«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ»

Ephésiens 1: 3-14  - ME 1891 page 176

 

Il n'y a pas de privilège plus grand, ni de source de félicité plus pure et plus élevée pour une créature, que la louange et l'adoration de Dieu. C'est l'occupation des anges. En même temps qu'ils sont des serviteurs prompts à obéir à ses commandements, ils célèbrent sa gloire. Ils chantaient en triomphe et éclataient de joie, alors que Dieu fondait la terre et l'asseyait sur ses bases, lorsqu'il renfermait la mer dans ses bornes. Esaïe les voyait entourer le trône haut et élevé du Seigneur, se voilant la face et criant «Saint, saint, saint, est l'Eternel des armées toute la terre est pleine de sa gloire!» Ils louaient aussi Dieu, lorsque son Fils bien-aimé, par qui toutes choses furent faites, devenant un homme, naissait ici-bas, et était couché, faible enfant, dans une crèche. Or ce petit enfant n'était autre que le Jéhovah qu'Esaïe avait contemplé sur son trône, «Dieu manifesté en chair, vu des anges», sujet bien digne assurément de leur adoration et de leurs louanges! Nous les voyons aussi dans le ciel entourer le trône de Dieu et de l'Agneau, et célébrer à la fois le Seigneur, Dieu, Tout-puissant, immuable, et l'Agneau qui a été immolé.

Mais ce grand et glorieux privilège n'est pas réservé aux anges seuls; l'homme, cette créature «un peu moindre que les anges», peut en jouir, et même d'une manière plus profonde et plus élevée qu'eux, car il connaît Dieu comme eux ne peuvent le connaître. Or la louange et l'adoration sont produites par la connaissance de ce qu'est Dieu et de ce qu'il a accompli. C'est ce que nous montrent les versets que nous avons cités.

L'apôtre Paul débute, en effet, par un chant de louanges, pour ainsi dire. Son coeur déborde et se répand: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ», s'écrie-t-il. D'où vient cette effusion de son âme? Nous allons le voir, et puisse chacun de nous être en état de se joindre à lui!

En premier lieu, ce qui fait sortir les actions de grâces du coeur de Paul, c'est la connaissance qu'il a de Dieu. Avant le christianisme, on connaissait Dieu comme le créateur, le Dieu tout-puissant, le Très-haut possesseur des cieux et de la terre, l'Eternel, Celui qui ne change pas; et certes, la contemplation de sa Majesté au-dessus des cieux, de sa grandeur, de sa magnificence par toute la terre, de ses glorieux attributs, la vue de ses oeuvres en création et en rédemption pour Israël son peuple, tout cela est bien propre à faire courber les genoux devant lui et à l'adorer. C'est ce que nous trouvons dans nombre de Psaumes et dans les Prophètes.

Mais le christianisme nous fait connaître Dieu d'une manière plus intime et plus profonde. Pour Paul, comme pour tous les chrétiens, il est «le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ». C'est «le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ» qu'il prie; c'est devant «le Père de notre Seigneur Jésus Christ» qu'il fléchit les genoux. «Personne ne vit jamais Dieu», dit l'apôtre Jean; «le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître». Pour cela, il est devenu homme, et nous a fait connaître Dieu comme son Dieu. Comme homme, il est «notre Seigneur Jésus Christ», noms et titres qui résument ce qu'il est pour le chrétien: Jésus, le Sauveur; le Christ, l'Oint de Dieu, pour remplir tous les offices auxquels il est appelé; et notre Seigneur, à qui toute autorité appartient. Paul pense à lui, son Seigneur, le Fils de Dieu qui l'a aimé et s'est livré pour lui, et qui a acquis tous les droits sur sa personne. Il pense à Jésus, et le voit marchant sur la terre dans la perfection de son obéissance, de son absolu dévouement à Dieu (Philippiens 2); le servant, se confiant en lui (Esaïe 51; Psaumes 16); l'ayant pour son Dieu, jusque sur la croix où il s'écrie: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» C'est le Dieu saint, le Dieu juste, le Dieu bon, que Jésus a glorifié, parce qu'il était son Dieu. En Jésus, nous voyons un homme qui a réellement pris Dieu pour son Dieu, qui a pu dire d'une manière parfaite: «O Dieu! tu es mon Dieu fort; je te cherche au point du jour» (Psaumes 63: 1; comparez avec Marc 1: 35); et encore: «C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles» (Psaumes 40: 8; comparez avec Jean 8: 28, 29). Et dans un autre endroit: «Il est ma confiance et mon lieu fort; il est mon Dieu, je me confierai en lui» (Psaumes 91: 2). Dieu est le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ qui marcha devant lui sur la terre dans sa perfection comme homme abaissé, et qui est devant lui au ciel dans sa perfection d'homme glorifié.

