La vie de la foi

Pensées sur les principales scènes de la vie et des temps de David, roi d'Israël

ME 1888 page 401 -  ME 1889 page 3

 

La vie de la foi 1

Introduction. 1

Chapitre 1 - David est oint comme roi 15

Chapitre 2 - La vallée d'Ela. 19

Chapitre 3 - La caverne d'Adullam.. 31

Chapitre 4 - Nabal et Abigaïl 40

Chapitre 5 - Tsiklag. 47

Chapitre 6 - Le retour de l'arche. 58

Chapitre 7- La maison de David et la maison de Dieu. 65

Chapitre 8 - La conjuration. 75

Chapitre 9 - Le cantique et les dernières paroles de David. 88

 

Introduction

Il est aisé de retracer les pas successifs qui amenèrent l'établissement d'un roi en Israël, et tous ceux qui ont étudié avec quelque attention l'histoire humiliante du coeur humain en eux-mêmes ou chez les autres, se rendront facilement compte de ce fait.

Le commencement du premier livre de Samuel présente un tableau instructif de la condition où se trouvait réduit le peuple d'Israël. L'écrivain sacré nous montre, dans la maison d'Elkana, un exemple frappant de l'Israël selon la chair et de l'Israël selon l'Esprit: Elkana «avait deux femmes: le nom de l'une était Anne, et le nom de la seconde, Peninna. Et Peninna avait des enfants, mais Anne n'avait pas d'enfants». Ainsi, nous voyons se dérouler dans le cercle de famille de cet homme éphratien, des scènes semblables à celles qui s'étaient passées bien longtemps auparavant, sous les tentes d'Abraham, entre Sara et Agar. Anne était la femme stérile, et elle sentait profondément son état, car «son ennemie la chagrinait aigrement, afin de la pousser à l'irritation, parce que l'Eternel avait fermé sa matrice».

La femme stérile est toujours, dans l'Ecriture, le type de la condition naturelle de l'homme ruiné et sans force, et sans aucune capacité de faire quoi que ce soit pour Dieu, sans nulle énergie pour porter du fruit, ne présentant partout que la mort et la stérilité: telle est la vraie condition de tout enfant d'Adam. Il ne peut rien faire pour Dieu, ni pour lui-même, eu égard à sa destinée éternelle. Il est, dans toute l'étendue du mot, «sans force», «un arbre sec», «un dénué dans le désert».

Mais le Seigneur fit surabonder sa grâce dans la faiblesse et l'impuissance d'Anne, et mit dans sa bouche un chant de louange. Il la rendit capable de dire: «Ma corne est élevée en l'Eternel; ma bouche s'ouvre sur mes ennemis, car je me réjouis en ton salut». Le Seigneur se plaît d'une manière spéciale à réjouir la femme stérile; c'est lui seul qui peut dire: «Réjouis-toi, avec chant de triomphe, stérile qui n'enfantais pas; éclate en chants de triomphe, et pousse des cris de joie, toi qui n'as pas été en travail! car les fils de la désolée sont plus nombreux que les fils de la femme mariée, dit l'Eternel» (Esaïe 54: 1). Anne vit se réaliser pour elle ces paroles, et avant qu'il soit longtemps, Israël, maintenant désolé, les verra se réaliser aussi, ainsi qu'il est dit par le prophète: «Celui qui t'a faite est ton mari, son nom est l'Eternel des armées, et ton Rédempteur, le Saint d'Israël».

Le magnifique cantique d'Anne est l'action de grâces de l'âme qui reconnaît les voies et les actes de Dieu à l'égard d'Israël: «L'Eternel fait mourir et fait vivre; il fait descendre au shéol, et en fait monter. L'Eternel appauvrit et enrichit; il abaisse et il élève aussi. De la poussière, il fait lever le misérable; de dessus le fumier, il élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles; et il leur donne en héritage un trône de gloire». C'est ce qui aura lieu pour Israël aux jours à venir, mais c'est déjà ce dont jouit toute âme qui, par grâce, est tirée de sa condition de péché, de ruine et de perdition, et amenée à jouir de la bénédiction et de la paix en Jésus.

La naissance de Samuel remplit une grande lacune, non seulement dans le coeur d'Anne, mais, sans nul doute, dans celui de tout fidèle Israélite qui avait à coeur les intérêts de la maison de l'Eternel et la pureté de ses offrandes, vouées au mépris par les profanes fils d'Héli. Dans le désir d'Anne d'avoir un «fils», nous ne voyons pas simplement le coeur de la mère, mais aussi celui de la vraie Israélite. Sans doute, elle avait contemplé la ruine de tout ce qui se rattachait au temple de l'Eternel, et elle en avait gémi. Les yeux obscurcis d'Héli, les actions coupables d'Hophni et de Phinées, la lampe qui s'éteignait, le temple profané, les sacrifices méprisés, tout se réunissait pour dire à Anne que le peuple était dans un besoin réel et pressant, auquel pouvait seul répondre le don précieux d'un «fils» de la part de l'Eternel. C'est pourquoi, elle dit à son mari: «J'attendrai jusqu'à ce que l'enfant soit sevré; alors je le mènerai, afin qu'il paraisse devant l'Eternel et qu'il habite là pour toujours». Habiter là pour toujours! Rien de moins ne pouvait satisfaire le coeur d'Anne. Ce n'était pas simplement le fait que son opprobre avait été enlevé, qui rendait Samuel si précieux à ses yeux. Non; elle désirait voir «un sacrificateur fidèle» devant l'Eternel, et, par la foi, son regard s'arrêtait sur celui qui devait habiter là pour toujours. Précieuse foi, saint principe qui élève l'âme au-dessus de l'influence accablante des choses visibles et temporelles, et la transporte dans la lumière des choses invisibles et éternelles!

Au chapitre 3, se trouve la prédiction du renversement de la maison d'Héli. «Et il arriva en ce temps-là, qu'Héli était couché en son lieu (or ses yeux commençaient à être troubles, et il ne pouvait voir); et la lampe de Dieu n'était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le temple de l'Eternel, où était l'arche de Dieu, et l'Eternel appela Samuel». Toutes ces paroles ont une portée sérieuse. Les yeux obscurcis d'Héli et l'appel de l'Eternel à Samuel, c'est, en d'autres termes, la disparition de la maison d'Héli et l'entrée en scène du fidèle sacrificateur. Samuel court vers Héli, mais, hélas! tout ce que celui-ci peut lui dire, c'est: «Retourne, couche-toi.» Il n'avait pas de message pour le jeune garçon. Appesanti par l'âge et les yeux obscurcis, il pouvait passer son temps dans le sommeil et les ténèbres, tandis que la voix de l'Eternel se faisait entendre si près de lui! Avertissement bien solennel! Héli était sacrificateur de l'Eternel, mais il manquait de vigilance dans sa marche, d'ordre dans sa famille, de fermeté pour retenir ses fils; de là sa triste fin. «Et l'Eternel dit à Samuel: Voici, je vais faire, en Israël, une chose telle que, quiconque l'entendra, les deux oreilles lui tinteront. En ce jour-là, j'accomplirai sur Héli, tout ce que j'ai dit touchant sa maison; je commencerai et j'achèverai; car je lui ai déclaré que je vais juger sa maison pour toujours, à cause de l'iniquité qu'il connaît, parce que ses fils se sont avilis et qu'il ne les a pas retenus» (1 Samuel 3: 11-13).

«Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera». Combien cette vérité a sa démonstration dans l'histoire de tout enfant d'Adam, et plus particulièrement dans celle de tout enfant de Dieu! Nous moissonnerons selon ce que nous avons semé. C'est ce dont Héli fit l'expérience; c'est celle que nous ferons aussi, vous et moi, cher lecteur. Il y a dans cette déclaration divine une réalité beaucoup plus pratique, beaucoup plus sérieuse que, sans doute, plusieurs ne l'imaginent. Si nous nous laissons aller à un mauvais courant de pensées, si nous adoptons une habitude de paroles légères et vaines, si nous poursuivons une ligne de conduite coupable, tôt ou tard nous en moissonnerons les fruits (*). Puisse la considération de cette vérité nous conduire à une vigilance plus grande dans nos voies; puissions-nous être plus soigneux de «semer pour l'Esprit», afin de moissonner aussi «de l'Esprit la vie éternelle!»

(*) La déclaration du texte, ai-je besoin de le dire, ne porte atteinte en rien à la stabilité éternelle de la grâce divine et à l'acceptation parfaite du croyant devant Dieu, selon toute la valeur de Christ. Cela est une grande vérité fondamentale. Christ est la vie du croyant, et Christ est sa justice, aussi le fondement de sa paix est inébranlable. Il peut en perdre la jouissance, mais la chose elle-même est indépendante de lui. Dieu l'a établie sur une base indestructible, et avant qu'elle pût être touchée, il faudrait mettre en question le fait de la résurrection de Christ, car Christ ne pourrait être là où il se trouve maintenant, si la paix du croyant (sa paix avec Dieu), n'était parfaitement faite. Afin d'avoir une paix parfaite, je dois connaître ma parfaite justification; il faut que je sache, par la foi en la parole de Dieu, que Christ a accompli l'oeuvre d'une propitiation parfaite. Tel est l'ordre divin: une parfaite propitiation comme fondement d'une justification parfaite, une justification parfaite comme fondement de ma parfaite paix. Dieu a joint ensemble ces trois choses, et il ne faut pas que l'incrédulité du coeur de l'homme les sépare.

De cette manière, la déclaration du texte cité ne peut être mal comprise et mal appliquée. L'exemple suivant fera comprendre le principe qui y est renfermé: si, contrairement à ma défense, mon enfant s'approche trop près du feu, il peut se faire du mal et me causer de la peine, mais il n'en est pas moins mon enfant.

La déclaration de l'apôtre a toute l'étendue possible: «Ce qu'un homme a semé, il le moissonnera». Il ne dit pas s'il s'agit d'un homme converti ou inconverti; et par conséquent, le passage doit avoir sa pleine application. Il ne touche en rien la question de la grâce pure et absolue.

Le chapitre 4 présente un tableau humiliant de la condition d'Israël, en rapport avec la maison coupable d'Héli. «Et Israël sortit en bataille à la rencontre des Philistins, et ils campèrent près d'Ebenhézer; et les Philistins campèrent à Aphek. Et les Philistins se rangèrent en bataille contre Israël; et la bataille devint générale, et Israël fut battu devant les Philistins; et ils frappèrent environ quatre mille hommes en bataille rangée, dans la campagne». Israël réalisait en ce moment la malédiction attachée à l'infraction de la loi (Deutéronome 28: 25). Il ne pouvait tenir contre ses ennemis; sa désobéissance lui avait enlevé toute force.

Remarquez maintenant la nature et le fondement de leur confiance, dans ce moment de pressant besoin. «Et le peuple rentra dans le camp, et les anciens d'Israël dirent: Pourquoi l'Eternel nous a-t-il battus aujourd'hui devant les Philistins? Prenons à nous, de Silo, l'arche de l'alliance de l'Eternel, et qu'elle vienne au milieu de nous et nous sauve de la main de nos ennemis». Pauvre motif de confiance! Il n'y a pas un mot touchant l'Eternel lui-même. Ils ne pensaient pas à lui, comme à la source de leur force; il n'était pas pour eux leur rempart et leur bouclier. Non; ils se confiaient dans l'arche, et s'imaginaient vainement qu'elle pouvait les délivrer. De quoi pouvait-elle leur servir, alors qu'elle n'était pas accompagnée de la présence de l'Eternel des armées, du Dieu des armées d'Israël? Il n'était plus là; il avait été contristé par les péchés non reconnus et non jugés du peuple; aucun symbole, ni aucune ordonnance, ne pouvaient le remplacer.

Cependant Israël, dans son espérance vaine, s'imaginait que l'arche suffirait à tout, et grande fut la joie du peuple, lorsqu'elle entra dans le camp accompagnée, non par Jéhovah, mais par les deux sacrificateurs profanes, Hophni et Phinées. «Et aussitôt que l'arche de l'alliance de l'Eternel entra dans le camp, tout Israël se mit à pousser de grands cris, de sorte que la terre en frémit». Tout cela pouvait être très imposant, à en juger par l'extérieur, mais, hélas! tout était vide. Les cris de triomphe des Israélites étaient sans fondement, tout comme ils étaient sans convenance. Ils auraient dû mieux se connaître eux-mêmes. Leurs cris s'harmonisaient mal avec leur misérable état moral devant Dieu. Mais il en est toujours ainsi. Ceux qui se connaissent le moins, sont aussi ceux qui ont les plus hautes prétentions et prennent la position la plus élevée. Le pharisien abaissait sur le publicain un regard d'orgueilleuse indifférence; il se figurait être bien haut et le publicain très bas, sur l'échelle morale, mais combien les pensées de Dieu étaient différentes! Le coeur contrit et brisé est toujours le lieu où se plaît à habiter Celui qui est haut et élevé, et dont le nom est le Saint (Esaïe 57: 15). Que son nom en soit béni, il sait relever et consoler ces coeurs abattus. C'est l'oeuvre en laquelle il prend son plaisir.

Mais les hommes de ce monde attachent toujours de l'importance aux prétentions élevées.

C'est quelque chose qu'ils aiment, et, d'une manière générale, ils assignent une haute place dans leurs pensées à ceux qui affirment être quelque chose, tandis que, d'un autre côté, ils chercheront à abaisser encore davantage celui qui, en réalité, s'humilie. Ainsi, dans la scène placée sous nos yeux, nous voyons que les Philistins n'attachaient pas peu d'importance aux cris des hommes d'Israël. C'était une chose qu'ils comprenaient. «Et les Philistins entendirent le bruit des cris, et dirent: Quel est ce bruit de grands cris dans le camp des Hébreux? Et ils surent que l'arche de l'Eternel était venue dans le camp. Et les Philistins craignirent, car ils dirent: Dieu est venu dans le camp». Ils supposaient naturellement que le cri de triomphe était basé sur une réalité. Ils ne voyaient pas ce qui était au-dessous de la surface — une sacrificature souillée, un sacrifice méprisé, et un temple profané. Ils regardaient au symbole extérieur, et s'imaginaient que la puissance y était attachée — de là leur crainte. Ils ignoraient que leur frayeur et le triomphe d'Israël étaient également sans fondement. «Philistins, fortifiez-vous», dirent-ils, «et soyez hommes, de peur que vous ne soyez asservis aux Hébreux, comme ils vous ont été asservis! Soyez hommes, et combattez!» C'était la ressource des Philistins: Soyez hommes! Les Israélites ne pouvaient pas le dire. Si le péché les privait des ressources de Dieu, ils étaient plus faibles que les autres hommes. Leur seule espérance était en Dieu, et si Dieu n'était pas avec eux, s'il s'agissait d'un combat d'homme à homme, un Israélite n'était pas de force à lutter contre un Philistin. L'issue du combat démontra pleinement cette vérité: «Les Philistins combattirent, et Israël fut battu». Comment en aurait-il été autrement? Les Israélites ne pouvaient qu'être battus et fuir devant leurs ennemis, puisque leur force et leur bouclier, c'est-à-dire Dieu lui-même, n'était pas au milieu d'eux. Ils furent battus, la gloire les quitta, l'arche fut prise; ils furent privés de leur force, leurs cris de triomphe furent changés en gémissements de douleur, leur part fut la honte de la défaite; et le vieil Héli, que nous pouvons considérer comme le représentant du système de choses existant, tomba avec ce système, et fut enseveli sous ses ruines.

Les chapitres 5 et 6 embrassent la période durant laquelle «I-Cabod» (privé de gloire) fut écrit sur la nation d'Israël. Durant ce temps, Dieu cessa d'agir publiquement pour Israël, et l'arche de sa présence fut portée de cité en cité parmi les Philistins incirconcis. Cette période est remplie d'instruction. L'arche de Dieu parmi des étrangers, et Israël, pendant ce temps, mis de côté, sont des circonstances qui ne peuvent manquer d'intéresser l'esprit et de fixer l'attention de toute personne qui étudie l'Ecriture avec soin et intelligence.

«Et les Philistins prirent l'arche de Dieu, et la transportèrent d'Ebenhézer à Asdod. Et les Philistins prirent l'arche de Dieu, et l'apportèrent dans la maison de Dagon et la placèrent à côté de Dagon». Nous voyons là le triste et humiliant résultat de l'infidélité d'Israël. Avec quelle lâcheté et quel manque de foi, leur main et leur coeur n'avaient-ils pas gardé l'arche de Dieu, pour qu'elle pût être prise et placée dans le temple de Dagon! Vraiment, Israël avait manqué — tout s'était perdu entre ses mains — il avait abandonné ce qu'il y avait de plus sacré, pour le laisser profaner et blasphémer par des incirconcis.

Par ceux-ci, la maison de Dagon fut estimée suffisamment sacrée pour l'arche de Jéhovah, cette arche qui appartenait au lieu très-saint. L'ombre de Dagon fut substituée aux ailes des chérubins et aux rayons de la gloire divine. Les pensées des princes des Philistins étaient le triomphe de Dagon sur Jéhovah, mais telles n'étaient pas les pensées de Dieu. Si les Israélites n'avaient pas su défendre l'arche, parce qu'ils avaient oublié la grande vérité que l'arche ne pouvait jamais être séparée de la présence de Dieu au milieu d'eux; si, d'un autre côté, les princes des Philistins avaient présumé insulter au symbole sacré de la présence divine, en l'associant d'une manière impie avec Dagon leur dieu; si, en un mot, les Israélites s'étaient montrés infidèles et les Philistins profanes, le Dieu d'Israël restait fidèle à lui-même, — fidèle à sa propre sainteté, — et Dagon tombe devant l'arche de sa présence. «Et le lendemain, les Asdodiens se levèrent de bonne heure, et voici, Dagon était gisant sur sa face contre terre, devant l'arche de l'Eternel. Et ils prirent Dagon et le remirent à sa place. Et ils se levèrent de bonne heure le lendemain matin, et voici Dagon était gisant sur sa face contre terre, devant l'arche de l'Eternel; et la tête de Dagon et les deux paumes de ses mains coupées étaient sur le seuil; le tronc seul de Dagon était resté» (5: 3, 4).

Nous pouvons difficilement concevoir quelque chose de plus humiliant et de plus désespéré, en apparence, que l'état où se trouvait Israël à ce moment de son histoire. L'arche avait été enlevée du milieu du peuple; il s'était montré indigne et incapable d'occuper la place de témoin de Dieu devant les nations qui l'entouraient; et quant aux motifs de triomphe qu'avaient ses ennemis, il suffisait de dire: «L'arche est dans la maison de Dagon». A un point de vue, cela était vraiment terrible; mais, d'un autre côté, quelle gloire merveilleuse nous voyons éclater! Israël avait manqué, il avait perdu tout ce qui devait lui être sacré et précieux, il avait laissé l'ennemi traîner son honneur dans la poussière et fouler aux pieds sa gloire; mais Dieu était au-dessus de tout. Là se trouvait la profonde source de consolation pour tout coeur fidèle. Vraiment Dieu était là, et il se montra lui-même dans sa puissance et dans sa gloire. Israël n'avait pu défendre l'arche de Dieu, eh bien, Dieu agira pour lui-même. Les princes des Philistins avaient vaincu Israël, mais les dieux des Philistins tombent prosternés devant cette arche qui, autrefois, avait refoulé en arrière les eaux du Jourdain. Là était le triomphe divin. Dans les ténèbres et la solitude de la maison de Dagon, là où il n'y avait nul oeil pour voir, nulle oreille pour entendre, le Dieu d'Israël agissait pour défendre ces grands principes de vérité que son peuple d'Israël n'avait pas su maintenir. Dagon tombe et sa chute proclame l'honneur du Dieu d'Israël. Les ténèbres du moment ne font que fournir à la gloire divine une occasion de briller dans tout son éclat. La scène était tellement vide de la créature, que le Créateur pouvait déployer tout son caractère. Quand l'homme est à bout de ses ressources, Dieu montre les siennes. Le manquement et la chute de l'homme laissent la place à la fidélité de Dieu. Les Philistins avaient eu le dessus sur Israël, mais Jéhovah était plus puissant que Dagon.

Tout cela est rempli d'instruction et d'encouragement pour le temps où nous sommes, en ces jours où se voit, parmi le peuple de Dieu, un si triste déclin par rapport au dévouement et à la séparation qui devraient le caractériser. Nous pouvons bénir le Seigneur pour l'assurance qu'il nous donne de sa fidélité: «Il ne peut se renier lui-même». «Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens; et: Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur». C'est pourquoi, même dans les temps les plus sombres, il maintiendra sa vérité et suscitera un témoignage pour lui-même, fût-ce même dans la maison de Dagon. Les chrétiens peuvent abandonner les principes de Dieu, mais les principes demeurent. Leur pureté, leur puissance, leur vertu céleste, ne sont en rien affectés par l'inconstance et l'inconséquence d'infidèles professants; et, à la fin, la vérité triomphera.

Les Philistins voulaient garder au milieu d'eux l'arche de Dieu, mais leurs efforts manquèrent totalement. Ils ne pouvaient faire demeurer ensemble Dagon et Jéhovah — c'était une tentative impie. «Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial?» Aucun absolument. La mesure de Dieu ne peut jamais être abaissée, de manière à s'accommoder aux principes qui gouvernent les hommes de ce monde, et vouloir tenir Christ d'une main et le monde de l'autre, ne peut qu'aboutir à la honte et à la confusion de face. Cependant, combien n'y a-t-il pas de personnes qui essaient de marcher dans ce chemin! Combien n'y en a-t-il pas, pour lesquels la grande question est de savoir ce qu'ils pourront retenir du monde sans sacrifier le nom et les privilèges de chrétien! C'est un mal des plus dangereux, un piège de Satan. Il est certes assez triste de voir les hommes marcher dans l'iniquité et selon la corruption de leur coeur; mais associer le mal au saint nom de Christ, est le comble de la perversité. «Ainsi dit l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël:… Voici, vous vous confiez en des paroles de mensonge, qui ne profitent pas. Quoi! voler, tuer, commettre adultère, jurer faussement, brûler de l'encens à Baal, marcher après d'autres dieux que vous ne connaissez pas! et vous venez, et vous vous tenez devant moi, dans cette maison qui est appelée de mon nom, et vous dites: Nous sommes délivrés pour faire toutes ces abominations» (Jérémie 7: 9, 10). Et nous lisons, comme étant un des caractères particuliers des derniers temps, que les hommes «auront la forme de la piété, mais en auront renié la puissance». La forme convient au coeur mondain, parce qu'elle sert à garder la conscience à l'aise, tandis que le coeur jouit du monde avec tous ses attraits. Quelle illusion! Combien nécessaire est l'exhortation de l'apôtre: «Détourne-toi de telles gens!» Le chef-d'oeuvre de Satan est d'amalgamer les choses chrétiennes extérieurement avec celles qui sont décidément profanes, et il séduit beaucoup plus par ce moyen que par d'autres. Nous avons besoin d'une grande et réelle sagacité spirituelle pour découvrir ce piège. Veuille le Seigneur nous donner ce qu'il nous faut pour y échapper.

Chapitre 7. Sans nous arrêter davantage sur les enseignements que renferment les chapitres 5 et 6, nous passerons à l'heureuse restauration d'Israël, sous le ministère du «fidèle sacrificateur».

Israël eut à mener deuil pendant plusieurs jours sur l'absence de l'arche; les esprits languissaient sous l'influence desséchante de l'idolâtrie, et enfin les affections commencèrent à se tourner vers l'Eternel. Mais, dans ce réveil même, nous pouvons voir jusqu'à quel point le peuple était descendu. Il en est toujours ainsi. Lorsque autrefois, Jacob fut appelé à sortir de la souillure de Sichem et à monter à Béthel, il voyait peu combien lui et sa famille s'étaient laissés enlacer dans les filets de l'idolâtrie. Mais l'appel de Dieu: «Monte à Béthel», réveille ses énergies assoupies, ravive sa conscience, et aiguise sa perception morale. Aussi dit-il à sa maison: «Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et purifiez-vous, et changez vos vêtements». L'idée seule de Béthel, en contraste avec Sichem, exerce une influence vivifiante sur Jacob, et, réveillé lui-même, il peut conduire les autres avec une puissance nouvelle.

Il en est de même de la postérité de Jacob, dans le chapitre placé sous nos yeux. «Et Samuel parla à toute la maison d'Israël, disant: Si de tout votre coeur vous retournez à l'Eternel, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers et les Ashtoreths, et attachez fermement votre coeur à l'Eternel, et servez-le, lui seul, et il vous délivrera de la main des Philistins». Nous voyons par là, jusqu'où étaient descendus les Israélites en rapport avec la maison d'Héli. Le premier pas dans le mal, c'est de mettre sa confiance dans une forme religieuse, en laissant Dieu de côté, en laissant aussi de côté les principes qui donnent à la forme sa valeur. Le pas suivant est que l'on dresse une idole. Israël dit d'abord de l'arche: «qu'elle nous sauve», puis nous lisons: «Otez du milieu de vous les dieux étrangers».

Lecteur, n'y a-t-il pas en tout cela un sérieux avertissement pour l'église professante? Les jours actuels sont, d'une manière particulière, un temps de forme sans puissance. L'esprit d'un formalisme froid et sans influence, se meut à la surface des eaux troublées de la chrétienté, et bientôt tout se réduira au calme de mort d'une fausse profession, qui ne sera rompu que par «la voix de l'archange et la trompette de Dieu».

Mais l'attitude d'Israël, dans le chapitre 7, forme un parfait contraste avec la scène du chapitre 4. «Samuel dit: Assemblez tout Israël à Mitspa, et je prierai l'Eternel pour vous. Et ils s'assemblèrent à Mitspa, et ils puisèrent de l'eau, et la répandirent devant l'Eternel; et ils jeûnèrent ce jour-là, et dirent là: Nous avons péché contre l'Eternel». C'était une oeuvre réelle, et nous pouvons dire: «Dieu était là». Nous n'y voyons pas la confiance en un symbole et en une forme sans vie, nulle vaine prétention, nulle vanterie, tout est réel et profond. Leurs lamentations, l'eau qu'ils répandent, le jeûne, la confession, tout dénote le grand changement qui s'est opéré dans la condition morale d'Israël. Ils ont maintenant recours au fidèle sacrificateur, et, par lui, à l'Eternel lui-même. Ils ne parlent pas d'aller chercher l'arche, non; leur parole est: «Ne cesse pas de crier pour nous à l'Eternel, notre Dieu, afin qu'il nous sauve de la main des Philistins. Et Samuel prit un agneau de lait, et l'offrit tout entier en holocauste à l'Eternel; et Samuel cria à l'Eternel pour Israël, et l'Eternel il exauça». Là était la source de la force des Israélites. L'agneau de lait offert tout entier à l'Eternel, donnait à leurs circonstances un nouvel aspect, c'était un nouveau point de départ dans le cours de leur histoire.

Et remarquez que les Philistins semblent avoir été dans une complète ignorance de ce qui s'était passé entre Jéhovah et Israël. Ils s'imaginaient, sans doute, que, puisqu'ils n'entendaient point de cris de triomphe, les Israélites étaient, si possible, dans une condition plus misérable qu'auparavant, Ils ne faisaient pas frémir la terre par leurs cris, comme au chapitre 4, mais il y avait une oeuvre silencieuse, que l'oeil d'un Philistin ne pouvait pas voir et que le coeur d'un Philistin ne pouvait pas apprécier. Que pouvait connaître un Philistin des larmes de repentance, ou d'un agneau offert en holocauste? Rien. Les hommes de ce monde ne peuvent prendre connaissance que de ce qui gît à la surface. Le monde comprend la grandeur extérieure, la pompe et l'éclat, le déploiement de la force dans la chair, mais il n'entend rien aux profonds exercices de l'âme devant Dieu. Et cependant, c'est là ce que le chrétien devrait rechercher avec le plus d'ardeur. Une âme exercée est tout ce qu'il y a de plus précieux aux yeux de Dieu, c'est là qu'en tout temps il a plaisir à demeurer. Ne pensons pas prétendre être quelque chose; prenons notre 'vraie place devant Dieu, et assurément il sera notre force et nous donnera l'énergie selon la mesure de nos besoins.

«Et comme Samuel offrait l'holocauste, les Philistins s'approchèrent pour livrer bataille à Israël; mais l'Eternel fit tonner ce jour-là un grand tonnerre sur les Philistins, et les mit en déroute, et ils furent battus devant Israël». Tels furent les heureux résultats de la confiance en Dieu et de l'attente à l'Eternel, le Dieu des armées d'Israël. Ce fut quelque chose de semblable au glorieux déploiement de la puissance de Jéhovah sur les bords de la Mer Rouge. «L'Eternel est un vaillant guerrier»; son peuple en fait l'expérience dans ses besoins, lorsque sa foi s'appuie sur lui. Lorsque les Israélites laissaient Jéhovah combattre pour eux, il était toujours prêt à apparaître, l'épée à la main, en leur faveur; mais toute la gloire doit lui appartenir. Les vains cris de triomphe d'Israël doivent faire place au silence, afin que les roulements du tonnerre de Jéhovah soient distinctement entendus. Qu'il est bon de rester silencieux, et de laisser parler l'Eternel! Quelle puissance dans sa voix! C'est la puissance qui apporte la paix dans l'âme de son peuple, et qui frappe de terreur le coeur de ses ennemis. «Qui ne te craindrait, Seigneur, et qui ne glorifierait ton nom?»

Chapitre 8. Nous avons ici un pas décisif vers l'établissement d'un roi sur Israël. «Et il arriva que, lorsque Samuel fut vieux, il établit ses fils Juges sur Israël… Et ses fils ne marchaient pas dans ses voies; mais ils se détournaient après le gain déshonnête, et prenaient des présents, et faisaient fléchir le jugement». Triste tableau! C'est celui de l'homme à chaque époque. «Je sais», disait Paul, «qu'après mon départ, il entrera parmi vous des loups ravissants qui n'épargneront pas le troupeau». Israël était à peine relevé des effets de l'immoralité des fils d'Héli, qu'il ressentit les tristes résultats de l'avarice des fils de Samuel, et fut ainsi poussé dans le sentier qui aboutit au rejet de Jéhovah et à l'établissement de Saül comme roi. «Lorsque Samuel fut vieux, il établit ses fils juges sur Israël». Chose bien différente, en vérité, d'un appel de Dieu. La fidélité de Samuel ne garantissait en rien celle de ses fils. C'est ce que l'on a pu voir dans la théorie si vantée de la succession apostolique. Quelle espèce de successeurs y a-t-il eu! Combien peu ils ont ressemblé à leurs prédécesseurs! Paul pouvait dire: «Je n'ai convoité ni l'argent, ni l'or, ni la robe de personne». Ses prétendus successeurs en peuvent-ils dire autant? Samuel pouvait dire: «Me voici, témoignez contre moi devant l'Eternel et devant son Oint. De qui ai-je pris le boeuf? ou de qui ai-je pris l'âne? ou à qui ai-je fait tort? ou à qui ai-je fait violence? de la main de qui ai-je pris un présent, pour que par lui j'eusse fermé mes yeux?» Mais, hélas! les fils et successeurs de Samuel ne pouvaient pas dire ainsi; pour eux, «un gain déshonnête» était le principal mobile de leurs actions.

Or nous voyons, dans ce chapitre, que les Israélites tirent, de cette mauvaise conduite des fils de Samuel, la raison apparente de leur demande d'un roi. «Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent pas dans tes voies; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme toutes les nations». Quel déclin! Israël consent à descendre au niveau des nations qui l'entourent, et cela parce que Samuel était vieux et que ses fils étaient avares. L'Eternel est exclu. Si les Israélites avaient regardé à lui, ils n'auraient eu aucune raison de chercher à se placer sous la tutelle d'un pauvre mortel, semblable à eux-mêmes. Mais la capacité de l'Eternel, pour les garder et les guider, entre bien peu dans leurs pensées. Ils ne voient rien au delà de Samuel et de ses fils; si eux ne peuvent les aider, il faut descendre de leur haute position comme peuple de Dieu, et devenir semblables aux nations qui les entourent. Il est trop difficile de se maintenir longtemps dans la position de foi et de dépendance; rien d'autre que le sentiment effectif d'un besoin pressant ne peut nous garder attachés à Dieu. Au chapitre 7, il n'est nullement question d'un roi; Dieu était tout et en tout pour Israël; mais maintenant, il n'en est pas ainsi: Dieu est exclu, et un roi est l'objet prédominant. Nous verrons bientôt à quel triste résultat tout cela conduit.

Chapitres 9-13. Ces chapitres nous font connaître le caractère de Saül, son onction et le commencement de son règne. Nous ne nous y arrêterons pas longtemps, notre principal objet, dans cette introduction, étant d'appeler l'attention du lecteur sur les pas qui amenèrent l'établissement d'un roi en Israël.

Saül était tout particulièrement l'homme selon le coeur d'Israël. Il avait tout ce que la chair désire: il était «homme d'élite et beau; et il n'y avait aucun des fils d'Israël qui fût plus beau que lui; il était plus grand que tout le peuple depuis les épaules en haut». Tout cela était très imposant pour ceux qui ne regardent qu'à l'apparence, mais quel coeur y avait-il sous cet extérieur attrayant? Toute la conduite de Saül porte l'empreinte de l'égoïsme le plus profond et de l'orgueil le plus grand, sous le manteau de l'humilité. Quand Saül se cache, ce n'est qu'afin de paraître ensuite plus à son avantage. Avec le coeur rempli de la pensée de la royauté, il garde à cet égard le plus profond silence envers son oncle; avec toutes ses pensées tournées vers la couronne, il se cache parmi les bagages, afin de devenir d'autant plus l'objet de l'attention de toute l'assemblée. Dans chaque occasion où nous le voyons paraître, nous ne pouvons que reconnaître en lui un homme foncièrement égoïste, plein de sa propre importance et tout à fait insoumis. Il est vrai que l'Esprit vient sur lui, comme sur quelqu'un qui est mis à part pour remplir une charge au milieu du peuple de Dieu; mais avec tout cela, il se recherchait lui-même, et n'employait le nom de Dieu que pour ses propres fins et les choses de Dieu que comme un piédestal pour sa propre gloire (*). La scène qui se passe à Guilgal est très caractéristique et fait ressortir le principe qui faisait agir Saül. Impatient d'attendre le moment fixé de Dieu, il passe outre et offre l'holocauste; mais il doit entendre de la bouche de Samuel ces paroles solennelles: «Tu as agi follement; tu n'as pas gardé le commandement de l'Eternel, ton Dieu, qu'il t'avait ordonné; car maintenant l'Eternel aurait établi pour toujours ton règne sur Israël; et maintenant, ton règne ne subsistera pas: l'Eternel s'est cherché un homme selon son coeur, et l'Eternel l'a établi prince sur son peuple, car tu n'as pas gardé ce que l'Eternel t'avait commandé». C'est le résumé de tout, pour ce qui concerne Saül: «Tu as agi follement»; «tu n'as pas gardé le commandement de l'Eternel»; «ton règne ne subsistera pas». Saül, le roi selon le coeur de l'homme, est mis de côté, pour faire place à l'homme selon le coeur de Dieu. Les enfants d'Israël eurent de nombreuses occasions d'éprouver le caractère de celui qu'ils avaient choisi pour les conduire et combattre dans leurs batailles. Le roseau sur lequel ils avaient tellement désiré s'appuyer, s'était brisé, et allait leur percer la main. Le roi selon l'homme, qu'était-il et que pouvait-il faire? Qu'il se trouve dans une circonstance difficile, comment agira-t-il? L'agitation et le sentiment de son importance caractérisent toutes ses voies. Point de dignité, point de sainte confiance en Dieu, rien dans ses actes qui soit régi par les principes de la vérité. Le moi partout, et cela dans les occasions les plus solennelles, et en ayant l'air d'agir pour Dieu et pour son peuple. Tel était le roi qui agréait à l'homme.

(*) Il faut bien distinguer entre le Saint Esprit venant sur quelqu'un, le saisissant, et le Saint Esprit faisant sa demeure et agissant en nous. Quelques esprits peuvent trouver une difficulté dans ces paroles de Samuel: «L'Esprit de l'Eternel te saisira, et tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme». Mais ce n'est pas ici l'Esprit produisant la nouvelle naissance, mais simplement rendant Saül propre a remplir une charge. S'il s'agissait de régénération, ce ne serait pas simplement l'Esprit saisissant quelqu'un, mais agissant en lui. Saül, revêtu d'une charge, et Saül, homme, sont tout à fait distincts, et cette distinction doit être maintenue en rapport avec plusieurs des personnes mentionnées et dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament.

De plus, il y a une différence de toute importance, dans les opérations du Saint Esprit, avant et après la résurrection de Christ.

Chapitre 14. Ce beau chapitre présente un contraste frappant entre l'efficacité de ce qu'Israël avait désiré et obtenu pour être conduit, et celle de l'ancien principe d'une foi simple en Dieu. Saül est assis sous un grenadier, symbole, on peut dire, d'un vain déploiement de grandeur sans la moindre puissance réelle. Son fils Jonathan, au contraire, agissant dans un esprit de foi, devient l'heureux instrument de salut pour Israël. Israël, dans son incrédulité, avait demandé un roi pour conduire ses guerres, et il s'imaginait, sans doute, qu'ayant obtenu l'objet de ses désirs, aucun ennemi ne pourrait tenir devant lui. Mais en était-il ainsi? Un mot du chapitre 13 nous répondra: «Tout le peuple le suivait en tremblant». Quel changement! Combien ils différaient de cette puissante armée qui autrefois avait suivi Josué, marchant contre les forteresses de Canaan! Maintenant, ils avaient à leur tête le roi désiré, mais Dieu n'était pas là, et c'est pourquoi ils tremblent. Que l'homme ait l'apparence la plus imposante, sans le sentiment de la présence de Dieu, il est la faiblesse même, mais que Dieu en puissance soit là, et rien ne peut lui résister. Autrefois, Moïse, avec une simple verge dans sa main, avait accompli des miracles; mais maintenant, Israël ayant devant lui l'homme selon son coeur, ne peut que trembler devant ses ennemis: «Tout le peuple le suivait en tremblant». Quelle humiliation! «Non, mais il y aura un roi sur nous, et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations; et notre roi nous jugera, et sortira devant nous et conduira nos guerres». Voilà ce qu'avaient dit les enfants d'Israël. Mais vraiment, «mieux vaut mettre sa confiance en l'Eternel, que de se confier dans les principaux». Jonathan en fit l'expérience d'une manière bénie. Il marche contre les Philistins dans la puissance de cette parole: «Rien n'empêche l'Eternel de sauver avec beaucoup ou avec peu de gens». C'était l'Eternel qui remplissait son âme, et l'ayant, Lui, «beaucoup ou peu de gens» ne faisaient aucune différence. La foi n'est jamais affectée par les circonstances; pour elle, c'est Dieu ou rien.

Et remarquez le changement qui s'opère dans les circonstances d'Israël, du moment que la foi commence à agir parmi eux. Ce sont, maintenant, les Philistins qui tremblent: «Et l'épouvante fut dans le camp, dans la campagne et parmi tout le peuple; le poste et les ravageurs, eux aussi, furent saisis d'épouvante; et le pays trembla, et ce fut une frayeur de Dieu». L'étoile d'Israël brillait de nouveau, simplement parce qu'Israël agissait sur le principe de la foi. Jonathan ne regardait pas à son père Saül pour la délivrance, mais à l'Eternel; il savait que l'Eternel est un vaillant guerrier, et c'est sur lui qu'il s'appuyait pour voir Israël délivré de ses ennemis. Heureuse dépendance!

Il n'y a rien de tel. Les ordonnances humaines périssent, les ressources humaines s'évanouissent, mais «ceux qui se confient en l'Eternel sont comme la montagne de Sion qui ne chancelle pas, qui demeure à toujours». «Ce fut une frayeur de Dieu;» oui, Dieu lui-même jetait la terreur dans les coeurs des Philistins et remplissait ceux d'Israël de joie et de triomphe. La foi de Jonathan était reconnue de Dieu; ceux mêmes d'Israël qui avaient fui dans les montagnes se sentirent affermis, et se mirent à poursuivre les Philistins. Il en est toujours ainsi; nous ne pouvons marcher dans la puissance de la foi sans donner un élan aux autres, et, d'un autre côté, un seul coeur lâche suffit pour en abattre un grand nombre. L'incrédulité détourne toujours du champ de la lutte ou du service, tandis que la foi y conduit.

