. Elle ne se distingue pas, aux yeux du monde, par les résultats de sa communion avec Dieu. C'est un état humiliant. Nous nous sommes, hélas! contentés de peu de chose. Rebroussons chemin; humilions-nous devant Dieu; prions pour nous-mêmes; intercédons pour l'Eglise.

Méditation de J.N.D. no 29 - Lévitique 16

Darby J.N. -  ME 1888 page 235

Ce chapitre traite du grand sacrifice qui était offert pour le peuple une fois l'an, type du sacrifice de propitiation offert par Christ une fois pour toutes (Hébreux 9: 11-14). Une chose indispensable aux sacrifices était la présence de Dieu; sans cette présence, il ne pouvait y avoir pour le peuple aucune communion.

Le souverain sacrificateur entrait seul devant Dieu, et commençait par faire expiation pour lui et pour sa maison, après quoi il faisait expiation pour le peuple. Aaron et ses fils représentent toujours l'Eglise, non pas sous l'aspect d'un seul corps, mais comme une famille de sacrificateurs. Mais de plus, Jésus qui a intercédé pour le peuple sur la croix, est encore là devant Dieu pour lui; seulement, il n'est pas encore sorti du tabernacle pour apporter à Israël l'assurance de l'acceptation du sacrifice. Nous qui avons cru, nous avons d'avance espéré en Christ. Les Juifs croiront quand ils verront; nous croyons sans avoir vu. C'est là la bénédiction de l'Eglise; elle participe aux promesses et à l'appel de Dieu et à toute l'efficacité du sacrifice.

Il y avait deux boucs, l'un pour l'Eternel, l'autre pour être Azazel (le bouc qui s'en va) pour le peuple. Le premier était tué et son sang offert à l'Eternel, type de la présentation du sang de Christ à Dieu; l'autre était chargé vivant du péché du peuple et envoyé au désert.

Afin que Dieu fût pleinement glorifié et pût agir en amour envers les pécheurs, il fallait qu'une expiation fût faite et que le sang fût offert à Dieu. Si Dieu tolérait le péché, ce ne serait pas de l'amour pour les pécheurs, mais une indifférence pour le mal qui déshonorerait son caractère; ce serait l'amour de Dieu, comme le comprennent les mondains. Mais il y a une intelligence spirituelle qui comprend que Dieu ne peut agréer le mal en sa présence. Il était convenable que le chef du salut fût consacré par les souffrances; il fallait que le Fils de l'homme fût élevé; il fallait, que le caractère de Dieu fût pleinement glorifié, et que nos péchés fussent complètement éloignés de nous, afin que nous pussions avoir communion éternelle avec Dieu.

Le sang ayant été présenté et l'expiation faite, l'amour peut découler librement du trône de Dieu, et la grâce être annoncée aux pécheurs. Ce qui met la conscience à l'aise quant à nos péchés, c'est que tous ont été mis sur la tête de Jésus qui les a confessés. Il est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.

On trouve dans ce chapitre trois grands faits:

  1.  Le sang présenté à Dieu.
  2.  Les souillures du tabernacle purifiées par le sang.

237

  1.  Les péchés du peuple, confessés par le souverain sacrificateur et mis sur le bouc Azazel.

Considérons ces points l'un après l'autre:

1.  Jésus est entré dans le ciel, dans le lieu très-saint, où Dieu habite une lumière inaccessible. Le chemin des lieux saints n'était pas encore manifesté, tant que le premier tabernacle était debout. Ce chemin est manifesté aujourd'hui; le voile a été déchiré, et nous contemplons la gloire de Dieu à face découverte. Cela établit un grand contraste entre les Juifs et nous. Les Juifs pouvaient, selon leurs lumières, faire des choses qui seraient pour nous de grands péchés. Nous avons été admis dans la présence de Dieu sans voile, quant au principe de nos relations avec lui. Il n'y a rien entre Dieu et nous. Si le voile a été déchiré, Dieu dans toute sa sainteté, et le monde dans tous ses péchés, sont en présence sans intermédiaire. Comment Dieu ne consume-t-il pas le monde? Jésus a pris sur lui le péché et l'a ôté de devant Dieu! — Tous les moyens que Dieu avait employés jusqu'à la mort de Christ, se sont montrés vains; tel est le résultat de l'expérience que Dieu a faite de l'homme pendant 4000 ans. Alors la grâce, c'est-à-dire l'activité de Dieu en amour envers les pécheurs condamnés, s'est manifestée. Elle se manifeste aujourd'hui, jour favorable, jour de salut, tandis que le monde est condamné, mais que le jugement n'est pas encore exécuté. Telle est l'économie actuelle. Le sang de Christ, présenté à Dieu, permet à Dieu d'agir saintement dans son amour envers les pécheurs. Ce sang est la voie, le chemin de l'amour de Dieu. Il n'y a aucune inconséquence en Dieu, sans quoi on ne pourrait se reposer sur lui. Le sang n'est pas sur nous, il est devant les yeux de Dieu; il a été répandu par aspersion sur le trône de Dieu, qui devient ainsi nécessairement un trône de grâce. Si je possède la vie divine, je vois combien ce sang est précieux, mais ce n'est pas la mesure de mes pensées qui est la mesure de mon assurance; la foi regarde aux pensées de Dieu, et je sais par la foi que Dieu estime le sang de Christ comme il doit être estimé. Il voit toujours des mêmes yeux: «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous». C'est là l'assurance de la foi et notre sécurité. Rien n'a fait ressortir, comme la rédemption, l'horreur de Dieu pour le péché. Pour être toujours en la présence de Dieu, pour être en repos quant à nos relations avec lui, nous n'avons qu'à voir le sang de Christ accepté de Dieu. Dieu a accepté l'expiation; il n'est donc plus question de péché entre moi et Dieu. Je ne parle pas ici du combat contre le péché. Quand je pense à moi-même, j'ai nécessairement la conscience du péché; si je pense à Dieu, je n'en ai plus aucune conscience. Le sang est devant Dieu, et si le péché n'est pas entièrement expié, le sang n'a aucune valeur. Le sang est la réponse de Dieu à toute accusation de Satan contre moi. C'est ainsi que ces accusations tombent, et c'est là une source de paix continuelle;

Il y a une expression parfaite de l'amour de Dieu envers nous. Dieu nous a aimés quand nous étions dans nos péchés et, lorsqu'il a été fatigué de nos iniquités, au lieu de se débarrasser de nous il s'est débarrassé d'elles par Christ! Dieu nous a tant aimés qu'il a donné son Fils; à la croix, il a manifesté son amour. Il n'a point épargné son Fils pour moi; ce que le ciel contient de plus précieux a été livré pour moi. L'amour de Dieu, l'expiation pour l'homme, voilà ce qu'enseigne et ce que manifeste la croix de Christ. La conscience se réveille devant la croix, mais elle trouve en Christ un plein repos.