Mais Dieu est aussi le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Comme Fils unique et éternel, Dieu est son Père; relation insondable. Christ est aussi Fils de Dieu comme né miraculeusement de la vierge Marie, et ainsi introduit dans le monde; il l'est par une proclamation divine; et enfin il est déclaré, comme Homme, Fils de Dieu en puissance par la résurrection des morts (Jean 1: 14, 18; Luc 1: 32; Psaumes 2: 7; Hébreux 1: 5, 6; Romains 1: 4). C'est une relation d'amour, et la voix du Père proclame aussi bien au baptême du Seigneur que sur la sainte montagne, les délices qu'il trouve en son Fils: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3: 17; 17: 5). Il est «le Fils de son amour» (Colossiens 1: 13).

En venant sur la terre, le Fils a révélé le Père. C'est le nom de grâce qui appartient à Dieu, mais nous ne l'eussions pas connu, si le Fils ne nous l'avait pas fait connaître. C'est le coeur de Dieu qui s'est ouvert et nous a montré un objet divin pour son amour — son Fils unique. Aussi nous voyons comme le Seigneur revendique ce titre de Fils, comme il affirme sa relation avec Dieu comme Père, et combien il en jouit. Il parle de Dieu, mais pas seulement d'une manière absolue comme Dieu: il l'introduit comme Père auprès de ceux auxquels il s'adresse, que ce soient ses disciples ou les Juifs incrédules, dont le grand crime sera d'avoir haï et lui et son Père. Il ne parle pas de Dieu comme Père, parce qu'il est le Créateur, mais comme impliquant une relation spéciale avec lui, son Fils. Jésus aime à parler ainsi de son Dieu, en l'appelant le Père, et plus intimement en disant: «mon Père».

Le Père trouve ses délices en son Fils, et le Fils jouit des délices du sein du Père, même comme homme ici-bas, dans une communion non interrompue avec lui. Il est «le Fils unique qui est dans le sein du Père», dans l'éternité comme dans le temps, lorsqu'il marchait sur la terre, lui la Parole devenue chair. Nous l'entendons, jeune enfant, dire: «Il me faut être aux affaires de mon Père». Combien souvent ensuite, dans le cours de sa carrière, il aime à introduire ce nom qui lui est précieux! Il parle de la volonté de son Père; il dévoile la grâce et l'amour de son Père même envers les plus petits; il parle de ce qu'il a vu chez son Père; il honore son Père en obéissant, et son Père le glorifie; il n'agit qu'avec son Père, il reçoit tout de son Père et se réjouit d'aller vers son Père, dans sa maison. Et même, lorsqu'en Gethsémané la coupe amère est devant lui, c'est à son Père qu'il demande qu'elle passe loin de lui; puis il l'accepte, mais des mains de son Père. Quelle sainte et touchante et profonde affection dans une obéissance parfaite! Comment nos âmes ne se courberaient-elles pas en adoration devant de semblables mystères? S'il a dû ensuite passer par les heures d'abandon où la face de son Dieu lui était voilée, dès que la coupe est bue, avec quel calme bonheur il se retrouve avec son Père, disant: «Père, entre tes mains je remets mon esprit».

Je me suis arrêté un peu longuement sur ce sujet — le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ — parce qu'il est d'une si grande importance pour nous de connaître ce que Dieu était pour notre précieux Sauveur. C'est de cette manière que nous acquérons la vraie connaissance de Dieu pour nous-mêmes. Paul avait ainsi appris à connaître Dieu, depuis que le Seigneur Jésus s'était révélé à lui, mais il avait appris quelque chose de plus. Le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ, était aussi son Dieu et son Père, comme il est le Dieu et le Père de tous ceux qui reconnaissent Jésus Christ comme leur Sauveur et Seigneur, et l'invoquent du coeur comme Celui qui est ressuscité d'entre les morts (Romains 10: 9). En effet, le premier message que Jésus ressuscité envoie à ses disciples, à ceux qui croyaient en lui, est: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20: 17). Ainsi, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ est aussi le Dieu et Père des rachetés du Seigneur. Jésus les introduit devant Dieu dans la même position que lui-même, et le chrétien dit: mon Dieu, c'est celui de mon Sauveur; c'est le Dieu qu'il a aimé et servi, en qui il s'est confié jusqu'à la mort, et devant qui il se trouve maintenant. Je puis dire aussi: «O Dieu, tu es mon Dieu fort!»

Jésus amène aussi les rachetés dans la même relation avec Dieu que celle où il se trouve comme Homme. Son Père est leur Père. Ils sont de bien-aimés enfants (Ephésiens 5: 1). Quelle douceur de pouvoir, comme Paul, fléchir les genoux devant le Père du Seigneur Jésus Christ, et lui dire: «O Père de mon Seigneur Jésus Christ, tu es aussi mon Père». Chers amis, vous adressez-vous ainsi à Dieu, dans la jouissance consciente de ce qu'il est pour vous, et de ce que vous êtes pour lui? Alors, vous comprendrez l'effusion du coeur de l'apôtre, et vous pourrez vous écrier avec lui: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ!» La connaissance réelle et du coeur de ce que Dieu est, est ce qui fait jaillir de l'âme la louange. C'est le secret du culte.

