Quelques remarques sur l'Assemblée et la marche à suivre dans un temps de déclin

 ME 1889 page 326

 

Il y a un sujet que l'humble lecteur des Ecritures y trouvera, et qui, d'abord, pourra lui causer quelque perplexité, s'il compare ce que dit la Parole avec ce qu'il voit autour de lui. Je parle de l'Eglise, le corps de Christ. Il trouvera des paroles telles que celles-ci: «un seul corps», «un seul Esprit», «un seul Seigneur» (Ephésiens 4: 1-5). Et encore: «Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12: 13); et d'autres passages. A mesure qu'il lira, il lui deviendra toujours plus évident que, dans le commencement, tous les chrétiens formaient le seul corps de Christ. Il n'y avait qu'un seul corps, aussi réellement qu'il n'y avait qu'un seul Seigneur.

Il se dira donc: Qu'est-ce? Il y a maintenant plusieurs corps de chrétiens, et il s'apercevra bientôt que nul de ces corps n'est «le seul corps» dont parle l'Ecriture, et que l'ensemble de tous ces corps réunis ne le forme pas, puisque, d'après 1 Corinthiens 12, le corps se compose d'individus comme membres. S'il est simple comme un enfant, il verra que l'Eglise, le corps de christ, se compose de tous les vrais croyants maintenant sur la terre. Mais il trouve des divisions sans nombre; que doit-il faire? J'aimerais dire au lecteur quelque chose de la manière dont le Seigneur m'a enseigné sur ce sujet. Ce sont assurément des difficultés très pénibles dans le sentier d'un serviteur de Christ.

La première question est celle-ci: Est-ce que je retiens la vérité d'un seul corps? Que tous les croyants, depuis la Pentecôte, sont membres de ce seul corps? Que tous les croyants maintenant forment ce seul corps, aux yeux de Dieu? La question qui se pose ensuite est: Est-ce que je désire agir personnellement selon cette vérité, aimer tous ceux qui sont du Seigneur et chercher à les servir? Quoi que fassent les autres, est-ce que mon désir est de conformer mes voies à cette grande vérité du «seul corps?» J'en vois qui le font; non pas qu'ils prétendent le moins du monde être ce seul corps, mais ils cherchent à ne reconnaître aucun autre corps que celui de Christ, composé de tous ceux qui sont à lui. Si j'en trouve d'autres qui désirent marcher selon la parole de Dieu, je puis assurément avoir communion avec eux. Si des loups entrent et dispersent le troupeau, si des hommes s'élèvent, annonçant des doctrines perverses pour attirer des disciples après eux, alors il y a nécessité à se séparer du mal. Le chrétien qui veut marcher dans la crainte du Seigneur, doit-il, à cause du mal, se décourager et désespérer de tout? Ou bien, si le mal abonde, doit-il l'accepter et aller avec lui? La parole de Dieu répond clairement à toutes ces questions. Au milieu de tout le mal des derniers jours, se fait entendre la voix de l'Ecriture: «Qu'il se retire de l'iniquité quiconque prononce le nom du Seigneur». «Poursuis la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur». Tout abandonner? Oh! non, mais «demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises» (lisez 2 Timothée 2; 3).

«Mais», direz-vous «dans les temps de grandes difficultés, comment saurai-je ce qui est juste?» Avez-vous remarqué, dans l'épître qui révèle l'Eglise plus qu'aucun autre écrit du Nouveau Testament, quel est le premier précepte? «C'est pourquoi, ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres» (Ephésiens 4: 25). Lisez soigneusement tout ce qui suit jusqu'à la fin du chapitre. Si tous les croyants marchaient selon ces préceptes, les divisions seraient impossibles. Et il n'est pas difficile de reconnaître qui agit ou non, d'après ces principes. C'est l'état de l'âme qui est à la racine de toute division: les faux rapports, l'amertume, la médisance, l'orgueil spirituel, les vaines imaginations, la mondanité, le manque de droiture, voilà ce qui amène le désaccord. Si nous marchons dans la crainte du Seigneur, nous n'aurons pas de difficulté à discerner ce qui est du diable.