Mais que fait Saül en tout cela? Comment coopère-t-il avec l'homme de foi? Il était absolument incapable d'agir sur ce principe. Il était assis sous un grenadier, sans force pour inspirer du courage aux coeurs de ceux qui l'avaient choisi pour leur chef, et lorsqu'il se met en mouvement, ou plutôt lorsqu'il s'agite, il ne fait rien que d'entraver, par sa folie et sa précipitation, les précieux résultats de la foi.

 Le chapitre 15 nous fait connaître l'épreuve finale et la mise de côté du roi selon le coeur de l'homme. «Va maintenant, et frappe Amalek», telle est la parole de l'Eternel, et c'est la pierre de touche qui va réellement mettre au jour l'état moral du coeur de Saül. S'il avait été droit devant Dieu, son épée ne serait pas rentrée dans le fourreau avant que la semence d'Amalek eût cessé d'exister. Mais le résultat montra que Saül avait trop de choses communes avec Amalek, pour exécuter jusqu'au bout la sentence divine. Qu'avait fait Amalek? «Ainsi dit l'Eternel des armées: J'ai considéré ce qu'Amalek a fait à Israël, comment il se plaça contre lui sur le chemin quand il montait d'Egypte». En un mot, la pensée spirituelle voit Amalek comme le premier grand obstacle à la marche des rachetés qui montent d'Egypte en Canaan, et nous savons ce qui agit de la même manière à l'égard de ceux qui, maintenant, sortent du monde pour suivre le Seigneur Jésus.

Or, Saül venait justement de se montrer comme un obstacle dans le chemin de l'homme de foi. En réalité, sa marche tout entière était en opposition avec les principes de Dieu, Comment donc aurait-il pu détruire Amalek? C'était impossible. «Il épargna Agag». Saül et Agag ne se convenaient que trop, et Saül n'avait pas la force d'exécuter le jugement de Dieu sur le grand ennemi de son peuple. Et remarquez l'ignorance de ce malheureux homme et combien il se complaît en lui-même. «Et Samuel vint vers Saül, et Saül lui dit: Béni sois-tu de l'Eternel! J'ai exécuté la parole de l'Eternel». Combien tristes sont ces paroles! «J'ai exécuté la parole de l'Eternel», dit-il, et Agag, le roi des Amalékites, vivait encore! Quelles illusions terribles ne se fait pas une âme qui ne marche pas droitement avec Dieu! «Quel est donc ce bêlement de brebis à mes oreilles, et ce beuglement de boeufs que j'entends», dit Samuel. Paroles qui auraient dû aller au fond du coeur de Saül. Mais non; il cherche un vain recours dans le fait qui peut sembler plausible au coeur naturel: «pour sacrifier à l'Eternel, ton Dieu», pauvre ressource pour le coeur désobéissant. Comme si l'Eternel pouvait accepter un sacrifice de celui qui marche en rébellion ouverte contre son commandement. Il y en a plus d'un qui, depuis les jours de Saül, ont cherché à couvrir leur esprit de désobéissance sous le manteau d'un sacrifice au Seigneur. Aussi la réponse de Samuel à Saül a-t-elle toujours son application: «L'Eternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, comme à ce que l'on écoute la voix de l'Eternel? Voici, écouter est meilleur que sacrifice, prêter l'oreille, meilleur que la graisse des béliers. Car la rébellion est comme le péché de divination, et l'obstination comme une idolâtrie et du théraphim».

Il n'importe pas de quel prix soit le sacrifice, un seul acte d'obéissance à la voix du Seigneur lui est infiniment plus précieux. Le Seigneur ne cherche pas les offrandes, mais l'obéissance: un coeur soumis et un esprit docile le glorifient plus que le sacrifice des bêtes qui paissent sur mille montagnes (Psaumes 50: 10).

Il est important que ce principe soit imprimé profondément dans nos consciences, en ces jours où des désobéissances de tant de sortes sont abritées sous les paroles: «Sacrifice! sacrifice!» Obéir vaut mieux que sacrifice. Il est infiniment préférable que la volonté soit soumise à Dieu, que de charger l'autel des sacrifices les plus précieux. Quand la volonté est soumise, tout prend sa vraie place, mais pour celui dont la volonté est en opposition avec celle de Dieu, parler de sacrifice n'est qu'une vaine déception. Dieu ne regarde pas à la grandeur du sacrifice, mais au coeur d'où il provient. On verra toujours que tous ceux qui, de même que Saül, parlent de sacrifier à l'Eternel, ont au fond du coeur quelque objet caché — quelque Agag, — le meilleur du menu et du gros bétail — quelque chose qui plaît à la chair et qui a plus d'influence que le vrai service et le vrai culte de Dieu.

Puissent tous ceux qui lisent ces pages chercher à connaître le bonheur réel qui se trouve dans une volonté entièrement soumise à Dieu! Là, se goûte le repos précieux que le Sauveur humble et débonnaire a promis à tous ceux qui sont fatigués et chargés, le repos dont lui-même jouissait lorsqu'il disait: «Je te loue, ô Père… car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi». L'inquiet et ambitieux Saül ne connaissait rien de tout cela. Sa volonté n'était pas d'accord avec celle de Dieu relativement à Amalek. Dieu lui avait dit de détruire ce peuple, mais son coeur voulait épargner quelque chose au moins qui, pour lui, semblait bon et désirable; il était prêt à accomplir la volonté de Dieu par rapport à tout «ce qui était chétif et misérable», mais il pensait pouvoir faire certaines exceptions, comme si la ligne de démarcation entre ce qui était «chétif» et ce qui était «bon», devait être tracée par lui, et non selon le jugement infaillible de Celui qui voyait Amalek sous son vrai point de vue, et ne considérait, dans la délicatesse raffinée d'Agag, rien qui ne fût misérable et vil. Dieu voyait en Agag celui qui, avec tout son raffinement, s'opposerait à Israël plus fortement que jamais. C'était là le fondement de son débat avec Amalek — et c'était ce que Saül était absolument incapable de comprendre et d'apprécier.

La fin du chapitre montre clairement quel était le courant des pensées et des désirs de Saül. Il venait d'entendre l'appel solennel de Samuel et les déclarations de Dieu contre lui; déclarations que terminaient ces paroles sérieuses: «L'Eternel a déchiré aujourd'hui la royauté d'Israël de dessus toi, et l'a donnée à ton prochain, qui est meilleur que toi». Ces paroles foudroyantes retentissaient encore à ses oreilles, mais il est si rempli de lui-même qu'il peut dire: «Honore-moi, maintenant, je te prie, en la présence des anciens de mon peuple, et en la présence d'Israël». Tel était Saül. «Le peuple», dit-il, «a épargné» ce qui devait être détruit, — c'était leur faute; mais moi, «honore-moi». Quelle vanité. Un coeur plongé dans l'iniquité et qui recherche l'honneur de la part de vers de terre semblables à lui! Rejeté de Dieu quant à la charge qui lui avait été confiée, il s'attache à la pensée d'être honoré devant les hommes. Il semble que, pourvu qu'il conserve sa place dans l'estime de son peuple, peu importe ce que Dieu pense de lui. Mais Dieu l'avait rejeté, le royaume avait été déchiré de dessus lui; il n'importait pas beaucoup que Samuel retournât avec lui et fût présent, tandis que Saül accomplissait ses formes de culte à l'Eternel, afin de ne pas perdre son rang et son influence aux yeux du peuple.

«Et Samuel dit: Amenez-moi Agag, roi d'Amalek. Et Agag vint à lui gaiement; et Agag disait: Certainement, l'amertume de la mort est passée. Et Samuel dit: Comme ton épée a privé d'enfants les femmes, de même, entre les femmes, ta mère sera privée d'enfants. Et Samuel mit Agag en pièces devant l'Eternel, à Guilgal». La gaieté d'Agag ne pouvait pas tromper celui qui était enseigné de Dieu. Combien aussi n'est-il pas remarquable de voir Samuel mettant Agag en pièces à Guilgal. C'était le lieu où l'opprobre d'Egypte avait été roulé de dessus Israël; en retraçant l'histoire du peuple, nous trouvons Guilgal associé avec la puissance sur le mal. Et c'est là que l'Amalékite trouve sa fin sous la main du juste Samuel. Il y a là une grande instruction. Quand l'âme réalise sa pleine délivrance d'Egypte par la puissance de la mort et de la résurrection, elle se trouve dans la meilleure position pour remporter la victoire sur le mal. Si Saül avait connu quelque chose de l'esprit et du principe de Guilgal, il n'aurait pas épargné Agag. Il avait été prêt à venir à Guilgal pour y renouveler la royauté (chapitre 11: 14, 15), mais non pour y briser et mettre de côté tout ce qui plaisait à la chair. Mais Samuel, agissant dans l'énergie de l'Esprit de Dieu, traite Agag selon les principes de la vérité, car il était écrit: «Parce que l'Eternel a juré, l'Eternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération» (Exode 17). Le roi d'Israël aurait dû savoir cela.

Chapitre 1 - David est oint comme roi

Nous en venons maintenant à notre sujet, si riche et si varié — la vie et les temps de David, roi d'Israël.

Dans toute l'Ecriture, nous pouvons voir comment le Dieu de grâce a toujours su tirer le bien du mal. Ce fut un péché à Israël de rejeter Jéhovah son Roi, pour avoir à sa tête un homme; et, dans cet homme, qui le premier porta le sceptre au milieu du peuple, celui-ci apprit combien vaine est l'aide de l'homme. Mais l'Eternel allait faire sortir de la folie et du péché de son peuple, une riche moisson de bénédiction.

Saül avait été rejeté, selon le dessein de Dieu. Il avait été pesé dans la balance et trouvé léger; le royaume allait lui être ôté et donné à un homme selon le coeur de Dieu. Cet homme devait occuper le trône, à la gloire de Dieu et pour la bénédiction d'Israël. «Et l'Eternel dit à Samuel: Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi je l'ai rejeté pour qu'il ne soit pas roi sur Israël?» Ces paroles nous font entrer dans le secret de la douleur de Samuel à l'égard de Saül pendant la longue période de sa séparation d'avec lui. Au dernier verset du chapitre 15, nous lisons: «Et Samuel ne vit plus Saül jusqu'au jour de sa mort, car Samuel menait deuil sur Saül». C'était naturel. Il y avait, dans la triste chute de ce malheureux homme, bien des choses propres à affecter profondément le coeur. Il avait autrefois fait jaillir de la bouche du peuple ce cri: «Vive le roi!» (chapitre 10: 24). Plus d'un regard, sans doute, plus d'un coeur plein d'enthousiasme, s'était arrêté sur ce jeune homme «d'élite et beau», et maintenant, c'en était fait. Saül était rejeté de Dieu, et Samuel s'était vu forcé de prendre à son égard une place d'entière séparation. C'était la seconde personne que Samuel voyait dépouillée de sa charge. Au début de sa carrière, il avait été porteur de mauvaises nouvelles auprès d'Héli; et, maintenant, au terme de sa course, il avait été chargé de dénoncer à Saül le jugement de Dieu sur sa conduite. Cependant Samuel était appelé à entrer dans les pensées de Dieu à l'égard de Saül. «Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que je l'ai rejeté?» La communion avec Dieu nous conduit toujours à acquiescer à ses voies. Le sentimentalisme peut pleurer sur les grandeurs déchues, mais la foi saisit cette grande vérité que le conseil infaillible de Dieu doit demeurer, et qu'il accomplira tout son bon plaisir. La foi ne saurait verser une larme sur Agag, ni sur Saül rejeté, parce qu'elle est toujours d'accord avec la pensée de Dieu, soit qu'il lui plaise d'abaisser ou d'élever quelqu'un. Il y a une immense différence entre le sentimentalisme et la foi; là où le premier s'assied pour pleurer, l'autre se lève et remplit sa corne d'huile.

Il est bon de bien examiner ce contraste. Nous sommes tous très enclins à nous laisser entraîner par le sentiment, ce qui est souvent extrêmement dangereux. Pour autant qu'il vient de la nature, il doit y avoir du mal dans son activité, ou au moins son courant doit différer de celui des pensées de l'Esprit de Dieu. Or le remède le plus efficace contre la fâcheuse activité du sentiment, est une conviction entière, forte, puissante et permanente, de la réalité du dessein de Dieu. En présence de cette conviction, le sentimentalisme se flétrit et meurt, tandis que la foi vit et fleurit dans l'atmosphère des pensées de Dieu. La foi dit: «Je te loue, ô Père», pour les événements et les circonstances, les desseins et les conseils, qui donnent le coup de mort aux émotions du sentimentalisme. Ce principe important est placé devant nous d'une manière très frappante, dans le premier verset du chapitre 16: «Jusques à quand mèneras-tu deuil?… Remplis ta corne d'huile, et va: je t'enverrai vers Isaï, le Bethléhémite, car j'ai vu parmi ses fils un roi pour moi». Oui; «jusques à quand mèneras-tu deuil?» C'est la question. La douleur se fait sentir jusqu'à ce que le coeur ait trouvé du repos dans les abondantes ressources du Dieu de bonté. Tous les vides que laissent dans le coeur les événements humains, ne peuvent être comblés que par la puissance de la foi en cette parole: «J'ai vu». Cela règle tout, sèche les larmes, allège les douleurs, comble les vides. Du moment que l'esprit se repose dans les ressources de l'amour de Dieu, il y a une fin à tous les murmures. Puissions-nous tous connaître la puissance et les applications diverses de cette vérité; puissions-nous savoir ce que c'est que d'avoir nos larmes essuyées et notre corne remplie par la conviction du tendre amour, de la sagesse et des ressources de notre Père. C'est une bénédiction rare; il est difficile de s'élever complètement au-dessus de la région des pensées et des sentiments humains. Même un Samuel trouve à objecter au commandement divin, et met de la lenteur à courir dans la voie d'une simple obéissance. L'Eternel dit: «Va», et Samuel répond: «Comment irai-je?» Etrange question! mais qui montre bien la condition morale du coeur humain. Samuel avait mené deuil sur Saül, et maintenant qu'il est envoyé pour oindre un autre à sa place, il dit: «Comment irai-je?» La foi ne parle jamais ainsi. Il n'y a pas de «comment» dans son vocabulaire. Non; aussitôt que le commandement divin a montré le sentier, la foi se hâte d'y courir, dans une obéissance volontaire et sans se mettre en souci des difficultés.

Cependant l'Eternel, dans sa bonté, vient lever la difficulté de son serviteur: «Tu prendras avec toi une génisse, et tu diras: Je suis venu pour sacrifier à l'Eternel». Ainsi, avec un sacrifice et sa corne remplie d'huile, il monte à la cité de David, où un jeune homme obscur et étranger aux desseins de Dieu sur lui, paissait quelques brebis au désert.

Parmi les fils d'Isaï, il semble qu'il y ait eu quelques beaux spécimens de la nature humaine, sur lesquels Samuel, s'il avait été laissé à son propre jugement, aurait fixé les yeux, pour leur donner la couronne d'Israël. «Et il arriva que comme ils entraient, il vit Eliab, et il dit: Certainement l'oint de l'Eternel est devant lui». Mais il n'en était pas ainsi. Les dons naturels et ce qui attire l'attention de l'homme, n'ont rien à faire avec le choix de Dieu. Il regarde plus loin que la surface dorée des hommes et des choses, et les juge selon ses principes infaillibles. Le chapitre 17 nous fait connaître quelque chose de l'esprit hautain et suffisant d'Eliab. Mais le Seigneur ne met pas sa confiance dans la stature d'un homme; Eliab n'était pas celui qu'il avait choisi. C'est une chose remarquable, dans ce chapitre, de voir Samuel errer si souvent. Le deuil qu'il mène sur Saül, son refus ou plutôt son hésitation quand il s'agit d'aller à Bethléhem, sa méprise touchant Eliab, tout montre combien il était loin de saisir les voies de Dieu. La parole que l'Eternel lui adresse est bien sérieuse: «Ne regarde pas son apparence, ni la hauteur de sa taille, car je l'ai rejeté; car l'Eternel ne regarde pas ce à quoi l'homme regarde, car l'homme regarde à l'apparence extérieure, et l'Eternel regarde au coeur». Voilà la grande différence, «l'apparence extérieure», et «le coeur». Samuel même aurait été bien près d'être séduit par la première de ces choses, si l'Eternel n'était intervenu pour lui enseigner la valeur de la seconde. «Et Isaï appela Abinadab et le fit passer devant Samuel. Et il dit: L'Eternel n'a pas non plus choisi celui-ci. Et Isaï fit passer Shamma. Et il dit: L'Eternel n'a pas non plus choisi celui-ci. Et Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel. Et Samuel dit à Isaï: L'Eternel n'a pas choisi ceux-ci». Ainsi, la perfection de la nature humaine, pour ainsi dire, passe devant le prophète, mais en vain; la nature ne peut rien produire pour Dieu ou pour son peuple. Et ce qui est remarquable en tout cela, c'est qu'Isaï ne pense point à David. Le jeune homme au teint rosé était dans la solitude du désert avec les brebis, et ne venait pas même à l'esprit d'Isaï, alors que celui-ci faisait passer devant le prophète l'élite de sa famille. Mais l'oeil de l'Eternel reposait sur ce jeune homme oublié, et contemplait en lui celui duquel, selon la chair, devait descendre Christ, pour occuper le trône de David et régner à jamais sur la maison d'Israël. Dieu ne voit pas comme l'homme, car il «a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Corinthiens 1: 27-29). Si Eliab, Abinadab, Shamma, ou quelque autre des sept fils d'Isaï avait été oint, la chair aurait pu se glorifier devant Dieu, mais du moment que David, le jeune homme oublié, apparaît sur la scène, nous reconnaissons en lui celui qui donnera toute gloire au Dieu qui allait mettre le sceptre dans sa main. David se présente devant nous comme le type du Seigneur Jésus qui, lorsqu'il vint parmi les hommes, fut méprisé et oublié; et nous verrons, en avançant dans l'histoire du plus jeune fils d'Isaï, de quelle manière frappante il préfigure le vrai bien-aimé de Dieu.

«Et Samuel dit à Isaï: Sont-ce là tous les jeunes gens? Et il dit: Il reste encore le plus jeune, et voici, il paît le menu bétail. Et Samuel dit à Isaï: Envoie, et fais-le amener; car nous ne nous placerons point autour de la table, jusqu'à ce qu'il soit venu ici. Et il envoya et le fit venir. Or il avait le teint rosé, avec de beaux yeux, et était beau de visage. Et l'Eternel dit: Lève-toi, oins-le; car c'est celui-là». «Il reste le plus jeune», disait Isaï; il pensait, sans doute: Ce ne peut être lui qui soit choisi. L'homme ne peut comprendre les pensées de Dieu. L'instrument dont il va se servir est dédaigné ou méprisé. Mais Dieu dit: «Lève-toi et oins-le; car c'est celui-là». Réponse parfaite que Dieu donne aux pensées de Samuel et d'Isaï.

Il est intéressant aussi de remarquer l'occupation de David. «Voici, il paît le menu bétail». L'Eternel y fait allusion, quand il dit à David: «Je t'ai pris des parcs, d'auprès du menu bétail, pour que tu fusses prince sur mon peuple, sur Israël». Rien ne saurait mieux faire comprendre la charge d'un roi, que le travail d'un berger. Si le roi ne remplit pas sa charge dans l'esprit d'un berger, il manque son but. Le roi David l'avait bien saisi, comme on peut le voir dans ces touchantes paroles: «Ces brebis, qu'ont-elles fait?» Le peuple était les brebis de l'Eternel, et David, comme leur berger établi sur elles par l'Eternel, les gardait sur les montagnes d'Israël, de même qu'il avait gardé les brebis de son père dans les lieux écartés près de Bethléhem. Il ne changea pas de rôle, pour ainsi dire, quand il vint des parcs de brebis sur le trône et qu'il échangea la houlette pour le sceptre. Non; il fut encore berger, et se sentit la responsabilité de protéger les brebis du Seigneur contre les lions et les ours qui rôdaient toujours autour du troupeau. L'allusion que fait le prophète au vrai David est bien touchante, lorsqu'il parle d'Israël aux jours à venir: «Je sauverai mes brebis, et elles ne seront plus une proie, et je jugerai entre brebis et brebis. Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David: lui, les paîtra, et lui, sera leur pasteur. Et moi, l'Eternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d'eux. Moi, l'Eternel, j'ai parlé» (Ezéchiel 34: 22-24). Nous ne saurions douter que les paroles du Seigneur, en Jean 6, ne se rapportent plus ou moins à son caractère de berger «Or c'est ici la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour». Il y a là un important principe de vérité. Indépendamment de son amour personnel pour les brebis, amour si merveilleusement démontré par sa vie et sa mort, le Seigneur Jésus, dans le passage que nous venons de citer, se présente comme responsable — volontairement, sans doute — envers son Père, de garder chaque brebis de son cher et bien-aimé troupeau à travers toutes les vicissitudes de sa course et même dans la mort, et de la présenter au dernier jour dans la résurrection en gloire. Tel est le Berger auquel le Père nous a confiés. Il a ainsi pourvu a ce qui nous concerne pour le temps et pour l'éternité, en nous plaçant en de telles mains — les mains d'un Berger toujours vivant, nous aimant toujours, tout-puissant, dont l'amour ne saurait être éteint par beaucoup d'eaux, contre la puissance duquel aucun ennemi ne peut prévaloir, qui tient dans sa main les clefs de la mort et du hadès, et qui a acquis son droit sur son troupeau en mettant sa vie pour lui. Nous pouvons dire en vérité: «L'Eternel est mon berger; je ne manquerai de rien». Comment pourrions-nous être dans le besoin, quand c'est Jésus qui nous paît? Cela est impossible. Nos coeurs insensés peuvent souvent désirer paître dans des pâturages malsains, et notre Berger peut avoir à nous montrer les soins de sa grâce en nous en privant, mais une chose est certaine, c'est que ceux que Jésus paît, ne manqueront d'aucune bonne chose.

Il y a, dans le caractère de berger, quelque chose qui semble tout à fait en harmonie avec la pensée divine. Nous trouvons, en effet, le Père, le Fils et le Saint Esprit, agissant dans ce caractère. Le Psaume 23, dans son application première, peut être envisagé comme l'expérience de Christ, prenant son plaisir dans l'assurance que son Père le conduit et veille sur lui comme un berger. Jean 10, nous montre le Fils comme le bon Berger. Et enfin, dans les Actes, au chapitre 20, et en 1 Pierre 5, nous voyons le Saint Esprit agissant comme tel, en suscitant et en louant pour leur oeuvre, les bergers subordonnés. Il est édifiant pour l'âme, de remarquer comme notre Dieu se présente à nous dans les relations qui impliquent les plus tendres soins, et qui sont le mieux calculées pour attirer nos affections et gagner notre confiance. Que son nom soit béni à jamais! Ses voies sont toutes parfaites: nul n'est semblable à lui.

Fixons notre attention sur le contraste qui existe entre les circonstances dans lesquelles Samuel trouva David, et celles où il rencontra Saül. On se rappelle que Saül était à la recherche des ânesses de son père, lorsqu'il vint en contact avec Samuel. Je n'interprète pas le fait, je le mentionne seulement. Je crois qu'il a une signification quant aux voies futures de Saül, de même que l'occupation de David auprès des parcs de brebis, annonçait sa carrière à venir comme pasteur d'Israël. Quand nous voyons David gardant les brebis de son père dans le désert, dédaigné ou peu estimé dans le cercle de sa famille, nous sommes conduits à voir dans l'avenir quelque chose qui correspondra à ce qu'il était alors, et nous ne nous trompons pas. Ainsi, quand nous considérons Saül à la recherche des ânesses de Kis, nous ne pouvons nous empêcher de supposer qu'il y aura dans son caractère et ses habitudes subséquentes, quelque chose qui rappellera cette circonstance. Les petits détails portent souvent avec eux un grand enseignement. L'affection de David et sa tendre sollicitude pour le troupeau du Seigneur, de même que son abnégation, peuvent se voir déjà dans les circonstances où il se trouve introduit devant nous; et, d'un autre côté, on peut déjà entrevoir l'esprit ambitieux et personnel de Saül dans l'objet de ses recherches, quand il rencontre d'abord Samuel. Je n'insiste pas sur ces faits, laissant au lecteur le soin de les considérer avec la lumière que le Seigneur lui donnera. Je rappellerai seulement, que rien ne peut être insignifiant dans ce que nous rapporte l'Esprit Saint touchant des hommes qui présentent un contraste aussi frappant et qui, l'un et l'autre, occupent une place aussi importante dans l'histoire du peuple de Dieu.

Ce que nous voyons surtout, c'est la grâce qui prend, pour conducteur du peuple de Dieu, celui en qui se manifestaient les traits de caractère si bien adaptés à l'oeuvre qu'il devait accomplir. «Et Samuel prit la corne d'huile, et l'oignit au milieu de ses frères. Et l'Esprit de l'Eternel saisit David, depuis ce jour-là et dans la suite». David est donc maintenant devant nous, comme l'oint de l'Eternel, et nous avons à le suivre dans les vicissitudes de sa vie errante, tandis qu'il est rejeté des hommes et qu'il attend le royaume.

Chapitre 2 - La vallée d'Ela

L'huile de l'onction de la part de l'Eternel n'a pas plus tôt été versée sur David, qu'il est appelé à quitter sa retraite et à se tenir devant Saül, le roi abandonné de Dieu et troublé par un mauvais esprit. Ce malheureux homme avait besoin des doux sons de la harpe de David pour chasser l'influence de cet esprit qui, jour après jour, le tourmentait. Triste résultat auquel aboutit une vie remplie de la recherche de soi-même!

David n'hésite pas à prendre la position de serviteur, dans la maison même de celui qui bientôt se montrera son ennemi le plus acharné. Pour lui peu importait où il servait ou ce qu'il avait à faire — protéger les brebis de son père contre les lions et les ours, ou chasser le mauvais esprit de Saül. De fait, dès que son histoire s'ouvre, David est vu comme serviteur, prêt à accomplir toute espèce de travail. Dans la vallée d'Ela se manifeste d'une manière très frappante son caractère de serviteur.

Saül ne savait guère qui était celui dont les accords harmonieux rafraîchissaient son esprit troublé; il ignorait qu'il avait devant lui le futur roi d'Israël. «Il l'aima beaucoup, et David fut son porteur d'armes». L'égoïste Saül était content d'user des services de David dans ses besoins, tout en étant prêt à verser son sang dès qu'il aurait compris qui et quel il était.

Mais portons nos regards sur les scènes remplies d'intérêt qui se déroulent dans la vallée d'Ela. «Et les Philistins rassemblèrent leur armée pour faire la guerre». Nous arrivons à quelque chose de bien propre à faire ressortir le vrai caractère et la valeur respective de Saül et de David, de l'homme de la forme et de l'homme de la puissance. C'est l'épreuve qui met en évidence ce qu'il y a de réel dans les ressources d'un homme. Saül avait déjà été éprouvé, car «tout le peuple le suivait en tremblant», et il n'était guère en état de se montrer, dans cette nouvelle occasion, un chef propre à encourager et soutenir les coeurs. Un homme abandonné de Dieu et affligé d'un mauvais esprit, convenait peu pour être à la tête d'une armée devant l'ennemi, ni pour combattre corps à corps le puissant géant de Gath.

Le conflit dans la vallée d'Ela est caractérisé d'une manière toute spéciale par la proposition que fait Goliath de vider la question dans un combat singulier. C'était le vrai moyen de connaître la valeur d'un individu. Il ne s'agissait pas, comme dans les cas ordinaires, de combattre armée contre armée, mais de savoir quel homme de tout le camp d'Israël voudrait s'aventurer contre le terrible ennemi incirconcis. En fait, il était évident que Dieu voulait une fois de plus faire sentir à Israël que, comme peuple, il était absolument sans force, et que, de même qu'aux jours passés, son unique ressource pour être délivré était le bras de Jéhovah, prêt encore à, se montrer et à agir comme un «vaillant guerrier», là où la foi s'adresserait à lui comme tel.

Durant quarante jours, le Philistin s'approche et se présente aux yeux du malheureux Saül et de son armée frappée de terreur. Et remarquez quelle insulte amère il lance aux Israélites: «Ne suis-je pas le Philistin, et vous, des serviteurs de Saül?» Hélas! ce n'était que trop vrai. Ils étaient descendus de leur haute position comme serviteurs de Jéhovah, pour devenir des serviteurs de Saül. Samuel les en avait avertis. Il leur avait dit que le roi et maître qu'ils choisissaient ferait d'eux ses courriers, ses laboureurs, ses moissonneurs, et les emploierait à ses ouvrages, et cela au lieu du service de l'Eternel, le Dieu d'Israël, auquel ils auraient pu regarder comme à leur Roi et leur Maître. Mais rien n'est propre à instruire l'homme, comme les douloureuses leçons de l'expérience, et les outrages sanglants de Goliath devaient, sans nul doute, apprendre à Israël quelle était sa vraie condition sous le joug écrasant des Philistins. «Choisissez-vous un homme, et qu'il descende contre moi», dit le géant. Il savait peu quel était celui qui allait être son antagoniste. Dans la force brutale et toute charnelle dont il se glorifiait, il s'imaginait qu'aucun Israélite n'oserait se mesurer avec lui.

Et ici, nous pourrions nous demander: Que devient Jonathan dans cette scène? lui que nous avons vu agir avec une foi si simple et tant d'énergie, au chapitre 14; pourquoi ne s'avance-t-il pas contre le géant? En regardant de près ce qu'il fit, dans le chapitre que nous venons de citer, nous pouvons voir, me semble-t-il, que sa foi n'avait pas ce caractère tout à fait simple et indépendant des circonstances, qui fait passer à travers tous les genres de difficultés. Le défaut dans sa foi se montre dans ces paroles: «S'ils nous disent ainsi». La foi ne dit jamais «si»; elle n'a à faire qu'avec Dieu. Lorsque Jonathan dit: «Rien n'empêche l'Eternel de sauver avec beaucoup ou peu de gens», il énonce un beau principe qu'il aurait dû poursuivre jusqu'au bout, sans y mêler un «si». Si la foi de Jonathan s'était reposée plus simplement sur la puissance de Dieu, il n'aurait pas cherché un signe. Il est vrai que, dans sa bonté, l'Eternel lui en donne un, de même qu'autrefois il l'avait fait pour Gédéon, car Dieu répond toujours aux besoins de ses serviteurs. Mais Jonathan n'apparaît pas dans la vallée d'Ela; il avait, semble-t-il, accompli son oeuvre et agi selon sa mesure. Dans la scène que nous avons maintenant sous les yeux, il fallait quelque chose de plus profond que tout ce que Jonathan avait connu.

L'Eternel préparait en secret un instrument pour cette oeuvre nouvelle et plus difficile. N'est-ce pas ainsi qu'agit toujours notre Dieu? Il forme dans le secret ceux dont il veut se servir en public. Dans l'intime solennité de son sanctuaire, il se fait connaître à ses serviteurs, et fait passer devant eux sa grandeur, afin de les rendre capables de contempler d'un regard assuré les difficultés du chemin. Il en fut ainsi de David. Il avait été seul avec Dieu, tandis qu'il gardait les troupeaux au désert; son âme s'était remplie de la pensée de la puissance de Dieu, et maintenant il fait son apparition dans la vallée, avec toute la dignité du renoncement qui caractérise un homme de foi. Les quarante jours durant lesquels Goliath avait défié Israël, avaient démontré l'incapacité totale de l'homme. Saül n'avait rien pu contre le géant — les trois fils aînés d'Isaï ne s'étaient pas avancés pour le combattre — Jonathan lui-même s'était trouvé sans force; tout était perdu ou semblait l'être, lorsque le jeune David entre en scène, revêtu de la force de Celui qui allait coucher dans la poussière la gloire et l'orgueil du fier Philistin.

Les paroles du Philistin viennent frapper les oreilles de David. Il y reconnaît aussitôt un défi blasphématoire porté au Dieu vivant. «Qui est ce Philistin, cet incirconcis», dit-il, «pour outrager les troupes rangées du Dieu vivant?» La foi de David voit dans l'armée tremblante qui est devant lui, les troupes rangées du Dieu vivant; pour lui, la question est entre Jéhovah et le Philistin. Il y a là un grand enseignement. Nul changement de circonstances ne peut dérober aux yeux de la foi la dignité dont est revêtu le peuple de Dieu. Ce peuple peut être abaissé au jugement de l'homme, comme c'était le cas pour Israël dans cette occasion, mais il ne peut jamais perdre ce que Dieu lui a départi; et c'est pourquoi David, en voyant ses pauvres frères défaillant à la vue de leur redoutable ennemi, les reconnaît cependant comme ceux avec lesquels le Dieu vivant s'était identifié, et qui, par conséquent, ne devaient pas être défiés par un Philistin incirconcis. Lorsque la foi est en exercice, elle met l'âme en rapport direct avec la grâce et la fidélité de Dieu, et avec ses desseins envers son peuple. Il est vrai qu'Israël avait appelé sur lui-même, par son infidélité, toute cette douloureuse humiliation; ce n'était pas selon le Seigneur qu'il perdît courage devant un ennemi; c'était le résultat de ses propres actes, et c'est aussi ce que la foi saisit et reconnaît toujours. Mais la question demeure pour la foi: «Qui est ce Philistin, cet incirconcis?» Ce n'est pas l'armée de Saül qui occupe les regards de l'homme de foi. Non; ce sont les troupes rangées du Dieu vivant — une armée sous le commandement du même Chef qui avait conduit ses armées à travers la mer Rouge, à travers le grand et terrible désert, et enfin, qui leur avait fait passer le Jourdain pour entrer en Canaan. C'était là ce que voyait la foi, ce qui seul pouvait la satisfaire.

Mais combien peu sont compris et appréciés les jugements et les actions de la foi, lorsque l'état des âmes est bas parmi le peuple de Dieu. On le voit à chaque page de l'histoire d'Israël et, nous pouvons le dire, à chaque page de l'histoire de l'Eglise. Le sentier d'une foi simple et enfantine est inconnu au regard de l'homme, et si les serviteurs du Seigneur viennent à tomber dans un état charnel, et si le niveau de leurs pensées s'abaisse, ils ne peuvent plus comprendre le principe de puissance qui se trouve dans l'âme de celui qui agit réellement par la foi. Il restera incompris de diverses manières; de mauvais motifs lui seront attribués il sera accusé de se mettre en avant ou d'agir selon sa propre volonté. C'est à quoi doit s'attendre celui qui se tient à la brèche, quand autour de lui le niveau de la foi est bas. Il est seul au milieu du manque de foi de la majorité, et, lorsqu'il est conduit à agir pour Dieu, il peut être sûr que ses actes seront mal interprétés.

Il en fut ainsi pour David. Non seulement il fut laissé seul au moment de la difficulté, mais il eut à endurer les reproches et les sarcasmes de la chair sortant de la bouche d'Eliab, son frère aîné. «Et Eliab, son frère aîné, entendit pendant qu'il parlait à ces hommes; et la colère d'Eliab s'enflamma contre David, et il lui dit: Pourquoi donc es-tu descendu? et à qui as-tu laissé ce peu de brebis dans le désert? Je connais, moi, ton orgueil et la méchanceté de ton coeur; car c'est pour voir la bataille que tu es descendu» (17: 28). Tel était le jugement qu'Eliab portait sur David et ses actes. «Et David dit: Qu'ai-je fait maintenant? N'y a-t-il pas de quoi?» David était poussé en avant par une énergie totalement inconnue à Eliab, et il ne se souciait pas de défendre sa conduite devant son frère hautain. Pourquoi Eliab ne s'était-il pas mis à la brèche pour ses frères, le peuple d'Israël? Pourquoi Abinadab et Shamma ne l'avaient-ils pas fait? Parce qu'ils manquaient de foi; c'en était la raison toute simple. Non seulement ces trois hommes étaient sans force, mais toute la congrégation restait frappée de terreur en présence de l'ennemi, et maintenant que paraît sur la scène celui par qui Dieu allait agir d'une manière merveilleuse, personne ne le comprend.

«Et David dit à Saül: Que le coeur ne défaille à personne à cause de lui! Ton serviteur ira et combattra avec ce Philistin». Telle est la foi. Nulle difficulté ne l'effraie; rien ne saurait l'arrêter. Qu'était le Philistin pour David? Un néant. Sa stature prodigieuse, sa formidable armure, n'étaient que de simples circonstances, et la foi ne regarde jamais aux circonstances; elle regarde droit à Dieu. Si l'âme de David n'avait pas été remplie d'énergie par la foi, il n'aurait jamais pu dire ces paroles: «Ton serviteur ira», car écoutez les paroles de celui qui, le premier; aurait dû affronter le terrible ennemi d'Israël: «Et Saül dit à David: Tu n'es pas capable d'aller contre ce Philistin pour combattre avec lui!» Quel langage pour un roi d'Israël! Quel contraste entre l'homme simplement revêtu d'une charge et l'homme qui agit dans la puissance de la foi. Assurément, Saül aurait dû se mettre en avant pour défendre le troupeau confié à ses soins, mais Saül ne se souciait d'Israël qu'autant qu'Israël se rattachait à sa personne, et c'est pourquoi nous pouvons affirmer qu'exposer sa vie pour le défendre n'était jamais entré dans son coeur égoïste. Et non seulement il ne pouvait et ne voulait pas agir lui-même, mais il aurait voulu entraver l'énergie de celui qui manifestait les fruits du principe divin implanté en lui, qui allait se montrer propre à accomplir l'oeuvre que le dessein de Dieu lui avait assignée et qui avait été oint dans ce but.

«Tu n'es pas capable». C'était vrai; mais Jéhovah était capable, et David s'appuyait simplement sur la force de son bras. Sa foi saisissait la puissance de Celui qui apparut à Josué sous les murs de Jéricho, l'épée nue à la main, «le chef de l'armée de l'Eternel». David sentait qu'Israël n'avait pas cessé d'être l'armée de l'Eternel, bien que profondément déchu de ce qu'il était aux jours de Josué. Oui, Israël était encore l'armée de l'Eternel, et la bataille était tout autant celle de l'Eternel que lorsque le soleil et la lune furent arrêtés dans leur course, afin que Josué pût exécuter le jugement de Dieu sur les Cananéens. C'est cette conviction qui soutenait l'esprit de David, quoique Eliab l'accusât d'orgueil et que Saül parlât de son incapacité.

Mon cher lecteur, rien ne donne plus d'énergie et de puissance pour persévérer que la conscience que l'on agit pour Dieu et que Dieu agit avec nous. Cela enlève tout obstacle, élève l'âme au-dessus de toute influence humaine, et l'amène dans la région de la toute-puissance. Ayons seulement la pleine assurance que nous sommes du côté du Seigneur et que sa main agit avec nous, et rien ne pourra nous faire sortir du sentier du service et du témoignage, où que ce soit qu'il nous conduise: «Je puis tout», dit l'apôtre, «en Christ qui me fortifie», et encore: «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi». Le plus faible des saints peut toutes choses par Christ; mais à l'oeil de la chair qui voit ce faible saint, il peut sembler présomptueux de parler de faire toutes choses. Ainsi, lorsque Saül regarde David et le compare avec Goliath, il juge sainement en disant: «Tu n'es pas capable d'aller contre ce Philistin pour combattre avec lui; car tu n'es qu'un jeune homme, et lui, il est homme de guerre dès sa jeunesse». C'est une comparaison entre la chair et la chair, et, sous ce rapport, elle est tout à fait juste. Si l'on compare un adolescent avec un géant, tout l'avantage est du côté de ce dernier; mais Saül aurait dû comparer la force de Goliath avec celle du Dieu des armées d'Israël. C'est ce que fait David. «Et David dit à Saül: Ton serviteur paissait le menu bétail de son père, et un lion vint, et un ours: et il enleva un mouton «du troupeau. Et je sortis après lui et le frappai, et je délivrai le mouton de sa gueule; et il se leva contre moi, et je le saisis par sa barbe, et le frappai, et le tuai. Ton serviteur a frappé et le lion et l'ours; et ce Philistin, cet incirconcis, sera comme l'un d'eux, car il a outragé les troupes rangées du Dieu vivant». C'était là l'argument de la foi. La main qui avait délivré David d'une difficulté, le délivrerait d'une autre. Il n'y a point de «si» en tout cela. David n'attendait pas un signe; il dit simplement: «Ton serviteur ira». David avait senti la puissance de la présence de Dieu avec lui dans le secret, avant qu'il se présentât en public comme serviteur de Dieu et d'Israël, et il ne s'était pas vanté de son triomphe sur le lion et l'ours. Personne auparavant n'en avait entendu parler, et, sans doute, il n'en eût jamais parlé, si ce n'avait été pour montrer sur quelle base solide reposait sa confiance quant à la grande oeuvre qu'il allait entreprendre. Il voulait faire voir clairement que ce n'était pas dans sa propre force qu'il s'avançait. Il en est ainsi de Paul ravi au troisième ciel. Pendant quatorze années, ce secret était demeuré enseveli dans le coeur de l'apôtre, et il ne l'eût jamais fait connaître, si les raisonnements charnels des Corinthiens ne l'y avaient obligé.