Une seconde chose faisait sortir les actions de grâces du coeur de Paul, C'est ce que le Dieu et Père du Seigneur Jésus a fait pour nous. «Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ». Dieu se révèle en grâce dans son Fils bien-aimé. Par lui, il nous fait connaître son coeur. La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Mais la grâce est toujours active. Elle a ses objets, et se fait connaître à eux par le bien qu'elle leur procure, le bonheur dont elle les fait jouir. Et pour nous, ce qu'elle nous dispense, ce sont les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ.

Nous verrons plus loin ce qu'elles sont; remarquons pour le moment leur nature. Ce ne sont pas des bénédictions temporelles, se rapportant à nos besoins ici-bas, ou à nos jouissances terrestres. Dieu a promis à ses enfants de leur donner le nécessaire, et il nous permet de jouir de ce qui a trait à nos relations naturelles, pourvu qu'elles ne prennent pas dans nos coeurs la place qui lui appartient et que Christ réclame. Les bénédictions dont il est question ici se rapportent à l'âme, à ses besoins réels et éternels, et à ses vraies jouissances. Elles sont spirituelles. Elles viennent de Dieu qui est Esprit et participent de sa nature. Elles sont donc en dehors du domaine de la chair, des sens, des facultés naturelles. C'est dans notre esprit que nous les goûtons, dans cette partie de notre être, l'homme intérieur, qui peut être mise en relation avec Dieu. Et c'est par la puissance du Saint Esprit que nous y entrons. Ce qui est né de la chair est chair, et ne peut rien comprendre à ces bénédictions, ni les apprécier. «L'homme animal» l'homme naturel, «ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie, et il ne peut les connaître, parce qu'elles se discernent spirituellement» (1 Corinthiens 2: 14). Pour les connaître, il faut avoir une nature qui réponde à ce qu'elles sont; il faut être né d'eau et de l'Esprit, et avoir reçu «l'Esprit qui est de Dieu». Or c'est là ce qui appartient au chrétien. Il connaît ces bénédictions, il en jouit et en rend grâces à Dieu.

Remarquez ensuite leur place: c'est dans les lieux célestes, là où est Christ. Le Christ, le Messie qu'attendaient les Juifs, était un Christ entouré de gloire et régnant ici-bas, et les bénissant sur la terre de toutes bénédictions. C'est ce dont ils jouiront plus tard, quand ils reconnaîtront pour leur Roi celui qu'ils ont percé. Mais le Christ que nous connaissons, notre Sauveur et Seigneur, est celui qui, après avoir souffert, a été glorifié, et est assis maintenant à la droite de Dieu dans les lieux célestes, nous ayant tout acquis. C'est là que sont nos bénédictions, et elles ne peuvent être autre part, car c'est en lui et par lui que nous sommes bénis. Rien ne nous manque pour la vie, la joie et la nourriture de nos âmes, mais c'est en lui, là-haut, en lui seul que nous le trouvons. Hors de là, nous n'avons rien, de sorte que nous sommes détachés de la terre et des choses qui passent, et liés en haut où sont tous nos biens. Là rien ne défaille, rien ne périclite, rien ne périt. Là est notre trésor, en qui sont nos bénédictions. Qui pourrait nous le ravir? C'est Christ lui-même. Puisse notre coeur y être aussi, et notre vie porter l'empreinte du lieu où est notre coeur.

N'y a-t-il pas là aussi, bien-aimés, un merveilleux thème à la louange? Autrefois les Israélites, introduits en Canaan et comblés de tous les biens terrestres que Dieu leur avait promis, apportaient devant l'Eternel, le coeur rempli de joie et de reconnaissance, leurs corbeilles pleines des prémices de leurs fruits (Deutéronome 26). Et nous, le coeur rempli de la joie que procurent ces bénédictions spirituelles et éternelles en Christ, comment ne dirions-nous pas avec l'apôtre: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ»? Bien-aimés, connaissons-nous et apprécions-nous suffisamment ces bénédictions? Vivons-nous dans ces lieux célestes, avec Celui qui en fait la joie et la gloire? C'est alors que nous saurons ce que c'est que la louange; venant du coeur, elle sera continuellement dans notre bouche.

