Le déclin et son remède

Darby J.N.  -  ME 1889 page 474

 

Lorsque nous recevons d'abord la connaissance de la vie en Christ, elle nous absorbe; aisément nous admettons que toutes les autres choses ne sont que «des ordures» (Philippiens 3). Mais quand le déclin arrive, les anciens motifs rentrent en activité. Peu à peu nous cessons d'être absorbés et mille choses diverses commencent à être des motifs d'action — choses auxquelles je ne faisais pas attention auparavant, et qui n'agissaient pas sur moi.

On dit: «Quel mal y a-t-il en cela?» Lorsque je commence à m'enquérir s'il y a du mal en ceci ou en cela, la tendance au déclin est là. Il peut n'y avoir aucun mal dans la chose elle-même, mais ma pensée touchant cette chose montre que je ne suis pas absorbé par ce qui est céleste. «Tu as abandonné ton premier amour». C'est en cela, et non dans de grands péchés, que le déclin des saints se manifeste. Lorsque le sentiment de la grâce diminue, nous déclinons en pratique. Nos motifs doivent être en Dieu. Quelquefois on s'efforce d'insister sur la conduite, sur les oeuvres et sur la pratique, parce que, dit-on, la pleine grâce a été annoncée auparavant, et que maintenant qu'il y a déclin dans la marche pratique, il faut prêcher la pratique. Bien plutôt faut-il insister sur la grâce — la grâce du commencement. C'est elle, et non le légalisme, qui restaurera l'âme. Là où le sentiment de la grâce est affaibli, la conscience peut être extraordinairement active; alors elle condamne l'insistance que l'on met à présenter la grâce, et le résultat est le légalisme. Quand la conscience a été mise en activité par les sollicitations de la grâce, ce n'est pas du légalisme, et il y aura une marche sainte dans les détails.

Nous pouvons tomber dans l'une ou l'autre de ces deux fautes: ou de prêcher les fruits, parce qu'il n'y en a pas eu de produits; ou bien de passer légèrement, quand de certaines choses ont de nouveau de l'influence sur nous, en pensant que ce que nous approuvions auparavant était du légalisme. Nous ne devons pas retourner en arrière en nous arrêtant aux détails. Christ est le grand motif pour toute chose, et il nous faut entrer dans la connaissance de notre résurrection en Christ, afin de remédier aux détails. Il y a là une vérité et une liberté merveilleuses.

Un autre point très important est le ton et l'esprit de notre marche. La confiance en Dieu et la douceur d'esprit sont les dispositions qui conviennent à un saint. Pour cela, il faut que nous soyons à l'aise avec Dieu. L'effet produit en demeurant ainsi en Christ, en ayant toujours le Seigneur devant nous, est constamment de nous faire marcher avec révérence, dans l'humilité, l'adoration, la tranquillité d'esprit, à l'aise et heureux. Si je vais dans un endroit où je ne suis pas accoutumé d'être, par exemple dans la maison d'un grand, je pourrai y rencontrer beaucoup de bonté, mais je me sentirai plus à l'aise en en sortant; je serai content d'être dehors. Mais il en sera tout autrement, si j'ai été élevé dans cette maison. L'âme n'est pas seulement heureuse en Dieu pour elle-même, mais elle apportera dehors avec elle le ton de cette demeure. Sa joie en Dieu fait disparaître les anxiétés, et elle se mouvra à travers les mille choses qui seront pour d'autres un sujet de trouble et d'anxiété, sans éprouver la moindre agitation. Au milieu de toutes les circonstances quelles qu'elles soient, nous garderons la tranquillité d'esprit lorsque nous demeurons en Dieu.

Si quelqu'un est ressuscité avec Christ, s'il demeure en cela, la chose se montrera elle-même de la manière suivante: nous ne nous effrayerons pas des changements qui s'opèrent autour de nous. Nous vivrons, non pas dans une apathie et une indifférence stupides, mais dans l'exercice d'énergies et d'affections vivantes pour le Seigneur. La grande preuve du fait que je demeure en Christ est la tranquillité d'esprit. J'ai ma portion ailleurs que dans les choses d'ici-bas, et je vais en avant. Un autre signe est la confiance dans l'obéissance.

Tout cela est la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ — communion non seulement dans la joie, mais dans les pensées du Père et du Fils. L'Esprit Saint, la troisième personne de l'adorable Trinité, est la puissance qui nous fait entrer par les affections dans les choses de Dieu.

«Le Père aime le Fils». Dans quelle place je suis introduit pour connaître ainsi les sentiments du Père envers son Fils bien-aimé!

Lorsque nous occupons notre vraie place, la place qui nous appartient, notre âme est remplie de choses auxquelles nous sommes associés, et qui laissent ce monde de côté comme une petite chose — un atome dans l'immensité de cette gloire qui était avant que le monde fût.