Qu'êtes-vous: une aide ou une entrave?

Mackintosh C.H.  -  ME 1889 page 426

 

Entre toutes les grâces que nous a conférées le Seigneur, une des plus grandes est le privilège d'être présent dans l'assemblée de ses bien-aimés, là où il a mis son nom. Toute âme attachée à Christ sera heureuse de se trouver où il a promis d'être lui-même. Quel que soit le caractère spécial de la réunion, que ce soit autour de la table du Seigneur pour annoncer sa mort, ou autour de la Parole pour apprendre à connaître ses pensées, ou autour du trône de la grâce pour lui exposer nos besoins, et puiser dans les trésors incommensurables de sa bonté, tout coeur dévoué désirera être là. On peut être sûr que celui qui, de propos délibéré, sans une raison majeure, néglige l'assemblée, est dans un état d'âme froid, mort et des plus dangereux. La négligence du «rassemblement de nous-mêmes», est le premier pas sur ce plan incliné qui conduit à l'abandon total de Christ et de ses précieux intérêts (voyez Hébreux 10: 25-27).

Avant tout, je rappellerai au lecteur que mon objet, dans ces lignes, n'est pas de discuter la question: «Avec qui devons-nous nous réunir?» Elle est assurément de la plus haute importance, et tout chrétien, avant de prendre sa place dans une assemblée, est tenu de l'avoir résolue selon la pensée de Dieu. Aller dans une réunion sans savoir sur quel terrain elle est rassemblée, est un acte d'ignorance ou d'indifférence entièrement incompatible avec la crainte du Seigneur et l'amour de sa Parole.

Mais, je le répète, tel n'est pas le sujet dont nous avons à nous occuper ici. Ce n'est pas du terrain de la réunion que je veux parler, mais de notre état et de notre conduite sur ce terrain — question, assurément, de la plus grande importance morale pour toute personne professant d'être rassemblée au nom de Celui qui est le Saint et le Véritable. Mon but est clairement indiqué par le titre de cet article. Je suppose que mon lecteur est au clair quant au terrain de l'assemblée, et mon désir maintenant est de placer devant son coeur et sa conscience cette question profondément sérieuse: «Suis-je une aide ou une entrave pour l'assemblée?» Que chaque membre individuellement soit l'une ou l'autre, est une chose aussi claire qu'importante et pratique.

Que mon lecteur lise, avec attention et prière, le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens, et il y trouvera clairement établie cette grande vérité pratique que chaque membre du corps exerce une influence sur tout le reste. Comme dans le corps humain, si quelque mal affecte le membre le plus faible ou le plus obscur, tous les membres le sentent, comme étant tous unis à la tête. Une dent malade, un ongle déchiré, comme un pied démis, font souffrir tout le corps. Un membre, un muscle ou un nerf déplacés, deviennent une gêne pour l'organisme entier. Il en est ainsi dans l'Eglise de Dieu, corps de Christ: «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui». L'état de chaque membre affecte le corps entier. De là suit que chaque membre est une aide ou une entrave pour tous. Quelle vérité profonde! Oui, et elle est aussi pratique que profonde.

Or il faut remarquer que l'apôtre ne parle pas d'une simple assemblée locale, mais de tout le corps, dont, sans doute, chaque assemblée en particulier doit être l'expression. C'est ce qu'il exprime, en s'adressant à l'assemblée de Corinthe: «Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier». Il y avait d'autres assemblées, et si l'apôtre avait eu à leur écrire sur le même sujet, il aurait tenu le même langage; car ce qui était vrai de chacune était vrai de toutes, et ce qui était vrai de l'ensemble, l'était aussi de chaque expression locale du corps. Rien n'est plus clair, plus simple et plus profondément pratique. Le sujet tout entier fournit trois motifs des plus précieux et des plus puissants pour une vie sérieuse, dévouée et sainte; c'est, en premier lieu, que nous ne déshonorions pas Christ, la Tête du corps, auquel nous sommes unis; secondement, que nous n'attristions pas le Saint Esprit qui nous unit à Christ, et enfin, que nous ne portions pas préjudice aux membres avec lesquels nous sommes unis.

Y a-t-il rien qui surpasse la puissance morale de ces motifs? Puissent-ils être plus pleinement réalisés parmi les bien-aimés rachetés du Seigneur! C'est une chose, de tenir et d'enseigner la doctrine de l'unité du corps, et une tout autre d'y entrer et d'en montrer la puissance sanctifiante et effective. Hélas! la pauvre intelligence humaine peut raisonner et spéculer sur les plus hautes vérités, tandis que le coeur, la conscience et la vie n'ont jamais été sous leur sainte influence.

