La résurrection de Christ et quelques-unes de ses conséquences

 «Déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l'Esprit de sainteté, par la résurrection des morts» (Romains 1: 4).

ME 1892 page 173 

 

Dans les évangiles, récits dont l'authenticité est reconnue même par les adversaires du christianisme, Christ déclare à plus d'une reprise qu'il est le Fils de Dieu. Non pas fils, comme pourrait être ainsi nommé un homme remarquable par sa piété, ou comme le sont des créatures telles que les anges, mais Fils dans un sens spécial, infiniment plus élevé et indiquant une relation plus intime, une égalité en nature, de sorte que, dans ce sens, il est Fils unique, existant auprès du Père de toute éternité.

Pour montrer qu'en effet Christ acceptait et prenait ce titre, nous pouvons citer la confession de Pierre, en Matthieu 16: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant», paroles que le Seigneur dit être une révélation directe de Dieu faite à cet apôtre. En d'autres occasions, Christ accepte l'adoration de ceux qui le reconnaissaient comme Fils de Dieu (Matthieu 14). Il confesse lui-même qu'il l'est, devant le sanhédrin, en réponse à l'adjuration du souverain sacrificateur, alors que cette confession équivalait pour lui à une sentence de mort (Matthieu 26: 63; Luc 22: 70).

Mais c'est surtout dans l'évangile de Jean que Jésus fait à l'égard de sa relation avec Dieu comme Fils, comme Fils unique et éternel, les déclarations les plus positives et les plus claires, si claires que ses ennemis ne s'y trompent point et veulent à cause de cela le faire mourir. Il est, dit-il, le Fils unique que Dieu, dans son amour, a envoyé dans le monde, afin que ceux qui croient en lui, aient la vie éternelle (Jean 3: 16-18). A l'aveugle-né, auquel il a rendu la vue, il demande: «Crois-tu au Fils de Dieu?» «Qui est-il?» répond l'aveugle. «Tu l'as vu, et celui qui te parle, c'est lui», dit Jésus, (Jean 9: 35-38). Comme Fils, il s'attribue la puissance de vivifier et l'autorité de juger. Il proclame son égalité avec le Père, en disant: «Mon Père travaille et moi je travaille». Et les Juifs le comprennent bien, car ils veulent le faire mourir, «parce qu'il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu». Il ne les détrompe pas, au contraire, car il affirme que tous doivent honorer le Fils, «comme ils honorent le Père» (Jean 5: 17-23). Plus loin, il affirme: «Moi et le Père, nous sommes un». Et comme les Juifs encore cette fois saisissent toute la portée de cette parole et veulent encore le lapider, «parce que», disent-ils, «étant homme, tu te fais Dieu», Jésus leur dit: «Dites-vous à celui que le Père a envoyé dans le monde: Tu blasphèmes, parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu?» (Jean 10: 30, 33, 36).

Christ se présente donc comme étant plus qu'un homme, plus qu'un prophète, comme étant le Fils de Dieu, égal à Dieu, Dieu même. La question se pose maintenant: «Sur quelles preuves appuie-t-il sa prétention?» Car s'il n'est pas ce qu'il affirme être, il est un imposteur, et le christianisme n'est qu'une fable. On ne peut pas faire valoir l'excellence de sa morale, la pureté de sa vie; ce qui est fondé sur un mensonge est la pire des impostures et doit être rejeté avec mépris.

