Un trésor dans des vases de terre

2 Corinthiens 4  -  ME 1888 page 312

 

Une grande chose à se rappeler, — les chrétiens l'oublient trop aisément, — c'est que nous sommes appelés à la jouissance des choses célestes, et que c'est par leur révélation que nous vivons. Dieu n'a pas envoyé sa grâce, et son Fils, et son Esprit, pour nous faire marcher à l'aise dans ce monde — ce n'était pas nécessaire — mais pour nous amener à jouir des choses célestes et à vivre en elles. Ce qui caractérise un homme, c'est ce qui remplit son esprit; toutes ses voies en dérivent.

L'apôtre dit que: «dans cette tente, nous gémissons, étant chargés;» c'est tout ce que nous avons de ce monde. Le Seigneur se sert, dans ses voies envers nous, de ces tribulations qui nous chargent, mais il ne le fait que lorsque nous sommes sauvés. Quand une fois nous avons bien saisi la rédemption, les difficultés et les exercices commencent, et l'apôtre, ici et au chapitre 12, nous fait connaître quels étaient le principe et la puissance de sa marche au milieu de ces choses. Nous sommes appelés à manifester la vie de Christ; notre vie entière ne doit être rien d'autre. Dieu est révélé; nous avons la vie, et le Saint Esprit est en nous la puissance de cette vie; nous sommes placés ici-bas pour y être des épîtres de Christ lues des hommes. En attendant que Christ se manifeste en gloire, nous avons à le manifester en grâce.

Il n'est pas agréable de souffrir «en faisant le bien», mais est-ce que cela n'a pas été la part de Christ? C'est aussi celle que nous avons à prendre avec humilité et douceur. Dieu nous donne d'abord une place dans le ciel, — c'est là qu'est Christ notre vie, — ensuite, il nous met ici-bas pour marcher comme Christ l'a fait. Nous avons la révélation de Dieu lui-même dans la personne de son Fils. Il demeure en nous, et nous en lui, et nous le savons, parce qu'il nous a donné de son Esprit. Notre place devant Dieu est établie; Christ est notre vie. Nous avons la connaissance de Dieu, et la puissance pour marcher dans ce monde; de plus, les choses célestes sont révélées — les choses qui appartiennent à la place où nous sommes. «Nous avons reçu, non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu». C'est là que nous devons vivre; de là, nous devons tirer les motifs qui nous caractérisent comme chrétiens. S'il en était toujours ainsi, nous serions toujours réellement des épîtres de Christ — dans nos maisons et nos vêtements, dans notre vie journalière, dans tout ce qui est l'expression du coeur d'un homme. Dans chaque chose que nous faisons, est-ce Christ qui est le motif? Sinon, nous le laissons de côté pour une vanité ou une autre. Ce que chaque chrétien a à faire, c'est de se recommander lui-même «à toute conscience d'homme devant Dieu» (verset 2), de sorte que, s'il est jugé, ce soit pour la manière conséquente dont il marche.

(Verset 6). «C'est Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos coeurs, etc.». C'est ce que possède tout chrétien. La gloire de Dieu est révélée dans mon coeur, et j'ai à la manifester dans le monde, de sorte qu'on la voie dans mes paroles et mes actes, ainsi que dans mon don, si j'en ai un, — de sorte que tout ce que je dis ou fais, répande la lumière de la connaissance de Dieu dans un monde où règnent les plus profondes ténèbres. Elle a été révélée dans nos coeurs, cette lumière, afin qu'elle resplendît dans les ténèbres de ce monde. C'est pour nous une position heureuse, en même temps que très distincte et très définie. Si Christ est révélé en nous, il apporte avec lui la connaissance de Dieu; toute la gloire de Dieu, sa sainteté, sa majesté, son amour, brillent dans nos coeurs, afin que nous les reflétions. Cela serait très simple, si c'était tout; mais il y a autre chose. C'est la pensée de Dieu de mettre ce trésor dans des vases de terre. Par là, l'apôtre n'entend pas le mal, mais la faiblesse. Nous avons à tenir la chair en bride, et nous avons à subir la discipline; nous savons cela, mais ce n'est pas le terrain sur lequel se place ici l'apôtre. Il n'est pas question de péché ni de manquement, mais du sentier du chrétien comme chrétien. Le premier élément, c'est que toute la gloire de Dieu lui est révélée; mais c'est dans ce «vase de terre, afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu,» — cela implique une dépendance constante.

