La venue du Seigneur et les événements qui s'y rapportent

ME 1889 page 89

 

La venue du Seigneur et les événements qui s'y rapportent 1

1.  L'espérance de l'Eglise. 1

2.  L'espérance de l'Eglise est-elle actuelle?. 5

3.  L'enlèvement des saints. 9

4.  Les noces de l'Agneau. 13

5.  Le rétablissement des Juifs. 17

6.  L'apostasie et l'Antichrist 21

7.  La grande tribulation. 25

8.  L'apparition de Christ 30

9.  Le royaume de Christ 35

10.  La nouvelle Jérusalem.. 40

11.  Le grand trône blanc et l'état éternel 45

 

1.  L'espérance de l'Eglise

Je désire, avec le secours du Seigneur, présenter simplement ce que la Parole nous enseigne touchant le retour du Seigneur, les événements qui l'accompagnent et ceux qui le suivent. Chaque jour rend plus évident le fait que nous sommes dans les temps fâcheux (2 Timothée 3) — de là, la nécessité pour ceux qui appartiennent au Seigneur d'avoir toujours plus devant leurs coeurs l'attente de son retour.

Il y a maintenant une cinquantaine d'années que le cri se fit entendre: «Voici l'époux, sortez à sa rencontre» (Matthieu 25: 6). Jusqu'à ce moment, l'Eglise était restée plongée dans un profond sommeil, sous l'action assoupissante des influences du monde, de sorte que la vérité du retour du Seigneur pour ses saints était oubliée, ignorée, ou niée. Mais lorsque, par l'action de l'Esprit de Dieu, ce cri eut retenti, des milliers d'âmes furent tirées de leur sommeil, et, préparant leurs lampes, sortirent de nouveau pour rencontrer l'Epoux.

Pendant un temps, elles vécurent journellement dans l'attente de son retour, et cette espérance agissait si puissamment sur leurs coeurs et leur vie qu'elle les détachait de toute chose, — association, habitude et manière de vivre, — qui ne répondait pas au caractère de Celui qu'elles attendaient. Leurs reins étaient ceints et leurs lampes allumées, comme il convenait à ceux qui attendent leur Seigneur (Luc 12: 35, 36).

Mais le temps s'est écoulé, et, tandis que la doctrine du second avènement du Seigneur est enseignée et saisie par un plus grand nombre de personnes, et demeure, sans nul doute, le soutien et la consolation de beaucoup d'âmes pieuses, on peut se demander si, pour plusieurs des saints, elle n'a pas perdu sa fraîcheur et sa puissance. En effet, n'est-il pas évident à tous ceux qui ont des yeux pour voir, que le niveau de la séparation pour Christ s'est abaissé toujours plus; que la mondanité a augmenté; que les saints s'associent avec ce dont ils professent être sortis, et qu'ainsi beaucoup d'entre eux risquent de retomber dans le sommeil, même en ayant sur leurs lèvres la doctrine du retour du Seigneur?

Le temps est donc venu d'insister de nouveau sur cette précieuse vérité et de la placer sur le coeur et la conscience des croyants. Car le Seigneur est proche, et il désire que son peuple soit comme le guet qui veille, désirant ardemment et attendant son retour. Il est certes grand temps «de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru» (Romains 13: 11); «encore très peu de temps, et celui qui vient, viendra, et il ne tardera pas» (Hébreux 10: 37). Et lui-même a dit: «Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant. En vérité, je vous dis qu'il se ceindra, et les fera mettre à table, et s'avançant, il les servira» (Luc 12: 37).

Dans ce que nous venons de dire, nous avons supposé comme admis que LE RETOUR DU SEIGNEUR EST L'ESPERANCE DISTINCTIVE DE L'EGLISE; nous allons maintenant le démontrer par les Ecritures. Presque chaque livre du Nouveau Testament pourrait apporter sa preuve; ce que nous en citerons suffira pour que l'évidence soit complète.

En premier lieu, le Seigneur lui-même prépara ses disciples à demeurer, après son départ, dans l'attente de son retour. «Qui donc», dit-il, «est l'esclave fidèle et prudent, que son maître a établi sur les domestiques de sa maison pour leur donner leur nourriture au temps convenable? Bienheureux est cet esclave-là que son maître, LORSQU'IL VIENDRA, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu'il l'établira sur tous ses biens» (Matthieu 24: 45-47). Il caractérise ensuite le méchant esclave comme disant: «Mon maître tarde à venir etc.…» (verset 48); et indique le châtiment qui attend un tel serviteur. Les deux paraboles suivantes, celle des vierges et celle des talents, enseignent clairement la même leçon, et d'autant plus fortement par le fait que les vierges qui s'endorment et les serviteurs qui reçoivent les talents, sont les mêmes vierges et les mêmes serviteurs qui se retrouvent au retour du Seigneur.

Nous trouvons la même instruction dans l'évangile de Marc. «Prenez garde, veillez et priez, car vous ne savez pas quand ce temps sera. — C'est comme un homme allant hors du pays, laissant sa maison, et donnant de l'autorité à ses esclaves, et à chacun son ouvrage; et il commanda au portier de veiller. Veillez donc; car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, le soir, ou à minuit, ou au chant du coq, ou au matin; de peur qu'arrivant tout à coup, il ne vous trouve dormant. Or ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous: Veillez» (Marc 13: 33-37).

La même vérité se trouve répétée plusieurs fois dans l'évangile de Luc. Nous avons vu un passage frappant au chapitre 12: 35-37. On peut y ajouter le suivant: «Il dit donc: Un homme noble s'en alla dans un pays éloigné, pour recevoir un royaume et revenir. Et ayant appelé dix de ses propres esclaves, il leur donna dix mines, et leur dit: Trafiquez jusqu'à ce que je vienne» (Luc 19: 12, 13). Puis, comme dans l'évangile de Matthieu, dans la parabole des talents, nous le voyons revenant et examinant l'usage qu'ont fait les esclaves de l'argent qui leur avait été confié (verset 15).

Il suffira de citer un seul passage de l'évangile de Jean. Les disciples étaient plongés dans la douleur à la pensée du départ de leur Seigneur. Comment répond-il à ce que leur âme éprouvait? Il dit: «Que votre coeur ne soit pas troublé; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 1-3).

Les quatre évangiles rendent donc unanimement témoignage au retour du Seigneur pour les siens, et c'est là leur espérance durant son absence. Passons maintenant aux Actes et aux épîtres.

Que trouvons-nous d'abord dans les Actes? Après sa résurrection, le Seigneur apparut à ses disciples, «étant vu par eux durant quarante jours, et parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu» (1: 3). Le temps de son ascension étant arrivé, il les conduisit jusqu'à Béthanie (Luc 24: 50), et quand il eut achevé de leur donner ses instructions, «il fut élevé de la terre, comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l'emporta de devant leurs yeux. Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu'il s'en allait, voici, deux hommes, en vêtements blancs, se tinrent là à côté d'eux, qui aussi dirent: Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel? Ce Jésus, qui a été élevé d'avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel» (Actes des Apôtres 1: 9-11). Pouvait-on parler plus clairement? Quelles paroles, vu les circonstances, pouvaient être plus significatives, ou moins capables d'être mal comprises? Les disciples avaient vu le Seigneur se séparer d'eux et s'élever vers le ciel. Ils l'avaient suivi des yeux jusqu'à ce qu'une nuée l'eût dérobé à leurs regards, et tandis qu'ils contemplaient, muets d'étonnement, ils reçoivent ce message que Celui qu'ils avaient vu partir, reviendrait de la même manière qu'ils l'avaient vu aller au ciel, et par conséquent, en personne. S'il y a lieu de s'étonner, c'est qu'après ces paroles, l'Eglise ait jamais pu perdre ou oublier l'espérance du retour du Seigneur.

Le témoignage des épîtres n'est pas moins clair et décisif: «De sorte que vous ne manquez d'aucun don, pendant que vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Corinthiens 1: 7). «Notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur» (Philippiens 3: 20). «Comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils Jésus» (1 Thessaloniciens 1: 9, 10; voyez aussi 2: 19; 3: 13; 4: 15-18; 2 Thessaloniciens 1: 7; 2: 1; 3: 5). «Attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (Tite 2: 13). «Le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent» (Hébreux 9: 28. Voyez aussi Jacques 5: 7, 8; 1 Pierre 1: 7, 13; 2 Pierre 3; 1 Jean 3: 2; Apocalypse 3: 11; 22: 7, 12, 20).

Bien que ce ne soient là que quelques-uns des passages que l'on puisse citer, ils suffisent à montrer combien ce sujet occupe de place dans la parole de Dieu, et en l'examinant, on verra que c'est parce qu'il se lie intimement à l'essence même du christianisme. Otez l'espérance du retour du Seigneur, et vous enlèverez du même coup au christianisme son vrai caractère. On ne saurait affirmer trop fortement que ce n'est pas une doctrine que l'on puisse accepter ou rejeter à plaisir, mais que c'est une partie intégrante de la vérité elle-même, liée à l'appel et à la position du croyant, à sa relation avec Christ et à ses bénédictions futures. C'est pour cela que Paul rappelle aux Thessaloniciens qu'ils avaient été convertis des idoles à Dieu, pour attendre du ciel le Fils de Dieu, et tout croyant est converti maintenant dans le même but. Etre sans cette espérance et cette attente, c'est donc ignorer ce que le croyant possède en Christ.

Il suit de ce qui précède que l'attitude normale de tout croyant est l'attente de Christ. Bien plus, c'est ce qui caractérise chacun de ceux qui se trouvent sur le terrain chrétien, bien qu'ils puissent n'en avoir pas conscience, car la Parole dit que les dix vierges, dont cinq étaient folles, prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l'époux. Ainsi, leur profession, bien que les folles n'eussent point d'huile, c'était d'attendre Christ.

Cher lecteur, attendez-vous la venue du Seigneur Jésus? Est-ce là l'heureuse et unique espérance qui réjouit votre âme, tandis que vous poursuivez votre solitaire pèlerinage? Vos yeux sont-ils fixés sur l'étoile brillante du matin? Ou bien êtes-vous tellement absorbé par les choses présentes que, semblable aux vierges, vous vous êtes assoupi et endormi? Si, hélas! il en était ainsi, puissent ces paroles: «Voici, je viens promptement»: «Voici l'époux», vous arracher à votre sommeil, tandis qu'il y a encore du délai, de peur que, venant subitement, vous ne soyez trouvé endormi.

Peut-être connaissez-vous la vérité du retour de Christ; mais la question n'est pas: connaissez-vous cette vérité? c'est: attendez-vous Christ? Connaître est une chose, mais c'en est une tout autre que de vivre jour après jour, heure après heure, dans l'espérance et l'attente du retour du Seigneur. Si vous l'attendez, vos affections sont toutes concentrées sur l'objet de votre attente; vous êtes à part de tout ce qui n'est pas selon sa pensée et sa volonté; vous êtes libre quant à tout ce que la nature chérit, et quand il vous annonce son prompt retour, votre coeur répond avec effusion: «Amen! viens, Seigneur Jésus!» (Apocalypse 22: 20).

2.  L'espérance de l'Eglise est-elle actuelle?

La question qui se présente maintenant est celle-ci: La venue du Seigneur est-elle une espérance immédiate, c'est-à-dire est-ce un fait qui peut avoir lieu d'un instant à l'autre, ou bien devons-nous attendre auparavant l'accomplissement de certains événements? C'est un point vital, et c'est pourquoi il est nécessaire d'examiner avec beaucoup de soin l'enseignement de l'Ecriture sur ce sujet.

D'une manière générale, on peut dire qu'il y a trois mots employés dans l'Ecriture en rapport avec le second avènement de Christ. Le premier mot est «parousia», qui signifie simplement «venue»; et qui, par conséquent, est appliqué à la venue d'une personne quelconque, aussi bien qu'à celle de Christ (voyez 1 Corinthiens 16: 17; 2 Corinthiens 7: 6; 10: 10; Philippiens 1: 26; 2: 12; comme exemples de son emploi quand il s'agit de personnes). Il est employé environ seize fois pour désigner la venue de Christ (Matthieu 24: 3, 27, 37, 39; 1 Corinthiens 15: 23; 1 Thessaloniciens 2: 19; 3: 13; 4: 15; 5: 23; 2 Thessaloniciens 2: 1, 8, 9; Jacques 5: 7, 8; 2 Pierre 1: 16; 3: 4). L'emploi de ce mot, d'après sa signification même, est tout à fait général, et par conséquent ne peut en lui-même indiquer le caractère précis de l'événement pour lequel il est employé. Ainsi, il se trouve également, comme on l'a vu plus haut, en Matthieu 24 et 1 Thessaloniciens 4.

Un autre mot est « apocalnciz », qui signifie «révélation», et qui est employé quatre fois en rapport avec la venue de Christ (1 Corinthiens 1: 7; 2 Thessaloniciens 1: 7; 1 Pierre 1: 7, 13, et peut-être 1 Pierre 4: 13). La signification de ce mot est déterminée; il se rapporte toujours au moment où le Seigneur sortira du ciel et viendra avec ses saints pour juger la terre (exemple 2 Thessaloniciens 1: 7).

Le troisième mot est epijaneia, dont le sens est «apparition» ou «manifestation». Il est employé une fois en parlant de la première venue du Seigneur (2 Timothée 1: 10), et cinq fois en parlant de sa seconde venue (2 Thessaloniciens 2: 8, ici, il est employé en même temps que  paronria; 1 Timothée 6: 14; 2 Timothée 1: 10; 4: 1, 8; Tite 2: 13). A ce qui précède, nous pouvons ajouter que, lorsque le Seigneur annonce sa propre venue, comme par exemple dans Apocalypse 22: 7, 12, 20, il emploie le mot ordinaire ercomai — «je viens».

La difficulté qui se présente est celle-ci. Si c'est l'apparition ou la révélation de Christ que nous devons attendre, il est certain que notre attente ne saurait être immédiate, car les Ecritures nous apprennent que plusieurs événements doivent précéder cette apparition. Ainsi, nous voyons dans 2 Thessaloniciens 2, que l'homme de péché — l'antichrist — doit d'abord paraître sur la scène; or cela nécessite le retour et la réintégration des Juifs dans leur pays, la reconstruction de leur temple et le rétablissement de leurs sacrifices et de leur service religieux (Matthieu 24: 15; Daniel 9: 26, 27; Apocalypse 11-13, etc.). De plus, dans ce cas, nous devons traverser la grande tribulation avec toutes ses douleurs, avant que le Seigneur ne vienne.

Or, est-ce là l'enseignement de l'Ecriture? En premier lieu, on ne saurait nier qu'il est parlé des croyants comme attendant l'apparition ou révélation, aussi bien que la venue de Christ. Ainsi, en 1 Corinthiens 1: 7, l'apôtre dit: «Vous ne manquez d'aucun don de grâce pendant que vous attendez la révélation (apocalncin) de notre Seigneur Jésus Christ». Et aussi, en écrivant à Timothée: «Que tu gardes ce commandement, sans tache et irrépréhensible, jusqu'à l'apparition (epijaneia) de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Timothée 6: 14). De même, dans son épître à Tite, nous lisons: «Attendant la bienheureuse espérance et l'apparition (epijaneia) de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (Tite 2: 13). Les croyants — je veux dire ceux de cette dispensation, c'est-à-dire l'Eglise — resteront-ils sur la terre jusqu'à l'apparition de Christ? Un examen attentif de l'Ecriture montre qu'il y est parlé de deux événements distincts: la venue du Seigneur Jésus pour ses saints et la venue de Christ avec ses saints. En 1 Thessaloniciens 3: 13, nous trouvons cette dernière; c'est de la première qu'il est question en 1 Thessaloniciens 4: 15-17. De plus, Paul nous enseigne très clairement dans l'épître aux Colossiens, que la venue de Christ avec ses saints, aura lieu à son apparition. Il dit: «Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3: 4). Pour qu'il en soit ainsi, il faut qu'avant la manifestation publique de Christ à la terre, les saints aient été pris pour être avec lui.

Laissant pour le moment la difficulté déjà exposée, mais seulement afin de pouvoir la résoudre plus complètement, nous nous poserons la question: L'Ecriture enseigne-t-elle quelque part que le chrétien doive attendre quelque événement qui précède le retour de Christ, ou bien peut-il et doit-il constamment attendre que Christ revienne? Nous avons parlé, dans un article précédent, de l'enseignement du Seigneur sur ce sujet, nous rappellerons cependant que l'on ne saurait tirer aucune autre conclusion soit de la parabole des vierges, soit de celle des talents, car les vierges qui s'endorment sont aussi celles qui sont réveillées par le cri: «Voici l'Epoux!» et ce sont les mêmes serviteurs qui reçoivent les talents et à qui il en est demandé compte au retour du Maître. Dans tous les passages où le Seigneur parle de sa venue, on ne saurait douter qu'il ne voulût imprimer dans l'esprit de ses auditeurs la possibilité de son retour à un moment quelconque, et même au moment le plus inattendu (voyez Marc 13: 34-37; Luc 12: 35-37; Jean 21: 20, 21, etc.).

Le langage de Paul a la même portée. En écrivant aux Corinthiens touchant la résurrection des croyants, il dit, ou plutôt l'Esprit de Dieu dit par lui: «Voici, je vous dis un mystère: Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés» (1 Corinthiens 15: 51), et dans l'épître aux Thessaloniciens, nous lisons: «Nous, les vivants qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 15). Il est évident que, par le mot «nous», Paul indique qu'il pouvait se trouver lui-même dans le nombre de ceux qui se trouveraient vivants au retour du Seigneur, et qu'ainsi, pour autant qu'il connaissait, rien n'empêchait que le Seigneur ne revînt pour ses saints durant sa propre vie. Pierre non plus ne le considérait pas comme improbable, puisqu'il reçut une révélation spéciale pour lui faire connaître qu'il passerait par la mort (2 Pierre 1: 15). Et assurément, le fait que la dernière proclamation du livre inspiré est: «Voici, je viens promptement» (Apocalypse 22: 20), ne peut que soutenir et fortifier cette conclusion.

Mais malgré l'évidence qui résulte de ces passages, tout dépend de cette question: L'Eglise restera-t-elle sur la terre jusqu'à l'apparition du Seigneur? Or, si nous comparons Matthieu 24 avec un passage des Colossiens déjà cité, nous aurons une réponse claire et distincte. Dans l'évangile de Matthieu nous lisons: «Et aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors paraîtra le signe du Fils de l'homme dans le ciel. Et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l'un des bouts du ciel jusqu'à l'autre bout» (24: 29-31). Nous voyons donc ici l'ordre des événements à l'apparition du Fils de l'homme, et nous pouvons remarquer que: 1° Il y a la tribulation; 2° le trouble dans les luminaires célestes; 3° le signe du Fils de l'homme dans le ciel; 4° la lamentation des tribus de la terre; 5° le Fils de l'homme venant, etc., tandis que les élus sur la terre ne sont pas encore rassemblés. Maintenant qu'avons-nous lu dans l'épître aux Colossiens? «Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3: 4). De même dans l'Apocalypse, lorsque Christ sort du ciel pour le jugement (c'est son apparition), «les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur» (Apocalypse 19: 11-14). Qui sont-elles? Leur vêtement nous l'indique, car le huitième verset nous dit: «Le fin lin, ce sont les justices des saints».

