Notes d'une méditation sur Marc 9: 1-8

 ME 1889 page 74

 

J'ai désiré vous parler de ce chapitre, pour montrer le changement opéré dans les relations de Dieu avec les hommes sur la terre. Dieu s'est révélé d'abord par la loi donnée à Moïse, puis par les prophètes, et enfin, par Christ et les apôtres. Le fait de la transfiguration qui se trouve aussi rapporté ailleurs, l'est dans Marc avec quelque chose de particulier: Jésus y est surtout présenté, comme mettant de côté tout ce qui l'avait précédé.

«Et il leur dit: En vérité, je vous dis, que de ceux qui sont ici présents, il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort, jusqu'à ce qu'ils aient vu le royaume de Dieu venu avec puissance. Et après six jours, Jésus prend avec lui Pierre et Jacques et Jean, et les mène seuls à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux; et ses vêtements devinrent brillants et d'une extrême blancheur, comme de la neige… Et Elie leur apparut avec Moïse, et ils parlaient avec Jésus. Alors Pierre, répondant, dit à Jésus: Rabbi, il est bon que nous soyons ici; et faisons trois tentes: une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Elie…» Pierre dit: «Il est bon que nous soyons ici; et faisons trois tentes: une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Elie». Il voulait placer Moïse et Elie sur le même terrain que Jésus; il voulait, par conséquent, qu'on écoutât ensemble la loi, les prophètes et Christ. Le témoignage des deux premiers avait été parfait pour le temps auquel ils appartenaient, et Pierre voulait mêler leurs témoignages respectifs avec celui de Christ; mais Dieu ne le voulait pas, il ne pouvait en être ainsi, c'est pourquoi «il vint une nuée qui les couvrit, et il vint de la nuée une voix: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Et aussitôt, ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux». Dieu reconnaît et sanctionne pleinement 1e ministère de Moïse et d'Elie, puisqu'ils apparaissent en gloire avec Jésus, mais il ne veut pas qu'on mêle la loi, comme témoignage de Dieu, avec le ministère de Christ. La voix qui sort de la nuée doit faire comprendre à Pierre que les voies de Dieu sont changées, — qu'une autre économie commence. Ni le témoignage de Moïse, ni celui d'Elie, n'étaient le témoignage de la gloire de Christ, car celui-ci est tout autre chose. Moïse a donné la loi, c'est ce qui a caractérisé son témoignage. La loi était donnée sur la terre à un peuple terrestre dans le but de conduire ce peuple dans le chemin où il pouvait être béni en étant agréable à Dieu. Elle était une règle de vie sur la terre, et, envisagée comme telle, Dieu l'avait formée pour la terre. Il y avait, il est vrai, des individus, tels que Moïse et Elie, formés pour le ciel, mais le peuple était formé pour la terre. La loi était destinée à diriger la conduite des enfants d'Israël de manière que, s'ils l'observaient, Dieu les bénissait. C'était une loi adaptée à une relation terrestre. Ensuite, arrivent les prophètes qui annoncent que Christ viendra humilié et plus tard glorifié (1 Pierre 1). La prophétie parle, sans doute, des choses qui sont à venir; mais son effet moral est de ramener à la loi. Nous lisons dans Malachie: «Voici, le jour vient, ardent comme un four, et tous les orgueilleux et tous les méchants seront comme du chaume». C'est le jour de l'Eternel. «Mais pour vous, qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice…» «Souvenez-vous de la loi donnée à Moïse. Voici, je vais envoyer Elie, le prophète, avant que ce jour grand et terrible vienne» (chapitre 4). Ce qui clôt toute la prophétie, c'est l'annonce de ce jour qui va écraser les méchants, et dans lequel les justes les fouleront comme la cendre sous leurs pieds.

Ainsi la loi est ce qui caractérise le ministère de Moïse; ensuite, les prophètes viennent pour rappeler cette loi, pour menacer ceux qui n'y prennent pas garde, et, de plus, pour annoncer que le jour du jugement va arriver. Pierre veut mettre ensemble les deux genres de témoignage, comme si c'était le royaume; mais Dieu ne laisse pas une trace de tout cela. Il est bien vrai que pas un mot de la loi et des prophètes ne restera sans accomplissement, mais, avant tout, Dieu veut manifester son Fils, et c'est ce qui change toutes nos relations avec Dieu. Christ est pour nous la base de tout. «Il vint de la nuée une voix qui dit: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le». Ce n'est plus Moïse qui nous dit: «Voici la loi», ni un prophète nous disant: «Il faut revenir à la loi», mais c'est le Père qui dit de Jésus: «Voilà mon Fils», et qui nous dévoile tout son amour.

Voilà ce que Dieu met ici devant nos coeurs en faisant disparaître tout le reste. Il n'y a plus que Jésus. «Et ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux». Tout le reste était éclipsé.