Quelle est l'origine de ces bénédictions? Elles n'étaient pas dues à quelque chose qui fût en nous, à quoi nous pussions coopérer; nous n'y pouvions atteindre par nous-mêmes. L'origine de tout est en Dieu. C'est le résultat de ses desseins, de ses conseils éternels. Avant la fondation du monde, Dieu avait élu, choisi, les croyants pour les bénir ainsi. Dans les profondeurs de l'éternité, Dieu les avait dans sa pensée. Ses desseins étaient formés à leur égard avant que rien n'existât. Il voulait les bénir, mais, remarquons-le bien, c'est toujours en Christ qu'ils sont vus, qu'ils sont bénis. Il ne saurait y avoir de desseins de bénédiction, ni de bénédictions accomplies, sinon en lui. Quelle sécurité cela donne au croyant: «Selon qu'il nous a élus en lui!» La pensée éternelle de Dieu à son égard peut-elle changer ou varier? Non; ses dons et son appel sont sans repentance. Et le fait que c'est en Christ que nous sommes élus, est un nouveau gage d'assurance. Si je suis actuellement en Christ — et c'est la part de tout chrétien — je suis donc élu en lui, et j'ai ma part dans toutes ces bénédictions. Qui me séparera de Christ en qui j'ai été élu, qui me séparera de son amour? Qui anéantira le conseil de Dieu à mon égard? Quel j'étais et quel je suis, n'est pas la question, il s'agit seulement de la pensée de Dieu envers moi. Chers amis, avez-vous jamais pensé que Dieu vous avait eus devant lui dans l'éternité passée, pour vous bénir dans le temps présent et dans l'éternité à venir? Ne soulevez pas de questions, ne raisonnez pas, ne vous troublez pas touchant l'élection, comme l'ennemi voudrait vous l'insinuer. Laissez la chose à Dieu, à la profondeur de ses conseils, que des vermisseaux comme nous ne peuvent sonder. Etes-vous en Christ? Êtes-vous venus à lui, le connaissez-vous comme votre Sauveur? Voilà la question. Si vous pouvez dire oui, alors vous êtes de ceux que Dieu avait élus avant la fondation du monde, et comme Paul et avec lui, vous n'avez qu'à dire avec une profonde reconnaissance: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ!»

C'est dans un but spécial que les croyants ont été ainsi élus en Christ, but en harmonie avec sa nature — «Dieu est lumière». Il nous a élus, «pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour». Remarquons cela, bien-aimés. Dieu voulait avoir devant lui, en sa présence, des hommes envers lesquels son amour s'exerçât, et certes, ce ne pouvait être que pour les rendre heureux, oui, parfaitement heureux dans la jouissance de cet amour. Mais comment pouvaient-ils être devant lui, en sa présence? Uniquement en étant tels qu'ils répondissent à sa nature sainte et pure. C'est une condition absolument nécessaire, non seulement pour lui, mais pour eux. Vous imaginez-vous qu'un homme qui aime le monde, ses plaisirs et ses jouissances, dont toutes les pensées sont aux choses visibles, puisse être heureux en la présence de Dieu, dans les pures et saintes joies du ciel? Non, cela lui serait étranger et même odieux. Il ne demanderait qu'à en sortir. Toute sa nature y est opposée et y répugne. Il ne peut ici-bas souffrir la société des chrétiens; elle lui est fastidieuse. Que serait-ce dans le ciel? Pour jouir de la présence de Dieu et des joies du ciel, il faut avoir une nature qui y réponde. D'un autre côté, le Dieu trois fois saint, qui a les yeux trop purs pour voir le mal, tolérerait-il devant lui un pécheur avec toutes ses souillures? Non; c'est impossible. Ainsi Dieu, à cause de sa sainteté, ne peut avoir un pécheur dans sa société, et le pécheur qui aime le péché, ne saurait se trouver heureux avec Dieu. Mais il nous a élus pour qu'objets de son amour et capables d'en jouir, nous fussions saints et irréprochables; tels que son regard pût s'arrêter sur nous sans rien trouver à blâmer; au contraire, tels qu'il prenne plaisir en nous, et tels que, répondant à ce que demande sa présence, nous y soyons heureux, le coeur parfaitement au large.

Sommes-nous «saints et irréprochables», en nous-mêmes ou dans notre marche? Nous savons que non. Aussi ne s'agit-il pas de cela ici. Il y a actuellement devant Dieu, dans les lieux célestes, un Homme qui est tel, c'est-à-dire saint et irréprochable. Il l'a été dans sa vie ici-bas, il a glorifié Dieu; et maintenant Dieu la glorifié auprès de lui-même. C'est Christ, en qui nous sommes bénis, en qui nous avons été élus, et en qui nous sommes maintenant devant Dieu. Le chrétien n'a pas, et ne peut pas avoir actuellement d'autre position devant Dieu. C'est ce qui seul fait sa sécurité. Il a à marcher ici-bas en rapport avec cette position, cela va sans dire; nous trouvons plus loin, dans l'épître, des exhortations qui s'y rapportent. Mais ce n'est pas la question ici. Nous avons été élus en Christ pour être saints et irréprochables, sans que rien manque, et nous sommes tels en Christ, béni soit Dieu. Quand nous serons dans la gloire, nous aurons été présentés «saints et irréprochables et irrépréhensibles devant Dieu» (Colossiens 1: 22). Etant ainsi en Christ, nous sommes heureux en la présence de Dieu, nous n'avons rien à craindre, nous jouissons de son amour. Bénissons donc, bien-aimés, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