Ces deux exemples sont, pour nous, remplis d'instruction pratique. Pour la plupart, nous sommes trop prompts à parler de nos pauvres faits, ou tout au moins à y penser. La chair est portée à se glorifier en tout ce qui exalte le moi, et si le Seigneur, en dépit de ce que nous sommes, a accompli quelque petite chose par notre moyen, combien nous sommes disposés à le communiquer à d'autres, dans un esprit d'orgueil et de complaisance en nous-mêmes! Il est bon et convenable de parler de la grâce du Seigneur, et d'avoir le coeur rempli de louanges, parce que cette grâce a daigné se servir de nous; mais cela est bien différent de la vanterie à l'égard de choses qui se rattachent au moi.

David garde dans son coeur le secret de son triomphe sur le lion et l'ours, jusqu'au moment où l'occasion propre se présente d'en parler, et, alors même, il ne parle pas de lui comme ayant accompli l'exploit, mais il dit simplement: «L'Eternel qui m'a délivré de la patte du lion et de la patte de l'ours, lui me délivrera de la main de ce Philistin». Précieuse foi que celle qui compte sur Dieu pour toute chose et ne se confie en rien dans la chair; qui introduit Dieu dans chaque difficulté, et nous conduit avec un coeur rempli de gratitude à cacher le moi et à donner au Seigneur toute gloire. Puissent nos âmes la connaître toujours mieux!

Mais il faut souvent beaucoup de spiritualité pour découvrir la profonde différence qui existe entre le langage de la foi et celui des lieux communs et de la religiosité. Saül prend le manteau et la phraséologie de la religiosité; nous avons pu le voir plus d'une fois dans son histoire, et nous le retrouvons dans son entrevue avec David. La religiosité et la foi s'y montrent dans un parfait contraste. Quand David a déclaré clairement et sans équivoque sa foi dans la présence et la puissance de Jéhovah, Saül ajoute: «Va, et que l'Eternel soit avec toi!» Mais combien peu il comprenait ce que renferme le fait d'avoir l'Eternel avec soi! Il semblait se confier en l'Eternel, mais, en réalité, il se confiait dans son armure. S'il avait bien compris la portée de ses paroles, comment aurait-il pensé à faire revêtir David de son armure? «L'Eternel soit avec toi!» était, dans la bouche de Saül, un simple lieu commun. En fait, cela ne signifiait rien, car il n'avait pas la plus légère idée de ce que c'est que d'aller simplement avec le Seigneur.

Il est bon de nous arrêter un moment sur le mal qu'il y a d'employer des paroles qui, au fond, ne signifient rien pour nous, et qui, de cette manière, font en réalité comme un jeu du nom et de la vérité du Seigneur. Combien souvent on parle de se confier au Seigneur lorsque, en réalité, on s'appuie sur quelque circonstance ou sur un ensemble de circonstances. Combien souvent nous parlons de vivre au jour le jour, dans la simple dépendance de Dieu, tandis que, si nous jugions devant lui la vraie condition de nos âmes, nous trouverions que nous regardons à quelque ressource humaine ou terrestre. C'est un mal sérieux, contre lequel nous avons à veiller très soigneusement. C'est là ce que Saül manifestait, lorsque, s'étant servi de la pieuse expression: «l'Eternel soit avec toi», il commença à revêtir «David de ses vêtements, et lui mit un casque d'airain sur la tête, et le revêtit d'une cotte de mailles». Il n'avait pas idée que David combattit autrement que de la manière ordinaire. Sans doute, il faisait profession que c'était au nom de l'Eternel, mais il pensait que David devait employer des moyens ordinaires. Or il arrive très souvent qu'en parlant d'employer des moyens, on exclut, en réalité, Dieu totalement. On professe se servir de moyens dans la dépendance de Dieu et, en fait, on emploie le nom de Dieu en dépendant des moyens. En soi et selon le jugement de la foi, c'est nous faire un Dieu des moyens. Qu'est cela, sinon de l'idolâtrie? En quoi Saül avait-il le plus de confiance? Dans l'Eternel, ou dans son armure? Dans son armure évidemment, et il en est ainsi de tous ceux qui ne marchent pas vraiment par la foi. C'est sur les moyens qu'ils s'appuient et non sur Dieu.

Dans la scène intéressante placée sous nos yeux, nous voyons l'homme de foi et l'homme qui recourt aux moyens, et nous pouvons voir jusqu'à quel point le premier fait usage des moyens. Sans doute, on peut s'en servir, mais il faut qu'ils soient en parfaite harmonie avec l'activité de la foi et avec la gloire sans tache du Dieu de puissance et de grâce. Or David sent que l'armure de Saül et sa cotte de mailles ne sont pas des moyens que la foi puisse employer et, par conséquent, il les refuse. S'il s'en était servi, la victoire n'aurait pas été si manifestement du Seigneur, et David avait professé sa foi en la puissance de l'Eternel, et non en une armure humaine pour délivrer le peuple. Il est certain que nous devons employer des moyens, mais prenons bien garde qu'ils n'excluent pas Dieu. La foi s'attend à Dieu, le laisse se servir des moyens qu'il veut, et ne lui demande pas de bénir ceux que nous choisirions.

 «Et David ceignit son épée par-dessus ses vêtements, et voulut marcher, car il ne l'avait pas essayé. Et David dit à Saül: Je ne puis marcher avec ces choses, car je ne l'ai jamais essayé. Et David les ôta de dessus lui». Heureuse délivrance des entraves humaines! On a fait observer avec raison que l'épreuve de David ne fut pas sa rencontre et son combat avec le géant, mais la tentative faite de le revêtir des armes de Saül. Si l'ennemi avait réussi à lui persuader d'aller combattre avec cette armure, tout était perdu; mais il la refusa et s'abandonna ainsi entièrement entre les mains de l'Eternel. Nous savons quelle sûreté il y trouva. C'est ainsi que la foi agit toujours; elle laisse tout à Dieu seul. Ce n'est pas l'Eternel et l'armure de Saül, mais l'Eternel seul.

Ne pouvons-nous pas appliquer cela au cas d'un pauvre pécheur perdu et impuissant, et qui a besoin que ses péchés lui soient pardonnés?

Satan s'efforcera de l'induire à chercher à ajouter quelque chose à l'oeuvre de Christ en vue de ce pardon — quelque chose qui diminue la gloire du Fils de Dieu comme unique Sauveur des pécheurs. Je voudrais dire à une telle âme: Si vous ajoutez quoi que ce soit à l'oeuvre de Christ, vous la rendez par cela même de nul profit. S'il avait été permis d'y ajouter quelque chose, certes c'eût été la circoncision, puisqu'elle était d'institution divine, et cependant que dit l'apôtre: «Voici, moi Paul, je vous dis que si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien; et je proteste de nouveau à tout homme circoncis, qu'il est tenu d'accomplir toute la loi. Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi; vous êtes déchus de la grâce» (Galates 5: 2-4). Ainsi, il nous faut Christ seul; non pas Christ et nos oeuvres, mais simplement Christ, car il est pleinement suffisant; nous n'avons besoin de rien de plus, et rien de moins ne saurait nous suffire. Nous jetons du déshonneur sur la perfection de son oeuvre d'expiation, lorsque nous cherchons à y rattacher quoi que ce soit de nous-mêmes. C'est ainsi que David aurait déshonoré l'Eternel, en allant, revêtu de l'armure de Saül, au-devant du guerrier philistin. Sans doute, les hommes prudents du monde ne pouvaient que condamner en lui ce qui leur semblait la folle témérité de la jeunesse; en fait, plus un homme était versé dans la pratique de la guerre, plus il devait estimer une folie la conduite de l'homme de foi. Mais qu'importaient ces jugements? David savait qui il avait cru; il savait que ce n'était pas la témérité qui le faisait agir, mais sa foi dans la volonté et la puissance de Dieu, prêt à lui venir en aide au moment du besoin. Dans toute l'armée de Saül, nul ne connaissait la faiblesse de David plus qu'il ne la sentait lui-même dans ce moment critique. Bien que tous les yeux fuissent arrêtés sur lui, comme sur quelqu'un qui avait beaucoup de confiance en lui-même, nous, nous savons ce qui soutenait son coeur et affermissait ses pas, tandis qu'il marchait à la rencontre de son redoutable ennemi. La puissance de Dieu était là d'une manière aussi manifeste que le jour où les eaux de la mer furent partagées, afin de livrer passage aux rachetés, et quand la foi introduit la puissance de Dieu, rien ne peut résister un seul moment.

Le verset 40 nous fait connaître l'armure de David. «Et il prit son bâton en sa main, et se choisit du torrent cinq pierres lisses, et les mit dans le sac de berger qu'il avait, dans la poche, et il avait sa fronde à la main. Et il s'approcha du Philistin». Nous voyons donc que David se sert de moyens, mais quels moyens! Quel mépris ne jette-t-il pas ainsi sur la puissante armure du Philistin! Quel contraste entre sa fronde et la lance du géant, dont le bois était semblable à une ensuble de tisserand! David ne pouvait pas infliger de blessure plus profonde à l'orgueil du Philistin qu'en venant contre lui avec de telles armes. C'était dire le peu de cas qu'il faisait de tout son attirail guerrier. Goliath le sentit: «Suis-je un chien?» dit-il. Il importait peu, au jugement de la foi, ce qu'il était, un chien ou un géant; il était un ennemi du peuple de Dieu, et David va à sa rencontre revêtu des armes de la foi. «Et David dit au Philistin: Toi, tu viens à moi avec une épée, et avec une lance, et avec un javelot; et moi, je viens à toi au nom de l'Eternel des armées, du Dieu des troupes rangées d'Israël, que tu as outragé. En ce jour, l'Eternel te livrera en ma main… et toute la terre saura qu'il y a un Dieu pour Israël: et toute cette congrégation saura que ce n'est ni par l'épée, ni par la lance, que l'Eternel sauve; car la bataille est à l'Eternel, et il vous livrera entre nos mains». Nous voyons ici quel est le vrai objet de l'homme de foi, savoir qu'Israël et toute la terre puissent avoir un glorieux témoignage de la puissance de Dieu et de sa présence au milieu de son peuple. Ils ne l'auraient jamais eu, si David eût revêtu l'armure de Saül. On n'aurait pas vu que l'Eternel sauve sans l'épée et la lance, si David s'en était servi; son combat aurait ressemblé à tout autre, mais la fronde et la pierre ne laissent aucun doute quant à la source de la puissance qui remporta la victoire (*).

(*) Il est intéressant d'observer que, dans les paroles que David adressa à Goliath, il ne dit pas: «Je viens à toi avec une fronde et une pierre», mais: «Je viens à toi au nom de l'Eternel des armées». Pour David, les moyens ne s'ont rien, Dieu est tout.

La foi honore toujours Dieu, et Dieu honore la foi. David, comme on l'a déjà remarqué, se place entre les mains de Dieu, et l'heureux résultat en est une pleine et glorieuse victoire. «David, avec une fronde et une pierre, fut plus fort que le Philistin, et frappa le Philistin et le tua; et David n'avait pas d'épée en sa main». Quel triomphe magnifique! Il est le fruit d'une foi simple en Dieu. Combien cela doit encourager nos coeurs à rejeter toute confiance charnelle et à nous attacher fermement à la seule vraie source de puissance! David devint l'instrument de la délivrance de ses frères. Les sarcasmes et les menaces du Philistin incirconcis ont pris fin. Le jeune berger obscur et méprisé, bien qu'étant le roi oint sur Israël, est venu du fond de sa retraite au milieu des siens; il s'est avancé seul contre l'ennemi de son peuple; il l'a abattu et livré en spectacle aux yeux de tous, et tout cela, remarquons-le bien, il l'a accompli comme serviteur de Dieu et d'Israël, et par l'énergie d'une foi que les circonstances ne pouvaient ébranler. Merveilleuse délivrance opérée par un seul coup, sans manoeuvres militaires, sans que des chefs habiles s'en fussent mêlés, sans que les soldats eussent accompli aucun exploit! Une pierre prise du torrent et lancée par la main d'un berger, suffit pour coucher dans la poussière l'homme fort des Philistins. Ce fut la victoire de la foi. «Et les Philistins, voyant que leur homme fort était mort, s'enfuirent». Combien vain est l'espoir fondé sur les misérables ressources de la chair, même lorsqu'en apparence elles sont pleines de force et d'énergie! Ceux qui voyaient le géant et l'adolescent engager le combat, ne pouvaient que trembler pour le dernier. Qui aurait pensé que cette massive armure qui couvrait Goliath ne serait pas plus que du chaume devant une fronde et une pierre? Et cependant, le géant tombe et, avec lui, toutes les espérances que nourrissaient les Philistins. «Et les hommes d'Israël et de Juda se levèrent et poussèrent des cris, et poursuivirent les Philistins». Ils pouvaient, en effet, pousser des cris de joie, car Dieu avait manifestement agi en leur faveur, pour les délivrer de la puissance de leurs ennemis. Il avait opéré avec puissance par la main de celui qu'ils ne connaissaient pas, ou ne reconnaissaient pas comme le roi oint sur eux, mais dont la grâce morale était bien capable d'attirer tous les coeurs.

Mais, parmi les milliers d'Israélites qui avaient contemplé la victoire remportée sur le Philistin, il s'en trouvait un dont l'âme entière fut saisie d'une ardente affection pour le vainqueur. Le plus insouciant devait être frappé d'admiration à la vue de cet exploit; à des degrés divers et d'une manière différente, tous, sans doute, en étaient affectés. On peut dire, en un certain sens, que «les pensées de plusieurs coeurs étaient révélées». Chez quelques-uns, c'était peut-être l'envie qui prévalait, chez d'autres l'admiration; les uns se reposaient dans la victoire, et plusieurs sur l'instrument dont Dieu s'était servi, tandis que, chez d'autres, le coeur s'élevait plein de reconnaissance vers «le Dieu des armées d'Israël», qui était venu de nouveau au milieu de son peuple avec «l'épée nue en sa main», contre ses ennemis. Mais il y avait, entre tous, un coeur dévoué, qui était puissamment attiré par la personne du vainqueur: c'était Jonathan. «Et il arriva, comme David achevait de parler à Saül, que l'âme de Jonathan se lia à l'âme de David; et Jonathan l'aima comme son âme» (18: 1). Jonathan s'unissait, sans doute, à la joie générale produite par le triomphe de David; mais il éprouvait plus que cela. Ce n'était pas seulement la victoire remportée qui remplissait sa pensée, mais c'était la personne du vainqueur qui attirait les profondes et ardentes affections de son âme. Saül, dans un but personnel, pouvait désirer garder le vaillant David auprès de lui, non par affection, mais simplement pour se glorifier lui-même. Jonathan, au contraire, aimait réellement David, et non sans raison. David avait comblé un grand vide dans son coeur, et ôté un poids de dessus son âme. Un grand besoin avait été ressenti. Le défi du géant, chaque jour répété sans trouver de réponse, avait manifesté l'extrême pauvreté d'Israël. L'oeil, en parcourant tous les rangs de l'armée, aurait cherché en vain quelqu'un qui se mît en avant pour répondre à l'orgueilleux Philistin. Il n'y avait personne. Quand les paroles hautaines de Goliath se faisaient entendre, «tous les hommes d'Israël, voyant l'homme, s'enfuyaient de devant lui et avaient très peur». Tous, oui, tous s'enfuyaient en entendant la voix et en voyant la taille prodigieuse de ce redoutable ennemi. Le besoin d'une délivrance était extrême, et il n'y avait rien pour y répondre. Aussi, lorsqu'apparaît l'homme qui abat l'orgueil de l'ennemi et sauve Israël, quoi d'étonnant si l'âme de Jonathan se lie à lui d'une pure et sincère affection? Et, remarquons-le, c'est David lui-même, et non son oeuvre, qui touche le coeur de Jonathan. Il admirait la victoire remportée, mais bien plus encore le vainqueur.

S'il est intéressant de remarquer cela, combien il est précieux pour nous d'en faire l'application au vrai David, à Celui dont le berger de Bethléem était un type frappant! La scène entière est l'image d'une délivrance infiniment plus grande. En Goliath, nous voyons la puissance de l'ennemi par laquelle il tenait l'âme dans un cruel esclavage, puissance dont aucun moyen humain ne pouvait affranchir. Le défi était porté de jour en jour, d'année en année, sans que nul y répondît. D'âge en âcre, la sentence solennelle portée contre la postérité déchue d'Adam pécheur se faisait entendre: «Il est réservé aux hommes de mourir une fois — et après cela, le jugement», et, comme pour Israël dans la vallée d'Ela, la seule réponse était l'effroi. «Par la crainte de la mort, tous étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude». Le besoin et l'entière impuissance pour y satisfaire, étaient profondément sentis. Le coeur de l'homme soupirait ardemment après quelque chose, mais en vain.

Les droits de la justice divine n'étaient pas satisfaits, et ne pouvaient l'être — la mort et le jugement étaient la seule et menaçante attente, et devant cette perspective, l'homme ne pouvait que trembler. Mais, béni soit le Dieu de toute grâce, un Libérateur est apparu, puissant pour sauver — le Fils de Dieu, le vrai David, le Roi oint d'Israël et de toute la terre. Il a répondu aux besoins, comblé le vide et satisfait aux ardents désirs du coeur. Mais comment? où? et quand? Sur le Calvaire, par sa mort, dans cette heure terrible où toute la création sentit la réalité solennelle de ce qui s'accomplissait. La croix a été le champ où la bataille fut livrée et la victoire remportée. Là, l'homme fort fut dépouillé de ses armes, et sa maison abandonnée au pillage. Là, tous les droits de la justice ont été pleinement satisfaits, et l'obligation des ordonnances qui était contre nous, a été ôtée et clouée au bois. Là aussi, par le sang de l'Agneau, les malédictions d'une loi violée ont été pour toujours effacées, et les cris d'une conscience coupable pour toujours apaisés. «Le précieux sang de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache», a tout réglé pour l'âme croyante. Le pauvre pécheur tremblant peut contempler la lutte et sa glorieuse issue. Il peut voir toute la puissance de l'ennemi brisée par un seul coup du tout-puissant Libérateur, et sentir, par ce même coup, son âme affranchie de tout fardeau. Le flot de la paix et de la joie divines peut couler dans son coeur, et il peut continuer sa route dans la pleine puissance de la délivrance acquise pour lui par le sang de Christ, et proclamée dans l'évangile.

Et celui qui est l'objet d'une telle délivrance, n'aimera-t-il pas la Personne même du Libérateur? Comment en serait-il autrement? Quel est celui qui a senti la réelle profondeur de sa misère, et gémi sous l'intolérable fardeau de ses péchés, et qui n'aimerait et n'adorerait pas Celui qui a guéri l'une et enlevé l'autre? L'oeuvre de Jésus est assurément excellente, parfaite et infiniment précieuse; nulle pensée humaine ne saurait en sonder l'étendue et la valeur. Bien plus, c'est son oeuvre qui, en réalité, rencontre les besoins du pécheur. L'oeuvre de Christ introduit l'âme dans une position où elle peut contempler sa personne, l'apprécier et en jouir. En un mot, l'oeuvre du Sauveur, ce qu'il a fait et acquis, est pour le pécheur; la personne de Christ, ce qu'il est, est pour le saint. Mais remarquons bien ceci. On peut savoir développer avec beaucoup d'exactitude l'oeuvre de Christ pour le pécheur, et laisser le coeur froid, les affections languissantes et les sentiments extrêmement peu développés à l'égard de sa Personne. Au sixième chapitre de l'évangile de Jean, on voit une multitude de personnes qui suivent Jésus pour des motifs purement personnels, de sorte qu'il est obligé de leur dire: «En vérité, en vérité, je vous dis: Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été rassasiés». Ils l'avaient cherché, non pour ce qu'il était, mais pour ce qu'il avait. C'est pourquoi aussi, lorsqu'il leur présente cette déclaration: «Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes», nous voyons que «plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ne marchaient plus avec lui». Or, manger sa chair et boire son sang, c'est, en d'autres termes, avoir communion avec sa parfaite humanité, C'est s'abreuver de la puissance et de la valeur du grand mystère de piété, Dieu manifesté en chair. Tout l'évangile de Jean est le développement de la gloire personnelle de la Parole devenue chair (*), et la déclaration que nous avons citée, contient, pour ainsi dire, la vraie moelle et la substance de la doctrine appliquée à nous. Mais le coeur naturel ne pouvait pas la supporter, et c'est pourquoi plusieurs se retirèrent et ne marchaient plus avec lui. La majorité des disciples ne pouvaient supporter que l'on insistât auprès d'eux sur la vérité qui concerne la Personne du Fils de l'homme; mais écoutons le témoignage de l'Eglise rendu par la bouche de Pierre: «Seigneur, auprès de qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu». Nous avons deux choses dans ces paroles de l'apôtre: premièrement, ce que Christ avait — la vie éternelle qu'il donnait; et, en second lieu, ce qu'il était, savoir le Saint de Dieu. La première chose attirait le pécheur à lui, et la seconde le liait à sa personne. Non seulement il satisfait par son oeuvre à tous les besoins de nos âmes, comme pécheurs, mais aussi, par sa Personne, à toutes nos affections et nos désirs, comme saints.

(*) o logoz sarx egeneto.

Cette suite de pensées est clairement suggérée par l'entrevue profondément intéressante et touchante, en même temps, de David et de Jonathan, après que le combat fut terminé. Les milliers d'Israël et de Juda, avec des cris de triomphe, avaient poursuivi les Philistins et recueilli les fruits de la victoire, tandis que Jonathan s'attachait à la personne du vainqueur. «Et Jonathan se dépouilla de la robe qui était sur lui, et la donna à David, ainsi que ses vêtements, jusqu'à son épée, et son arc, et sa ceinture». C'était de l'amour — un amour pur, simple, sans affectation, occupé uniquement de l'objet aimé. L'amour se dépouille de tout pour la personne aimée. David s'était oublié lui-même et avait exposé sa vie pour Dieu et son peuple, et Jonathan s'oublie lui-même pour David.

Rappelons-nous, cher lecteur, que l'amour pour Jésus est le ressort du vrai christianisme. L'amour pour Jésus produit le dépouillement de nous-mêmes, et l'on peut dire que dépouiller le moi est le plus beau fruit de l'opération de Dieu dans l'âme.

Veut-on parler d'une conduite pure?

T'aimer, Jésus, en est seul le ressort.

Très différents étaient les sentiments de Saül à l'égard de la personne de David et de l'exploit qu'il avait accompli. Il n'avait pas appris à s'effacer lui-même et à se réjouir de voir l'oeuvre faite par un autre: grâce rare, en vérité! Tous nous aimons à être ou à faire quelque chose, afin d'être admirés ou tenus en estime. Tel était Saül; important à ses propres yeux, il ne pouvait qu'être blessé d'entendre les femmes d'Israël chanter . «Saül a frappé ses mille, et David ses dix mille»; être le second lui était insupportable. Il oubliait que lui, comme les autres, avait tremblé à la voix de Goliath, et, maintenant, après avoir montré sa lâcheté, il aurait voulu être compté comme brave. «Et depuis ce jour-là et dans la suite, Saül eut l'oeil sur David». Triste chose! C'était l'oeil de l'envie amère et de la jalousie (*).

(*) Il faut un coeur très droit et un oeil très simple pour se réjouir sincèrement des fruits du travail d'un autre, comme de celui de nos propres mains. Si la gloire de Dieu et le bien de son peuple avaient été l'unique objet qui remplît le coeur de Saül, il ne se serait pas occupé un moment de savoir combien on avait attribué de mille à lui ou à David. Mais il cherchait sa propre gloire. C'était là le secret de son envie et de sa jalousie. Quel saint repos, quelle vraie élévation, quelle parfaite tranquillité d'esprit, découlent d'un sincère renoncement à soi-même — d'un renoncement provenant de ce que le coeur est entièrement occupé de Christ! Si nous cherchons vraiment la gloire du Seigneur, nous ne nous soucierons pas de l'instrument, que ce soit nous ou un autre.

A mesure que nous avancerons, nous aurons l'occasion de voir le développement de l'amour de Jonathan et de la haine de Saül. Nous avons maintenant à suivre l'homme de foi sur d'autres scènes.

Chapitre 3 - La caverne d'Adullam

Du glorieux champ de bataille de la vallée d'Ela, David passa à travers des scènes très différentes dans la maison de Saül. Là, il ne rencontra que des regards envieux et des attentats contre sa vie, en réponse aux doux accords de sa harpe et à ses courageux exploits. Après Dieu, Saül devait la conservation de son trône à David, et, en retour, deux et trois fois il voulut le percer de sa javeline. Mais l'Eternel, dans sa miséricorde, garda son cher serviteur au milieu de tous les embarras d'une position extrêmement difficile. «Et David était sage dans toutes ses voies; et l'Eternel était avec lui. Et Saül vit qu'il était très sage, et il le craignit. Et tout Israël et Juda aimaient David , car il sortait et entrait devant eux».

Ainsi David, oint roi d'Israël, était appelé à endurer la haine et l'opprobre de la part du pouvoir régnant, tout en étant aimé de tous ceux qui savaient apprécier sa valeur morale, Il était impossible que Saül et David continuassent à demeurer ensemble. Leurs principes étaient entièrement différents, une séparation devait donc avoir lieu. David savait qu'il avait été oint pour être roi, mais, aussi longtemps que Saül occupait le trône, il était heureux d'attendre le temps fixé par Dieu, lorsque tout ce qui était vrai de lui en principe serait réalisé. Jusqu'à ce moment, l'Esprit de Christ le conduisait à prendre sa place en dehors. Le sentier de l'exilé, du pèlerin et de l'étranger, du voyageur sans foyer, était devant le roi d'Israël, et il y entra incontinent. Son chemin pour arriver au trône devait passer par beaucoup de douleurs et de difficultés. Comme son divin antitype, il avait à souffrir d'abord, pour arriver à la gloire. David aurait servi Saül jusqu'à la fin — il l'honorait comme l'oint de l'Eternel. Si un simple mouvement de son doigt eût dû le placer sur le trône, il n'en aurait pas tiré avantage. Nous le savons avec certitude, par le fait que deux fois il épargna la vie de Saül, que, suivant toute apparence, l'Eternel avait livrée en ses mains. Mais David s'attendait simplement à Dieu. Dans cette dépendance entière étaient sa force et sa grandeur. Il pouvait dire: «Mon âme, repose-toi paisiblement sur Dieu; car mon attente est en lui». Et c'est pourquoi il passa heureusement à travers tous les pièges et les dangers de son service dans la maison et l'armée de Saül. Le Seigneur le délivra de toute mauvaise oeuvre et le conserva pour le royaume qu'il lui avait préparé et qu'il voulait lui donner, après qu'il aurait «souffert un peu de temps».

David, pour ainsi dire, était sorti pour un moment du lieu caché où il avait été exercé en secret, pour apparaître sur le champ de bataille, et, ayant accompli là son oeuvre, il était appelé à reprendre sa première place pour y apprendre quelques leçons plus profondes à l'école de Christ. Les leçons du Seigneur sont souvent difficiles et pénibles, à cause de l'obstination et de l'indolence de nos coeurs; mais toute nouvelle leçon apprise, tout nouveau principe saisi par notre âme, nous rend plus propres à accomplir ce qui est placé devant nous. Il est vraiment précieux d'être disciples de Christ et de nous soumettre à la discipline et à l'éducation de sa grâce. La fin nous montrera le prix de cette place de soumission; mais nous n'avons pas besoin d'attendre la fin: maintenant même, l'âme trouvera son plus grand bonheur à s'assujettir en tout au divin Maître: «Venez à moi», dit-il, «vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger». Il nous est parlé de trois repos dans l'Ecriture. Premièrement, il y a le repos que, comme pêcheurs, nous trouvons dans l'oeuvre parfaite de Christ; en second lieu, le repos présent dont, comme saints, nous jouissons dans une entière soumission à la volonté de Dieu: ce repos est opposé à l'inquiétude d'âme. Et enfin, il y a le repos qui reste pour le peuple de Dieu.

David connaissait beaucoup ce second repos, en ce qu'il était entièrement soumis au conseil et à la volonté de Dieu, relativement au royaume. Il attendait le moment de Dieu, pleinement assuré que c'était le meilleur. Il pouvait dire:

«Mes temps sont en ta main:

Père, c'est là que mon coeur les désire».

Cette soumission est vraiment tout ce qu'il y a de plus désirable. Elle nous épargne beaucoup d'anxiété et d'inquiétude. Lorsque l'on poursuit son chemin avec la pleine et habituelle conviction que «toutes choses travaillent ensemble pour le bien», l'esprit n'est-il pas merveilleusement tranquille? Nous ne passerons pas notre temps en vains projets, si nous croyons que Dieu a ses desseins d'amour pour nous; nous serons heureux de lui laisser toutes choses. Mais, hélas! combien souvent nous agissons autrement! Combien souvent, nous nous imaginons que nous saurons mieux faire les choses que le Dieu souverainement sage! Nous ne le disons pas en autant de mots, mais nos sentiments et nos actes le déclarent. Que le Seigneur nous accorde un esprit plus soumis et plus confiant! La suprématie de la volonté de Dieu sur celle de la créature, caractérisera l'âge millénaire, mais le saint est appelé maintenant à laisser la volonté de Dieu le régir en toutes choses.

C'est cette soumission d'esprit qui conduisit David à céder pour ce qui concerne le royaume, et à prendre sa place dans la caverne solitaire d'Adullam. Il laisse Saül, et le royaume, et ses propres destinées, entre les mains de Dieu, assuré qu'il est que tout irait bien. Quel bonheur pour lui de se trouver en dehors de la malsaine atmosphère de la maison de Saül, et loin de l'oeil envieux du roi! Quoi qu'il en fût aux yeux des hommes, il respirait plus librement dans la caverne que dans l'entourage de Saül. Il en est toujours ainsi: la place de séparation est la plus libre et la plus heureuse. L'Esprit de l'Eternel s'était retiré d'avec Saül: c'était pour la foi une raison de se séparer de sa personne, tout en lui restant entièrement soumis comme roi d'Israël. L'esprit intelligent n'a aucune difficulté à faire la distinction entre ces deux choses. La séparation et la soumission doivent toutes deux être complètes (*).

(*) Le Nouveau Testament enseigne au chrétien à se soumettre aux autorités établies; mais jamais il ne suppose que le chrétien occupe une place d'autorité. C'est pourquoi, il ne renferme pas de directions pour un roi ou un magistrat chrétien, bien qu'il y en ait pour toutes les autres relations, époux, parents et enfants, maîtres et serviteurs, Cela est très significatif.

Mais nous n'avons pas à envisager Saül seulement au point de vue séculier; il nous faut aussi le considérer relativement à son caractère religieux et à sa capacité officielle, et c'est sous ce rapport qu'une séparation nette et décidée était une nécessité. Saül avait constamment manifesté le désir de gouverner les consciences en matière religieuse: preuve en soit la scène du chapitre 14, où nous avons vu l'énergie spirituelle gênée et entravée par les règlements religieux de Saül. Or quand l'homme établit de semblables règlements, il n'y a d'autre alternative que la séparation. Lorsque prévaut la forme de la piété sans la puissance, l'injonction solennelle de l'Esprit Saint est: «Détourne-toi de telles gens». La foi ne s'arrête pas pour demander: «Vers quoi donc me tournerai-je?» La parole est «détourne-toi», et nous pouvons avoir l'entière certitude que, si nous obéissons à l'injonction, nous ne serons pas laissés à court pour le reste.

Ce principe nous apparaîtra plus clairement, si nous envisageons David au point de vue typique. En réalité, David fut forcé de prendre cette place de séparation, et ainsi, comme rejeté par l'homme et oint de Dieu, nous voyons en lui un type de Christ actuellement rejeté. David, en principe, était le roi choisi de Dieu, et, comme tel il éprouva l'hostilité de l'homme et fut obligé de s'exiler pour éviter la mort. La caverne d'Adullam devint le grand lieu de rassemblement pour tous ceux qui aimaient David et étaient lassés du gouvernement injuste de Saül. Aussi longtemps que David était resté dans la maison du roi, il n'y avait aucune raison pour qui que ce fût de se séparer, mais du moment que David, ayant été rejeté, dut prendre sa place en dehors, il n'y eut pas de neutralité possible. La ligne de démarcation fut nettement tracée; c'était David ou Saül. Aussi lisons-nous: «David partit de là, et se sauva dans la caverne d'Adullam; et ses frères et toute la maison de son père l'apprirent et descendirent là vers lui. Et tout homme qui était dans la détresse, et tout homme qui était dans les dettes, et tout homme qui avait de l'amertume dans le coeur, s'assembla vers lui, et il fut leur chef; et il y eut avec lui environ quatre cents hommes». Tous ceux qui aimaient les formes, un vain nom, une charge sans valeur, restèrent attachés à Saül; mais tous ceux que ces choses ne pouvaient satisfaire et qui aimaient le roi oint de Dieu, s'assemblèrent autour de lui dans le lieu fort. Le prophète, le sacrificateur et le roi étaient là; les pensées et les sympathies de Dieu y étaient, et, bien que le rassemblement formé là pût présenter au monde et à la chair une étrange apparence, tous étaient autour de la personne de David et liés à ses destinées. C'était une compagnie de personnes qui, dans leur condition originelle, étaient tombées au niveau le plus bas, mais qui, maintenant, tiraient leur caractère et leur distinction de la proximité où elles se trouvaient du roi bien-aimé de Dieu et de leur dévouement à sa personne. Loin de Saül et de tout ce qui se rattachait à son pouvoir, elles pouvaient jouir sans entrave d'être auprès de celui qui, bien que rejeté alors, devait bientôt monter sur le trône et tenir le sceptre de la royauté, à la gloire de Dieu et pour la joie de son peuple.

Nous avons en David et son entourage méprisé et malfamé, une figure du vrai David et de ceux qui préfèrent lui être associés, plus que toutes les joies, les honneurs et les avantages de la terre. Qu'avaient à faire avec Saül et ses intérêts, ceux qui avaient choisi d'être avec David? Absolument rien. Ils avaient trouvé un nouvel objet, un nouveau centre, et, en communion avec David, ils étaient séparés de toute autre chose. Leur place autour de lui ne dépendait nullement de ce qu'ils avaient été et ne s'y rattachait en rien. Ils étaient maintenant les serviteurs de David, et lui était leur chef. C'est là ce qui les caractérisait. Ils avaient choisi d'être avec l'exilé de Dieu; leurs intérêts et les siens étaient identiques. Heureux étaient-ils d'avoir échappé à la domination et à l'influence de Saül; encore plus heureux de se trouver les compagnons du prophète, du sacrificateur et du roi de Dieu. Leur amertume, leur détresse, leurs dettes, tout était oublié dans ces nouvelles circonstances. La grâce de David était leur portion présente, sa gloire leur perspective à venir.

Il en est précisément ainsi du chrétien, maintenant. Nous avons tous, par grâce, et sous les directions miséricordieuses du Père, trouvé notre chemin vers Jésus, l'oint de Dieu, rejeté des hommes et actuellement caché en Dieu. Nous avions tous nos traits respectifs de caractère dans les jours de notre culpabilité et de notre folie, mécontents ou dans l'amertume de coeur, ou bien en détresse, chargés de la lourde dette de nos péchés envers Dieu, misérables et malheureux, coupables et ruinés, dépourvus de tout ce qui pouvait attirer les pensées et les affections de Christ, et Dieu nous a conduits aux pieds de son cher Fils; là, nous avons trouvé le pardon et la paix par son sang précieux. Jésus a ôté notre amertume et notre mécontentement, allégé notre détresse, effacé notre dette, et nous a amenés près de lui. Que lui avons-nous rendu, que lui rendons-nous pour toute cette grâce? Sommes-nous rassemblés, le coeur plein d'une ardente affection, autour du chef de notre salut? Sommes-nous sevrés de l'ancien état de choses? Vivons-nous comme attendant le moment où notre David paraîtra dans sa gloire et montera sur son trône? Nos affections sont-elles fixées sur les choses qui sont en haut? «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ», dit l'apôtre, «cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Pensez aux choses qui sont en haut, et non à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire».

Il est grandement à craindre que beaucoup d'entre nous n'entrent pas réellement dans la vraie nature et les conséquences pratiques de leur position, comme associés à Jésus crucifié et ressuscité. Bien peu saisissent la portée profonde et la signification des paroles de notre Seigneur: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde», et ce que dit l'Esprit Saint: «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un». La mesure de la séparation du chrétien d'avec le monde, n'est rien moins que celle de Christ, c'est-à-dire le principe de celle-ci. En pratique, hélas! c'est tout autre chose, mais en principe, il n'y a pas de différence. Il est d'une haute importance d'insister aujourd'hui sur ce point. L'appel, la position et les espérances de l'Eglise sont choses peu et imparfaitement comprises. Le plus faible croyant est, aux yeux de Dieu, aussi séparé que Jésus lui-même de tout ce qui appartient à la terre. Cette séparation n'est pas une chose à atteindre, à laquelle on arrive par des progrès successifs; c'est une position positive, simple et qui subsiste en elle-même. Ce n'est pas un objet pour lequel on lutte, mais un point de départ pour commencer la course. Plusieurs ont été induits en erreur par la pensée que nous devons nous efforcer d'arriver à une position céleste en nous dépouillant des choses de la terre. C'est commencer par le mauvais bout. Dans un autre ordre de vérités, c'est la même erreur que d'affirmer qu'il nous faut travailler à notre justification, en mortifiant les péchés de la chair. Or, nous ne mortifions pas le moi afin d'être justifiés, mais parce que nous le sommes, — morts et ressuscités avec Christ. De même, nous ne mettons pas de côté les choses de la terre, afin de devenir célestes, mais parce que nous sommes dans cette position en Christ. Nous sommes participants de l'appel céleste indépendamment de toutes choses, et, dans la mesure où nous le réalisons, nous nous séparons du monde. Mais faire de notre position le résultat de notre conduite, au lieu de faire de celle-ci le résultat de notre position, est une grave erreur. Que l'on demande à un chrétien qui a vraiment l'intelligence de l'appel céleste, de donner la raison pour laquelle il se tient à part du présent système de choses, quelle sera sa réponse? Dira-t-il que c'est afin de devenir céleste? Non. Serait-ce parce que le système de choses actuel est sous le jugement? Non; il est hors de doute que le monde est sous le jugement, mais ce n'est pas le vrai fondement de la séparation. Quel est-il donc? Il nous est présenté dans ces paroles: «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu». «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». «Frères saints, participants à l'appel céleste». Là, nous avons la grande raison pour la séparation présente du chrétien d'avec le monde. Il n'importe pas que le monde soit bon ou mauvais, le chrétien n'est pas du monde, bien qu'il soit dans le monde, comme en un lieu journalier de labeur, de conflit et de discipline.

Que les chrétiens considèrent avec sérieux leur appel céleste. C'est ce qui seul procure une pleine délivrance du pouvoir et de l'influence de la mondanité. On peut chercher, par différentes voies, à s'abstraire du monde; il n'y en a qu'une pour en être séparé. On peut aussi chercher, par différents moyens, à ne plus être terrestre; il n'y en a qu'un seul qui rende vraiment céleste. Il y a une différence entre s'abstraire des choses, et en être séparé; entre n'être plus terrestre et être céleste. Le système monacal rend cela clair. Un moine s'abstient des choses de la terre, mais sans être du ciel; il sort de la nature, sans être spirituel; il ne participe pas aux choses du monde, sans, pour cela, en être séparé.

L'appel céleste nous met en état de voir notre entière séparation d'avec le monde et l'élévation de notre position au-dessus des choses terrestres, en vertu de ce qu'est Christ et de la place qu'il occupe. Le coeur qui, instruit par l'Esprit Saint, a saisi la portée de ces paroles: «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un», connaît le secret qui le délivre des principes, des habitudes, des recherches, des sentiments et des tendances du présent siècle. Le Seigneur Jésus a pris sa place en haut comme Tête du corps, comme Chef de l'Eglise, et le Saint Esprit est descendu pour mettre tous les membres préconnus et prédestinés du corps en communion vivante avec le Chef vivant, maintenant rejeté de la terre et caché en Dieu. C'est pour cela que Paul, dans l'évangile qu'il prêche, unit étroitement la rémission des péchés avec l'appel céleste; car il annonce l'union du seul corps sur la terre avec sa Tête glorifiée dans le ciel. Il proclamait la justification, non seulement comme une chose abstraite, mais comme le résultat de ce qu'est l'Eglise, une avec Jésus qui est maintenant à la droite de Dieu, donné pour Chef sur toutes choses à l'Eglise, les anges et les principautés lui étant assujettis. Paul prêchait la rémission des péchés, mais c'était avec toute la plénitude, la profondeur, la puissance et l'énergie que lui communique la doctrine de l'Eglise.