2.  La purification du lieu saint figure la purification de ce monde et de toute la création dans ses relations avec Dieu. C'est dans ce monde que Christ a souffert; afin que Christ prenne son héritage, il faut que cet héritage soit purifié. Le péché a tout souillé; il faut une réconciliation de toutes choses par le sang de Christ. C'est de cette purification du lieu saint, qu'il est question en Colossiens 1: 19, 20: «En lui, toute la plénitude s'est plue à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux».

3.  Dans le bouc Azazel, nous voyons Christ substitué à nous, comme s'il avait commis tous nos péchés qui sont mis sur sa tête et qu'il a confessés, car il était à la fois victime et sacrificateur. C'est un grand soulagement de comprendre qu'il n'y a aucun de nos péchés qui n'ait déjà été confessé devant Dieu. C'est ce qui m'engage à les confesser. Impossible de le faire, si l'on pense que ces péchés nous feront condamner. Mais si Christ l'a fait et si la colère est déjà tombée sur lui, notre coeur est soulagé et nous pouvons hardiment confesser nos péchés sans crainte d'être condamnés. C'est ce qui ôte la fraude du coeur (Psaumes 32: 2). C'est ainsi que je sais que je suis éternellement sauvé, sinon Christ serait mort en vain. Dieu serait injuste s'il m'imputait mes péchés, puisque Christ en a déjà porté la peine. Ils sont tous sur le bouc Azazel. «Mon serviteur juste… portera leurs iniquités». Impossible de sonder cet amour de Christ. Plus il était saint, plus il était accablé du poids de nos péchés. Plus il comprenait la sainteté de Dieu, plus il avait horreur du péché. Plus il connaissait l'amour de Dieu, plus il a senti sa colère.

Mes péchés sont, avec le bouc Azazel, dans une terre inhabitable. Ils sont restés dans la tombe de Christ. Le même coup qui a déchiré le voile, a ôté tous mes péchés de devant la face de Dieu!

Méditation de J.N.D. no 30 - Luc 22: 14-30

Darby J.N. -  ME 1888 page 256

A la table où le Seigneur leur parlait de son anéantissement jusqu'à la mort dans l'institution de la cène, les disciples se disputent pour savoir lequel d'entre eux sera estimé le plus grand. Ils n'ont pas compris que le principe de l'enfant de Dieu, du disciple, est d'être serviteur, serviteur de tous, par la puissance de l'amour de Dieu agissant en lui. Etre grand ici-bas est l'opposé du principe chrétien. On élève dans le monde des monuments aux bienfaiteurs de l'humanité; le seul monument que le monde ait élevé à Christ est la croix. Mais la croix, c'est la grâce. La grâce fleurit dans la vallée de l'humilité; c'est dans les vallées, et non au sommet des montagnes, que tout prospère.

La chair s'élève toujours, mais de plus, elle ne sait faire face à aucune difficulté. Comme dans le cas de Pierre, elle peut bien nous pousser au milieu du danger, mais jamais nous en faire sortir. Devant les obstacles, elle nous fait tomber ou bien elle s'endort. Et pourtant, ce sont ces mêmes disciples auxquels Jésus dit qu'ils ont persévéré avec lui dans ses tentations!

Tant qu'il est ici-bas, le Seigneur se montre comme Juif et Messie au milieu des Juifs; tout change, quand il monte à la droite de Dieu. Il nous est important de comprendre que nos relations sont avec Christ dans la gloire, et non pas avec Christ sur la terre. Quand bien même Paul l'aurait connu selon la chair, il ne l'aurait cependant plus connu de cette manière dans la suite. Quand on confond ces deux choses, on applique à l'économie actuelle des principes qui concernent les Juifs. Les richesses qui étaient une bénédiction pour eux sont, pour le chrétien, un grand piège. Notre vocation étant céleste, nous y sommes d'autant plus libres que nous avons moins d'attaches ici-bas. Gloire, honneur, richesses, sont autant de liens qui, en nous attachant à la terre, affaiblissent nos vrais liens avec le ciel.

Lorsque Christ, le Créateur, a été mis en croix, tous les fondements ont été renversés. En deçà de la croix, l'homme est désormais ruiné et perdu; dans la croix, il trouve son salut. Mais il nous faut encore aller au delà de la croix.

Tout ce que possédaient les Juifs était extérieur et terrestre; c'étaient les rudiments du monde. Or Christ s'est donné lui-même pour qu'il nous retirât du présent siècle mauvais. Le monde est ainsi jugé par la croix de Christ. En condamnant Christ, le monde s'est condamné lui-même, et tout a été rompu entre lui et Dieu. C'est désormais la grâce seule qui est le principe selon lequel Dieu peut agir.

Dans la cène, Jésus donne à ses disciples un gage d'amour; mais auparavant, ayant joui pour la dernière fois avec eux du mémorial de la délivrance des Juifs, il prend un autre caractère. Il reçoit une coupe, non celle de la cène, il la distribue aux disciples sans en boire lui-même, et il ajoute: «Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu» (verset 18). Il prend désormais, d'une manière ouverte, le caractère du nazaréat, celui de la séparation d'avec les pécheurs. Il était venu au milieu des pécheurs, les cherchant, lui-même sans péché. Il prend désormais la position de séparation, de sainteté, pour s'asseoir à la droite de Dieu. C'est par la résurrection que Jésus a été pleinement déclaré Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté. Cette résurrection est une évidence publique de la puissance de la vie de Dieu et de la sainteté de Christ (Romains 1: 4; Hébreux 7: 26). Christ est maintenant ouvertement séparé des pécheurs. Quand il reviendra, il apparaîtra «sans péché» pour les siens, et repoussera le péché de sa présence, tandis que, sur la terre, Christ a été l'ami des pécheurs et des gens de mauvaise vie. Le chapitre 6 des Nombres montre le caractère du nazaréat. Le vin est le signe d'union et de rapports entre convives. C'est pourquoi il est dit que le vin réjouit Dieu et les hommes (Juges 9: 13), mais le nazaréen n'en buvait pas. Le chrétien doit aimer les pécheurs, mais se séparer du péché; il est nazaréen comme Jésus; sa sainteté correspond à la position que le Seigneur occupe maintenant, lui qui a dit: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité». C'est par la mort et par la résurrection, que Jésus a pris cette place de séparation vis-à-vis du monde et des pécheurs. Quand le royaume de Dieu sera venu, nous serons tous ensemble dans la joie du Seigneur, avec lui. Maintenant, le chrétien est joyeux, sans doute, mais affligé. Il ne peut être joyeux ici-bas avec le monde qui a tué son Sauveur. Beaucoup de temps s'est écoulé depuis, mais le temps n'y fait pas de différence, le caractère du monde reste le même; il faut être converti pour ne plus lui appartenir. Si notre coeur appartient à Jésus, il nous est impossible d'être autrement qu'affligé dans le monde. Le monde se divertit, il danse sur le tombeau de notre Sauveur.