La nature de Dieu ne pouvait nous avoir devant lui autrement que saints et irréprochables. Mais son coeur voulait aussi avoir en nous sa satisfaction. Il voulait non seulement nous avoir devant lui, mais pour lui. De là une nouvelle source de louanges et d'adoration. Dieu, lisons-nous, nous a «prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ». Cela répond à son caractère de Père, et à ce que Jésus disait: «Je monte vers «mon Père et votre Père». Précieux Sauveur! c'est en lui et par lui que nous avons tout. Dieu a voulu que nous fussions pour lui des fils, une famille qui le connût et l'entourât comme son Père. C'est la relation dans laquelle sa grâce nous introduit et à laquelle il nous destinait avant la fondation du monde. Une position parfaite devant Dieu, une relation intime et bénie avec le Père, ne sont-ce pas de merveilleuses bénédictions, bien propres à nous faire dire: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ»? N'êtes-vous pas heureux, bien-aimés, d'être fils de Dieu, objets de son amour? Et remarquez que, s'il nous a donné cette place d'adoption, c'est pour lui, pour sa satisfaction il a maintenant des fils près de lui et pour lui, sur lesquels son amour s'épanche. D'où nous vient cette grâce? «Par Jésus Christ».Christ est comme le fil d'or qui unit toutes nos bénédictions les unes aux autres. Et cette grâce nous est donnée «selon le bon plaisir de sa volonté»; ce n'est pas qu'il vît rien en nous qui fût digne de cette place, loin de là. Mais sa volonté était de nous bénir ainsi, pour satisfaire son coeur. Oh! que ce Dieu et Père est grand! Qu'il est bon et précieux de le connaître! A lui toute gloire!

Remarquons qu'en effet Paul ajoute: «A la louange de la gloire de sa grâce». Nulle part sa grâce ne brille d'un éclat plus vif, ne répand des rayons plus glorieux, que dans l'adoption de pauvres êtres tels que nous. Où étions-nous? Loin de lui; mais Jésus, son Fils bien-aimé, est venu, et, accomplissant le bon plaisir de son Père, il nous a pris comme par la main et nous a amenés à Dieu pour que nous fussions pour lui des fils. Concevez-vous quelque chose qui exalte plus la grâce de Dieu? Mais laissez-moi vous demander: Cette grâce glorieuse illumine-t-elle votre coeur? le remplit-elle de joie et de louange?

A cela se rattache une autre de nos bénédictions. Cette grâce suprême, la gloire de sa grâce, nous a donné une place infiniment précieuse. Dieu a voulu nous avoir dignes de sa présence; il a voulu nous rapprocher de lui comme ses fils: c'est grand et glorieux, digne de lui, et combien cela est doux pour nous! A cela, il ajoute encore, car du fond inépuisable de son coeur, de sa plénitude, il tire pour nous grâce sur grâce. Il déclare que, dans cette grâce, il nous a rendus agréables. Agréables, nous! Comme cela sonne étrangement aux oreilles de celui qui se connaît un peu lui-même. Aussi n'est-ce pas en nous-mêmes que nous sommes rendus agréables, mais toujours en Christ, et ici, en Christ, comme le Bien-aimé. Pesons bien ces paroles. Représentons-nous ce qu'est Christ pour le coeur de Dieu, je ne dis pas seulement comme son Fils unique et éternel, ses délices avant que rien fût créé, mais ce qu'il est pour Dieu comme Homme. Christ a glorifié Dieu sur la terre dans sa marche constante et parfaite de dévouement, de dépendance et d'obéissance, de sorte que tout en lui, pensées, paroles et actes, montait vers Dieu comme un parfum de bonne odeur, et tirait du coeur du Père cette parole: «Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai trouvé mon plaisir». Il a glorifié Dieu jusqu'au bout, étant obéissant jusqu'à la mort, à la mort même de la croix. Il l'a glorifié en prenant la coupe de la colère et du jugement, étant fait péché pour nous; là, il l'a glorifié dans sa justice et sa sainteté, afin que son amour envers les pécheurs pût être manifesté. Ainsi Dieu, par Christ, a été glorifié en tout ce qu'il est. Que nous envisagions Christ comme holocauste, comme offrande, ou comme sacrifice pour le péché, il a glorifié Dieu, et, dans la conscience de ce qu'il était ainsi pour son Père, il disait: «C'est pour cela que le Père m'aime, parce que je laisse ma vie afin de la reprendre». Quel amour que celui du Père pour Jésus! Aussi quelle place il lui a donnée maintenant en haut! «Je t'ai glorifié sur la terre», disait Jésus, «et maintenant glorifie-moi». Et Dieu a glorifié son Bien-aimé. Que pouvez-vous imaginer de plus précieux pour le Père que Jésus? Toutes ses affections reposent sur lui. Eh bien, voilà la place que la grâce nous donne: «agréables dans le Bien-aimé». Que pouvons-nous désirer de plus? Aimés comme Jésus a été aimé (Jean 17); «en ce monde, comme il est» devant Dieu; agréables à Dieu, comme lui-même.