Pour prouver qu'il est en effet ce qu'il dit être — le Fils de Dieu — Christ en appelle à ses oeuvres, c'est-à-dire à ses miracles — «oeuvres», dit-il, «qu'aucun autre n'a faites», et qui n'étaient pas seulement de guérir des malades, de nettoyer des lépreux, de chasser des démons, d'ouvrir les yeux d'aveugles-nés, de nourrir des multitudes avec quelques pains, mais «des oeuvres plus grandes que celles-là», propres à remplir d'étonnement et d'admiration ses adversaires même; je veux dire la résurrection des morts (Jean 5: 36; 10: 25, 37, 38; 14: 11; 15: 24; 5: 20). Ces oeuvres, chacun pouvait les contrôler. Elles étaient faites en plein jour, souvent devant des multitudes de témoins, et ces faits étaient encore récents alors que les évangiles furent écrits. Etait-il possible de faire croire à des milliers d'hommes qu'ils avaient été nourris miraculeusement? Quoi de plus aisé de démentir ceux qui rapportaient de tels faits, s'ils eussent été controuvés? Quand Jésus ressuscite Lazare, pouvait-il être question de mort apparente, alors que la soeur du défunt frissonne à la pensée d'ouvrir la tombe, en disant: «Il sent déjà, car il est là depuis quatre jours?» (Jean 11: 39). Et les témoins de cet acte de puissance divine étaient nombreux et pouvaient bien juger de la réalité du fait. «Plusieurs», lisons-nous, «qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui», tandis que d'autres «s'en allèrent auprès des Pharisiens, et leur dirent ce que Jésus avait fait». Les adversaires de Christ nient-ils le fait? Cherchent-ils à faire voir que l'on a été trompé par des apparences? Rien ne leur eût été plus facile que de convaincre Jésus d'imposture dans un fait aussi palpable. Ils avaient tout intérêt à le faire. Mais non. Ils assemblent un sanhédrin pour délibérer sur ce qu'il y a à faire, «car cet homme fait beaucoup de miracles», disent-ils, et plus loin nous voyons qu'ils veulent même faire mourir Lazare, pour se débarrasser du témoin importun d'un fait qu'ils ne peuvent nier. Jamais les ennemis de Christ n'ont mis en doute ses miracles: ils les attribuaient plutôt à une puissance diabolique (Jean 11: 47; 12: 10, 11; Matthieu 12: 24). Remarquons que Jésus parle de la résurrection de Lazare comme devant faire ressortir sa gloire comme Fils de Dieu (Jean 11: 4).

Les oeuvres de puissance divine que Christ accomplissait et que même ses ennemis acharnés ne niaient pas, étaient donc la preuve qu'il invoquait comme étant le sceau mis à ses déclarations par Dieu lui-même.

Mais la grande preuve, la preuve par excellence, celle que les apôtres allèguent sans cesse, le fait qui est le fondement même du christianisme, c'est la résurrection de Christ. Dieu aurait-il ressuscité un imposteur? Non. «Il a été démontré Fils de Dieu en puissance par la résurrection des morts», dit Paul. «Si Christ n'a pas été ressuscité», dit-il encore, «votre foi est vaine». «Vous avez mis à mort le Prince de la vie», dit Pierre avec hardiesse au peuple juif, mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts; ce dont nous, nous sommes témoins». Et cette déclaration, il la répète à maintes reprises. Sur ce fait repose toute la prédication des apôtres, qu'ils s'adressent aux Juifs ou aux païens; il remplit leurs écrits; il est la pierre angulaire de leur doctrine (Romains 1: 4; 1 Corinthiens 15: 14, 17; Actes des Apôtres 2: 32; 3: 15; 4: 10; 5: 30; 10: 40, 41; 13: 30, 34; 17: 31; 26: 23. Pour les épîtres, les citations sont trop nombreuses).

Il importe donc que la réalité de la résurrection de Christ soit établie de la manière la plus décisive. Or il est peu de faits, si même il en existe, qui soient d'une évidence aussi complète. Celui-ci ne peut être nié que par l'ignorance, par les préventions les plus invétérées ou par un parti pris à l'avance de rejeter le christianisme.

Que Christ soit mort sur la croix, personne ne le conteste. La réalité de sa mort est attestée par le témoignage du centurion romain préposé à la garde des crucifiés et qui était homme à s'y connaître. Les Juifs ne se seraient certes pas montrés satisfaits, si Celui qu'ils avaient poursuivi de leur haine eût pu échapper à la mort. Quant au fait de sa résurrection, remarquons d'abord que ces apôtres qui l'annoncent plus tard avec une conviction si grande, ne comprenaient pas ce que leur Maître voulait dire quand il leur en parlait avant sa mort (Marc 9: 10). Et lorsqu'une fois le fait a eu lieu, quelle difficulté n'éprouvent-ils pas à l'admettre! Qu'on lise le récit qu'ils font eux-mêmes de leur incrédulité à cet égard, de leurs doutes, de leurs hésitations (Matthieu 28: 17; Marc 16: 10-14; Luc 24: 36-43). Ils n'acceptent la chose que lorsque, à plus d'une reprise, ils ont vu de leurs yeux, touché de leurs mains, entendu de leurs oreilles, Celui qu'ils avaient si bien connu avant sa mort, et qui, ressuscité, se trouve devant eux. Il faut que Jésus mange devant eux et leur donne des preuves assurées que c'est lui-même. Et pour qu'il ne reste aucun doute dans leur esprit, il demeure avec eux quarante jours. Pouvaient-ils se tromper sur la réalité de la résurrection de leur Maître?

