Jean 13 à 17

Etude sommaire des chapitres 13-17 de l'évangile de Jean

Souvenir de la conférence de Vevey, en mai 1889

ME 1890 page 64

 

Jean 13 à 17. 1

Chapitre 13. 1

Chapitre 14. 4

Chapitre 15 - Jésus souche du nouvel Israël 6

Chapitre 16 - Le témoignage du Saint Esprit rendu à Christ durant son absence. 8

Chapitre 17. 11

 

Chapitre 13

L'heure est venue pour Jésus de passer de ce monde au Père. Avant de quitter ses disciples, il leur donne le témoignage qu'il s'occuperait d'eux en amour durant son absence: il leur lave les pieds. Ensuite, après quelques exhortations et avertissements, il leur parle ouvertement de son départ. Mais il ne veut pas s'en aller sans célébrer avec eux le repas du départ: la pâque approchait (comparez Luc 22).

(Versets 1-3). Divers motifs occupent son esprit en ce moment: Son heure, — l'heure désirée, mais solennelle, était venue de passer de ce monde au Père.

Son départ ne rompait aucunement le lien que son amour avait formé avec ses disciples: «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin» (verset 1).

Le temps était court. Judas, qui allait donner la première impulsion à tout le reste, était déjà sous la main de Satan pour agir (verset 2).

Or le Seigneur, pensant à ses disciples et au besoin qu'ils auraient de son secours, se lève, car ce soin le concerne, lui à qui «le Père avait mis toutes choses entre les mains». — «Il était venu de Dieu et s'en retournait à Dieu». Il s'agissait de choses divines, du témoignage de Celui qui était venu d'auprès de Dieu et de ceux qui avaient reçu ce témoignage et qui auraient leur place avec lui auprès de Dieu (verset 3).

(Versets 4-11). Jésus, sous l'impression de ces divers sentiments, se lève du souper et se met à laver les pieds de ses disciples.

Il se ceint d'un linge: il est serviteur (verset 4). — Il s'abaisse jusqu'à laver leurs pieds et à les essuyer du linge dont il était ceint (verset 5). — Pierre, par un sentiment d'humilité que nous comprenons, s'y oppose en tant que cela le concerne. Jésus lui déclare que, sans cet acte, il n'aurait pas de part avec lui. Aussitôt Pierre réclame d'avoir tout le corps lavé. Jésus s'y refuse. Il n'y avait lieu à laver que les pieds (versets 6-11).

Le «si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi», montre que, sous la figure du lavage des pieds, il s'agit ici de choses spirituelles. C'est le grand sujet des faibles et qui reste toujours à résoudre, de savoir ce qu'il advient des péchés commis après que l'on a cru.

Heureusement, pour le croyant, qu'en vertu de sa foi, il est au bénéfice de l'oeuvre accomplie et parfaite de la croix, — une oeuvre qui a mis fin à ses péchés devant Dieu. Il ne sera jamais appelé en jugement. Placé en Christ dans une nouvelle position, il marche dans la sainteté, revêtu de la force que fournit une vie nouvelle reçue de Christ et le don du Saint Esprit. Mais il peut broncher en chemin, ce qui n'est pas de règle; seulement le cas arrive et la possibilité en est prévue. Voilà pourquoi il y a des exhortations, des avertissements, des secours divers. Mais enfin, si le péché survient (à moins que ce péché ne soit le rejet de Christ, l'apostasie), la grâce n'est pas ébranlée pour cela. Heureusement pour nous, car si elle l'était, il n'y aurait pas de remède, attendu qu'il n'y a pas lieu à un nouveau sacrifice de Christ. Le dommage qu'a reçu ce chrétien de sa chute, est que sa communion avec Christ a été troublée, et cela ne laisse pas d'être grave: il le ressentira douloureusement. Où est le remède? Il est en Celui qui est notre Avocat auprès du Père. C'est lui qui rétablira le bon état de l'âme en y apportant l'eau de purification.

Comme nous l'avons dit, le lavage des pieds n'est qu'une figure des choses spirituelles. Si un chrétien tombe, où portera le coup de sa chute? Sur la gloire de Dieu premièrement, mais quant à lui, dans sa conscience. Ce ne sera pas un peu de boue à ses pieds, mais une souillure qui chargera sa conscience et troublera sa communion. Et l'eau qui purifiera cette souillure, ne sera pas, non plus, l'eau matérielle, car les choses spirituelles veulent pour réponse des moyens spirituels (*): c'est la parole de Dieu, laquelle est comparée à de l'eau en divers passages (voir Jean 15: 3; Ephésiens 5: 26). La Parole purifie la conscience en y apportant, de la part de Christ, le témoignage renouvelé de la valeur de sa mort pour la purification de nos péchés. Sous l'effet bienfaisant de cette précieuse Parole, le chrétien sera restauré et reprendra courage. Tel sera le fruit de l'intervention miséricordieuse de notre Sauveur.

(*) Comparer 1 Pierre 3: 21: «la demande à Dieu d'une bonne conscience».

Le beau type du sacrifice de la génisse rousse et de l'usage de l'eau de séparation, exprime clairement cette même grâce (Nombres 19). De même aussi le type que fournit le lavage des sacrificateurs dans leur service journalier (Exode 30: 17-21). Remarquons que, pour ceux-ci, il y avait eu avant le lavage journalier, un lavage général de tout le corps, lavage initial et jamais répété. Remarquons encore qu'avant tout lavage, le sang du sacrifice était à la base, dans ces deux exemples. Nous retrouvons cela dans Hébreux 10: 22 et 1 Jean 5: 6-8.

Nous ne pensons pas assez à la sainteté de Dieu et à la vigilance qu'elle requiert de nous dans nos relations avec lui. Esaïe, quand il eut la vision du trône de Dieu et de la gloire de l'Eternel, vit des séraphins qui se tenaient autour du trône, et criaient l'un à l'autre «Saint, saint, saint, est l'Eternel des armées toute la terre est pleine de sa gloire». Le prophète, sous l'impression qu'il était souillé de lèvres, s'effrayait, mais fut tiré de son épouvante par le charbon pris de l'autel, et dont un séraphin toucha ses lèvres. Il ne se sentait pas en état de se tenir devant le trône, jusqu'au moment où ses lèvres furent purifiées (Esaïe 6). — Moïse aussi, quand l'Eternel lui apparut dans le buisson ardent, entendit cette voix: «N'approche pas d'ici. Ote tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte». La scène ici n'est pas moins caractéristique. En quelques détails, elle a une analogie particulière avec notre sujet. Ce n'était pas le lavage des pieds, mais l'équivalent: Moïse devait se déchausser pour ne point apporter en lieu saint la souillure contractée dans un lieu profane.

Le Seigneur a établi un lien entre lui et ses rachetés, — lien qui est une source de saintes affections, de relations heureuses et de communion bénie; mais en cela il ne renie point sa sainteté. Ces bénédictions, dans lesquelles il nous a introduits, il les a fondées en sainteté. Si nous y manquons, lui ne s'associe point à cela. Il demeure dans sa sainteté parfaite. Mais il ne peut point se faire qu'un chrétien soit déshérité de la grâce; le souverain Pasteur porte remède au trouble survenu.

Pierre aurait désiré que le lavage fût complet. Le Seigneur déclare qu'il n'y a pas lieu à ce qu'il le soit, — que les disciples étaient nets et que celui qui est net, n'a besoin seulement que du lavage des pieds. Ceci confirme ce que nous avons fait remarquer, quant à la parfaite condition dans laquelle nous sommes devant Dieu, en vertu d'une grâce qui ne perd jamais de son prix, et des ressources qu'elle a pour restaurer notre communion, si le péché vient la troubler. — Les soins de Jésus en amour, pour nous restaurer et nous remettre à flot, sont bien ce qui répond aux besoins d'une âme dont néanmoins le privilège est d'avoir «une part avec le Seigneur» et de jouir de la «communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ».

(Versets 12-20). Le lavage des pieds terminé, Jésus, s'étant remis à table, entretient les disciples du même sujet, il les exhorte à se rendre réciproquement les mêmes soins en se lavant les pieds les uns aux autres. C'est un devoir pour lequel il faut de l'humilité; mais il y a plus: c'est un service de bon secours spirituel dans lequel se déploie, en dévouement chez les saints, l'oeuvre de l'Avocat qui est pour nous auprès du Père. Cela suppose chez celui qui s'en acquitte, un bon état d'âme, et un certain ascendant spirituel. — Jésus commence à parler ouvertement de Judas.

 (Versets 21-30). Scène touchante du souper. Pierre et Jean. Le morceau trempé offert à Judas (usage de l'Orient). — Judas à l'oeuvre: il sort, il était nuit.

(Versets 31-38). Tout est fixé maintenant. Le Fils de l'homme est glorifié, Dieu est glorifié en lui et le Fils de l'homme est glorifié de nouveau. — Jésus déclare son départ et donne un commandement nouveau — l'amour mutuel. — Pierre veut marcher avec sa propre force dans le chemin de son Maître. Il va au-devant d'une chute; il tombera en route, et y resterait si ce n'était le secours du grand Pasteur des brebis.

Chapitre 14

Le chapitre 14 présente le Fils, au moment de s'en aller auprès du Père, rassurant ses disciples sur son départ. Le lien entre lui et eux ne serait aucunement rompu, mais il reviendrait pour les prendre avec lui dans la maison du Père. En attendant, ils seraient l'objet de toute sa sollicitude. — Durant sa séance auprès du Père, l'immense grâce de Dieu prendrait tout son déploiement ici-bas. Ce serait le Fils glorifié auprès du Père, — le Père connu dans la pleine révélation de son nom, — le Saint Esprit donné et venu. — Quant aux saints, ce serait pour eux avoir l'accès jusqu'au Père par Jésus Christ, jouir de la communion du Père et du Fils, avoir en eux le Saint Esprit, puissance de vie et de communion, lumière et introduction dans l'intelligence des choses saintes. Le détails ici, présentent la grâce avec une grande richesse.

Dans le cours de ce chapitre, nous trouvons plus souvent l'expression «le Père», que «mon Père»; ailleurs, c'est l'inverse, dans les chapitres 15 et 16 par exemple. Ici, c'est plutôt le Père et les enfants. C'est aussi le Fils auprès du Père, celui qui a été son envoyé ici-bas, et qui est retourné auprès de lui après avoir achevé son oeuvre, celui par qui nous avons accès auprès du Père en un seul Esprit, — le Médiateur éternel (Apocalypse 22: 3).

Ce chapitre 14 présente la consolation que Jésus laisse aux disciples en les quittant, — consolation immédiate, personnelle; mais comme souvent, s'il nous console dans nos peines, c'est en découvrant devant nos yeux les beautés de sa grâce; et il le fait ici, en révélant aux disciples la grandeur et les richesses d'une grâce qui allait se déployer après son départ.

Le sujet peut se distribuer comme suit:

(Versets 1-3). Si le Seigneur s'en va, c'est pour se rendre auprès du Père. Il reviendra nous prendre auprès de lui et nous introduira dans la maison du Père. Espérance chrétienne: non la mort, mais la venue de Christ; non le jour révélé en feu, mais notre rassemblement auprès de lui (avant ce jour). Etre rassemblés auprès de Christ (1 Thessaloniciens 4: 13-18), transformés à son image (Philippiens 3: 20, 21), et introduits dans la maison du Père (verset 3), c'est tout autre chose que la grande tribulation et le jour du Seigneur révéla en feu. — Ce que Christ est pour nous auprès du Père est une première consolation.

(Versets 4-14). Mais avant ce moment et déjà actuellement, c'est l'intention de Jésus que ceux qui auront leurs demeures dans la maison du Père, connaissent le Père dès ici-bas, comme il en est de nous à Christ que nous connaissons et aimons avant notre rassemblement auprès de lui. — Jésus nous indique le chemin. Il est lui-même le chemin, la vérité et la vie. Le chemin: il comble l'espace entre Dieu et l'homme. Il est le Médiateur éternel (Psaumes 110: 4; Apocalypse 22: 3); la vérité: c'est lui qui révèle Dieu et en qui le vrai s'affirme en toutes choses, et premièrement dans les choses morales; la vie: lui, donne la vie dans la puissance de laquelle nous entrons dans les demeures du Père et venons à lui dès maintenant. En Christ, nous avons la vie éternelle qui était auprès du Père, la vie déployée dans l'homme en résurrection (verset 6).

Le Père est vu en Christ. Jésus est dans le Père et le Père est en lui, — gloire manifestée en Jésus: en paroles et en oeuvres: c'étaient paroles et oeuvres du Père, quoique dans le Fils (versets 7-11). — La gloire de la manifestation de Dieu par les oeuvres de puissance vues en Christ, aura son déploiement dans la foi des disciples par suite de la séance de Christ auprès de Dieu. — De plus, Christ fera tout ce que nous demanderons au Père en son nom (versets 12-14). — En résumé, notre privilège est d'avoir l'accès jusqu'au Père, par Jésus, de lui adresser nos requêtes et de le connaître en Jésus (comparez Matthieu 11: 27). Libre accès, relations immédiates des saints avec le Père. — Notre privilège d'aller au Père et de le connaître, est une seconde consolation.

(Versets 15-26). Une troisième, c'est l'envoi du Consolateur, l'Esprit de vérité, l'Esprit promis. Le Père l'enverra au nom de Christ. Il doit être avec les saints éternellement. Il nous fait une condition morale: il demeurera en nous, — dans l'homme vivifié avec Christ (par ce même Esprit, versets 18, 19). Effets:

  1.  Intelligence divine: connaître que Jésus est dans le Père (comparez versets 9-11). Connaître aussi que nous sommes dans le Christ et que lui est en nous. Nous dans le Christ: objectif, privilège; le Christ en nous: subjectif, responsabilité.
  2.  Vie de l'Esprit: obéissance et communion (versets 21-23).

C'est l'Esprit Saint envoyé du Père au nom de Christ: le Père et les enfants (comparez Galates 4: 6). L'Esprit vous enseignera toutes choses, — et rappellera celles que Jésus a dites. La parole que Jésus prononçait n'était pas la sienne, mais celle du Père (versets 24-26).

Le Saint Esprit et la vie (versets 16-19); la Parole et le Saint Esprit (versets 24-26). Le premier plus intime.

(Versets 27-31). Jésus revient aux circonstances du moment. Consolations nouvelles (comparez verset 27 et verset 1), sous l'impression du moment solennel: il laisse la paix à ses disciples; il leur donne sa paix: une paix qui bannit toute crainte. Il reviendra; c'est avantageux qu'il s'en aille (versets 27-29); — les circonstances mêmes l'heure solennelle s'approche. Jésus est prêt a la rencontrer. Il est libre à l'égard de toute puissance adverse. Il est au-dessus de toute atteinte. Satan n'avait rien en lui. Il le montrera. Il aime le Père et fera toute sa volonté.

Dans ce chapitre 14, Jésus est vu comme le Médiateur éternel auprès de Dieu (Psaumes 110; Ephésiens 2: 18; 1 Timothée 2: 5; Apocalypse 22: 3), le premier-né entre plusieurs frères (Romains 8: 29); et nous, nous sommes vus comme participant à la communion du Fils de Dieu (1 Corinthiens 1: 9).


Note

Un autre Consolateur. Ce nom indique quelles seront les opérations de l'Esprit. Opérations morales, domaine de l'évangile. Point celles qui regardent les choses terrestres, comme en Aggée 2: 4, 5, par exemple.

Chapitre 15 - Jésus souche du nouvel Israël

Comparez Jérémie 31: 31-34. Ezéchiel 36: 24-32. Psaumes 110: 3. Matthieu 2: 15.

Ici, nous prenons les choses dès le moment où Jésus avait auprès de lui les disciples qu'il avait appelés. Ils sont là dans leur caractère juif, comme résidu d'Israël qui a connu le Christ (Matthieu 5; 10), qui entre dans la bénédiction de l'évangile et en traverse toute la période, jusqu'au résidu des derniers jours, lequel aura aussi le témoignage de Christ. Après la croix, quand tout a recommencé sur un pied nouveau, ce résidu a été le premier noyau de l'Eglise, rassemblée le jour de la Pentecôte, par le Saint Esprit descendu du ciel (voir Actes des Apôtres 2 à 8; 1 et 2 Pierre); mais étant l'Eglise, la vocation céleste était sa portion, et elle devait réunir Juifs et gentils convertis, ce qui n'a pas tardé à se montrer (Actes des Apôtres 7 et 9). Quand l'Eglise aura été enlevée auprès du Seigneur, le résidu se retrouvera sur la terre dans sa condition purement juive.

(Versets 1-5). Ce nouveau cep est le vrai cep. Il remplace celui que l'Eternel avait tiré hors d'Egypte (Psaumes 80; Esaïe 5). Les vrais sarments font vitalement partie du cep; mais il est aussi des sarments qui n'en partagent pas la vie, — qui n'ont que la profession sans les fruits. Le Père est le cultivateur. Tout sarment qui ne porte pas de fruit, il l'ôte, et il nettoie les bons sarments pour qu'ils portent plus de fruit. Les disciples étaient déjà (fondamentalement) nets. Les bons sarments demeurent en Christ: c'est la condition nécessaire. Les autres y font défaut et sont jetés dehors, au feu.

(Verset 6). Envisage le sarment qui reste branche gourmande, et déclare le sort qui l'attend. Il est à remarquer que le Seigneur ici n'embrasse pas les disciples collectivement. Il dit: «Si quelqu'un…»

(Versets 7, 8). Ces deux versets sont la contre-partie du verset 6. Ils dépeignent le vrai disciple comme un sarment qui fait partie vitalement du cep.

Ce disciple présente un ensemble de caractères complet: demeurer en Christ et garder ses paroles: «Si vous demeurez en moi» (c'est la foi persévérante pour le salut de l'âme), «et que mes paroles demeurent en vous» (ce qui est la vie de l'âme, un attachement personnel à Christ). Cette vie a une action bénie: on demande avec liberté et on obtient. La supplication est une première expression de la vie de l'âme; elle révèle des besoins, des combats au dedans, un témoignage au dehors, et, envers Dieu, la dépendance. En résultat, il y a des fruits. S'ils sont nombreux, le Père en est glorifié, et le Seigneur y reconnaît ses disciples.

(Versets 9-17). Christ en amour est l'aliment de la vie, comme il en est aussi la source. «Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour» (comparez Psaumes 91). Celui-là y demeure qui garde ses commandements. Relation avec Christ que nous donne cet amour: le Seigneur est pour nous ce que le Père est pour lui, et nous sommes pour lui ce qu'il est pour le Père. Il y a place pour nous dans son amour, comme pour lui dans l'amour du Père: cela est réalisé dans l'obéissance à ses commandements, comme lui a gardé les commandements de son Père. Le résultat, c'est, pour le disciple, la joie de Christ en lui, une joie accomplie (versets 9-11).

«Ses commandements». Il en est plusieurs. Toute chose, en laquelle sa volonté nous est connue, devient un commandement pour nous. C'est pourquoi il dit (chapitre 14: 1): «Celui qui a mes commandements…» (verset 10).

Jésus prononce son commandement qui est que son amour se retrouve dans les disciples: «Mon commandement: Que vous vous aimiez les uns les autres». Lui, le premier, leur a montré l'amour, et bientôt, il allait le confirmer en donnant sa vie pour eux. — Déjà, cet amour les avait traités comme des amis par l'intimité des communications qu'il leur avait faites. Précieuse relation! Les disciples doivent y répondre dans un esprit d'obéissance. — Toutefois cette intimité et cette condescendance du Seigneur ne font point que les relations soient nivelées. Celui qui les place si près de lui, est néanmoins Celui qui les a choisis et établis, afin qu'ils aillent et portent des fruits, — un fruit qui demeure et qui entretient l'âme dans la jouissance d'une pleine relation avec le Père, et reçoit sa réponse aux requêtes adressées au nom de Christ. Ensuite Jésus affirme de nouveau son commandement aux disciples de s'aimer les uns les autres (versets 12-17).

«Afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne» (verset 16). Il est remarquable de voir, dans ces chapitres, combien souvent la requête est mentionnée, jointe à notre liberté de nous adresser au Père. Nous ne cultivons pas assez la vie de prières!

Dans tout ce sujet, le Christ parle comme occupant sa place de Seigneur; c'est évidemment plus accentué que dans le chapitre précédent: c'est le Seigneur et ses disciples, le cep et les sarments. Il est pour nous, ce que le Père est pour lui. Lui, le Seigneur, décide pour les siens ce que veut son amour ou son autorité: il leur donne un nom, les appelle ses amis. Il les choisit et les établit pour aller et porter des fruits. Il leur donne des commandements. — Ce caractère du Seigneur se retrouve au chapitre 16, où il est déployé en rapport plus spécial avec le nouvel ordre de choses, l'évangile.

(Versets 18-25). Le Seigneur avertit les disciples que le monde dans lequel il les laisse en s'en allant, toute épreuve faite, est un monde ennemi de Dieu et déjà jugé.

Les disciples auront à rencontrer la même inimitié que le Maître. Ce sera pour eux la communion des souffrances de Christ. Grand honneur que de souffrir avec Lui! (versets 18-21).

La réjection de Christ est, pour ce monde, l'épreuve suprême qui le place définitivement sous le jugement. L'homme a montré non seulement sa volonté rebelle, mais de plus sa haine pour le Père et le Fils, quand le Christ est venu avec le message de la réconciliation. Ce moment était la consommation des siècles (Hébreux 9: 26). L'homme avait rejeté tous les témoignages antérieurs. Si, après la mort de Christ, il y a eu de nouveaux témoignages de la grâce, cela est dû à la longue patience de Dieu qui a différé de s'irriter. Le jugement est prononcé sur ce monde, c'est un fait établi. Inutile de chercher à le restaurer avant le jugement. Leçon aux chrétiens mondanisants (versets 22-25).

(Versets 26, 27). Le Seigneur rejeté s'en allait, laissant ce monde sous le jugement. Mais jusque-là, les choses ne devaient pas rester en le même état. L'amour de Dieu n'abandonnerait pas la place ni à l'homme rebelle, ni à Satan. Il devait y avoir, après le départ du Seigneur, prolongation de la patience et un nouveau témoignage de l'amour de Dieu, fondé sur la mort de Christ, — le témoignage du Saint Esprit et le témoignage des disciples: le double témoignage de ceux qui l'avaient accompagné durant sa vie sur la terre, et celui de l'Esprit révélant ici-bas la gloire dont il est investi en haut. Ce dernier appartient au chapitre 16; celui des douze conserve son caractère juif et se relie plutôt au chapitre 15: le cep et les sarments (comparez Actes des Apôtres 10: 34-43).

Chapitre 16 - Le témoignage du Saint Esprit rendu à Christ durant son absence

Rappelons qu'au chapitre 15 (versets 26, 27), nous avons remarqué le commencement de ce témoignage. Le Seigneur lui-même enverrait d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, et celui-là lui rendrait témoignage — témoignage dans lequel nous trouvons comme détails ce qui suit:

«Moi, je vous enverrai le Consolateur». Jésus parle comme ayant en main le nouvel ordre de choses.

«Qui procède du Père» (ou «sort d'auprès du Père»). Le Père lui a donné l'Esprit en haut, et le Christ l'a envoyé ici-bas, comme nous lisons dans Actes 2: 33: «Ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez».

«D'auprès du Père», où siège le Seigneur exalté par la droite de Dieu et élevé Seigneur de tout (voir Actes des Apôtres 2: 33; Ephésiens 1; Philippiens 2).

«Celui-là rendra témoignage de moi». Le Saint Esprit témoin de la gloire du second homme auprès de Dieu le Père. La chose nouvelle (Matthieu 11; Actes des Apôtres 2).

Ces deux versets du chapitre 15 sont une première expression du témoignage du Saint Esprit.

(Versets 1-6). Le Seigneur déclare que ce témoignage sera repoussé du monde comme l'a été le sien.

(Versets 7-11). Deuxième expression du témoignage du Saint Esprit. Ce qu'il signifie. C'est un témoignage en conviction judiciaire contre le monde. Après la mort de Christ, quand tout était rentré dans le calme, Dieu s'est prononcé en justice sur ce qui est arrivé. Le monde reste judiciairement sous le poids du péché dans lequel il a préféré se maintenir (15: 22-25). — Le Christ ressuscité prend place à la droite de la Majesté. Dieu reconnaît toute la valeur de son oeuvre et y répond en justice. — S'il en est ainsi de Celui que le monde a rejeté, c'en est fait de ce monde; son jugement est imminent et déjà il est commencé: Satan, son chef, est jugé, — jugé en ce fait que l'homme Christ est à la tête du pouvoir, — au-dessus de lui. Bien qu'il ne soit pas encore lié, Satan ne peut rien faire que sous le contrôle de Christ.

(Verset 8). «Convaincra le monde de justice». Condition fatale du monde; mais en vertu de ce qui est dit: «Parce que je m'en vais à mon Père», c'est avant tout la justice de Dieu répondant à tous les droits du Rédempteur: justice après la croix (comparez 2 Corinthiens 5: 21). Avant et toujours, il y avait Christ le juste; à la croix, le juste droit de Dieu en jugement; et après il y a eu les résultats de la croix en justice: le don de l'Esprit et toutes les gloires correspondantes. C'est pourquoi la justice et l'Esprit se lient (*). Le Saint Esprit est venu pour administrer toutes les richesses de la croix.

(*) Voir verset 8; Romains 8: 10; 2 Corinthiens 3: 8, 9; Galates 3: 6-14; 5: 5.

(Versets 12-15). Troisième expression du témoignage du Saint Esprit. Privilèges des disciples. L'Esprit de vérité conduira (introduira) les disciples «dans toute la vérité». Précieuse grâce: une puissance qui découvre devant nous toute la vérité et y fait pénétrer notre foi.

«Toute la vérité» (verset 13). C'est tout ce que le Saint Esprit a donné dans les Ecritures depuis qu'il est descendu: Révélation de la gloire de Christ auprès de Dieu (Ephésiens 1; Philippiens 2); témoignage de son oeuvre accomplie, étendue du salut, sûreté, vie éternelle; une espérance, la vocation céleste l'Eglise; notre position devant Dieu en Christ l'accès jusqu'au Père, les demeures du Père; son propre royaume, sa propre gloire, etc. — Cette partie du témoignage constitue la parole de la justice (Hébreux 5: 13).

«Il dira tout ce qu'il aura entendu». L'Esprit ne parlera pas de son chef: témoin de tout ce qui s'est passé en haut quand le Christ a reçu la gloire et l'honneur, l'Esprit est ensuite ici-bas son envoyé et témoin de la gloire dont il est investi auprès du Père (verset 13).

«Il annoncera les choses qui vont arriver». Ces choses sont la manifestation publique de la gloire de Christ, son apparition et les événements convergents; mais premièrement sa gloire personnelle. Il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. Il sera glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru.

(Versets 14, 15). De plus, précieuse faveur, l'Esprit dans son témoignage, lève le bord du voile qui nous dérobe la gloire et la béatitude de la déité du Fils. «Il prendra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera. Tout ce qu'a le Père est à moi». — «Ce qui est à moi». Non seulement les choses créées sont toutes au Père et toutes au Fils; mais aussi et surtout il faut comprendre ici l'ensemble de tout ce qui tient à la réconciliation de toutes choses et à la seconde création: tout le déploiement des richesses de l'immense grâce de Dieu et toute la grandeur des conseils de Dieu — l'Eglise, la nouvelle Jérusalem et la nouvelle terre. Dans ces choses, le Fils, comme personne divine, possède tout, comme le Père. Mais la part d'action des personnes divines se répartit: au Père, en souveraineté, appartient l'élection, ses conseils éternels, le mystère de sa volonté; au Fils, l'oeuvre subordonnée qui amène la réalisation de tout cela. Dieu le Père a concentré sur lui l'accomplissement de tous ses conseils, la rédemption, ses promesses, et le déploiement de la gloire de la nouvelle création.

Comme homme, ici-bas, le Fils n'avait rien. Il s'était dépouillé de tout. Il avait seulement, car il ne pouvait pas cesser d'être lui-même, la gloire de sa perfection personnelle, étant l'homme parfait en toutes choses, et l'amour et l'agrément du Père reposant sur lui; mais, après sa mort, Dieu l'a haut exalté à sa droite et au-dessus de toutes choses. Cette gloire, le Fils l'a reçue dans l'homme (Psaumes 68), mais elle fait partie de tout ce qui appartient au Père et au Fils. C'est pourquoi la gloire du Christ, en justice, dont parle le Saint Esprit, était déjà à lui, comme Fils de Dieu. C'est le côté divin de la gloire qu'il a reçue dans l'homme. Non seulement le Christ a été exalté par la justice de Dieu; mais cette exaltation de l'homme Christ est en Celui qui recèle tous les trésors de la sagesse et des conseils de Dieu, toute sa gloire déployée en nouvelle création. C'est divin à ces deux égards. Quelle sûreté cela donne à la grâce dans laquelle nous sommes, et combien l'Ecriture est montrée parfaite en déployant ainsi la plénitude de celui qui se dépouilla de sa gloire pour venir ici-bas dans la condition d'un serviteur! (comparez Apocalypse 1: 8; 4; Daniel 7: 13, 14, 22; 1 Timothée 3: 16).

(Versets 16-22). Son départ et son absence. Le commencement du passage peut signifier l'intervalle entre la mort et la résurrection de Christ; mais la fin («En ce jour-là,…» et «vous demanderez au Père») fait comprendre que c'est toute la période de son absence jusqu'à son retour.

(Versets 23-28). A cette absence, il y a une part de compensation pour nous: l'accès nous est donné jusqu'au Père qui écoutera nos requêtes et y répondra (versets 23, 24). Le Christ, de son côté, nous parlera «ouvertement du Père». Et non seulement cela, mais il ne juge pas même que ses requêtes nous soient nécessaires, parce que le Père nous aime, nous qui avons aimé le Christ et avons cru qu'il est sorti d'auprès de Dieu (versets 26, 27).

(Versets 29-31). Les disciples affirment leur foi. Le Seigneur répond: «Vous croyez maintenant? Voici l'heure vient, et elle est venue, que vous serez dispersés chacun chez soi, et que vous me laisserez seul». L'épreuve viendra prendre connaissance de cette foi, et elle ne Lardera pas; mais prenez courage, la victoire est à nous: déjà j'ai vaincu le monde.

Chapitre 17

Avant terminé tout ce qu'il avait à dire aux disciples, à ce dernier moment, avant de les quitter, Jésus lève les yeux vers le ciel et s'adresse à son Père. Il épanche son coeur dans le coeur de son Père, comme un Fils bien-aimé. Cependant, il reste toujours serviteur, Celui que le Père a envoyé dans le monde. En cette qualité, Jésus parvenu au terme de son oeuvre, rend, pour ainsi dire, compte de sa mission, et de l'état auquel il a amené les choses. Comme nous le remarquerons dans la suite du chapitre, les disciples sont le grand sujet de sa sollicitude auprès du Père.

(Versets 1-5). Le moment était venu auquel il allait rentrer auprès du Père, dans la gloire qu'il avait déposée quand il s'anéantit pour venir dans l'humiliation, accomplir ici-bas l'oeuvre que le Père lui avait confiée.

(Versets 1, 2). Jésus en exprime la demande. La gloire est devant lui, mais il demeure dépendant à l'égard de Dieu. Il ne se glorifie pas lui-même, sa première pensée est toujours de glorifier le Père: «Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie». Du sein de la gloire dans laquelle il rentrait, Jésus devait donner une nouvelle impulsion à l'oeuvre de la grâce dans le monde. De nouvelles richesses de cette grâce allaient se déployer, et ce déploiement serait à la gloire du Père.

Jésus n'était point venu pour juger le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui. Le monde n'a pas voulu de lui, ni de son témoignage; il a préféré demeurer dans l'incrédulité, loin de Dieu; et la conséquence, pour ce monde, a été qu'il s'est placé sous le jugement. Le Seigneur l'a déclaré, quand il a dit: «Maintenant est le jugement de ce monde» (12: 31). Toutefois, au milieu de cette scène désolante, la grâce avait son cours envers les élus. Selon l'autorité qu'il avait reçue du Père, Jésus donnait la vie éternelle à ceux que le Père lui avait donnés. C'est cette même grâce que Jésus continuait à exercer d'en haut, dans le monde. Elle devait avoir pour effet d'introduire en vie éternelle, les élus dans sa propre gloire et dans la maison du Père (versets 22-24), comme aussi de découvrir plus richement les trésors de l'amour de Dieu.

(Verset 3). De plus, le don de la vie éternelle est aux hommes qui connaissent Dieu. Connaître Dieu, c'est trouver la vie; elle réside en Dieu, le Dieu vivant. «C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ». Dieu nous a donné une vie qui émane de sa personne. Jésus Christ est lui-même la vie éternelle. En la recevant, nous sommes à l'abri de la perdition, et nous goûtons les saintes joies de cette vie. — La même foi qui connaît Dieu, le Père, connaît aussi Jésus Christ, son Envoyé sur la terre, car c'est par lui que nous connaissons Dieu et que nous entrons dans la bénédiction. Elle est remarquable, ici, l'association du Père et du Fils, dans le don de la vie éternelle. C'est constant dans cet évangile. Le Père, source de toute grâce, nous a donné la vie éternelle; et quand il l'a fait, il a donné son Fils: c'est du Fils que nous la recevons.

Pour nous amener à cette faveur, Jésus s'est dépouillé de sa propre gloire. Il devint chair, semblable aux hommes. Il habita au milieu de nous et nous apporta la connaissance de Dieu. Celui qui vint à nous avec cette grâce, c'est le Fils unique qui est dans le sein du Père. Qui dira sa béatitude et sa gloire! — Recevoir du Fils de Dieu la vie éternelle, c'est échapper au jugement et entrer dans la bénédiction suprême des affections divines qui étaient la part du Fils auprès du Père quand il vint à nous, et qui demeurent. Sa faveur nous y donne une place; c'est la communion du Fils de Dieu; c'est le fleuve d'eau vive qui jette un bras jusqu'à nous, en attendant le moment où nous jouirons de toute son abondance dans la sainte cité.

C'est aussi éprouver que le Fils est en nous, selon cette parole: Vous connaîtrez que vous êtes en moi, «et moi en vous» (14: 20). Le Fils en nous, forme notre état intérieur, la condition morale; c'est une nouvelle nature de l'ordre spirituel; c'est la vie éternelle dans son premier développement, produisant en nous les sentiments, les motifs, l'action selon Dieu et tout ce qui convient à notre relation d'enfants avec le Père et à notre service envers lui, comme cela s'est vu en perfection dans le Fils.

Devenir l'heureux possesseur de la vie éternelle, cela se réalise par la connaissance du Père, seul vrai Dieu, et du Seigneur Jésus Christ, son Envoyé, venu jusqu'à nous pour le révéler. Or c'est le Fils qui révèle le Père. Il le révèle dans sa propre personne: «Qui m'a vu, a vu le Père» (14: 9), et dans son témoignage: «Croyez-moi, que je suis dans le Père, et que le Père est en moi; sinon, croyez-moi à cause des oeuvres elles-mêmes… La parole que vous entendez, n'est pas la mienne, mais celle du Père qui m'a envoyé» (14: 11, 24). C'est premièrement le témoignage du Fils de Dieu, et ensuite la foi chez ceux qui reçoivent son témoignage.

(Versets 4, 5). Le point où en étaient les choses à ce moment, c'est que Jésus avait achevé son oeuvre sur la terre. Le ciel allait le recevoir. Il s'adresse au Père, et motive sa demande précisément sur le fait qu'il l'avait glorifié et que son oeuvre était achevée. En parlant ainsi, le Seigneur anticipait le grand acte de son oeuvre, c'est-à-dire sa mort, comme il anticipe d'autres événements dans ce discours; mais cela ne change rien à la doctrine qui repose sur ces faits, maintenant accomplis. — Il a glorifié le Père sur la terre. Durant sa vie et dans sa mort, le Seigneur a pleinement glorifié Dieu en toutes choses. Sa vie était la réponse parfaite à la majesté de Dieu, dans un esprit de dépendance, d'obéissance, de foi, de piété et de dévouement jusqu'à la mort; elle a mis en lumière sa sainteté inflexible et son amour infini, dans un monde où Dieu était déshonoré par la conduite de l'homme sous le péché.

«L'oeuvre que tu m'as donnée à faire». Ces paroles mettent sous nos yeux l'oeuvre solennelle qui accompagne le don de la vie éternelle. En vertu des droits de Dieu en jugement contre le péché, il y avait lieu à procurer un salut, en rédemption, à ceux qui héritaient de la vie éternelle. Les deux choses existent pour nous en Jésus Christ: la vie éternelle et le salut. Pour opérer notre salut, Jésus s'est offert lui-même. Il a présenté à Dieu le sacrifice d'un prix infini. Son oeuvre est maintenant accomplie et agréée de Dieu. C'est sur le pied de son oeuvre achevée que notre Seigneur se présente pour rentrer auprès du Père, dans la gloire qu'il avait avant que le monde fût. Donnons-y notre attention. Le Seigneur ne rentrait auprès du Père qu'après avoir achevé, ici-bas, l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire. L'oeuvre de la rédemption accomplie à la croix, une fois pour toujours, est la base fondamentale du christianisme. Cela et la gloire de Jésus auprès de Dieu, c'est le témoignage de l'évangile; aussi la foi maintenant jouit-elle d'une paix et d'une certitude, qui n'étaient pas connus sous l'Ancien Testament.

«De la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût». Ici, nous voyons Jésus comme personne divine rentrant dans sa propre gloire qu'il avait déposée quand il s'anéantit pour devenir serviteur. C'est Dieu le Fils, et l'oeuvre qu'il a accomplie est l'oeuvre de celui qui est Dieu. Ce qui est à remarquer dans le passage, c'est que le Seigneur rentrait dans sa gloire avec le corps qu'il avait revêtu lorsqu'il vint ici-bas, — glorieux évidemment, mais son corps. Il est auprès du Père; il est «Dieu manifesté en chair, et élevé dans la gloire».

(Versets 6-8). Maintenant, le Seigneur présente ses disciples, comme ayant reçu la parole du Père. Il adressera des demandes pour eux; il les confiera à son Père; mais premièrement, il déclare leur foi: «Ils ont gardé ta parole»; «ils ont reçu les paroles que tu m'as données». Ces paroles, Jésus les leur avait données de la part du Père. C'est de quoi il les entretenait, quand il était avec eux. En résultat, la foi au témoignage de Jésus s'était montrée chez eux: ils connaissaient le Père, seul vrai Dieu, et Jésus Christ, son Envoyé: ils avaient la vie éternelle (verset 3). Leur foi, comme elle apparaît dans les évangiles, était encore élémentaire, mais elle était sincère; ils en avaient donné la preuve, car ils avaient gardé la parole reçue; et quoique naissante, elle n'était pas moins «la foi des élus».

(Versets 9, 10). Cela établi, le Seigneur annonce qu'il fera des demandes pour eux. — Quant au monde, il ne demande rien, présentement. — Ceux pour lesquels Jésus fera des demandes, sont les élus du Père, le groupe de ceux qui appartiennent au Père et au Fils. Ici, Jésus les reconnaît de nouveau en cette qualité bénie que leur a faite la souveraine volonté du Père: «Je fais des demandes pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi». Il adresse au Père des demandes pour eux, et surtout il les place sous sa paternelle protection. Durant son absence, ils ne seront point en face des dangers que la foi rencontre dans ce monde, sans être mis à couvert sous la haute protection du Père. — Le Seigneur motive, en ces termes, l'intérêt qu'il leur porte: «Ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi». Et: «Je suis glorifié en eux».

(Versets 11-17). Le Seigneur ne se considère plus comme étant ici-bas. Ses disciples, il les laisse dans le monde, et lui se rend auprès du Père. C'est la situation extérieure des disciples pour le temps actuel: Lui auprès du Père, absent du monde, et ses disciples au milieu du monde. Avec une entière connaissance de ce qui les attend, le Seigneur les remet au Père et adresse des demandes en leur faveur. Que le Père ait charge d'eux, c'est sa première demande.

«Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné» (verset 11). Le nom de Père connu du Fils, sous lequel Dieu s'est révélé en amour envers les hommes et envers ses élus. Il est le Saint dans sa nature, le Dieu incorruptible. Le nom de Père est celui sous lequel aussi Dieu revêt l'autorité suprême. Notre sauvegarde est ainsi dans l'amour inépuisable, la sainteté invariable et l'autorité suprême de notre Dieu et Père. Nous pouvons franchir ce monde, à l'abri de ses atteintes, protégés par la main du Père saint à qui nous sommes remis.

Les soins de notre Père sont nombreux, soutenus et marqués d'une sagesse divine et paternelle. Le plus souvent, il exerce une action dans notre âme: il fera que notre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, sera conservé sans reproche en la venue de notre Seigneur. Lui qui nous a appelés est fidèle et le fera (1 Thessaloniciens 5: 23); ou bien, selon le cas, il donnera des avertissements: Conduisez-vous avec crainte, si vous invoquez comme Père celui qui juge sans acception de personnes (1 Pierre 1: 17). Si la tentation nous approche, il fera qu'elle ne dépasse pas nos forces. Et enfin, selon le besoin, il nous fera goûter le bienfait de sa paternelle discipline; autant de choses qui sont à salut pour nos âmes.

«En ton nom que tu m'as donné». Le nom du Père saint donné à Jésus pour s'en servir comme d'autorité dans son témoignage et son service dans le monde: «Je suis venu au nom de mon Père» (verset 43). «Les oeuvres que je fais au nom de mon Père» (10: 25). «Je les gardais en ton nom» (verset 12. Comparez Exode 33: 21).

«Afin qu'ils soient un». Il convient à Dieu que ceux qu'il «reconnaît pour siens, répondent à son caractère et à sa propre grâce, non seulement comme individus, mais aussi dans l'ensemble comme famille. Dieu ne laisse point dans un état inachevé l'oeuvre de sa grâce envers ses élus. La chose nommée ici, c'est l'unité: «afin qu'ils soient un comme nous», — unité de sentiment, de tendance, de motifs, etc., une unité qui trouve son patron dans l'unité du Père et du Fils (verset 11).

(Versets 12, 13). Jusque-là, Jésus avait gardé les disciples au nom du Père saint. En lui, comme dans le Père, l'amour et la sainteté sont inhérents à sa nature. Aucun des disciples n'avait péri, sinon le fils de perdition qui n'avait rien eu à faire avec les paroles de la vie éternelle, bien qu'il fût compté au nombre des douze. C'était un sarment sec pour le feu. Le Seigneur termine sur ce point, en ajoutant: «Je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient ma joie accomplie en eux» (verset 13). Ce serait leur joie, au dernier moment, d'entendre encore, de la bouche du Seigneur, le témoignage de la sûreté de sa grâce; et cette joie serait en eux la joie de Christ lui-même.

(Versets 14-18). Le Seigneur mentionne maintenant un trait de sa grâce qui a eu des conséquences sérieuses pour les disciples, savoir qu'il leur a donné la parole du Père. Il s'en est suivi immédiatement pour eux, la haine du monde; c'était inévitable, par le fait que le Seigneur et eux n'étaient et ne sont pas du monde. Toutes les iniquités se donnent carrière sur la terre et la fausse religion pareillement; mais pour le Seigneur Jésus Christ et sa doctrine, il n'y a que de la répulsion chez les hommes. Sérieuse caractéristique de l'état du monde (verset 14).

(Verset 15). Aussi point de trêve. Le Seigneur laisse le monde et prend soin des disciples qu'il saura garantir. Il reste qu'ils ne sont pas du monde, comme lui n'est pas du monde. Dans la conscience des ressources de la grâce, il dit au Père: «Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal» (verset 15). Il y a dans la grâce et les soins du Père, tout le secours qu'il faut pour nous maintenir. Fuir le mal, n'impose nullement qu'on se sépare des hommes. Cela du reste ne répondrait pas à l'intention du Seigneur, qui veut dans le monde un témoignage de ses disciples en son absence. Semblables a l'homme de Gadara, ils sont envoyés auprès des leurs avec le message des grandes choses qu'ils ont trouvées en Jésus Christ. Nous-mêmes, à peu d'exceptions près, qui lisons ces lignes, nous bénéficions du témoignage de ceux qui nous ont précédé dans la foi.

(Versets 16, 17). Le Seigneur accentue cette vérité importante, en disant: «Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité». Si la distance entre le monde et les enfants de Dieu, s'établit par la haine du monde contre eux, c'est la confirmation qu'ils ne sont pas du monde. Ils portent le caractère de la famille de Dieu. Le Seigneur demande au Père de donner à la chose sa forme et sa force sur le pied de la sanctification, savoir de la mise à part: «Sanctifie-les par la vérité». Par cet acte du Père, ils sont mis à part en vertu d'un principe divin, — à part pour Dieu, loin du mal, réunis dans l'unité, sur le pied de la séparation.

«Par la vérité; ta parole est la vérité». La Parole est l'agent que Dieu emploie pour opérer cette oeuvre, comme elle l'est dans tout ce qui concerne l'administration de la grâce. La Parole introduit la vérité dans l'âme et lie le coeur à Dieu, en même temps qu'elle révèle à la foi qu'il n'y a point d'accord entre la lumière et les ténèbres, et qu'elle y ajoute le concours de sa force en sainteté.

(Verset 18). Les disciples avaient reçu la Parole pour eux-mêmes; maintenant que le Seigneur leur a fait le chemin, ils reçoivent de lui le mandat de la porter dans le monde, afin qu'elle y fructifie (comparez chapitres 15: 16 et 20: 21-23).

(Versets 19-21). La mise à part des disciples revêt un nouveau caractère reçu du Seigneur monté vers Dieu, selon sa demande: «Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie». Cela institue l'ordre de choses nouveau qui a fait suite à la croix, et dans lequel Jésus est vu recevant toutes choses entre ses mains de la part du Père, et prenant sa place comme Chef. Les effets de ce changement sont considérables, comme on le voit en d'autres portions des livres saints, dans l'épître aux Ephésiens, par exemple. Ici, le fait est donné sans transition, attendu que tout le sujet, sauf l'issue dans la gloire, traite du témoignage de Christ et de son oeuvre, commencée par lui dans le monde, continuée après lui par les disciples sous son autorité et sa direction.

L'acte par lequel Jésus se sanctifie a un double résultat. Il se met à part vers Dieu; il prend place auprès du Père. D'autre part, il laisse le monde d'une manière formelle. Il se sanctifie, en se mettant à part. Il en a fini avec le monde. L'ordre de choses nouveau est devenu sa sphère d'action. Le changement s'étend aux disciples: «Je me sanctifie moi-même pour eux». Quoique Jésus les quitte et les laisse pour un temps dans le monde, le lien formé entre lui et eux demeure: ils héritent de sa position nouvelle; ils sont sanctifiés en lui. — L'agent qui opère cela dans les disciples, c'est la vérité, comme lorsqu'il s'est agi d'être les sanctifiés du Père.

 Après cela, le Seigneur jette un regard sur les résultats du témoignage de ses disciples dans le monde. Il voit cette oeuvre plus grande que les siennes, qui sera opérée par ses serviteurs sous l'effet de sa présence auprès du Père (14: 12), cette multitude de croyants qui seront amenés à lui et au Père par le filet de l'évangile et dans lesquels aussi il sera glorifié. Il s'y intéresse de tout son coeur, puisque cette oeuvre est de lui. Les demandes qu'il adresse au Père deviennent le bénéfice, selon sa demande, de cette multitude de futurs croyants. Ce qu'il demande en particulier, c'est qu'ils soient un, comme il l'a demandé pour le groupe primitif. A l'exception de l'amour du Père, de la vie éternelle et de la sainteté, ce qui est le plus accentué dans les paroles et demandes du Seigneur, c'est l'unité des saints. L'unité est un témoignage public, l'expression dans les saints de l'unité de la déité. Il peut y avoir dans le service chrétien des exemples remarquables de foi, d'amour, d'espérance; mais ces témoignages peuvent être personnels; tandis que l'unité embrasse l'ensemble, autrement elle n'est pas l'unité. Dans l'unité des saints, la voix du témoignage est plus élevée, semble-t-il; l'oeuvre de Dieu y est sans équivoque, c'est un reflet de l'unité de Dieu et plus particulièrement de l'unité du Père et du Fils; car en cela est le témoignage qui a été porté dans le monde par le Fils, et qui devait subsister après lui au sein des disciples rassemblés. Aussi voyons-nous que c'est la pensée du Seigneur, puisqu'il dit: «Afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi; afin qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m'as envoyé». Hélas! ce témoignage qui devait parler au monde et qui a duré un moment, n'a pas tardé à se gâter par l'action de Satan et la faiblesse de l'homme. Aujourd'hui, l'unité primitive est en pièces dans la chrétienté. Je parle du fait pratique et apparent et aussi du témoignage; car du côté de la grâce, il y a toujours au fond des choses et devant Dieu: «un seul Esprit et un seul corps». Quand même l'unité est rompue, il est du devoir de la foi de se conformer et d'obéir à la vérité de l'unité.

«Un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi; afin qu'eux aussi soient un en nous», me paraît, comparativement au verset 11 déjà considéré, exprimer quelque chose de plus intime et, pour ainsi dire, le fond moral, l'unité étroite et réciproque des coeurs. Chez les disciples, ce serait le coeur de l'un versé dans l'autre: l'un en tous et tous en lui, selon une grâce qui découle de l'unité du Père et du Fils, et qui puise en elle-même les sentiments et les motifs qui la réalisent. Il y a de plus ce fait intéressant que les derniers arrivés entreraient dans toute la bénédiction de leurs aînés (comparez 1 Jean 1: 3) (versets 20, 21).

(Versets 22-24). Toute cette immense grâce a son issue dans la gloire de Christ. Le Seigneur y recevra ses disciples et la partagera avec eux. Il veut que la gloire que le Père lui a donnée se répande sur eux aussi. Et l'unité qui a fait défaut sous la responsabilité de l'homme, il veut qu'elle ait en eux sa réalité solennelle uniquement et absolument divine, et qu'il y ait par elle un témoignage définitif rendu dans le monde au Fils de Dieu, la preuve que le Père l'a envoyé et que les disciples sont aimés du Père comme lui.

«Moi en eux, et toi en moi; afin qu'ils soient consommés en un» (verset 23). Le Père est dans le Fils; le Fils est dans les saints. Il remplit tout de sa présence bénie; la place est à lui; il s'y établit. De plus, il transformera les siens à l'image du corps de sa gloire. Une pénétration divine existe du Père dans le Fils et du Fils dans les saints; c'est, pour une part, l'unité, et une unité toute divine, bien qu'elle soit effectuée dans les hommes, savoir les rachetés. Alors le témoignage de l'unité aura retrouvé sa voix; le monde connaîtra quelque chose du Père, de Christ et de ses élus. Il est évident que si nous sommes manifestés avec le Christ dans sa gloire, le monde aura la preuve de fait que le Christ a opéré envers les siens une oeuvre réelle, et qu'il était l'envoyé pour l'accomplir, — la preuve aussi qu'ils sont aimés du Père, comme le Christ est aimé, puisqu'ils sont dans la même gloire. Magnifique chose! une unité qui descend de première source jusque dans les saints!

A cause du prix qu'il y attache, sans doute, le Seigneur exprime, d'une manière distincte, un élément qui semblerait compris dans la bénédiction précédente: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi» (verset 24). La gloire que le Père lui a donnée, il la partage avec ses disciples; et les disciples que le Père lui a donnés, il les veut auprès de lui dans sa gloire. Deux faveurs qui embrassent notre avenir. Le Seigneur nous veut près de lui. Après avoir été avec lui dans le combat de la foi, nous serons avec lui dans sa gloire. «Avec moi!» Aimables paroles dans la bouche de Jésus. C'est ce grand privilège qui fait partie de notre appel, car Dieu nous a appelés à la communion de son Fils. «Nous serons toujours avec le Seigneur». Quand il nous introduira dans les demeures du Père, quand il recevra l'héritage de toutes choses, quand il apparaîtra dans sa gloire, et durant les siècles sans fin du bonheur et des gloires de la sainte cité, nous serons avec lui, toujours! L'amour de Christ envers nous sera satisfait à ce prix.

Le Père y trouve une part. Le Seigneur ne néglige point de le dire. Il veut qu'il soit connu que le Père l'a aimé avant la fondation du monde. Les saints auprès de Jésus verront la gloire dont le Père l'a couronné et connaîtront qu'il est le Fils de sa dilection sur lequel repose son amour. — Heureuse association de l'amour de Dieu et de sa gloire dans les saints. La gloire seule serait peut-être un grand poids pour la faiblesse de la créature; mais les saints, enveloppés dans l'amour du Père et du Fils, n'y trouveront que le bonheur préparé de Dieu; le poids n'existe plus (verset 24).

(Versets 25, 26). Le Seigneur, en terminant, place les choses dans la lumière de la justice de Dieu. Il les remet au «Père juste». La justice se prononcerait sur son oeuvre ici-bas. Le Seigneur instruit la cause, quand il dit: «Père juste; — et le monde ne t'a pas connu, mais moi, je t'ai connu; et ceux-ci ont connu que toi tu m'as envoyé». Connaître Dieu, ou ne pas le connaître, a été le motif fondamental de la conduite dans ces trois cas. — Le monde n'a pas connu Dieu. Il a préféré rester sans Dieu, loin de lui.

Jésus, lui qui nous a fait connaître le Père et qui venait d'auprès de lui, quand il vint à nous, connaissait assurément le Père. On craindrait, en employant ces termes, de manquer de révérence, si lui-même ne s'en était servi. Selon cette connaissance, il a glorifié le Père, ayant accompli toute sa volonté dans un esprit d'obéissance jusqu'à la mort. Avec quelle simplicité il dit: «Mais moi je t'ai connu!» Il tient sa place en tête des sanctifiés. Il déclare la condition de lui et d'eux envers le Père, en des termes sommaires tels qu'ils sont pour tous.

Les disciples, eux, ont connu que Jésus était l'Envoyé du Père. Avant toute relation avec le Père, avant que nous jouissions de son amour dans un esprit filial, que nous sachions réaliser l'accès que nous avons auprès de lui et lui adresser nos requêtes, et que nous connaissions l'expérience bénie de la communion du Père et du Fils, il y a pour nous le fait élémentaire et initial que nous connaissons le Père dans le Fils, qu'ayant vu et connu le Fils, nous avons vu et connu le Père (14: 7-10). «Celui qui confesse le Fils a aussi le Père» (1 Jean 2: 23). C'est ce que nous avons trouvé, dès le premier jour, quand nous avons connu que Jésus était l'Envoyé du Père. Et c'est cela que le Seigneur fait valoir ici. Ils ont gardé la parole du Père et donné la preuve de leur foi. Dans tout ce sujet, aucune mention n'est faite des misères des chrétiens.

C'est à ces trois égards que la justice de Dieu allait se prononcer. Nous en connaissons le résultat par le témoignage du chapitre 16 et d'autres. Le monde est lié judiciairement sous la conviction de son péché d'avoir rejeté Christ. Le chef de ce monde, Satan, est aussi jugé. Le Christ,… Dieu en justice l'a ressuscité et assis à sa droite. Par suite, les croyants sont agréés de Dieu en justice, à cause de Christ. «Dieu l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui» (2 Corinthiens 5: 21). Notre salut est ainsi fondé sur la justice; la paix de Dieu est notre portion éternelle. Dans la jouissance de sa riche et sûre grâce, nous pouvons nous appliquer à son service, en attendant la gloire du Seigneur, et savourer les bénédictions qu'il voudra répandre encore sur notre foi.

Je parle ainsi, parce qu'il ajoute: «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître». Le Seigneur nous a amenés au salut et au bonheur, en nous donnant la connaissance du Père. Or, il y a des trésors à découvrir dans sa glorieuse connaissance. Elle est la source de tout progrès dans la vie pieuse et dans les saintes joies du salut, comme aussi elle est une entrée dans la communion du Père et du Fils. Le Seigneur ne néglige point d'encourager ce progrès, et lui-même donne suite à sa première faveur en nous conduisant plus loin dans la connaissance du Père: «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître». Nous apprenons aussi par là, qu'il y a toujours lieu au progrès, aussi longtemps que nous sommes dans la vie de la foi.

La connaissance du Père est dans l'âme une capacité pour l'expérience des grâces divines que notre Dieu se plaît à répandre sur nous et en nous. Quand le Seigneur dit: «Ton nom! je le leur ferai connaître», c'est afin que l'amour dont il est aimé du Père soit aussi en nous. Ainsi, l'amour de Dieu abonde dans nos âmes; ce même amour dont le Christ est aimé du Père. Et comme rien ne manque du côté du Seigneur, après avoir dit: «Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux», il ajoute: «Et moi en eux». Si l'amour de Dieu se répand dans nos coeurs, il faut qu'il trouve en nous une nature appropriée qui en soit le sanctuaire. Il y a en nous non seulement la nouvelle nature, mais le Fils lui-même. Il y répand les grâces qui ont fait la beauté morale de l'Envoyé du Père. C'est une harmonie divine dont, par la faveur de Dieu, nos pauvres coeurs sont la sphère.