Bien-aimés, ce sont là des réalités; non pas des choses à atteindre par des efforts, par une poursuite imaginaire de sainteté. Elles sont trop élevées pour que nous y puissions arriver ainsi: Ce ne sont pas des choses que nous ne posséderons que sur la scène de l'éternelle perfection. Elles sont déjà à nous. C'est la pure et souveraine grâce de Dieu qui nous les donne en Christ, en qui elles se trouvent, et il nous les donne pour les réaliser et en jouir. Ce n'est pas seulement que nous sommes pardonnés; mais nous sommes les objets de la faveur de Dieu, de cette même faveur dans laquelle Christ se trouve. Cela n'épanouit-il pas le coeur, et ne répand-il pas une paix parfaite dans l'âme? Car, remarquons-le encore une fois, il est dit — «Nous a rendus agréables». C'est une chose qui résulte des desseins de Dieu à notre égard et que nous avons maintenant d'une manière aussi sûre que Christ lui-même. Qui peut ôter à Christ sa place de Bien-aimé? Personne. Personne non plus ne peut nous priver de la place de faveur où nous sommes en lui. Nous pouvons nous appuyer là-dessus pour repousser les assauts de l'ennemi qui voudrait nous troubler. Si je suis agréable, cela ne vient pas de moi. Je n'ai rien pour me rendre agréable à Toi, ô mon Dieu. Mais Toi, dans ta grâce, tu m'as rendu à tes yeux et pour ton coeur «agréable dans le Bien-aimé». Que peut dire Satan à cela? Ne soyons pas incrédules, mais croyons à cette grâce que Dieu nous accorde. C'est en cela qu'elle apparaît dans toute sa splendeur. Quoi de plus glorieux pour la grâce, non seulement de sauver des créatures telles que nous, mais de les placer devant Dieu selon la pleine acceptation de Christ lui-même? Et comment, en pensant à une telle faveur, ne louerions-nous pas la grandeur, l'excellence, «la gloire de sa grâce?» Oui, béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. Plus le chrétien, sortant de lui-même, contemple tout ce que Dieu a fait pour lui, plus la louange monte et déborde de son coeur.

On demandera: Comment une telle grâce peut-elle avoir son cours? Comment de semblables bénédictions peuvent-elles nous être conférées? Car nous sommes des pécheurs. Où est la justice de Dieu en tout cela? Ne doit-elle pas aussi avoir son cours? Certainement; mais ses droits sont aussi parfaitement sauvegardés, comme nous le verrons. Les desseins de sa grâce, le bon plaisir de sa volonté, tout ce qui a sa source dans son amour, existe en lui de toute éternité et doit s'accomplir. Envers qui les a-t-il formés ses desseins? Non envers des anges, ou des créatures innocentes, mais envers des pécheurs, selon toute la profondeur insondable de son amour. Mais son amour ne peut s'exercer aux dépens de sa justice. Il reste toujours et en tout conséquent avec lui-même. Et avec les desseins immuables de Dieu, c'est le fondement de notre sécurité. Tout est établi sur une base ferme, inébranlable. L'amour envers nous repose sur la justice, et la justice trouve une entière satisfaction dans ce qui est la suprême expression de l'amour. Dieu peut avec justice nous bénir, nous donner la place que ses conseils nous avaient assignée. Et c'est toujours en Christ, car il est dit: «En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce». Le sang précieux de Christ, de l'Agneau sans défaut et sans tache, versé sur la croix, nous a acquis une rédemption éternelle. C'est en vertu de ce sang, par lequel l'expiation a été faite et la justice de Dieu satisfaite, que nos fautes nous sont remises. C'est donc en toute justice que Dieu peut accomplir envers nous ses desseins éternels de bénédiction. Toutes nos fautes, nos innombrables fautes, sont effacées par l'efficacité puissante et bénie du sang de Christ. Ce sont bien là «les richesses de sa grâce», les trésors de son amour. Des rebelles, des impies, des ennemis, des êtres vils, souillés, orgueilleux avec cela et incrédules, ce sont ceux-là que Dieu place dans son ciel et prend pour ses fils, ceux-là qu'il rend agréables à ses yeux. Et pour opérer cela, que fait-il? Il donne son Fils qui subit le jugement et donne sa vie pour eux, puis les lui amène lavés, blanchis, purifiés, justifiés, afin de les placer là où il est lui-même. O profondeur d'amour et richesses de la grâce qui, à mesure qu'elle voit un besoin, vient y répondre, et, dès qu'elle a une bénédiction, la répand en abondance! Nous pouvons bien nous écrier, nous qui avons part à cette rédemption parfaite; «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ!»

Tout cela, bien-aimés, est d'une jouissance présente. Place devant Dieu selon son amour, adoption, position en Christ, salut parfait, toutes ces bénédictions en Christ et par lui, nous appartiennent actuellement sans restriction. Mais reste l'avenir. Tout ce que nous avons est céleste et pour l'éternité, sans doute, mais c'est déjà ici-bas que nous en jouissons. Quelque chose nous est réservé dans l'avenir, quand la scène présente aura disparu, et ce quelque chose, Dieu nous en donne la connaissance. C'est aussi un effet de sa grâce. Il nous traite, non plus comme des étrangers, mais comme des fils qu'il a adoptés, et pour qui, étant de la famille, il ne veut pas avoir de secrets. Selon les richesses de sa grâce, il nous sauve, puis il la fait abonder envers nous, en nous donnant la sagesse et l'intelligence sans lesquelles nous ne saurions saisir et comprendre «le mystère de sa volonté», encore et toujours «selon son bon plaisir», car tout est grâce pure et souveraine.