Remarquons aussi que si le Seigneur ressuscité se montre d'abord à des individus ou à deux ou trois personnes à la fois, comme à Marie-Madeleine, aux deux disciples qui allaient à Emmaüs, aux femmes venues au sépulcre, à Simon. Pierre, il est vu à plusieurs reprises par les apôtres réunis peut-être avec d'autres disciples, et même par une multitude — plus de cinq cents frères à la fois, dit Paul en établissant contre des incrédules de son temps la réalité de la résurrection de Christ. Et il ajoute: «Dont la plupart sont demeurés en vie jusqu'à présent» (Jean 20: 11-20; Luc 24: 13-43; Matthieu 28: 9, 10; 1 Corinthiens 15: 5-7). Paul écrivait aux Corinthiens environ 24 ans après l'ascension de Jésus, quoi de plus facile que de démentir son assertion si elle eût été fausse, puisque tant de témoins étaient encore vivants.

Les ennemis même de Christ en sont réduits à inventer une fable ridicule et impossible pour expliquer comment le corps de Jésus n'est plus dans le sépulcre. Ils font dire aux gardes ignorants et frappés de crainte que les disciples sont venus de nuit enlever le corps de leur Maître (Matthieu 28: 11-15). Mais comment ces disciples pusillanimes et sans courage, qui avaient abandonné Jésus au moment du danger, trouvent-ils tout à coup la hardiesse de venir affronter des gardes armés? Et si ceux-ci dormaient, comment le sommeil de tous eût-il pu être assez profond pour que le bruit d'une troupe d'hommes travaillant à desceller et déplacer une grande pierre, ne les eût pas réveillés? Non, les disciples n'ont pas enlevé le corps de Jésus, et s'il ne s'est plus trouvé dans le sépulcre, de l'aveu même des gardes, comment en est-il sorti? Jésus est ressuscité; voilà la seule explication, et ses disciples l'affirment: ils l'ont vu.

Les apôtres et les disciples ont-ils été trompés par des apparences? Furent-ils des hallucinés? Leurs désirs et leurs espérances quant à leur Maître furent-ils si vifs, qu'ils se sont figuré avoir vu Jésus ressuscité? Sans nous arrêter à l'objection qui se tire de ce que le corps de Jésus ne s'est plus trouvé dans le sépulcre, comment pouvons-nous supposer que les disciples se soient tous ensemble trompés, quand nous pensons à leur incrédulité première qu'ils avouent si franchement, et qui ne se dissipe que devant des preuves palpables? Considérons leur nombre. Que dirons-nous de cinq cents hallucinés en même temps, tous s'accordant à dire, à affirmer qu'ils ont vu ce qu'ils n'ont pas vu, entendu ce qu'ils n'ont pas entendu? Ont-ils voulu tromper? Peut-on croire qu'un aussi grand nombre de personnes s'accordent pour maintenir une fausseté sans jamais se démentir, sans jamais varier dans leur témoignage, quels que soient ceux devant lesquels ils se trouvent et qui pouvaient si aisément les convaincre de mensonge? Qu'avaient-ils à attendre d'ailleurs? Quel intérêt trouvaient-ils à soutenir leurs affirmations? En le faisant, ils ne rencontraient que l'opprobre, la prison et la mort.