C'est une chose solennelle, digne de la plus sérieuse considération pour chacun de nous. Puissions-nous la peser et puisse-t-elle agir sur notre vie et notre caractère tout entiers! Puisse la vérité d'un «seul corps» être pour chaque membre de ce corps sur la terre, une grande réalité morale.

Je pourrais m'arrêter ici, sentant que si la glorieuse vérité que je viens de rappeler était gardée, dans la puissance vivante de la foi, par tous les bien-aimés du Seigneur, alors on en verrait assurément tous les précieux résultats pratiques. Mais j'avais en vue une application spéciale de ce sujet, et je désire la placer devant mon lecteur. C'est la manière dont les diverses réunions ont affectées par la condition de l'âme, l'attitude du coeur et l'état de l'esprit de tous ceux qui y assistent. J'appuie sur ces mots — qui y assistent; car je ne veux pas dire seulement ceux qui prennent une part active à la réunion, mais tous ceux qui la composent.

Nul doute qu'une responsabilité spéciale et très sérieuse ne repose sur ceux qui agissent d'une manière quelconque dans une réunion, soit par l'indication d'une hymne, soit par la prière ou l'action de grâces, soit en lisant la Parole, en enseignant ou en exhortant. Ils devraient toujours être sûrs qu'ils sont appelés de Dieu et préparés par lui pour cette action, qu'ils ne sont que des instruments dans la main du Seigneur pour quelque activité que ce soit. Autrement, ils causeraient le plus sérieux préjudice à l'assemblée. Ils pourraient ainsi éteindre l'Esprit, être une entrave au culte, interrompre la communion, faire manquer le but de la réunion.

Tout cela est très sérieux et demande une sainte vigilance de la part de tous ceux qui exercent un ministère quelconque dans l'assemblée. Une hymne même peut être une entrave positive; elle peut interrompre le courant du culte et abaisser le ton de la réunion. La précieuse parole de Dieu elle-même peut être lue hors de propos. En général, tout ce qui n'est pas le fruit direct de l'action de l'Esprit ne peut qu'empêcher l'édification et la bénédiction de l'assemblée. Chacun de ceux qui prennent part au ministère, doit avoir, en agissant, le sentiment distinct d'être conduit par l'Esprit. Tous doivent être gouvernés par un seul objet, la gloire de Christ dans l'assemblée et la bénédiction de l'assemblée en Lui. S'il n'en est pas ainsi, ils feront mieux de rester tranquilles et de s'attendre au Seigneur. Christ sera plus glorifié et l'assemblée sera plus bénie, dans une attente tranquille, que par une action précipitée et des discours où il n'y a pas de profit.

Mais tout en sentant la gravité de ce qui vient d'être dit relativement à la responsabilité de ceux qui agissent dans l'assemblée, soyons sûrs que le ton, le caractère et le résultat général des réunions publiques sont très intimement liés à la condition morale et spirituelle de chacun de ceux qui s'y trouvent. Chaque personne dans une réunion est ou une aide ou une entrave — chacun contribue au bien ou l'empêche. Tous ceux qui assistent à la réunion avec un esprit sérieux, dévoué et plein d'amour, qui sont venus simplement pour y rencontrer le Seigneur lui-même, qui se réunissent là où se trouve son précieux nom, qui se réjouissent d'y être, parce que lui est là, tous ceux-là sont une aide et une bénédiction dans l'assemblée. Veuille le Seigneur augmenter le nombre de ces âmes! Si toutes les assemblées se composaient de tels éléments, quel témoignage elles rendraient!

Et pourquoi en serait-il autrement? Ce n'est pas une question de don ou de connaissance, mais de grâce, de vraie piété et de prière. Il s'agit simplement de la condition d'âme dans laquelle devraient être tout enfant de Dieu et tout serviteur de Christ, et sans laquelle les dons les plus brillants et la connaissance la plus étendue sont un obstacle et un piège. Les dons et l'intelligence, sans une conscience exercée et sans la crainte de Dieu, peuvent être employés, et l'ont souvent été, par l'ennemi, pour la ruine morale des âmes. Mais là où existe la vraie humilité, avec ce sérieux et cette réalité que produit toujours le sentiment de la présence de Dieu, là — qu'il y ait des dons ou non — vous trouverez certainement la profondeur, la fraîcheur et l'esprit de culte.