Mais, d'autre part, le chrétien se réjouit dans le Seigneur, est joyeux de sa part céleste, à laquelle le monde ne comprend rien. La joie du chrétien est une espérance pleine de gloire; mais ici-bas il reste toujours nazaréen et ne peut avoir la gloire dans ce monde. Il invite, il conjure les pécheurs de se convertir, mais il ne peut avoir communion avec eux. Jésus a été rejeté du monde et reçu dans le ciel; c'est aussi la position du chrétien. Notre Souverain Sacrificateur est élevé au-dessus des cieux. Il nous a laissé un mémorial de son amour dans la cène. S'il n'est plus présent avec nous ici-bas, c'est qu'il s'est donné pour nous. Son absence n'est pas indifférence, car la cène est le mémorial de son amour parfait pour nous.

Christ nous introduit par une vie toute nouvelle dans le royaume céleste. Nous ne sommes pas transportés dans le royaume du Fils bien-aimé sans posséder sa vie, celle du second Adam, qui est Esprit vivifiant. Nous sommes rendus participants de la nature divine. La conversion est non seulement un changement, mais la communication d'une vie qui nous était inconnue auparavant, vie cachée en Christ, séparée des pécheurs, séparée du monde.

Méditation de J.N.D. no 31 - Luc 23: 32-46

Darby J.N. -  ME 1888 page 275

Le brigand converti a partagé dans ce monde le sort de son compagnon; dans le ciel, il partage celui de Jésus. La différence entre les deux brigands vient de Dieu, non des circonstances. Dieu peut se servir des circonstances, mais elles ont souvent un effet tout opposé sur les âmes, comme on le voit dans le cas de ces deux hommes. En principe, toute âme sauvée se trouve dans la même situation que le brigand; et personne n'a jamais été sauvé autrement que lui. On trouve en lui une foi vivante, plus vivante que celle de beaucoup de chrétiens qui passent tranquillement leur vie dans ce monde.

Il y a une oeuvre faite pour le brigand et une oeuvre faite en lui. Quand l'oeuvre est faite en nous, nous jouissons de tous les effets de l'oeuvre faite pour nous. La parole de Dieu nous présente des cas extraordinaires pour nous enseigner de grands principes. Le péché d'Adam n'est pas différent de ceux que nous commettons, mais nous en voyons bien mieux les effets, quoiqu'ils soient les mêmes pour nos péchés. De même, le salut du brigand est exactement semblable au nôtre.

Le brigand avait une grande foi. Jésus était condamné par la puissance civile, abandonné des siens, rejeté du monde, traité comme un malfaiteur. Rien en lui ne pouvait faire reconnaître le Fils de Dieu. Extérieurement, rien ne devait faire croire en lui; il était même plus bas que le malfaiteur qui osait l'outrager, parce qu'il s'était dit le Christ, le Fils de Dieu. Toute l'inimitié, toute la haine du coeur charnel était déchaînée contre lui. Et cependant, c'est alors que le brigand l'appelle son Seigneur, et voit en lui le Christ.

Les incrédules peuvent tolérer toutes les idoles, toutes les religions fausses, ils prétendent pouvoir honorer une procession qui passe dans les rues; on admet tout dans le monde, excepté de prêcher publiquement Christ. Toutes les fois que Satan voit les droits de Christ proclamés ici-bas, il s'en irrite. Même un brigand outrage Jésus qui le supporte sans ouvrir la bouche, se mettant ainsi au-dessous de celui qui l'injurie.

«Ne crains-tu point Dieu?» dit à son compagnon le brigand dont le coeur est touché. Sa conscience le place en la présence de Dieu; c'est là le commencement de la sagesse. C'est la foi, reconnaissant Dieu dans ses droits. La philosophie, l'intelligence, jugent Dieu selon leurs pensées, mais du moment que la conscience agit, l'homme prend sa place devant Dieu et se soumet. Toutes les plus belles idées qu'on peut avoir de Dieu ne changent point, comme telles, nos relations avec lui; la conscience n'en est pas atteinte. Ce n'est qu'en se présentant à Dieu comme pécheur que l'homme se soumet à Dieu. Quand nous voyons dans les souffrances, dans la mort, tous les effets du péché, nous comprenons que nous avons été chassés du paradis par le péché.

On n'a pas de sentiment profond sans en parler; la religion qu'on garde pour soi est bien faible. Le commencement de la conversion du brigand est de craindre Dieu. Il censure fortement son compagnon. La présence de Dieu avait changé l'état moral et la dureté de son coeur. Cette présence devient pour lui la circonstance dominante. Le péché n'est plus ce qui nuit à notre réputation, mais ce qui offense Dieu justement. Cet homme ne tient plus au jugement de l'homme, il songe à celui de Dieu. Quand la conscience est éveillée, la pensée dominante est la crainte de Dieu; l'âme est toute préoccupée de Dieu et de son état devant lui. L'homme introduit dans la présence de Dieu, se juge comme Dieu le juge; tandis que l'homme naturel essaye d'éviter de penser à Dieu, cherche à s'étourdir pour se persuader que Dieu ne pense pas à lui. Mais Dieu ne nous oublie pas, et nous n'en avons pas de plus grande preuve que notre malaise dès que nous pensons avoir à faire avec lui.

La conviction de la justice de notre condamnation suit le réveil de la conscience. C'est là la franchise chrétienne, c'est la vérité dans le coeur. Le jugement de Dieu ayant pénétré dans le coeur, celui-ci se juge justement. «Et pour nous, dit-il, nous y sommes justement». Il ne cache pas son péché et ne perd pas son âme pour garder sa réputation, comme, hélas! bien des gens le font. Il connaît Dieu et se connaît lui-même, ce que les hommes les plus savants ne peuvent faire, s'ils ne sont pas, comme lui, réveillés par la présence de Dieu.