Il est donc évident que «les élus» de Matthieu 24, ne peuvent pas être l'Eglise, puisque les saints qui composent l'Eglise apparaissent avec Christ, et en fait, comme le chapitre lui-même le montre abondamment, ce sont les élus d'Israël, le résidu juif que Dieu, par son Esprit, a préparé pour le temps où le Seigneur qu'ils chercheront, entrera aussitôt dans son temple (Malachie 3: 1). Il suit de là, que le Seigneur Jésus reviendra pour les siens avant son apparition, et puisqu'il détruit l'antichrist par l'apparition de sa venue (2 Thessaloniciens 2: 8), ce doit être avant que celui-ci ne s'élève et domine, et par conséquent avant la grande tribulation, car celle-ci, comme nous le verrons plus tard, se rattache au temps de l'antichrist.

Mais de là suit une autre chose. Tous les événements prédits et qui sont attendus avant l'apparition du Seigneur, se lient avec la restauration de l'ancien peuple de Dieu et les actes de l'homme de péché, le fils de perdition, l'antichrist, et, par conséquent, pour autant que l'Ecriture le fait connaître, il n'y a rien entre le moment présent et la possibilité du retour du Seigneur.

Comment donc se fait-il que l'Ecriture nous dise que nous avons à attendre l'apparition aussi bien que la venue du Seigneur, puisque, quand Christ sera manifesté, nous le serons avec lui? En voici la raison. Quand il s'agit de la responsabilité, l'apparition, non la venue, est le but, parce que la terre ayant été la scène de la responsabilité, la terre sera aussi la scène de la récompense. Cela n'est nullement incompatible avec le fait que la venue de Christ à un moment quelconque, est l'espérance propre du croyant. D'un autre côté, cela jette une grande lumière sur les voies de Dieu dans le gouvernement de son peuple, et manifeste un nouveau trait de la perfection avec laquelle le Seigneur agit envers ses serviteurs. Quand il part, il leur confie des dons pour son service, en disant: «Trafiquez jusqu'à ce que je vienne» (Luc 19: 13). La responsabilité des serviteurs dans l'usage de ce qui a été commis à leurs soins, se borne à la terre, et est limité à leur séjour ici-bas. En conséquence, c'est au retour du Seigneur sur la terre qu'est manifesté le résultat de leur responsabilité.

Mais ce n'est pas seulement dans l'usage fait des dons que l'on voit ce principe, on le trouve dans tout ce qui tient à la responsabilité de chaque saint. Les Corinthiens ne manquaient d'aucun don, pendant qu'ils attendaient la révélation de notre Seigneur Jésus Christ; les Thessaloniciens, pour l'issue bénie des persécutions qu'ils enduraient, devaient regarder en avant vers le temps où le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance (2 Thessaloniciens 1: 7); et Timothée est exhorté à garder le commandement, sans tache et irrépréhensible, jusqu'à l'apparition de notre Seigneur Jésus Christ (1 Timothée 6: 14).

En effet, c'est alors qu'il viendra pour être glorifié dans ses saints et être admiré dans tous ceux qui auront cru (2 Thessaloniciens 1: 10); et alors, par conséquent, aura lieu la manifestation publique du résultat et de l'issue du sentier des saints à travers ce monde. C'est à quoi aboutira le service du croyant, il aura alors la jouissance du fruit de son travail; ce sera aussi le moment où les droits du Seigneur Jésus seront déclarés et revendiqués, et par conséquent, sous ce rapport, il est dit que nous aimons son apparition (2 Timothée 4: 8).

Mais, comme nous l'avons montré par les Ecritures, le Seigneur revient pour ses saints avant son apparition, et, par conséquent, c'est vers sa venue que leurs regards sont dirigés. C'est l'objet propre de notre espérance. Nos coeurs sont occupés de lui, et nous attendons avec désir le moment où, selon sa parole, il reviendra nous prendre, afin que là où il est, nous y soyons aussi (Jean 14: 3). Telle est donc notre attitude. Comme les Israélites, la nuit de la Pâque, avec leurs reins ceints, leurs souliers aux pieds, leur bâton à la main, attendaient le signal du départ, ainsi devrions-nous être, nos reins ceints et nos lampes allumées, attendant le Seigneur qui descendra du ciel avec un cri de commandement, la voix de l'archange, et la trompette de Dieu, et qui nous enlèvera hors de la scène présente, pour être toujours avec lui.

Est-ce là notre attente constante? Commençons-nous la journée avec la pensée que, avant que le soir ne soit venu, nous pourrions être ravis dans la lumière sans nuage de la présence du Seigneur? Quand nous posons nos têtes pour le repos de la nuit, nous rappelons-nous qu'avant le retour du matin nous pourrions être avec Jésus? Tout dans notre vie est-il constamment réglé, de telle sorte que nous ne voudrions rien y voir changé, si le moment qui vient devait être celui du retour du Seigneur? Tous nos projets, nos desseins et nos occupations, sont-ils formés, entrepris et poursuivis, en ayant ce merveilleux avenir devant nos yeux? Assurément, c'est là uniquement ce qui peut convenir à ceux qui vivent dans l'attente du Seigneur.

Puisse-t-il lui-même nous introduire et nous garder dans toute la puissance de cette précieuse vérité, afin de nous séparer toujours plus de tout ce qui n'est pas selon lui; et se présentant lui-même à nous dans toute sa beauté, comme l'étoile du matin, puisse-t-il occuper nos pensées et remplir nos coeurs!

3.  L'enlèvement des saints

Deux choses ont lieu quant à la venue du Seigneur pour les siens: ceux qui sont morts en Christ ressuscitent, et les croyants vivants sont changés; ensuite, tous ensemble seront ravis dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. C'est l'enseignement clair et simple que nous trouvons en 1 Thessaloniciens 4: 16, 17.

Le Seigneur Jésus lui-même avait montré cette vérité, bien que la portée de ses paroles ne pût guère être saisie sans la lumière que jettent sur elles les épîtres. A Béthanie, après la mort de Lazare, il dit à Marthe: «Ton frère ressuscitera. Marthe lui dit: Je sais qu'il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit: Moi, je suis la résurrection et la vie: celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point à jamais» (Jean 11: 23-26). Nous avons donc ici les deux mêmes classes de personnes, — ceux qui ont cru en Christ, mais qui sont morts avant sa venue; et secondement, ceux qui, croyant en lui, seront vivants à son retour, ceux-là ne mourront jamais.

Afin que le sujet soit établi bien clairement, il faut d'abord montrer que les croyants seuls ressusciteront d'entre les morts à la seconde venue du Seigneur. Il n'y a point de doctrine qui soit enseignée d'une manière plus explicite dans l'Ecriture, et qui soit cependant plus complètement négligée ou ignorée par la masse des chrétiens de profession. La pensée ordinaire est qu'à la fin du monde, au terme du millénium, il y aura une même résurrection des croyants et des non croyants; que tous ensemble seront amenés devant le trône du jugement, et qu'alors sera fixée la destinée éternelle de chacun. Mais cette conception théologique, bien que si généralement enseignée et acceptée, non seulement n'a aucun fondement scripturaire, mais est même directement opposée à ce que la parole de Dieu nous enseigne. C'est ce que l'on devra reconnaître, si l'on fait attention aux passages de l'Ecriture qui établissent que les croyants seuls ressusciteront à la venue du Seigneur.

Outre ce que nous avons vu en Jean 11, je citerai quelques passages des évangiles. En descendant de la montagne de la transfiguration, le Seigneur enjoignit à ses disciples de ne point dire ce qu'ils avaient vu jusqu'à ce que le Fils de l'homme fût «ressuscité d'entre les morts» (c necròn). «Et ils gardèrent cette parole, s'entre-demandant ce que c'était que ressusciter d'entre les morts» (Marc 9: 9, 10). Ils croyaient, de même que Marthe, qu'il y aurait une résurrection au dernier jour (Jean 11: 24); mais jusqu'alors, ils n'avaient jamais entendu parler d'une résurrection d'entre les morts, et c'est ce qui causait leur étonnement. Il est vrai que, dans ce passage, il est question de la résurrection de Christ, mais comme il est les prémices de ceux qui sont endormis (1 Corinthiens 15: 20), sa résurrection est à la fois le gage et le type de celle des croyants.

En Luc 14: 14, nous trouvons l'expression «résurrection des justes», et, dans un autre chapitre (Luc 20: 35), le Seigneur parle de «ceux qui seront estimés dignes d'avoir part à ce siècle-là et à la résurrection d'entre les morts». Il est impossible de se méprendre sur la signification des paroles du Seigneur. On voit clairement qu'il s'agit d'une résurrection partielle, et que ceux qui y auront part laisseront les autres dans leurs tombeaux.

Le même enseignement ressort de Jean 5: 28, 29. En remontant au verset 25, on remarquera que l'expression «heure» comprend une dispensation tout entière. «L'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront». Cette heure a duré depuis ce moment jusqu'au temps où nous sommes, selon ces paroles qui précèdent: «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie». Et cette heure durera jusqu'au retour du Seigneur. C'est le jour de la grâce tout entier. De même, le mot «heure» du verset 28 renferme toute une dispensation. «Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement». Ainsi, deux résurrections sont nettement indiquées: celle de vie qui aura lieu, comme nous le verrons, à la venue du Seigneur; et celle de jugement qui arrivera après le millénium (Apocalypse 20: 11-15).

Si nous prenons les épîtres, nous y trouverons des déclarations encore plus précises. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens traite de la résurrection des corps, non pas de tous, mais seulement des croyants. Un simple coup d'oeil suffit pour le montrer. Après avoir développé les conséquences de la fausse doctrine, savoir qu'il n'y a point de résurrection, l'apôtre établit la vérité: «Mais maintenant Christ a été ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis. Car puisque la mort est par l'homme, c'est par l'homme aussi qu'est la résurrection des morts; car comme dans l'Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus vivants. Mais chacun dans son propre rang: les prémices, Christ; puis ceux qui sont de Christ à sa venue» (1 Corinthiens 15: 20-23). Rien ne saurait être plus exact ou plus explicite. Il en est de même d'un autre passage déjà cité (1 Thessaloniciens 4), où il est dit: «Les morts en Christ ressusciteront premièrement» (l'apôtre n'en a point d'autres en vue), «puis nous, les vivants qui demeurons», etc. Il n'est nullement question de ceux qui ne croient pas. C'est ce fait qui explique l'expression suivante du même apôtre, dans une autre épître: «Si, en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts» (Philippiens 3: 11).

Je citerai encore un passage. Dans l'Apocalypse, au chapitre 20, il est question de ceux qui «vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans». Nous verrons plus tard quelle est l'application de ces paroles, mais portons actuellement notre attention sur les paroles qui suivent: «Le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis; c'est la première résurrection» (versets 4, 5). Certains interprètes ont cherché à prouver qu'il s'agissait là d'une résurrection spirituelle (que veulent-ils dire par là?); mais s'il en est ainsi, alors la résurrection dont il est question à la fin du chapitre, n'est pas littérale non plus, et cela ne tendrait à rien moins qu'à dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts, comme l'enseignaient les faux docteurs de Corinthe! Non; un langage aussi clair ne permet pas de méprise, surtout quand on considère les autres passages que nous avons cités en rapport avec le même sujet. Il est hors de doute que Dieu, dans sa grâce, a voulu que les croyants ressuscitassent d'entre les morts à la venue de Christ, et c'est ce qui est appelé la première résurrection (*). C'est pour cela que le terme de «prémices» est appliqué à la résurrection de notre Seigneur: il est les «prémices» de la moisson des siens, laquelle sera rassemblée à sa venue (1 Corinthiens 15: 20; comparez Lévitique 23: 10, 11).

(*) La première résurrection nous semble devoir comprendre aussi ceux qui auront été mis à mort par la Bête, bien qu'ils ressuscitent plus tard que les saints mentionnés en 1 Thessaloniciens 4. La période de la première résurrection s'étend jusqu'au millénium.

Il y a cependant un passage de l'Ecriture qui, pour plusieurs personnes qui n'ont pas examiné de près le sujet, semble contredire ce que nous venons de dire. C'est l'endroit où il est parlé des brebis et des boucs rassemblés devant Christ au même moment (Matthieu 25: 31, etc.). Cette scène, que l'on regarde ordinairement comme étant une description du jugement dernier, est souvent citée comme une preuve contre la première résurrection, — celle des croyants. Mais si l'on fait attention aux paroles du Seigneur, on verra bientôt qu'elles ne renferment pas la moindre allusion à la résurrection: «Or quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s'assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui», etc. (versets 31, 32). Il s'agit donc de son apparition et de son règne et du jugement des vivants, et non de celui des morts. On ne parle pas de nations quand il s'agit des morts; ce terme ne s'applique qu'aux vivants. Remarquez aussi qu'il y a trois classes — les brebis, les boucs et les frères du Roi; et ce fait seul détermine l'interprétation de la scène tout entière, et montre d'une manière concluante que nous avons là le jugement des nations vivant sur la terre à l'apparition du Fils de l'homme dans sa gloire et quand il se sera assis sur son trône. Les «frères» sont des Juifs qui ont été envoyés comme messagers par le Roi pour annoncer son royaume; ceux qui les ont reçus sont les brebis, et ceux qui les ont rejetés sont les boucs. Leur relation avec le Roi dépend de la manière dont ils ont traité ses messagers (pour ce principe, voyez Matthieu 10: 40-42).

Nous avons donc établi que le Seigneur revient pour chercher les siens, — soit qu'ils fussent morts avant ce moment, soit qu'ils vivent encore sur la terre, — selon sa parole: «Si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi» (Jean 14: 3). Considérons maintenant le mode de sa venue et de l'enlèvement des saints.

L'enseignement le plus précis sur ce sujet nous est donné dans un passage déjà cité, mais que nous placerons ici dans son entier: «Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance à l'égard de ceux qui dorment, afin que vous ne soyez pas affligés comme les autres qui n'ont pas d'espérance. Car si nous croyons que Jésus mourut et qu'il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus. Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur: que nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d'archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées au-devant du Seigneur en l'air; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 13-17).

On ne voit souvent pas toute la portée de cet important passage, faute de faire attention à sa signification précise. Les saints de Thessalonique n'avaient aucun doute quant à ce qu'ils auraient au retour de Christ; mais, d'une manière ou d'une autre, ils étaient tombés dans l'erreur de supposer que ceux qui s'étaient endormis avant cet événement, souffriraient une perte. C'est pour corriger cette erreur que l'apôtre leur donne une instruction spéciale «par la parole du Seigneur», c'est-à-dire, par une révélation sur ce sujet particulier. Il montre donc que tous ceux qui sont endormis en (ou par, dia) Jésus, Dieu les amènera avec lui, que ceci en fait se lie à notre foi en la mort et la résurrection de Christ, et en est une conséquence. Puis il explique comment cela est possible, et c'est cette explication qui forme le sujet de la révélation spéciale dont nous avons parlé. Le Seigneur viendra, les morts en Christ ressusciteront, les vivants seront changés et seront ravis ensemble avec eux dans les nuées, à la rencontre du Seigneur.

Comme nous l'avons vu, cet événement peut avoir lieu à un moment quelconque. Que nos esprits se familiarisent avec cette scène. Soudainement, le Seigneur descendra du ciel de la manière que ce passage nous le décrit. Premièrement, avec un cri de commandement. Cela a fait surgir une difficulté dans certains esprits. Si, disent-ils, le Seigneur revient seulement pour les siens, et que ce soit avec un cri de commandement, ne sera-ce donc point d'une manière publique? Non; pas nécessairement. Le mot employé (elensmati) indique une certaine relation entre celui qui appelle et ceux qui sont appelés, comme, par exemple, l'ordre donné par un commandant à ses soldats. C'est donc un cri destiné seulement à ceux auxquels il s'adresse, et dont la portée ne serait pas comprise par d'autres. Quand le Seigneur était sur la terre, une voix lui fut adressée du ciel; quelques-uns des assistants pensaient que c'était un coup de tonnerre qui avait eu lieu, tandis que d'autres disaient: «Un ange lui a parlé» (Jean 12: 28, 29). De même, lors de la conversion de Saul, ses compagnons entendirent une voix, c'est-à-dire le son d'une voix (Actes des Apôtres 9: 7); «mais», dit Paul, «ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait» (Actes des Apôtres 22: 9; comparez avec Daniel 10: 7). Il en sera de même quand le Seigneur descendra du ciel. Tous les siens entendront le cri et en comprendront la portée, mais si d'autres l'entendent, ce sera pour eux comme le bruit d'un tonnerre lointain, ou si la voix de l'archange et la trompette de Dieu sont aussi entendus, l'ensemble fera l'effet d'un phénomène étrange qui sera peut-être discuté et expliqué par les hommes de science. Il est probable que les trois choses, le cri, la voix de l'archange et la trompette de Dieu (voyez Nombres 10), ont un seul et même objet, c'est-à-dire l'appel, le rassemblement des saints ressuscités et des saints vivants pour être transportés en la présence de leur Seigneur.

Deux effets suivent instantanément l'appel du Seigneur. En effet, l'apôtre dit dans une autre épître: «Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés; en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette» (1 Corinthiens 15: 51, 52). «Les morts en Christ ressusciteront premièrement». Quelle scène merveilleuse! Tous ceux qui sont de Christ, renfermant, par conséquent, les saints de l'ancienne dispensation, aussi bien que ceux de la dispensation présente, ressusciteront à la venue du Seigneur (1 Corinthiens 15: 23). En descendant la suite des âges, depuis Adam jusqu'au dernier saint qui se sera endormi; toute cette innombrable multitude, «en un instant, en un clin d'oeil», sortira du tombeau, — tous ressusciteront incorruptibles. Et non seulement cela, mais tous les saints alors vivants seront changés, de sorte que tous ensemble seront revêtus de leurs corps de résurrection, semblables au corps de Christ en gloire (Philippiens 3: 21). C'est alors, «quand ce corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et que ce mortel aura revêtu l'immortalité», que «s'accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie en victoire» (1 Corinthiens 15: 54; voyez aussi 2 Corinthiens 5: 1-4).

Mais aussitôt que ce merveilleux changement aura été opéré, alors tous ceux qui l'auront éprouvé, seront ravis «dans les nuées, à la rencontre du Seigneur en l'air; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur». Alors le Seigneur lui-même entrera pour la première fois, pour ce qui concerne les siens, dans la pleine possession du fruit de son oeuvre de rédemption, du travail de son âme. Quelle langue peut dire, quelle plume peut décrire sa joie, quand il délivrera ainsi du tombeau les corps des siens, et quand, par la parole de sa puissance, il les amènera en sa présence, tous conformes à sa propre image? Il est impossible d'exprimer même notre joie, la joie dans laquelle nous entrerons, quand les désirs ardents de nos coeurs seront réalisés, et que, semblables à lui, nous contemplerons sa face, nous le verrons tel qu'il est, et serons pour toujours avec lui.

Voilà ce que nous attendons, et le temps n'est pas éloigné où tout sera accompli, car nous avons la parole certaine du Seigneur qui est fidèle et qui a dit: «Oui, je viens bientôt».