Quel est donc ce mystère de sa volonté? Il se rapporte à la gloire à venir de Christ. C'était un mystère; les prophéties de l'Ancien Testament ne pouvaient parler de ce qu'il renferme, car elles se rapportent toutes à la gloire de Christ déployée sur la terre, et aux bénédictions terrestres réservées à Israël et aux nations. Les choses célestes n'y entrent pas. Jusqu'au christianisme, la partie céleste des gloires de Christ n'était pas connue, mais maintenant la connaissance de ce mystère de la volonté de Dieu, qui renferme les choses terrestres et les choses célestes, est donnée à ceux auxquels sont départies la sagesse et l'intelligence, c'est-à-dire aux saints. C'est le «mystère de sa volonté». Sa volonté était de nous sauver et de nous avoir dans la gloire (Hébreux 2). Et Christ s'est présenté et a dit: «Me voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté… C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Christ faite une fois pour toutes» (Hébreux 10). Cela était connu (Psaumes 40).

Mais il y a une autre partie de sa volonté: le mystère de sa volonté à l'égard de Christ. Cela n'était pas connu. Christ pour la gloire de Dieu et l'accomplissement de ses desseins, s'est donné lui-même et a accompli la rédemption. Qu'est-ce que Dieu donnera à Christ? Il l'a déjà glorifié, placé à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, et il a assujetti toutes choses sous ses pieds. «Mais maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties», mais Dieu accomplira «le mystère de sa volonté», ce «qu'il s'est proposé en lui-même» à l'égard de Christ. Il lui donnera, à la face de l'univers, la suprématie sur toutes choses, l'héritage et la possession de toutes choses au ciel et sur la terre. Les choses qui sont dans le ciel et celles qui sont sur la terre, l'Eglise, Israël, et les nations, seront réunis en un en lui, chef sur toutes choses; tout ce que Dieu avait dans sa pensée envers l'homme et pour l'homme sera réalisé en Christ. Cela aura lieu «dans la plénitude des temps», quand toutes les voies de Dieu envers l'homme auront été accomplies. L'homme a manqué dans toutes ces voies, mais Christ, le second Homme, reprend tout, accomplit parfaitement tout selon les desseins de Dieu, et Dieu réunit toutes choses, en un dans le Christ. Le couronnement de tout sera Christ régnant sur toutes choses, tous ses ennemis ayant été mis sous ses pieds. Nous pouvons bien comprendre que ce sera un temps de bonheur et de félicité parfaite: sur la terre, un règne de paix et de justice; Dieu adoré et Christ glorifié; et, dans le ciel, les transports d'allégresse des rachetés, au banquet des noces de l'Agneau. De la terre et des créatures affranchies de la servitude de la corruption, et jouissant de la liberté de la gloire des enfants de Dieu, montera un concert de louanges vers Dieu, et les cieux répondront à la terre par d'abondantes bénédictions. Quelle scène ravissante! Le coeur se repose en la contemplant. Et alors sera exalté et glorifié notre précieux Sauveur. Au nom de Jésus tout genou se ploiera, et au chant de louange de l'Eglise dans le ciel se joindra celui d'Israël et des nations sur la terre.

Mais alors, bien-aimés, où serons-nous? Que nous est-il réservé dans cet avenir glorieux? Nous serons avec Christ. Le Sauveur ne peut être séparé de ses rachetés, les membres du corps sont où est la Tête, l'Epouse sera avec son Epoux. Et quand lui héritera de toutes choses, nous hériterons avec lui. «En lui», car rien pour nous n'est hors de lui et sans lui, «en lui, nous avons aussi été faits héritiers», «héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ». C'est à cela que nous avons été prédestinés selon le dessein de Dieu.qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté. Chose merveilleuse! Nous avons été prédestinés à l'adoption selon le bon plaisir de sa volonté. Sa volonté s'exerce en grâce souveraine envers nous pour nous donner la relation de fils. Son bon plaisir encore nous fait entrer dans la connaissance du mystère de sa volonté, c'est-à-dire la gloire réservée à Christ dans l'avenir, et le conseil de sa volonté, arrêté avant les siècles, nous a prédestinés à être associés à Christ dans la gloire de l'héritage.