L'épître aux Ephésiens ne dit pas seulement que Dieu pardonne aux pécheurs, mais, bien plus, elle déploie à nos yeux cette merveilleuse vérité que les croyants sont membres du corps de Christ, car, dit l'apôtre, «nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». Et encore: «Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus»; et, «le Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par parole; afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable». Ces passages vont beaucoup plus loin que la rémission des péchés. Etre l'épouse de l'Agneau est une chose beaucoup plus élevée et glorieuse, que d'avoir simplement nos péchés pardonnés. Le Dieu de toute grâce a dépassé toutes les pensées de l'homme dans ses voies envers l'Eglise. Il ne nous a pas seulement appelés à marcher ici-bas dans la pleine conscience de son amour qui pardonne, mais dans la connaissance de l'amour de Christ pour son corps, l'Eglise, et dans la haute et sainte dignité de cette Eglise assise en Christ dans les lieux célestes.

On demandera peut-être quel rapport il y a entre la caverne d'Adullam et la place de l'Eglise dans le ciel? Point d'autre que de faire comprendre la place de rejection où Christ est entré, et qui est celle de chacun de ceux qui jouissent de sa communion. Il n'est pas besoin de dire que les hommes de David ne connaissaient rien de l'appel céleste, tel que l'Eglise le connaît maintenant. On voit fréquemment, dans l'Ancien Testament, comme des ombres de l'appel céleste dans les caractères, la marche et les circonstances de certains personnages qui nous y sont présentés, mais qui assurément ne connaissaient pas l'appel céleste. Le fait est qu'il ne fut pas connu, avant que le Seigneur Jésus eût pris sa place en haut et que le Saint Esprit fût descendu baptiser tous les croyants, Juifs et gentils, en un seul corps. C'est alors que l'appel céleste fut développé dans toute sa puissance et sa plénitude. L'administration de cette vérité fut spécialement confiée à Paul; c'était une partie essentielle du mystère déjà contenu dans ces paroles: «Pourquoi me persécutes-tu?» Saul persécutait les saints; Jésus lui apparaît dans la gloire et lui apprend que ces saints étaient une partie de lui-même. C'est ce qui devint le grand thème de Paul; il y trouva renfermés l'unité de l'Eglise et son appel céleste.

Remarquons que ce n'était pas simplement l'admission des gentils dans la bergerie juive (*). C'était tirer et les Juifs et les gentils de leurs circonstances naturelles, et les placer dans des circonstances nouvelles pour les uns comme pour les autres. L'oeuvre accomplie sur la croix était nécessaire pour détruire le mur mitoyen de clôture, et faire des deux, Juifs et gentils, un seul homme nouveau, un homme nouveau céleste, totalement séparé de la terre et des choses qui y sont. La place actuelle de Christ dans le ciel est en connexion avec le rejet d'Israël et de la terre, durant la période de l'Eglise. Le caractère céleste de l'assemblée de Dieu ressort ainsi d'une manière plus distincte et plus complète. Elle se trouve tout à fait en dehors des choses terrestres; elle n'a rien à faire avec «le présent siècle»; elle appartient tout entière au ciel, bien que manifestant sur la terre — au moins elle est appelée à le faire — la vivante énergie de l'Esprit Saint qui habite en elle.

(*) Au commencement du chapitre 10 de l'évangile de Jean, le Seigneur se présente lui-même à la porte de la bergerie juive, et, en ayant obtenu l'entrée, appelle dehors ses propres brebis. Ensuite, il dit: «J'ai d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène, elles aussi; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger». Ce n'est pas une seule bergerie, mais un seul troupeau. Une bergerie fait naître l'idée de certains arrangements formés dans le dessein de garder les brebis sur la terre, et c'est pourquoi ce mot s'applique bien à l'économie juive. Mais maintenant il ne s'agit plus d'une bergerie — d'un arrangement terrestre, ayant pour but de parquer ici-bas les brebis pour les mettre à part. Tout cela a pris fin. Le Berger céleste a appelé ses brebis juives hors de la bergerie, et ses brebis gentiles des montagnes ténébreuses de ce vaste monde, et, ayant fait des deux un nouveau troupeau, il les a mises dans la main de son Père. Nous voyons ainsi la grande différence qui existe entre la bergerie et le troupeau. Nous ne pouvons les confondre.

Ainsi, de même que les hommes de David étaient retirés de toute relation avec le système de Saül, en vertu de leur association avec le roi rejeté, de même tous ceux qui sont conduits par l'Esprit à connaître qu'ils sont un avec Jésus absent de la terre, doivent se sentir désassociés d'avec les choses présentes, en vertu de leur union avec Christ.

C'est pourquoi, si l'on demande à un homme céleste pourquoi il ne s'associe pas aux projets et aux recherches de ce monde, il répondra: C'est parce que Christ, mon Sauveur, est à la droite de Dieu, et que je suis identifié avec lui. La vraie pierre de touche du chrétien pour éprouver les divers objets qui lui sont présentés, c'est de se demander simplement: Le Seigneur Jésus pourrait-il s'engager dans cette chose? Si non, nous n'avons rien à faire avec elle. Tous ceux qui comprennent la vraie nature de l'appel céleste, marcheront dans la séparation d'avec le monde; ceux qui ne l'ont pas compris, ont leur portion ici-bas et vivent comme les autres hommes.

Combien n'y a-t-il pas de chrétiens qui se contentent de savoir que leurs péchés sont pardonnés et ne vont jamais au delà. Ils ont passé la mer Rouge, je le veux bien, mais ils ne manifestent aucun désir, de traverser aussi le Jourdain et de manger du vieux blé de la terre promise, c'est-à-dire de prendre leur position céleste et de se nourrir des choses d'en haut. Il en est comme au temps où David était rejeté. Des multitudes d'Israélites n'avaient pas pris parti pour lui, mais ils n'en étaient pas moins des Israélites. C'était une chose d'être Israélite, c'en était une autre d'être avec David dans le lieu fort. Même Jonathan ne s'y trouvait pas; il adhérait à l'ancien ordre de choses. Quoique aimant David comme sa propre âme, il vécut et mourut aussi en compagnie de Saül. Il s'aventurait bien parfois à parler en faveur de David, et cherchait à être avec lui quand il le pouvait. Il s'était dépouillé pour revêtir David de ses propres vêtements, mais il n'avait pas pris son lot avec lui. Aussi, quand le Saint Esprit proclame les noms et les exploits des vaillants hommes de David, nous cherchons en vain, parmi eux, le nom de Jonathan; quand les compagnons dévoués de l'exil de David sont rassemblés autour de son trône et jouissent de l'éclat radieux de sa royauté, le pauvre Jonathan est couché dans la poussière, tombé sans gloire sur le mont Guilboa, sous les coups des Philistins incirconcis.

Puissent tous ceux qui professent aimer le Seigneur Jésus Christ, chercher à être identifiés avec lui d'une manière plus décidée et plus réelle pendant ce temps où il est rejeté du monde! Ses concitoyens ont envoyé après lui une ambassade, pour lui dire: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous»; nous associerons-nous avec eux pour poursuivre leurs plans qui finalement aboutissent à rejeter Christ? A Dieu ne plaise! Puissent nos coeurs être avec lui là où il est. Puissions-nous connaître la communion bénie et sainte de la caverne d'Adullam, où le prophète, le roi et le sacrificateur, se trouvent dans la personne de Celui qui nous aime et nous a lavés de nos péchés dans son propre sang! Nous ne pouvons marcher en même temps avec Saül et avec David; nous ne pouvons avoir Christ et le monde: il faut choisir entre les deux. Veuille le Seigneur nous accorder de rejeter le mal et de choisir le bien, en nous rappelant les sérieux avertissements de l'apôtre: «Cette parole est certaine; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera». C'est maintenant le temps de souffrir, le temps d'endurer les afflictions et les privations: le repos est dans l'avenir, nous avons à l'attendre. Les hommes de David étaient appelés, à cause de leur association avec lui, à essuyer beaucoup de labeurs et de fatigues, mais l'amour allégeait tout pour eux et le leur rendait facile; aussi leurs noms et leurs exploits sont-ils fidèlement et minutieusement rapportés, lorsque David fut en repos dans son royaume. Pas un d'entre eux ne fut oublié. Nous trouvons ce précieux catalogue dans le chapitre 23 du second livre de Samuel. En le lisant, nos pensées sont portées vers le temps où le Seigneur Jésus récompensera ses fidèles serviteurs — ceux que l'amour pour sa personne et l'énergie de son Esprit a conduits à le servir durant le temps où il est rejeté. Ce service peut n'avoir été ni vu, ni connu, ni apprécié par les hommes; mais Jésus l'a connu dans tous ses détails, et il le reconnaît publiquement du haut de son trône de gloire. Qui aurait jamais connu les exploits des vaillants hommes de David, si le Saint Esprit ne les avait pas rapportés? Qui aurait su le dévouement des trois chefs qui traversèrent la troupe des Philistins, afin de chercher pour David de l'eau du puits de Bethléem? Qui aurait appris l'action de Bénaïa qui frappa le lion dans une fosse, un jour de neige? Il en est ainsi aujourd'hui. Plus d'un coeur inconnu de tous palpite d'amour pour la personne du Sauveur; plus d'une main, cachée à l'oeil humain, s'étend pour le servir. C'est une chose douce de penser, surtout en nos jours de froid formalisme, qu'il y a des âmes qui aiment Jésus en toute sincérité. Plusieurs, hélas! n'ont pas seulement de l'indifférence pour sa Personne adorable, ils vont même jusqu'à le décrier — jusqu'à le dépouiller de sa dignité en le rabaissant à n'être guère plus qu'Elie ou l'un des prophètes. Mais, grâces à Dieu, nous n'avons pas à nous arrêter sur ce sujet; un thème plus excellent nous est proposé. Pensons à ces hommes vaillants qui exposaient leurs vies pour l'amour de leur chef, et qui, dès qu'il avait exprimé un désir, étaient prêts, à tout prix, à le satisfaire. L'amour ne s'arrête jamais à calculer. C'était assez, pour ces hommes dévoués, de savoir que David désirait boire de l'eau du puits de Bethléem, pour la lui procurer quoi qu'il pût leur en coûter: «Et les trois vaillants hommes forcèrent le passage à travers le camp des Philistins, et puisèrent de l'eau du puits de Bethléem, qui est près de la porte, et la prirent et l'apportèrent à David; et il ne voulut pas la boire, mais il en fit une libation à l'Eternel» (*). Scène touchante! Exemple précieux de ce que l'Eglise devrait être! N'aimant pas sa vie, même jusqu'à la mort, pour l'amour de Christ. Oh! que par l'Esprit Saint soit allumée en nous la flamme d'un ardent amour pour la personne de Christ! Qu'il déploie toujours plus devant nos âmes les divines beautés de Jésus, afin que nous l'appréciions comme le plus excellent entre dix mille et tout à fait aimable, et que nous puissions dire avec quelqu'un dont le coeur était rempli de lui: «Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j'ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ» (Philippiens 3: 8).

(*) Il y a dans cette scène quelque chose de particulièrement beau et touchant, soit que nous considérions l'acte des trois vaillants hommes, ou l'acte de David lorsqu'il la répand devant l'Eternel. Il est évident que David discernait dans ce dévouement extraordinaire, un sacrifice que l'Eternel seul pouvait dûment apprécier. C'était un parfum trop exquis, pour qu'il en détournât la moindre parcelle pour lui: il devait le laisser monter tout entier vers le trône du Dieu d'Israël, seul digne de le recevoir, seul capable d'en apprécier toute la valeur. Ce fait nous rappelle le bel abrégé que Paul nous trace du dévouement chrétien: «Si même je sers d'aspersion sur le sacrifice et le service de votre foi, j'en suis joyeux et je m'en réjouis avec vous tous. Pareillement, vous aussi, soyez-en joyeux et réjouissez-vous-en avec moi» (Philippiens 2: 17, 18). Dans ce passage, l'apôtre représente les saints de Philippes, dans leur caractère de sacrificateurs, présentant un «sacrifice» à Dieu et accomplissant un service sacerdotal envers Dieu; et telle était l'intensité de son dévouement et de son oubli de soi-même, qu'il pouvait se réjouir de servir d'aspersion sur leur sacrifice, de sorte que tout pût monter, en bonne odeur, vers Dieu. Il n'importait pas qui plaçait le sacrifice sur l'autel, ou qui servait d'aspersion, pourvu que Dieu reçût ce qui lui était agréable. C'était un vrai et divin modèle de dévouement chrétien. Oh! que la grâce nous fût donnée pour que nos voies fussent formées d'après lui. On entendrait moins parler de «mes faits», «mes paroles» et «mes allées et venues». Ce serait notre joie toutes les fois que nous verrions l'un ou l'autre des fidèles offrir un sacrifice sur l'autel de Dieu, de servir d'aspersion sur ce sacrifice, à la gloire de Dieu et pour la commune joie des saints.

Chapitre 4 - Nabal et Abigaïl

(1 Samuel 25)

Il est intéressant de remarquer, à mesure que nous parcourons les diverses scènes de la vie de David, les sentiments différents qu'éprouvaient à l'égard de sa personne ceux qui étaient en rapport avec lui, et la position qui en résultait pour eux. Il fallait une grande énergie de foi pour discerner, dans le banni méprisé, le futur roi d'Israël. A en juger par les principes humains, il pourrait même sembler que la conduite de David vis-à-vis de Saül était tout aussi injustifiable que sa vie vagabonde dans le pays. Le chapitre dont nous allons nous occuper, présente deux exemples frappants de personnes différemment affectées à l'égard de David.

«Il y avait à Maon un homme qui avait ses affaires à Carmel; et cet homme était très riche; il avait trois mille moutons et mille chèvres. Et il était à Carmel pendant qu'on tondait ses moutons. Et le nom de l'homme était Nabal». Ce Nabal était un Israélite formant un parfait contraste avec David. Celui-ci, bien que roi oint sur Israël, n'avait pas où reposer sa tête, et était errant de montagne en montagne et de caverne en caverne. Nabal était très riche, mais c'était un homme égoïste et qui n'éprouvait aucune sympathie pour David. S'il jouissait de biens terrestres, c'était pour lui-même, et il n'avait aucune idée de faire part de ses richesses à personne d'autre, et surtout pas à David et à ses compagnons.

«Et David apprit dans le désert, que Nabal tondait ses moutons. Et David envoya dix jeunes hommes, et David dit aux jeunes hommes: Montez à Carmel, et entrez chez Nabal, et saluez-le en mon nom», etc. David était dans le désert, c'était sa place; Nabal, de son côté, était entouré de tout le bien-être de la vie. Le premier devait toutes ses douleurs et ses privations à ce qu'il était; le second devait aussi à ce qu'il était tous ses biens et ses jouissances. Or on trouve, en général, beaucoup d'égoïsme dans les positions dont les avantages proviennent de la profession religieuse. Si la profession de la vérité n'est pas accompagnée de renoncement à soi-même, elle le sera de recherche de soi-même; de là vient que souvent, de nos jours, on voit un esprit décidé de mondanité lié à une haute profession de vérité. C'est un mal grand et sérieux. L'apôtre, même en son temps, le sentait douloureusement. «Plusieurs marchent», telles sont ses paroles, «dont je vous ai dit souvent et dont maintenant je le dis même en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix du Christ, dont la fin est la perdition, dont le dieu est le ventre, et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses terrestres» (Philippiens 3: 18, 19). Ils sont ennemis de la croix du Christ. Ce n'est pas qu'ils aient rejeté tout semblant de christianisme; loin de là: «Plusieurs marchent», expression qui indique la profession. Les personnes ici dépeintes seraient, sans doute, grandement offensées, si on leur refusait le nom de chrétiens, mais elles ne se soucient pas de prendre la croix, d'être identifiées avec un Christ crucifié. Tout ce que l'on peut avoir du christianisme à part le renoncement à soi-même, leur est bienvenu, mais rien au delà. «Leur dieu est leur ventre; leurs pensées sont aux choses terrestres». Combien se rendent coupables de cette dernière accusation! Il est aisé de faire profession de la religion de Christ, tandis que l'on ignore la personne de Christ et que l'on hait sa croix. Il est aisé de prendre le nom de Jésus sur ses lèvres et de le joindre à la recherche de ses aises et à l'amour de ce monde que le coeur humain sait si bien apprécier. Nous trouvons un exemple de ces dispositions chez le grossier Nabal qui, s'étant renfermé dans ses richesses et son luxe, ne se souciait point de l'oint de Dieu et n'avait aucun sentiment de compassion pour lui au temps de son douloureux exil et de son séjour dans le désert.

Que répondit Nabal an touchant appel de David? «Qui est David? Et qui est le fils d'Isaï? Aujourd'hui ils sont nombreux les serviteurs qui se sauvent chacun de son maître. Et je prendrais mon pain et mon eau, et ma viande que j'ai tuée pour mes tondeurs, et je les donnerais à des hommes dont je ne sais d'où ils sont?» Là est le secret de l'éloignement de coeur de cet homme mondain pour David: il ne le connaissait pas. S'il l'avait connu, la chose aurait été toute différente, mais il ne savait ni qui il était, ni d'où il était; il ignorait que celui qu'il injuriait était l'oint de l'Eternel, et, dans sa folie égoïste, il rejetait le privilège de fournir aux besoins du futur roi d'Israël.

Tout cela est plein d'instruction. Il faut une réelle énergie de foi pour être rendu capable de discerner la personne de Christ et de s'attacher entièrement à lui dans le temps où il est rejeté. C'est une chose d'être chrétien, et une autre chose de confesser Christ devant les hommes. Rien n'est plus égoïste au fond que de prendre tout ce que Jésus nous a donné et de ne rien lui donner en retour. «Pourvu que je sois sauvé, tout le reste n'est pas essentiel», telle est la secrète pensée de plus d'un coeur, et elle se traduirait sous une forme plus sincère si l'on disait: «Si je suis assuré de mon salut, la gloire de Christ importe peu». Nabal agissait ainsi. Il avait recueilli de David toutes sortes d'avantages, mais aussitôt que David réclame de lui quelque aide et quelque sympathie, son véritable esprit se montre. «Et un jeune homme d'entre les gens de Nabal informa Abigaïl, femme de Nabal, disant: Voici, David a envoyé du désert des messagers pour bénir notre maître, et il s'est emporté contre eux. Et les hommes ont été très bons pour nous, et nous n'avons pas été molestés, et il n'a rien manqué de ce qui était à nous, tout le temps que nous avons marché avec eux pendant que nous étions aux champs. Ils ont été une muraille pour nous, de nuit et de jour, tout le temps que nous avons été avec eux, faisant paître le menu bétail». Tout cela était très bien. Nabal pouvait comprendre le prix de la protection de David, sans se soucier de la personne de David. Aussi longtemps que les hommes de David étaient une muraille autour de ses possessions, il les tolérait, mais dès qu'il croit voir en eux un fardeau, il les rejette et les injurie.

La manière d'agir de Nabal était tout à fait contraire à l'Ecriture et à l'esprit de son divin auteur. Il est écrit, au chapitre 15 du Deutéronome: «Quand il y aura au milieu de toi un pauvre, quelqu'un de tes frères, dans l'une de tes portes, dans ton pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne, tu n'endurciras pas ton coeur, et tu ne fermeras pas ta main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras libéralement ta main». Tel est le coeur de Dieu. Combien celui de Nabal était différent. La grâce divine reçue dans le coeur, l'ouvre tout grand pour répondre à tous ceux qui sont dans le besoin. L'égoïsme, au contraire, le ferme à chacun de ceux qui lui font appel. Nabal aurait dû obéir à l'Ecriture quand bien même il n'aurait pas connu David, mais l'égoïsme était trop fortement ancré dans son coeur, pour lui permettre d'obéir à la parole de l'Eternel ou d'aimer son oint.

Mais l'égoïsme de Nabal amène des résultats très importants. Pour ce qui concerne David, il fait ressortir ce qui était le plus propre à humilier celui-ci devant Dieu. Nous le voyons descendre de l'élévation qui, par la grâce de Dieu, le caractérisait habituellement. Sans doute, il était extrêmement pénible de rencontrer une si grande ingratitude chez celui qu'il avait protégé; c'était une chose blessante que d'être méprisé à cause des circonstances mêmes où sa fidélité l'avait placé, et d'être accusé de s'être sauvé d'auprès de son maître, alors qu'il était poursuivi comme une perdrix dans les montagnes. Tout cela était difficile à supporter, et, dans la première explosion de ses sentiments, David laisse échapper des paroles qui ne supportent pas d'être examinées à la lumière du sanctuaire: «Ceignez chacun votre épée», n'était pas le langage à attendre de celui qui jusqu'alors avait marché dans un esprit de douceur. Le passage du Deutéronome que nous avons cité, nous fait connaître la ressource du pauvre. C'est, non pas de tirer l'épée, mais de «crier à l'Eternel». Le glaive de David n'aurait pas guéri l'égoïsme de Nabal, et jamais la foi n'aurait adopté une telle manière de faire. David n'agit pas ainsi à l'égard de Saül. Il laisse Saül entièrement à Dieu, et même lorsqu'il a coupé le pan de sa robe, son coeur l'en reprend. Pourquoi ne se conduit-il pas de la même manière envers Nabal? C'est parce qu'il n'était pas en communion avec Dieu; il n'était pas sur ses gardes, et l'ennemi en prit avantage. Le coeur naturel nous conduira toujours à vouloir nous venger; il ressent vivement toute injure. Il murmurera secrètement: «On n'avait pas le droit de me traiter ainsi; je ne puis vraiment pas le supporter, et je ne pense pas que je le doive». C'est possible, mais l'homme de foi s'élève au-dessus de toutes ces choses; en tout il voit Dieu: la jalousie de Saül, la folie de Nabal, tout est considéré comme venant de la main de Dieu et rencontré en sa présence sainte. L'instrument n'est rien pour la foi, Dieu est en tout. C'est là ce qui donne une puissance réelle pour se mouvoir à travers toutes les circonstances possibles, et ce qui garde au milieu de tous les pièges.

Nous aurons l'occasion, à mesure que nous avancerons dans notre sujet, de voir ce principe appliqué plus largement; considérons maintenant le second caractère que place devant nous notre chapitre. C'est celui d'Abigaïl, la femme de Nabal, femme qui «avait du bon sens et était belle de visage». Beau témoignage, assurément, et qui montre que la grâce peut se manifester dans les circonstances les plus défavorables. La maison du grossier Nabal devait être une atmosphère desséchante pour une personne telle qu'Abigaïl, mais elle s'attendait à Dieu et ce ne fut pas en vain.

L'histoire de cette femme remarquable est pleine d'encouragement et d'instruction pour tous ceux qui se trouvent tenus et entravés par des liens et dans des associations inévitables. Elle leur dit: «Soyez patients, attendez-vous à Dieu; ne supposez pas que vous soyez dépourvus de toute occasion de rendre témoignage». Le Seigneur peut être abondamment glorifié par une soumission paisible, et donnera certainement, à la fin, du soulagement et la victoire. Il est vrai que plusieurs ont à se reprocher à eux-mêmes de s'être engagés dans ces relations, d'avoir formé ces liens qui leur sont une entrave; mais, même alors, s'ils ont réellement senti leur folie et le mal qu'il ont fait, s'ils les ont confessés et jugés devant Dieu, et si leur âme a été dans une entière dépendance de lui, la fin sera bénédiction et paix.

Abigaïl est employée ici pour arrêter David lui-même dans une voie qui n'était pas selon Dieu. Sa vie, jusqu'au moment où l'historien sacré l'introduit sur la scène, a pu être marquée par beaucoup de peines et d'épreuves; il ne pouvait guère en être autrement, associée comme elle l'était avec un Nabal. Mais le temps vient mettre en lumière la grâce qui était en elle. Elle avait souffert dans l'ombre, mais maintenant elle était sur le point d'être extraordinairement élevée. Bien peu de regards s'étaient portés sur son humble service et son patient témoignage, mais plusieurs contemplaient sa haute fortune. Le fardeau qu'elle avait porté en secret allait être enlevé devant un grand nombre de témoins.

La valeur du service d'Abigaïl ne consistait pas tant en ce qu'elle avait sauvé Nabal de l'épée de David, mais en ce qu'elle avait empêché David de tirer son glaive. «Or David avait dit: Certainement c'est en vain que j'ai gardé tout ce que cet homme avait au désert, et que rien n'a manqué de tout ce qui était à lui: il m'a rendu le mal pour le bien. Que Dieu fasse ainsi aux ennemis de David, et ainsi y ajoute, si, de tout ce qui est à lui, je laisse jusqu'à la lumière du matin un seul homme de reste». Paroles terribles! David avait agi avec témérité en sortant de la place de dépendance, la seule bonne, la seule sainte. Et il n'avait pas agi en vue de la congrégation de l'Eternel. Non, c'était pour se venger lui-même d'un homme qui l'avait maltraité. Triste méprise! Heureux fut-il qu'il se trouvât dans la maison de Nabal une Abigaïl, dont Dieu se servit pour l'empêcher de répondre au fou selon sa folie, car c'était là ce que l'ennemi désirait. Satan s'était servi de l'égoïsme de Nabal pour tendre un piège à David, et Abigaïl fut l'instrument du Seigneur pour l'en délivrer. C'est une bonne chose, quand l'homme de Dieu peut découvrir l'opération de Satan; pour cela, il doit être dans la présence de Dieu où seulement se trouvent la lumière et la force spirituelle nécessaires contre un ennemi aussi redoutable. Quand l'âme n'est pas en communion avec Dieu, elle se laisse distraire par les causes et les agents secondaires, comme David en regardant à Nabal. S'il eût envisagé l'affaire avec calme, devant Dieu, il n'aurait pas prononcé ces paroles: «C'est en vain que j'ai gardé tout ce que cet homme avait au désert»; il aurait passé outre et laissé «cet homme» à lui-même. La foi donne au caractère une vraie dignité, et une supériorité qui fait passer par-dessus les mesquines circonstances de cette scène transitoire. Ceux qui se savent étrangers et voyageurs, se souviendront que les douleurs aussi bien que les joies de cette vie sont passagères, et ils ne seront affectés outre mesure ni par les unes, ni par les autres. «Passagères», voilà ce qui est écrit sur toutes choses ici-bas; l'homme de foi doit donc recarder en haut et en avant.

Abigaïl délivre David de la fâcheuse influence du présent en dirigeant ses regards vers l'avenir. Nous le voyons dans l'admirable discours qu'elle lui adresse: «Et quand Abigaïl vit David, elle se bâta et descendit de dessus son âne; et elle tomba sur sa face devant David et se prosterna contre terre. Et elle tomba à ses pieds, et dit: A moi l'iniquité, mon seigneur! Mais, je te prie, que ta servante parle à tes oreilles; et écoute les paroles de ta servante. Que mon seigneur, je te prie, ne fasse pas attention à cet homme de Bélial, à Nabal; car il est tel que son nom: son nom est Nabal, et la folie est avec lui. Et moi, ta servante, je n'ai pas vu les jeunes hommes de mon seigneur que tu as envoyés. Et maintenant, mon seigneur, l'Eternel est vivant et ton âme est vivante, que l'Eternel t'a empêché d'en venir au sang et de te faire justice par ta main. Et maintenant, que tes ennemis et ceux qui cherchent à faire du tort à mon seigneur soient comme Nabal! … Car l'Eternel fera certainement une maison stable à mon seigneur, car mon seigneur combat les combats de l'Eternel, et la méchanceté n'a jamais été trouvée en toi. Et un homme s'est levé pour te poursuivre et pour chercher ta vie; mais la vie de mon seigneur est liée dans le faisceau des vivants par dévers l'Eternel, ton Dieu; et l'âme de tes ennemis, il la lancera du creux de la fronde. Et il arrivera que, lorsque l'Eternel aura fait à mon seigneur tout le bien dont il a parlé à ton sujet, et qu'il t'aura établi prince sur Israël, ceci ne sera point pour toi une occasion de chute, ni un achoppement pour le coeur de mon seigneur, d'avoir sans cause versé le sang, et que mon seigneur se soit fait justice à lui-même. Et quand l'Eternel aura fait du bien à mon seigneur, souviens-toi de ta servante».

Rien de plus touchant que ce discours! Chaque point est calculé pour atteindre le coeur. Elle présente à David le mal qu'il y aurait à se venger lui-même; elle lui montre la faiblesse et la folie de l'objet de son ressentiment; elle le fait souvenir de sa tâche propre, à lui, «combattre les combats de l'Eternel». Combien il dut être pénétré du contraste humiliant entre cette tâche glorieuse, et les circonstances dans lesquelles Abigaïl le rencontre, se précipitant pour combattre pour sa propre cause.

Mais on verra aisément que le discours d'Abigaïl dirige surtout sa pensée vers l'avenir: «L'Eternel fera certainement une maison stable à mon seigneur»; «quand l'Eternel aura fait du bien à mon seigneur»; «et qu'il l'aura établi prince sur Israël». Toutes ces allusions à la gloire future de David étaient bien calculées pour lui faire oublier le tort et l'injure qu'il venait d'essuyer. La maison stable, le faisceau de la vie et le royaume valaient infiniment plus que tous les troupeaux et les possessions de. Nabal. En vue de ces gloires, David pouvait laisser à cet homme ses moutons et ses chèvres. Quel attrait pouvaient avoir ces biens pour l'héritier d'un royaume, et qu'importait à celui qui se savait l'oint de l'Eternel, qu'on l'appelât un serviteur fugitif?

Abigaïl savait toutes ces choses; sa foi les avait saisies. Elle connaissait David et ses hautes destinées. Par la foi, elle voyait dans le banni méprisé le futur roi d'Israël. Nabal ne connaissait pas David. Il était homme de ce monde, tout entier plongé dans les choses présentes. Pour lui, rien de plus important que «mon pain», «ma viande», «mes tondeurs»; tout se bornait à cela; c'était ce qui le concernait, lui, Nabal; il n'y avait aucune place pour David et ses droits. On pouvait l'attendre d'un homme tel que lui; mais David ne devait pas descendre de sa haute position, et s'abaisser jusqu'à lutter avec un pauvre mondain au sujet, de biens périssables. Non; le royaume a venir aurait dû être devant ses yeux, remplir ses pensées et élever son esprit au-dessus des basses influences de la terre.

Regardons au Maître lui-même, lorsqu'il était à la barre du tribunal d'un pauvre ver de terre, — une des créatures formées de sa propre main, — quelle est son attitude? Appelle-t-il la petite troupe de ses disciples à ceindre chacun son épée? Dit-il à celui qui ose siéger comme son juge: «C'est en vain que j'ai fait cet homme tout ce qu'il est, et que je lui ai donné tout ce qu'il a?» Non; il regarde au-dessus des Pilate, des Hérode, des principaux sacrificateurs et des scribes, et il peut dire: «La coupe que LE PERE m'a donnée, ne la boirais-je pas?» C'est là ce qui gardait son esprit paisible, et, en même temps, il regardait à l'avenir et disait: «DORENAVANT vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance et venant sur les nuées du ciel». Là, nous voyons une réelle puissance sur les choses présentes. Le royaume millénaire avec toutes ses joies, avec toutes ses gloires, brillait dans le futur de sa lumière et de son éclat éternels, et le regard de l'homme de douleurs s'y arrêtait durant ces sombres heures où les moqueries, les insultes et les coups venant de pécheurs coupables, accablaient sa personne divine.

Cher lecteur chrétien, c'est là notre modèle c'est ainsi que nous devons rencontrer les épreuves et les difficultés, les opprobres, les reproches et l'abandon. Regardons tout à la lumière de l'avenir. «Notre légère tribulation d'un moment», dit quelqu'un qui a beaucoup souffert, «opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire». Et encore: «Mais le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle, dans le Christ Jésus, lorsque vous aurez souffert un peu de temps, vous rendra lui-même accomplis, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur un fondement inébranlable». Et le Seigneur lui-même dit: «O gens sans intelligence et lents de coeur à croire toutes les choses que les prophètes ont dites! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire?» Souffrir vient d'abord et la gloire suit, et celui qui voudrait, de sa propre main, détourner le tranchant des opprobres et des souffrances actuels, montrerait que le royaume à venir n'est pas ce qui remplit toute son âme, et que le présent agit plus sur lui que le futur.

Combien nous devrions bénir notre Dieu d'avoir ouvert devant nos yeux une perspective aussi glorieuse dans les siècles à venir! Comme elle rend capable de fouler d'un pas léger notre rude sentier à travers le désert, et nous élève au-dessus de tout ce qui occupe les enfants de ce monde!

Non pas d'un monde qui passe,

Non de la nuit, mais du jour,

Affranchis par Jésus du mal qui nous enlace,

Nous avançons en paix vers l'éternel séjour.

Puissions-nous de plus en plus éprouver la réalité des choses d'en haut, tandis que nous traversons cette sombre vallée de pleurs. Le coeur et l'esprit défailliraient, si nous n'étions pas soutenus par l'espérance qui, grâces à Dieu, ne rend pas honteux.

La suite de notre récit nous présente un exemple encore plus frappant de l'immense différence qui existe entre l'homme naturel et l'homme de foi. Abigaïl revient de son entrevue avec David et trouve Nabal «ivre à l'excès, aussi elle ne lui raconta aucune chose, ni petite, ni grande, jusqu'à la lumière du matin. Et il arriva le matin, quand le vin de Nabal eut passé, que sa femme lui rapporta ces choses, et son coeur mourut au dedans de lui, et il devint comme une pierre. Et il arriva, environ dix jours après, que l'Eternel frappa Nabal, et il mourut». Triste tableau de l'état d'un homme du monde. Plongé dans l'ivresse durant la nuit, et, quand le matin se lève, frappé de terreur — percé par le trait de la mort. Tel est le sort de multitudes que l'ennemi, dans tous les siècles, a réussi à séduire et à enivrer avec les joies périssables d'un monde qui gît sous la malédiction de Dieu et n'a à attendre que l'exécution de son jugement. «Ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit»; mais le matin est proche où les fumées du vin (symbole des joies du monde) se seront dissipées, où la fiévreuse excitation dans laquelle Satan engage les esprits des hommes de ce monde, se sera calmée, et alors viendra la terrible réalité — une éternité de misère indicible avec Satan et ses anges. Nabal ne rencontra pas même David face à face, mais la pensée seule de son glaive vengeur remplit son âme d'une terreur mortelle. Combien plus effrayant sera-t-il de rencontrer le regard de Christ, autrefois méprisé et rejeté, et maintenant assis sur le trône de sa gloire! Alors les Abigaïls et les Nabals auront leurs places respectives, ceux qui auront connu et aimé Jésus et ceux qui l'auront méconnu et méprisé. Que Dieu, dans sa grâce, veuille vous accorder, mon cher lecteur, d'être avec les premiers.

Remarquons encore que le récit intéressant contenu dans ce chapitre, nous présente un tableau frappant de l'Eglise et du monde, dans leur ensemble. La première est unie au Roi et associée à sa gloire; le second est plongé dans une ruine irrémédiable. «Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous, et les éléments embrasés se fondront. Mais, selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. C'est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, étudiez-vous à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix». Tels sont les grands faits, bien propres à agir sur nos âmes, que nous présente partout le livre de Dieu, pour détacher nos coeurs des choses présentes, et les attacher d'une affection sincère aux choses et aux perspectives qui sont en rapport avec la personne du Fils de Dieu. Rien, si ce n'est la profonde et positive conviction de la réalité de ces choses, ne pourra produire cet heureux effet. Nous connaissons l'influence enivrante de ce monde, de ses projets et de ses opérations; nous savons combien le coeur humain se laisse aisément entraîner par le rapide courant des choses d'ici-bas, plans d'amélioration, opérations commerciales, mouvements politiques, mouvements religieux même; toutes ces choses produisent sur l'âme un effet semblable à celui du vin sur Nabal, de sorte qu'il devient presque inutile d'annoncer les solennelles vérités renfermées dans le passage que nous avons cité.

Cependant, il faut les proclamer, il faut les répéter sans se lasser, «et cela d'autant plus, que vous voyez le jour approcher». «Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit». «Toutes ces choses doivent se dissoudre». «Les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement». Telle est la perspective placée devant les yeux de tous ceux qui, comme Nabal, sont «appesantis par la gourmandise et l'ivrognerie et les soucis de cette vie», et ont rejeté les appels du Seigneur et méconnu ses droits.

Le monde se prépare, avec une rapidité inconcevable, à l'introduction de celui qui, par la puissance de Satan, dominera sur toutes ses institutions, résumera en lui tous ses principes, et concentrera dans sa personne toutes ses énergies. Que le dernier élu soit recueilli hors du monde, le dernier membre incorporé au corps de Christ par la puissance vivifiante du Saint Esprit, la dernière pierre posée à la place qui lui est destinée dans le temple de Dieu, alors le sel qui, maintenant, préserve le monde de la corruption, sera ôté; la barrière qui retient, à cause de la présence du Saint Esprit dans l'Eglise, sera enlevée; et alors sera révélé sur la scène de ce monde «l'inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu'il anéantira par l'éclat de son avènement. Duquel la venue est selon l'opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d'injustice pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés».

Assurément, ces choses devraient arrêter les hommes du monde dans leur course, et les conduire à considérer sérieusement LEUR FIN. «La patience de notre Seigneur est salut». Parole bien précieuse! Mais que l'on n'en abuse pas; que l'on ne prenne pas cette patience pour de l'indifférence. Le Seigneur attend en grâce que les pécheurs se convertissent, mais il ne saurait avoir aucune connivence avec le péché.

Mais, hélas! il est presque inutile de parler du futur à des hommes complètement accaparés par le présent.

Béni soit Dieu, il y en a quelques-uns qui ont des oreilles pour entendre le témoignage de l'amour et de la grâce de Jésus, aussi bien que du jugement qu'il va exercer. Telle était Abigaïl. Elle avait cru la vérité touchant David et avait agi en conséquence; de même, tous ceux qui croient la vérité touchant Jésus, se sépareront eux-mêmes avec soin du monde présent.

Chapitre 5 - Tsiklag

L'histoire que nous parcourons présente nécessairement bien des faiblesses et bien des fautes; en la lisant, il est bon cependant de nous rappeler ce que nous sommes nous-mêmes, de peur que nous ne signalions les manquements des autres dans un esprit de propre satisfaction. L'écrivain sacré place toujours devant nous, avec une rigoureuse fidélité, toutes les imperfections de ceux dont il rapporte l'histoire. Son objet est de présenter à l'âme Dieu, dans toute la plénitude infiniment variée de ses ressources, et dans toute sa capacité pour répondre aux plus profonds besoins du pécheur impuissant. Il n'a pas écrit l'histoire des anges, mais des hommes «sujets aux mêmes passions que nous». C'est ce qui rend si instructifs pour nous les récits de l'Ancien Testament. Des faits nous y sont présentés qui parlent au coeur; nous sommes conduits, en le lisant, à travers des scènes et des circonstances qui dévoilent, avec une simplicité touchante, les ressorts cachés de notre nature, mais aussi les ressorts cachés de la grâce. Nous apprenons que l'homme est le même dans chaque siècle. En Eden, en Canaan, dans l'Eglise, dans la gloire millénaire, on le voit présentant les mêmes caractères humiliants. Mais nous apprenons aussi pour notre joie et notre encouragement, que Dieu est toujours «le même, hier et aujourd'hui et éternellement», toujours patient, plein de grâce, puissant et saint: patient pour supporter nos manquements réitérés; plein de grâce pour effacer nos péchés répétés et restaurer nos âmes égarées; puissant pour nous délivrer des pièges de Satan, des influences du monde et de l'énergie active pour le mal de notre propre chair; saint pour exécuter le jugement dans sa maison et châtier ses enfants, afin de les rendre participants de sa sainteté. Tel est le Dieu auquel nous avons à faire, et nous voyons le merveilleux déploiement de son caractère dans les récits pleins d'intérêt dont abonde l'histoire de l'Ancien Testament, mais peut-être nulle part davantage que dans celui qui est placé devant nous. Peu de caractères présentent la même variété d'expériences que celui de David. Il connaissait vraiment les profondeurs et les hauteurs qui caractérisent la carrière de l'homme de foi. Tantôt nous l'entendons moduler sur sa harpe les chants les plus sublimes; tantôt exprimer les douleurs d'une conscience souillée et d'un esprit blessé. Cette diversité d'expériences faisait de David un sujet propre à montrer la grâce de Dieu sous ses divers aspects. Il en est toujours ainsi. Le pauvre fils prodigue n'aurait jamais connu la communion si élevée de l'amour de son père, s'il n'avait pas connu d'abord les profondeurs de l'humiliation dans le pays éloigné. La grâce qui le revêtit de la plus belle robe n'aurait pas brillé d'un si vif éclat, si elle ne l'avait pas trouvé dans ses misérables haillons. La grâce s'est magnifiée par la ruine de l'homme; et plus cette ruine est sentie vivement, plus hautement la grâce est appréciée. Le frère aîné n'avait jamais reçu un chevreau pour faire bonne chère avec ses amis. Pourquoi? Parce qu'il s'imaginait l'avoir mérité. «Voici» dit-il, «tant d'années que je te sers, et jamais je n'ai transgressé ton commandement». Homme orgueilleux! Comment pouvait-il espérer l'anneau, la robe ou le veau gras? S'il les avait obtenus, ils n'auraient servi qu'à orner sa propre justice, au lieu d'être la parure dont la grâce aime à revêtir le pécheur croyant.