4.  Les noces de l'Agneau

Un événement a lieu dans le ciel avant que le Seigneur apparaisse avec ses saints: ce sont les noces de l'Agneau. Voici le passage qui en fait mention: «Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire; car les noces de l'Agneau sont venues; et sa femme s'est préparée; et il lui a été donné d'être vêtue de fin lin, éclatant et pur, car le fin lin, ce sont les justices des saints. Et il me dit: Ecris: Bienheureux ceux qui sont conviés au banquet des noces de l'Agneau» (Apocalypse 19: 7-9). Nous voyons dans cette scène céleste la consommation de la rédemption pour ce qui concerne l'Eglise. Christ se la présente et elle est pour jamais unie à l'objet de toutes ses espérances et de toutes ses affections.

Quelques remarques préliminaires sont nécessaires pour bien faire saisir le vrai caractère de cette scène. Plusieurs passages des Ecritures nous montrent que l'Eglise n'est pas seulement le corps, mais aussi l'épouse de Christ. Ainsi Paul écrivait aux Corinthiens: «Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste» (2 Corinthiens 11: 2). Autre part, quand il expose les devoirs des maris envers leurs femmes, il les appuie sur le fait que le mariage est un type de l'union de Christ avec l'Eglise: «Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par parole; afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irrépréhensible» (Ephésiens 5: 25-27). Plus loin, l'apôtre ajoute: «C'est pour cela que l'homme laissera son père et sa mère, et sera joint à sa femme; et les deux seront une seule chair. Ce mystère est grand; mais moi je parle relativement à Christ et à l'assemblée» (versets 31, 32). Ici, l'Esprit de Dieu nous ramène à la formation d'Eve prise d'Adam, à sa présentation à Adam et à son union avec lui comme sa femme, et il nous le fait voir comme un type de la présentation de l'Eglise à Christ, le dernier Adam. Aussi longtemps que Christ fut ici-bas comme homme, il demeura seul; mais un profond sommeil, le sommeil même de la mort, tomba sur lui, selon le dessein de Dieu, et comme fruit de son oeuvre, par la descente du Saint Esprit, l'Eglise fut formée et unie à lui, de sorte que, comme Adam le dit d'Eve: «Celle-ci est os de mes os et chair de ma chair» (Genèse 2: 23), nous, croyants, nous pouvons dire: «Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os» (Ephésiens 5: 30).

Mais ce chapitre de l'épître aux Ephésiens nous présente encore autre chose. Il y est dit que Christ a aimé l'Eglise et qu'il s'est livré pour elle. Ainsi son amour était la source de tout. Sous ce rapport, l'amour était son motif pour se livrer lui-même. Ayant trouvé la perle de grand prix et l'évaluant selon la mesure de ses propres affections, il vendit tout ce qu'il avait et l'acheta (Matthieu 13: 46). Il s'est livré lui-même pour elle, et en se livrant, il a donné tout ce que l'amour peut donner. Et il s'est livré pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par parole, rendant ainsi l'Eglise moralement propre pour lui-même, «afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse», etc. Nous avons là trois pas — le passé, le présent et l'avenir. Il s'est donné pour elle dans sa mort sur la croix; il la purifie (c'est par son intercession devant Dieu, à laquelle il est répondu par le lavage d'eau par parole); et il se la présentera, ce qui a lieu aux noces de l'Agneau.

Et tout cela, remarquez-le bien, est le fruit de son amour. S'il attend encore à la droite de Dieu, c'est seulement jusqu'à ce que chacun de ceux qui doivent faire partie de l'Epouse soit introduit. «Tout ce que le Père me donne, viendra à moi» (Jean 6: 37); et il a tout acheté et racheté par le don de lui-même. Il demeure donc assis, jusqu'à ce que le dernier de ceux-là ait été tiré des ténèbres et introduit dans la merveilleuse lumière de Dieu. Alors il n'attendra plus, car le même amour qui l'a porté à se livrer lui-même, le conduira à venir chercher son Epouse. C'est pourquoi, il se présente lui-même à l'Eglise en disant: «Voici, je viens promptement», lui rappelant que son amour est permanent, et qu'il attend avec désir le moment où il viendra pour la prendre auprès de lui. Etant donc venu chercher les siens, comme nous l'avons montré précédemment, et les ayant introduits dans la maison du Père, le temps des noces de l'Agneau est venu, et c'est cet événement que célèbre le passage de l'Apocalypse que nous avons cité.

Ce sont les noces de l'Agneau (Apocalypse 19: 7); et, comme on l'a dit: «L'Agneau est une figure sous laquelle est représenté le Fils de Dieu et qui nous parle des souffrances qu'il a endurées pour nous». L'âme comprend cela, et par conséquent ce titre «la femme de l'Agneau», dit que c'est par ses souffrances que le Seigneur l'a faite sienne; qu'il l'a estimée à si haut prix qu'il a tout abandonné «pour elle». Maintenant déjà les croyants sont unis à Christ; mais les noces parlent d'une autre chose. C'est le moment où tous les croyants de cette dispensation, qui s'étend de la Pentecôte au retour du Seigneur, déjà glorifiés et vus dans leur ensemble, seront pleinement et finalement associés à l'Homme ressuscité et glorifié; à Celui qui, dans sa grâce et son amour ineffables, a choisi l'Eglise pour qu'elle soit à jamais sa compagne. Dans la scène que nous avons sous les yeux, il est à la veille de son apparition; mais avant de revenir sur la terre où il a été rejeté, il veut que celle qui, en quelque mesure, a partagé ses douleurs et ses souffrances, lui soit unie d'une manière formelle, afin qu'il puisse la manifester au monde comme partageant sa propre gloire. «Et la gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, comme nous, nous sommes un; moi en eux, et toi en moi; afin qu'ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que toi tu m'as envoyé, et que tu les as aimés, comme tu m'as aimé» (Jean 17: 22, 23).

Cela se rapporte au moment où il reviendra pour prendre sa puissance et son règne,

Et la terre verra son Epouse chérie

Sur son trône avec Lui.

Les noces préparent cette manifestation publique; elles sont l'expression de ce qu'il y a dans son coeur, lorsqu'il amène ainsi l'Eglise à participer à sa gloire et à sa joie.

En réunissant ce qui est dit dans l'épître aux Ephésiens avec le passage de l'Apocalypse qui nous occupe, on verra que l'Epouse est revêtue d'une double beauté. Ici, nous avons: «Sa femme s'est préparée, et il lui a été donné d'être vêtue de fin lin, éclatant et pur» et, dans l'épître aux Ephésiens, nous lisons «Afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irrépréhensible» (Ephésiens 5: 27). Cette dernière beauté est le résultat de ce que Christ a fait pour elle. «Il s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par parole». Par là, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, il l'a rendue moralement propre pour être sa compagne, et, comme il se l'est maintenant présentée, elle resplendit de la beauté même du Seigneur et reflète sa propre gloire. C'est sa ressemblance même qu'il voit devant lui, reproduite dans son Epouse, et il l'a ainsi faite pour être sa compagne dans son exaltation et sa gloire.

Mais le «fin lin, éclatant et pur», indique un autre genre de beauté. Ce sont «les justices des saints» (verset 8). Ce fait élargit merveilleusement nos conceptions de la grâce de notre Dieu. Si nous faisons la moindre chose qui reçoive son approbation, ce ne peut être que par la puissance qu'il nous donne . «Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles» (Ephésiens 2: 10). Et cependant il nous ornera de tout le fruit et de toute la beauté de ce qui aura été opéré en nous et par nous, par l'efficace de sa grâce et de sa puissance. Ainsi toute espèce de beauté, divine et humaine, caractérisera la femme de l'Agneau, selon la perfection des pensées et des conseils de Dieu, et aussi la pensée et le coeur de l'Agneau.

Plusieurs choses distinctes sont à remarquer dans la célébration des noces de l'Agneau. En premier lieu, il y a une explosion de joie et de louanges: «Et j'entendis comme la voix d'une foule nombreuse, et comme une voix de grandes eaux, et comme la voix de forts tonnerres, disant: Alléluia! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-Puissant, est entré dans son règne» (verset 6). En effet, ainsi que la suite du chapitre le montre, les noces ont lieu immédiatement avant la venue pour le jugement du Roi des rois, du Seigneur des seigneurs, et ainsi, c'est à la veille du moment où le «royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ» commencera son existence (Apocalypse 11: 15).

Ensuite, se fait entendre le cri: «Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire; car les noces de l'Agneau sont venues» (verset 7). Ainsi, les noces de l'Agneau produisent l'admiration et l'adoration dans le ciel, dans tous les serviteurs de Dieu et en ceux qui le craignent, petits et grands (verset 5).

En dernier lieu, Jean reçoit l'ordre d'écrire: «Bienheureux ceux qui sont conviés au banquet des noces de l'Agneau». La portion de l'Epouse est, sans doute, unique et incomparable, mais même ceux qui sont invités à participer à la joie de ce jour sont déclarés bienheureux. Et il n'y a pas lieu de s'en étonner; car ils sont admis à voir la consommation des désirs de Christ, sa joie en se présentant à lui-même celle pour laquelle il est mort, et qui, rendue propre à lui être associée, est maintenant revêtue de la gloire de Dieu (Jean 17: 22; Apocalypse 21: 10, 11). C'est donc un jour de joie sans mélange, — joie pour le coeur de Dieu, joie pour l'Agneau et pour l'Epouse, joie pour tous ceux à qui il sera donné de contempler cette scène merveilleuse. Mais c'est l'Agneau lui-même qui, par-dessus tout, attire nos regards dans ce jour; car, ainsi qu'on l'a dit: «Ce sont les noces de l'Agneau, et non les noces de l'Eglise ou de la femme de l'Agneau; ce sont les noces de l'Agneau, comme si l'Agneau était le plus intéressé dans cette joie. L'Eglise aura sa joie en Christ, mais Christ aura sa plus grande joie dans l'Eglise. Le transport de joie le plus grand dans l'éternité sera dans le sein du Seigneur, à cause de son épouse rachetée. En toutes choses il doit avoir le premier rang, et en celle-ci aussi. Sa joie en elle sera plus grande que la sienne en lui».

5.  Le rétablissement des Juifs

Il n'y a rien de plus certain, d'après la parole de Dieu, que le retour et le rétablissement dans leur pays des Juifs, maintenant dispersés par tout le monde; car, dit l'Ecriture: «Celui qui a dispersé Israël, le rassemblera» (Jérémie 31: 10). L'époque de leur restauration n'est pas révélée, mais, puisqu'on les voit dans leur terre bientôt après l'enlèvement des saints, il est évident qu'elle aura lieu vers ce temps. Il est impossible de déterminer si ce sera avant ou après la venue du Seigneur pour les saints, mais il est plus probable que ce sera après; autrement, il y aurait un signe visible indiquant que le Seigneur est proche.

Une revue rapide des voies de Dieu dans son gouvernement sur la terre, simplifiera et facilitera beaucoup notre intelligence de ce sujet. Nous voyons, dans le prophète Daniel, qu'Israël ayant manqué complètement comme dépositaire de l'autorité divine sur la terre, la domination à été transférée aux gentils. Ainsi, dans l'interprétation du songe où Nébucadnetsar vit une grande statue, Daniel dit: «Toi, ô roi, tu es le roi des rois, parce que le Dieu des cieux t'a donné le royaume, la puissance, la force et la gloire; et il a mis en ta main les enfants des hommes, les bêtes des champs, et les oiseaux des cieux, en quelque lieu qu'ils habitent, et il t'a fait dominer sur eux tous: c'est toi qui es la tête d'or» (Daniel 2: 37, 38). Trois empires devaient suivre celui des Babyloniens: l'empire Médo-Perse, l'empire Grec et l'empire Romain. Le dernier de ceux-ci, disparaissant pour un temps, doit finalement revivre, mais être divisé en dix royaumes, représentés par les dix orteils de la statue, tous cependant unis dans une fédération commune sous une tête suprême (Daniel 2: 31-43; 7; Apocalypse 13;17). Ces empires vont jusqu'à la fin, mais le dernier est remplacé ou plutôt détruit par le royaume de Christ; car «dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit; et ce royaume ne passera point à un autre peuple, mais il brisera et consumera tous ces royaumes-là, et il sera établi éternellement» (Daniel 2: 44; voyez aussi Apocalypse 19: 11-21; 20). Or la période qui embrasse l'ensemble de ces monarchies est appelée «les temps des nations (ou gentils)», durant lesquels, suivant la parole de notre Seigneur, Jérusalem doit être «foulée aux pieds par les nations» (Luc 21: 24). L'absence des Juifs de leur pays coïncide, ou à peu près, avec cette période. Mais les desseins de Dieu touchant son ancien peuple s'accompliront; «car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir» (Romains 11: 29). C'est pourquoi, quand l'Eglise aura été complétée et ravie au ciel, les voies de Dieu recommenceront envers Israël.

Il est vrai qu'un faible résidu revint à Jérusalem sous le règne de Cyrus. Esdras et Néhémie nous donnent le récit de ce retour. Mais ce ne fut à aucun égard une restauration nationale, ni le plein accomplissement des desseins de Dieu, car Aggée, Zacharie et Malachie, qui prophétisèrent tous après cette période, parlent toujours du temps des bénédictions nationales, comme étant encore à venir (Aggée 2: 7-9; Zacharie 9-14; Malachie 3; 4). Et, en effet, depuis le temps de ce retour jusqu'à la naissance du Seigneur, bien loin d'être une nation indépendante, les Juifs furent toujours assujettis aux nations. Rien dans une semblable condition, ne répondait à la brillante prédiction du prophète: «Et les fils des étrangers rebâtiront tes murailles, et leurs rois seront employés à ton service, car je t'ai frappée en ma fureur; mais j'ai eu pitié de toi au temps de mon bon plaisir. Tes portes aussi seront continuellement ouvertes; elles ne seront fermées ni nuit ni jour, afin que les forces des nations te soient amenées, et que leurs rois y soient conduits. Car la nation et le royaume qui ne te serviront point, périront; et ces nations-là seront réduites en une entière désolation» (Esaïe 60: 10-12). L'objet de ce retour partiel des Juifs, qui eut lieu sous Cyrus, semble avoir été pour que Christ pût naître parmi eux, dans leur terre, selon les paroles des prophètes, et qu'il pût leur être présenté comme Messie.

C'est là ce qui eut lieu, et l'évangile de Matthieu qui traite spécialement de ce sujet, nous montre aussi quels furent les résultats. Christ fut entièrement rejeté. Ils choisirent Barabbas, afin d'arriver à faire mourir Christ. «Et le gouverneur répondant, leur dit: Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? Et ils dirent: Barabbas. Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus qui est appelé Christ? Ils disent tous: Qu'il soit crucifié Et le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Mais ils s'écriaient encore plus fort, disant: Qu'il soit crucifié!» (Matthieu 27: 21-23). Dans l'évangile de Jean, leur iniquité se montre d'une manière encore plus frappante, s'il est possible: «Pilate leur dit: Crucifierai-je votre roi? Les principaux sacrificateurs répondirent: Nous n'avons pas d'autre roi que César?» (Jean 19: 15). Ainsi, de propos délibéré, ils renoncèrent à l'espérance et à la gloire de leur nation, ils rejetèrent leur Messie, dans leur impie désir d'assurer la mort de Jésus de Nazareth, et depuis ce jour, proscrits et devenus un objet de dérision et de moquerie parmi toutes les nations où ils sont dispersés, ils subissent les conséquences de leur affreux forfait.

Mais, quel que soit le péché de son peuple, Dieu ne saurait se renier lui-même. Dans la mort de Celui que les Juifs ont rejeté, il a posé le fondement de leur restauration et de leur bénédiction futures, car il mourut pour la nation (Jean 11: 51). Les preuves de ce fait sont tellement nombreuses qu'il serait difficile de les présenter toutes, il faut nous borner à citer quelques passages qui l'établissent clairement.

Et il arrivera en ce jour-là, que le Seigneur mettra encore sa main une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste en Assyrie, en Egypte, à Patros, à Cus, à Hélam, à Sinhar, à Hamath, et dans les îles de la mer. Et il élèvera l'enseigne parmi les nations, et assemblera les Israélites qui auront été chassés, et il recueillera des quatre coins de la terre ceux de Juda qui auront été dispersés» (Esaïe 11: 11, 12).

Et encore: «Car l'Eternel aura pitié de Jacob, et élira encore Israël, et il les rétablira dans leur terre, et les étrangers se joindront à eux, et s'attacheront à la maison de Jacob. Et les peuples les prendront et les mèneront en leur lieu, et la maison d'Israël les possédera en droit d'héritage sur la terre de l'Eternel, comme des serviteurs et des servantes; ils tiendront captifs ceux qui les avaient tenus captifs, et ils domineront sur leurs exacteurs» (Esaïe 14: 1-3). Lisez encore, dans le même prophète, 25: 6-12; 26; 27: 6; 30: 18-26; 35: 10; 49: 7-26; 54; 60; 61; etc.

Le langage de Jérémie n'est pas moins clair: «Voici, les jours viennent, dit l'Eternel, que je ferai lever à David un germe juste, qui régnera comme Roi; il prospérera et exercera le jugement et la justice sur la terre. En ses jours Juda sera sauvé, et Israël habitera en assurance; et c'est ici le nom duquel on l'appellera: L'ETERNEL NOTRE JUSTICE. C'est pourquoi, voici, les jours viennent, dit l'Eternel, qu'on ne dira plus: L'Eternel est vivant, qui a fait remonter les enfants d'Israël du pays d'Egypte; mais on dira: L'Eternel est vivant, qui a fait remonter, et qui a ramené la postérité de la maison d'Israël, du pays qui est vers l'aquilon, et de tous les pays auxquels je les avais chassés; et ils habiteront en leur terre» (Jérémie 23: 5-8. Lisez surtout les chapitres 30; 31 et 33).

A peine y a-t-il un seul prophète qui ne touche ce sujet et d'une manière si claire, que, si l'on n'avait pas confondu Sion avec l'Eglise, personne n'aurait douté des intentions de Dieu envers son ancien peuple. Si même le témoignage des prophètes avait été moins précis, la déclaration de Paul, au chapitre 11 des Romains, aurait suffi pour nous enseigner que jamais Dieu n'abandonnera ses desseins de grâce et de bénédiction envers la semence d'Abraham. En effet, après avoir montré que Dieu n'a pas rejeté pour toujours son peuple, il dit: «Je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux: c'est qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des nations soit entrée; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit: Le libérateur viendra de Sion; il détournera de Jacob l'impiété. Et c'est là l'alliance de ma part pour eux, lorsque j'ôterai leurs péchés» (Romains 11: 25-27). Deux choses ressortent clairement de ce passage: d'abord, qu'une bénédiction est réservée à Israël, et ensuite, que leur Libérateur viendra de Sion, ce qui montre qu'ils devront être dans leur pays avant que la bénédiction ne leur soit donnée.