Les Juifs n'ont pas reçu Jésus comme Messie s'ils l'eussent reçu, ils eussent eu le royaume avec lui; mais, maintenant, tout cela est mis de côté, et quand tout sera comme fini pour eux, il les appellera de nouveau et les recevra par pure grâce. Le ministère de Christ ne doit être mêlé avec quoi que ce soit, ni avec la loi qui manifestait la parfaite incapacité de l'homme et la responsabilité à laquelle il a manqué, ni avec les prophètes qui faisaient valoir les droits de cette loi. — L'homme a manqué à tout, mais Dieu a voulu être glorifié par la miséricorde. — Jésus reste seul avec eux. C'est que Jésus est la perfection, tellement que si je l'ai, je n'ai pas besoin de chercher quoi que ce soit d'autre. Je trouve en lui l'accomplissement de la loi, et, quant à mes relations avec Dieu, elles sont fondées sur le témoignage qu'il a rendu de Jésus et sur la révélation de ses affections placées en lui, son Fils bien-aimé. Il m'a montré l'objet de son amour en me disant: «Ecoutez-le», et laissez tout le reste de côté. Dieu dirige entièrement nos affections vers Christ, qui nous dit les choses qu'il a vues en son Père, et en qui nous trouvons la manifestation du Père. Le Père lui-même nous adresse à Jésus, pour qu'il nous révèle Dieu. Jésus nous révèle le Père et son amour tel qu'il le connaît, lui-même. Jésus me fait connaître la relation dans laquelle Dieu veut m'introduire par lui, en disant: «Je vais vers mon Père et votre Père»; non seulement il veut nous introduire dans la connaissance de la relation dont il jouissait de toute éternité, dans le sein du Père, mais encore il nous fait participer à celle dont il jouissait ici-bas comme homme. Emmanuel (Dieu avec nous), Jésus, était pour les disciples l'expression parfaite de toutes les pensées de Dieu et de tout son amour pour eux. C'est comme s'il leur eût dit: «Tout ce que Dieu est pour vous, il l'a versé dans mon coeur». Impossible d'allier cela avec la loi qui exige. Quand j'écoute le Fils, il me révèle tout cet amour du Père afin que j'en jouisse. C'est là ce qui a mis entièrement fin à toute autre chose. Quant à vos relations avec Dieu, si vous voulez comprendre ce que le Père est pour votre âme, écoutez-le, lui, le Fils, C'est lui qui peut vous communiquer toutes les paroles que le Père lui a communiquées. Son but, ici-bas, était de révéler le Père. Si vous écoutez Jésus, s'il est le compagnon de votre vie, vous jouissez de lui comme de celui par le moyen duquel vous possédez toute la faveur de Dieu. «Voilà mon Fils bien-aimé: écoutez-le». On n'a qu'à l'écouter, et l'on jouit de cet amour; si l'on veut un autre moyen, on ne peut rien avoir. Dieu ne veut point maintenant d'autre relation avec les hommes que celle dont Jésus est le centre. Si vous voulez la loi, elle vous condamne. Si vous mêlez la loi avec le ministère de son Fils, vous ne pouvez non plus être agréable à Dieu; la loi et les prophètes ne peuvent vous rester avec son Fils: la lune et les étoiles disparaissent aussi bien que les ténèbres quand le soleil brille.

Plus loin, nous voyons que les disciples ne peuvent chasser le démon. S'il y a de l'incrédulité dans nos coeurs, nous n'avons aucune puissance et Jésus est affligé. «Jusques à quand serai-je avec vous? Jusques à quand vous supporterai-je? Amenez-le moi». S'il n'y a pas de foi, il n'y a pas de relation avec Dieu. Il y a support et patience de sa part; il présente la grâce; mais il n'y a aucune relation morale avec lui. Il ne peut y en avoir, ni par la loi, ni par les prophètes; leurs ministères ont pris fin, bien qu'ils aient été parfaits comme moyens de communication pour le temps auquel ils ont été donnés. Nous n'avons aucun recours à eux; il n'y a maintenant que la voix du Fils de Dieu; et la nouvelle relation introduite par lui a effacé toutes les autres. Il vous faut être chrétien, et rien d'autre. Si vous recourez à la loi, vous êtes Juif. Si la grâce ne met dans votre coeur toute autre pensée de côté, le jugement y mettra fin.

Quelle grâce, quand on pense que Dieu s'est retiré de toute autre relation pour en former avec nous une aussi précieuse et aussi intime! Non seulement en nous pardonnant, mais en faisant de nous des compagnons de Jésus. Ecouter Christ, et apprendre par lui l'amour parfait de Dieu, voilà la grâce que Dieu nous présente. Si nous n'en voulons pas jouir, Jésus nous dit: «Jusques à quand vous supporterai-je?»

Que Dieu nous donne à tous de comprendre la perfection de son amour qui est manifesté en Christ, et non autrement! Puissions-nous le glorifier en reconnaissant toute la plénitude de sa grâce envers nous!