Ainsi en était-il de David et de Saül. Saül n'a jamais connu son besoin, comme David le connaissait; nous n'avons pas non plus dans son histoire, comme dans le cas de David, le récit de péchés énormes, au moins de ce que les hommes nommeraient ainsi. Saül était l'homme extérieurement moral et religieux, mais, en même temps, plein de propre justice. C'est pourquoi de sa bouche nous entendons des expressions telles que celles-ci: «J'ai exécuté la parole de l'Eternel»; «j'ai écouté la voix de l'Eternel, et je suis allé par le chemin par lequel l'Eternel m'a envoyé». Comment cet homme aurait-il pu apprécier la grâce? C'était impossible. Un coeur qui n'est pas brisé, une conscience qui n'est pas convaincue de péché, ne pourront jamais comprendre la signification du mot grâce. Bien différent était David. Il sentait ses péchés, gémissait sous leur poids, les confessait, les jugeait en la présence du Dieu dont la grâce les avait tous effacés pour toujours. Il y a une grande différence entre un homme ignorant de ses péchés et qui marche satisfait de lui-même, et un homme qui a profondément conscience de ses péchés, et qui cependant est heureux de savoir qu'ils sont pleinement pardonnés.

La suite des pensées que nous venons d'exprimer nous amène aux circonstances qui se rattachent à David habitant Tsiklag des Philistins — circonstances dans lesquelles se manifestent pleinement, d'une part, l'infirmité humaine, et, d'autre part, la grâce et la miséricorde divines.

«Et David dit en son coeur: Maintenant, je périrai un jour par la main de Saül; il n'y a rien de bon pour moi que de me sauver en hâte dans le pays des Philistins» (27: 1). C'était la seconde fois que David se réfugiait chez les Philistins. Au chapitre 21, nous lisons: «Et David se leva, et s'enfuit ce jour-là de devant Saül, et vint vers Akish, roi de Gath». David, en réalité, se retire lui-même des mains de Dieu, pour se mettre dans les mains d'Akish. Il laisse la place de dépendance pour aller au milieu même des ennemis de Dieu et d'Israël. Et, remarquons-le, il a dans sa main l'épée même du champion des Philistins. Ce n'est pas pour agir selon son vrai caractère, comme serviteur de Dieu; cela aurait été en vérité une heureuse chose. Non; il va faire l'insensé devant ceux qui l'avaient vu si récemment combattre pour Israël. «Les serviteurs d'Akish lui dirent: N'est-ce pas là David, le roi du pays? N'est-ce pas au sujet de celui-ci qu'on s'entre-répondait dans les danses, en disant: Saül a frappé ses mille, et David ses dix mille?» Les. Philistins reconnaissaient David sous son vrai caractère, «le roi du pays», celui qui avait frappé ses dix mille. Ils n'imaginaient pas qu'il pût agir autrement que comme leur ennemi. Ils n'étaient guère capables de comprendre l'état moral de son âme dans cette phase extraordinaire de son histoire; ils n'auraient pu penser que le vainqueur de Goliath venait chercher leur protection contre Saül. Le monde ne peut pas comprendre les vicissitudes de la vie de la foi. Qui, d'entre ceux qui avaient vu David dans la vallée d'Ela, aurait jamais supposé que sitôt après, il aurait craint de confesser, avec hardiesse, les résultats de cette foi dont Dieu l'avait doué? Qui aurait pensé qu'avec l'épée de Goliath en sa main, il aurait tremblé d'être reconnu pour le vainqueur de Goliath? Et pourtant il en était ainsi. «David prit à coeur ces paroles, et il eut très peur d'Akish, roi de Gath. Et il se contrefit devant eux, et fit l'insensé entre leurs mains; il marquait les battants de la porte, et laissait couler sa salive sur sa barbe». Il en sera ainsi toutes les fois qu'un saint abandonne le sentier de simple dépendance de Dieu, et veut cesser d'être étranger dans le monde. Il doit se contrefaire, abandonner son vrai caractère; et, en conséquence, suivre une voie de réelle fourberie devant Dieu et de folie devant le monde. Combien cela est triste! Un saint de Dieu devrait toujours conserver sa dignité — dignité qui découle du sentiment réel de la présence de Dieu. Mais, du moment que la foi fléchit, la puissance pour rendre témoignage s'en va, et l'homme de foi est méprisé comme un «insensé». Lorsque David «dit en son coeur: Maintenant, je périrai un jour par la main de Saül», il abandonna le seul chemin où se trouve la vraie puissance. S'il avait continué à être fugitif et errant dans les montagnes, il n'aurait jamais présenté ce triste tableau aux serviteurs d'Akish — on ne l'aurait jamais appelé un insensé. Akish n'aurait pas osé appliquer, ce nom à David dans la vallée d'Ela, ni dans la caverne d'Adullam; mais David s'était mis lui-même entre les mains de ce Philistin, et, par conséquent, il devait, ou souffrir pour sa fidélité passée, ou abandonner toute sa dignité et faire le fou devant leurs yeux. Eux jugeaient bien en le nommant le roi du pays, mais lui, effrayé des conséquences que pourrait avoir l'aveu d'une si haute position, renie sa royauté, et n'a d'autre ressource que de devenir insensé.

Combien souvent on peut voir le résultat d'un mal semblable dans la marche des chrétiens. On voit plus d'une fois un homme qui, à cause des actes qu'il a accomplis dans l'énergie de l'Esprit, est hautement estimé non seulement de ses frères, mais aussi des enfants de ce siècle. Mais il vient à perdre sa communion avec Dieu, et le voilà effrayé de maintenir sa position, et, au moment même où il aurait à rendre un témoignage positif contre les voies du monde et où tous les yeux sont fixés sur lui, il recule, change sa conduite, pactise avec ce qu'il avait condamné, et, au lieu de l'estime et du respect, ne recueille que le mépris. Prenons garde de ne pas être entraîné dans une telle voie; elle ne peut être évitée qu'en marchant dans une pleine et heureuse certitude que Dieu suffit à tout et toujours, et répondra à tous nos besoins. Aussi longtemps que nous retenons cette précieuse vérité, nous sommes indépendants du monde. Dès que nous l'abandonnons, nous compromettons la vérité de Dieu et renions notre caractère d'hommes célestes.

David devait avoir perdu bien complètement le sentiment que Dieu pouvait le tirer de toutes ses difficultés, pour aller jusqu'à dire: «Il n'y a rien de bon pour moi que de me sauver en hâte dans le pays des Philistins». Rien de mieux pour un homme de foi que de chercher un refuge auprès du monde! Quel aveu étrange! C'est celui d'une âme qui a laissé les circonstances extérieures se glisser entre elle et Dieu. Lorsque nous sortons de l'étroit sentier de la foi, nous sommes capables de tomber dans les plus grands extrêmes. Rien ne montre, d'une manière plus forte, le contraste entre quelqu'un qui regarde à Dieu et quelqu'un qui regarde aux circonstances, que David dans la vallée d'Ela, et David marquant les battants de la porte du roi des Philistins. Contraste rempli d'instruction et de sérieux avertissements; bien propre à nous enseigner ce que nous sommes et combien peu on peut compter sur le meilleur d'entre nous. Que sommes-nous, cher lecteur chrétien? De pauvres créatures qui manquons et bronchons, prêtes à chaque pas de notre sentier à tomber, dans l'erreur et le mal, à abandonner le Rocher des siècles, pour nous appuyer sur les roseaux brisés du monde, à laisser la fontaine des eaux vives, pour nous creuser des citernes crevassées qui ne contiennent point d'eau. Oh! nous avons besoin, un profond besoin, de marcher humblement, avec vigilance et prière, devant notre Dieu, ayant constamment dans nos coeurs la prière de David même: «Soutiens-moi selon ta parole, et je vivrai; et ne me laisse pas être confus en mon espérance. Soutiens-moi, et je serai sauvé, et je regarderai continuellement tes statuts». Nous avons besoin que nos pieds soient semblables à ceux des biches, afin que nous marchions sur ces lieux élevés et glissants à travers lesquels circule notre sentier. Rien d'autre que la grâce divine ne peut nous rendre capables de persévérer dans une vie d'entier dévouement. Laissés à nous-mêmes, il n'y a pas de mal où nous ne puissions tomber. Ceux-là seuls sont en sûreté, que Dieu tient dans le creux de sa main. Heureux sommes-nous d'avoir à faire avec Celui qui peut nous supporter dans notre folie, et peut aussi ranimer et restaurer nos âmes, lorsqu'elles défaillent et se dessèchent sous l'influence malsaine de l'atmosphère qui nous entoure. Dieu nous garde de faire usage de cette triste partie de l'histoire de David à Tsiklag, autrement que pour l'appliquer à nos coeurs devant Dieu, comme un sérieux avertissement. Car, bien que l'on puisse dire qu'il y a une très grande différence entre la position et les privilèges du peuple de Dieu et ceux de l'Eglise de Dieu maintenant; cependant, dans tous les âges et sous toutes les dispensations, la nature de l'homme est la même, et nous ferions un tort réel à nos âmes, si nous ne tirions pas une leçon salutaire des chutes de quelqu'un qui a occupé une aussi haute place à l'école de Christ que David. Les dispensations différent, sans doute, dans leurs grands traits principaux, mais il y a une merveilleuse analogie dans les principes de discipline de Dieu dans tous les temps, quelle que soit la position de son peuple.

Dans la suite du séjour de David au pays des Philistins, nous ne trouvons que de nouveaux sujets d'humiliation. Il a obtenu Tsiklag pour sa demeure, il y séjourne seize mois, mais durant cette période, bien que libre de toute crainte à l'égard de Saül, il est loin de Dieu et loin d'Israël. Il est aisé, dans un sens, de sortir du lieu d'épreuve, mais alors on sort aussi du lieu de la bénédiction. David aurait été plus heureux de rester exposé à la haine de Saül, en jouissant en même temps de la protection du Dieu d'Israël, que d'aller chercher un abri auprès du roi de Gath. Mais, lorsque l'épreuve nous presse, la pensée d'en être débarrassé est douce, et nous sommes en danger de chercher par nous-mêmes le soulagement. L'ennemi, dans ce cas, a toujours un chemin de traverse à présenter à l'homme de foi. Il avait l'Egypte pour Abraham, Tsiklag pour David, et, pour nous, il a le monde sous toutes ses formes.

«S'ils se fussent souvenus de la patrie dont ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner». C'est le fait que l'on pourrait retourner qui prouve la sincérité du dessein arrêté d'aller en avant. Le Seigneur laisse les siens libres, afin qu'ils puissent «montrer clairement qu'ils cherchent une patrie». C'est ce qui glorifie Dieu. Il ne serait d'aucun profit si nous étions forcés, comme avec un mors et un frein, d'aller de la terre au ciel, mais lorsque, par grâce, nous laissons volontairement les choses de la terre pour chercher celles qui sont en haut, c'est à la gloire de Dieu, parce que cela démontre que ce qu'il a à nous donner a infiniment plus d'attrait que le monde présent (*).

(*) «Il les conduisit dans un chemin droit, pour aller dans une ville habitable» (Psaumes 107: 7). La grâce, non seulement fait sortir d'Egypte, mais donne aussi le désir et la capacité d'aller en Canaan.

David accepte Tsiklag, et, au lieu de rester comme un étranger sans foyer dans la caverne d'Adullam, il devient un citoyen dans le pays des Philistins. Il ne contrefait plus l'insensé, mais joue maintenant le rôle d'un trompeur décidé. Il fait des incursions chez les Gueshuriens et les Guirziens, et, interrogé par Akish, ment à cet égard, de peur de perdre le lieu de protection qu'il a choisi. Il va même si loin dans cette misérable carrière que, lorsque Akish lui propose de marcher avec lui et les Philistins contre Israël, sa réponse est: «Aussi tu sauras ce que ton serviteur fera. Et Akish dit à David: Aussi je t'établirai pour toujours gardien de ma personne… Et les Philistins rassemblèrent toutes leurs armées à Aphek; et Israël était campé à la source qui est à Jizréel. Et les princes des Philistins passèrent par centaines et par milliers, et David et ses hommes passèrent à l'arrière-garde avec Akish». Nous avons donc ici l'étrange spectacle — anomalie sans pareille — d'un roi d'Israël gardien de la personne d'un Philistin, et prêt à tirer l'épée contre les armées du Dieu vivant. Vit-on jamais chose pareille? Le vainqueur de Goliath serviteur d'un Philistin!

Il est vraiment difficile de dire où tout cela aurait abouti, si David avait été laissé libre de pousser ses projets jusqu'à la fin. Mais cela ne pouvait pas être; Dieu veillait, dans sa bonté, sur ce pauvre égaré, et avait en réserve pour lui des grâces riches et variées, aussi bien que d'humiliantes leçons et de douloureux exercices d'âme. Les princes des Philistins furent les instruments dont l'Eternel se servit, pour tirer David de son étrange position. Le jugeant d'après son passé, ils ne pouvaient se confier en lui comme en un allié. «N'est-ce pas ce David», comment pourrions-nous avoir confiance en lui? Un Philistin ne pouvait pas compter sur un Hébreu contre d'autres Hébreux. En un mot, les hommes du monde ne peuvent avoir une entière confiance en celui qui n'est pas décidé pour la vérité de Dieu, qui n'est ni l'un ni l'autre. Un chrétien qui retourne au monde, allât-il dans cette voie aussi loin que possible, ne sera jamais regardé comme quelqu'un du monde, on n'aura pas entièrement foi en lui, il sera toujours suspect, juste comme David le fut aux Philistins. «Renvoie cet homme», disent-ils, «et qu'il retourne en son lieu, là où tu l'as établi, et qu'il ne descende pas avec nous à la bataille, afin qu'il ne soit pas notre adversaire dans la bataille». Ils veulent bien lui donner une certaine place parmi eux, mais lorsqu'il s'agit de guerre entre eux et Israël, ils ne veulent pas le reconnaître. Ils faisaient sagement, car, quelque caractère que prît David, il ne pouvait être autre chose qu'ennemi des Philistins. Il pouvait feindre d'être fou; il pouvait prétendre faire des incursions vers le midi de Juda, mais quand les choses en viennent à une conclusion positive, David ne peut qu'agir d'une manière conséquente avec son vrai caractère — comme celui qui a tué dix mille Philistins. Le fait est que, du commencement à la fin, David n'était pas compris. Les Philistins ignoraient ce qui l'avait amené au milieu d'eux. Dans ce prétendu insensé, il y avait beaucoup plus qu'ils ne pouvaient sonder. Ils pensaient qu'il aurait désiré se réconcilier avec son maître Saül, se doutant peu qu'ils avaient devant eux celui qui devait sitôt après saisir le sceptre d'Israël et leur faire sentir le poids de sa puissance.

Mais l'Eternel ne voulait pas permettre que David parût sur le champ de bataille contre Israël. Il le fit renvoyer, ou plutôt le mit de côté, afin de lui parler dans le secret du coeur touchant le chemin qu'il avait tenu. «Et David se leva de bonne heure, lui et ses hommes, pour partir dès le matin, afin de retourner au pays des Philistins… Et il se trouva que, lorsque David et ses hommes arrivèrent à Tsiklag, le troisième jour, les Amalékites avaient fait une incursion sur le pays du midi, et sur Tsiklag; et ils avaient frappé Tsiklag et l'avaient brûlé par le feu; et ils avaient emmené captives les femmes qui y étaient; depuis le petit jusqu'au grand, ils n'avaient fait mourir personne, mais ils les avaient emmenés et s'en étaient allés leur chemin». David est appelé maintenant à sentir l'amer résultat d'avoir cherché l'aide d'Akish au jour de son besoin. Il avait pris une position parmi les incirconcis et, en conséquence, il devait partager leur misère. S'il était resté dans les montagnes de Juda, il aurait évité toutes ces douleurs; son Dieu aurait été une muraille de feu autour de lui. Mais il avait fui à Tsiklag pour échapper à Saül, et maintenant, au moment même, pour ainsi dire, où Saül tombait sur la montagne de Guilboa, David pleurait sur les ruines de Tsiklag. «Et David et le peuple qui était avec lui élevèrent leurs voix et pleurèrent jusqu'à ce qu'il n'y eut plus en eux de force pour pleurer… Et David fut dans une grande détresse, car le peuple parlait de le lapider». En tout cela, Dieu agissait envers son serviteur, non pour l'écraser, mais pour l'amener à un sentiment juste de la manière dont il s'était conduit parmi les Philistins. En contemplant les cendres fumantes de Tsiklag et en se voyant privé de ses femmes, David pouvait apprendre pratiquement le mal qu'il y a à recevoir quelque chose du monde et la douleur qui en est la conséquence. Il serait difficile de se représenter une condition plus poignante que celle où se trouvait en ce moment David. Pendant un an et quatre mois, il avait marché dans un chemin où sa conscience ne pouvait être que mal à l'aise avec Dieu; il était repoussé par ceux sous la protection desquels il s'était placé; son lieu de refuge était brûlé; il avait perdu ses femmes et ses biens, et ses compagnons, ceux qui l'avaient suivi partout quand il errait çà et là, menaçaient de le lapider.

Ainsi David, à tous les points de vue, était descendu au niveau le plus bas, toutes les ressources humaines lui manquaient à la fois, et, de plus, ]'ennemi pouvait en un tel moment l'accabler de ses traits. Que ne devait pas lui dire sa conscience? Combien sa mémoire n'avait-elle pas de scènes du passé à lui rappeler! L'abandon de la place de dépendance; sa fuite auprès d'Akish; comment il s'était contrefait en agissant comme un homme insensé; les mensonges qu'il avait proférés; son offre volontaire de combattre contre Israël comme serviteur des Philistins; toutes ces choses étaient bien propres à augmenter l'angoisse de son âme. Mais David, après tout et malgré tout, était un homme de foi; il connaissait l'Eternel et les ressources infinies de sa grâce. Ce fut sa joie et sa consolation dans ce moment si sombre de sa carrière. S'il n'avait pu déposer ce lourd fardeau sur la grâce infinie, il aurait été jeté dans le plus extrême désespoir. Jamais auparavant, il n'avait été soumis à une semblable épreuve. Il avait rencontré le lion et l'ours dans le désert, il avait affronté le géant de Gath dans la vallée d'Ela, mais il ne s'était jamais vu au milieu d'autant de circonstances propres à l'accabler. Mais Dieu suffisait à tout et David le savait. Aussi lisons-nous: «David se fortifia en l'Eternel, son Dieu». Encouragement bien fondé! Heureuse l'âme qui le connaît, et qui, des plus extrêmes profondeurs de la misère où l'homme puisse se trouver, a su, en un clin d'oeil, s'élever jusqu'à Dieu et à ses ressources qui ne manquent jamais! La foi sait que Dieu est pleinement à la hauteur de tous les besoins de l'homme, faiblesse, manquement et péché. Dieu est au-dessus de tout, peut répondre à tout et dans toutes les circonstances, et le coeur qui le saisit ainsi est élevé au-dessus de toutes les épreuves et difficultés du chemin.

Il n'est aucune position où le chrétien puisse se trouver et où il ne puisse pas compter sur Dieu. Est-il comme écrasé sous la pression des difficultés extérieures? Qu'il fasse intervenir la toute-puissance de Dieu et sa force irrésistible pour supporter ces choses. Le coeur est-il chargé du fardeau d'une infirmité personnelle — fardeau bien pesant, en vérité? Qu'il aille puiser aux sources intarissables de la compassion et de la miséricorde divines. L'âme est-elle remplie d'horreur par le sentiment de son péché et de sa culpabilité? Qu'elle ait recours à la grâce sans limites de Dieu et au sang infiniment précieux de Christ. En un mot, quels que soient l'épreuve, le fardeau, la douleur ou le besoin, Dieu est plus que suffisant pour tout, et il appartient à la foi, oui, c'est son privilège, de recourir à lui. «David se fortifia en l'Eternel, son Dieu», lorsque tout autour de lui était sombre et accablant pour son âme. Puissions-nous connaître, cher lecteur, la bénédiction qui découle d'une telle confiance. C'est dans le fait d'avoir à faire avec Dieu que réside la vraie puissance et le vrai bonheur. Se débarrasser le coeur du moi et des choses qui nous entourent et s'élever dans le calme saint de la présence divine, donne une consolation et une force qui dépassent tout ce que l'on peut exprimer. Satan s'efforce toujours de mettre obstacle à cette heureuse condition d'âme. Il voudrait nous conduire à faire en tout temps des choses présentes les bornes de l'horizon de nos pensées et de nos affections, nous entourer ainsi d'un nuage épais et impénétrable, pour nous cacher la face de notre Dieu et nous empêcher de reconnaître sa main miséricordieuse s'étendant au-dessus de tout.

Mais la foi perce le nuage et va droit à Dieu; elle ne regarde pas aux choses qui se voient, mais à celles qui sont invisibles; elle tient ferme, comme voyant Celui qui est invisible.

Dans mes jours les plus sombres,

Si tu parais, Seigneur,

Tu dissipes les ombres

Dont s'entourait mon coeur;

Ta clarté sans nuage

Brille aux yeux de ma foi,

Et je reprends courage

En regardant à Toi.

Le retour de David à Tsiklag fut assurément une heure bien sombre, une des plus sombres qu'il ait rencontrées, mais Dieu apparut et la lumière se leva. Dieu apparut pour le relever et le restaurer. Dans sa grâce, il ôta le fardeau qui l'accablait; il brisa les chaînes et mit le prisonnier en liberté. C'est la manière dont Dieu agit. Il permet que ses enfants goûtent les fruits amers de leurs propres voies, afin qu'ils retournent à lui, avec l'entière certitude qu'ils ne peuvent qu'être vraiment heureux en sa sainte et gracieuse présence. Tsiklag peut, pour un temps, présenter un abri, mais il doit bientôt être détruit, et même tandis qu'il dure, il ne peut être acheté que par le sacrifice d'une bonne conscience envers Dieu et envers son peuple. Prix bien considérable pour payer un soulagement de si faible durée. Combien mieux vaut-il de supporter la peine pour un temps!

Mais, béni soit notre Dieu! «toutes choses travaillent ensemble pour le bien» des saints de Dieu. La mort de Goliath et les seize mois de séjour à Tsiklag, la caverne d'Adullam et la maison d'Akish, tout travaillait pour le bien de David. Des fautes mêmes des siens, le Seigneur fait sortir une riche moisson de bénédictions, pour autant toutefois qu'ils sont ainsi conduits à une vigilance plus grande, à une plus étroite dépendance de Dieu dans la prière et à une marche plus intime avec lui. Si nos chutes nous ont appris à nous appuyer plus entièrement sur Dieu, nous aurons sujet de lui rendre grâces de les avoir permises, quelque humiliant qu'en soit le souvenir. Si douloureuse que fût pour lui l'expérience de David à Tsiklag, nous pouvons être sûrs qu'il n'aurait pas voulu ne point l'avoir faite. Elle lui apprit beaucoup plus de la profonde réalité de la grâce et de la fidélité de Dieu, qu'il n'en avait jamais connu jusqu'alors. Il vit là que, descendu au plus profond de l'abîme, sans aucune ressource du côté de l'homme, il y trouvait Dieu dans toute la plénitude de sa grâce. Leçon bien précieuse! Puissions-nous l'apprendre aussi par son exemple! Pouvons-nous nous appuyer sur le Seigneur, au milieu de la ruine qui nous entoure? Est-il pour nos âmes au-dessus de tout et de tous? Pouvons-nous nous fortifier en lui, lorsque tout, intérieurement et extérieurement, semble directement contre nous? Son nom nous est-il cher dans ces jours de faiblesse, de déclin, de mondanité et de froid formalisme? Sommes-nous prêts à poursuivre le reste de notre course à travers le désert, seuls et au milieu de l'abandon de tous, si cela est nécessaire? Il se peut que nous ayons appris à ne plus regarder aux enfants de ce présent siècle; mais sommes-nous préparés à perdre l'amour et la confiance de nos frères? Les compagnons de David parlaient de le lapider; mais l'Eternel lui était plus précieux qu'eux tous; il était son Dieu. Connaissons-nous la puissance et la consolation qui se trouve dans ce fait: avoir Dieu pour son Dieu? Que le Seigneur nous accorde de le savoir toujours mieux.

Avant de terminer ce chapitre, je voudrais appeler l'attention du lecteur sur la scène instructive qui se passe entre David et le jeune Egyptien, serviteur d'un homme amalékite. Je ne prétends nullement que nous avons dans ce récit un type positif, mais nous y trouvons une illustration frappante, propre à faire comprendre un enseignement important de l'Ecriture: celui du sixième chapitre de l'épître aux Romains.

Afin de saisir l'instruction qui se trouve dans ce passage (chapitre 30: 11-16), rappelons-nous la différence qui existe entre l'Egypte et Amalek. Le premier de ces deux peuples est associé à la bénédiction d'Israël aux derniers jours: «En ce jour-là», dit le Seigneur, «Israël sera le troisième, avec l'Egypte et avec l'Assyrie, une bénédiction au milieu de la terre; car l'Eternel des armées le bénira, disant: Béni soit l'Egypte, mon peuple, et l'Assyrie, l'ouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage» (Esaïe 19: 23-25). D'Amalek, au contraire, il est dit: «L'Eternel a juré que l'Eternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération» (Exode 18: 16). Un Egyptien et un Amalékite se trouvaient donc à l'égard d'Israël, dans deux relations très différentes.

Or le jeune homme, dont parle notre passage, était égyptien, et son maître, un Amalékite, l'avait abandonné, parce qu'il était malade. Tel était le traitement qu'il avait éprouvé; son maître l'avait abandonné à l'heure du besoin, parce qu'il ne pouvait plus lui rendre de services. Mais sa misère même est ce qui lui attire les sympathies de David, qui le rafraîchit et ranime son esprit. David le trouve affaibli et défaillant, près de mourir, par suite de son service précédent, et l'ayant rappelé à la vie, il lui demande: «Me ferais-tu descendre vers cette troupe?» Il réclame son droit au service et au dévouement de celui qui lui doit tout après Dieu; mais le jeune homme, quoique tout à fait ranimé, était incapable d'agir avec David, jusqu'à ce qu'il possédât la pleine assurance que la vie et la liberté lui étaient garanties. «Jure-moi par Dieu», dit-il à David, «que tu ne me feras pas mourir, et que tu ne me livreras pas en la main de mon maître, et je te ferai descendre vers cette troupe». Il ne pouvait pas servir David, à moins d'être entièrement assuré qu'il était délivré de la puissance de son ancien maître.

Voyons comment, ainsi que je l'ai dit, ce récit présente une illustration de l'enseignement de Paul, dans le chapitre 6 de l'épître aux Romains.

Le croyant a besoin de savoir, qu'il est absolument délivré de la domination de son ancien maître, la chair, avant de pouvoir, avec confiance, s'appliquer à servir Christ. Nous avons éprouvé quelle amertume il y a à servir la chair, comme l'apôtre le dit: «Quel fruit donc aviez-vous alors des choses dont maintenant vous avez honte? car la fin de ces choses est la mort». Il est tout à fait impossible de marcher en paix et en liberté, à moins de savoir où nous ont placés la mort et la résurrection. Jusqu'à ce que nous ayons appris et cru que le péché n'a plus de domination sur nous, nous sommes nécessairement occupés de nous-mêmes, car nous découvrons constamment l'activité du mal qui habite en nous, et nous sommes ainsi remplis de la crainte de retomber entre les mains de notre précédent oppresseur. On peut être tout à fait au clair sur la justification par la foi; on peut comprendre ce que c'est que de se reposer sur l'oeuvre parfaite de Christ à l'égard des péchés passés, et cependant être tellement troublé par le péché qui habite en nous, c'est-à-dire dans la chair, que l'on soit tout à fait empêché de servir Christ et l'Eglise. L'évangile de la grâce de Dieu, saisi dans sa divine plénitude, met l'âme au large, non seulement quant au passé, mais aussi quant au présent et au futur. Dieu nous a pardonné TOUS nos péchés, et non pas seulement quelques-uns; et non seulement il pardonne les péchés, mais il nous délivre aussi de la puissance du péché, comme nous lisons en Romains 6: «Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce». C'est là une bien précieuse vérité pour ceux qui sont journellement tourmentés par la semence du péché qui est au dedans de nous. Bien que le péché habite en nous, dans notre chair, il ne règne cependant pas sur nous. Et comment s'est accomplie cette délivrance? Par la mort et la résurrection. «Celui qui est mort est justifié du péché». Quel droit le péché a-t-il sur un homme mort? Aucun. Eh bien, Dieu regarde le croyant comme mort — mort avec Christ et ressuscité aussi, et la puissance du croyant contre le péché consiste à se tenir pour ce que Dieu lui dit qu'il est à l'égard du péché — c'est-à-dire mort. Ainsi, de même que le serment de David mit en repos l'esprit du jeune homme égyptien, et le rendit capable de combattre avec lui contre les Amalékites, de même la parole de Christ bannit du coeur du croyant la crainte et l'hésitation, et le rend capable, par l'Esprit, d'agir contre son premier maître, la chair. La grâce nous assure qu'il a été pleinement pourvu à tout ce qui nous concerne pour le temps et pour l'éternité, par la mort et la résurrection de Christ, et elle nous montre que notre unique affaire maintenant est de vivre pour la gloire et à la louange de Celui qui est mort pour nous et qui a été ressuscité.

«Quoi donc! pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce?» Pensez-vous que le jeune homme égyptien aurait pu retourner auprès de son maître amalékite? Non, ç'aurait été impossible. Quelle récompense avait-il eue de son précédent service? L'abandon et la misère. Et quel fruit avons-nous eu du nôtre? La mort, car les gages du péché c'est la mort. Le monde, la chair et le diable, ne peuvent que nous conduire en enfer. Qu'on les serve de quelque manière que ce soit, la fin en est la ruine et la mort. Les hommes peuvent ne pas voir cela, ni désirer le voir, mais ce n'en est pas moins vrai. «Il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement»; voilà ce qui est réservé aux hommes; mais Christ a tout porté pour le croyant; la mort et le jugement ont passé pour toujours, et il ne reste rien d'autre pour l'âme sauvée que de suivre, avec joie et liberté de coeur, le vrai David contre ses ennemis. Christ a tout accompli pour nous, afin que nous puissions agir pour lui, durant ce temps où il est rejeté. Il a souffert pour nous hors de la porte, et maintenant il nous appelle à sortir vers lui, portant son opprobre. Le croyant ne fait pas des oeuvres pour obtenir la vie, mais parce qu'il la possède. Il commence sa course chrétienne avec la pleine assurance qu'il est pardonné et agréé dans le Bien-aimé. La parfaite justification est son point de départ, et la gloire son but. «Ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés». Il est bon de saisir cette grande vérité avec la simplicité la plus grande. Plusieurs s'imaginent que nous ne pouvons jamais savoir ici-bas que nos péchés sont pardonnés. Or, si nous ne pouvons pas savoir que nos péchés sont pardonnés, nous ne pouvons pas savoir non plus que la parole de Dieu est vraie et que l'oeuvre de Christ est parfaite. Voudrait-on maintenir cela? Les deux choses reposent sur la même base. Le pardon des péchés et la vérité de la parole de Dieu, sont des choses unies ensemble dans le précieux évangile de Christ. Si vous doutez du pardon des péchés, vous mettez en question la vérité des paroles de Christ: «C'EST ACCOMPLI»; paroles prononcées dans les circonstances les plus solennelles.

Nous savons combien il est difficile pour le coeur de se reposer, avec une entière simplicité, sur ce que Dieu nous affirme relativement à la pleine rémission des péchés par le sang de Christ. Nos pensées sont trop superficielles et trop étroites pour saisir toute la splendeur de la grâce divine. Nous sommes trop remplis de légalisme, trop pleins de nous-mêmes. Nous pensons — et c'est bien vainement — que nous pouvons ajouter quelque chose à ce que Christ a accompli, soit oeuvres, sentiments ou expériences. Tout cela doit être mis de côté. Christ seul est le grand fondement, le rocher éternel, la forteresse du salut. Ajouter même la circoncision, dit Paul, fait que Christ ne profite de rien (Galates 5: 2); c'est déchoir de la grâce, et nous rendre obligés de garder toute la loi; c'est ainsi nous exposer à la malédiction et à la colère: «Tous ceux qui sont sur le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction».

Puissions-nous nous attacher à Christ avec un sentiment plus profond de notre indignité et de sa perfection. Puissions-nous nous envelopper, pour ainsi dire, de lui, en traversant ce monde froid, indifférent et sans foi.

Chapitre 6 - Le retour de l'arche

(2 Samuel 6; 1 Chroniques 13)

Nous sommes maintenant appelés à suivre David des scènes de son exil à celles de son gouvernement. L'histoire de Saül avait pris fin; il avait trouvé la mort par la main d'un Amalékite, d'un homme de cette nation même que, dans sa désobéissance, il avait épargnée. Jonathan aussi était tombé avec son père sur le mont Guilboa, et David avait prononcé sur les deux sa sublime, complainte. David s'était toujours conduit à l'égard de Saül dans le plein sentiment qu'il avait devant lui l'oint de l'Eternel; lorsqu'il apprend sa mort, il ne manifeste en rien la satisfaction ou le triomphe, au contraire, il pleure sur Saül et invite ceux qui l'entourent à se joindre à lui. Nous ne voyons non plus chez David aucune hâte à monter sur le trône laissé vacant pour lui. Il attend pour cela la direction de l'Eternel. «David interrogea l'Eternel, disant: Monterai-je dans une des villes de Juda? Et l'Eternel lui dit: Monte. Et David dit: Où monterai-je? Et il dit: A Hébron». C'était la vraie dépendance. La nature l'aurait poussé à occuper promptement la place d'honneur, mais David s'attendait à l'Eternel, et ne voulait agir que dirigé par lui. Il eût été heureux pour lui de continuer dans la même voie de dépendance enfantine.

Mais, hélas! nous remarquerons bien plus de la nature en David durant la période de son élévation que dans celle où il était rejeté. Un temps de paix et de prospérité tend à développer et à amener à maturité bien des semences de mal que le vent de l'adversité flétrit et empêche de se montrer. David trouva plus d'épines et de dangers sur le trône que dans le désert.

Sa première erreur, après son accession au trône d'Israël, fut commise en rapport avec l'arche de l'Eternel. Il désirait l'amener dans la cité de Jérusalem et la placer en son lieu. Cette pensée était bonne et désirable, mais comment fallait-il l'exécuter? telle était la question. Il y avait deux modes de faire: l'un que prescrivait la parole de Dieu; l'autre qu'avaient indiqué les sacrificateurs et les devins des Philistins, quand ils renvoyèrent l'arche de leur pays. La parole de Dieu était parfaitement claire sur ce point important. Elle indiquait d'une manière simple et précise comment devait être portée l'arche de l'Eternel des armées, savoir sur les épaules d'hommes choisis et mis à part dans ce but (voyez Nombres 3 et 8). Les Philistins ne savaient rien de cela, et, par conséquent, imaginèrent un moyen complètement opposé à celui de Dieu, comme l'on pouvait s'y attendre. Toutes les fois que l'homme entreprend de régler les choses de Dieu, on peut être sûr qu'il commettra les plus grandes méprises, parce que «l'homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie; et il ne peut les connaître, parce qu'elles se discernent spirituellement». C'est pourquoi, bien que la manière de faire des Philistins à l'égard du renvoi de l'arche, fût convenable aux yeux des hommes, elle n'était cependant pas de Dieu. Les serviteurs de Dagon étaient peu qualifiés pour régler l'ordre du service divin. Ils pensaient qu'un chariot neuf conviendrait aussi bien qu'autre chose, et en effet, ç'aurait bien été pour le service de Dagon, mais eux ne voyaient aucune différence. Ils avaient une fois tremblé à la vue de l'arche, mais l'infidélité d'Israël lui avait fait perdre à leurs yeux sa solennité. Il est vrai que la destruction de leur dieu les avait vivement impressionnés, et que la gloire et la puissance du Dieu à qui appartenait cette arche avaient ainsi été solennellement affirmées, mais les Philistins ne comprenaient pas la profonde signification de l'arche, ni ne connaissaient son merveilleux contenu. Tout cela dépassait leur intelligence, c'est pourquoi ils ne pouvaient trouver rien de mieux pour la reporter en son lieu que le chariot neuf: une chose sans vie au lieu d'hommes vivants.

Ils ne connaissaient rien des pensées de Dieu, mais David aurait dû les connaître et agir tout d'abord d'après elles, sans s'occuper, pour le service de Dieu, des pensées et des traditions des hommes. Il aurait dû puiser ses directions à une source plus élevée — dans les claires paroles du livre de la loi. C'est une chose funeste quand les enfants du royaume se conforment aux hommes du monde et suivent leurs sentiers. Ils ne peuvent le faire qu'au grand préjudice de leurs âmes, et en sacrifiant la vérité et le témoignage. Les Philistins, dans leur ignorance, avaient employé un chariot neuf et rien n'arriva qui leur montrât leur erreur. Mais Dieu ne pouvait permettre à David d'agir comme eux. Et aujourd'hui aussi, les hommes de ce monde peuvent promulguer leurs canons, enregistrer leurs lois, décréter leurs cérémonies religieuses, mais les enfants de Dieu, guidés par le Saint Esprit et la parole de Dieu, descendront-ils de leur haute position, laisseront-ils leurs merveilleux privilèges, pour se laisser influencer et conduire par ces choses du monde? Ils peuvent le faire, mais certainement ils en subiront les tristes conséquences et y perdront.

David devait être instruit de sa faute par une douloureuse expérience; car «lorsqu'ils arrivèrent à l'aire de Kidon, Uzza étendit sa main pour saisir l'arche, parce que les boeufs avaient bronché». La misérable faiblesse, la folie et l'inconséquence de cette manière d'agir, furent alors pleinement manifestées. Les Lévites, serviteurs de Dieu, avaient porté l'arche d'Horeb au Jourdain, et nulle part il ne nous est dit qu'ils eussent bronché. C'était l'ordre divin, tandis que le chariot et les boeufs étaient l'ordre humain. Qui aurait pensé qu'un Israélite placerait l'arche de l'Eternel des armées sur un chariot traîné par des boeufs? Aussi voyons-nous le fâcheux effet de se détourner même en la moindre chose, de la parole de Dieu, pour suivre des traditions: «les boeufs avaient bronché». C'est tout ce à quoi l'on pouvait s'attendre. L'arrangement que l'on avait fait était un de ces «faibles et misérables éléments» du monde; l'Eternel le manifesta clairement. L'arche n'aurait jamais dû se trouver dans cette position déshonorante; des boeufs n'étaient pas faits pour un tel fardeau.