Toutefois, leur restauration présente plusieurs phases, avant que ne soit atteint le plein résultat dont parle l'apôtre Paul. Une partie du peuple retournera dans la Palestine, étant encore dans l'incrédulité. Cela est confirmé d'une manière certaine par le fait de leur conversion par l'apparition du Seigneur, ainsi que nous le lisons dans Zacharie (Zacharie 12: 9-14; 13: 1. Voyez aussi Esaïe 17: 10, 11; 28: 14, 15). Etant encore dans l'incrédulité, ils bâtiront un temple et chercheront à rétablir leur culte et leurs sacrifices, et ainsi ils prépareront la voie pour l'érection par l'Antichrist de l'abomination de la désolation dans le saint lieu, chose que le Seigneur a annoncée à ses disciples (Matthieu 24: 15; voyez aussi Apocalypse 11: 1, 2; Esaïe 66: 1-6). Cependant, au milieu de la masse incrédule, il y aura un résidu qui s'attendra à Dieu, et qui, ne connaissant pas encore le Messie, criera à l'Eternel dans sa détresse, et sera préservé des abominations dans lesquelles tombera l'ensemble de la nation. C'est le résidu élu, dont les expériences sont si amplement décrites dans les psaumes et dans quelques-uns des prophètes.

Le rétablissement des dix tribus s'effectuera après que le Seigneur aura pris possession de son royaume. Comme ils n'ont point pris part au rejet de Christ et à sa crucifixion, bien qu'ils soient jugés pour leurs propres péchés, ils ne passeront point par les tribulations terribles qui tomberont sur leurs frères, à cause de leur relation avec l'Antichrist et du fait de l'avoir reçu. Ce n'est donc qu'après son retour, que Christ manifestera et rétablira cette partie de son peuple si longtemps perdue. Nous lisons dans Ezéchiel la manière dont s'effectuera leur rétablissement. «Je suis vivant, dit le Seigneur, l'Eternel, si je ne règne sur vous avec une main forte, et un bras étendu, et avec effusion de colère; et si je ne vous tire d'entre les peuples, et ne vous rassemble hors des pays dans lesquels vous aurez été dispersés, avec une main forte, et un bras étendu, et avec effusion de colère et si je ne vous fais venir au désert des peuples, et si je ne conteste là contre vous face à face! Comme j'ai contesté contre vos pères au désert du pays d'Egypte, ainsi contesterai-je contre vous, dit le Seigneur, l'Eternel. Et je vous ferai passer sous la verge, et vous ramènerai au lieu de l'alliance; et je mettrai à part d'entre vous les rebelles, et ceux qui se révoltent contre moi; et je les ferai sortir du pays auquel ils séjournent, mais ils n'entreront point en la terre d'Israël; et vous saurez que je suis l'Eternel». Le reste y est amené, et le prophète continue: «Et vous saurez que je suis l'Eternel, quand je vous aurai fait revenir en la terre d'Israël, qui est le pays touchant lequel j'ai levé ma main pour le donner à vos pères» (Ezéchiel 20: 33-44; voyez aussi chapitre 34).

Jérémie va plus loin et, dans un langage d'une beauté et d'une grandeur singulières, il décrit le retour d'Israël dans le pays de leurs pères: «Il y a un jour auquel les gardes crieront en la montagne d'Ephraïm: Levez-vous, et montons en Sion, vers l'Eternel, notre Dieu. Car ainsi a dit l'Eternel: Réjouissez-vous avec chant de triomphe, et avec allégresse, à cause de Jacob, et vous égayez à cause du chef des nations; faites-le entendre, chantez des louanges, et dites: Eternel! délivre ton peuple, le reste d'Israël. Voici, je vais les faire venir du pays d'Aquilon, et je les rassemblerai du fond de la terre: l'aveugle et le boiteux, la femme enceinte et celle qui enfante, seront ensemble parmi eux; une grande assemblée retournera ici. Ils y seront allés en pleurant: mais je les ferai retourner avec des supplications, et je les conduirai aux torrents d'eaux, et par un droit chemin, auquel ils ne broncheront point; car j'ai été pour père à Israël, et Ephraïm est mon premier-né». Puis il continue en proclamant, d'une manière encore plus magnifique, le dessein de l'Eternel à l'égard de son peuple, et la joie qui sera leur partage: «Nations, écoutez la parole de l'Eternel, et l'annoncez aux îles éloignées, et dites: Celui qui a dispersé Israël le rassemblera, et le gardera comme un berger garde son troupeau; car l'Eternel a racheté Jacob, et l'a retiré de la main d'un ennemi plus fort que lui. Ils viendront donc, et se réjouiront avec chant de triomphe au lieu le plus haut de Sion, et ils accourront aux biens de l'Eternel, au froment, au vin et à l'huile, et au fruit du gros et du menu bétail; et leur âme sera comme un jardin plein de fontaines, et ils ne seront plus dans l'ennui. Alors la vierge se réjouira en la danse, et les jeunes gens et les anciens ensemble; et je tournerai leur deuil en joie, et je les consolerai, et les réjouirai, les délivrant de leur douleur. Je rassasierai aussi de graisse l'âme des sacrificateurs, et mon peuple sera rassasié de mon bien, dit l'Eternel» (Jérémie 31: 6-14).

Les dix tribus ainsi ramenées, nous apprenons de plus qu'elles seront réunies avec Juda sous l'heureux et glorieux sceptre du Messie: «Ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes;… David (le vrai David, Christ) sera leur prince à toujours» (Ezéchiel 37: 21-28).

Nous voyons donc que Dieu n'a point oublié l'alliance qu'il a traitée avec Abraham (Genèse 17: 4-8). Israël a failli, il a perdu tout droit auprès de Dieu, mais Dieu, dans sa fidélité à sa parole et selon les merveilles de sa grâce, accomplira tout ce qu'il a dit. Et le temps approche où Israël, rétabli dans sa terre, «boutonnera et s'épanouira; et ils rempliront de fruit le dessus de la terre habitable» (Esaïe 27: 6).

6.  L'apostasie et l'Antichrist

Dans l'intervalle entre l'enlèvement des saints et l'apparition de Christ, la terre sera le théâtre de plusieurs des événements les plus terribles dont le monde ait été témoin. Alors aura lieu l'apostasie, c'est-à-dire l'abandon ouvert de toute profession de christianisme, le reniement du Père et du Fils (1 Jean 2: 22), et l'apparition de l'homme de péché, le fils de perdition ou l'antichrist.

L'apôtre Paul nous a donné sur ces sujets les instructions les plus distinctes et les plus précises. De faux docteurs avaient cherché à troubler l'esprit des fidèles de Thessalonique, en alléguant que le jour du Seigneur était déjà arrivé. C'est pour combattre cette erreur que Paul écrit: «Or nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous, comme si le jour du Seigneur était là. Que personne ne vous séduise en aucune manière, car ce jour-là ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant, et que l'homme de péché n'ait été révélé, le fils de perdition, qui s'oppose et s'élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s'assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» (2 Thessaloniciens 2: 1-4). Nous sommes donc clairement avertis que «l'apostasie» (la défection) et l'homme de péché seront vus dans l'intervalle entre l'enlèvement des saints et le jour du Seigneur, car l'apôtre base son exhortation sur la venue de notre Seigneur Jésus Christ et notre rassemblement auprès de lui. Comme quelqu'un l'a dit, en expliquant ce passage: «La réunion des saints avec Christ dans l'air était une démonstration qu'il était impossible que le jour du Seigneur fût là. Au reste, Paul présente à cet égard deux considérations: d'abord, le jour ne pouvait être là, car les chrétiens n'étaient pas encore réunis au Seigneur; et, dans ce jour-là, ils devaient venir avec lui. En second lieu, le méchant qui devait être jugé n'était pas encore là, de sorte que le jugement ne pouvait pas être exécuté».

Ensuite, l'apôtre continue à montrer que, jusqu'à ce que l'Eglise soit enlevée, cette consommation de l'iniquité dans une personne ne pouvait pas avoir lieu. «Et maintenant vous savez ce qui retient, pour qu'il soit révélé en son propre temps. Car le mystère d'iniquité opère déjà, seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu'à ce qu'il soit loin. Et alors sera révélé l'inique» (versets 6-8). A la lumière de ce passage et de quelques autres, nous pouvons nous représenter un peu ce qu'est l'apostasie et l'homme de péché.

1.  L'apostasie. Elle était prévue et prédite dès les premiers jours du christianisme. Notre Seigneur lui-même y fait allusion dans quelques-unes de ses paraboles, et ne parle jamais d'une diffusion graduelle de la vérité jusqu'à ce que le monde entier soit amené à le reconnaître comme Seigneur. Il compare le royaume des cieux, comme vu dans le monde, «à du levain qu'une femme prit et cacha parmi trois mesures de farine, jusqu'à ce que tout fût levé» (Matthieu 13: 33). Or le levain, dans les Ecritures, représente toujours la corruption. Voyez aussi la parabole de l'ivraie et celle du grain de moutarde. Ecoutons encore l'apôtre Paul, s'adressant aux anciens de l'église d'Ephèse: «Je sais ceci, qu'après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau; et il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer des disciples après eux» (Actes des Apôtres 20: 29, 30). Laissant de côté les allusions qu'il fait à ce sujet, nous trouvons dans ses deux épîtres à Timothée (1 Timothée 4; 2 Timothée 3), des descriptions précises du mal qui existera «aux derniers temps» et aux «temps fâcheux» des «derniers jours». Que peut-il y avoir de plus direct et de plus fort que le passage de 2 Thessaloniciens, que nous avons cité? Car là, il nous avertit que le mystère d'iniquité opérait déjà et que, bien que retenu pour le moment, dès que cette barrière serait ôtée, il se développerait si rapidement et si puissamment que, passant pardessus tous les obstacles, il atteindrait finalement sa consommation dans ce personnage redoutable qui s'opposera et s'élèvera au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, et demandera et recevra l'hommage dû à Dieu seul. Pierre parle aussi du mal qui surgira dans les «derniers jours»; Jude le fait également, en le montrant spécialement sous sa forme d'apostasie; et nous pouvons, dans l'Apocalypse, le contempler sous sa forme finale, dans «Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre» (17: 5).

Pour bien comprendre cela, il faut nous rappeler que, lorsque les saints auront été enlevés, l'Eglise dans sa forme extérieure, c'est-à-dire la profession de christianisme, subsistera encore. Les vrais chrétiens seuls auront été ravis à la rencontre du Seigneur en l'air. Des milliers, pour ne pas dire des millions, de chrétiens de nom seront donc laissés sur la terre. Et sans nul doute cette profession sera maintenue au commencement. Dans les églises et les chapelles, et dans les autres lieux où se réunissent les chrétiens de profession, se continueront comme maintenant les services religieux. Les cloches se feront entendre, les congrégations, bien qu'amoindries par l'absence de ceux qui étaient des enfants de Dieu, s'assembleront, on chantera des hymnes, on dira ou répétera des prières, et l'on prêchera des sermons. Mais comme la barrière qui arrête le développement du mystère d'iniquité, — l'Esprit de Dieu dans l'Eglise, — sera loin, le mal n'aura plus de frein, et des coeurs qui, auparavant, tremblaient de recevoir des enseignements infidèles dans leur caractère, et qui sapaient l'autorité de la parole de Dieu et les vérités fondamentales du christianisme, tomberont bientôt complètement sous le pouvoir de ces enseignements. Oui, pour nous servir du langage solennel et terrible de l'Ecriture: «Dieu leur enverra une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice» (2 Thessaloniciens 2: 11, 12). Ainsi, ils seront graduellement préparés à tomber sous l'influence et la puissance de l'Antichrist et à abandonner entièrement même la forme du christianisme. Et il n'est pas peu remarquable, comme quelqu'un l'a dit: «Que l'apostasie se développera sous les trois formes dans lesquelles l'homme a été en relation avec Dieu: la nature, c'est l'homme de péché sans frein, qui s'exalte lui-même; le judaïsme, il s'assied au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu; le christianisme, c'est à cela que s'applique directement le terme d'apostasie dans le passage en question» (2 Thessaloniciens 2). Quelle effrayante perspective! Et combien il est triste de voir ce mystère d'iniquité opérant si ouvertement dans le jour présent, levant hardiment la tête dans les chaires de la chrétienté, et proclamant, sans obstacle ni entrave, des doctrines qui renversent les fondements mêmes de la vérité révélée, et préparent ainsi les voies pour l'avènement de l'homme de péché.

2.  L'Antichrist. Si nous considérons de plus près le caractère de ce personnage, nous aurons une plus claire intelligence de tout le sujet. En relation avec l'apostasie, il est mentionné comme l'homme de péché, etc., ainsi que nous l'avons déjà vu; mais nous le trouverons désigné en d'autres passages, soit du Nouveau, soit de l'Ancien Testament. Il est nommé «le Roi», dans Daniel (11: 36); «le pasteur insensé», dans Zacharie (11: 17), mais c'est dans les épîtres de Jean, qu'il est appelé l'Antichrist. (1 Jean 2: 18-22; 2 Jean 7). Dans l'Apocalypse, il est présenté sous l'image d'une «bête» (*).

(*) Ce terme «bête» n'est pas le même dans l'original que celui qui désigne les quatre êtres vivants (Apocalypse 4: 6-8). Le mot appliqué à l'antichrist, ainsi qu'au chef du pouvoir impérial, signifie strictement une bête sauvage.

Or, il faut bien comprendre que l'antichrist n'est pas un nom figuratif, représentant des principes ou un système de mal, mais qu'il désigne effectivement une personne. Quiconque prendra la peine de lire les divers passages où il est mentionné, s'en apercevra immédiatement. De plus, il y a des raisons pour croire que ce sera un Juif. Ainsi notre Seigneur, faisant sans doute allusion à cette incarnation du mal, dit: «Si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez» (Jean 5: 43), et on ne pourrait concevoir cela, à moins qu'il ne fût de leur propre nation. En fait, il se présentera aux Juifs comme le Messie en opposition à Christ, et c'est ainsi qu'il est nommé «le roi» dans Daniel qui, parlant de lui, dit: «Il ne se souciera point du Dieu de ses pères», ce qui montre clairement sa nationalité juive, ainsi que son caractère d'apostat. Daniel dit encore: «Il s'élèvera par-dessus tout dieu; il proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux, et prospérera jusqu'à ce que l'indignation ait pris fin, car ce qui est déterminé sera fait» (Daniel 11: 36, etc.).

Si, maintenant, nous considérons ce que nous dit l'Apocalypse à son sujet, nous verrons à la fois comment il s'élève et quel est le caractère de ses actes. Mais avant d'aller plus loin, il sera bon de porter notre attention sur les empires des gentils auxquels nous avons déjà fait allusion. Trois d'entre ces empires auront précédé l'antichrist; le quatrième sera contemporain de son apparition. Comme cela fut révélé à Daniel et annoncé par lui à Nébucadnetsar, quatre monarchies devaient atteindre la fin. Celles des Babyloniens, des Médo-Perses, et des Grecs, ont apparu et ont passé. La quatrième, symbolisée par les jambes de fer et les pieds «en partie de fer, et en partie de terre», est la dernière, car, dans la vision de Nébucadnetsar, «une pierre fut coupée sans main, laquelle frappa la statue en ses pieds de fer et de terre, et les brisa… et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre» (Daniel 2: 34, 35).

Cette dernière monarchie est l'empire romain, d'abord dans sa primitive énergie et son irrésistible force, représentées par le fer; puis dans sa forme finale: dix royaumes, préfigurés par les dix orteils, réunis en confédération sous un chef suprême. Or, dans le chapitre 13 de l'Apocalypse, nous voyons en premier lieu comment s'élève ce pouvoir impérial, l'empire romain sous sa forme finale. Jean dit: «Et je me tins sur le sable de la mer; et je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème». Comme on l'a dit: «La mer représente la masse informe des peuples quand le monde est dans un état de trouble, — ce sont les peuples dans une grande agitation, semblable aux vagues de l'océan. Et c'est de cette anarchie et de cette confusion que surgit un pouvoir impérial». La «bête» qui apparaît ainsi, est caractérisée comme ayant sept têtes et dix cornes; cela amène naturellement la déclaration que «le dragon lui donna sa puissance, et son trône et une grande autorité», car, dans le chapitre précédent, on voit le dragon avec ces mêmes caractères. Ce transfert sur la bête de ces caractères distinctifs du dragon, marque donc l'origine de la puissance de la bête, et on doit remarquer que cela arrive après que Satan a été expulsé du ciel. Cela nous est montré encore d'une autre manière: les diadèmes étaient sur les têtes du dragon, mais ils sont sur les cornes de la bête, c'est-à-dire que, dans l'empire romain, l'exercice du pouvoir est représenté comme un fait, tandis que, dans le cas du dragon (Satan), c'est plutôt le principe, la racine de la chose. C'est une question de source et de caractère et non d'histoire.

Nous avons donc devant nous la forme finale du pouvoir gentil, animé et rempli d'énergie par Satan, et possédant tous les traits qui ont distingué les empires précédents (voyez 2; comparez Daniel 7: 4-6). Les sept têtes représentent les formes successives de l'autorité maintenant concentrées dans la bête; les dix cornes sont dix rois qui finalement seront réunis sous un chef suprême. «Les dix cornes que tu as vues, sont dix rois qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais reçoivent pouvoir comme rois, une heure, avec la bête. Ceux-ci ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur autorité à la bête» (Apocalypse 17: 9-13). Il y aura un déploiement de puissance tel que le monde ne l'a jamais vu, et comme sa source et son énergie sont toutes deux de Satan, cette puissance sera dirigée contre Dieu et son peuple. «Et elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre. Et il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, et peuple et langue et nation. Et tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n'a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l'Agneau immolé, lui rendront hommage» (Apocalypse 13: 6-8). Ce sera un temps d'opposition ouverte contre Dieu, et, par conséquent, de terrible tribulation pour les saints.

En relation avec tout cela, s'élève une autre «bête»; elle ne sort pas de la mer comme la précédente, mais elle surgit de la terre; par conséquent, c'est à une époque où il y a un gouvernement établi sous l'empire et la domination de la première bête. Cette seconde bête est l'antichrist. Elle a «deux cornes semblables à un agneau; et elle parlait comme un dragon». Ainsi, bien que directement opposée à Christ, elle a la prétention d'être le Messie, mais sa voix révèle son vrai caractère. Elle agit, semble-t-il, comme une espèce de lieutenant de la première bête, exerçant son pouvoir, et elle «fait que la terre, et ceux qui habitent sur elle, adorent la première bête dont la plaie mortelle avait été guérie» (verset 12). Elle fait de plus des miracles, et, par là, séduisant ceux qui habitent sur la terre, elle leur fait élever une image à la première bête pour qu'ils l'adorent. Et pour accomplir cela, «il lui fut donné de donner la respiration à l'image de la bête, afin que l'image de la bête parlât même, et qu'elle fit que tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la bête, fussent mis à mort. Et elle fait qu'à tous, petits et grands, et riches et pauvres, et libres et esclaves, on leur donne une marque sur leur main droite ou sur leur front; et que personne ne peut acheter ou vendre, sinon celui qui a la marque, le nom de la bête, ou le nombre de son nom» (versets 15-17).

