«Je suis là au milieu d'eux»

ME 1892 page 127

 

Les promesses du Seigneur sont certaines et véritables. Nous pouvons, et c'est là notre grande consolation, compter sur elles en tout temps et dans toutes les positions. Sa parole: «Voici, moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation du siècle», demeure toujours vraie, de même que celle-ci: «Là où deux ou trois sont assemblés, en mon nom, je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18: 20; 28: 20). Bien que le Seigneur soit remonté vers son Père et soit ainsi caché aux yeux de notre chair, le regard de la foi le contemple là-haut. De même qu'il protégeait et aidait les siens durant son séjour sur la terre, il les aide et protège encore maintenant. Il a dit: «Je ne vous laisserai point orphelins, je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14: 18, 19). Le Seigneur connaissait l'entière faiblesse et l'ignorance de ses disciples; il savait aussi quels dangers les attendaient dans ce monde: mais il était avec eux, et cela était pour eux pleinement suffisant. Dans le désert, sur la mer orageuse, au milieu, des souffrants et des malades, et même en face de la mort, ils avaient eu l'occasion d'apprendre à connaître sa puissance et son amour, de voir qu'il était Celui qui jadis avait dit à Moïse: «Je suis Celui qui suis» (Exode 3: 14), et de recueillir ces paroles de sa bouche: «Ayez bon courage! c'est moi; n'ayez point de peur». — «Je suis le bon Berger». — «Je suis la résurrection et la vie», expressions qui toutes nous disent ce qu'il est et qui il est pour les siens en tout temps. Il suffit pleinement à tous les besoins et à toutes les circonstances. Il reste toujours le même et accomplit constamment sa promesse: «Je suis avec vous tous les jours».

Nous vivons à une époque que l'apôtre désigne comme étant «les derniers jours», les jours «des temps fâcheux» (2 Timothée 3: 1), et tous les chrétiens sincères sentent une profonde douleur en voyant la ruine croissante qui les entoure. Mais pour leur consolation la parole du Seigneur: «Je suis avec vous», demeure ferme pendant ces mauvais jours. Et sa présence répond maintenant à tout pour eux, aussi pleinement qu'autrefois pour les faibles disciples. Certes les difficultés sont plus grandes aujourd'hui, mais elles ne sont pas plus grandes que Lui. L'ennemi semble souvent l'emporter, mais il ne peut rien contre Lui. Il est et demeure le roc contre lequel les portes du hadès ne sauraient prévaloir (Matthieu 16: 18). La vue de la ruine, de l'infidélité des chrétiens et du grand déshonneur causé au Seigneur, peuvent bien nous affecter très douloureusement, nous humilier et nous affliger, mais non pas nous décourager: nous n'en avons aucun sujet. Rien ne peut empêcher le Seigneur de poursuivre son oeuvre et d'accomplir ses desseins, ni notre grande faiblesse et notre incapacité pour arrêter le mal, ni le mal lui-même. Il est avec nous, bien que les yeux de notre corps ne le voient pas, et il attend de nous que nous croyions à la réalité de sa présence et que le regard de notre foi demeure constamment arrêté sur lui. Il ne nous dit pas: «Ayez bon courage, car vous êtes pourvus de tout ce qui est nécessaire», mais: «Ayez bon courage, car je suis avec vous, et moi j'ai vaincu le monde». Il faudrait qu'il cessât d'être «le Seigneur», d'être «Je suis Celui qui suis», pour que nous eussions sujet de désespérer. Il tient sa parole, non à cause de notre foi, mais parce qu'il est la vérité, et c'est pour cela que nous devons le croire. Et plus nous nous confions hardiment en lui, plus nous l'honorons, et plus il peut se glorifier.