«Et la colère de l'Eternel s'embrasa contre Uzza, et il le frappa, parce qu'il avait étendu sa main sur l'arche; et il mourut là devant Dieu». En vérité, le jugement doit «commencer par la maison de Dieu». L'Eternel jugea David pour avoir fait comme les Philistins, alors que ceux-ci n'en avaient rien souffert. Plus un homme a une position rapprochée de Dieu, plus rapidement aussi le jugement tombera sur lui pour un mal quelconque. Toutefois, cela ne présente aucun encouragement à l'homme du monde, car, comme le dit l'apôtre: «Si le jugement commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de Dieu? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra l'impie et le pécheur?» Si Dieu juge les siens, que deviendra l'homme du monde? C'est une question saisissante. Les Philistins, bien qu'ils eussent échappé au jugement de Dieu dans l'affaire du retour de l'arche, eurent à le rencontrer d'une autre manière. Dieu agit envers tous selon ses propres principes de sainteté, et la brèche faite en la personne d'Uzza était destinée à rappeler David à une juste appréciation de la pensée de Dieu relativement à l'arche de sa force. Mais cet effet ne semble pas d'abord avoir été produit. «Alors David fut irrité, car l'Eternel avait fait une brèche en la personne d'Uzza; et il appela ce lieu-là du nom de Pérets-Uzza, qui lui est resté jusqu'à ce jour. Et David eut peur de Dieu en ce jour-là, disant: Comment ferais-je entrer chez moi l'arche de Dieu?» Il y a là un grand enseignement pour nous. David avait fait une bonne chose, mais l'avait mal faite, et quand Dieu exerce un jugement sur son mode d'action, il désespère de pouvoir jamais faire la chose. Nous tombons aisément dans cette erreur. Nous commençons mal ou dans un mauvais esprit, que Dieu ne peut approuver, quelque chose qui est bon en soi, et alors l'esprit dans lequel nous agissons, ou notre manière de faire, sont confondus avec le service dans lequel nous sommes engagés. Or nous devons toujours distinguer entre ce que les hommes font, et comment ils le font. Faire monter l'arche de Kiriath-Jéarim pour l'amener à Jérusalem était une bonne chose, que Dieu approuvait, la mettre sur un chariot ne l'était pas, et tombait sous le jugement de Dieu. Dieu ne permet pas que ses enfants poursuivent son oeuvre en agissant d'après de mauvais principes. Ils peuvent le faire pendant un temps avec un succès apparent, ainsi nous voyons que «David et tout le peuple s'égayaient devant Dieu de toute leur force, avec des cantiques, et des harpes, et des luths, et des tambourins, et des cymbales, et des trompettes». La scène était imposante. Il aurait été difficile à quelqu'un de soulever une objection contre ce que faisait David. Lui-même et les chefs de son armée avec les princes d'Israël, se trouvaient à la tête de cette cérémonie solennelle, et l'éclat des instruments de musique aurait étouffé toute parole d'opposition. Mais avec quelle promptitude toute cette pompe triomphale se trouve arrêtée: «Les boeufs ont bronché.»; — «Uzza étend sa main», comme si l'Eternel eût pu permettre que l'arche de sa force tombât par terre. Celui qui avait maintenu la dignité de cette arche même dans la sombre solitude de la maison de Dagon, saurait bien aussi la garantir de tout déshonneur au milieu des manquements et de la confusion qui régnaient parmi son peuple. C'était une chose sérieuse que d'être près de l'arche de Dieu, d'approcher de ce qui était le symbole tout spécial de la présence divine au milieu de l'assemblée d'Israël. Et c'est une chose sérieuse de porter le nom de Christ et d'être les dépositaires de la vérité en rapport avec sa Personne sainte. Nous devrions tous le sentir plus profondément. Nous sommes trop enclins à considérer comme une chose de peu d'importance de porter la main sur l'arche; tous ceux qui le tentent souffriront, comme Uzza, de leur folle témérité.

Mais, dira-t-on, y a-t-il quelque chose qui réponde à l'arche et qui soit confié au soin et à la garde de l'Eglise? Oui, et c'est la Personne même du Fils de Dieu. Sa nature divine et sa nature humaine répondent à l'or et au bois de Sittim dont était formé l'arche. Les matériaux de l'arche étaient un type de sa Personne, comme Dieu et Homme à la fois; de même, le but et les usages de l'arche et du propitiatoire étaient un type de son oeuvre, soit dans sa vie, soit dans sa mort. L'arche renfermait les tables du témoignage, et le Fils de Dieu pouvait dire, en rapport avec le corps que Dieu lui avait préparé: «Ta loi est au dedans de mes entrailles» (Psaumes 40) Le propitiatoire parlait au pauvre pécheur de paix et de pardon, de «la miséricorde qui se glorifie devant le jugement»; et l'apôtre dit: «Christ est la propitiation pour nos péchés», et autre part: «Lequel Dieu a présenté pour propitiatoire».

Nous pouvons voir ainsi quel type remarquable l'arche de l'alliance était de Celui qui a rendu la loi grande et honorable, savoir Jésus, le Fils de Dieu, dont la glorieuse Personne doit être l'objet spécial que les saints ont à garder avec respect et affection contre toute atteinte. Et, de même que la puissance morale d'Israël était toujours en rapport avec la manière dont le peuple reconnaissait et appréciait la valeur de l'arche au milieu d'eux, de même la puissance de l'Eglise sera toujours en rapport avec le soin qu'elle mettra à maintenir la doctrine grande et de toute importance du Fils. C'est en vain que nous nous glorifierons dans l'oeuvre de nos mains, que nous nous vanterons de nos connaissances, de notre témoignage, de nos assemblées, de nos dons, de notre ministère, ou de quoi que ce soit. Si nous ne maintenons pas l'honneur du Fils, tout cela n'a en réalité, aucune valeur, nous marchons à la lumière des étincelles que nous avons allumées — étincelles bientôt éteintes, quand le Seigneur, dans sa fidélité, est obligé d'intervenir et de faire une brèche parmi nous. «David fut irrité» de cette brèche. C'était un coup douloureux porté à la joie et à l'allégresse manifestées en cette occasion, mais il était nécessaire. L'oeil fidèle de Dieu avait vu la triste condition morale que trahissait l'emploi du chariot neuf pour transporter l'arche, et la brèche faite en la personne d'Uzza était destinée à la corriger. Le résultat montra que le but avait été atteint.

 «David ne retira pas l'arche chez lui dans la ville de David, mais il la fit détourner dans la maison d'Obed-Edom, le Guitthien». Ce fut une perte pour David; en s'arrêtant comme il le fit, il se priva d'une grande bénédiction et d'un précieux privilège, car l'arche de l'Eternel ne pouvait qu'apporter la bénédiction pour tous ceux qui étaient dans une vraie relation avec elle, tandis que, sur ceux qui n'étaient pas dans cette relation, elle amenait le jugement, comme ce fut le cas pour les habitants de Beth-Shémesh et Uzza. Ce fut un heureux temps pour Obed-Edom que celui durant lequel l'arche fut dans sa maison, car «l'Eternel bénit sa maison et tout ce qui lui appartenait». Tout le temps que David eut peur et resta sans l'arche, Obed-Edom fut béni avec l'arche. Il est vrai que les choses pouvaient ne pas sembler réjouissantes; la bénédiction, au lieu d'être répandue dans toute la nation, comme ç'aurait été le cas si tout avait été en ordre, était confinée au cercle de ceux qui entouraient immédiatement celui qui avait l'arche dans sa maison. Mais la bénédiction, bien que restreinte, était aussi réelle et positive, aussi pure et vraie, que si toute la nation en avait joui. Il ne pouvait en être autrement, puisque c'était le résultat de la présence de l'arche. Dieu est toujours fidèle à ses principes et rendra heureux ceux qui marchent dans l'obéissance, et de même qu'il bénit Obed-Edom durant les trois mois que l'arche fut dans sa maison, il bénira aussi maintenant ceux qui cherchent à se réunir en vérité et en simplicité au nom de Jésus. «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux». Tel est le grand principe de notre rassemblement. Là où est la présence de Christ, là est la bénédiction. La pauvreté et la faiblesse peuvent s'y trouver, sans doute, mais avec cela la bénédiction et la consolation, parce que Jésus est là; et plus nous aurons le sentiment de notre faiblesse, de notre impuissance et de notre néant, plus sa présence sera aimée et appréciée.

Les chrétiens devraient chercher à connaître davantage la présence de Jésus dans leurs réunions. Nous n'avons pas besoin de sermons, d'éloquence puissante, d'intelligence humaine, de rien qui vienne seulement de l'homme, nous avons besoin de la présence de Jésus: sans elle, tout est nu, froid et sans vie. Qui dira le bonheur qui se trouve dans la réalisation de la présence du Maître? Qui pourra exprimer le sentiment de joie délicieuse connue de ceux sur qui découle la rosée des bénédictions divines? Béni soit Dieu, plusieurs la connaissent! Grâces lui soient rendues de ce qu'en ces jours, où les tristes effets des traditions humaines ne sont que trop apparents dans l'Eglise, il y a cependant quelque chose qui répond à la maison d'Obed-Edom, le Guitthien, où la présence de la vraie arche, et la bénédiction de Dieu qui en est la conséquence, sont connues et appréciées! Sachons toujours mieux en jouir au milieu de la confusion qui règne autour de nous!

Nous nous arrêterons maintenant pendant quelques moments, pour considérer la manière pleine de grâce avec laquelle Dieu agit pour restaurer l'âme de son serviteur David. La vie de la foi n'est guère qu'une série de chutes et de restaurations, d'erreurs et de corrections, montrant d'une part, la faiblesse de l'homme et, de l'autre, la grâce et la puissance de Dieu. Nous le voyons chez David.

Il y a une grande différence dans la manière dont le livre de Samuel et celui des Chroniques rapportent le retour de l'arche. Dans l'un, nous avons simplement le récit des faits, dans l'autre, nous trouvons l'exercice moral par lequel l'âme de David eut à passer pendant le temps où il avait peur de Dieu et souffrait des effets de sa méprise. Dans le livre de Samuel, nous lisons «Et on rapporta au roi David, en disant L'Eternel a béni la maison d'Obed-Edom et tout ce qui est à lui, à cause de l'arche de Dieu. Et David alla, et fit monter l'arche de Dieu de la maison d'Obed-Edom dans la ville de David, avec joie». David apprend qu'au lieu de rester éloigné de l'arche par crainte, c'était réellement son privilège et sa bénédiction que d'en être rapproché. Le chapitre 14 du premier livre des Chroniques nous montre David en guerre avec les Philistins, et remportant la victoire sur eux. «David interrogea Dieu, disant: Monterai-je contre les Philistins, et les livreras-tu en mes mains? Et l'Eternel lui dit: Monte, et je les livrerai en ta main. Et ils montèrent en Baal-Peratsim, et là, David les frappa; et David dit: Dieu a fait une brèche au milieu de mes ennemis par ma main, comme une brèche faite par les eaux; c'est pourquoi on appela le nom de ce lieu Baal-Peratsim (c'est-à-dire Baal des Brèches). Il y a une grande différence entre une brèche et un lieu de brèches. Dieu avait fait une brèche en Israël à cause de l'erreur commise à l'égard de l'arche; quant aux Philistins, ils étaient tout à fait en un lieu de brèches, et David put voir la faute qu'il avait faite en suivant leur exemple, quand il plaça l'arche sur un chariot neuf.

Aussi lisons-nous au chapitre 15: «Et il fit pour lui des maisons dans la ville de David, et prépara un lieu pour l'arche de Dieu, et tendit une tente pour elle. Alors David dit: Il ne convient pas que l'arche de Dieu soit portée par personne excepté les Lévites; car l'Eternel les a choisis pour porter l'arche de Dieu et pour en faire le service à toujours». Puis s'adressant aux chefs des pères des Lévites, il leur dit: «Sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter l'arche de l'Eternel, le Dieu d'Israël, au lieu que je lui ai préparé. Car, parce que vous ne l'avez pas fait la première fois, l'Eternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous; car nous ne l'avons pas recherché conformément à l'ordonnance». L'âme de David se trouvait ainsi pleinement restaurée. Il avait été amené à voir que suivre le courant des pensées humaines était contraire à l'ordonnance. Qui peut enseigner comme Dieu! Lorsque David agissait d'une manière que Dieu ne pouvait approuver, Dieu fit en Israël une brèche de sa propre main. Il ne pouvait pas permettre aux Philistins de le faire; au contraire, il donne à David de voir ses ennemis dans un lieu de brèches et le rend capable de les frapper. Ainsi Dieu enseigne, et David apprend ce qu'était «l'ordonnance». Il apprend, pour ainsi dire, à ôter l'arche de dessus le chariot neuf pour la placer sur les épaules des Lévites , que l'Eternel avait choisis pour en faire le service à toujours. David apprit à mettre de côté les traditions humaines et à suivre, en toute simplicité, la parole de Dieu écrite, qui ne disait rien d'un chariot ni de boeufs. «Il ne convient pas que l'arche de Dieu soit portée par personne, excepté les Lévites». C'était clair. Toute la méprise et la faute de David provenaient de l'oubli de la parole de Dieu, et du fait d'avoir suivi l'exemple des incirconcis, qui n'avaient aucune capacité pour comprendre la pensée de Dieu sur quelque question que ce fût, et surtout sur celle du transport de l'arche.

De quelle manière merveilleuse et pleine de grâce l'Eternel enseigne son serviteur! C'est par la victoire qu'il lui fait remporter sur ses ennemis. Le Seigneur enseigne ainsi souvent les siens, lorsqu'ils cherchent vainement à suivre les hommes du monde dans leur voie. Il leur montre que ce n'est pas à eux de suivre de tels modèles. La «brèche» d'Uzza apprend à David son erreur, «Baal-Peratsim» lui apprend l'ordonnance de Dieu. Si la première chose lui a appris que l'emploi du chariot neuf était une folie, la seconde lui fait connaître la valeur des Lévites, et leur place dans le service de Dieu. Dieu reste fidèle à ce qu'il a établi; il ne peut permettre que ses serviteurs se départent impunément de l'ordre qu'il a prescrit. C'est pourquoi, l'arche fût demeurée jusqu'à la fin chez Obed-Edom, si David n'avait pas appris à rejeter sa manière de la transporter pour suivre l'ordonnance de Dieu.

«Et les sacrificateurs et les Lévites se sanctifièrent pour faire monter l'arche de l'Eternel, le Dieu d'Israël. Et les fils des Lévites portèrent l'arche de Dieu sur leurs épaules, avec les barres sur eux, comme Moïse l'avait commandé, selon la parole de l'Eternel». En tout cela, l'Eternel était glorifié, et pouvait, par conséquent, répandre une vraie joie, une réelle allégresse, donner de la force et de l'énergie. Il n'y avait plus de boeufs qui bronchaient, plus d'effort humain pour retenir l'arche; la vérité de Dieu dominait, et sa puissance pouvait agir. Il n'y a aucune vraie puissance là où la vérité est sacrifiée. Il peut y en avoir l'apparence, une prétention de l'avoir, mais point de réalité. Comment y en aurait-il? Dieu est la source de la puissance, mais Dieu ne peut s'associer à rien de ce qui n'est pas en pleine harmonie avec sa vérité. C'est pourquoi, bien que dans la première tentative d'amener l'arche dans la cité de David, lui et «tout Israël s'égayassent devant Dieu de toute leur force, avec des cantiques, etc.», il n'y avait pas là de Lévites et de chantres établis selon l'ordonnance divine. Dieu était exclu par l'arrangement humain, et tout prit fin dans la confusion et le deuil. La chose est bien différente dans le chapitre 15. On y voit une joie et une puissance réelles. «Et il arriva que, quand Dieu aida les Lévites qui portaient l'arche de l'alliance de l'Eternel, ils sacrifièrent sept veaux et sept béliers. Et David était vêtu d'une robe de fin lin, ainsi que tous les Lévites qui portaient l'arche, et les chantres, et Kérania, le chef de la musique des chantres». C'était une scène à laquelle Dieu pouvait s'associer. Il n'avait pas aidé les boeufs, ni Uzza; des boeufs traînant un char sous la conduite d'un homme n'avaient pas autrefois porté l'arche à travers les eaux du Jourdain, ou autour des murailles de Jéricho. Les Lévites l'avaient portée; c'était leur charge, rien d'autre ne pouvait les remplacer. L'ordre établi de Dieu est le seul bon à suivre et le seul qui rende heureux. Il peut ne pas gagner l'approbation des hommes, mais ce qui porte le sceau de l'approbation divine sera toujours suffisant pour tout cœur fidèle. David fut rendu capable de supporter la raillerie méprisante que lui lança Mical, la fille de Saül, parce qu'IL SAUTAIT ET JOUAIT DEVANT L'ETERNEL. Ecoutons la belle réponse qu'il fit à ses reproches: «Ça été devant l'Eternel, qui m'a choisi plutôt que ton père et que toute sa maison, pour m'établir prince sur le peuple de l'Eternel, sur Israël; et j'ai dansé devant l'Eternel; et je me rendrai plus vil encore que cela, et je serai abaissé à mes yeux». Précieuse détermination. Puisse-t-elle être la nôtre! Vils à nos yeux, — heureux en Dieu. Humiliés jusque dans la poussière, dans le sentiment de notre indignité, — élevés en haut dans le sentiment de la grâce et de l'amour miséricordieux de notre Dieu.

Le lecteur remarquera que le chapitre 16 n'est que le développement de l'esprit qui respire dans la citation que nous venons de faire. C'est le moi qui se cache pour laisser paraître le caractère et les voies de Dieu. C'est un chant de louanges que l'on n'a qu'à lire pour se sentir rafraîchi. J'attirerai seulement l'attention sur le dernier verset du cantique, où nous trouvons quatre grandes caractéristiques du peuple de Dieu que nous pouvons appliquer à l'Eglise. «Sauve-nous, ô Dieu de notre salut; et rassemble-nous et délivre-nous d'entre les nations, afin que nous célébrions ton saint nom, et que nous nous glorifiions de ta louange».

L'Eglise de Dieu est une compagnie d'hommes sauvés. Le salut est à la base de tout. Nous ne pouvons posséder les autres caractères que ce verset assigne au peuple de Dieu, avant de nous savoir sauvés par la grâce de Dieu, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ.

Dans la puissance de ce salut, l'Eglise est rassemblée par l'énergie du Saint Esprit envoyé du ciel. Le véritable effet de l'action de l'Esprit sera d'amener en communion tous ceux qui se laissent guider par lui. L'ordre selon l'Esprit Saint n'est pas l'isolement, mais une heureuse association dans la vérité. Si le salut est ignoré, notre rassemblement ne sera pas à la gloire de Dieu, mais, comme l'on dit, pour l'avancement de nos intérêts spirituels. Souvent les hommes s'associent dans un but religieux, sans l'assurance d'être pleinement et parfaitement sauvés par le précieux sang de Christ. Ce n'est pas le mode suivant lequel l'Esprit Saint rassemble; il assemble seulement autour de Jésus, et sur le fondement glorieux de ce que Christ a accompli. La confession de Christ comme Fils du Dieu vivant est le Roc sur lequel l'Eglise est bâtie. Ce n'est pas l'accord dans les vues religieuses qui constitue la communion de l'Eglise, mais la possession d'une vie commune en vertu de l'union des membres avec le Chef, la Tête de l'Eglise, dans le ciel.

Or, plus cette divine association sera réalisée, plus nous présenterons le troisième caractère qu'indique notre verset, c'est-à-dire la séparation: «Délivre-nous d'entre les nations». L'Eglise est tirée hors du monde, bien qu'appelée à y être le témoin pour Christ. Tout ce qui se trouve dans l'Eglise est sous le gouvernement du Saint Esprit; tout ce qui est en dehors, est sous la domination de Satan, le prince de ce monde. C'est là l'enseignement de l'Ecriture touchant l'Eglise. C'est pour cela que l'apôtre, parlant de l'excommunication d'un coupable, dit: «Livrez un tel homme à Satan», et aussi: «Que j'ai livrés à Satan». En dehors de l'enceinte de l'Eglise, se trouve un vaste et lugubre domaine, sur lequel Satan règne, région semblable à celle où le lépreux était relégué hors du camp d'Israël.

En dernier lieu, l'Eglise est un ensemble d'adorateurs: «Afin que nous célébrions ton saint nom». Et cela suit ce que nous avons considéré. Le salut, l'association, la séparation et l'adoration, sont quatre choses liées entre elles. Les membres du corps de Christ respirant l'atmosphère du salut de Dieu, sont conduits par l'Esprit dans une sainte et heureuse communion et mis à part pour Jésus, réunis à son nom, hors du camp, ils offrent à Dieu le fruit de leurs lèvres, en bénissant son saint nom.

Chapitre 7- La maison de David et la maison de Dieu

(2 Samuel 7; 1 Chroniques 29)

Rien ne manifeste plus l'étroitesse du coeur de l'homme que son appréciation de la grâce divine. C'est vers le légalisme que nous sommes le plus inclinés, parce qu'il donne au moi une place et nous fait être quelque chose. Or, c'est précisément ce que Dieu ne veut point permettre: «En sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu», est-il écrit, et c'est une parole que rien ne peut annuler. Dieu doit être tout, accomplir, remplir et donner tout.

Lorsque le psalmiste demandait: «Que rendrai-je à l'Eternel pour tous les biens qu'il m'a faits?» c'était, sans nul doute, une pieuse pensée; mais quelle est la réponse: «Je prendrai la coupe des délivrances». Le moyen de «rendre» à Dieu, c'est de «prendre» plus largement de sa riche main. Recevoir avec reconnaissance et sans raisonnement la grâce, être un vase qu'elle remplisse, glorifie Dieu beaucoup plus que tout ce que nous pourrions lui rendre.

L'évangile de la grâce de Dieu met l'homme entièrement de côté comme un être ruiné, impuissant et coupable; comme une créature qui, livrée à elle-même, ne peut que gâter tout ce qu'elle touche et agir contrairement à tout ce qui pourrait lui être en bénédiction. C'est pour cela que Dieu seul pouvait agir dans l'oeuvre de la rédemption. Dans ses conseils de grâce seuls, sa toute-sagesse en a tracé le plan avant que les montagnes fussent établies. Par sa toute-puissance seule, elle fut accomplie dans l'offrande de Jésus Christ, faite une fois pour toutes, et ce n'est que par l'Esprit éternel qu'un pauvre pécheur, mort dans ses fautes, peut être vivifié et croire les bonnes et glorieuses nouvelles de la paix.

C'est ce qui ferme absolument la bouche à tout homme, pour autant qu'il s'agit de sa propre justice. Toute vanterie est exclue, car l'homme ne peut se glorifier dans une sphère dont il est banni sous tous les rapports, sauf comme vase indigne. Combien toutes ces choses devraient nous rendre heureux! Qu'il est précieux d'être les objets d'une semblable grâce, d'une grâce qui efface tous nos péchés, qui met la conscience en repos, et sanctifie toutes les affections du coeur! Bénie soit à jamais la source d'où découle pour de pauvres pécheurs coupables et dignes de l'enfer, cette grâce qui les sauve; béni soit le canal par lequel elle nous est transmise!

Le chapitre 7 du second livre de Samuel est rempli d'instruction quant au grand principe de la grâce. L'Eternel avait fait beaucoup pour son serviteur David. Il l'avait élevé de la profondeur de son obscurité à la plus haute dignité; David le sentait et était disposé à regarder autour de lui, et à compter les nombreuses et précieuses grâces dont son sentier avait été semé. «Et quand le roi habita dans sa maison, et que, tout autour, l'Eternel lui eut donné du repos de tous ses ennemis, il arriva que le roi dit à Nathan, le prophète: Regarde, je te prie, moi j'habite dans une maison de cèdres, et l'arche de Dieu habite sous des tapis». Remarquez que «David habitait dans sa maison». Entouré de tout ce que l'Eternel lui avait donné, il croyait nécessaire de faire quelque chose pour Lui, mais ici encore, il errait dans ses pensées de lui bâtir une maison. L'arche, il est vrai, habitait encore sous une tente, parce que le temps n'était pas venu de lui trouver un lieu de repos. Dieu avait toujours suivi son peuple bien-aimé avec la plus tendre sympathie. Lorsque les Israélites étaient plongés dans la fournaise de la servitude égyptienne, l'Eternel se montre dans le buisson ardent; lorsqu'ils poursuivaient leur long et pénible voyage dans le désert brûlant, l'arche, son trône, voyageait avec eux, et sa gloire les accompagnait à travers les sables de la solitude. Lorsqu'ils campaient sous les murs redoutables de Jéricho, il était près d'eux, comme un guerrier, l'épée nue à la main, pour agir avec eux contre leurs ennemis. Ainsi, en tous les temps, Dieu et son Israël étaient ensemble; les Israélites étaient-ils en labeur, il y était avec eux; et, jusqu'à ce qu'ils eussent du repos, lui n'en voulait point avoir. Mais David voulait bâtir une maison et trouver pour Dieu un lieu de repos, tandis qu'il y avait à la fois «des ennemis et des événements fâcheux». Il désirait quitter la position et le service d'un homme de guerre, et prendre la place d'un homme de paix. Cela ne pouvait être. C'était contraire aux pensées et aux conseils du Dieu d'Israël. «Et il arriva, cette nuit-là, que la parole de l'Eternel vint à Nathan, disant: Va, et dis à mon serviteur David: Ainsi dit l'Eternel: Me bâtirais-tu une maison pour que j'y habite? car je n'ai pas habité dans une maison, depuis le jour où j'ai fait monter les fils d'Israël hors d'Egypte, jusqu'à ce jour; mais j'ai marché çà et là dans une tente et dans un tabernacle». L'Eternel ne voulait pas qu'un autre soleil se levât avant d'avoir corrigé l'erreur de son serviteur, et la manière dont il le fait est très caractéristique. Il place devant lui ses voies passées envers Israël et envers David lui-même. Il lui rappelle comment il n'avait jamais cherché à avoir une maison ou du repos pour lui-même, mais comment il avait marché çà et là avec son peuple dans toutes ses pérégrinations et avait été affligé dans toutes ses afflictions. «Partout où j'ai marché au milieu de tous les fils d'Israël, ai-je dit un mot à quelqu'une des tribus d'Israël à laquelle j'ai commandé de paître mon peuple Israël, en disant: Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdres?» Quelle grâce respire dans ces paroles! Le Dieu miséricordieux descendait pour être voyageur avec son peuple dans son chemin de fatigues et de labeurs. Il plaçait son pied dans les sables du désert, parce qu'Israël était là; sa gloire demeurait sous une tente recouverte de peaux de blaireaux, parce que ses rachetés habitaient sous des tentes et dans des circonstances militantes. Jéhovah ne cherchait pas une maison de cèdres, lorsqu'il descendait pour visiter les siens à l'heure de leur affliction en Egypte. Il était venu pour donner et non pour demander et prendre; pour dépenser et se dépenser, et non pour exiger; pour servir, et non pour être servi.

Il est vrai que, lorsque les enfants d'Israël se furent placés en Horeb, sous une alliance d'oeuvres, en disant: «Nous ferons», Dieu eut à les éprouver par la loi, ministère caractérisé par les mots: «Tu feras», et «Tu donneras», mais s'ils eussent marché dans la puissance de l'alliance que Dieu avait originairement traitée avec Abraham, jamais ils n'auraient entendu ces paroles exprimées au milieu des foudres de Sinaï. Lorsque l'Eternel descendit pour les délivrer de la main de Pharaon et de la maison de servitude; qu'il les porta sur des ailes d'aigle et les amena à lui; qu'il traça un chemin à travers la mer pour que ses rachetés y passassent, et qu'il engloutit dans les eaux les armées d'Egypte; lorsqu'il fit pleuvoir pour eux la manne des cieux et jaillir l'eau rafraîchissante du dur rocher; qu'il prit sa place dans la colonne de feu, la nuit, et dans la colonne de nuée, le jour, pour les guider à travers le désert, sans chemin tracé; lorsqu'il fit toutes ces choses pour eux, et encore bien davantage, certainement ce n'était pas sur le fondement de ce qu'ils avaient fait ou donné, mais en vertu de son amour éternel et de l'alliance de grâce traitée avec Abraham. Tel était le fondement sur lequel Dieu a agi envers eux; et quant à eux, tout ce qu'ils purent faire, ce fut de rejeter sa grâce, de fouler aux pieds ses lois, de mépriser ses avertissements, de refuser ses compassions, de lapider ses prophètes, de crucifier son Fils et de résister à son Esprit. Telle a été leur manière de faire du commencement à la fin, et ils en récoltent maintenant et en récolteront les fruits amers, jusqu'à ce qu'ils soient amenés, humiliés, à se soumettre avec reconnaissance à l'alliance de grâce.

C'est en faisant passer en revue devant David tout ce qu'il avait été pour son peuple, que l'Eternel lui apprend l'erreur qu'il commettait en voulant lui bâtir une maison: «Me bâtirais-tu une maison?… car je n'ai pas habité une maison, etc.… Maintenant, tu diras à mon serviteur, à David: Ainsi dit l'Eternel des armées: Je t'ai pris des parcs, d'auprès du menu bétail, pour que tu fusses prince sur mon peuple, sur Israël; et j'ai été avec toi partout où tu as marché; et j'ai retranché tous tes ennemis de devant toi, et je t'ai fait un grand nom, comme le nom des grands qui sont sur la terre. Et j'ai établi un lieu à mon peuple, à Israël, et je le planterai, et il habitera chez lui, et ne sera plus agité; et les fils d'iniquité ne l'affligeront plus, comme au commencement, et depuis le jour où j'ai établi des juges sur mon peuple Israël. Et je t'ai donné du repos de tous tes ennemis; et l'Eternel t'annonce que l'Eternel te fera une maison». David a ici à apprendre que son histoire, de même que celle de son peuple, n'était qu'un déploiement de la grâce du commencement jusqu'à la fin. Il est conduit, en pensée, des parcs des brebis jusqu'au trône, et du trône dans les âges sans fin de l'avenir, et il voit partout les actes de la grâce souveraine. La grâce l'avait choisi, l'avait élevé sur le trône, avait subjugué ses ennemis; la grâce devait le soutenir dans l'avenir, établir son trône et sa maison pour toutes les générations. Tout était grâce. David pouvait avec raison sentir que l'Eternel avait fait beaucoup pour lui. La maison de cèdres qu'il habitait était une grande chose pour le berger de Bethléem; mais qu'était-ce en comparaison de l'avenir que Dieu dévoilait à ses regards? Qu'était tout ce que Dieu avait fait, comparé avec ce qu'il voulait faire? «Quand tes jours seront accomplis et que tu dormiras avec tes pères, je susciterai après toi ta semence, qui sortira de tes entrailles, et j'affermirai son royaume. Lui, bâtira une maison à mon nom; et j'affermirai le trône de son royaume pour toujours». On voit donc que ce n'est pas seulement la courte durée de ses quarante années de règne, qui devait être caractérisée par un tel déploiement de grâce; non, il était parlé de la maison de David pour un long temps à venir, savoir pour toujours.

Lecteur, vers qui toutes ces merveilleuses promesses faites à David dirigent-elles nos regards? Devons-nous les considérer comme pleinement réalisées dans le règne de Salomon? Assurément non. Quelque glorieuse que fût la période durant laquelle ce monarque occupa le trône, elle ne correspond pas au magnifique tableau présenté à David: Ce ne fut dans un sens qu'un moment passager, où un brillant rayon de soleil traversa l'horizon du peuple d'Israël. A peine avons-nous contemplé Salomon au comble de la richesse et de l'honneur, que ces tristes paroles frappent nos oreilles: «Mais le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères… et il arriva que ses femmes détournèrent son coeur après d'autres dieux». A peine la coupe de toutes les plus exquises délices a-t-elle atteint ses lèvres, qu'elle est brisée par terre, et que son coeur désappointé s'écrie: «Vanité des vanités, tout est vanité». «Tout est vanité et tourment d'esprit».

Le livre de l'Ecclésiaste nous dira combien peu le règne de Salomon répond aux magnifiques promesses faites à David, dans ce septième chapitre du second livre de Samuel. Nous y trouvons les aspirations d'un coeur qui sent un vide douloureux, qui a parcouru, mais en vain, tout le vaste domaine de la création pour y chercher un objet qui le satisfasse. Il nous faut donc regarder au delà du règne de Salomon vers un plus grand que lui, vers Celui dont l'Esprit Saint parle, par la bouche de Zacharie, dans le premier chapitre de l'évangile de Luc: «Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, car il a visité et sauvé son peuple, et nous a suscité une corne de délivrance dans la maison de David, son serviteur, selon ce qu'il avait dit par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été de tout temps; une délivrance de tous nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent, pour accomplir la miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de sa sainte alliance, du serment qu'il a juré à Abraham, notre père». Et encore, dans les paroles de l'ange à Marie: «Voici, tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume». Ici, le coeur peut se reposer sans crainte d'être ébranlé. Il n'y a ni doute, ni hésitation, ni interruption, ni exception. On sent que l'on a sous les pieds un roc solide, le Rocher des siècles. On n'est plus ici, comme l'auteur de l'Ecclésiaste, obligé de déplorer l'absence d'un objet capable de remplir les coeurs et de satisfaire les désirs, mais plutôt, comme on l'a fait observer, l'on doit, ainsi que l'épouse du cantique, confesser son entier manque de capacité, pour jouir du glorieux objet présenté à l'âme.

«Il n'y aura pas de fin à son royaume». Les fondements de son trône sont posés dans les profondeurs de l'éternité; son sceptre est marqué du sceau de l'immortalité, et sa couronne porte l'empreinte de l'incorruptibilité. Il n'y aura point alors de Jéroboam pour s'emparer de dix parties du royaume; ce sera pour toujours un tout indivisible, sous l'empire paisible de Celui qui est «doux et humble de coeur». Telles sont les promesses de Dieu à la maison de son serviteur David. Celui à qui de telles grâces étaient accordées pouvait bien s'écrier dans son étonnement: «Qui suis-je, Seigneur Eternel, et quelle est ma maison, que tu m'aies amené jusqu'ici? Et encore, cela a été peu de chose à tes yeux, Seigneur Eternel!» Qu'était le passé, en comparaison de l'avenir? Dans l'un avait brillé la grâce, mais dans l'autre, resplendissait la gloire. «L'Eternel donne la grâce et la gloire». La grâce pose les fondations de l'édifice; la gloire le couronne. Cela est toujours vrai, mais à un degré suprême dans l'Eglise, comme nous le lisons dans l'épître aux Ephésiens: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ; selon qu'il nous a élus en lui, avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour… à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé… afin que (dans l'administration de la plénitude des temps) nous soyons à la louange de sa gloire». Et plus loin: «Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus».

Nous avons là la grâce et la gloire déployées devant nous de la manière la plus précieuse. La grâce établissant, sur des principes immuables, l'entière rémission des péchés par le sang précieux de Christ, et la pleine acceptation en sa personne bien-aimée; puis, dans le lointain, la gloire, illuminant de ses rayons immortels les âges à venir. C'est ainsi que la parole de Dieu s'adresse à deux grands principes dans le coeur du croyant: la foi et l'espérance. La foi repose sur le passé, l'espérance anticipe l'avenir; la foi s'appuie sur l'oeuvre divine déjà accomplie, l'espérance regarde en avant avec un ardent désir vers ce que Dieu veut encore faire. Quelle position pour le chrétien! de toutes parts, il est rattaché à Dieu lui-même. Dans le passé, il regarde à la croix sur laquelle il repose; dans le présent, il est soutenu, encouragé et consolé par la sacrificature et les promesses; pour l'avenir, il se glorifie dans l'espérance de la gloire de Dieu.

Demandons-nous quel fut l'effet produit sur David par ce déploiement de grâce et de gloire placé devant ses yeux. Une chose est certaine, c'est qu'en entendant les paroles du prophète, il revint de l'erreur où il était tombé en voulant échanger, ainsi que quelqu'un l'a dit, son glaive de guerrier contre la truelle du constructeur. Ces paroles lui firent sentir réellement son entière petitesse et la grandeur de Dieu dans ses conseils et dans ses voies. «Et le roi David entra et s'assit devant l'Eternel, et dit: Qui suis-je, Seigneur Eternel!» Il est impossible de rendre, en langage humain, ce que ressentait si profondément l'âme de David, et qui est exprimé par son attitude et sa demande. Il «s'assit». Cette expression nous donne l'idée du repos le plus complet en Dieu, sans qu'aucune ombre en obscurcisse le sentiment. Nul doute, nul soupçon, nulle incertitude. Dieu, dans sa puissance et sa grâce, remplissait toutes ses pensées. Avoir soulevé un doute, aurait été mettre en question la volonté de Dieu ou sa puissance pour accomplir tout ce dont il avait parlé. Etait-ce possible? Non; le souvenir du passé offrait assez de preuves manifestes de cette volonté et de cette puissance divines.

Heureux sommes-nous de réaliser ainsi notre position devant le Seigneur; de laisser notre coeur s'arrêter sur ses admirables voies de grâce; de nous asseoir en sa présence dans le sentiment entier, dans la jouissance sans nuage de son amour rédempteur. Il est vrai que nous avons peine à comprendre comment il peut aimer des créatures telles que nous; mais il en est ainsi. Nous n'avons qu'à le croire et à nous réjouir.

Remarquons maintenant la question de David: «Qui suis-je?» Ici, le moi disparaît. David sent qu'il n'est pour quoi que ce soit dans toutes ces choses. Assis devant l'Eternel, il voit que Dieu est tout, et lui, David, rien. Il ne parle plus de ses actes, de sa maison de cèdres, de son plan de bâtir une maison à l'Eternel; non; il s'étend sur ce que Dieu a fait, et ses pauvres actions à lui retombent à son estime dans leur propre néant. L'Eternel avait dit: «Me bâtirais-tu une maison pour que j'y habite?» Et encore: «L'Eternel t'annonce que l'Eternel te bâtira une maison». L'Eternel enseignait à David qu'il voulait être le premier en tout, et que, par conséquent, ce n'était à personne de lui bâtir d'abord une maison. Il semble, à première vue, que ce soit une leçon facile à apprendre, mais tous ceux qui connaissent quelque chose de leur coeur orgueilleux, savent qu'il en est tout autrement. Abraham et David, Job, Paul et Pierre, ont expérimenté combien il est difficile de mettre le moi de côté et d'exalter Dieu. En fait, c'est ce qu'il y a de plus difficile pour un homme, car toute sa nature est absolument l'opposé de cela; tous ses actes sont basés sur l'exaltation du moi et l'abandon de Dieu.

Il est inutile de fournir des preuves de ce fait. L'Ecriture et l'expérience sont d'accord pour démontrer que l'homme veut être quelque chose, ce qui ne se peut sans attenter aux droits de Dieu. La grâce, au contraire, fait de l'homme rien, et de Dieu tout. «Est-ce là la manière de l'homme?» (littéralement: «la loi de l'homme»). Non, en vérité, mais c'est ainsi que Dieu agit. La manière de l'homme, c'est de s'élever, de se réjouir dans les oeuvres de ses mains, de marcher à la lumière du feu et des étincelles qu'il a allumées; Dieu, au contraire, détourne l'homme de regarder à lui-même, lui apprend à ne voir dans sa propre justice que des haillons souillés, à se mépriser et à s'abhorrer lui-même, à se repentir sur la cendre et la poussière et à s'attacher à Christ seul, comme le naufragé s'attache au roc.

Tel était David, lorsqu'assis devant l'Eternel, et s'oubliant lui-même, son âme s'épanchait en sainte adoration en contemplant Dieu et ses voies. C'est là le vrai culte, tout le contraire de la religiosité humaine. Le premier s'occupe de Dieu dans l'énergie de la foi; la seconde est l'exaltation de l'homme dans un esprit de légalisme. Nul doute que David n'eût paru, à plusieurs, un homme plus vraiment dévoué, lorsqu'il désirait bâtir une maison pour l'Eternel, que lorsqu'il était assis en sa présence. Dans le premier cas, il essayait de faire quelque chose; dans le second, en apparence, il ne faisait rien. Il en est ainsi des deux soeurs de Béthanie, dont l'une, au jugement naturel, aurait semblé avoir fait tout l'ouvrage, tandis que l'autre aurait été estimée oisive. Combien différentes sont les pensées de Dieu! David, assis devant l'Eternel, était dans une position vraie, ce qui n'était pas le cas lorsqu'il cherchait à lui bâtir une maison.

Il faut cependant remarquer que si la grâce nous conduit à ne pas considérer nos propres actes, elle n'empêche nullement que nous agissions réellement pour Dieu. Bien au contraire. Elle empêche seulement l'action inintelligente, et, loin d'abolir le service, elle le met à sa vraie place. Aussi, quand l'âme de David fut restaurée, lorsqu'il eut appris qu'il n'était pas l'homme qui devait construire la maison, et que ce n'était pas le temps pour lui de déposer le glaive, comme il acquiesce promptement et volontiers à ce que l'Eternel lui communique! Il se soumet à tirer encore le glaive du fourreau, à descendre de nouveau sur les champs de bataille, et à être jusqu'à la fin le serviteur militant. Il se retire de l'oeuvre qu'il aurait désiré accomplir, pour la laisser à un autre.