Ainsi, il y aura comme une anti-Trinité, la trinité du mal, composée de Satan, la première bête et le faux prophète (Apocalypse 19: 20); et l'objet de tous leurs efforts sera d'exclure Dieu de la terre, et d'usurper sa place dans les esprits des hommes. La première bête est le pouvoir suprême séculier; la seconde, ou l'antichrist, agissant sous l'autorité de la première, a son domaine dans la sphère religieuse, et Satan les inspire toutes deux et leur communique son énergie. Je ne puis entrer dans plus de détails. Nous verrons plus tard quelque chose de plus des actes de l'antichrist en rapport avec la grande tribulation. Mais il est bon de nous rappeler que tout le travail de l'erreur, et toutes les activités de l'esprit de l'homme, en dehors de Christ, n'ont qu'une issue: tout aboutit finalement à cet horrible antagonisme contre Dieu et son Oint. Jean avertissait les croyants de son temps que l'esprit de l'antichrist était déjà là (1 Jean 4: 3); il est donc nécessaire, surtout dans un temps où l'incrédulité se montre toujours plus hardie, d'être sur ses gardes, et de bien considérer les caractères de l'homme de péché qui vient, afin que, par la grâce de notre Dieu, nous soyons préservés de toute association avec ce qui, étant le fruit de Satan, est aussi la marque de l'hostilité contre Christ.

7.  La grande tribulation

Un événement d'une importance majeure aura aussi lieu, en rapport avec le pouvoir qu'exercera l'Antichrist. On en trouve des traces dans tous les prophètes, aussi bien que dans quelques portions des écrits du Nouveau Testament. Il est généralement désigné sous le nom de «la grande tribulation», mais si l'on examine de près le sujet, on verra que ce nom n'indique qu'un trait de ce terrible temps d'épreuve, à travers lequel auront à passer tous ceux qui, à cette époque, seront sur la terre. Ce sera, pour les Juifs et pour les nations, un temps de trouble sans exemple. Je me propose, dans ces lignes, de réunir quelques-uns des passages de l'Ecriture qui jettent de la lumière sur ce sujet, et qui, en même temps, font connaître quels sont les saints qui auront à passer par cette fournaise ardente.

1° Examinons d'abord ce que sera ce temps de trouble pour les Juifs. Jérémie en parle clairement dans le passage suivant: «Ainsi parle l'Eternel, le Dieu d'Israël, disant: Ecris pour toi dans un livre toutes les paroles que je t'ai dites. Car voici, les jours viennent, dit l'Eternel, où je rétablirai les captifs de mon peuple Israël et Juda, dit l'Eternel; et je les ferai retourner au pays que j'ai donné à leurs pères, et ils le posséderont. Et ce sont ici les paroles que l'Eternel a dites touchant Israël et touchant Juda: car ainsi a dit l'Eternel: Nous entendons la voix de la frayeur; il y a la peur et point de paix. Demandez, je vous prie, et voyez si un mâle enfante. Pourquoi vois-je tout homme tenant ses mains sur ses reins comme une femme qui enfante, et pourquoi tous les visages sont-ils devenus pâles? Hélas! que cette journée est grande! Il n'y en a point de semblable; et c'est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé. Et il arrivera en ce jour-là, dit l'Eternel des armées, que je briserai son joug de dessus ton cou, et que je romprai tes liens, et les étrangers ne l'asserviront plus, et ils serviront l'Eternel, leur Dieu, et David, leur roi, que je leur susciterai» (Jérémie 30: 2-9). Trois choses ressortent avec évidence de ce passage. En premier lieu, c'est qu'Israël et Juda, comme nous l'avons vu précédemment, seront rétablis dans leur pays; secondement, qu'après cela, — ou au moins après le retour d'un certain nombre d'entre eux, — il y aura un temps de détresse sans égale; et enfin, qu'il y aura ensuite pour Jacob, pour le peuple juif, une délivrance et une bénédiction finales. La relation qui existe entre ces trois faits, détermine l'époque de la tribulation des Juifs: elle aura lieu après leur retour dans leur pays et avant l'apparition du Seigneur.

Le prophète Daniel fournit un témoignage semblable. Après avoir parlé des actes de l'Antichrist (Daniel 11: 36-45), il ajoute: «Et en ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef, qui tient pour les fils de ton peuple; et ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation jusqu'à ce temps-là. Et, en ce temps-là, ton peuple sera délivré: quiconque sera trouvé écrit dans le livre» (Daniel 12: 1). Nous voyons encore ici que, lorsqu'ils seront dans leur pays, et en relation avec les actes de l'Antichrist, et ainsi après que le Seigneur se sera retourné en faveur de son peuple, mais avant son apparition, les Juifs passeront par un temps de détresse tel qu'il n'y en eut jamais auparavant de semblable.

Le Seigneur mentionne aussi cette époque. En réponse à la demande de ses disciples: «Dis-nous quand ces choses auront lieu, et quel sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle», il dit: «Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation, dont il a été parlé par le prophète Daniel, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée, s'enfuient dans les montagnes; que celui qui est sur le toit ne descende pas pour emporter ses effets hors de sa maison, etc.… Et priez que votre fuite n'ait pas lieu en hiver, ni un jour de sabbat, car alors il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais. Et si ces jours n'eussent été abrégés, nulle chair n'eût été sauvée; mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés» (Matthieu 24: 15-22; et Marc 13: 14-20). Ces paroles sont extrêmement importantes sous plusieurs rapports. Elles rattachent la tribulation dont elles parlent à un événement prédit par Daniel, et par suite à l'Antichrist, et révèlent aussi la cause aussi bien que la période de cette détresse sans exemple (comparez Daniel 12: 11 et 9: 27).

De l'ensemble des passages, que nous venons de citer, nous apprenons qu'après le rétablissement des Juifs, exposés de nouveau, comme aux jours d'Antiochus Epiphane (voyez Daniel 11: 21-31), à l'hostilité du roi du nord (la Syrie), les Juifs se mettent sous la protection de la première «bête», le chef de l'empire romain renouvelé (Apocalypse 13) et font alliance avec lui. C'est à cela que se rapportent ces paroles de Daniel: «Et il (le prince romain) confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine» — une semaine d'années, sept ans. Mais nous lisons plus loin: «Au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l'offrande» (Daniel 9: 27). Par l'alliance traitée par ce prince avec les Juifs, il est évident qu'il s'était engagé à les protéger dans leurs observances religieuses; mais, associé avec l'Antichrist, il viole son traité, et ordonne de faire cesser le sacrifice journalier et de placer dans le lieu saint l'abomination qui désole, c'est-à-dire une idole (lisez 2 Thessaloniciens 2: 4, et comparez avec Apocalypse 13: 11-17). C'est à cela que le Seigneur fait allusion dans les versets de Matthieu que nous avons cités, et il présente l'établissement de cette «abomination de la désolation», comme le signal de la fuite pour le résidu pieux qui sera à cette époque à Jérusalem. Alors, en effet, sera rendu un décret ordonnant à tous d'adorer l'image qui aura usurpé la place de Dieu, et en même temps commencera le temps de la tribulation. La persécution sévira avec une violence inouïe contre tous ceux qui refuseront d'obéir à ce décret, contre les Juifs comme tels, sans doute, et s'étendant, ainsi que nous le verrons, dans le monde entier.

Par la miséricorde de Dieu, cette épreuve terrible a une durée limitée à une demi-semaine d'années, à trois ans et demi. Ce sont les quarante-deux mois, ou les mille deux cent soixante jours, plus d'une fois mentionnés dans l'Apocalypse. Cette époque coïncide avec le témoignage des deux témoins (Apocalypse 11), et les jugements de Dieu — les malheurs — qui se rattachent à ce témoignage. Durant cette période, le diable, précipité sur la terre, exerce sa fureur contre le résidu de la semence de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus (Apocalypse 12: 9-17).

C'est lui, le dragon, qui donne à la bête sa puissance, et son trône, et un grand pouvoir, qui inspire tous les actes du chef de l'empire romain et de l'Antichrist contre le peuple de Dieu. On peut, en considérant ces choses ensemble, se former quelque idée du caractère sans précédent de cette tribulation. Elle est satanique dans sa source et dans son énergie; elle renferme tous les éléments de souffrance que la haine malfaisante de Satan peut imaginer et combiner, mais Dieu l'emploie pour châtier la nation juive, a cause de l'affreux péché qu'elle a commis en rejetant son Messie. Si nous ajoutons que même les Juifs pieux qui la traverseront et la subiront, n'auront aucun sentiment de la faveur de Dieu, bien que son Esprit agisse dans leurs coeurs, nous comprendrons en quelque mesure les paroles du Seigneur: «Il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais».

Cette tribulation, comme nous l'avons déjà vu, affecte particulièrement les Juifs. Les passages que nous avons cités de Jérémie et de Daniel, s'appliquent évidemment à eux, et l'allusion que fait le Seigneur à ce dernier prophète, outre d'autres indications que l'on trouve dans son discours, ne laisse aucun doute qu'il n'ait aussi ce peuple en vue. L'histoire passée de la nation, la terrible culpabilité sous laquelle les Juifs sont, pour avoir crucifié leur Messie, nous aident à comprendre la raison et l'objet de la tribulation, mais c'est en même temps une consolation de nous rappeler que, dans tous les cas dont il est parlé, on voit toujours suivre promptement la délivrance et la bénédiction du résidu élu de Dieu.

2° Outre «la détresse de Jacob», il est aussi parlé de la grande tribulation. Elle est mentionnée dans le chapitre 7 de l'Apocalypse. La première partie de ce chapitre nous montre «quatre anges debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre, afin qu'aucun vent ne soufflât sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre». Puis Jean vit «un autre ange montant de l'Orient, ayant le sceau du Dieu vivant; et il cria à haute voix aux quatre anges, auxquels il avait été donné de nuire à la terre et à la mer: Ne nuisez pas à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons scellé au front les esclaves de notre Dieu» (versets 1-3). En conséquence, cent quarante-quatre mille sont scellés des douze tribus; c'est le résidu d'Israël que Dieu épargne. Ensuite, nous lisons: «Après ces choses, je vis: et voici, une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation, et tribus, et peuples, et langues, se tenant devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de longues robes blanches, et ayant des palmes dans leurs mains. Et ils crient à haute voix, disant: Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l'Agneau» (versets 9, 10). L'un des vingt-quatre anciens demande à Jean, touchant cette multitude innombrable: «Ceux-ci qui sont vêtus de longues robes blanches, qui sont-ils, et d'où sont-ils venus? Et je lui dis: Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs longues robes, et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau» (versets 13, 14). Ce n'est pas «qui viennent d'une» grande tribulation, mais «de la» grande tribulation, ce qui indique une tribulation spéciale et particulièrement douloureuse. Cette immense multitude l'a traversée, et nous la voyons ici sauvée et se réjouissant. Nous avons donc une preuve évidente qu'il n'y aura pas seulement une détresse sans égale pour la nation juive, mais aussi, et probablement vers le même temps, peut-être un peu auparavant, une période semblable de tribulation pour les nations — «de toute nation, et tribus, et peuples, et langues». Il semble que ce soit de cette même période de trouble que parle le Seigneur dans sa lettre à l'assemblée de Philadelphie: «L'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (Apocalypse 3: 10). Peu de chose nous est révélé quant à sa source et à son caractère, mais elle nous est suffisamment expliquée par le terrible état dans lequel le monde sera plongé après l'enlèvement de l'Eglise, et par le fait que «la bête», qui ouvrira «sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel», aura «pouvoir sur toute tribu et peuple et langue et nation. Et tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n'a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l'Agneau immolé, lui rendront hommage» (Apocalypse 13: 5-8).

3° Une question se présente maintenant: «L'Eglise se trouvera-t-elle dans la tribulation? Et sinon, quels sont les saints que nous y voyons?» Ce que nous avons dit précédemment sur l'espérance de l'Eglise, les noces de l'Agneau et le rétablissement d'Israël, fournit dès à présent la réponse. Mais l'importance du sujet demande que nous rappelions l'enseignement des Ecritures sur ce point.

En premier lieu, il est clair que l'Eglise aura été ravie dans le ciel avant cette époque. En effet, nous voyons au 19e chapitre de l'Apocalypse, que la bête et le faux prophète (l'Antichrist) sont pris et détruits lors de l'apparition du Seigneur (versets 11-21). Au chapitre 2 de la seconde épître aux Thessaloniciens, il est dit que le Seigneur consumera l'Inique (l'Antichrist) «par le souffle de sa bouche et l'anéantira par l'apparition de sa venue» (verset 8). Mais, dans l'épître aux Colossiens, nous apprenons aussi que «quand le Christ, votre vie, sera manifesté , alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (3: 4). Dans le passage de l'Apocalypse auquel nous avons fait allusion plus haut, on voit que «les armées qui sont dans le ciel le suivaient (Celui dont le nom est la parole de Dieu) sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur» (verset 14). Le verset 8 nous apprend que le fin lin, ce sont «les justices des saints». Les saints, dans ces deux passages, sont représentés comme étant et venant avec Christ, ils devaient donc avoir été auparavant pris en haut pour être auprès de lui.

La division faite par le Seigneur lui-même du livre de l'Apocalypse enseigne la même chose. Il dit à Jean: «Ecris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci» (1: 19). Le premier chapitre renferme les choses qu'il a vues; le second et le troisième, «celles qui sont» — le temps de l'Eglise sur la terre; et le reste du livre s'occupe des choses qui auront lieu après que la période de l'Eglise ici-bas a pris fin. C'est pourquoi, aussitôt après le troisième chapitre, on voit dans le ciel les vingt-quatre anciens assis sur des trônes, vêtus de vêtements blancs, et avec des couronnes d'or sur leurs têtes (4: 4). Qui sont-ils? Leurs couronnes disent leur dignité comme rois, de même que leurs vêtements annoncent leur caractère sacerdotal, et ces deux choses nous ramènent clairement à ceux qui parlent au verset 6 du chapitre premier. Ce sont donc les saints transportés au ciel avant le commencement de la tribulation.

On demandera: «Qui donc sont ceux qui composent la multitude innombrable que l'on voit au chapitre 7 de l'Apocalypse et qui sortent de la grande tribulation?» Si les anciens représentent l'Eglise avec les saints des dispensations qui l'ont précédée, il est évident que cette multitude ne peut représenter la même classe de personnes. Les anciens sont dans le ciel, et cette multitude de rachetés est sur la terre. Cette distinction aide à comprendre qui ils sont. Tels qu'ils sont décrits, c'est un vaste nombre de gentils amenés à travers la tribulation dans la bénédiction, et qui entreront avec Christ dans les gloires et les bénédictions de son règne millénaire, et même ils doivent avoir là une place spéciale. «C'est pourquoi, ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple; et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux. Ils n'auront plus faim et ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra, et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux» (versets 15-17).

La seconde partie de la question demeure: «Qui sont les saints vus dans la tribulation?» C'est le résidu que Dieu a élu d'entre les Juifs. On peut le voir par, le vingt-quatrième chapitre de Matthieu. Le Seigneur y parle de ceux qui sont en Judée (verset 16). Ils doivent prier pour que leur fuite n'ait pas lieu un jour de sabbat de septième jour), ce qui n'aurait point de signification sauf pour un Juif pieux sous la loi. Ils sont mis en garde contre les faux christs (versets 23, 24), avertissement qui pourrait à peine être compris par des chrétiens qui savent que Christ est à la droite de Dieu; et enfin, les élus ne sont rassemblés qu'après la tribulation et l'apparition de Christ, tandis que l'Eglise, comme nous l'avons vu, sera manifestée avec Christ.

On pourrait trouver dans l'Apocalypse d'autres preuves à l'appui de ce que nous avançons (lisez chapitre 11, où les témoins sont évidemment des Juifs), mais nous avons déjà fait voir que la présence des anciens dans le ciel prouve que l'Eglise n'est pas sur la terre durant la tribulation. Ainsi, comme au temps de Shadrac, Méshac et Abed-Négo, il y aura des Juifs pieux qui passeront par cette fournaise ardente, chauffée «sept fois plus qu'on n'était accoutumé de la chauffer». Leurs douleurs et leurs cris durant ces temps d'inexprimable angoisse sont retracés et se font entendre dans plusieurs des Psaumes.

Quant aux croyants de la dispensation actuelle, ils ont été «tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu'il a ressuscité d'entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir» (1 Thessaloniciens 1: 9, 10). Et c'est à eux que le Seigneur adresse ces paroles: «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (Apocalypse 3: 10).

8.  L'apparition de Christ

La différence entre la venue du Seigneur et son apparition, est que, dans le premier cas, il vient pour ses saints, et, dans le second, avec eux. L'établissement du royaume se rattache donc toujours à son apparition, car c'est alors qu'il prendra sa grande puissance et qu'il «dominera d'une mer à l'autre mer, et depuis le fleuve jusqu'aux bouts de la terre» (Psaumes 72: 8).

Cet événement aura lieu d'une manière tout à fait inattendue. Plongé dans un profond sommeil, et sourd à tous les avertissements, le monde, sous l'empire de l'énergie d'erreur qui se sera emparée de lui, aura cru au mensonge de Satan, et aura mis sa confiance dans son chef-d'oeuvre d'iniquité, l'Antichrist. Les hommes auront cru enfin trouver le bonheur dans l'oubli de Dieu, «mais comme ont été les jours de Noé, ainsi sera aussi la venue du Fils de l'homme. Car, comme dans les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et ils ne connurent rien jusqu'à ce que le déluge vînt et les emportât tous, ainsi sera aussi la venue du Fils de l'homme» (Matthieu 24: 37-39). Cette venue sera si soudaine, pour un monde étonné et jusqu'alors insouciant, mais à ce moment frappé de terreur, que «comme l'éclair qui brille, luit de l'un des côtés de dessous le ciel, jusqu'à l'autre côté de dessous le ciel; ainsi sera le Fils de l'homme en son jour» (Luc 17: 4).

Mais pour mieux comprendre cet événement remarquable, il est bon d'avoir une idée générale de l'état de choses alors existant. Vers la fin de la tribulation dont nous avons parlé, il y aura contre les Juifs une coalition de puissances ennemies. Il en est ainsi parlé dans un Psaume: «Ils trament avec astuce des complots contre ton peuple, et ils consultent contre tes fidèles cachés. Ils ont dit: Venez, et exterminons-les, de sorte qu'ils ne soient plus une nation et qu'on ne fasse plus mention du nom d'Israël» (Psaumes 83: 3, 4). Les principaux acteurs dans cette confédération semblent devoir être d'abord l'Assyrien, dont parle si souvent Esaïe (voyez Esaïe 10: 24, etc.; 14: 25, etc.); c'est le même que le roi du Nord ou la petite corne de Daniel 8; ensuite, la première bête, c'est-à-dire le chef de l'empire romain et le faux prophète — l'Antichrist (Apocalypse 13 et 19). Le prophète Zacharie fait allusion à cette coalition, lorsqu'il prononce ces paroles de la part de l'Eternel: «Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d'étourdissement pour tous les peuples d'alentour, et elle sera aussi contre Juda, lors du siège contre Jérusalem. Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples: tous ceux qui s'en chargeront s'y meurtriront certainement; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle» (Zacharie 12: 2, 3). Comme toujours, c'est Satan qui pousse ces ennemis d'Israël, mais l'Eternel se sert d'eux pour châtier la nation apostate, et c'est pourquoi Zacharie dit aussi: «Voici, un jour vient pour l'Eternel, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Et j'assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat» (chapitre 14: 1, 2). Dans l'Apocalypse, nous trouvons d'autres principaux acteurs sur cette scène, mais leur hostilité y est décrite comme étant contre l'Agneau et contre ses saints. Nous avons là, probablement, un dernier développement de leurs plans, occasionné par l'apparition de Christ. Jean dit: «Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées rassemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée» (Apocalypse 19: 19).