Cependant, plus d'un jeune chrétien — de vieux chrétiens aussi — est jeté dans une détresse profonde en voyant l'état de ruine, de l'église professante, et plus d'un évangéliste se trouve à cause de cela douloureusement entravé dans son travail. Je voudrais pouvoir les aider. Avez-vous eu devant vous la vraie espérance? A-t-elle été l'Eglise présentée glorieuse à la venue du Seigneur? Eh bien, cette espérance n'a pas changé, et elle est plus près que lorsque nous avons cru. Ou bien avez-vous eu, peut-être sans la bien définir, une certaine espérance de voir l'Eglise restaurée sur la terre? S'il en est ainsi, nul doute que vous ne soyez grandement désappointé. Ou avez-vous glissé imperceptiblement dans la pensée que l'Eglise a été rétablie dans son état primitif, et que quelque corps de chrétiens la présente telle? Il n'y a rien d'étonnant à ce que vous découvriez votre erreur. Or, tout en maintenant pleinement le privilège du chrétien de tenir ferme tout ce qui a été enseigné relativement à l'Eglise de Dieu selon les Ecritures, il y a un sujet que je désire placer devant vous comme bien fortifiant et consolant dans ces jours de perplexité. Plusieurs de mes lecteurs se souviendront des paroles — qui furent presque les dernières — prononcées par quelqu'un qui est maintenant auprès du Seigneur: «Frères», disait-il, «ne négligez pas le ministère de Jean».

Quelle place a le ministère de Jean dans les écrits inspirés? Je ne puis ici qu'appeler l'attention sur cette recherche importante. Vous avez sans doute remarqué l'ordre, ou le développement des révélations dans l'Ancien Testament, depuis la Genèse jusqu'à Malachie. Mais avez-vous étudié avec soin l'ordre dans lequel les écrits du Nouveau Testament furent donnés, pour autant que les dates nous sont connues? Ce serait aller au delà du but de cet écrit que d'en parcourir l'ensemble, mais remarquez que, vers l'an 65, l'Eglise est vue en ordre dans la première épître à Timothée et dans celle à Tite. Les surveillants (ou anciens) et les serviteurs (ou diacres) sont officiellement reconnus. Mais quel changement avait eu lieu au bout de très peu de temps, une année environ, c'est ce que témoignent la seconde épître à Timothée, la seconde de Pierre et celle de Jude. L'Eglise, quant à son témoignage pour Dieu sur la terre, avait manqué. Des séducteurs et des corrupteurs s'y étaient introduits, et pendant un temps, l'inspiration cessa. On suppose généralement que ce fut pendant environ vingt-cinq années.

N'oublions pas que, durant ce temps, le déclin et la ruine s'accentuaient toujours plus. Alors le Saint Esprit parla par Jean. Il ne parle de l'Eglise que comme ayant manqué à son témoignage sur la terre et devant être jugée (Apocalypse 2 et 3). Dans les épîtres de Jean, il n'est question que d'une seule assemblée (3 Jean), mais nous y voyons un ordre de choses tout nouveau, savoir une personne qui prend l'autorité. C'était tellement opposé aux vrais principes de l'Eglise de Dieu, que cet homme refusait même de recevoir l'apôtre Jean! Nous ne sommes pas laissés dans l'incertitude quant à savoir si Dieu approuvait ou désapprouvait, par la plume du vieil apôtre, ce nouvel ordre de choses qui semblait être devenu général.

Si l'Esprit Saint ne place donc devant nous l'Eglise, que pour constater son déclin et pour juger ses manquements, tout en reconnaissant un faible résidu à Philadelphie; si c'était alors le dernier temps où des antichrists abondaient, et si ce dernier temps, par la patience de Dieu, a continué jusqu'à présent, que nous présente donc l'Esprit comme devant demeurer durant cette dernière heure? Si l'Eglise a manqué comme témoignage, que reste-t-il?

Il reste la personne et les gloires de Christ. Dans sa première épître, Jean dit: «Ce qui était dès le commencement». Dans l'Apocalypse, nous lisons: «La révélation de Jésus Christ», et dans l'évangile: «Au commencement était la Parole». Lorsque tout a manqué, alors sont révélées les relations éternelles et les gloires du Fils qui ne manque jamais. Dieu est révélé dans le Fils: «Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître».

