Méditation de J.N.D. no 36

Nombres 11 -  Darby J.N.  -  ME 1891 page 406

 

Le livre des Nombres qui fait le récit du voyage des Israélites à travers le désert, fait aussi la relation de leurs rébellions continuelles. C'est la triste histoire du peuple de Dieu, pleine toutefois d'encouragement pour nos âmes, en ce qu'elle exalte Dieu et montre toute sa patience envers son peuple. Tout à la fin du voyage, Dieu déclare «qu'il n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni n'a vu d'injustice en Israël» (Nombres 23: 21).

Israël campait au commandement de l'Eternel; l'arche de l'alliance conduisait le peuple et Dieu lui donnait en toutes choses ses directions. Mais lorsque l'arche, partant de la montagne de Sinaï, les eut conduit trois jours, ils se mirent à murmurer et à se plaindre de la fatigue. Nos coeurs ne font-ils pas de même? Se plaindre du chemin, C'est le commencement de l'incrédulité, même dans le coeur des fidèles. Après avoir passé la mer Rouge, Israël avait chanté le cantique d'une délivrance parfaite; mais quand il est question de marcher dans un désert où il n'y a ni eau, ni chemin, et où il faut, en tout, dépendre de Dieu, la chair commence à se fatiguer et regrette les jouissances qu'elle avait en Egypte. Il nous est permis d'être fatigués, non pas de Dieu, mais de ce que nous sommes et de ce qu'ayant un trésor, nous le portons dans des vases de terre, car cette fatigue-là ne nous éloigne pas de Dieu. Plus je suis en la présence de Dieu, plus mon coeur est fatigué du mal. C'est une fatigue et une tristesse selon Christ, qui était lui-même un homme de douleur et sachant ce que c'est que la langueur. Dieu approuve cette fatigue et la soulage, elle provient de l'amour de Christ en nous; elle ne se relâche pas dans le travail, ne succombe pas dans la tentation. Si je suis fidèle, impossible que je ne sois pas fatigué du péché qui est en moi et autour de moi. Combien était différente la fatigue d'Israël! Elle provenait de la faiblesse de la chair qui craint les difficultés, n'aime pas à résister, redoute l'effort, et qui, au fond, se plaint de Dieu et murmure contre lui; et comment pourrait-elle lui être agréable?

Dieu entend les plaintes de son peuple et sa colère s'embrase contre lui, car en se plaignant, ils avaient «méprisé l'Eternel» qui était au milieu d'eux (verset 20). N'avait-il pas pris soin de tout ce qui les concernait? Sans doute, mais la chair ne veut pas être fatiguée et se plaint. Alors l'Eternel leur fait sentir sa présence et le feu de son jugement en dévore quelques-uns (verset 1). L'humiliation survient et la miséricorde reprend son cours.

Il y avait parmi le peuple des gens dont le coeur était encore en Egypte. Nous n'avons besoin que de peu de chose pour le voyage. Plus notre bagage sera léger, plus la marche nous sera facile. Dieu ne nous donne pas ce qui pourrait nous attacher à ce monde de péché, mais ce qui nous suffit pour le voyage vers Canaan. Les mondains ne peuvent se contenter de ce que Dieu donne, parce que Canaan n'est pas leur but, et qu'ils n'y ont ni leur espoir, ni leur héritage. Israël se met à pleurer et désire de la chair, c'est-à-dire autre chose que ce qui est nécessaire pour le voyage. Quel malheur pour nous, si Dieu nous accordait ce qui nous attache à la terre! Notre repos n'est pas ici-bas; c'est la chair qui désire un repos dans ce monde.

Israël dit: «Il nous souvent du poisson que nous mangions en Egypte pour rien, des concombres, et des melons, et des poireaux, et des oignons, et de l'ail; et maintenant notre âme est asséchée; il n'y a rien, si ce n'est cette manne devant nos yeux» (versets 5, 6). Ils retrouvent le souvenir des choses du monde, mais c'est un souvenir et non une espérance. La manne que leurs yeux voyaient était la grâce suffisante pour le voyage, et rien de plus. Elle n'avait aucun rapport avec ce qui était en Egypte, elle n'était pas non plus la nourriture que le peuple allait trouver en Canaan; mais elle contenait tout ce qui était nécessaire pour le sustenter pendant le voyage. Israël se souvenait des ressources agréables de l'Egypte, mais il avait oublié les briques; car Satan a soin de ne pas nous rappeler les souffrances qui se trouvent dans le monde.

Israël pensait que la nourriture d'Egypte le rendrait heureux; mais si Dieu nous rendait heureux ici-bas avec les choses qui s'y trouvent il ne serait pas satisfait dans son amour envers nous. Jamais il ne nous donnera ce qui peut nous faire oublier que nous sommes des voyageurs dans le désert. Il veut que sa grâce nous suffise et, quand elle ne nous suffit plus, c'est que la chair agit en nous. Il en est de la grâce comme de la manne. Impossible d'en faire provision pour demain, ni de s'appuyer sur la grâce d'hier; il faut que nous n'ayons aucun autre appui que Dieu, que nous dépendions journellement de lui; voilà ce qu'il veut. Quant à lui, il se souvient chaque matin d'Israël pendant quarante ans. S'il n'avait donné la manne qu'une fois par mois, il n'aurait montré son amour qu'une fois et non tous les jours; mais il nous montre à chaque moment combien il nous aime. Si nos yeux ne sont pas satisfaits de voir la manne tous les matins, nous méprisons l'amour de Dieu. La joie du fidèle est de comprendre cet amour et de vivre dans une continuelle dépendance de Dieu.

Aux versets 13 et 14, Moïse manque de foi. Il dit: «D'où aurais-je de la chair pour en donner à tout ce peuple? Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi». Il oublie que la difficulté est devant Dieu et qu'elle concerne Dieu. Les disciples dans la nacelle ont peur, comme si Jésus, qui était avec eux, était en danger, d'être noyé. Alors que Dieu a lié sa gloire à nos intérêts, notre incrédulité sépare nos intérêts de la gloire de Dieu.

Le plus grand châtiment que Dieu puisse nous infliger est d'accorder à la chair ce qu'elle désire (versets 18-20). Les Israélites auraient dû, à la vue des cailles, confesser leur péché et retourner à Dieu. Loin de là, ils en mangent, et la chose même qui satisfait leur convoitise les frappe et les punit.