De ces différents passages, réunis à d'autres que nous trouvons dans Zacharie, l'ordre des événements peut être établi. Toutes les nations sont rassemblées pour combattre contre Jérusalem, «et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s'en ira en captivité; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville» (Zacharie 14: 2). Mais à ce moment, quand les ennemis d'Israël assouvissent leur vengeance contre ce malheureux peuple, et que les desseins de méchanceté de Satan sont près de leur accomplissement, «alors l'Eternel sortira et combattra contre ces nations, comme au jour où il a combattu au jour de la bataille» (verset 3). Mais les instruments de Satan ne voudront pas se dessaisir de leur proie et seront excités à poursuivre jusqu'au bout leur tentative impie. Conduits par la bête et le faux prophète, qui ont longtemps cherché à faire disparaître de la terre le nom de Dieu et de son Christ, et à effacer leur mémoire du coeur des hommes, ils osent maintenant «livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée». Ils courent ainsi à leur ruine, car «la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui recevaient la marque de la bête, et ceux qui rendaient hommage à son image. Ils furent tous deux jetés vifs dans l'étang de feu embrasé par le soufre; et le reste fut tué par l'épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche; et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair» (Apocalypse 19: 20, 21). C'est de cela que parle Esaïe, lorsqu'il dit: «Il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant» (Esaïe 11: 4). L'apôtre Paul dit aussi: «Alors sera révélé l'inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche, et qu'il anéantira par l'apparition de sa venue» (2 Thessaloniciens 2: 8). Ainsi Dieu se lève, et ses ennemis sont dispersés (Psaumes 68: 1).

D'autres passages nous donnent des détails se rapportant à l'apparition du Seigneur. Après avoir parlé de la tribulation, le Seigneur ajoute: «Et aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors paraîtra le signe du Fils de l'homme dans le ciel; et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire» (Matthieu 24: 29, 30). Le prophète Joël parle de la même manière: «Et je montrerai des signes dans les cieux et sur la terre, du sang, et du feu, et des colonnes de fumée; le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour de l'Eternel» (Joël 2: 30, 31). Il y aura des signes en haut, dans le ciel, et en bas, sur la terre, pour annoncer l'apparition de Christ, lorsqu'il viendra avec ses saintes myriades, et que «tout oeil le verra, et ceux qui l'ont percé; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui» (Apocalypse 1: 7).

Quelle scène solennelle et terrible! Qui peut en dire toute la grandeur? Ce sera «l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (Tite 2: 13); Dieu manifestant publiquement dans sa propre gloire Celui qui, une fois, fut rejeté et crucifié, mais qui maintenant revient comme Fils de l'homme, pour prendre possession de la souveraineté sur l'univers entier. Et Dieu amènera avec lui ceux qui se sont endormis en Jésus (1 Thessaloniciens 4: 14), associés en gloire avec leur Seigneur, comme ils avaient été associés avec lui dans sa réjection; car il viendra «pour être glorifié dans ses saints, et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thessaloniciens 1: 10).

Nous avons vu le fait et le mode de son apparition, examinons maintenant quelques-uns des événements qui l'accompagneront. Nous avons déjà mentionné la destruction de ses ennemis. Ensuite, viendra la conversion d'Israël. Nous lisons à ce sujet dans Zacharie: «Et il arrivera, en ce jour-là, que je chercherai à détruire toutes les nations qui viennent contre Jérusalem. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications; et ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l'amertume pour lui, comme on a de l'amertume pour un premier-né. En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon, dans la vallée de Meguiddon; et le pays se lamentera, chaque famille à part: la famille de la maison de David à part, et leurs femmes à part; la famille de la maison de Nathan à part, et leurs femmes à part… En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l'impureté» (Zacharie 12: 9-14; 13: 1). Aussitôt que l'Eglise ne sera plus sur la scène de ce monde, Dieu commencera à agir par son Esprit dans les cœurs de quelques-uns de son ancien peuple, — le résidu si souvent mentionné dans les Psaumes et les prophètes. Ce résidu, comme on le voit dans plusieurs des Psaumes et dans des portions d'Esaïe, sera abattu dans la poussière, sous le profond sentiment de la sainte indignation de Dieu contre son peuple d'Israël, à cause de son apostasie. C'est ce sentiment, joint à la détresse profonde où se trouvera ce résidu, qui donne son caractère aux supplications dont parle Zacharie. C'est à ce moment, quand la fournaise où ils auront été jetés, sera la plus ardente, et qu'ils se verront, pour ainsi dire, suspendus sur l'abîme de la destruction, que le Seigneur apparaîtra pour leur délivrance, et qu'ils le reconnaîtront aussitôt pour Celui qu'ils ont percé, et regarderont vers lui. Le vrai Joseph se découvrira à ses frères, et ils seront plongés à la fois dans une amère douleur et dans l'humiliation, à cause de leur péché et de celui de la nation. Mais une ressource se trouvera aussi pour eux — une source ouverte pour laver le péché et l'iniquité. Alors ils pourront s'écrier: «Voici, c'est ici notre Dieu; nous l'avons attendu, et il nous sauvera; c'est ici l'Eternel, nous l'avons attendu. Egayons-nous et réjouissons-nous dans sa délivrance» (Esaïe 25: 9).

Le résidu qui se trouvera à Jérusalem, ne sera pas seul affecté par cet événement, car nous lisons en rapport avec l'apparition du Seigneur: «Il enverra ses anges avec un grand son de trompette; et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l'un des bouts du ciel jusqu'à l'autre bout» (Matthieu 24: 31). Pas un n'échappera à son regard; de partout où ils se trouveront, ils seront amenés pour avoir part aux bénédictions du royaume qu'il viendra établir. Ainsi que le dit Esaïe: «Il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d'Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre» (Esaïe 11: 12). Il se peut, que cela ne soit complètement accompli qu'après le commencement du règne de Christ, car après le déploiement de sa puissance et de sa gloire, après que l'Eternel sera venu «en feu, et ses chars, comme un tourbillon, pour rendre sa colère avec fureur, et sa menace avec des flammes de feu», quelques-uns de ceux qui sont épargnés sont envoyés pour annoncer sa gloire parmi les nations, et celles-ci, est-il écrit, «amèneront tous vos frères, d'entre toutes les nations, en offrande à l'Eternel, sur des chevaux, et sur des chars, et dans des voitures couvertes, et sur des mulets, et sur des dromadaires, à ma montagne sainte, à Jérusalem, dit l'Eternel, comme les fils d'Israël apportent l'offrande dans un vase pur à la maison de l'Eternel» (Esaïe 66: 15-20).

Un autre événement, d'une importance majeure, se lie à l'établissement du royaume, et, probablement, le précède. C'est le fait que Jean rapporte après avoir décrit la destruction de la bête, du faux prophète, et de leurs adhérents. «Et je vis», dit-il, «un ange descendant du ciel, ayant la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Et il saisit le dragon, le serpent ancien qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans; et il le jeta dans l'abîme, et l'enferma; et il mit un sceau sur lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis; après cela, il faut qu'il soit délié pour un peu de temps» (Apocalypse 20: 1-3). Le Seigneur affirme ainsi sa puissance sur toute la trinité du mal — Satan, la bête et le faux prophète, qui s'étaient, avec impiété, élevés contre lui, et avaient usurpé son autorité d'une manière blasphématoire. En même temps, il délivre son peuple, les élus d'Israël, et, par là, prépare le chemin et jette les fondements de son empire millénaire.

Nous nous occuperons du royaume dans un chapitre suivant; pour le moment, nous voudrions appeler l'attention du lecteur sur ceux que Christ associera avec lui dans son règne. Il est clair pour chacun, que les croyants de cette dispensation régneront avec Christ. «Si nous souffrons», dit l'apôtre, «nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2: 12). Mais on ne saisit pas aussi généralement qu'il y en a d'autres qui seront mis à part pour jouir de cet honneur spécial, et cependant l'Ecriture l'enseigne distinctement. Jean dit: «Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné; et les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu; et ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main; et ils vécurent et régnèrent avec le Christ les mille ans: le reste des morts ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis. C'est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection: sur eux la seconde mort n'a point de pouvoir; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans» (Apocalypse 20: 4-6). Nous avons ici trois classes distinctes: la première, ceux qui sont assis sur des trônes et à qui le jugement est donné. Ce sont ceux qui composent les armées qui suivent Christ lorsqu'il sort du ciel, les saints qui avaient été ravis pour aller à la rencontre du Seigneur (Apocalypse 19: 14; 1 Thessaloniciens 4); en un mot, c'est l'Eglise. Mais il reste deux classes: en premier lieu, ceux qui souffrent le martyre durant la puissance de l'Antichrist, — qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu; et secondement, ceux qui résistèrent à ses séductions, et qui, sans être émus par ses menaces, refusèrent de prendre son signe distinctif. Comme marque spéciale de la faveur et de l'approbation du Seigneur pour leur fidélité au milieu de l'apostasie générale, ils sont faits participants de la première résurrection, et, en conséquence, sont associés à Christ dans son règne. Ils ont part à la dignité royale et sacerdotale — merveilleux honneur dont ils héritent par la grâce de Celui qui avait pris note de leurs souffrances, et s'était réjoui de leur constance à garder son nom et son témoignage.

Nous n'ignorons pas que ce passage est souvent interprété de manière à lui enlever toute sa force. On prétend qu'il s'agit ici d'une résurrection figurée. Mais alors, la résurrection et le jugement dont il est parlé dans la dernière partie du chapitre, sont aussi des figures, et ainsi toute la vérité d'un jugement final est réduite à néant. Non; des paroles si claires ne peuvent être privées de leur signification, sans parler de leur parfait accord avec d'autres portions de la parole de Dieu. Quelle heureuse perspective pour les saints de Dieu! Combien ils se réjouiront, non point tant de leur association avec Christ dans les splendeurs de son royaume, si ineffable que soit cet honneur, mais dans le fait que lui reçoit alors la place qui lui appartient, par le titre qu'il y a et le prix dont il l'a payée! De grandes voix dans le ciel célèbrent cet événement. Elles disent: «Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles! Et les vingt-quatre anciens qui sont assis devant Dieu, sur leurs trônes, tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage à Dieu, disant: Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui est et qui était, de ce que tu as pris ta grande puissance, et de ce que tu es entré dans ton règne» (Apocalypse 11: 15-17).

Mais de quelle terreur sera frappé ce pauvre monde, lorsqu'ils verront Celui qu'ils ont méprisé et rejeté venir en puissance et avec une grande gloire, pour juger tout selon la mesure de son immuable justice! Il viendra «comme un voleur, dans la nuit. Quand ils diront: «Paix, et sûreté», alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n'échapperont point» (1 Thessaloniciens 5: 2, 3).

9.  Le royaume de Christ

Dans la dispensation présente, la grâce règne par la justice (Romains 5: 21); dans l'état éternel, la justice habitera dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre (2 Pierre 3: 13); mais dans le royaume millénaire, la justice régnera. Ce sera son caractère, comme l'indiquent les paroles du prophète: «Voici, un roi régnera en justice» (Esaïe 32: 1), et celles du psalmiste: «Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité; c'est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne» (Psaumes 45: 6). Il y a, dans l'Ecriture, deux types de Christ comme Roi — c'est David et Salomon. David le représente en figure comme Roi de justice et Salomon comme Prince de paix. Nous trouvons ces deux caractères en Melchisédec, autre type de Christ. Il était roi de Salem. Son nom «interprété est roi de justice, et puis aussi roi de Salem, c'est-à-dire roi de paix» (Hébreux 7: 2). La justice et la paix, comme nous le verrons, sont les deux traits qui caractérisent le règne de Christ; l'un précédant et même produisant l'autre, car «l'oeuvre de la justice sera la paix, et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours» (Esaïe 32: 17).

D'après cela, le lecteur comprendra aisément qu'en aucun sens Christ ne peut être dit Roi de l'Eglise. Il est avec elle dans une relation beaucoup plus intime. Il est la tête du corps, de l'Assemblée, et les croyants, membres de son corps, lui sont unis maintenant par le Saint Esprit. Il est vrai que, quant à ses droits, il est Roi, mais actuellement, il est un Roi rejeté. Il est également vrai que le croyant ne reconnaît nulle autre autorité que la sienne; mais c'est confondre les dispensations que d'affirmer que Christ règne maintenant comme Roi. Il régnera, mais pas avant son apparition. Maintenant, il est assis à la droite de Dieu, où il reste, «jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds». Alors il apparaîtra, et abattra «toute principauté, et toute autorité, et toute puissance; car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds» (1 Corinthiens 15: 24, 25). C'est là le royaume dont nous avons à nous occuper. Le royaume des cieux existe maintenant (Matthieu 13), comme aussi le royaume de Dieu (Jean 3), et il est dit des croyants qu'ils ont été transportés «dans le royaume du Fils de son amour». Mais le règne de Christ comme Roi se limite au millénium. L'ange dit à Marie touchant Jésus: «Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père» (Luc 1: 32). Il est évident que cette promesse n'a jamais été accomplie, car lorsqu'il fut présenté aux Juifs comme leur Messie, ils ne voulurent pas le recevoir, et à la fin s'écrièrent: «Nous n'avons pas d'autre roi que César» (Jean 19: 15). Mais toute parole de Dieu est ferme, et ainsi Christ sera Roi sur Israël et, bien plus, comme Fils de l'homme, il héritera de gloires plus étendues, car «toutes les dominations le serviront et lui obéiront» (Daniel 7: 27). Israël sera le centre de cet empire universel, et ce sera par ce peuple que le Seigneur gouvernera les nations de la terre.

En premier lieu donc, à son élévation au trône, qui suivra son apparition, comme on le comprend, Christ agira en jugement d'après le modèle de David; c'est-à-dire qu'il jugera toutes choses selon la justice. C'est ainsi que le psalmiste dit: «O Dieu! donne tes jugements au roi, et ta justice au fils du roi. Il jugera ton peuple en justice, et tes affligés avec droiture» (Psaumes 72: 1, 2). Il ôtera donc «de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité», et «l'Eternel sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, il y aura un Eternel, et son nom sera un» (Zacharie 14: 9).

Nous trouvons en Matthieu 25, une scène remarquable du jugement, que Christ exercera alors. Ayant établi son trône en justice, toutes les nations seront rassemblées devant lui pour être jugées. Cela se rattache expressément à son royaume, comme il est dit: «Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s'assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui» (versets 31, 32). C'est la seule fois que le Seigneur s'applique à lui-même le titre de Roi: «Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite» (versets 34, 40). Nous voyons par là que le royaume est établi; c'est le commencement du règne millénaire de Christ. Si nous examinons les traits caractéristiques de cette session de jugement, nous verrons clairement qu'on ne saurait la confondre avec le jugement devant le grand trône blanc (Apocalypse 20), ni en tirer l'idée courante d'un jugement universel, comprenant les croyants et les non croyants. C'est un jugement de nations vivantes. Il n'y a dans l'Ecriture aucun exemple où les morts soient désignés sous le nom de «les nations».

Trois classes de personnes paraissent dans ce jugement — les brebis, les chèvres et les «frères» du Roi. On remarquera que la base de la classification des nations en brebis et en chèvres, repose sur la manière dont elles auront traité les «frères» du Roi. C'est la clef de toute cette scène, Qui sont donc les «frères» du Roi? Evidemment ce doivent être des Juifs — ses parents selon la chair, mais en même temps ce doivent être ses vrais serviteurs. Nous pouvons probablement les voir dans un passage d'Esaïe déjà cité (chapitre 66: 19, 20). Nous y voyons qu'après que le Seigneur est venu pour le jugement, quelques-uns des réchappés sont envoyés pour annoncer sa gloire parmi les nations. Dans la scène que présente Matthieu 25, les «frères» du Roi sont évidemment allés comme ses messagers, parmi les nations; ils sont donc investis d'une autorité spéciale, et, comme les ambassadeurs d'aujourd'hui, ils sont revêtus de l'honneur et de la dignité du souverain qu'ils représentent. Le principe de leur mission est celui sur lequel le Seigneur envoya les douze: «Celui qui vous reçoit me reçoit» (Matthieu 10: 40). Aussi le Seigneur dit-il à ceux qui sont à sa droite: «En tant que vous l'avez fait à l'un des plus petits de ceux-ci qui sont mes frères, vous me l'avez fait à moi», et ils héritent du royaume qui leur est préparé dès la fondation du monde. De même, il dit à ceux qui sont à sa gauche: «En tant que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, vous ne l'avez pas fait non plus à moi. Et ceux-ci s'en iront dans les tourments éternels, et les justes dans la vie éternelle» (Matthieu 25: 34-46).

Ainsi Christ, comme Roi, par le déploiement de sa puissance en juste jugement, obtient la domination universelle, car «les rois de Tarsis et des îles lui apporteront des présents, les rois de Sheba et de Seba lui présenteront des dons. Oui, tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront» (Psaumes 72: 10, 11). Ayant abattu toute principauté, et autorité, et puissance, il règne comme Prince de paix. «Son nom sera pour toujours; son nom se perpétuera aussi longtemps que le soleil, et on se bénira en lui: toutes les nations le diront bienheureux» (Psaumes 72: 17).

Le lecteur trouvera dans les Psaumes et les prophètes les détails qui concernent le royaume millénaire de Christ, nous nous bornerons à en présenter les principaux traits.

1.  Jérusalem recouvrera son ancienne splendeur, ou pour mieux dire, sa condition future surpassera la première, autant que la gloire de Christ doit surpasser celle de David et de Salomon. Ecoutons ce que dit l'Esprit Saint, par le prophète Esaïe, touchant ces temps glorieux: «Et les fils de l'étranger bâtiront tes murs, et leurs rois te serviront. Car dans ma colère je t'ai frappée, mais dans ma faveur j'ai eu compassion de toi. Et tes portes seront continuellement ouvertes, elles ne seront fermées, ni de jour, ni de nuit, pour que te soient apportées les richesses des nations, et pour que leurs rois te soient amenés… La gloire du Liban viendra vers toi, le cyprès, le pin, et le buis ensemble, pour orner le lieu de mon sanctuaire; et je rendrai glorieuse la place de mes pieds. Les fils de tes oppresseurs viendront se courber devant toi, et tous ceux qui t'ont méprisée se prosterneront à la plante de tes pieds, et t'appelleront la ville de l'Eternel, la Sion du Saint d'Israël. Au lieu d'être abandonnée et haïe, de sorte que personne ne passait par toi, je te mettrai en honneur à toujours pour joie de génération en génération» (Esaïe 60: 10-15). Nous lisons aussi: «Et tu seras une couronne de beauté dans la main de l'Eternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu» (Esaïe 62: 3; voyez aussi nombre d'autres passages du même caractère). Assurément, il convient que la métropole du royaume du Messie soit appropriée à la grandeur, à la dignité et à la gloire du Roi.