Nous voyons, au chapitre 8, David combattant et frappant ses ennemis, enlevant leurs dépouilles, acquérant ainsi le renom toujours plus grand d'homme de guerre, mais prouvant, par là même, qu'il avait réellement appris la leçon que l'Eternel lui avait enseignée. Il en sera ainsi de tous ceux qui comprennent ce qu'est la grâce et la gloire. Peu importe le caractère du service, que ce soit bâtir la maison ou subjuguer les ennemis de l'Eternel; le vrai serviteur est prêt pour tout. David sortit du saint repos de la maison de l'Eternel, pour combattre les batailles du Dieu des armées, afin de préparer, par ses combats, le terrain à celui qui édifierait cette maison que son coeur aurait tant aimé construire. C'était le vrai renoncement, l'oubli de soi-même. David se montre partout serviteur; en gardant ses troupeaux, dans la vallée d'Ela, comme dans la maison de Saül et sur le trône d'Israël, il maintient ce caractère.

Mais il nous faut passer à d'autres scènes, qui nous feront connaître de nouveaux et plus profonds principes, relativement à David, dans ses rapports avec la maison de Dieu. Il eut à apprendre d'une manière remarquable où devaient en être posés les fondements. Que le lecteur veuille bien parcourir le vingt et unième chapitre du premier livre des Chroniques, parallèle au vingt-quatrième du second livre de Samuel. Ces chapitres rapportent la faute que commit David en faisant dénombrer le peuple. Il s'enorgueillit du nombre des guerriers de ses armées, ou plutôt des armées de l'Eternel, que volontiers il eût compté pour siennes. Il voulait faire le compte de ses ressources, et il eut à en apprendre le néant. L'épée de l'ange destructeur coucha par terre soixante-dix mille hommes de ceux dont il comptait avec orgueil le nombre, et porta à sa conscience, d'une manière solennelle, le grave péché qu'il avait commis en cherchant à dénombrer le peuple du Seigneur. Mais cela eut aussi pour effet de faire ressortir la grâce et le renoncement qui étaient en David. Ecoutons ses touchantes paroles, lorsqu'il s'offre lui-même aux coups du jugement: «Et David dit à Dieu: N'est-ce pas moi qui ai commandé de dénombrer le peuple? C'est moi qui ai péché et qui ai mal agi; mais ces brebis, qu'ont-elles fait? Eternel, mon Dieu, je te prie, que ta main soit sur moi, et sur la maison de mon père, mais qu'elle ne soit pas sur ton peuple pour le frapper». C'était une belle manifestation de la grâce; il apprend à dire ton peuple, et est prêt à se mettre entre lui et l'épée.

Mais au milieu de la colère, il y avait de la miséricorde. Près de l'aire d'Ornan, le Jébusien, l'ange du jugement remit son épée dans le fourreau: «Alors l'ange de l'Eternel commanda à Gad de dire à David, que David montât pour dresser un autel à l'Eternel dans l'aire d'Ornan, le Jébusien». Là était le lieu où la miséricorde triompha et fit entendre sa voix au-dessus de celle du jugement. Là, le sang de la victime coula, et là furent posés les fondements de la maison de l'Eternel. «En ce temps-là, David, voyant que l'Eternel lui avait répondu dans l'aire d'Ornan, le Jébusien, y sacrifia. Et le tabernacle de l'Eternel, que Moïse avait fait dans le désert, et l'autel de l'holocauste, étaient en ce temps-là sur le haut lieu de Gabaon; et David ne put point aller devant cet autel pour rechercher Dieu, car il était épouvanté à cause de l'épée de l'ange de l'Eternel. Et David dit: C'est ici la maison de l'Eternel Dieu, et c'est ici l'autel pour l'holocauste d'Israël. Et David ordonna de rassembler les étrangers qui étaient dans le pays d'Israël, et il établit des tailleurs de pierres pour tailler des pierres de taille, pour bâtir la maison de Dieu».

Heureuse découverte ! Rien d'autre n'aurait pu apprendre à David d'une manière aussi effective et avec une instruction aussi profonde pour son âme, le lieu où devait être édifiée la maison de l'Eternel. Si Dieu lui avait directement indiqué le mont Morija, et lui avait dit quel était l'endroit pour bâtir la maison, jamais David n'aurait eu l'idée de la profonde signification du choix que Dieu faisait. Le Seigneur sait comment conduire les siens et les instruire des desseins secrets cachés dans sa pensée. Il enseigna d'abord David par le moyen du jugement, et ensuite par sa miséricorde, et l'amena ainsi au lieu même où il voulait que son temple fût érigé. Ses besoins lui avaient appris ce qui concerne le temple de l'Eternel, et il commença à tout préparer pour sa construction, comme quelqu'un qui a été enseigné par ses propres fautes, à connaître le caractère de Dieu.

«C'est ici la maison de l'Eternel Dieu»; le lieu où la miséricorde s'est glorifiée vis-à-vis du jugement, où le sang de la victime a coulé, où David a vu son péché effacé. C'était un terrain bien différent de celui où il était, quand il voulait bâtir une maison à l'Eternel, parce que lui habitait une maison de cèdres. Au lieu de dire: «Moi, j'habite dans une maison de cèdres», il pouvait dire: «Je suis un pauvre pécheur pardonné». C'est une chose d'agir sur le fondement de ce que nous sommes, et une tout autre d'agir sur le fondement de ce que Dieu est. La maison de Dieu doit toujours être le témoin de sa miséricorde, et cela est vrai, soit que nous regardions au temple d'autrefois ou à l'Eglise de maintenant. Tous deux montrent le triomphe de la miséricorde sur le jugement. A la croix, nous contemplons le coup de la justice tombant sur une victime sans tache, puis, le Saint Esprit est descendu pour rassembler des hommes autour de la personne de Celui qui a été ressuscité d'entre les morts. C'est ainsi que David commença à rassembler les pierres de taille et les matériaux dit temple, dès que fut fixé le lieu où il devait être élevé. L'Eglise est le temple du Dieu vivant dont Christ est la principale pierre de l'angle. Les matériaux de l'édifice furent tous préparés et le lieu de sa fondation acheté, au temps des souffrances de Christ; car David représente Christ dans ses souffrances, comme Salomon le représente dans sa gloire. David était l'homme de guerre, Salomon l'homme de paix. David avait à lutter contre des ennemis; Salomon pouvait dire: «Il n'y a ni adversaire, ni événement fâcheux». Ainsi ces deux rois préfiguraient Celui qui, par sa croix et sa passion, a tout préparé pour la construction du temple qui sera manifesté dans son ordre divin et sa perfection, au jour de la gloire à venir de Christ.

David donna la preuve que, si son jugement quant au moment de bâtir la maison avait eu besoin d'être corrigé, son affection pour la maison elle-même n'en était pas moins fervente. Il disait, à la fin de sa vie: «Et moi, de toute ma force, j'ai préparé, pour la maison de mon Dieu, de l'or pour ce qui doit être d'or, et de l'argent pour ce qui doit être d'argent, et de l'airain pour ce qui doit être d'airain, du fer pour ce qui doit être de fer, et du bois pour ce qui doit être de bois, des pierres d'onyx et des pierres à enchâsser, des pierres brillantes et des pierres de diverses couleurs, et toutes sortes de pierres précieuses, et du marbre blanc en abondance» (1 Chroniques 29: 2 (*)).

(*) En 2 Samuel 24: 24, nous lisons quant au lieu où le temple fut construit: «Et David acheta l'aire et les boeufs pour cinquante sicles d'argent». Mais en 1 Chroniques 21: 25, il y a: «Et David donna à Ornan pour la place, en sicles d'or, le poids de six cents sicles». Bien loin de présenter une contradiction, la comparaison de ces deux passages nous y fait voir une beauté divine. La justice avait évalué l'aire au premier prix; mais la grâce «donna» le second. David avait de «l'affection» pour la maison de son Dieu, et, en conséquence, il donna de ce qui lui appartenait en propre, outre ce qu'il avait préparé.

Ainsi la grâce met le service à la place qui lui convient, et, en même temps, y apporte une énergie que ne montrera jamais un service qui n'est pas accompli au temps voulu. David, lorsqu'il était assis en la présence de l'Eternel, et lorsqu'il était dans l'aire d'Ornan, le Jébusien, avait appris des leçons qui le rendaient admirablement propre à préparer tout ce qu'il fallait pour le temple. Il pouvait dire: «Et moi, de toute ma force, j'ai préparé», et encore: «Dans mon affection pour la maison de mon Dieu, je donne pour la maison de mon Dieu de ce que j'ai d'or et d'argent m'appartenant en propre, outre tout ce que j'ai préparé pour la maison du sanctuaire». Sa force et son affection étaient ensemble dévouées à une oeuvre dont l'accomplissement était réservé à un autre.

La grâce rend un homme capable de s'oublier lui-même et de faire de Dieu son objet. Lorsque les regards de David s'arrêtaient sur les amas de richesses que son coeur dévoué avait accumulées, il pouvait dire: «Ce qui vient de ta main, nous te le donnons». «Béni sois-tu, Eternel, Dieu d'Israël, notre père, de tout temps et à toujours! A toi, Eternel, est la grandeur, et la force, et la gloire, et la splendeur, et la majesté; car tout, dans les cieux et sur la terre, est à toi. A toi, Eternel, est le royaume et l'élévation, comme Chef sur toutes choses; et les richesses et la gloire viennent de toi, et tu domines sur toutes choses; et la puissance et la force sont en ta main, et il est en ta main d'agrandir et d'affermir toutes choses. Et maintenant, ô notre Dieu, nous te célébrons, et nous louons ton nom glorieux. Et qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d'offrir ainsi volontairement? car tout vient de toi, et ce qui vient de ta main, nous te le donnons. Car nous sommes étrangers devant toi, et des hôtes, comme tous nos pères; nos jours sont comme l'ombre, sur la terre, et il n'y a pas d'espérance de demeurer ici-bas. Eternel, notre Dieu, toute cette abondance que nous avons préparée afin de te bâtir une maison pour ton saint nom, est de ta main, et tout est à toi».

«Qui suis-je?» Quelle question! David n'était rien, et Dieu était tout et en tout. Si jamais il avait eu la pensée que de lui-même il pouvait offrir quelque chose à Dieu, maintenant il ne l'avait plus. Tout venait de l'Eternel, qui, dans sa grâce, permettait à David et à son peuple de lui offrir tout. L'homme ne peut jamais rendre Dieu son débiteur, bien qu'il cherche toujours à le faire. Le Psaume cinquantième, le premier chapitre d'Esaïe, comme le dix-septième des Actes, prouvent tous que l'effort incessant de l'homme, soit juif, soit gentil, est de donner quelque chose à Dieu, mais c'est un vain effort. La réponse de Dieu est: «Si j'avais faim, je ne te le dirais pas». C'est Dieu qui est le donateur, et l'homme, celui qui reçoit. «Qui lui a donné le premier?» dit l'apôtre. Le Seigneur accepte volontiers de ceux qui ont appris à dire: «Ce qui vient de ta main, nous te le donnons», mais l'éternité proclamera que Dieu est le premier et grand Donateur. Heureux sommes-nous qu'il en soit ainsi. Heureux est-il pour le pauvre pécheur coupable et au coeur brisé, de reconnaître en Dieu Celui qui donne tout — pardon, vie, paix, sainteté, gloire éternelle! Heureux était-ce pour David, à la fin de sa carrière agitée, de disparaître, ainsi que ses offrandes, derrière la riche abondance de la grâce divine, et de savoir, lorsqu'il donnait à Salomon le plan du temple, que ce serait toujours le monument de la miséricorde de Dieu. La maison devait en son temps, être érigée sur ses fondements en magnificence et en splendeur; l'éclat de la gloire divine devait la remplir d'un bout à l'autre, mais jamais on ne devait oublier qu'elle s'élevait sur cet endroit sacré, où l'effet destructeur du jugement avait été arrêté par la main de la miséricorde souveraine, agissant en relation avec le sang d'une victime sans tache.

Et si nous passons du temple de Salomon à celui qui, dans les derniers jours, s'élèvera au milieu du peuple bien-aimé de Dieu, nous pouvons y voir l'application des mêmes principes célestes. Plus encore: si, du temple terrestre, nous venons à contempler le céleste, nous verrons le glorieux triomphe de la miséricorde au-dessus de toutes les barrières, l'harmonie merveilleuse établie entre la grâce et la vérité, entre la justice et la paix. Du sein de la gloire millénaire, Israël ici-bas, et l'Eglise en haut, regarderont en arrière vers la croix, comme au lieu où la justice a remis sort glaive dans le fourreau, et où la grâce a commencé à élever le monument qui brillera d'une lumière et d'une gloire éternelle, à la louange et à l'honneur de Dieu, le suprême Donateur.

Chapitre 8 - La conjuration

(2 Samuel 11-19)

Nous avons à suivre de nouveau David dans la vallée de l'humiliation — profonde vallée, en vérité, où peuvent se voir clairement de graves péchés et leurs fruits amers. Le sentier de cet homme remarquable est vraiment bien extraordinaire. La tendre main de l'amour n'a pas plutôt restauré son âme et replacé ses pieds sur le roc, que nous le voyons de nouveau descendre dans d'étranges profondeurs de mal. Dieu venait de corriger avec grâce l'erreur que David avait commise relativement à l'érection de la maison de l'Eternel, maintenant ce n'est plus une erreur que nous présente la vie du roi d'Israël, il se montre à nous captif dans les chaînes de la convoitise charnelle. Tel est l'homme, hélas! une pauvre créature, sujette à broncher et à tomber, et qui, à chaque pas, a besoin de l'exercice le plus complet de la grâce et du support divins.

L'histoire du plus obscur croyant présente, quoique sur une moindre échelle, toutes les inconséquences, toutes les inégalités dans la conduite, que nous observons dans celle de David. Et c'est ce qui rend sa vie si particulièrement instructive et intéressante pour nous.

Où est le coeur qui n'a pas été assailli par la puissance de l'incrédulité, comme David lorsqu'il chercha un refuge auprès du roi de Gath? ou qui n'a pas commis d'erreurs quant au service du Seigneur, comme David voulant bâtir, avant le temps convenable, une maison à l'Eternel? ou qui n'a pas ressenti des mouvements d'orgueil et de propre satisfaction, comme David lorsqu'il fit dénombrer le peuple? ou qui n'a pas ressenti les convoitises de la chair, comme David dans l'affaire d'Urie, le Héthien? Un tel homme, s'il existait, trouverait peu d'intérêt à suivre l'histoire de David. Mais nous savons bien qu'il n'en est point ainsi, et que partout où il y a un coeur humain, il est capable de tout ce que je viens d'énumérer, et que, par conséquent, la grâce qui secourut David, doit être précieuse à quiconque connaît sa propre misère.

La période de l'histoire de David dans laquelle nous entrons est étendue, et présente plusieurs principes importants de l'expérience chrétienne et des voies de Dieu. Les faits nous sont sans doute familiers à tous, mais il nous sera profitable de les examiner de près. Le péché de David amène la conspiration d'Absalom.

«Et il arriva, au retour de l'année, au temps où les rois entrent en campagne, que David envoya Joab, et ses serviteurs avec lui, et tout Israël; et ils détruisirent les fils d'Ammon et assiégèrent Rabba; mais David resta à Jérusalem» (2 Samuel 11: 1). Au lieu d'être à la tête de son armée, supportant les travaux et les fatigues de la guerre, David se reposait tranquillement dans son palais. C'était donner à l'ennemi un avantage positif sur lui. Du moment qu'un homme abandonne son poste de devoir, ou se retire du lieu du combat, il s'affaiblit. Il a déposé son armure et n'a plus rien qui le défende contre les traits de l'ennemi. Aussi longtemps que nous sommes à l'oeuvre pour le Seigneur, quelle que soit d'ailleurs l'oeuvre, la nature est tenue en bride; mais lorsque nous sommes oisifs et prenons nos aises, elle commence à agir sous l'action et l'influence des choses extérieures. Faisons sérieusement attention à cela. Satan trouvera toujours moyen d'entraîner au mal les coeurs oisifs ainsi que les mains inoccupées. C'est l'expérience que David fit bientôt. S'il avait été à Rabba, avec son armée, ses yeux ne se fussent pas arrêtés sur un objet fait pour agir sur ses passions; mais l'acte même de rester à Jérusalem, donnait entrée à l'ennemi.

Il est bon d'être sans cesse sur nos gardes, car nous avons un ennemi qui veille toujours. «Soyez sobres, veillez», dit l'apôtre: «Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer». Satan attend l'occasion, et quand il trouve une âme qui n'est pas occupée au service qui lui incombe, il cherchera inévitablement à l'enlacer dans le mal. Il est donc bon et salutaire d'être activement engagé dans le service — dans un service qui découle d'une communion positive avec Dieu, car alors, nous prenons à l'égard de l'ennemi, une attitude d'hostilité positive; mais si nous n'agissons pas ainsi contre lui, il fera de nous ses misérables instruments pour arriver à ses fins. Lorsque David faillit en énergie, comme chef des armées d'Israël, il devint l'esclave de la convoitise. Triste tableau, et sérieux avertissement pour nos âmes!

Le croyant est, ou bien sous l'énergie de l'Esprit, ou bien sous celle de la chair. Si la première n'agit pas en lui, la seconde prédominera certainement, et il deviendra une proie aisée pour l'ennemi. Il en fut ainsi de David. «Au retour de l'année, au temps où les rois entrent en campagne», lui, David, était en repos dans sa maison; alors que les armées d'Israël, dont il était le chef, combattaient, il restait à Jérusalem. Alors Satan lui présenta un appât qui ne se montra que trop puissant pour son pauvre coeur. Il tomba dans une faute grave, une faute honteuse. Et sa chute, cette fois, ne fut pas le résultat d'une simple méprise. Non; il tomba dans l'abîme du mal moral, de la corruption la plus vile, et sa chute nous invite à suivre l'avertissement sérieux de Paul, lorsqu'il nous dit: «Je mortifie mon corps et je l'asservis». Là nature doit être jugée, sans quoi nous ferons naufrage.

Et remarquons jusqu'où David fut entraîné dans le mal. Ayant sacrifié son caractère de saint, pour suivre sa passion, il cherche à se couvrir d'Urie comme d'un manteau pour échapper au blâme public. Sa réputation doit être maintenue à tout prix. Il essaie de la bonté, mais en vain; il enivre le fidèle serviteur qu'il a déshonoré, mais sans effet; enfin, il le fait tuer par l'épée des fils d'Ammon. Quelle chose terrible! David pensait-il réellement que tout était en règle une fois qu'Urie n'était plus sur son chemin? Oubliait-il que les yeux de l'Eternel le suivaient dans son train de mal? Il semble qu'en cette occasion sa conscience fût entièrement insensible et à aucun degré susceptible de conviction, ainsi que nous aurions pu nous y attendre. Sans cela, il aurait sans doute hésité avant d'ajouter le péché de meurtre à celui d'adultère, il aurait été saisi par la sévère réprimande contenue dans les paroles d'Urie — réprimande d'autant plus pénétrante qu'elle était entièrement inintentionnelle, et il aurait reculé devant le crime. Quelles paroles, en effet, pour les oreilles du roi coupable: «L'arche, et Israël, et Juda, habitent sous des tentes, et mon seigneur Joab, et les serviteurs de mon seigneur, campent en rase campagne, et moi, j'entrerais dans ma maison!» Quel reproche pour David! L'Eternel et son peuple étaient en rase campagne, luttant contre les ennemis d'Israël, tandis que David était chez lui, jouissant de ses aises et satisfaisant les convoitises de son coeur naturel. Certes, il y eut un temps où l'on n'aurait pas vu David sur son lit de repos, pendant que les armées de l'Eternel combattaient, et où il n'aurait pas voulu exposer un fidèle serviteur aux coups de l'ennemi pour se garantir lui-même. Mais tel est l'homme — même le meilleur. Quand l'orgueil enfle le coeur, ou que la passion aveugle les yeux, qui posera la limite à la dépravation humaine? Qui dira à quelles extrémités de mal pourra aller même un David, s'il sort de la communion avec Dieu? Béni soit le Dieu de toute grâce qui a toujours montré que ses ressources sont à la hauteur de tous les besoins et de toutes les misères de ses enfants égarés! Lorsque nous nous rappelons combien le péché lui est odieux, sa grâce parfaite envers le pécheur est bien propre à remplir notre âme d'adoration et de reconnaissance.

Mais quelle que soit la manière dont Dieu agit avec le pécheur, sa sainteté doit être maintenue; aussi dénonce-t-il à David le plus sévère jugement sur sa maison à cause de son péché. Nathan lui est envoyé afin d'amener sa conscience en la présence immédiate de la sainteté de Dieu. C'est la vraie place pour la conscience. Lorsqu'elle n'y est pas, elle cherchera des expédients et des subterfuges divers pour s'abriter. David, en apprenant le succès de son plan diabolique à l'égard d'Urie, dit au messager qui lui en apporte la nouvelle: «Tu diras ainsi à Joab . Que cela ne te fâche point, car l'épée dévore autant l'un que l'autre». Il pensait étouffer ainsi toute l'affaire. Il s'imaginait follement qu'une fois Urie hors du chemin, tout irait bien. Mais il y avait un oeil qui pénétrait à travers tout ce voile épais, que l'insensibilité de David avait jeté sur son coeur et sa conscience. «L'épée dévore autant l'un que l'autre»; c'est vrai: la guerre a ses vicissitudes, mais cela ne pouvait satisfaire la sainteté de Dieu. Non; tout devait être mis à nu. Les terribles réseaux du mal dans lesquels Satan avait enlacé les pieds de sa victime, devaient tous être dénoués, — il fallait que la sainteté de la maison de Dieu fût maintenue à tout prix, — que son nom et sa vérité fussent glorifiés, et que son serviteur fût châtié à la vue de toute la congrégation, — oui, «devant le soleil». Au jugement de l'homme, il aurait semblé plus sage de cacher au public le châtiment d'un homme si haut placé; mais telle n'est pas la manière d'agir de Dieu. Il veut démontrer à tous qu'il n'a pas de communion avec le mal, et cela par le jugement qu'il exercera au milieu de son peuple. Rien ne peut effacer la tache jetée sur l'honneur et la vérité de Dieu, si ce n'est le jugement public du transgresseur. Les hommes du monde peuvent pour le présent aller en avant et pécher à main levée; mais ceux qui sont en relation avec le nom du Seigneur, ont à se garder purs, ou bien être jugés.

David, cependant, semble avoir été d'une insensibilité surprenante dans toute cette affaire. Même après que la touchante parabole de Nathan a placé devant lui toute la noirceur de sa conduite, bien qu'enflammé d'indignation contre l'égoïsme de l'homme riche, il ne se l'applique pas à lui-même. «Et la colère de David s'embrasa fort contre l'homme; et il dit à Nathan: L'Eternel est vivant que l'homme qui a fait cela est digne de mort». Il prononce ainsi son jugement sans le savoir. Il ne sent pas encore son propre péché. Peut-être se serait-il mis à rechercher le coupable pour le punir, si la parole du prophète n'était venue tomme une flèche du Tout-puissant percer sa conscience endurcie. «Tu es cet homme!» Effrayante découverte! Le péché était mis à nu dans sa racine même, et David était là, en la présence de Dieu, comme un pécheur frappé dans sa conscience, brisé dans son coeur. Il ne fait plus aucun effort pour s'abriter, ni pour maintenir sa réputation. «J'ai péché contre l'Eternel», tel est l'aveu qui sort de son coeur blessé. Son âme est subjuguée par la puissance de la vérité, et nous avons dans le Psaume 51, l'expression de sa repentance, lorsqu'il était prosterné dans la poussière, dans le profond sentiment de son péché et de son abjection devant l'Eternel. «Use de grâce envers moi, ô Dieu! selon ta bonté; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions». Là était la ressource bien connue de David, ressource souvent éprouvée. Il apporte son pesant fardeau et le dépose devant la bonté et la tendre miséricorde de Dieu — seule place où son esprit troublé peut trouver le repos. Il sentait que son péché était si odieux, que la miséricorde seule de Dieu pouvait l'effacer. Là seulement, il voyait un vaste abîme qui pouvait engloutir toute son iniquité, et lui donner une paix profonde devant sa propre misère même.

Mais ce n'était pas seulement le pardon de ses péchés que désirait David — il en avait besoin, sans doute; mais il lui fallait plus; c'était d'être purifié intérieurement du pouvoir et de la souillure du péché lui-même. «Lave-moi pleinement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché». L'apôtre dit: «Si nous (nous, croyants) confessons nos péchés, il est fidèle et juste (non seulement) pour nous pardonner nos péchés, (mais aussi) pour nous purifier de toute iniquité». Etre purifié de l'iniquité est beaucoup plus que d'avoir le pardon des péchés, et David désirait l'un aussi bien que l'autre. Les deux dépendent de la confession que nous faisons de nos péchés. Or il est beaucoup plus difficile de confesser notre péché, que de demander le pardon. Confesser réellement devant Dieu le péché que nous avons commis, est une chose bien plus humiliante que de demander, d'une manière générale, le pardon de nos fautes. Il est aisé de dire au Seigneur: Pardonne-moi, mais c'est inutile à moins que nous ne confessions nos péchés; et, alors, remarquez-le, c'est simplement une question de foi de savoir que nos péchés sont pardonnés. La Parole dit: «Si nous confessons nos péchés». David confesse son péché: «Je connais mes transgressions, et mon péché est continuellement devant moi. Contre toi, contre toi seul, j'ai péché, et j'ai fait ce qui est mauvais à tes yeux; afin que tu sois justifié quand tu parles, trouvé pur quand tu juges». C'était une vraie conviction. Il n'y avait pas d'effort pour pallier le mal, pour s'en prendre aux circonstances, ni aux individus. C'est simplement «Je» et «Toi» moi, le pécheur, et Toi, le Dieu de vérité. «Que Dieu soit vrai, et tout homme menteur!» Le secret d'une vraie restauration est de prendre sa place, comme pécheur, dans la lumière de la vérité de Dieu. C'est l'enseignement de l'apôtre, au chapitre 3 de l'épître aux Romains. La vérité de Dieu y est établie, comme la mesure selon laquelle la condition de l'homme doit être éprouvée. L'effet en est de faire descendre le pécheur dans les profondeurs de son être, au fond même de sa condition morale et pratique aux yeux de Dieu. La vérité de Dieu le dépouille entièrement de tout, et place les parties les plus intimes de son âme à nu devant une sainteté qui ne peut tolérer la moindre tache de péché. Mais lorsque nous sommes ainsi abattus dans la poussière, à la vue de notre corruption, et amenés à nous juger nous-mêmes et à confesser sincèrement nos fautes, nous trouvons Dieu dans la solitude et la souveraineté de sa grâce, introduisant une justice parfaite pour le pécheur coupable et dont la bouche est fermée devant lui.

Dans cette portion si importante des Ecritures, nous sont présentées la vérité et la grâce. La vérité brise le coeur, la grâce le relève; l'une ferme la bouche, afin qu'elle ne se vante plus d'aucun mérite, l'autre l'ouvre, afin qu'elle proclame les louanges et la gloire du Dieu de toute grâce.

David, en esprit, passait à travers la vérité, plus tard mise en évidence en Romains 3. Lui aussi fut conduit à sonder les profondeurs de sa mauvaise nature. «Voici», dit-il, «j'ai été enfanté dans l'iniquité, et dans le péché ma mère m'a conçu». Ici, il regarde au plus bas degré d'abaissement: l'origine de l'homme! Quelle pensée! Enfanté dans l'iniquité! Quel bien peut sortir d'un tel être? Rien; son état est irréparable. Remarquez ensuite le contraste: «Tu veux la vérité dans l'homme intérieur». Dieu demande la vérité, et, en réponse, David n'a rien à présenter qu'une origine souillée. Qu'est-ce qui comblera l'immense abîme qui existe entre un homme né dans le péché, et Dieu demandant la vérité dans l'homme intérieur? Nulle autre chose sinon le sang de Christ. «Purifie-moi du péché avec de l'hysope, et je serai pur; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige». En d'autres termes, David se jette, comme un pécheur perdu sans ressource, dans les bras de l'amour rédempteur. Heureuse place de repos! Dieu seul peut purifier un pécheur et le rendre propre pour sa sainte présence. «Fais-moi entendre l'allégresse et la joie, afin que les os que tu as brisés se réjouissent». Il faut que Dieu opère tout; qu'il purifie sa conscience, qu'il ouvre encore son oreille aux accents de la joie et de l'allégresse, qu'il ouvre sa bouche pour enseigner aux transgresseurs ses voies d'amour et de miséricorde, qu'il crée au dedans de lui un coeur pur, qu'il lui rende la joie de son salut, le soutienne par son esprit de franche volonté, et le délivre de la coulpe du sang. En résumé, dès que la parole de Nathan est tombée avec une puissance divine sur le coeur de David, celui-ci jette le poids écrasant de son fardeau sur la grâce infinie, qui peut s'exercer en vertu du précieux sang de l'expiation; ainsi, pour autant que cela le concerne personnellement, il peut se réjouir de ce que la question survenue entre sa conscience et Dieu, a été parfaitement réglée. La grâce a remporté une glorieuse victoire, et David se retire du champ de bataille, grièvement blessé, sans doute, mais avec une expérience plus profonde de ce que Dieu est, et de ce que la grâce avait fait pour son âme.

Toutefois, le péché de David produisit ses fruits amers en son temps, et il en est toujours ainsi. Rien ne peut empêcher la réalisation de l'avertissement solennel de l'apôtre: «Ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera». La grâce peut pardonner l'individu, mais les résultats du péché se montreront certainement. Le pécheur pourra jouir des plus profondes et des plus douces expériences de l'amour divin et de la grâce qui restaure, tout en étant sous la verge. Nous le voyons abondamment dans le cas de David. Il était pleinement et divinement pardonné, lavé et reçu en grâce, néanmoins il dut entendre la déclaration de l'Eternel par la bouche de Nathan: «Et maintenant l'épée ne s'éloignera pas de ta maison, à jamais, parce que tu m'as méprisé, et que tu as pris la femme d'Urie, le Héthien, pour qu'elle fût ta femme». Remarquez cette parole: «Tu m'as méprisé». David avait cherché à cacher son péché aux yeux du public, en faisant disparaître Urie, oubliant l'oeil de Jéhovah qui pénètre tout, et oubliant aussi l'honneur dû à son saint nom. S'il s'était souvenu de l'Eternel au moment où la mauvaise nature faisait entendre sa voix au dedans de lui, il ne serait pas tombé dans le piège. Le sentiment de la présence de Dieu est le grand préservatif contre le mal; mais combien souvent ne sommes-nous pas plus influencés par la présence d'un homme comme nous, que par la présence de Dieu! «Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi; parce qu'il est à ma droite, je ne serai pas ébranlé». Si nous ne réalisons pas la présence de Dieu comme un préservatif contre le mal, nous devrons la sentir en jugement à cause du mal.

«L'épée ne s'éloignera pas de ta maison». Comparez ces paroles avec les glorieuses promesses faites à David, au chapitre 7. C'est la même voix qui annonce la promesse et dénonce le jugement; mais combien le ton en est différent! La première fois, c'est la grâce qui parle; la seconde fois, c'est la sainteté. «Comme par cette chose, tu as donné lieu aux ennemis de l'Eternel de blasphémer, le fils qui t'est né mourra certainement». Mais la mort de l'enfant n'était que la première annonce de la tempête de jugement qui allait fondre sur la maison de David. Il pouvait jeûner, prier, s'humilier, se prosterner dans la poussière, l'enfant devait mourir. Le jugement doit avoir son cours, et le feu consumant brûler chaque parcelle de ce qui est soumis à son action. L'épée de l'homme «dévore autant l'un que l'autre», mais l'épée de Dieu tombe sur la tête du coupable. Les choses travaillent silencieusement et sont enfin manifestées; le torrent peut couler longtemps sous la terre, mais tôt ou tard il en jaillit. On peut, durant de longues années, suivre en secret une voie de péché, nourrir un principe profane, caresser quelque convoitise impure, satisfaire quelque sentiment coupable, mais la flamme qui couve éclatera à la fin, et nous montrera le vrai caractère de nos actes. C'est une pensée profondément sérieuse. Nous ne pouvons cacher les choses à Dieu, ni lui faire penser que nos mauvaises voies sont droites. Nous pouvons essayer de raisonner avec nous-mêmes, pour nous le faire croire, nous pouvons tenter de persuader nos coeurs par toutes sortes d'arguments plus ou moins plausibles, que telle ou telle chose est bonne, juste et légitime, mais «on ne se moque pas de Dieu; ce qu'un homme sème, il le moissonnera aussi».

Cependant, quelle grâce ne voyons-nous pas briller en cela, comme dans toutes les scènes de la remarquable carrière de David. Bath-Shéba devient la mère de Salomon, qui occupa le trône d'Israël durant la plus glorieuse période de l'histoire de ce peuple, et qui se trouve aussi dans la lignée privilégiée de laquelle, selon la chair, Christ est venu. Chose divine et tout à fait digne de Dieu! La plus sombre scène de la vie de David devient, sous la main de Dieu, le moyen des plus riches bénédictions. C'est ainsi que de celui qui dévorait est sorti le manger, et du fort est sortie la douceur. Nous savons comment ce principe caractérise toutes les voies de Dieu avec les siens. Il juge, sans doute, le mal auquel ils se sont abandonnés, mais il pardonne leurs péchés et fait de leurs manquements et de leurs fautes mêmes, le canal par lequel la grâce coule vers eux. Béni soit à jamais le Dieu de toute grâce qui pardonne nos péchés, qui restaure nos âmes, supporte nos infirmités, et nous fait triompher à travers même notre faiblesse!

Que ne ressentait pas David plus tard, lorsque son oeil se reposait sur son Salomon, «le pacifique»; son Jédidia, «le bien-aimé de l'Eternel?» Il se rappelait, sans doute, sa chute humiliante, mais en même temps, la merveilleuse grâce de Dieu. N'en est-il pas de même avec nous, mon cher lecteur chrétien? Quelle est notre histoire jour après jour, sinon une histoire de chutes et de relèvements, de hauts et de bas? Pas autre chose; et loué soit Dieu pour l'assurance que nous avons que la grâce couronnera toute l'oeuvre pendant l'éternité.

A la fin du chapitre 12, nous trouvons David combattant de nouveau l'ennemi. C'était sa vraie place. «Et David assembla tout le peuple, et marcha contre Rabba; et il combattit contre elle, et la prit… Et il fit sortir tout le peuple qui s'y trouvait, et les mit sous la scie, et sous des herses de fer, et sous des haches de fer, et les fit passer par un four à briques; il fit ainsi à toutes les villes des fils d'Ammon. Et David et tout le peuple s'en retournèrent à Jérusalem».

Maintenant, commence la triste histoire des calamités et des douleurs qui fondirent sur David, en accomplissement de la déclaration du prophète, que l'épée ne s'éloignerait pas de sa maison. Le chapitre 13 contient deux des actes les plus diaboliques qui aient souillé un cercle de famille. Amnon, fils aîné de David, déshonore Tamar, soeur d'Absalom; Absalom fait tuer Amnon et s'enfuit à Gueshur où il reste trois ans. David lui permet de revenir, contrairement au commandement positif de la loi. Même s'il n'eût été qu'un homicide involontaire, il aurait dû rester dans une des villes de refuge; mais il était un meurtrier, et c'est chargé de son crime qu'il est reçu par David, sur le fondement des relations naturelles sans confession, sans jugement, sans expiation. «Et le roi baisa Absalom». Oui, le roi baisa le meurtrier, au lieu de permettre à la loi du Dieu d'Israël d'avoir son cours. Qu'arriva-t-il ensuite? «Et il arriva, après cela, qu'Absalom se procura des chars et des chevaux, et cinquante hommes qui couraient devant lui». Ce fut le second pas. La tendresse désordonnée de David pour Absalom ne fit que frayer à celui-ci la voie à une rébellion ouverte. Sérieux avertissement! Agissez mollement avec le mal, et il lèvera plus haut la tête, et finira par vous écraser. D'un autre côté, faites face au mal avec une fermeté d'acier, et la victoire vous est assurée. Ne jouez pas avec le serpent, mais écrasez-le d'un coup sous votre pied. Une décision entière et inflexible est, après tout, le chemin le plus sûr et le plus heureux. Il peut être douloureux d'abord, mais la fin en est la paix.

Remarquez la manière d'agir d'Absalom. Il commence par créer un désir dans les coeurs des hommes d'Israël. «Et Absalom se levait de bonne heure, et se tenait à côté du chemin de la porte; et tout homme qui avait une cause qui l'obligeât d'aller vers le roi pour un jugement, Absalom l'appelait, et disait: De quelle ville es-tu?… Vois, tes affaires sont bonnes et justes, mais tu n'as personne pour les entendre de la part du roi. Et Absalom disait: Que ne m'établit-on juge dans le pays! Alors tout homme qui aurait une cause ou un procès viendrait vers moi, et je lui ferais justice. Et s'il arrivait qu'un homme s'approchât pour se prosterner devant lui, il lui tendait la main, et le prenait, et le baisait,… et Absalom dérobait les coeurs des hommes d'Israël». La manière de faire de l'ennemi est d'abord de créer un désir, un besoin, de montrer une lacune, et ensuite il continue en la remplissant par quelque chose ou quelqu'un de son choix. Les coeurs pleinement satisfaits avec David n'avaient point de place pour Absalom.

Il y a là un beau principe quand il s'applique à nos coeurs par rapport à Christ. Si nous sommes remplis de lui, il n'y a en nous de place pour rien d'autre. C'est seulement lorsque Satan a réussi à créer un désir dans nos coeurs, qu'il peut y introduire quelque chose de lui. Lorsque nous sommes capables de dire en réalité: «Le Seigneur est ma portion», nous sommes à l'abri des influences et des appâts que Satan présente pour nous attirer. Que le Seigneur nous garde dans l'heureuse et sainte jouissance de lui-même, de sorte que nous puissions dire avec un saint d'autrefois. «J'essaie de garder toutes mes bonnes choses en Christ, et alors un peu de la créature s'en va».

Absalom dérobait les coeurs des hommes d'Israël. Il vint avec des paroles flatteuses, et usurpa la place de David dans leurs coeurs et leurs affections. Il était un homme d'un bel extérieur, bien propre à captiver la multitude. «En tout Israël, il n'y avait pas d'homme beau comme Absalom et si fort à louer pour sa beauté; depuis la plante de ses pieds jusqu'au sommet de sa tête, il n'y avait point en lui de défaut». Mais sa beauté et ses flatteries n'avaient aucun effet sur ceux qui étaient près de la personne de David. Lorsque le messager vint, disant: «Les coeurs des hommes d'Israël suivent Absalom», on vit clairement qui était pour David. «Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem: Levez-vous, et fuyons… Et les serviteurs du roi dirent au roi: Selon tout ce que choisira le roi, notre seigneur, voici tes serviteurs… Et le roi sortit, et tout le peuple à sa suite; et ils s'arrêtèrent à Beth-Merkhak. Et tous ses serviteurs marchaient à ses côtés; et tous les Kéréthiens, et tous les Péléthiens, et tous les Guittiens, six cents hommes qui étaient venus de Gath à sa suite, marchaient devant le roi… Et tout le pays pleurait à haute voix, et tout le peuple passait; et le roi passa le torrent de Cédron, et tout le peuple passa en face du chemin du désert». Ainsi, il se trouvait beaucoup de coeurs trop attachés à David, pour être entraînés par l'influence séduisante d'Absalom. Ceux qui avaient été avec David dans les jours de son exil, entouraient sa personne bien-aimée au jour de sa profonde douleur. «Et David monta par la montée des Oliviers, montant et pleurant; et il avait la tête couverte, et marchait nu-pieds, et tout le peuple qui était avec lui montait, ayant chacun sa tête couverte, et en montant ils pleuraient». Scène intéressante et bien touchante. En fait, la grâce de la personne de David brille plus pendant cette conjuration que dans aucune autre période de sa vie. Et en même temps, nulle part n'apparaît davantage le sincère dévouement du peuple qui lui est attaché. Lorsque nous contemplons la troupe de ses amis se pressant autour de David, pleurant et marchant nu-pieds dans sa douleur, le coeur se sent plus profondément touché qu'en les voyant entourant son trône. On est alors entièrement convaincu du fait que c'est sa personne et non sa position qui les attirait. David n'avait en ce moment rien à leur offrir, sauf d'avoir communion avec lui rejeté; mais il y avait en lui pour ceux qui le connaissaient, un charme qui les liait à lui en tout temps. Ils pouvaient pleurer avec lui, aussi bien que vaincre avec lui. Ecoutons le langage de l'un de ces sincères amis de David: «Et Itthaï répondit au roi, et dit: L'Eternel est vivant, et le roi, mon seigneur, est vivant, que dans le lieu où sera le roi, mon seigneur, soit pour la mort, soit pour la vie, là aussi sera ton serviteur». La vie ou la mort, tout était égal dans la compagnie de David.