Cela trouve aussi son application quant à notre rassemblement. L'incrédulité dit: «Les fondements sont renversés; l'Assemblée de Dieu est dissoute; il n'y a plus rien qui soutienne». Elle se sert de ces prétextes pour excuser son infidélité. Mais les fondements de l'Assemblée de Dieu demeurent aussi fermes maintenant qu'autrefois. Le Seigneur est toujours au milieu des deux ou trois rassemblés en son nom, et les décisions d'une telle assemblée ont encore aujourd'hui la même autorité qu'au commencement. Et entre toutes les assemblées ainsi formées qui peuvent se trouver sur la terre existe une unité divine, puisqu'elles ont toutes le même centre. Le Seigneur est au milieu d'elles, parce qu'elles sont sur l'unique terrain de la vérité reconnu de Dieu en dehors et au-dessus de tous les établissements et systèmes humains, car elles sont rassemblées au nom de Jésus. Le Seigneur est au milieu d'elles, et voilà pourquoi elles sont bénies, quelque faible et insignifiante que soit leur apparence extérieure aux yeux du monde. A cause de cela aussi, il ne peut rien leur être apporté qu'elles ne possédassent déjà. Elles sont rassemblées autour de lui, annoncent sa mort, lui apportent leur adoration, sont servies par lui-même, se réjouissent de le voir reconnu, si faible que tout cela soit de leur côté. Le fait que le Seigneur est au milieu d'eux donne à leur rassemblement la sanction divine, produit dans tous les coeurs un accord divin et une soumission mutuelle, les préserve des attaques de l'ennemi et des influences d'un monde méchant. Enfin, la présence du Seigneur répond pleinement à tous les besoins de l'assemblée, même dans les temps les plus difficiles, aussi longtemps qu'elle garde devant les yeux cette présence et qu'elle la réalise par la foi.

Sans doute, les temps sont difficiles et les dangers sont grands, et le Seigneur permet que Satan crible le troupeau. Des erreurs de toutes sortes, une diminution constante de la crainte de Dieu et un accroissement correspondant de propre volonté et de mondanité parmi les croyants, menacent d'anéantir le dernier témoignage de la vérité. Mais tout cela n'annule pas la promesse du Seigneur, d'être au milieu de ceux qui sont rassemblés en son nom. Si sombre que soit la nuit qui nous entoure, elle ne l'est pourtant pas plus que celle en laquelle le Seigneur fut livré. L'inimitié du monde, la puissance des ténèbres, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, l'état des disciples — tout cela était devant les yeux du Seigneur; mais rien ne l'empêchait d'être assis à table avec ses disciples comme ses chers rachetés, et de leur dire ce qu'il voulait faire pour eux. Et maintenant, il est à table avec nous comme Celui qui a accompli l'oeuvre du salut, et nous pouvons en paix, avec actions de grâces et adoration, être réunis autour de lui, si grande que soit la corruption qui nous entoure. En dépit des «temps fâcheux», le privilège nous reste de nous rassembler au nom de Jésus et de jouir de sa présence. Et ces temps de rassemblement sont les plus précieuses heures que le Seigneur nous accorde ici-bas; heures de repos, de rafraîchissement, de consolation et de joie, destinées par le Seigneur à être le point de départ pour rentrer dans le travail et le combat avec des forces nouvelles. Car jamais le Seigneur ne laisse les siens sortir de sa présence sans avoir été bénis et fortifiés. Il ne pouvait laisser partir les foules avant de les avoir rassasiées, de peur qu'elles «ne tombassent en défaillance dans le chemin», comment laisserait-il aller à vide un seul de ses chers rachetés? Lorsque nous nous en allons à vide, la faute n'en est pas au Seigneur, mais à nous-mêmes.

Les considérations précédentes nous conduisent à cette question si importante de nos jours: «Tout rassemblement de croyants qui, en dehors des systèmes religieux, professe être sur le terrain de la vérité, est-il assemblé au nom de Jésus?» La première et plus importante caractéristique d'une assemblée réunie au nom de Jésus, consiste en ce qu'elle tient loin d'elle tout ce qui n'est pas en harmonie avec ce saint nom. Comment le Seigneur pourrait-il sanctionner le mal par sa présence? Un roi de la terre souffrirait-il que l'on entreprit en son nom des actes qui seraient contraires à sa volonté et à sa dignité? Vouloir associer le mal avec le nom de Jésus serait faire un abus effrayant de ce saint nom; ce serait certes le mal sous sa pire forme. Hélas! c'est de cet abus que l'église professante s'est rendue coupable, et c'est contre ce mal, comme un danger qui nous menace sans cesse, que nous devons être constamment en garde.

Toutefois, le Seigneur soit loué de ce que, malgré ce danger sérieux, le privilège de se rassembler au nom de Jésus n'est pas perdu, non plus que la promesse du Seigneur qui s'y rattache pour les croyants. Car «le solide fondement de Dieu demeure», mais «ayant ce sceau: Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Timothée 2: 19). Nous rencontrons ici le même principe que précédemment: un rassemblement de croyants ne peut être nommé une assemblée au nom de Jésus, qu'en s'abstenant du mal sous toutes les formes, et tout premièrement en demeurant attachée à la doctrine de Christ et de ses apôtres. Il en était ainsi des premiers chrétiens: «ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres 2: 42). Notre sérieuse tâche et notre saint devoir consistent, malgré la ruine, à tenir ferme «ce que nous avons entendu dès le commencement». «Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père». «Quiconque vous mène en avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n'a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises oeuvres» (1 Jean 2: 24; 2 Jean 9-11). Ces passages montrent clairement la responsabilité qu'a l'assemblée de veiller sur la doctrine.