Jésus était là, crucifié parce qu'il était juste, parce qu'il n'avait rien fait qui ne se dût faire. C'est ce que les Juifs n'avaient pas vu, ce que les disciples n'avaient pas compris; le brigand le reconnaît. Il a la lumière du Saint Esprit, l'intelligence éclairée pour connaître le Seigneur Jésus comme homme. Il le voit outragé, humilié, ne se vengeant d'aucune insulte, et son coeur est touché. Il prend le parti de Jésus, témoigne en sa faveur; il l'aime. C'est le même mobile qui pousse aussi les chrétiens à se mettre du côté de Jésus contre ceux qui l'outragent. Le brigand voit la gloire et la perfection de Christ.

Il dit aussi: «Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume». Quand l'appelle-t-il Seigneur? Ce n'est pas au milieu d'un monde tranquille, au milieu d'enfants de Dieu, si souvent même on a honte de le nommer. Ici Jésus, condamné par les puissances ecclésiastiques et civiles, est proclamé Seigneur par un pauvre brigand, avec une simplicité de foi et une conscience parfaites. Cet homme attend son règne, quoiqu'il ne le voie que sur la croix. Il a compris la gloire à venir du Seigneur; son coeur et ses affections sont à lui. Il oublie ses souffrances corporelles, il ne songe qu'au Seigneur, il le confesse; il a la force de reprendre son compagnon.

Crainte de Dieu, connaissance de soi-même, connaissance de Jésus, foi en lui et foi en son règne, oubli de soi, désir d'avoir part et jouissance avec lui… cette foi nous fait honte. Pas un de nous n'en a une pareille, aussi vive, aussi efficace. Tels sont les grands traits de la conversion.

La réponse du Seigneur vient au-devant de la confiance et des espérances de cet homme. Comment le brigand qui se disait justement condamné par les hommes, peut-il dire à Jésus de se souvenir de lui? C'est qu'il y a en Christ quelque chose qui touche le coeur. Il a pris sur lui notre condamnation. La certitude de l'amour de Dieu et la vue de Jésus portant notre condamnation, mettent le coeur au large. Cela produit la confiance et nous fait dire: Seigneur, souviens-toi de moi! Si tous nos péchés n'étaient pas déjà ôtés de devant Dieu, il faudrait qu'ils fussent produits au grand jour du jugement. La confiance du brigand était fondée; un moment avait effacé tous ses péchés.

«Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis». Ce brigand a été le seul compagnon de Jésus pour passer de la croix dans le paradis. Jésus a pris place avec lui dans la condamnation, lui, entre avec Jésus dans le troisième ciel, et partagera bientôt sa gloire. Son péché a été entièrement effacé; il a été rendu pur aux yeux de Dieu par l'oeuvre de Christ. Il faut cela pour avoir une vraie paix. C'est parce que notre péché a été placé entièrement devant Dieu et que Jésus l'a confessé et porté, que nous sommes dans la lumière, dans la paix et dans la confiance devant Dieu.

Le brigand était rendu digne d'être «aujourd'hui» dans le paradis. Si nous croyons, la même grâce nous est faite. Nous pouvons être aujourd'hui pleinement en paix, si nous croyons Dieu sur parole, quand il nous dit que le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Jésus dit au brigand: «Avec moi». C'est la seule consolation apparente que Jésus ait dans ce moment-là. Pendant qu'il était sur la croix, il a pu voir dans le brigand le résultat de la croix.

Méditation de J.N.D. no 32 - Exode 29

Darby J.N. -  ME 1888 page 316

Si Dieu nous a rachetés, c'est afin de pouvoir demeurer au milieu de nous (verset 46). La chose sera pleinement accomplie, lorsque le tabernacle de Dieu sera avec les hommes; aujourd'hui, cette bénédiction a son accomplissement partiel en ce que le Saint Esprit habite au milieu de nous (Ephésiens 2: 19-22). Il est contristé par l'état de l'Eglise, mais il n'en est pas moins là pour agir sur nous, nous faire accomplir le bien, louer le Seigneur, comprendre sa Parole. La responsabilité de l'Eglise serait bien mieux comprise, la puissance bien plus réalisée, il y aurait parmi nous une bien plus grande jouissance de la présence de Dieu, si nous rapportions tout à cette présence, si nous comprenions cette vérité qu'il nous a tirés du monde pour habiter au milieu de nous. Depuis la Pentecôte, il n'est plus parlé du Saint Esprit que comme étant sur la terre avec l'Eglise, bien que, comme Dieu, il soit partout.

Ce chapitre nous présente la consécration d'Aaron, type de Christ, et celle d'Aaron et de ses fils qui, pris ensemble, sont toujours un type de l'Eglise. Il y a plusieurs détails communs à la purification du lépreux et à la consécration des sacrificateurs. Les chrétiens doivent, en effet, être purifiés du péché et consacrés à Dieu pour être la sacrificature royale. Nous sommes cette sacrificature, parce que nous lui appartenons; chez les Juifs, être Juif ou sacrificateur n'était pas la même chose.

Les offrandes ne pouvaient être présentées que lorsque les sacrificateurs avaient été purifiés. Il n'y a qu'une seule sanctification pour tous, la vie divine. La source et le caractère de cette vie sont la mort et la résurrection de Christ. La vie éternelle nous est donnée et cette vie est dans le Fils; voilà le témoignage rendu par l'eau, l'Esprit et le sang: l'eau, la purification; le sang, la mort et l'expiation; l'Esprit, la résurrection. Christ demeurant ici-bas, ne pouvait être le Chef de la nouvelle famille qui est l'Eglise. Pour nous, la vie vient de Christ ressuscité, une vie dont Christ ici-bas était l'expression parfaite.