Mais, en parcourant ces chapitres, rien ne frappe davantage que la soumission d'esprit de David. Lorsque Tsadok amène l'arche au milieu de cette troupe qui pleure, David dit: «Reporte l'arche de Dieu dans la ville; si je trouve grâce aux yeux de l'Eternel, alors il me ramènera, et me la fera voir, elle et sa demeure. Et s'il dit ainsi: Je ne prends point de plaisir en toi; — me voici, qu'il fasse de moi ce qui sera bon à ses yeux».

Quand le Benjaminite Shimhi, la bouche pleine d'injures, sort pour le maudire et jeter des pierres contre lui, et qu'Abishaï veut ôter la tête à cet outrageux, David répond: «Qu'y a-t-il entre moi et vous, fils de Tséruïa? Oui, qu'il maudisse, car l'Eternel lui a dit: Maudis David. Et qui dira: Pourquoi fais-tu ainsi?» Il courbe humblement la tête sous ce que Dieu lui dispense. Il sentait, sans doute, qu'il ne faisait que recueillir le fruit de son péché, et il l'accepte. Il voyait Dieu en toute circonstance, et le reconnaissait avec un esprit soumis et plein de respect. Pour lui, ce n'était pas Shimhi, mais l'Eternel. Abishaï ne voyait que l'homme et voulait agir en conséquence, semblable en cela à ce que fut Pierre plus tard, quand il cherchait à défendre son Maître bien-aimé contre la bande de meurtriers qui venaient le saisir. Pierre et Abishai ne voyaient, l'un et l'autre, que la surface des choses. Ils regardaient aux causes secondaires. Le Seigneur Jésus, lui, vivait dans la plus profonde soumission au Père: «La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas?» C'est ce qui l'élevait au-dessus de toutes choses. Il regardait au delà de l'instrument vers Dieu — au delà de la coupe il voyait la main qui l'avait remplie. Il importait peu que les instruments fussent Judas, Hérode, Caïphe ou Pilate; en tout, il pouvait dire: «La coupe de mon Père».

David aussi, dans sa mesure, s'élevait au-dessus des agents subordonnés. Il regardait à Dieu seul, et, les pieds nus, la tête couverte, il se courbait devant lui. «L'Eternel lui a dit: Maudis David». Cela suffisait.

Saisir la présence de Dieu et ses voies avec nos âmes, dans chaque circonstance de notre vie journalière, est peut-être une des choses dans lesquelles nous manquons le plus. Nous sommes toujours enclins à regarder aux causes secondaires; nous ne réalisons pas Dieu en toutes choses. Et c'est ce qui donne à Satan la victoire sur nous. Si nous étions plus attentifs au fait qu'il n'y a pas un événement de notre vie, du matin jusqu'au soir, dans lequel nous ne puissions entendre la voix de Dieu, et voir sa main, quelle sainte atmosphère nous environnerait! Hommes et choses deviendraient alors pour nous comme des agents dans la main de notre Père, comme autant d'ingrédients dans la coupe qu'il nous présente. Ainsi, nos pensées seraient rendues sérieuses, nos esprits calmés et nos coeurs soumis. Alors nous ne dirions pas avec Abishaï: «Pourquoi ce chien mort maudit-il le roi, mon seigneur? Laisse-moi passer et lui ôter la tête», et nous ne tirerions pas l'épée, comme Pierre, par un mouvement d'emportement charnel. Combien ces deux hommes affectionnés, mais faisant fausse route, n'étaient-ils pas au-dessous de leurs maîtres respectifs! Combien le bruit de l'épée de Pierre sortant du fourreau, a dû blesser l'oreille de son Maître, et combien les paroles d'Abishaï n'ont-elles pas froissé le coeur humble et soumis de David! David pouvait-il songer à se défendre, alors que Dieu agissait envers son âme d'une manière si frappante et si solennelle? Assurément non. Il n'ose faire un pas pour se retirer des mains de l'Eternel. Il était à lui pour la vie ou dans la mort — comme roi ou comme exilé. Bienheureuse soumission!

Mais, comme nous l'avons déjà fait observer, le récit de la conjuration d'Absalom nous montre non seulement la soumission de David à Dieu, mais aussi le dévouement des amis de David à sa personne, qu'ils se trompassent ou non. On voit tous ses hommes forts l'entourant, à sa droite et à sa gauche, et partageant avec lui les insultes et les exécrations de Shimhi. Ils ont été avec lui dans les lieux forts, avec lui sur le trône, avec lui sur le champ de bataille, et maintenant ils sont avec lui dans son humiliation.

Shobi et Barzillaï viennent au-devant de David pour le servir, lui et ses hommes, avec une libéralité princière. Ainsi, les pensées des coeurs de plusieurs furent révélées au temps de l'affliction de David, et ainsi furent manifestés ceux qui l'aimaient pour lui-même. Sans doute, David retourna à sa maison et sur son trône avec une confiance plus pleine et plus entière dans l'affection sincère de ceux qui l'entouraient.

Mais il y a une personne sur le caractère de laquelle il faut que nous nous arrêtions un peu.

Je veux parler de Méphibosheth, fils de Jonathan.

A peine David était-il monté sur son trône, qu'il prononça ces paroles si remplies de grâce et bien dignes d'être rappelées: «N'y a-t-il plus personne de la maison de Saül? et j'userai envers lui d'une bonté de Dieu». «La maison de Saül!» «La bonté de Dieu!» Quelles paroles! Saül avait été son ennemi acharné, et maintenant, sur le trône, l'éclat de sa position, et la plénitude de la grâce divine, le rendent capable de laisser dans l'oubli le passé, et de manifester, non la bonté de David, mais la bonté de Dieu.

Or, la bonté de Dieu a ce caractère spécial qu'elle s'exerce envers ses ennemis. Ainsi que le dit l'apôtre: «Quand nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils». Telle était la bonté que David désirait témoigner à un membre de la maison de Saül. «Et Méphibosheth, fils de Jonathan, fils de Saül, vint vers David, et tomba sur sa face, et se prosterna… Et David lui dit: Ne crains point, car certainement j'userai de bonté envers toi,… et tu mangeras continuellement le pain à ma table. Et il se prosterna, et dit: Qu'est ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort comme moi?» Nous avons donc ici un bel exemple de la bonté de Dieu, tandis que, de l'autre, nous voyons sur quel fondement reposait le dévouement de Méphibosheth. Quoique n'ayant pas plus de droit auprès de David qu'un ennemi ou un chien mort, cependant il est reçu en grâce et s'assied à la table du roi.

Mais Méphibosheth avait un serviteur infidèle qui, pour avancer, ses propres affaires, représenta son maître sous un faux jour aux yeux du roi. Les premiers versets du chapitre 16, placent devant nous le récit des actes de Tsiba. En affectant de montrer du dévouement envers David, il noircit Méphibosheth, afin d'obtenir la possession de ses biens. Il prend avantage de l'infirmité corporelle de son maître, pour le tromper et lui nuire. Triste tableau d'un coeur d'homme!

La vérité, cependant, vient au jour; celui à qui l'on avait fait tort est complètement justifié. Lors du retour de David, quand tout trouble a cessé, et qu'Absalom a disparu de la scène, «Méphibosheth, fils de Saül, descendit à la rencontre du roi; et il n'avait pas soigné ses pieds, et n'avait pas fait sa barbe, et n'avait pas lavé ses vêtements, depuis le jour que le roi s'en était allé, jusqu'au jour où il revint en paix». Tel est le témoignage que rend l'Esprit à ce beau caractère. L'absence de son maître bien-aimé, le prive de tout motif d'orner sa personne. Aussi longtemps que David est loin, Méphibosheth est dans le deuil; vraie image de ce que le saint doit être maintenant, durant la période de l'absence de son Maître. La communion avec un Seigneur absent devrait imprimer au caractère chrétien un sceau d'entière séparation. La question n'est aucunement ce qu'un chrétien peut faire ou ne pas faire. Non; un coeur vraiment affectionné au Seigneur lui suggérera la vraie marche à suivre par tous ceux qui attendent le retour du roi.

Quel ressort d'action vraiment divin fournit l'absence de Jésus! «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut». Demandez à l'homme spirituel pourquoi il s'abstient de choses dont il pourrait jouir. Sa réponse sera: «Jésus est absent». C'est le motif le plus élevé. Nous n'avons pas besoin des règles d'un froid formalisme pour régler nos voies; il nous faut une plus fervente affection pour la personne de Christ, et un plus vivant désir de son prompt retour. Comme Méphibosheth, nous avons expérimenté la bonté de Dieu. Nous avons été pris dans les profondeurs de notre ruine, et placés parmi les princes du peuple de Dieu. N'aimerions-nous donc pas notre Maître? Ne voudrions-nous pas voir sa face? Ne devrions-nous pas régler notre conduite en rapportant constamment tout à lui? Ah! que nos coeurs fussent capables de donner avec joie une réponse prompte et affirmative! Mais c'est là que nous manquons. Nous ressemblons peu à Méphibosheth. Nous ne sommes que trop disposés à flatter, orner et soigner notre odieuse nature — prêts à marcher dans la jouissance sans mesure de cette vie, de ses richesses, de ses honneurs, de son bien-être, de ses raffinements, de son élégance, et cela d'autant plus que nous nous imaginons pouvoir le faire sans forfaire à notre titre, au nom et aux privilèges de chrétiens. Egoïsme vain et détestable! Egoïsme qui tournera à honte au jour de l'apparition de Christ!

Si le rapport qu'avait fait Tsiba touchant Méphibosheth avait été vrai, qu'aurait eu à répondre ce dernier à David lui disant: «Pourquoi n'es-tu pas allé avec moi, Méphibosheth?» Mais il peut dire: «O roi, mon seigneur, mon serviteur m'a trompé; car ton serviteur disait: Je sellerai mon âne et je monterai dessus, et j'irai avec le roi, car ton serviteur est boiteux; et il a calomnié ton serviteur auprès du roi, mon seigneur; mais le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu; fais donc ce qui est bon à tes yeux. Car toute la maison de mon père n'était que des hommes morts devant le roi, mon seigneur; et tu as mis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table; et quel droit ai-je encore? et pour quel sujet crierai-je encore au roi?» Nous voyons là la simplicité d'un coeur intègre. Le dévouement non affecté se montre lui-même. Le contraste entre Méphibosheth et Tsiba est frappant. Celui-ci convoite les biens; celui-là ne désire qu'une chose: être près du roi. Aussi, lorsque David dit: «Pourquoi me parles-tu encore de tes affaires? Je l'ai dit: Toi et Tsiba, partagez les champs», Méphibosheth montre aussitôt quelle est la direction de ses pensées et de ses désirs: «Qu'il prenne même le tout», dit-il, «puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix dans sa maison». Son coeur était occupé de David, et non de ses propres affaires. Comment se serait-il mis sur le même pied que Tsiba, et aurait-il partagé les champs avec un tel homme? C'était impossible. Le roi était de retour, c'était assez pour lui. Etre auprès de lui valait mieux que tous les biens de la maison de Saül: «Qu'il prenne le tout». La proximité de la personne du roi remplissait et satisfaisait tellement le coeur de Méphibosheth qu'il pouvait, sans aucune difficulté, abandonner tout ce que Tsiba avait convoité et qui l'avait conduit à être un trompeur et un calomniateur.

Il en est ainsi de ceux qui aiment le nom et la personne du Fils de Dieu. La perspective chérie de son apparition donne le coup de mort à leurs affections pour les choses de ce monde. Ce n'est pas pour eux une question de savoir si une chose est légitime ou non; voir les choses ainsi est trop froid pour un coeur qui aime. Le fait même de leur attente de ce jour glorieux détourne nécessairement leurs coeurs de toute autre chose, de même que, si nous regardons avec intensité vers un objet spécial, nous n'en voyons plus aucun autre. Si les chrétiens réalisaient davantage la puissance de la bienheureuse espérance, combien leur marche serait séparée du monde et au-dessus de ses recherches. L'ennemi le sait bien, et c'est pourquoi il a tant travaillé à réduire cette espérance au niveau d'une simple spéculation — d'une doctrine particulière, n'ayant que peu ou point de puissance pratique, et aucune base solide et indiscutable. Il a réussi aussi à faire négliger presque totalement les portions de la révélation qui, d'une manière spéciale, déroulent devant nous les événements en rapport avec la venue de Christ. L'Apocalypse a été regardé, jusqu'à une époque très récente, comme un livre si mystérieux, si profondément incompréhensible, qu'il n'était accessible qu'à un très petit nombre; si même il l'était à quelqu'un. Et même, depuis que l'attention des chrétiens a été plus particulièrement dirigée vers l'étude de ce qu'il renferme, on a introduit et bâti sur les prophéties de ce livre tant de systèmes divergents, on a mis en avant des interprétations si discordantes, que les esprits simples sont effrayés d'aborder un sujet qui, à leur jugement, est inséparablement lié avec le mysticisme et la confusion.

Or il y a un seul grand remède à tout ce mal. C'est un amour sincère pour l'apparition de Jésus. Ceux qui l'attendent vraiment, ne disputeront pas beaucoup sur la manière dont elle se fera. Il nous faut poser comme un principe certain, qu'à mesure que les affections diminuent, l'esprit de controverse prévaut.

L'histoire de Méphibosheth nous offre de tout cela un exemple simple et frappant. Il sentait qu'il devait tout à David; qu'il avait été sauvé de la ruine et élevé en honneur. C'est pourquoi, quand la place de David est occupée par un usurpateur, Méphibosheth, dans toute sa conduite, montre qu'il n'a aucune sympathie pour cet état de choses. Il y est étranger, et ne soupire qu'après le retour de celui dont la bonté l'a fait tout ce qu'il est. Ses intérêts, ses destinées, ses espérances, tout se rattachait à David, et rien autre que son retour ne pouvait le rendre heureux.

Oh! qu'il en fût ainsi avec nous, cher lecteur chrétien! Que nous pussions entrer davantage et plus réellement dans notre vrai caractère d'étrangers et de pèlerins, au milieu d'une scène où Satan règne et gouverne! Le temps vient où notre Roi bien-aimé sera ramené au milieu des acclamations de son peuple, lorsque l'usurpateur sera précipité de son trône, et tout ennemi foulé sous les pieds de notre glorieux Emmanuel. Les Absaloms, les Akhitophels, les Shimhis, seront mis à la place qui leur appartient, et, d'un autre côté, tous ceux qui, comme Méphibosheth, auront mené deuil sur l'absence de David, verront les désirs de leurs coeurs pleinement satisfaits. «Jusques à quand, ô Eternel?» que ce soit notre cri, tandis que nous attendons ardemment le premier bruit des roues de son char. La route est longue, rude et pénible; la nuit est obscure et accablante, mais écoutons l'exhortation: «Usez donc de patience, frères». «Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. Or le juste vivra de foi, et si quelqu'un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui».

Je n'irai pas plus loin dans les détails de la conjuration d'Absalom. Il trouva la fin méritée de ses actes, bien que le coeur de père de David pût s'affliger et verser des larmes sur lui. Son histoire, de plus, peut être regardée comme une figure de celui qui, nous dit Daniel, «prendra possession du royaume par des flatteries» (Daniel 11). Je laisse au lecteur le soin d'étudier, dans le saint volume, ce sujet et d'autres pleins d'intérêt, en demandant au Seigneur de rafraîchir et d'édifier les âmes par la lecture et la méditation de sa Parole, dans ces jours de ténèbres et de confusion. Il n'y eut jamais un temps où il fût plus nécessaire aux chrétiens de s'adonner avec prière à l'étude de l'Ecriture. Des opinions et des jugements opposés, d'étranges doctrines et des théories sans fondement, courent partout, et l'esprit des simples ne sait de quel côté se tourner. Mais, grâces à Dieu, sa Parole est là, devant nous, dans toute sa lumineuse simplicité. En elle, nous avons la source éternelle de la vérité, la règle immuable d'après laquelle tout doit être jugé. Ainsi, tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un esprit entièrement soumis à son enseignement. «Si ton oeil est simple, tout ton corps sera plein de lumière».

Chapitre 9 - Le cantique et les dernières paroles de David

Le chapitre 22 du second livre de Samuel, parallèle au Psaume 18, renferme le magnifique cantique de David. C'est l'esprit de Christ parlant en David, en rapport avec le triomphe du Seigneur sur la mort par l'excellente grandeur de la puissance de Dieu (Ephésiens 1: 19). Dans ce cantique, comme nous l'enseignent les paroles qui le précèdent (verset 1), David offre à Dieu ses louanges pour la délivrance qu'il lui a accordée, le jour où il le délivra de la main de tous ses ennemis, et particulièrement de Saül. Il rappelle avec reconnaissance les faits glorieux que Dieu a accomplis en sa faveur, mais dans un langage qui nous conduit, de David et de tous ses combats, à ce combat terrible qui se livra autour du tombeau de Jésus, quand toutes les puissances de ténèbres se rangeaient en bataille contre Dieu. La scène était redoutable. Jamais auparavant n'avait été livré un tel combat, ni remportée une semblable victoire; jamais il n'y en eut depuis, et jamais il n'y en aura, soit que nous regardions aux puissances qui étaient en présence, ou aux conséquences qui ont résulté de cette lutte. Le ciel d'un côté, et l'enfer de l'autre; telles étaient les puissances combattantes. Et, quant aux conséquences, qui pourrait les dire et les énumérer? La gloire de Dieu et de son Christ, en premier lieu; puis le salut de l'Eglise, le rétablissement et la bénédiction des tribus d'Israël, et la pleine délivrance du vaste domaine de la création arraché à la domination de Satan, soustrait à la malédiction de Dieu, et affranchi de la servitude de la corruption. Tels furent quelques-uns des résultats. Terrible fut donc la lutte du grand ennemi de Dieu et de l'homme à la croix et au tombeau de Christ; énergiques et violents furent les efforts de l'homme fort pour ne pas être dépouillé de ses armes et pour que sa maison ne fût pas pillée; mais en vain: Jésus triompha. «Les vagues de la mort m'ont environné, les torrents de Bélial m'ont fait peur; les cordeaux du shéol m'ont entouré, les filets de la mort m'ont surpris; dans ma détresse, j'ai invoqué l'Eternel, et j'ai appelé mon Dieu, et, de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu à ses oreilles». En apparence, c'était la faiblesse, mais en réalité, la puissance. Celui qui semble être le vaincu, devient le vainqueur. «Jésus fut crucifié en infirmité, mais il vit par la puissance de Dieu». Son sang ayant été répandu, comme victime pour le péché, il remit son esprit entre les mains du Père, qui, par l'Esprit éternel, l'a ramené d'entre les morts. Il n'a pas résisté, mais il s'est laissé fouler aux pieds, et il a brisé ainsi la puissance de l'ennemi. Satan, par les mains de l'homme, l'a cloué à la croix, l'a fait descendre au sépulcre et a scellé la pierre sur lui, afin qu'il ne pût pas se relever; mais il est sorti «du puits de la destruction et du bourbier fangeux», «ayant dépouillé les principautés et les puissances». Il est descendu au coeur même du domaine de l'ennemi, afin de pouvoir l'exposer ouvertement en triomphe.

Du verset 8 au 20, nous voyons l'intervention de Jéhovah en faveur de son serviteur juste, exprimée dans un langage d'une puissance et d'un sublime au-dessus de toute expression. Les images employées par le psalmiste inspiré sont du caractère le plus solennel et le plus propre à faire impression: «La terre fut ébranlée et trembla; les fondements du ciel furent secoués et furent ébranlés, parce qu'il était irrité… Il abaissa les cieux, et descendit; car il y avait une obscurité profonde sous ses pieds. Et il était monté sur un chérubin, et volait, et il parut sur les ailes du vent. Et il mit autour de lui les ténèbres pour tente, des amas d'eaux, d'épaisses nuées de l'air… L'Eternel tonna des cieux, et le Très-Haut fit retentir sa voix. Et il tira des flèches et dispersa mes ennemis; il lança l'éclair, et les mit en déroute. Alors les lits de la mer parurent, les fondements du monde furent mis à découvert, quand l'Eternel les tançait par le souffle du vent de ses narines. D'en haut, il étendit sa main, il me prit, et me tira des grandes eaux». Quel langage! Où trouverons-nous quelque chose qui l'égale? La colère du Tout-Puissant, le tonnerre de sa puissance, les convulsions de l'édifice entier de la création, l'artillerie du ciel — toutes ces idées, placées devant nous en traits de feu, dépassent l'imagination de l'homme. La tombe de Christ était le centre autour duquel le combat se livrait dans toute sa force, car là gisait le Prince de la vie. Satan y déployait toute sa force; il y apportait toute la puissance de l'enfer pour le soutenir, tout «le pouvoir des ténèbres», mais il ne pouvait garder son captif, parce que tous les droits de la justice avaient été satisfaits. Le Seigneur Jésus triompha de Satan, de la mort et de l'enfer, en parfaite conformité avec toutes les exigences de la justice. C'est là la joie et la paix du pécheur. Il ne servirait de rien que l'on nous dise que c'est Dieu sur toutes choses, béni éternellement, qui a vaincu Satan, une de ses créatures. Mais apprendre que lui, comme le représentant de l'homme, comme le substitut du pécheur, comme la sauvegarde de l'Eglise, a remporté la victoire, cela, lorsqu'on le croit, donne à l'âme une paix ineffable; et c'est ce que l'évangile nous dit, c'est là le message qu'il fait retentir aux oreilles du pécheur. L'apôtre nous dit que Christ «a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification». Ayant pris sur lui nos péchés, et étant descendu sous leur poids dans le sépulcre, la résurrection était nécessaire comme preuve divine de l'accomplissement de son oeuvre. Le Saint Esprit, dans l'évangile, nous le présente comme ressuscité, monté au ciel et assis à la droite de Dieu, et ainsi dissipe dans le coeur du croyant, tout doute, toute crainte, toute hésitation.

Le grand argument de l'apôtre, en 1 Corinthiens 15, est basé sur ce sujet. Le pardon des péchés est prouvé par la résurrection de Christ. «Si Christ n'est pas ressuscité, vous êtes encore dans vos péchés». Et, comme conséquence, si Christ est ressuscité, vous n'êtes pas dans vos péchés. Ainsi la résurrection et le pardon des péchés tombent ou demeurent ensemble. Reconnaissez que Christ est ressuscité, et vous reconnaissez le pardon du péché. «Mais maintenant», s'écrie l'apôtre triomphant, «Christ a été ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis». Cela règle et établit tout. Du moment que vous détournez les yeux d'un Christ ressuscité, vous perdez le sentiment plein, profond, divin, et procurant la paix du pardon des péchés. Le plus riche fonds d'expérience, la plus vaste étendue d'intelligence, ne peuvent pas être le fondement de la confiance. Il n'y a rien d'autre que JESUS RESSUSCITE.

Du verset 21 au verset 25, nous voyons le fondement de l'intervention de Jéhovah en faveur de son serviteur. Ces versets démontrent que, dans tout ce cantique, l'Esprit Saint a en vue un plus grand que David. David ne pouvait pas dire: L'Eternel m'a récompense selon ma justice; il m'a rendu selon la pureté de mes mains. Car j'ai gardé les voies de l'Eternel et je ne me suis pas méchamment détourné de mon Dieu; car toutes ses ordonnances ont été devant moi; et de ses statuts, je ne me suis point écarté; et j'ai été parfait envers lui, et je me suis gardé de mon iniquité. Et l'Eternel m'a rendu selon ma justice, selon ma pureté devant ses yeux». Quelle différence entre ce langage et celui du Psaume 51, sur lequel nous nous sommes déjà arrêtés. Là, il est dit: «Use de grâce envers moi, ô Dieu! selon ta bonté; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions». C'était un langage qui convenait à un pécheur tombé en faute, et David sentait qu'il l'était. Il n'ose pas parler de sa justice qui était comme des haillons souillés; et quant à sa récompense, tout ce qu'il méritait en justice, sur le terrain de ce qu'il était, c'était l'étang de feu.

C'est pourquoi, le langage de notre chapitre est celui de Christ qui seul pouvait le tenir. Lui, béni soit son nom, pouvait parler de sa justice, de son intégrité et de la pureté de ses mains. Et ici, nous pouvons remarquer la merveilleuse grâce qui brille dans la rédemption. Le Juste prend la place du coupable. «Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui». C'est là, pour le pécheur, la place de repos. Là, il contemple la victime sans tache clouée au bois maudit pour lui; là, il voit une pleine rédemption, fruit de l'oeuvre parfaite de l'Agneau de Dieu, et là aussi, il voit Jéhovah intervenant en faveur de son glorieux représentant, de son substitut plein de grâce, et, comme conséquence, intervenant en sa propre faveur, et cela sur le fondement de la plus stricte justice. Quelle profonde paix pour un coeur gémissant sous le poids du péché! Oui, une paix divine et ineffable!

Lecteur, si vous n'êtes pas encore entré dans la jouissance de cette paix, laissez-moi vous demander pourquoi vous ne la possédez pas? Pouvez-vous lire ce chapitre en sachant de qui est ce langage, et hésiter un seul instant, à saisir les précieux résultats de l'oeuvre de Christ, mort et ressuscité? Dieu n'a rien laissé d'inachevé relativement à ce qui nous assure la paix. Christ a tout accompli, et le Saint Esprit rend à l'évangile un témoignage si clair et si évident, quant au salut parfait qui est en Jésus Christ, notre Seigneur, que rien, sauf l'incrédulité, ne peut s'y refuser. Tout a été accompli. Précieux message! Puissent nos coeurs y prendre toujours plus plaisir, quand nous pensons à tous nos péchés odieux!

Le cantique de David se termine par une belle allusion aux gloires des derniers jours, qui lui donne un caractère de plénitude et de largeur particulièrement édifiant: «Les fils de l'étranger se sont soumis à moi»; «je te célébrerai parmi les nations», etc. Nous sommes conduits ainsi par un sentier merveilleux qui, commençant à la croix, aboutit au royaume. Celui qui gisait dans le tombeau doit s'asseoir sur le trône; la main qui fut percée par les clous, portera le sceptre, et le front qui fut déshonoré par une couronne d'épines, sera ceint d'un diadème de gloire. Et la pierre de couronnement ne sera mise sur le sommet de l'édifice, que l'amour rédempteur a commencé d'ériger, que lorsque Jésus de Nazareth, le crucifié, montera sur le trône de David et régnera sur la maison de Jacob. Alors les gloires de la rédemption seront vraiment célébrées au ciel et sur la terre, parce que le Rédempteur sera exalté, et que les rachetés seront rendus parfaitement et éternellement heureux. Du sein des gloires et des splendeurs de ce jour de bonheur, nous regarderons en arrière à la croix où le Seigneur fut attaché, comme à la base et au fondement de tout ce glorieux édifice, et le souvenir de cet amour qui le fit descendre dans la mort, animera d'une ferveur toujours plus grande et toujours nouvelle le cantique de la rédemption: «Digne est l'Agneau qui a été immolé de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction».

Nous apprenons une leçon semblable dans le chapitre 23, qui renferme les dernières paroles de David. Il est profondément intéressant de voir dans l'histoire de tout serviteur de Dieu, qu'après avoir appris l'entière vanité de toutes les ressources humaines et terrestres, ils ont été rejetés sur Dieu, et ont trouvé en lui un sûr refuge, une part qui ne manque pas. Il en fut ainsi de celui dont nous avons parcouru et médité l'histoire. Durant toute sa carrière, il eut à apprendre que la grâce divine seule pouvait répondre à ses besoins, et à la fin, il l'exprime complètement. Soit que nous considérions son «cantique», ou ses «dernières paroles», le grand sujet que nous trouvons dans l'un comme dans l'autre, celui qui y occupe une place proéminente, c'est la suffisance de la grâce divine.

Cependant, les dernières paroles de David tirent leur force et leur énergie de la connaissance des exigences de Dieu dans son caractère gouvernemental: «Celui qui domine sur les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu». C'est là la mesure de ce que Dieu demande. Rien de moins ne peut satisfaire, et parmi ceux qui gouvernent les hommes, y aura-t-il quelqu'un qui y réponde entièrement? Nous pouvons parcourir toute la liste de ceux qui ont occupé les trônes de ce monde, sans en trouver un seul qui satisfasse aux deux grandes caractéristiques que renferme ce verset: être juste, et dominer dans la crainte de Dieu.

Le Psaume 82 nous présente le défi divin jeté à ceux qui ont été établis dans une place d'autorité. «Dieu se tient dans l'assemblée de Dieu; il juge au milieu des juges». Et qu'y trouve-t-il? Est-ce la justice et la crainte de son nom? Ah! non; loin de là. «Jusques à quand jugerez-vous injustement, et ferez-vous acception de la personne des méchants?» Tel est l'homme: «Ils ne connaissent ni ne comprennent; ils marchent dans les ténèbres — tous les fondements de la terre chancellent». Quelle est donc la ressource, dans cet état de choses si humiliant? «Lève-toi, ô Dieu! juge la terre; car tu hériteras toutes les nations». Le Seigneur Jésus est présenté ici comme le seul capable d'occuper le trône selon les pensées de Dieu, et, dans le Psaume 72, nous avons un bel aperçu de ce que sera son gouvernement: «Il jugera ton peuple en justice, et tes affligés avec droiture… Il fera justice aux affligés du peuple, il sauvera les fils du pauvre, et il brisera l'oppresseur… Il descendra comme la pluie sur un pré fauché, comme les gouttes d'une ondée sur la terre». Tout le psaume nous montre ce que sera le royaume millénaire du Fils de l'homme, et s'harmonise d'une manière parfaite avec l'esprit des dernières paroles de David: «Il sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages: par sa clarté, l'herbe tendre germe de la terre après la pluie». Quelle impression rafraîchissante et vivifiante font ces paroles! Comme le coeur aime à se détourner de la triste et sombre scène du présent, pour contempler «un matin sans nuages». Actuellement, il n'en est point de tels. Comment cela pourrait-il être? Comment une race déchue, une création qui soupire, pourrait-elle jouir d'un ciel sans nuages? Cela est et sera impossible jusqu'à ce que l'efficacité expiatoire du sang de la croix ait été appliquée à tout, et que la création entière soit entrée dans son plein repos, à l'ombre des ailes d'Emmanuel.

Regardez où vous voudrez; les nuages et l'obscurité sont partout. Une création qui soupire, Israël dispersé, l'Eglise en ruine, des systèmes de perversion, une profession sans réalité, des principes corrompus — toutes ces choses tendent, comme la fumée du puits de l'abîme, à obscurcir l'horizon autour de nous et à troubler notre vision. Aussi, comme le coeur tressaille à la pensée d'un matin sans nuages! Le psalmiste le nomme bien: «la clarté après la pluie». Les enfants de Dieu ont toujours senti que ce monde est un lieu de nuages et de pluie, une vallée de larmes; mais le matin millénaire mettra fin à toutes ces choses; son soleil levant dissipera les nuages, et Dieu lui-même essuiera les larmes de dessus tout visage (Esaïe 25: 8). Brillante et heureuse perspective! Bénie soit la grâce qui la place devant nous, et l'oeuvre expiatoire qui nous y donne un titre assuré!

Comme nous l'avons fait remarquer, aucun de ceux qui ont une place d'autorité n'a atteint la mesure divine, telle que la posent les dernières paroles de David. Lui-même le sentait. Il dit: «Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu». Tel était le sentiment d'âme humble et soumis de ce qu'il était. Nous avons déjà vu combien il sentait pleinement, profondément et sans arrière-pensée, l'immense distance qui existait entre ce qu'il était personnellement et les exigences divines, lorsqu'il s'écriait: «J'ai été enfanté dans l'iniquité», et: «Voici, tu veux la vérité dans l'homme intérieur». Son expérience était la même, quand il se considérait dans sa position officielle: «Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu». Ni comme homme, ni comme roi, il n'avait été ce qu'il aurait dû être. Et c'est pour cela que la grâce était si précieuse à son coeur. Il considérait le miroir de la loi parfaite de Dieu et y voyait sa propre difformité; puis il regardait à «l'alliance éternelle» de Dieu avec lui, «à tous égards bien ordonnée et assurée», et sur elle, il se reposait avec une simplicité entière. Bien que la maison de David ne fût pas ordonnée en tout, l'alliance de Dieu l'était, et ainsi il pouvait dire: «C'est là tout mon salut et tout mon plaisir». Il avait appris à détourner ses regards de lui-même et de sa maison, pour les porter vers Dieu et vers son alliance éternelle. Et nous pouvons dire que le sentiment de ce que la grâce avait fait pour lui était profond et réel dans la mesure où il saisissait la réalité et la profondeur de son néant comme homme et comme roi. La vue de ce que Dieu est l'avait humilié; la vue de ce que Dieu est l'avait relevé. C'était sa joie, alors qu'il atteignait le bout de toutes les choses humaines, de trouver son repos dans la précieuse alliance de son Dieu, dans laquelle il trouvait renfermés et éternellement assurés tout son salut et tout son plaisir.

Qu'il est précieux, mon cher lecteur, de trouver ainsi notre tout en Dieu, non seulement afin qu'il comble ce qui nous manque, ou remplisse le vide des objets humains, mais pour qu'il soit Celui qui remplace tout, personnes ou choses, dans notre appréciation. C'est cela qu'il nous faut. Dieu doit être mis au-dessus de tout, non seulement quant au pardon de nos péchés, mais quant à tous nos besoins. «Je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre… Tournez-vous vers MOI, et soyez sauvés».

Il y a bien des personnes qui peuvent se confier en Dieu pour le salut, mais qui manquent beaucoup à le faire dans les petits détails de leur vie; et cependant, Dieu est glorifié aussi lorsque nous le faisons le dépositaire de tous nos soucis, et celui qui porte tous nos fardeaux. Il n'y a rien de trop petit pour lui être apporté, et rien de si petit que nous ne trouverions au-dessus de notre capacité, si seulement nous entrions dans le vrai sentiment de notre néant.

Mais nous trouvons, dans ce chapitre 23, un autre élément qui peut sembler y être introduit d'une manière abrupte; je veux dire ce qui y est rapporté des hommes forts de David. J'y ai déjà fait allusion, mais il est intéressant de le remarquer en relation avec l'alliance de Dieu.

Il y avait deux choses qui réjouissaient, encourageaient et consolaient David; c'étaient la fidélité de Dieu et le dévouement de ses serviteurs. Et si nous regardons à la fin de la course de Paul, nous voyons qu'il avait les mêmes sources de consolation et d'encouragement. Dans la seconde épître à Timothée, il jette un coup d'oeil sur l'état de choses qui l'entoure. Il voit la «grande maison», qui assurément n'était pas ainsi que Dieu le demandait; il voit tous ceux d'Asie qui se sont détournés de lui; il voit Hyménée et Philète enseignant de fausses doctrines et renversant la foi de plusieurs; il voit Alexandre, l'ouvrier en cuivre, montrant beaucoup de méchanceté; il voit un grand nombre de personnes ayant des oreilles qui leur démangent, s'amassant des docteurs selon leurs propres convoitises, et se détournant de la vérité pour suivre des fables; il voit les temps fâcheux s'avançant avec une effrayante rapidité; en un mot, il voit tout l'édifice, humainement parlant, s'en allant en pièces; mais, comme David, il se repose dans l'assurance que «le solide fondement de Dieu demeure», et il est réjoui par le dévouement individuel de quelque homme vaillant ou autre, qui, par la grâce de Dieu, est resté fidèle au milieu du naufrage général. Il se rappelait la foi d'un Timothée, l'amour d'un Onésiphore, et de plus, il était réjoui par le fait que, dans les temps les plus sombres, il y aurait une compagnie de fidèles qui invoqueraient le Seigneur d'un coeur pur. Il exhorte Timothée à les suivre, en se purifiant des vases à déshonneur de la grande maison.

Il en était ainsi de David. Il pouvait compter ses hommes forts et rapporter leurs exploits. Bien que sa propre maison ne fût pas ainsi qu'elle devait être, et que «les fils de Bélial» fussent autour de lui, il pouvait cependant parler d'un Adino, d'un Eléazar, d'un Shamma, hommes qui avaient hasardé leur vie pour lui, et avaient signalé leurs noms par des exploits sur les incirconcis.

Grâces à Dieu, il ne se laissera jamais sans témoignage; il aura toujours dans ce monde un peuple dévoué à son nom. Si nous ne savions et ne croyions pas cela, nos coeurs, dans un temps comme celui-ci, pourraient vraiment défaillir au dedans de nous. Un petit nombre d'années a suffi pour opérer un grand changement dans la sphère d'action de beaucoup de chrétiens. Les choses ne sont plus parmi nous ce qu'elles étaient auparavant, et nous pouvons dire en vérité: «Notre maison n'est pas ainsi avec Dieu». Plusieurs d'entre nous ont pu être désappointés. Nous attendions beaucoup, et combien peu nous avons trouvé! Nous avons vu que nous étions juste comme d'autres, ou que, si nous différions en quelque chose, c'était en ayant une profession plus élevée, et en conséquence, une plus grande responsabilité, mais avec de plus grandes inconséquences. Nous pensions être quelque chose, mais nous nous trompions grandement, et maintenant, nous devons reconnaître notre erreur. Le Seigneur veuille nous accorder de l'apprendre vraiment, entièrement et dans la poussière, en sa présence, afin que nous n'élevions plus jamais nos têtes, mais que nous marchions dans un sentiment constant que nous ne sommes rien. Nous pouvons faire notre profit de ce que le Seigneur dit à Laodicée: «Parce que tu dis: Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien; et que tu ne connais pas que toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle et nu, je te conseille d'acheter de moi de l'or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies».

Si notre expérience passée nous conduit à nous attacher plus étroitement à Jésus, nous aurons une raison pour bénir le Seigneur pour tout ce qui nous est arrivé; et, en tout cas, nous ne pouvons que sentir que c'est une grâce spéciale d'avoir été délivré de tout faux fondement de confiance. Si nous avons cherché à édifier un système, il est bon d'être soustrait à son influence et d'être amenés à s'attacher simplement à la Parole et à l'Esprit de Dieu, que Dieu a donnés à l'Eglise pour l'accompagner dans son sentier à travers le désert. Et nous ne sommes pas non plus privés du précieux encouragement provenant du dévouement de tel ou tel serviteur de Dieu. Il y en a plusieurs qui montrent leur affection pour la personne de Christ, et la haute estime dans laquelle ils tiennent la doctrine de l'Eglise. C'est une grande grâce. Bien que l'ennemi ait fait beaucoup de mal, il ne fait pourtant pas tout ce qu'il voudrait. Il y a encore des «hommes forts», prêts à dépenser leurs forces et leur énergie pour la défense de l'évangile. Veuille le Seigneur augmenter leur nombre; qu'il veuille aussi accroître la puissance de leur témoignage, et enfin, qu'il nous donne d'être toujours plus reconnaissants d'avoir devant nous, dans sa Parole, la vraie position et le vrai sentier de ses serviteurs dans ces derniers jours, et des principes qui seuls peuvent nous soutenir au milieu des luttes nombreuses et de la confusion croissante. Tout ce qu'il nous faut, c'est d'être gardés fidèles jusqu'au bout. Si nous cherchons à faire quelque bruit dans le monde, ou à créer un témoignage, nous serons désappointés; mais si nous sommes satisfaits de marcher humblement avec notre Dieu, nous aurons des sujets de nous réjouir, et notre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.

David avait voulu faire beaucoup dans sa vie, et sa pensée était sincère; mais il eut à apprendre que la volonté de Dieu à son égard était qu'il servît «en sa propre génération». Nous aussi, il nous faut apprendre qu'un esprit humble, un coeur dévoué, une conscience délicate, un dessein droit, sont beaucoup plus aux yeux de Dieu que des services extérieurs, quelque brillants et attrayants qu'ils paraissent. «Ecouter est meilleur que sacrifice, prêter l'oreille, meilleur que la graisse des béliers». Paroles salutaires, en un jour de religiosité comme celui-ci, où le principe divin est à peine maintenu.

Que le Seigneur nous garde fidèles jusqu'à la fin, en sorte que si, comme ceux qui nous ont précédés, nous nous endormions en Jésus, ou que nous fussions ravis à sa rencontre en l'air, nous soyons trouvés «sans tache, et irréprochables devant lui, en paix». En attendant, méditons la parole de l'apôtre à son enfant Timothée: «Le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et: Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur».