Amour et sainteté

 ME 1890 page 336

 

L'amour de Dieu est la source de toutes nos bénédictions et de toutes nos joies, et Dieu est amour; mais, dans un certain sens, sa sainteté nous élève davantage. Son amour est parfait; nous demeurons dans l'amour, nous demeurons en Dieu et Dieu en nous; l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné — il a été démontré par la mort de Christ, et ainsi nous avons à marcher dans cet amour. Mais on ne peut pas dire que nous sommes amour. Dieu est souverain en amour, «riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, etc.», — tout cela, objectivement, est bénédiction, et c'est en nous et nous en jouissons en communion.

Il est dit que nous sommes «lumière dans le Seigneur». Il nous rend participants de sa sainteté — moralement participants de la nature divine. Sans doute, nous aimons, mais nous sommes lumière. Combien il est précieux d'être participants de la nature divine! A cela, nous devons aussi avoir égard dans nos relations avec Dieu. Nous savons, grâces lui en soient rendues, qu'il est amour envers nous, et en nous; mais il est lumière, et comme c'est ce qui met l'homme à l'épreuve, ainsi, en grâce, l'homme est fait lumière, c'est-à-dire que le nouvel homme a ce caractère: «il est créé selon Dieu en justice et en sainteté de la vérité».

Or je ne puis m'empêcher de sentir qu'en fait, il y a des âmes parfaitement sincères, et en Christ agréables à Dieu, mais qui, relativement à la Parole et à la prière, sont pratiquement dehors. La Parole est la révélation de Dieu, et elle est, dans un Homme et par lui, appropriée à l'homme, l'atteignant là où il est. La prière prend nos besoins là où nous sommes, et les présente à Dieu — elle entre où il est, et selon ce qu'il est.

Or en rapport avec cela, il y a pratiquement chez les chrétiens, deux états — deux états vrais. La Parole atteint une âme renouvelée comme étant pour l'homme ici-bas, et elle l'est en effet, mais cette âme la prend ainsi; et comme étant ici-bas, elle est une lampe à ses pied et une lumière dans son sentier; elle la prend comme s'adaptant à elle ici-bas. Un tel homme reconnaît qu'elle vient de Dieu, mais elle s'occupe de sa condition ici-bas; elle est venue de Dieu à lui qui est dehors — venue en grâce, et il la reçoit ainsi, et tout cela est bien. Mais, sauf en ce qu'il reconnaît la grâce qui l'a donnée, il n'entre pas dans le lieu d'où elle vient; il est reconnaissant pour ce qui est une lumière là où il est, et jusque-là tout est bien, mais son esprit demeure là, dans les choses auxquelles la Parole s'adapte ici-bas. C'était à proprement parler le caractère de la loi. Dans le cas que je présente, il y a cette différence entre la Parole et la loi, que la grâce est reconnue en Dieu et dans ce qu'il a donné, chose très importante; mais l'homme reste en dehors, avec une Parole qui s'adapte à lui, comme à un homme marchant en dehors. Il ne vit pas, ne pense et ne sent pas dans ce lieu par elle. La lumière est descendue et éclaire son sentier, mais il est dans le sentier, et en est occupé, bien qu'il reconnaisse le soleil comme la source de la lumière.

Il en est ainsi dans les prières. L'homme ici-bas a des besoins et rencontre des difficultés, et il les apporte, comme étant ici-bas, à Dieu, Tout cela est très bien, et certainement ses prières seront entendues, et entendues en grâce.

Mais il y a des chrétiens que la Parole conduit à ce qu'elle révèle, et non à ce sur quoi elle jette la lumière. La sagesse divine donne ici un sentier, selon elle-même, sentier que l'oeil du vautour n'a pas aperçu, mais elle vient d'en haut, fait monter le coeur à la source d'où elle découle, révèle ce qui est là, et y fait vivre l'âme. Cela est une tout autre chose. Elle ne cesse pas d'éclairer le sentier, et nous en avons besoin — il nous faut la sagesse de Dieu dans ce monde, un sentier divin pour le traverser; mais combien il est plus précieux d'avoir communion avec le Père, et avec son Fils Jésus Christ — de dire «le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l'a fait connaître» — de savoir où il est allé et quel en est le chemin!

Christ est le chemin et la vérité de Dieu dans ce monde, mais il est le chemin pour aller au Père, et il révèle le Père et les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment; il est le chemin pour connaître les choses qui nous ont été données gratuitement de Dieu. Nous pouvons vivre en elles, et comprendre, par exemple, les promesses faites aux sept églises, et quantité d'autres passages qui nous parlent de ce qui est dans le lieu où est Christ. Ce qui est là nous est révélé par Jean, nous y sommes introduits par Paul, et aussi par Jean.

Il en est ainsi de la prière. Je puis prier d'après mes besoins et pour mes besoins et pour les autres aussi, comme nous l'avons vu, et tout cela est bien. Mais si je vis dans les choses célestes et que je voie les saints dans la beauté qui leur appartient en Christ, et que mes prières pour moi-même et pour eux, soient formées par ce en quoi je demeure, combien plus élevées et plus instantes ne seront-elles pas? Je pense aux saints ou à moi-même, avec les pensées de Dieu, et je désire qu'ils y atteignent; mes désirs sont formés par ces pensées, et je travaille avec Dieu en prière pour les saints. La Parole, par la puissance de l'Esprit, révèle les choses célestes — je vois les saints en elles selon la pensée de Dieu, et comme étant avec Dieu, et pour accomplir ses désirs et ses pensées pour eux et en eux, je plaide avec Dieu selon ces pensées. Oh! quelle chose différente! Mais combien il faut être près de Dieu pour travailler ainsi en prières, afin que ses pensées s'accomplissent dans les saints, comme elles sont là-haut avec lui.