Considéré personnellement, Aaron vient à part (verset 7). Parfaitement pur en lui-même, conçu du Saint Esprit, Christ a pu être oint du Saint Esprit sans préparation. Aaron, type de Christ, est oint d'huile sans sacrifice. Comme homme, Christ était pleinement accepté de Dieu; il a été oint du Saint Esprit en vertu de sa perfection personnelle. Il n'en était pas ainsi des fils d'Aaron. Afin de pouvoir être introduits dans le service de Dieu, il faut que le sacrifice pour le péché soit offert pour eux. Il faut que le chrétien soit purifié pour être consacré à Dieu. Le sang de Christ est la première chose nécessaire; la valeur du sang de Christ, fait péché pour nous, nous présente devant Dieu dans la perfection de cette offrande. Quant à l'application du sacrifice, elle suit la sanctification de la personne. En ce sens, la sanctification précède notre consécration à Dieu et notre justification. Il faut que le Saint Esprit nous sépare du monde, pour que le sang de Christ nous soit appliqué en efficacité de justification. Il fallait être lavé d'eau avant que le sacrifice pour le péché fût offert. (Il va sans dire que la justification précède la sanctification journalière). Après le sacrifice pour le péché, l'holocauste est offert, parce que nous sommes présentés devant Dieu selon la bonne odeur du sacrifice de Christ.

On trouve dans le bélier de consécration une pensée de plus que dans la purification du lépreux (Lévitique 14) qui, comme nous l'avons dit, offre plusieurs points de contact avec notre chapitre. C'est la consécration à l'Eternel. Tout en nous doit être consacré à Dieu selon la pureté du sang, et selon la confiance qu'il donne devant Dieu. Nous ne sommes pas débiteurs à la chair; elle n'a point de droits sur nous; nous pouvons lui opposer le sang de Christ. Satan non plus n'a point de droits sur nous, car la mort de Christ a détruit tous ses droits. Tout est consacré à Dieu, dans notre union avec Christ. Les vêtements sont toutes les choses qui se manifestent, nos habitudes, notre manière d'être. Tout doit provenir de l'onction du Saint Esprit, répandu sur Aaron et ses fils. Ce sont les affections et les habitudes de Christ qui doivent être nos affections et nos habitudes ici-bas. Christ est dans le lieu très-saint; tout en nous doit découler de notre union avec Christ, là où il est. Notre caractère doit manifester ce qui est propre au sanctuaire de Dieu, l'obéissance parfaite, la soumission entière, la perfection infinie, la vie pure. L'huile de l'onction figure l'onction du Saint Esprit, qui donne la connaissance de ces choses et qui est la puissance pour les réaliser; par cette onction, nous comprenons que nous sommes des personnes célestes.

Consacrés de cette manière, les sacrificateurs pouvaient présenter les offrandes.

L'onction de l'huile (du Saint Esprit) dépend de notre acceptation parfaite devant Dieu, par le sacrifice de Christ. La présence du Consolateur dans nos coeurs vient à la suite de notre acceptation. L'onction de Christ est venue sans sacrifice, parce qu'il était pur.

Avons-nous saisi cette pensée que tous les chrétiens sont non seulement sauvés, mais consacrés à Dieu? que nous avons le droit d'entrer en la présence de Dieu, comme étant une sacrificature royale? Que Dieu nous en donne la joie et la puissance, et nous en fasse sentir la responsabilité.

Méditation de J.N.D. no 33 - 2 Corinthiens 12

Darby J.N. -  ME 1888 page 334

Il y a un grand contraste entre le commencement et la fin de ce chapitre, entre Paul ravi au troisième ciel et les chrétiens de Corinthe, entre ce que le chrétien devrait être et ce qu'il peut être — jusqu'où il peut descendre.

Le verset 2 nous présente un grand privilège qu'il est utile de considérer. Paul parle de lui-même comme d'un homme en Christ, et c'est là le caractère de chaque chrétien, de toute l'Eglise. Paul ne fut pas ravi au troisième ciel en qualité d'apôtre, mais en qualité d'homme en Christ, sur la même ligne que le reste de l'Eglise. Celui qui est en Christ est une nouvelle création et a sa place dans le troisième ciel, quoique tout homme en Christ n'y soit pas ravi comme l'apôtre. Mais nous sommes vivifiés ensemble avec Christ, assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Il n'y a point d'endroit où la foi ne puisse pénétrer.

Paul n'a pas reçu au troisième ciel une révélation pour la communiquer à d'autres; au contraire, il y est allé assister à des mystères qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer; il y est allé réaliser la présence de Dieu et y puiser sa force. Quand l'oeil de la foi pénètre devant Dieu, il y trouve, avec la communion, la force pour marcher devant lui dans toutes les circonstances. Ce n'est pas non plus ici, comme sur la sainte montagne, la vue de la gloire future de Christ; c'est la communion avec Dieu, à laquelle le corps ne peut participer, à laquelle même il devient insensible. Le principe de cette communion s'applique à nous tous; le degré n'en est pas le même que pour Paul, mais notre grand et commun privilège est celui-ci: «, Afin que vous ayez communion avec nous» (les apôtres); «or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ».

Il y a dans l'épître aux Ephésiens, chapitre 1: 15-20, et chapitre 3: 14-19, deux prières fort différentes. La première a pour objet la connaissance de la gloire de Christ et de ce qui s'y rattache; la seconde exprime le désir que nos âmes jouissent de la communion avec Dieu. L'apôtre demande que nous soyons fortifiés par le Saint Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que le Christ habite dans nos coeurs par la foi, et que nous soyons remplis de la connaissance de l'amour de Christ jusqu'à toute la plénitude de Dieu. Ces bénédictions ne peuvent se réaliser pour nous quand nous recherchons les choses d'ici-bas, car alors nous contristons le Saint Esprit, et l'homme intérieur est aussitôt affaibli.

Quel était le sujet de gloire de l'apôtre Paul? Non ce qu'il était, ni ce qu'il avait fait, mais ses infirmités (verset 9). Dans la communion avec Dieu, il avait compris que sa force était en Dieu. Si, dans l'infirmité de la chair (Galates 4: 13), il a été l'instrument de la conversion de tant de gens, c'est que la puissance de Dieu était avec lui. Aussi se plaisait-il dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ, dans tout ce qui n'est pas la chair, dans tout ce qui ne la favorise pas.

Du moment que l'apôtre retrouve la conscience de sa présence dans la chair, celle-ci cherche à s'élever et Dieu envoie l'écharde. La chair recherche le soulagement, elle craint les combats, les difficultés, mais Dieu ne veut pas la soulager aux dépens de l'âme. On peut demander avec ardeur la guérison d'infirmités, ou la délivrance de circonstances pénibles, que Dieu n'accordera pas. Notre dépendance de Dieu en est augmentée. Nous devons, non seulement nous attendre aux infirmités, mais y prendre plaisir, afin que la puissance de Christ soit manifestée en nous.