En second lieu, une assemblée réunie au nom de Jésus doit se garder pure de tout mal moral, pour autant que, comme assemblée, elle en est responsable. «Je vous ai écrit que si quelqu'un appelé frère est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, vous n'ayez pas de commerce avec eux, que vous ne mangiez pas même avec un tel homme» (1 Corinthiens 5: 11).

Le Seigneur n'attend pas d'une assemblée qu'elle purifie l'église professante du levain du mal, mais bien qu'elle s'en tienne elle-même éloignée. C'est à cette condition seulement qu'elle peut compter sur l'accomplissement de sa promesse, d'être au milieu d'elle. Il ne peut pas y manquer, mais il ne saurait non plus renoncer à la sainteté de son nom.

Quand donc une assemblée, comme telle, comprend sa position et maintient son caractère, qu'en résulte-t-il pour l'individu? Est-il à cause de cela garanti de tout danger? Nullement. La jouissance des bénédictions qui résultent du rassemblement au nom de Jésus, dépend pour l'individu de son état et de sa conduite personnelle. Pour chacun se pose la question: «Est-ce au nom de Jésus que je vais là où il est au milieu des siens? Puis-je me trouver avec liberté à sa table? Ai-je jugé dans sa lumière tout ce qui ne convient pas à sa sainte présence et qui troublerait cette liberté?» Le Seigneur attend de chacun de ceux qui se réunissent en son nom, qu'ils s'éprouvent ainsi eux-mêmes. L'apôtre dit: «Que chacun s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe». Et il ajoute ces sérieuses et solennelles paroles; «Car celui qui mange et qui boit [indignement], mange et boit un jugement contre lui-même» (1 Corinthiens 11: 28, 29).

Combien cela est sérieux! L'heure des plus grandes et des plus précieuses bénédictions devient l'occasion du plus sévère jugement, si vous ne vous éprouvez pas vous-mêmes. Oseriez-vous venir en la présence du Seigneur avec un coeur indifférent? Lui qui sonde les coeurs et les reins, lui dont les yeux sont comme une flamme de feu, et devant qui toutes choses sont nues et à découvert, il voit l'indifférence, l'amertume, l'envie, la jalousie, l'orgueil, la vanité, tout ce qui souille le coeur; il sait si ces choses existent ou non en vous. Il sait comment vous venez à sa table, si vous vous éprouvez et jugez vous-même, ou si vous négligez ce jugement salutaire de vous-même. Vous ne sauriez le tromper, et quels que soient sa patience et son support, il ne saurait tolérer le péché chez les siens. Sous ce rapport, il n'y a chez lui aucune acception de personnes, il juge le mal chez les siens aussi certainement qu'il le fait à l'égard du monde, avec cette différence toutefois que celui-ci n'est pas jugé avec ceux-là (1 Corinthiens 11: 32). Il est à craindre qu'un grand nombre d'entre les chrétiens ne prennent pas cela assez à coeur, ils se garderont peut-être de péchés grossiers, mais négligent de juger à la lumière de la sainteté de Dieu les manques de droiture et les souillures secrètes de leurs coeurs. Que personne ne se séduise lui-même. Il ne suffit pas d'avoir pris sa place là où le Seigneur se trouve; la question qui importe par-dessus tout est, dans quel état sommes-nous là? Puissions-nous donc toujours venir là, ayant jugé tout ce qui ne pourrait supporter la lumière de la présence du Seigneur. Oui, puissions-nous chaque jour et à chaque heure porter sur nous-mêmes un jugement, et ne pas fermer l'oreille à la voix de l'Esprit Saint en nous, nous exhortant, nous avertissant ou nous réprimandant! La conséquence en sera que nous jouirons du Seigneur lui-même avec un coeur heureux, toutes les fois que nous nous réunirons ensemble en son nom. Nous le contemplerons des yeux de notre foi; il deviendra toujours plus précieux à nos coeurs, et notre marche sera à sa gloire.