Si grand, si excellent et si merveilleux que soit le trésor, Dieu l'a placé dans ce qui, aux yeux et pour l'esprit de l'homme, est impropre à le contenir — je veux dire quant à la puissance. Par conséquent, dans votre vie, même lorsque vous marchez bien, vous trouvez ces deux éléments — toute la gloire de Dieu révélée dans votre coeur, mais placée par lui à dessein dans un vase de terre, parce que nous avons beaucoup à apprendre relativement à ce que nous sommes, nous pauvres, faibles et misérables créatures. Pierre disait: «Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort». «Vraiment!» dit le Seigneur; «je le verrai». Et nous savons ce qui arriva. Vous direz qu'il n'avait pas le Saint Esprit. C'est vrai, mais la chair est aussi perfide maintenant que lorsque le Saint Esprit n'avait pas encore été donné; seulement, il y a actuellement plus de puissance pour la tenir en bride. Nous pouvons mettre du temps à apprendre ce qu'elle est, mais il faut que nous l'apprenions. Elle se montre même lorsque nous cherchons à servir Christ fidèlement, comme Pierre le désirait. C'est la pensée de Dieu de mettre le trésor dans ce vase, afin qu'il apprenne ce qu'il est. Il est possible que nous annoncions Christ sérieusement, fidèlement et avec coeur, mais si nous n'avons pas appris à nous connaître nous-mêmes, nous avons quelque confiance en nous-mêmes, et nous commettons des fautes. Il est beau de voir Moïse sortir du palais du roi et s'associer à de pauvres faiseurs de briques, mais il ne se connaissait pas lui-même; il tue un Egyptien et est obligé de s'enfuir.

Je dois constamment surveiller la chair, car je sais ce qu'elle est et, le sachant, je m'appuie sur une force qui n'est pas la mienne. J'attends que Dieu me dirige et me guide, car je me connais de telle manière que j'ai confiance en un autre et non en moi. La découverte que j'ai faite de ma faiblesse me montre que je n'ai de puissance qu'en Dieu. Paul avait une écharde dans la chair. Lors de sa conversion, il avait été brisé et abattu dans la poussière, mais il devait être tenu là afin qu'il sût que rien ne venait de sa propre capacité, et afin que la puissance de Christ reposât sur lui. C'est comme si Dieu lui disait: «C'est moi qui opère en toi; ne puis-je pas le faire à travers toute ton infirmité?» «Alors», semble dire Paul, «je veux garder mon écharde. Je me glorifierai très volontiers dans mes infirmités». Dans notre chapitre, il dit: «Etant dans la tribulation de toutes manières, mais non pas réduits à l'étroit», car nous pouvons regarder à Dieu. «Dans la perplexité, mais non pas sans ressource;» je ne sais pas comment je sortirai d'embarras; mais j'ai Dieu, et en lui se trouve un chemin assuré. «Persécutés, mais non pas abandonnés», car Dieu est avec moi. «Abattus, mais ne périssant pas;» il vivait dans la conscience que le Seigneur était toujours là, et que lui Paul, avait besoin du Seigneur. Même quand nous agissons en vérité et en sincérité de coeur, nous sommes portés à poursuivre notre course comme si nous n'avions pas besoin du Seigneur. Si, pendant un instant, je ne l'ai pas avec moi, je ne suis rien. Là où nous cherchons à servir Christ, nous avons à apprendre notre propre leçon; mais nous tomberons si nous manquons de cette dépendance. Dans les petites choses comme dans les grandes, nous ne pouvons rien sans lui, et nous ne devons pas faire le bien avec la force de nos propres pensées; c'est une chose que nous sommes lents à apprendre.

A cette tendance de nos coeurs, il y a deux remèdes. En premier lieu, «porter toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus» (verset 10). L'apôtre l'applique à lui-même, et cela va très loin, bien que ce ne soit pas tout; mais si vous appliquez la croix à chaque pensée qui surgit dans votre coeur, vous verrez combien il y a de pensées que la croix crucifierait. La chair ne devrait produire aucune pensée; car quelle pensée peut produire un mort? Assurément, comme chrétiens, nous avons à être aimables et courtois; mais le vieil homme a été mis à mort, et j'ai à me tenir moi-même pour mort. L'apôtre le faisait chaque jour. Je crains qu'il n'y ait plusieurs d'entre nous qui n'appliquent point ainsi la croix à chaque pensée, à chaque sentiment et à chaque projet; qui ne se méfient pas de la chair et de tout ce qui est de la simple nature humaine. Si je laisse mon corps vivre, c'est la chair. Mais l'apôtre dit: «Je porte toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans mon corps». Afin de manifester toujours Christ, je tiens la chair pour morte. C'était le côté de l'apôtre par la foi. Ensuite, vient la seconde chose, le côté de Dieu. «Nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort pour l'amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle». Quelque fidèle que fût Paul, Dieu devait l'aider. Dieu ne pouvait se confier en lui, l'abandonner à ses forces, et il ne peut se confier en vous. Il vous fait passer à travers des circonstances où la chair se manifeste, et il vous dit: Où en es-tu maintenant? Paul pouvait dire que toutes ces épreuves et ces exercices, il les traversait pour l'amour de Christ; pour nous, très souvent, c'est à cause de la chair.