Cette écharde dans la chair envoyée à Paul, afin qu'il ne s'enorgueillît pas, était quelque chose qui le rendait méprisable dans la prédication (Galates 4: 13, 14). C'était un contrepoids au ravissement dont il avait été honoré. Nous n'aurons pas nécessairement la même écharde que Paul, Dieu nous enverra toujours celle qui nous convient. C'est Satan que Dieu emploie contre la chair. Satan agit sur la chair de quatre manières différentes.

  1.  Avant la conversion, la chair est sous la domination de Satan, la conscience étant endurcie. Tel était le cas de Judas qui aimait l'argent et était voleur. Quand il eut pris le morceau, Satan entra en lui pour le porter à commettre l'iniquité sans frein, et pour le livrer ensuite au désespoir, quand il vit le résultat de son crime.
  2.  Avant la conversion, la chair est entraînée à agir par les séductions de Satan.
  3.  Après la conversion, la chair reste toujours là, et peut tomber sous l'action directe de Satan, si l'Esprit, sceau de la rédemption, n'a pas encore été donné, ou bien s'il n'a pas encore accompli en nous son oeuvre d'affranchissement. On se trouve alors dans le cas de Pierre, s'opposant à Christ dans presque toutes les circonstances. Avant la transfiguration, quand Jésus parle de ses souffrances prochaines et que Pierre, par affection, mais selon la chair, veut l'en dissuader, le Seigneur lui répond: «Va arrière de moi, Satan» (Matthieu 16: 23).
  4.  Satan demande à nous avoir pour nous cribler comme le blé, par le moyen de la chair. Jésus l'annonce à ses disciples et prie particulièrement pour Pierre dont la chair était forte.

Pierre se mettait en avant en toute occasion et montrait chaque fois, que la chair est l'opposé de Christ. Jésus dit aux disciples: «Veillez et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation». Ce n'est pas encore entrer dans le péché. L'effet de l'Esprit est de pousser Christ à la prière, aussi quand la tentation arrive, elle ne peut rien sur lui; mais les trois disciples, au lieu de veiller et de prier, dorment, accablés de tristesse, et quand la tentation survient, elle fait d'eux sa proie. Tandis que tout ce qui pouvait briser le coeur du Seigneur se réunissait contre lui, que Judas le trahissait par un baiser, Jésus demeure calme, se soumet, se livre, subit le comble de l'humiliation; Pierre, lui, tire l'épée. La chair pousse dans la tentation, mais n'y soutient personne; elle conduit Pierre chez le souverain sacrificateur. Jésus y rend un magnifique témoignage; Pierre, poussé par Satan, le renie. En toutes choses, la chair est opposée à Christ; et cependant Pierre aimait beaucoup le Seigneur. — Même après avoir reçu le Saint Esprit, ou voit encore Pierre agir selon la chair (Galates 2: 11-21). Toutes les fois qu'un chrétien agit selon la chair, ce qu'il y a en lui de piété sanctionne et autorise aux yeux des autres le mal qu'il fait. Quand la chair agit dans un chrétien, les effets en sont, à cause de cela, bien plus funestes que dans un inconverti. Pierre, par son exemple, entraîna tous les Juifs d'Antioche, même l'apôtre Barnabas, dans sa dissimulation.

Avoir été même dans le troisième ciel, ne change rien à la chair. La chair s'élevait et pouvait, dire à Paul: Personne n'a été là que toi! C'est alors que l'ange de Satan a la permission de le souffleter, mais devient un instrument de la bonté de Dieu pour empêcher Paul de s'enorgueillir. Dieu ne fait pas cela lui-même, mais Satan, qui aime à faire du mal aux enfants de Dieu, est employé par lui comme un instrument pour nous rendre la chair désagréable, là où elle voudrait s'élever et être considérée.

Ce sont les circonstances pénibles à la chair qui ont le plus de profit pour nos âmes. Il serait inutile à un père d'infliger à son enfant un châtiment qui, pour ce dernier, n'en serait pas un. L'action et la puissance de Dieu en nous, ainsi que notre faiblesse, se manifestent dans ces difficultés. Quand vue chose pénible se trouve devant nous, la réponse de Dieu est: «Ma grâce te suffit». Dieu veut nous introduire en sa présence dans une joie que la chair n'aura pas gâtée, et tout ce qui nous fait sentir la chair d'une manière pénible, nous est particulièrement profitable.

Méditation de J.N.D. no 34 - 2 Corinthiens 4

Darby J.N. -  ME 1888 page 376

Les premiers mots de ce chapitre font allusion au chapitre 3, où l'apôtre avait établi le contraste entre le ministère de l'Esprit et de la justice, et celui de la mort.

1° Le ministère de l'évangile est un ministère de miséricorde; il n'exige pas quelque chose de nous, mais il nous apporte la miséricorde de Dieu. 2° C'est le ministère de la gloire de Christ (verset 4). 3° Etant la manifestation de la vérité (verset 2), et plaçant ainsi la conscience des hommes devant Dieu, il est voilé pour ceux qui périssent; jugement terrible, mais selon la vérité. Cette expression «voilé» fait allusion au verset 18 du chapitre 3. La gloire de Dieu n'est pas voilée maintenant; elle l'était dans l'économie précédente, où personne ne comprenait ce qui était caché sous les types. Maintenant, le voile est ôté.

L'apôtre prêchait le Christ Jésus comme Seigneur (verset 5). L'évangile se présente à nos âmes, de la part de Dieu, comme une demande de soumission à Christ. Cet évangile, qui sortait de la bouche de Paul aussi pur qu'il était entré dans son coeur, quel était-il? L'évangile de la gloire et de la miséricorde de Dieu.

La manifestation de la gloire de Dieu devant nous, pécheurs, produit nécessairement notre condamnation, en démontrant que nous ne sommes pas ce que cette gloire exige. Quand l'homme est son propre juge, il est content de lui-même; marchant dans les ténèbres, il ne voit pas son état; quand la lumière de la gloire de Dieu apparaît, elle le remplit de trouble en lui montrant qu'il est condamné. Mais la manifestation de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ, devient pour l'homme pécheur un ministère de miséricorde.