Voilà notre avenir, bien-aimés. Que nous pénétrions dans les siècles de l'éternité passée pour y voir nos bénédictions préparées en Christ, que nous les contemplions dans le temps présent assurées en lui, ou que nous nous transportions dans les siècles à venir, où nous en verrons le couronnement dans notre association avec Christ régnant sur toutes choses, quel magnifique thème pour nos louanges! Quel motif pour nous d'adorer le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ! Si, sortant de nous-mêmes et de nos mesquines préoccupations terrestres, nous étions plus occupés de la contemplation de ce qu'est notre Dieu et de ce qu'est Christ, de ce que Dieu a fait pour nous et de ce qu'il nous réserve; si nous vivions plus en haut, dans les lieux célestes, la louange et l'adoration seraient aisées à nos coeurs; elles deviendraient comme le souffle de nos âmes, et quand nous nous réunissons avec nos corachetés, avec les héritiers de la même gloire, pas une bouche ne serait muette; des sacrifices spirituels agréables à Dieu monteraient à lui par Jésus Christ. C'est à la louange de sa gloire que cette bénédiction dernière nous sera conférée. La grâce nous y conduit, la gloire en est le terme. Nous sauver, nous bénir, c'est pour sa gloire à lui. Il se glorifie dans son Fils et se glorifie, en sauvant des pécheurs et en les plaçant dans la même gloire que Christ.

Le chemin pour avoir part à toutes ces grâces, nous est tracé et il est bon que nous le considérions.

Paul nous montre comment les Ephésiens étaient arrivés à jouir de leur position bénie, et la voie pour nous n'est pas différente. Pour les chrétiens, se la rappeler est un nouveau sujet de louanges. «Ayant entendu la parole de la vérité»; c'est le premier pas. De qui émane-t-elle, cette parole? De Celui qui seul est la vérité; du Seigneur. Dieu ne peut mentir; ce qu'il dit est toujours conforme à la réalité des choses. Lorsqu'il me parle, soit dans l'Ecriture, soit par ses serviteurs, j'entends la parole de la vérité. Elle me dit beaucoup. Elle me fait connaître Dieu, ses pensées et ses voies. Elle me dit ce que je suis et ce qu'est le monde qui m'entoure. C'est la lumière. Mais ici, c'est la parole de la vérité à un point de vue spécial qu'expliquent les paroles qui suivent. Elle est «l'évangile de votre salut», dit l'apôtre aux Ephésiens. Elle s'adresse à des pécheurs perdus et leur annonce le salut — un salut qui est pour eux, duquel chacun peut dire: il est mien. C'est un salut qui vient de Dieu, que son Fils a accompli pour nous. La parole de la vérité prend ainsi le caractère d'évangile ou bonne nouvelle, — une bonne nouvelle vraie et certaine.

Mais il y a un second pas à faire. Combien n'y en a-t-il pas qui ont entendu la bonne nouvelle et qui l'ont laissée s'écouler avec indifférence, qui ont négligé «un si grand salut?» Il s'agit — l'ayant entendue — de la saisir, de prendre au mot Dieu qui ne peut mentir, et qui nous fait entendre la parole de salut, qui nous offre la délivrance. C'est ce qu'avaient fait les Ephésiens, ils avaient cru — «auquel ayant cru». «Vous êtes sauvés par la foi», leur dit plus loin l'apôtre. Le salut vient de Dieu: il l'a opéré, il l'annonce, il le donne. La parole de la vérité le porte aux oreilles du pécheur; la foi le saisit, mettant ainsi son sceau sur la vérité de Dieu. «Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est vrai», dit Jean. Et si vous ne le recevez pas, que faites-vous? Vous faites Dieu menteur.

Les Ephésiens avaient cru et possédaient le salut, un salut éternel. Mais Dieu ajoute à cela une autre bénédiction. «Ayant cru», il met son sceau à lui sur nous. Il nous donne le Saint Esprit de la promesse; l'Esprit Saint que Jésus avait promis d'envoyer de la part du Père, l'Esprit de vérité, le Consolateur. «Vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse», promesse qui n'était pas pour les premiers chrétiens seulement, mais aussi pour nous qui avons cru (voyez Actes des Apôtres 2: 39). C'est le sceau divin que Dieu met sur nous comme ses enfants; l'Esprit d'adoption qui rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Mais étant enfants, comme nous l'avons vu, nous sommes aussi héritiers, et l'Esprit nous est donné comme arrhes de notre héritage. Non seulement comme gage et certitude que nous hériterons, mais comme avant-goût de cet héritage, car il prend des choses de Christ — de Christ glorifié — et nous les communique. Il nous introduit dans la jouissance de nos bénédictions célestes, les développe devant nous et nous les fait goûter, nous rendant ainsi capables de louer et bénir notre Dieu, de rendre culte, car nous adorons en Esprit et nous rendons culte par l'Esprit. Et cela a lieu sur la terre, dans de pauvres vases, mais dans lesquels l'Esprit Saint demeure, jusqu'à la pleine rédemption de ce que Christ s'est acquis, c'est-à-dire jusqu'au moment où, dans des corps glorifiés, nous régnerons avec le Sauveur, et nous adorerons et bénirons selon la perfection de l'état où nous serons.

Pour tant de grâces, répétons avec l'apôtre: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ!»

Puissions-nous, bien-aimés, vivre toujours plus réellement dans les lieux célestes et être ainsi rendus capables de poursuivre notre pèlerinage terrestre à la gloire de Celui qui nous a aimés et nous aime!