2.  Le temple sera reconstruit et le service divin y sera rétabli avec une splendeur qui dépassera celle du premier (Ezéchiel 40-46). Quelques personnes trouvent difficile de saisir que les sacrifices seront rétablis; mais si l'on se rappelle qu'ils auront simplement un caractère commémoratif, la difficulté disparaît, Sous l'ancienne dispensation, ils n'avaient aucune efficacité en dehors de leur rapport avec Christ, car il était impossible que le sang de taureaux et de boucs effaçât les péchés (Hébreux 10: 4); dans le millénium, ils porteront les regards des croyants vers l'unique sacrifice pour le péché offert sur la croix, de même que ceux de l'économie mosaïque préfiguraient ce sacrifice. Ils rappelleront donc aux adorateurs reconnaissants d'entre le peuple de Dieu, le sang de Jésus Christ qui purifie de tout péché.

3.  Toutes les nations viendront à Jérusalem pour y adorer l'Eternel. Nous lisons dans le prophète Esaïe: «Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l'Eternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines; et toutes les nations y afflueront; et beaucoup de peuples iront et diront: Venez, et montons à la montagne de l'Eternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l'Eternel» (Esaïe 2: 2, 3). Zacharie annonce aussi les mêmes choses en ces termes: «Et il arrivera que tous ceux qui resteront de toutes les nations qui seront venues contre Jérusalem, monteront d'année en année pour se prosterner devant le Roi, l'Eternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles» (Zacharie 14: 16).

4.  La création animale participera aussi à la paix et à la bénédiction de ce jour. «Le loup et l'agneau paîtront ensemble, et le lion mangera de la paille comme le boeuf» (Esaïe 65: 25; voir aussi 11: 6-9). A cette déclaration est ajoutée cette autre: «Et la poussière sera la nourriture du serpent», pour nous montrer, je suppose, que le serpent sera exclu de la délivrance de la servitude, sous laquelle gémit même la création inintelligente. Car, comme nous le savons, l'apôtre déclare: «La création soupire et est en travail jusqu'à maintenant», mais elle «sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Romains 8: 21, 22).

5.  La malédiction sera ôtée de la terre. Lorsqu'Adam eut péché, le sol fut maudit à cause de lui (Genèse 3: 17). Bien que cette sentence eût été adoucie après le déluge (Genèse 8: 21), elle ne sera complètement abrogée que sous le règne du Messie. C'est ce que le psalmiste exprime en disant: «Que les peuples te célèbrent, ô Dieu! que tous les peuples te célèbrent! La terre donnera son fruit; Dieu, notre Dieu, nous bénira» (Psaumes 67: 5, 6). Amos dit de même dans sa prophétie: «Voici, les jours viennent, dit l'Eternel, où celui qui laboure atteindra celui qui moissonne, et celui qui foule les raisins, celui qui répand la semence; et les montagnes ruisselleront de moût, et toutes les collines se fondront» (chapitre 9: 13). Car c'est dans ce temps que «le désert et le lieu aride se réjouiront; le lieu stérile sera dans l'allégresse et fleurira comme la rose; il fleurira abondamment, et il sera dans l'allégresse. La gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence du Carmel et du Saron; ils verront la gloire de l'Eternel, la magnificence de notre Dieu» (Esaïe 35: 1, 2).

6.  Il n'y aura plus de mort, sauf en voie de jugement, pendant la durée des mille ans. «Il n'y aura plus, dès lors, ni petit enfant de peu de jours, ni vieillard qui n'ait pas accompli ses jours. Car le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit» (Esaïe 65: 20). Le sens de ce passage semble être que la mort sera un fait entièrement exceptionnel, et n'aura lieu que comme un acte de jugement. L'âge de Méthuséla sera donc non égalé, mais surpassé, durant cette heureuse période du règne du Messie. C'est ce qu'indiquent aussi ces paroles: «Les jours de mon peuple seront comme les jours d'un arbre, et mes élus useront eux-mêmes l'ouvrage de leurs mains» (versets 21-23).

7.  Toute injustice sera instantanément redressée. Cela se rattache nécessairement au règne de justice du Messie. C'est ainsi que nous lisons: «Il délivrera le pauvre qui crie à lui, et l'affligé qui n'a pas de secours. Il aura compassion du misérable et du pauvre, et il sauvera les âmes des pauvres. Il rachètera leurs âmes de l'oppression et de la violence, et leur sang sera précieux à ses yeux» (Psaumes 72: 12-14). Jérémie avait dit: «Les jours viennent, dit l'Eternel, et je susciterai à David un Germe juste; et il régnera en roi, et prospérera, et exercera le jugement et la justice dans le pays», (Jérémie 23: 5). Les hommes rêvent follement que l'établissement de la justice sur la terre sera le résultat du progrès des lumières et de la civilisation; mais ils ignorent ou oublient l'incurable corruption de la nature humaine, et ne considèrent que, si même dans le monde entier, chez toutes les nations, il n'y avait que des lois justes et équitables, leur administration ou leur application serait en défaut. Non; la seule espérance pour la terre, de même que pour les saints, c'est Christ, car: «Il vient pour juger la terre: il jugera le monde avec justice, et les peuples avec droiture» (Psaumes 98: 9).

8.  Mais, malgré toutes ces bénédictions, il y aura des rébellions, même sous le règne de Christ. Nous lisons dans le Psaume 66: «Tes ennemis se soumettront à toi, à cause de la grandeur de ta force» (verset 3). La même expression se trouve dans le Psaume 18: «Dès qu'ils ont entendu de leurs oreilles, ils m'ont obéi; les fils de l'étranger se sont soumis à moi en dissimulant» (verset 44). Il semble, d'après ces passages, que le déploiement de la puissance de Christ en jugement sera si irrésistible, comme il l'aura montrée à l'égard des nations assemblées contre Jérusalem, que plusieurs, sans être soumis de coeur, se courberont terrifiés sous son sceptre. Ils professeront obéir, tandis que leur coeur sera loin de lui, aussi seront-ils aussi prompts à renoncer à l'obéissance à son sceptre, qu'ils l'ont été à s'y soumettre. C'est ainsi que nous voyons, après l'établissement du royaume, — et peut-être bientôt après, — Gog venir, avec une multitude d'alliés, «un grand rassemblement et une nombreuse armée», contre Israël, le peuple de l'Eternel, «comme une nuée, pour couvrir le pays». Mais toutes ces armées seront frappées d'une immédiate et complète destruction, si grande et si terrible, que «la maison d'Israël les enterrera pendant sept mois, pour purifier le pays» (Ezéchiel 38; 39).

Il y aura encore à la fin du millénium, une plus grande rébellion directement attribuée à l'action de Satan: «Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison; et il sortira pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog (qu'il ne faut pas confondre avec le Gog d'Ezéchiel), pour les assembler pour le combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer. Et ils montèrent sur la surface de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité chérie» (Apocalypse 20: 7-9). Ainsi, chaque dispensation se termine par la ruine: frappant témoignage du caractère et de la nature de l'homme. Eprouvé de toute manière, sans loi et sous la loi, comme sous la grâce, et enfin sous le règne personnel du Messie, il montre qu'il ne peut être amélioré, que la chair reste la même, qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'aussi elle ne le peut, que la pensée de la chair est inimitié contre Dieu. Les Juifs ont choisi César, et même un Barabbas, de préférence à Christ, et à la fin, l'homme acceptera Satan lui-même, et, sous sa conduite, marchera pour attaquer et détruire «le camp des saints et la cité chérie», qui seront sous la protection spéciale du Messie glorifié. L'issue ne pouvait être douteuse. Il ne restait pour Dieu que de maintenir la sainteté du trône de Christ; aussi lisons-nous que «du feu descendit du ciel de la part de Dieu, et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles» (Apocalypse 20: 9, 10). Ainsi se termine la période des mille ans. Elle est introduite par le jugement, et le jugement en est la dernière scène. Néanmoins, ce sera pour la terre le temps de la bénédiction et du bonheur. Car, durant toute cette époque, et jusqu'à son terme, Satan est lié, et bien que la mauvaise nature en l'homme reste la même, la puissance du mal n'étant point là, toutes les influences auxquelles l'homme est sujet seront du côté de Christ. Ce sera l'annulation entière de l'état de choses actuel. Aussi le psalmiste s'écrie-t-il, en contemplant par l'Esprit l'aurore de ces temps heureux: «Que les cieux se réjouissent, et que la terre s'égaie; que la mer bruie, et tout ce qui la remplit; que les champs se réjouissent, et tout ce qui est en eux! Alors tous les arbres chanteront de joie devant l'Eternel; car il vient, car il vient pour juger la terre; il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa fidélité» (Psaumes 96: 11-13).

Nous laissons au lecteur le soin d'étudier plus à fond ce sujet. Il trouvera dans les Ecritures bien des passages qui s'y rapportent, et s'il les lit dans la dépendance de l'Esprit Saint pour être conduit et enseigné, et en ayant ses yeux fixés sur Christ, il en tirera, sans nul doute, profit et bénédiction.

10.  La nouvelle Jérusalem

Nous n'avons encore parlé que des caractères terrestres du millénium. Il nous faut maintenant considérer son côté céleste, tel que nous le présente la nouvelle Jérusalem. Le lecteur remarquera que, dans l'Apocalypse, depuis le verset 11 du chapitre 19 jusque et y compris le verset 8 du chapitre 21, le récit présente des faits consécutifs. Il commence par l'apparition du Seigneur Jésus, suivi des armées qui sont dans le ciel, et venant en jugement. Ensuite, nous avons, ainsi que nous l'avons vu, la destruction de la Bête, du faux prophète et de leurs armées; puis Satan est lié, les mille ans du règne suivent, Satan est délié, la dernière révolte a lieu; alors est dressé le grand trône blanc, et tout se termine par l'état éternel. Mais immédiatement après cela, nous sommes ramenés en arrière et, depuis le verset 9 du chapitre 21, nous trouvons la description de la nouvelle Jérusalem, qui va jusqu'au verset 5 du chapitre 22. Ce passage, dans son ensemble, montre le caractère de la cité céleste durant le millénium et sa relation avec la terre pendant cette période.

Jean écrit: «Et l'un des sept anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint et me parla, disant: Viens ici, je te montrerai l'épouse, la femme de l'Agneau. Et il m'emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la sainte cité, Jérusalem, descendant du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu» (Apocalypse 21: 9, 10). La première chose qui doit nous frapper, est le contraste fait à dessein entre ce passage et celui-ci du chapitre 17: «Et l'un des sept anges qui avaient les sept coupes, vint, et me parla, disant: Viens ici, je te montrerai la sentence de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux» (verset 1). Ici, se trouve dépeinte Babylone; au chapitre 21, c'est la nouvelle Jérusalem. La première est la cité de l'homme, la seconde celle de Dieu. L'une exprime ce qu'est l'homme, l'autre exprime la perfection des pensées de Dieu; elle est revêtue de la gloire de Dieu. Que le lecteur examine soigneusement le contraste entre ces deux cités, et en apprenne les divines leçons.

Une autre chose est à remarquer: la cité est «l'épouse, la femme de l'Agneau». Cela détermine son caractère. C'est l'Eglise, que Christ s'est présentée «à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable… sainte et irréprochable» (Ephésiens 5: 27), revêtue de la propre beauté de son divin Epoux, et ayant la gloire de Dieu. Sa position doit aussi être remarquée. Dans le second, comme dans le dixième verset, elle est vue comme «descendant du ciel d'auprès de Dieu», mais en comparant les deux passages, nous verrons la place qu'occupe la cité durant le millénium. Au verset 10, elle est vue simplement «descendant du ciel d'auprès de Dieu», mais au verset 3, après les mêmes paroles, Jean nous dit: «Et j'ouïs une grande voix venant du ciel, disant: Voici, l'habitation de Dieu est avec les hommes», montrant ainsi que la cité est descendue du ciel pour habiter éternellement au milieu des hommes. Ce que l'on peut en inférer est donc — ce que d'autres passages démontreraient abondamment — qu'au dixième verset, elle est vue descendant vers la terre millénaire, mais qu'elle demeure en haut, au-dessus de la Jérusalem terrestre. Elle sera ainsi un objet visible de lumière et de gloire, et c'est ce qui explique peut-être le langage du prophète s'adressant à Jérusalem: «Le soleil ne sera plus ta lumière, de jour, et la clarté de la lune ne t'éclairera plus; mais l'Eternel sera ta lumière à toujours, et ton Dieu, ta gloire» (Esaïe 60: 19).

Nous examinerons maintenant quelques-uns des traits qui caractérisent la nouvelle Jérusalem.

1.  Elle est divine dans son origine et céleste dans son caractère. Elle descend «du ciel d'auprès de Dieu».

2.  Elle a «la gloire de Dieu. Son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin». Son luminaire ou sa lumière est donc le resplendissement de la gloire dans laquelle elle se trouve, car le jaspe est un symbole de la gloire de Dieu (Apocalypse 4: 3). L'Eglise est glorifiée avec Christ dans la gloire de Dieu (voyez Jean 17: 22, 23), et c'est ainsi qu'elle nous est montrée ici. Dans les versets 18 et 19 du chapitre 21 de l'Apocalypse, nous lisons que «sa muraille était bâtie de jaspe» et que «le premier fondement était de jaspe», aussi. La gloire de Dieu est ainsi la stabilité et la sécurité, aussi bien que la lumière et la beauté de la cité céleste. Mais la muraille exclut tout ce qui est incompatible avec cette gloire, de même qu'elle préserve et garde ce qui est selon elle.

3.  Nous voyons ensuite que la cité «avait douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits sur elles, qui sont ceux des douze tribus des fils d'Israël: à l'orient, trois portes; et au nord, trois portes; et au midi, trois portes; et à l'occident, trois portes. Et la muraille de la cité avait douze fondements, et sur eux, les douze noms des douze apôtres de l'Agneau» (versets 12-14). Remarquons que le nombre douze caractérise en tout la muraille de la cité: douze anges, douze tribus, et douze apôtres. Ainsi que quelqu'un l'a dit: «Elle a douze portes. Les anges sont devenus les gardiens volontaires des portes de la sainte cité, fruit de l'oeuvre rédemptrice de Christ dans la gloire. Cela marque aussi la possession par l'homme, ainsi amené à la gloire dans l'assemblée, de la place la plus élevée dans la création, ainsi que l'ordre providentiel de Dieu dont les anges avaient été précédemment les administrateurs. Les douze portes représentent la plénitude de la perfection humaine du pouvoir gouvernemental et administratif. La porte était l'endroit où le jugement se rendait. Douze, nous l'avons souvent vu, désigne la perfection de l'ordre et du pouvoir gouvernemental. Le caractère en est marqué par les noms des douze tribus; Dieu les avait ainsi gouvernées. Les patriarches ne sont pas les fondements, mais le caractère de ce pouvoir gouvernemental se trouve là. Les douze fondements sont les douze apôtres de l'Agneau. Dans leur oeuvre, ils ont été les fondements de la cité céleste. Ainsi, le déploiement de la puissance dans la création et dans la providence, la puissance gouvernementale (Jéhovah), et l'assemblée autrefois fondée à Jérusalem, sont présentés ensemble dans la cité céleste, le siège organisé du pouvoir céleste… C'est l'assemblée comme fondée à Jérusalem sous les douze — le siège organisé du pouvoir céleste, la nouvelle et maintenant céleste capitale du gouvernement de Dieu».

4.  Ensuite, la cité est mesurée (versets 15-17), ce qui montre qu'elle est reconnue de Dieu et qu'elle est à lui. Les mesures — ai-je besoin de le dire? — sont symboliques, mais elles sont le symbole d'une perfection donnée de Dieu. La cité est un cube — égal sur toutes ses faces — c'est la perfection finie.

5.  Nous avons ensuite les matériaux dont sont formés la cité et ses fondements. Ici, nous emprunterons encore le langage d'un autre: «La cité, quant à sa nature, est formée en justice et en sainteté divines — d'or pur, semblable à du verre pur. Ce qui est maintenant opéré dans les hommes ici-bas, et appliqué à leurs âmes par la Parole, est la nature même de toute la cité (comparez Ephésiens 4: 24). Les pierres précieuses, symboles des divers déploiements de la nature de Dieu, qui est lumière, en rapport avec la créature (vues dans la création, Ezéchiel 28, et en grâce sur le pectoral du souverain sacrificateur), brillent maintenant dans une gloire permanente et ornent les fondements de la cité. Les portes ont la beauté morale (chaque porte était d'une seule perle) qui avait attiré le coeur de Christ dans l'assemblée, et elles l'ont d'une manière glorieuse. Le sol sur lequel on marche, au lieu de présenter quelque danger de souillure, est lui-même juste et saint; les rues, tout ce avec quoi l'homme vient en contact, sont justice et sainteté — d'or pur, comme du verre transparent».

6.  La sainte cité n'a pas de temple. «Et je ne vis pas de temple en elle; car le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l'Agneau en sont le temple» (verset 22). Un temple parlerait d'un Dieu caché, ou d'un lieu où Dieu se manifesterait d'une manière spéciale à ceux qui s'approcheraient pour adorer. Mais tout cela est passé. Maintenant même, ici-bas, nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints (Hébreux 10: 19); oui, notre place est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière. Ainsi, dans la cité céleste, Dieu et l'Agneau sont pleinement manifestés dans leur propre nature et leur propre gloire, et l'on approche, entouré uniquement de cette gloire.

7.  Il n'est plus besoin de lumière créée. «Et la cité n'a pas besoin du soleil, ni de la lune, pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'a illuminée, et l'Agneau est sa lampe» (verset 23). Dieu étant pleinement manifesté, toute lumière créée devient inutile. «La gloire de la lumière divine éclaire tout, et l'Agneau en est le vase».

Après avoir vu les caractères distinctifs de la cité céleste, nous envisagerons ses relations avec la terre millénaire. En premier lieu, nous lisons que «les nations marcheront par sa lumière et les rois de la terre lui apporteront leur gloire» (*). Ce que nous apprenons ici en premier lieu, c'est que la nouvelle Jérusalem brillera d'un tel éclat que les nations marcheront par sa lumière — la lumière de la gloire dans laquelle elle se trouve et dont elle est illuminée. Placée au-dessus de la Jérusalem terrestre, de là elle répandra les rayons de la gloire de Dieu, dont elle sera entourée et pénétrée. En second lieu, les rois de la terre lui rendront leur hommage, en lui apportant, comme offrandes, leur gloire et leur honneur, la reconnaissant comme l'objet du bon plaisir de Dieu et la scène où il manifeste sa présence et sa gloire, parce que le trône de Dieu et de l'Agneau est là.

(*) C'est ainsi qu'il faut lire et non: «les nations qui auront été sauvées», ces derniers mots ne se trouvant pas dans les meilleures éditions. Il faut aussi lire «lui apporteront», et non y apporteront»; cette dernière expression ferait supposer que les rois de la terre ont accès dans la cité.