Alors que Christ était ici-bas, il y avait une pleine manifestation de la miséricorde. La première fois que Dieu rencontre l'homme, c'est dans le jardin d'Eden, après la chute. La seconde fois qu'il lui parle directement, c'est sur la montagne de Sinaï en donnant la loi. La troisième fois, c'est quand Dieu est manifesté en chair. La quatrième fois, ce sera quand le Seigneur reviendra. — La première fois, l'homme était déjà déchu; il avait désobéi à Dieu, obéi à Satan; il se trouvait nu et misérable, corrompu et souillé. L'effet du péché est de manifester le péché malgré lui. L'homme est de nature nu, convaincu de péché, et ne peut supporter la présence de Dieu. Il fait tout pour se distraire, s'étourdir, et chasser la pensée de cette présence qui troublerait toutes ses fausses joies. La seconde fois, sur la montagne de Sinaï, Dieu apparaît dans une majesté qui remplit l'homme de terreur. Plus Dieu se manifeste, plus l'homme est obligé de reconnaître l'impossibilité de se tenir devant lui. La loi exige ce que l'homme ne peut pas accomplir; elle met en lumière le péché et la condamnation. Avant la loi, l'homme est déjà désobéissant et perdu; la loi est donnée pour le démontrer. Elle n'est pas un ministère de salut; exiger l'obéissance n'est pas offrir un moyen d'être sauvé. Dieu a donné la loi pour produire la connaissance et la conviction du péché, et afin que l'offense (non le péché) abondât. Si Dieu avait donné la loi afin que l'homme fût sauvé par elle, il aurait dû la donner praticable; mais, sous la loi, Dieu a rencontré l'homme pour le convaincre de péché par la manifestation du péché qui est en lui.

La méchanceté de l'homme étant ainsi prouvée, Dieu rencontre l'homme une troisième fois; il vient lui-même comme homme dans la personne de Jésus Christ. Il vient selon un tout autre principe, principe de miséricorde envers l'homme, dans l'état où il se trouve. Ce n'est que pour l'homme qui se sent sans ressource et renié devant Dieu, que cette miséricorde acquiert son efficacité. Mais cette venue de Christ n'est pas encore la plénitude de la gloire de Dieu. Cette gloire était cachée sous l'humiliation de Jésus, afin que la miséricorde fût palpable, accessible, que Dieu pût déployer sa débonnaireté, sa patience, qu'il pût être le serviteur de tous. Ce Dieu, juge des vivants et des morts, vient converser avec les pécheurs et s'abaisse en miséricorde au-dessous du dernier d'entre eux. C'est ce qui ouvre le coeur à la confession de ses péchés, Touché par la miséricorde, il ose confesser son état, parce qu'il sait qu'il ne sera pas condamné. Dieu s'est anéanti, humilié, et s'est présenté à l'homme ruiné et perdu, pour lui faire comprendre que la miséricorde descend jusqu'à lui, et que sa présence est le seul refuge de l'homme pécheur.

C'est là la plénitude de la miséricorde, l'évangile de l'humiliation de Christ, non celui de la gloire. L'évangile de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus Christ était, plus particulièrement, celui que Paul avait à présenter. Les autres apôtres avaient été témoins oculaires de l'humiliation de Jésus, et l'avaient accompagné dans cette humiliation. Paul n'a connu Jésus que dans la gloire; il est l'apôtre de cette gloire de Christ, qui avait été le moyen de sa conversion. Et pourquoi l'avait-elle converti? La présence de Christ dans la gloire était la preuve que les péchés de Paul étaient complètement effacés. Le Seigneur n'aurait pu sortir du tombeau, si les péchés de tous les croyants n'avaient pas été entièrement ôtés. Telle est l'importance de la gloire de Christ. Je le répète: la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ, est l'évidence que tous les péchés que Christ a portés sont effacés. Elle est la preuve de notre justification actuelle. Si la gloire de Dieu m'est révélée maintenant, c'est le gage de mon entier pardon et de la miséricorde de Dieu. C'est pourquoi Paul a pu prêcher immédiatement la gloire de Christ dans la synagogue de Damas. Il pouvait en parler, lui, le premier des pécheurs, auquel la grâce de Dieu ouvrait la bouche, parce que, devant cette gloire, il avait appris qu'il était sauvé. Le fait que Christ dans la gloire parlait à Paul, était la preuve d'une oeuvre accomplie qui place le pécheur, non pas devant la justice de Dieu en jugement, mais devant sa grâce. Dieu ne dit pas: «Qu'as-tu fait?» mais: «Voici ce que j'ai fait pour toi». C'est là ce qui affranchit pleinement l'âme. Un pécheur trouve paix et consolation dans le fait que Christ s'est anéanti pour lui, mais Christ vu dans la gloire, donne toute assurance, toute garantie que tout est accompli. Si Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine. Nous trouvons dans la gloire de Christ une grande hardiesse de parler. Voilà pourquoi Paul dit que, si l'évangile est encore voilé, il l'est en ceux qui périssent.

Quand la gloire de Dieu que les hommes ont méprisée, se manifestera aux derniers jours, les hommes n'y verront plus la miséricorde. Ce sera le moment où ils diront aux montagnes et aux rochers: Couvrez-nous; mais ils ne pourront éviter de la voir.

Le ministère de Paul est joyeux, parce qu'il est le ministère de la miséricorde; celle-ci le remplit de confiance dans les difficultés. Les souffrances, comme les plaisirs, ne sont que pour un moment; la gloire qui nous est proposée est éternelle. Nous y puisons la force pour nous détourner du monde et pour nous empêcher de nous laisser envahir par les affections d'ici-bas.

Méditation de J.N.D. no 35 - Juges 1: 21 – 2: 5

Darby J.N. -  ME 1888 page 395

Le livre de Josué contient le récit de l'accomplissement des promesses faites à Abraham. Les fils d'Israël devaient séjourner en Egypte, puis en la quatrième génération revenir en Canaan, car l'iniquité des Amorrhéens n'était pas encore venue à son comble (Genèse 15: 16). Les Cananéens représentaient le monde sous l'influence de Satan; le monde sur lequel Dieu ne prononce le jugement que lorsque son iniquité est arrivée aux dernières limites.

Le livre des Juges est le livre de l'infidélité des Israélites, après que Dieu eut tenu envers eux les promesses qu'il leur avait faites par Josué. Cette infidélité a pour conséquence le châtiment du peuple par les nations même qu'il avait laissé subsister à ses côtés; ces dernières pillent les Israélites, car Dieu les a vendus en la main de leurs ennemis. Alors Dieu suscite à Israël des juges, pour le délivrer de la main de ceux qui le pillaient.

Les quelques traits que nous venons de tracer nous peignent l'histoire de l'homme depuis le commencement. Chaque fois que Dieu l'a placé dans la bénédiction, il en déchoit aussitôt pour se livrer à l'iniquité, et c'est ce qui arriva à Israël dès son entrée en Canaan.