Il y a une immense différence entre un concours de personnes rassemblées autour d'un homme doué, et une assemblée réunie simplement au nom du Seigneur, sur le terrain de l'unité du corps. Autre chose est d'être rassemblés par le moyen du ministère, ou de se rassembler à cause du ministère. Si l'on est rassemblé à cause du ministère, et que le ministère vienne à disparaître, on est porté à s'en aller aussi avec lui. Mais lorsque des âmes sérieuses, sincères et dévouées, sont réunies simplement autour du Seigneur, tout en étant reconnaissantes pour un vrai ministère, si elles peuvent en jouir, elles n'en dépendent cependant pas. Elles ne mésestiment pas le don, mais elles apprécient davantage le donateur. Elles sont heureuses des ruisseaux où elles trouvent un rafraîchissement, mais elles s'attendent à la source seule.

On verra toujours ceux qui peuvent être heureux et bénis dans les réunions sans un ministère, être aussi ceux qui l'apprécient le plus, quand il s'exerce. Mais les âmes qui attachent une importance excessive aux dons, qui sont toujours prêtes à se plaindre que l'on en manque, et ne peuvent, sans eux, jouir d'une réunion, sont une entrave et une source de faiblesse dans l'assemblée.

Il y a, hélas! d'autres empêchements et d'autres sources de faiblesse, qui demandent de la part de tous une sérieuse considération. Chacun de nous devrait, lorsqu'il prend sa place dans l'assemblée, se poser sincèrement la question: «Suis-je une aide ou une entrave? Est-ce que je contribue au bien de l'assemblée, ou, est-ce que je l'empêche?» Si nous venons dans un état d'âme froid, dur, indifférent; ou bien, si nous venons par forme, sans nous être jugés, sans être exercés dans notre conscience, avec un coeur qui n'a pas été brisé; si nous sommes là pour trouver des fautes chez autrui, dans un esprit de plaintes et de murmures, jugeant toutes choses et chacun, excepté nous-mêmes, alors, très certainement, nous sommes une entrave sérieuse à la bénédiction, et la réunion sera sans profit, et sans jouissance. Nous sommes l'ongle déchiré, la dent malade, le pied démis. Combien cela est douloureux et humiliant! Puissions-nous être vigilants à cet égard, et prier pour être gardés d'un tel état!

D'un autre côté, ceux qui viennent dans l'assemblée dans un esprit d'amour et de grâce — l'Esprit de Christ; qui se réjouissent avec simplicité d'y rencontrer leurs frères, soit à la table du Seigneur, soit à la source rafraîchissante des Ecritures, soit pour la prière; qui, dans les tendres et profondes affections de leurs coeurs, embrassent tous les membres du corps de Christ; dont les yeux ne sont pas obscurcis, ni les affections refroidies par de sombres soupçons, des suppositions malveillantes, ou des sentiments peu aimables à l'égard de ceux qui les entourent; qui ont été enseignés de Dieu à aimer leurs frères, à les contempler «du sommet des rochers», et à les voir dans «la vision du Tout-puissant»; qui sont prêts à profiter de tout ce que le Seigneur de grâce leur envoie, même quand ce ne serait pas par quelque don éminent ou par quelque docteur favori; tous ceux-là sont une bénédiction de Dieu pour l'assemblée. Que Dieu veuille en augmenter le nombre. Si toutes les assemblées étaient composées de telles personnes, on y respirerait l'atmosphère même du ciel. Le nom de Jésus serait comme un parfum répandu; tout oeil serait fixé sur lui, tout coeur absorbé en lui, et il y aurait à son nom et à sa présence au milieu de nous, un témoignage plus puissant que celui qui serait rendu par le don le plus brillant.

Que le Seigneur répande sa bénédiction sur toutes les assemblées dans le monde entier! Qu'il les délivre de toute entrave, de tout ce qui est un fardeau, une pierre d'achoppement, ou une racine d'amertume! Puissent tous les coeurs être liés l'un à l'autre par une douce confiance et un vrai amour fraternel! Et que le Seigneur veuille couronner de ses plus riches bénédictions, les travaux de tous ses bien-aimés serviteurs au près et au loin, réjouissant leurs coeurs et fortifiant leurs mains, leur donnant d'être fermes et inébranlables, toujours abondants dans son oeuvre bénie, dans l'assurance que leur travail n'est pas vain!