Ainsi, lorsque nous sentons douloureusement la ruine de l'homme, la ruine de l'Eglise comme témoignage sur la terre, le manquement et le péché de l'homme en tout ce qui lui a été confié, combien nous sommes soulagés en nous tournant vers la pleine révélation de Dieu en Christ. C'est là ce qui devient toujours plus important, à mesure que les ténèbres s'épaississent sur ce monde et sur l'église professante, et c'est là l'objet du ministère de Jean.

Nous le répétons: il nous faut tenir ferme la parole inspirée de Dieu tout entière. Mais cette pleine révélation du Fils de Dieu, du fidèle Témoin, donnée si longtemps après tout le reste, n'a-t-elle pas une place toute spéciale? Une chose est certaine, nous avons là les désirs mêmes, les soupirs de son coeur montant au Père pour nous, durant ces scènes de déclin et de ruine. Si tout l'ordre ecclésiastique est entièrement ruiné, nous avons toujours les instructions les plus détaillées pour les enfants de Dieu. Dans l'évangile de Jean, nous avons Dieu le Père révélé en Christ; nous y trouvons l'amour infini de Dieu envers le monde, et Jésus, l'Agneau de Dieu, élevé de la terre, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. La bonne nouvelle y est annoncée à toute créature, mais remarquez-y la souveraineté divine presque à chaque page. Le Seigneur dit: «Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi». N'oubliez pas cela. Ensuite, voyez comment Dieu en Christ a été rejeté par l'homme religieux, par les Juifs: «Il vint chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu». Ils l'ont rejeté, et partout, dans cet évangile, nous les voyons mis de côté. La souveraine grâce choisit un résidu: le salut n'est point par l'incarnation, comme plusieurs voudraient le soutenir; Jésus doit mourir ou rester seul (Jean 12: 24).

Remarquez encore combien de choses se trouvent dans l'évangile de Jean, qui sont omises dans les autres évangiles. Prenons les chapitre 13 à 17, et si nos yeux sont ouverts, nous verrons comme tout est une réponse aux erreurs et aux écarts de la vérité professés dans ce qui est appelé l'église dans ce monde. Passons en revue quelques-unes de ces erreurs. Quant à la cène du Seigneur, la grande erreur, durant des siècles dans toute l'Eglise et encore maintenant chez un grand nombre, a été d'en faire un sacrifice pour les péchés. Mais le Seigneur dit aux croyants nés de Dieu: «Celui qui a tout le corps lavé, n'a besoin que de se laver les pieds; mais il est tout net; et vous, vous êtes nets». Il prend de l'eau, et non point du sang, pour leur laver les pieds. L'oeuvre de l'autel d'airain est achevée, il ne parle pas de sa mort; maintenant, c'est la cuve, le lavage d'eau par parole, l'oeuvre que, par ce moyen, il accomplit pour les siens (comparez Ephésiens 5: 26). Jésus a pris la place de l'Agneau pascal pour la rédemption éternelle des croyants. Il est possible que, déjà à l'époque où cet évangile fut donné, on se fût grandement mépris sur la portée de la cène du Seigneur, et le Saint Esprit savait bien qu'on voudrait la mettre à la place de Christ lui-même. Aussi la cène elle-même est-elle à peine indiquée dans le dernier souper; le chapitre 13 ne va guère au delà du repas pascal. De toutes manières, c'est la PERSONNE même du Seigneur qui est devant nous. Quand nous pensons à ce que l'on a fait de l'eucharistie, il est bien remarquable que Jean, le dernier des écrivains inspirés, ne la mentionne jamais.

Combien universelle a été aussi dans l'Eglise l'erreur que les vrais chrétiens devront paraître en jugement au grand jour. Jean anticipe aussi cela dans son évangile. Jésus nous assure qu'il n'en sera pas ainsi. Il dit: «En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement» (Jean 5: 24). Et plus loin: «Que votre coeur ne soit pas troublé;… je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi» (14: 1-3).