Mais, comme nous l'avons vu, Dieu n'exerce un jugement définitif que lorsque l'iniquité est parvenue à son comble. La mort de Christ est le comble de l'iniquité d'Israël, le comble de l'iniquité du monde. Aussi l'arrêt est-il déjà prononcé, sans retour, sur le monde et son prince (Jean 16: 11). Si le monde n'était pas déjà condamné, Dieu lui donnerait une loi comme règle de conduite, ainsi qu'il le fit jadis à Israël. Avant de condamner les hommes, Dieu a employé tous les moyens possibles pour agir sur leurs coeurs et leurs consciences. Quand Dieu leur envoie ses prophètes, ils les lapident; quand il envoie son Fils, ils ne l'écoutent pas davantage, l'abreuvent d'outrages et le crucifient. Dès lors le monde est jugé.

Et maintenant, que fait Dieu? Exécute-t-il son jugement? Non, il agit en grâce et envoie son évangile. Il fait annoncer dans le monde la bonne nouvelle de la réconciliation; il réconcilie des hommes, ses ennemis, avec lui-même, il en fait ses enfants et les retire du monde, parce que le monde est jugé. Est-il étonnant que l'amitié du monde soit inimitié contre Dieu? Si j'avais vu hier la ville de Lausanne crucifier mon père, il me serait impossible d'être aujourd'hui le compagnon ou l'ami de telles gens. L'évangile de la grâce est le seul langage que le chrétien puisse tenir dans ce monde. Au commencement des Actes, les disciples comprennent très bien cette nouvelle situation qui leur est faite, comme conséquence de la croix de Christ. Ils ne peuvent être les amis du souverain sacrificateur et des chefs du peuple, mais ils leur annoncent la grâce et la miséricorde de Dieu.

Aujourd'hui l'état du monde est, au fond, le même qu'alors. Rien n'est changé dans ses principes. Ce qu'il y a dans le monde, convoitise des yeux, convoitise de la chair, orgueil de la vie, s'y trouve aussi bien aujourd'hui qu'alors; et de plus, la preuve de ce qu'est le coeur de l'homme a été livrée définitivement à la croix.

Il y a donc entre le chrétien et le monde une barrière infranchissable. Hélas! quant à nos affections et nos habitudes, nous sommes si souvent du monde! Israël désirait bien posséder Canaan, mais, dans le désert, il regrettait les oignons d'Egypte. Pour posséder le ciel, il nous faut vaincre le monde et ses habitudes dans les circonstances où nous sommes. Il n'y a que la grâce de Dieu et une nouvelle vie, qui puissent nous en donner la force. C'est en vain que nous désirons le ciel, s'il n'y a pas en nous la persévérance, produit de l'Esprit de Christ, et cette décision qui fait arracher l'oeil et couper la main droite. Il faut souvent rompre les liens les plus intimes, et en cela l'approbation de Dieu peut seule nous soutenir et nous suffire. Dieu, en nous mettant en relation avec lui, veut que nous rompions toute alliance avec le monde, car le monde est jugé. On ne peut être du monde et de Christ en même temps.

Dieu avait pleinement manifesté sa puissance en faveur d'Israël, au pays de Canaan. Les murs de Jéricho étaient tombés. Sans doute, le péché d'Acan, s'appropriant l'interdit, c'est-à-dire les choses du monde, avait momentanément affaibli le peuple, mais Israël avait été relevé pour marcher de victoire en victoire. Toutes les fois qu'il combat ses ennemis, l'Eternel est avec lui, et il a le dessus; l'ennemi est vaincu par la force de Dieu. Mais que trouvons-nous au chapitre 1 du livre des Juges? Au lieu de s'appuyer sur l'Eternel, les Israélites admettent les païens à vivre avec eux; ils font alliance avec des ennemis jugés. Mais Dieu ne peut être avec les siens, quand ils s'allient avec ce que lui, a condamné. Quand l'Eglise fait ses concessions au monde, le monde peut souvent lui venir en aide, mais elle devient son esclave. Elle a perdu l'heureux sentiment de la toute-puissance de Dieu, et elle tombe.

C'était à Guilgal qu'Israël avait été sanctifié, mis à part pour Jéhovah; l'Ange de l'Eternel y était, et c'est de là qu'il monte à Bokim. Bokim signifie «pleurs». L'alliance des chrétiens avec le monde les conduit à la tristesse et aux larmes. L'Eternel avait fait monter Israël hors d'Egypte et avait tout accompli en sa faveur; mais il n'avait pas écouté sa voix. Pourquoi avait-il fait cela? (2: 2). Dieu laisse alors subsister les Cananéens à côté d'Israël, comme un jugement qu'il prononce contre son peuple (verset 3). Dieu ne peut reconnaître ceux qu'Israël reconnaît; il ne peut donner sa sanction au monde qui a condamné son Fils.

Le coeur des Israélites avait manqué de confiance envers l'Eternel; alors ils avaient traité avec leurs ennemis, mais désormais ils ne pouvaient plus être à l'aise avec Dieu. Celui qui souffre à côté de lui l'autel d'un faux dieu, n'ose pas monter à Jérusalem (1: 21). La communion avec Dieu et le discernement se perdent; la conscience même s'endurcit et ne peut plus condamner le mal. Alors une tristesse continuelle s'empare de l'âme, et cela est encore un bienfait, car si l'âme se trouvait à son aise, c'est que l'Esprit de Christ n'y serait plus.

Accepter les principes du monde, voilà la source de la chute du chrétien et de l'Eglise; car c'est reconnaître ce que Dieu a condamné. C'est cette infidélité qui nous conduit de Guilgal à Bokim. — Dieu permet ce relâchement, mais ne le sanctionne jamais. Seulement, il se sert, dans sa grâce, de nos ennemis qui sont là, et de la mondanité, pour éprouver notre fidélité et nous apprendre ce que c'est que la guerre (3: 2), jusqu'à ce que le repos arrive,

Dieu agit en nous, et Satan dans le monde; si nous faisons cette distinction, nous sommes toujours les plus forts. C'est parce que nous sommes sortis d'Egypte pour être le peuple de Dieu, que nous devons combattre toutes les habitudes trompeuses du monde. Que Dieu nous donne d'être rendus clairvoyants, par la présence de son Esprit, pour discerner ce qui est du monde et nous en séparer. Une simple erreur de discernement montre que notre oeil n'était pas simple. «Vous n'êtes pas du monde», dit Jésus à ses disciples, «comme moi je ne suis pas du monde».