La plénitude de la gloire est à nous. La gloire a relui dans nos coeurs, mais Dieu l'a mise dans des vases de terre, parce que nous avions besoin d'apprendre dans nos coeurs ce que nous sommes. Nulle volonté ne peut être permise, nul mouvement propre, rien qui vienne de la chair, aucune pensée vaine du monde, rien ne doit être toléré qui ne conviendrait pas à ce trésor. Mais ne surgit-il pas, dans votre esprit, des pensées que vous y tolérez et qui ne conviennent pas à ce trésor céleste? des choses qui ne prennent pas la forme de mal grossier, mais une quantité de choses qui ne sont pas Christ? Prenez les conversations journalières. N'y a-t-il pas en elles de la vanité, de la frivolité? Vos discours sont-ils toujours «avec grâce assaisonnés de sel?» Si vous prenez un journal et que vous lisiez ce qui touche les vanités du monde, et qu'ensuite vous vous mettiez à lire ce qui concerne Christ et sa gloire, ne sentez-vous pas votre coeur appesanti? Si vous ne reconnaissez pas cela, vous pouvez être sûr qu'il s'appesantira toujours plus. Christ perdra de son prix pour vous. Vous n'aurez plus de puissance, et vous ne trouverez plus la même fraîcheur dans la lecture de la Bible et dans la prière. Lorsque j'applique la croix de Christ, je mets un frein aux mouvements propres de mon coeur naturel. Le Seigneur me fait passer à travers les circonstances pour me mettre à l'épreuve. Si la mort venait et trouvait en moi un homme déjà mort, quel effet cela aurait-il? Qu'est-ce que tuer un homme mort? L'apôtre tenait la chair en bride et regardait à Dieu. Il disait: «Nous étions excessivement chargés, au delà de notre force, de sorte que nous avons désespéré même de vivre», mais nous nous confions en Dieu qui ressuscite les morts. Si les hommes l'avaient tué, cela aurait-il empêché Dieu de le ressusciter? Non; il n'aurait été que plus rapproché de ce moment. Nous pouvons bénir Dieu pour cela. Il tient en bride la chair qui en a besoin. «La mort opère en nous, mais la vie en vous». La mort opérait en Paul, et par rapport aux autres ce n'était rien que la vie qui opérait. Oh! qu'il en fût ainsi pour nous.

L'effet pratique est celui-ci: «Toutes choses sont pour vous». Quand le moi est mis de côté, je commence à avoir les pensées de Dieu et à comprendre que toutes choses sont pour nous. Je vois la réalité de ce que dit l'apôtre: «Toutes choses sont à vous, — la vie, la mort, les choses présentes, les choses à venir, — et vous êtes à Christ, et Christ à Dieu». Croyez-vous que «toutes choses sont pour vous?» que tout ce qui arrive dans le monde est pour vous, quels que soient les motifs qui aient poussé les hommes? Dieu fait travailler toutes choses ensemble pour votre bien, oui, chaque circonstance de votre vie. Ces circonstances peuvent ne pas être agréables, mais nous n'avons pas à nous en occuper, comme le monde le fait. Dieu gouverne tout. Il laisse aller l'homme, mais «la colère de l'homme Le louera». Pierre dit, au chapitre 2 des Actes: «Vous l'avez cloué à une croix et l'avez fait périr par la main d'hommes iniques», mais c'était «par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu». Nous n'avons qu'à avoir la confiance qu'il a un dessein, celui de glorifier son Fils. Il fera tout ce qui est nécessaire dans ce but. Si mes yeux sont dirigés droit sur lui pour le glorifier, tout va bien. Si je vais à l'encontre de son sentier, il me brisera; si je suis dans son chemin, il m'aidera à avancer; mais je dois y être avec sa force. Paul dit: «Nous ne nous lassons point». Je ne vais pas en avant avec ma propre force. Moi, je puis être fatigué ou faible, mais Dieu est là. Je puis défaillir dans mon esprit, mais «quand je suis faible, c'est alors que je suis fort». «L'homme intérieur est renouvelé de jour en jour». La dépendance est renouvelée. Jamais on ne possède, dans la grâce d'aujourd'hui, la force pour le lendemain. Si par elle j'ai acquis plus de connaissance de Christ, c'est un profit pour l'éternité, sans nul doute; mais si l'on gardait la manne jusqu'au lendemain, elle sentait mauvais — elle devenait de la propre justice. Il vous faut être dépendant à chaque instant.

(Verset 17). Chaque difficulté nous fait appréhender celle qui va surgir. «N'importe», dit l'apôtre, «c'est une légère tribulation». L'homme intérieur n'est pas touché par les difficultés; «il est renouvelé de jour en jour», et, par les tribulations mêmes, nous trouvons la bénédiction.

Je voudrais vous demander: Etes-vous prêt à prendre cette place? vous trouvez-vous volontiers sous la main de Dieu, vous attachant à lui de tout votre coeur, et disant: «J'ai besoin d'avoir Christ, de le gagner (Philippiens 3: 8), et ici-bas, je n'ai qu'une chose à faire, — manifester Christ?» Consentez-vous volontiers à ce que votre chair soit tenue dans la soumission. C'est l'oeil simple, cela. Ce que Satan veut, ce qu'il s'efforce de faire, c'est que, pour si peu que ce soit, nous ayons confiance en la chair. Pouvez-vous dire: «Qu'il arrive au vase ce que Dieu voudra, qu'il fasse tout ce qu'il jugera nécessaire, pourvu que Christ soit manifesté, soit par la vie, soit par la mort?» Est-ce là le désir de vos coeurs?