Ensuite, il est dit que «ses portes ne seront point fermées de jour, car il n'y aura pas de nuit là. Et on lui apportera la gloire et l'honneur des nations. Et il n'y entrera aucune chose souillée, ni ce qui fait une abomination et un mensonge: mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l'Agneau» (versets 25-27). On ne peut qu'être frappé de la ressemblance entre ces paroles et celles qui sont adressées par le prophète à la Jérusalem terrestre: «Et les portes seront continuellement ouvertes (elles ne seront fermées ni de jour, ni de nuit), pour que te soient apportées les richesses des nations, et pour que leurs rois te soient amenés» (Esaïe 60: 11). Et il y aura, sans nul doute, une relation intime entre les deux cités, semblable à celle qui existait entre le lieu saint et le lieu très-saint dans le tabernacle; mais il faut toujours se souvenir que l'une des cités est terrestre et l'autre céleste, dans leur caractère respectif. Les portes ouvertes sont l'emblème de la parfaite sécurité dont la cité jouira; il n'y aura «ni adversaire, ni événement fâcheux». Et l'absence de nuit nous dit que le mal n'y sera pas; c'est pourquoi le jour y est perpétuel. «Ce n'est pas seulement l'absence du mal qui caractérise la sainte cité, mais l'impossibilité que le mal y entre», car nul, sauf «ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau», n'y a sa place.

Ensuite, nous avons le fleuve d'eau vive et l'arbre de vie: «Et il me montra un fleuve d'eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l'Agneau. Au milieu de sa rue, et du fleuve, de çà et de là, était l'arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois: et les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations» (chapitre 22: 1, 2). Ce passage nous parle aussi de la relation de la cité avec la terre millénaire, et révèle la source de la vie et de la bénédiction dont elle jouira durant la période des mille ans. Le trône de Dieu et de l'Agneau est comme toujours la fontaine d'où jaillit la vie et la grâce, et les feuilles de l'arbre de vie sont pour la guérison des nations. Les saints glorifiés mangent seuls de ses douze fruits toujours mûrs. Aussi est-il ajouté: «Il n'y aura plus de malédiction et le trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle; et ses esclaves le serviront, et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Et il n'y aura plus de nuit, ni besoin d'une lampe et de la lumière du soleil; car le Seigneur Dieu fera briller sa lumière sur eux; et ils régneront aux siècles des siècles» (versets 3-5).

Adam, après sa chute, fut mis hors du jardin d'Eden; l'Eternel Dieu «chassa l'homme, et plaça à l'orient du jardin d'Eden les chérubins et la lame de l'épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l'arbre de vie» (Genèse 3: 24). Dans la cité céleste, l'arbre de vie est de chaque côté de la rue d'or pur, et les saints glorifiés trouvent dans son fruit nourriture et joie. En conséquence, la malédiction est pour toujours ôtée, car dans la cité se trouve le trône de Dieu et de l'Agneau, et ses serviteurs le servent parfaitement, voient sa face, et ont son nom écrit sur leurs fronts. Expressions merveilleuses qui nous montrent la félicité pleine et parfaite des rachetés! De nouveau, nous lisons qu'il n'y aura plus de nuit, et que les habitants de la cité n'auront nul besoin de lumière créée, car Dieu lui-même est la source de leur lumière, comme de leur bénédiction; sa gloire illumine la scène tout entière. Dans cet état de bonheur parfait et sans mélange, ils régneront aux siècles des siècles, associés avec Christ dans toutes les gloires de sa royauté et de son royaume.

Ce n'est donc pas seulement la bénédiction terrestre que nous sommes admis à contempler, mais Dieu a placé devant nous les perfections et les gloires variées de cette cité céleste qui est l'un des traits principaux de la période millénaire. Nous n'avons pas cru devoir toucher à la question des communications qui existeront entre la sphère céleste et la terrestre. Que ces communications doivent avoir lieu est hors de doute, mais quant à leur mode, ou quant à la manière précise dont Christ exercera le gouvernement sur la terre comme Roi, l'Ecriture n'en dit rien. Mais il nous est dit que «le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. A l'accroissement de son empire, et à la paix, il n'y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l'établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours» (Esaïe 9: 5, 6).

11.  Le grand trône blanc et l'état éternel

Le millénium clôt la longue série des dispensations terrestres. Les voies de Dieu envers la terre, en grâce, en miséricorde ou en jugement, sont maintenant terminées, et le ciel et la terre disparaissent de devant la face de Celui qui est assis sur le grand trône blanc (Apocalypse 20: 11). Le jugement final a lieu entre la fin du millénium et le commencement de l'état éternel; mais auparavant se place un événement immense et d'une grande importance, exprimé par un seul mot dans le passage indiqué ci-dessus. C'est la destruction par le feu de la terre et des cieux. L'apôtre Pierre décrit ainsi ce fait solennel: «Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur; et, dans ce jour-là, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments, embrasés, seront dissous, et la terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement». Et plus loin: «Attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous, et les éléments embrasés se fondront» (2 Pierre 3: 10, 12).

Le jour du Seigneur, remarquons-le, remplit toute la période des mille ans. Il vient comme un voleur, ayant son commencement lors de l'apparition du Seigneur, et à son expiration a lieu la destruction par le feu des cieux et de la terre. C'est pourquoi, l'apôtre emploie l'expression «dans lequel», parce que, bien qu'arrivant à la fin du jour du Seigneur, cet événement s'y trouve cependant compris. C'est le même fait indiqué dans l'Apocalypse, par les mots: «De devant la face duquel la terre s'enfuit et le ciel; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux»; mais comment ils disparaissent, cela ne nous est pas dit, tandis que, dans l'épître de Pierre, nous voyons que le feu est le moyen que Dieu choisit pour la destruction de la scène actuelle. Après cela est dressé le grand trône blanc. Le jugement final a donc lieu après la disparition de la terre et du ciel. Le caractère de ce jugement demande un examen plus détaillé.

D'abord, quel est le Juge? D'après quelques versions, il semblerait que c'est Dieu lui-même, car nous y lisons: «Et je vis les morts, grands et petits, se tenant devant Dieu» (Apocalypse 20: 12). Mais le mot «trône» doit être substitué à «Dieu». Les morts, les grands et les petits, se tiennent «devant le trône». Qui donc y est assis? Plusieurs passages des Ecritures nous apprennent que c'est Christ. Il dit lui-même: «Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père». Et encore: «Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné aussi autorité de juger, parce qu'il est Fils de l'homme» (Jean 5: 22-27). Avec ces paroles s'accordent aussi celles de Paul, lorsqu'il dit que tout genou se ploiera au nom de Jésus, et que toute langue confessera qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu, le Père (Philippiens 2: 10, 11). Celui qui fut sur la terre rejeté et crucifié, est Celui qui sera assis sur le trône du jugement et devant lequel comparaîtront ceux qui ont refusé de le reconnaître pour Sauveur et pour Seigneur; car la volonté du Père est que tous honorent le Fils, comme ils l'honorent lui-même. En donnant cette place à Christ sur le trône de jugement, Dieu le glorifie publiquement devant les hommes et les anges, et le présente comme objet auquel doivent être rendus l'honneur et l'hommage de tous. Ainsi tout genou qui aura refusé de se ployer devant lui en ce jour de grâce, et de le recevoir comme Sauveur, sera forcé à la fin de se ployer devant sa seigneurie et sa suprématie souveraine. Assis sur le grand trône blanc, il est devenu l'Arbitre suprême de la destinée éternelle de tous ses ennemis.

Le trône sur lequel il est assis, a ces deux caractères: il est «grand» et il est «blanc». Le premier caractère est en rapport avec la dignité de Celui qui l'occupe, et le second est un symbole de la nature de Celui qui rend le jugement. Tous seront jugés selon la sainteté parfaite de Dieu.

Ce sont les personnes et non les choses, qui seront les objets de ce jugement, et il n'atteindra que ceux qui n'ont pas cru. Jean dit: «Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant devant le trône; et des livres furent ouverts; et un autre livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés d'après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs oeuvres. Et la mer rendit les morts qui étaient en elle; et la mort et le hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs oeuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l'étang de feu; c'est la seconde mort, l'étang de feu. Et si quelqu'un n'était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l'étang de feu» (versets 12-15). En examinant avec soin ce passage, nous verrons que, dans la foule de ceux qui se trouvent devant le grand trône blanc, il n'y a pas trace d'un seul croyant. Comme nous l'avons vu précédemment, tous les croyants d'avant la seconde venue de Christ ont été «ravis dans les nuées au-devant du Seigneur en l'air» (*). Outre ceux qui ont été laissés dans les tombeaux quand il a pris à lui les siens, il ne reste donc plus que deux classes de personnes: les saints de l'époque millénaire, et les incrédules ou rebelles de la même période. Or les premiers ne mourront point, et par conséquent, comme devant le grand trône blanc, il n'y a que des morts, ce sont tous des méchants ou des incrédules.

(*) Les saints qui, après l'enlèvement de l'Eglise, ont souffert le martyre sous la domination de la Bête et du faux prophète, ont part à la première résurrection et vivent et règnent avec Christ les mille ans (Apocalypse 20: 4-6).

D'autres considérations nous conduisent au même résultat. Deux genres de livres sont ouverts, comme devant former la base du jugement: il y a les livres des oeuvres d'une part, et, de l'autre, le livre de la vie. Il est dit, d'un côté, que «les morts furent jugés d'après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs oeuvres». D'un autre côté, nous lisons que «si quelqu'un n'était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l'étang de feu». Les morts sont donc jugés, en fait, sur deux principes, l'un positif, l'autre négatif. Leurs oeuvres sont produites comme évidence contre eux, et l'absence de leurs noms dans le livre de la vie montre qu'ils n'ont aucun titre à la miséricorde. Il n'y a rien qui nous conduise à penser qu'un seul de ceux qui sont là, ait son nom dans le livre de vie; leurs oeuvres sont la base sur laquelle ils sont jugés; or nous savons que nulle chair n'est justifiée par des oeuvres de loi (Romains 3: 20). Comme l'a dit quelqu'un: «Un autre élément est mis en évidence. Il y a un livre de vie. Quiconque n'y est pas trouvé écrit est jeté dans l'étang de feu. C'est la scène finale de séparation qui clôt tout pour la race humaine et pour ce monde. Et quoiqu'ils soient jugés, chacun selon ses oeuvres, cependant comme la souveraine grâce en avait délivré quelques-uns de cette race coupable, il est dit que quiconque n'est pas trouvé écrit dans le livre de la vie est jeté dans l'étang de feu. La mer a rendu les morts qui étaient en elle; la mort et le hadès ont aussi rendu ceux qui étaient en eux. Et la mort et le hadès prennent fin pour toujours par le jugement divin. Le ciel et la terre ont passé, mais ils doivent revivre; non pas la mort et le hadès. Il n'y a pour eux que le jugement pour jamais par le jugement de Dieu. Ils sont envisagés comme étant la puissance de Satan. Il a le pouvoir de la mort et les portes du hadès, et c'est pourquoi la mort et le hadès sont détruits judiciairement pour toujours». Le dernier ennemi, la mort, est maintenant détruit; car Christ doit régner «jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds».

Avant de passer à l'examen de ce qui nous est dit de l'état éternel, nous avons à considérer un autre passage. Nous lisons dans la première épître aux Corinthiens: «Comme dans l'Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus vivants; mais chacun dans son propre rang: les prémices, Christ; puis ceux qui sont de Christ à sa venue; ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds: le dernier ennemi qui sera aboli, c'est la mort. Car il a assujetti toutes choses sous ses pieds. Or quand il dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que c'est à l'exclusion de celui qui lui a assujetti toutes choses. Mais quand toutes choses lui auront été assujetties, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous» (chapitre 15: 22-28). Ce passage est remarquable à divers points de vue, comme comprenant toutes les dispensations, ou au moins les embrassant toutes dans son ensemble.

Le sujet immédiat de l'apôtre est la résurrection. Après avoir établi le fait que dans l'Adam tous meurent, et la vérité correspondante que tous sont rendus vivants dans le Christ, c'est-à-dire tous ceux qui sont en rapport avec Christ, de même que le premier cas comprend tous ceux qui sont en rapport avec Adam, l'apôtre donne l'ordre dans lequel le dernier fait s'accomplira. La résurrection de Christ a été les prémices de cette merveilleuse moisson de ceux qui sont de Christ, et qui seront recueillis à sa venue. «Ensuite la fin», mais entre cet «ensuite» et le «puis ceux qui sont de Christ à sa venue», le millénium est compris, de sorte que «la fin» nous amène à l'expiration des mille ans, et, en fait, plus loin encore, jusqu'après le jugement devant le grand trône blanc. C'est le point qu'il faut remarquer avec soin; car c'est là que se termine, comme tel, le règne médiatorial. C'est pourquoi, il est dit que Christ remet le royaume à Dieu le Père. Toutes choses lui étant assujetties, il remet le royaume à Celui qui a tout mis sous ses pieds, et il prend lui-même une place de sujétion, afin que dorénavant Dieu puisse être tout en tous. C'est la fin et la cession à Dieu de son règne terrestre et dès lors, comme Homme glorifié, il est lui-même assujetti. Mais nous devons nous rappeler avec soin que sa déité essentielle demeure toujours. En fait, le terme «Dieu», employé d'une manière absolue, comprend le Père, le Fils et le Saint Esprit, Révélation merveilleuse! Durant l'éternité, le Fils conserve son humanité glorifiée; au milieu de ses rachetés, tous rendus conformes à son image, il est là comme PREMIER-NE parmi plusieurs frères. Ce passage de l'épître aux Corinthiens nous fait donc voir la cession que fait le Fils au Père du royaume terrestre, et, en même temps, l'introduction de l'état éternel, où Dieu est tout en tous.

Mais c'est l'Apocalypse qui donne la description la plus complète de cet état où tout est fixé pour toujours. «Et je vis», dit Jean, «un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre s'en étaient allés, et la mer n'est plus» (chapitre 21: 1). Esaïe avait parlé de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre (chapitre 65: 17), mais seulement dans un sens moral et en rapport avec le millénium. Pierre emploie son langage, mais, sous la direction de l'Esprit Saint, lui donne une signification plus profonde. «Mais, selon sa promesse», dit-il, «nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite» (2 Pierre 3: 13). Mais c'est dans l'Apocalypse que nous voyons, dans la vision de Jean, l'accomplissement effectif de la promesse. «La mer n'est plus»; le temps où une séparation existait a cessé; chaque partie de la nouvelle scène, est amenée devant Dieu dans un état d'ordre et de beauté; tout sera selon sa propre pensée. Ensuite apparaît la sainte cité: «Et je vis la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d'auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari. Et j'entendis une grande voix venant du ciel, disant: Voici, l'habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux; et la mort ne sera plus; et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées» (versets 2-4). Plusieurs points sont à remarquer dans cette merveilleuse description de la perfection de l'état éternel. En premier lieu, la sainte cité est vue descendant du ciel d'auprès de Dieu. Comme nous l'avons déjà fait observer, durant le millénium, elle est au-dessus de la Jérusalem terrestre, mais maintenant, bien que Jean remonte à son origine et à son caractère, il la montre descendant jusqu'à la nouvelle terre qui vient d'être formée. La terre millénaire n'aurait pas pu la recevoir, parce que, bien que grandement bénie, elle n'était pas propre, à cause de son imperfection, à être la demeure du tabernacle éternel de Dieu. Cela était réservé à la nouvelle terre où la justice habitera — où elle sera d'une manière permanente.

Remarquez ensuite sous quels traits la cité est dépeinte: «Préparée comme une épouse ornée pour son mari». Mille ans ont passé, et la cité est encore revêtue de sa beauté, première. Les âges ne peuvent altérer son éternelle jeunesse; elle est toujours «une assemblée glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable».

Nous entendons ensuite la proclamation venant du ciel: «Voici, l'habitation de Dieu est avec les hommes». On voit, par ces paroles, que l'Eglise est la demeure où Dieu habitera. De même que, dans le désert, les tribus campaient autour du tabernacle, ici les hommes — les saints des autres dispensations — sont groupés autour du tabernacle de Dieu dans l'état éternel. L'Eternel avait dit à son peuple Israël dans le désert: «Et je mettrai mon tabernacle au milieu de vous, et mon âme ne vous aura pas en horreur; et je marcherai au milieu de vous; et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple» (Lévitique 26: 11, 12. Voyez aussi Ezéchiel 37: 26, 27). Et maintenant, dans le plein déploiement de sa grâce, selon les desseins de son amour, sa parole est accomplie d'après la perfection de ses propres pensées. Son habitation est avec les hommes; et il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu.

Nous avons ensuite la félicité des habitants de cette scène. Mais comment est-elle décrite? De la manière même qui fait le plus puissamment appel à des coeurs qui ont connu les douleurs et les tribulations du désert. Il y aura l'absence de tout ce qui nous avait causé de l'angoisse et du chagrin ici-bas. En premier lieu, «Dieu essuiera toute larme de leurs yeux»; plus une trace des douleurs passées ne restera, Dieu lui-même l'enlèvera. Quelle infinie tendresse dans cette expression: «Dieu lui-même essuiera!» Comme une mère enlève tendrement les pleurs de son enfant, ainsi Dieu lui-même prendra son plaisir à essuyer les larmes des yeux de ses saints. Et une fois essuyées, ce sera sans retour; rien ne les fera plus couler, car «la mort ne sera plus»; (combien de larmes n'a-t-elle pas fait couler en ravissant ici-bas ceux que l'on aimait?) «et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine!» Toutes ces premières choses auront passé pour toujours; tous ces épais nuages qui couvrent maintenant si souvent l'horizon de notre âme, seront dissipés par le perpétuel éclat et la joie de l'éternelle présence de Dieu.

«Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il me dit: Ecris, car ces paroles sont certaines et véritables. Et il me dit: C'est fait. Moi, je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l'eau de la vie. Celui qui vaincra héritera de ces choses, et je lui serai Dieu, et lui me sera fils. Mais quant aux timides, et aux incrédules, et à ceux qui se sont souillés avec des abominations, et aux meurtriers, et aux fornicateurs, et aux magiciens, et aux idolâtres, et à tous les menteurs, leur part sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort» (versets 5-8). Ainsi tout est fait nouveau; la nouvelle création a atteint sa consommation. Tout ce qui est dedans et tout ce qui est dehors est très bon; parfait, comme ayant pour mesure la sainteté de Dieu. C'est donc une scène où il peut demeurer et trouver son plaisir. Tout découle de lui, et tout retourne vers lui à sa gloire, car il est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin.

La scène se termine par la proclamation de la grâce, de la promesse et du jugement. Celui qui a soif recevra gratuitement de l'eau de la fontaine de la vie. Le vainqueur héritera de toutes ces choses. Car, pour employer les paroles d'un autre: «Le monde, pour le chrétien, est actuellement un grand Rephidim (Exode 17). Voici les deux parties de la bénédiction finale: le vainqueur aura Dieu pour son Dieu, et il sera son fils. Ceux qui ont redouté de suivre ce chemin — qui n'ont pas vaincu le monde et Satan, mais ont marché dans l'iniquité — ceux-là auront leur part dans l'étang de feu. Ainsi se termine l'histoire des voies de Dieu».

On remarquera que, dans cette description de l'état éternel, il n'est pas fait mention de l'Agneau. La raison en est que, ainsi que nous l'avons déjà indiqué, le Fils lui-même, comme homme, est maintenant aussi assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.

Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses! A lui soit la gloire éternellement! Amen!