Et quel sera le remède devant toutes les formes diverses et opposées de gouvernement ecclésiastique? Simplement la présence du Saint Esprit sur la terre, dont nous trouvons la promesse dans les chapitres 14, 15, 16. Quel appui et quel encouragement, quelle sécurité pour tous les croyants, si réellement ils croyaient que le Saint Esprit, comme Personne divine, est aussi vraiment présent avec eux sur la terre, que Jésus l'était avec ses disciples. Ne vous seriez-vous pas confié à Christ? Ne pouvez-vous pas vous confier à l'Esprit Saint, quoi qu'il arrive?

Mais, dira l'évangéliste, je souffre dans mon coeur, lorsque, voyant des âmes converties, je ne sais pas où les diriger. Je vois ce qui porte le nom d'église divisé en quantité de sectes qui se disputent souvent avec aigreur; quelques-unes s'arrogeant même le droit d'être considérées comme l'Eglise. D'autres semblent penser que nous sommes libres de faire comme nous voulons, quant à la question ecclésiastique. Tout cela n'est pas pour me satisfaire.

Si vous désirez connaître la pensée de Christ, vous la trouverez révélée quant à cet état de choses. Un des buts de sa mort expiatoire a été de «rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52). Et, remarquez-le, ce fut après que la dernière heure, ce temps de ruine, abondant en antichrists, eut commencé, que les désirs de son coeur, exprimés dans sa prière, nous ont été rapportés par inspiration (lisez Jean 17). N'a-t-il pas prié pour tous ceux qui croient en lui? «Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi; afin qu'eux aussi soient un en nous». Oui, quel que puisse être l'état de ce qui est appelé l'église, assurément chaque vrai croyant cherchera à répondre au coeur de Christ. Nous présentons ces quelques pensées, pour engager nos lecteurs à étudier ces derniers accents inspirés par le Saint Esprit — les écrits de Jean.

Quel intense intérêt cela donne aussi aux dernières épîtres. Comment saurons-nous en tout temps ce qui est de Dieu et ce qui est du diable? Rien n'est plus simple, ni plus sûr. «Celui qui pratique le péché est du diable», et «quiconque est né de Dieu, ne pratique pas le péché». Ces deux choses caractérisent les enfants de Dieu et les enfants du diable. «Par ceci sont rendus manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable: quiconque ne pratique pas la justice, n'est pas de Dieu». Rien n'a surpassé la méchanceté qui s'est développée sur la terre pendant ou même avant les jours où Jean écrivait.

On demandera: Cette instruction divine sera-t-elle maintenant un guide sûr et suffisant? Sans aucun doute. Si une oeuvre est de Satan, elle peut être introduite par des hommes sous la forme d'anges de lumière; mais bientôt elle portera les marques indiquées en 1 Jean 3: 6-15. Le diable est menteur, et son oeuvre se montrera en dénaturant la vérité et par la haine contre les frères. Ceux qui sont le plus employés par Dieu sont assurés d'être des objets de haine. Cela a été et est toujours le cas, quelques prétentions qu'il puisse y avoir à la justice. Parcourez l'histoire de ce qui s'est appelé l'église et celle des vrais enfants de Dieu, pendant toute la durée de cette dernière heure dont parle Jean, et où nous sommes encore, et vous verrez se vérifier ce qui est décrit dans l'épître. Il en est ainsi maintenant, et si les enfants de Dieu marchent dans la patience de Christ, dans son humilité et sa douceur, ils en feront l'expérience.

Ainsi, chers compagnons d'oeuvre, retenons ferme la justice de Dieu révélée dans l'épître aux Romains, l'amour de Christ pour l'Eglise que Paul décrit aux Ephésiens, l'instruction spéciale donnée dans la seconde épître à Timothée, quand le mal s'est déjà introduit dans l'Eglise, et chaque vérité qui nous est révélée dans la parole de Dieu. Et n'oublions pas les enseignements des écrits de Jean, pour le temps où tout a manqué entre les mains de l'homme. Notre temps et l'occasion de servir le Seigneur auront bientôt pris fin. Bientôt nous verrous sa face, nous serons semblables à lui et avec lui pour toujours. Il dit: «Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne». Puissions-nous être fidèles à le servir en l'attendant!