Une autre considération ne doit pas nous échapper. C'est le contraste que nous voyons dans leur conduite avant et après le fait dont ils affirment la réalité. Autant auparavant ils s'étaient montrés faibles, timides et lâches, autant maintenant ils déploient de courage et de fermeté. Une puissance nouvelle les a revêtus, et ces pêcheurs ignorants de la Galilée viennent hardiment jeter à la face des grands et des puissants de leur nation: «Vous avez mis à mort votre Messie; Dieu l'a ressuscité». Et ni menaces, ni coups, ni prison, ni la mort même, ne peuvent les arrêter. Comment expliquer ce fait extraordinaire? C'est que Christ est vraiment ressuscité et, comme ils le disent, du ciel où il est monté il coopère avec eux, après les avoir remplis de l'Esprit Saint. Si Christ n'est pas ressuscité, l'activité, le zèle, le dévouement infatigables de cette poignée d'hommes pauvres et ignorants sont inexplicables.

Et ce qui ne l'est pas moins, c'est que des multitudes qui pouvaient si aisément les convaincre d'imposture et qui n'avaient nul intérêt à admettre à la légère ce que les apôtres disaient et à les suivre, les croient et adhèrent à Christ ressuscité. Et cela ne se passe point dans des conventicules secrets, où des adeptes sont gagnés un à un; c'est au grand jour, dans les vastes parvis du temple, que Pierre fait entendre sa voix et proclame: «Dieu a ressuscité Christ, nous en sommes témoins», et que trois mille âmes, et plus tard cinq mille, sont converties à la nouvelle doctrine, et acceptent ce fait merveilleux: la résurrection d'un homme qui est le Fils de Dieu (Actes des Apôtres 2: 41; 4: 4). Leurs ennemis mêmes, en persécutant les apôtres et ceux qui ont cru, n'essaient pas de les convaincre de mensonge. Ils veulent par tous les moyens les forcer à se taire, mais jamais ne leur disent: «Vous prêchez une fausseté». Ce qui les met en peine est précisément que le grand thème des apôtres est la résurrection d'entre les morts par Jésus; mais ils n'osent dire que Christ n'est pas ressuscité. «Défendons avec menaces à ces hommes de parler davantage en ce nom». «Et ils les jetèrent dans la prison publique». «Et ils tiennent conseil pour les faire mourir» (Actes des Apôtres 4: 17; 5: 18, 33). C'est toute leur procédure contre ceux qui affirment à chaque fois la résurrection de Christ. Cela n'atteste-t-il pas la vérité du témoignage des apôtres? Oui, l'établissement du christianisme dans le monde par le moyen de ces faibles instruments et en dépit de toute l'opposition qu'ils rencontrent, démontre la réalité de la résurrection de Christ, et si Christ est ressuscité, il est donc le Fils de Dieu.

Un autre fait remarquable vient s'ajouter à notre démonstration. Voici, non plus un pêcheur de la Galilée, ni un publicain, mais un Juif d'une famille distinguée, citoyen romain par sa naissance, originaire d'une ville dont les écoles rivalisaient avec celles d'Athènes et d'Alexandrie. Jeune homme, dans ses études, il pouvait s'être familiarisé avec les poètes ou les philosophes du paganisme; comme Juif, il avait été élevé dans la connaissance de la religion de ses pères aux pieds de Gamaliel, l'un des plus célèbres docteurs juifs de cette époque. Plein de zèle et d'ardeur, il avançait dans le judaïsme, nous dit-il, «plus que plusieurs de son âge dans sa nation, étant le plus ardent zélateur des traditions de ses pères» (Galates 1: 14). Il faisait partie de la secte des pharisiens, la plus exacte et la plus rigide entre toutes celles qui divisaient les Juifs. Attaché à la loi de Moïse et aux traditions des anciens, fidèle observateur de toutes les cérémonies légales, il ne voyait dans les chrétiens que des novateurs qui voulaient renverser le judaïsme, et sa haine contre eux et Jésus de Nazareth ne connaissait pas de bornes. «J'avais cru», dit-il devant le roi Agrippa, «que je devais tout faire contre le nom de Jésus le Nazaréen», et «j'ai persécuté cette voie jusqu'à la mort»; approuvant ceux qui lapidaient le premier martyr chrétien, Etienne (Actes des Apôtres 26: 9, 10; 22: 4, 20). Et voilà tout d'un coup cet homme qui, reniant tout son passé, prêche dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu, ne veut plus connaître que lui, donne et dévoue sa vie entière à l'annoncer parmi les Juifs et les gentils, souffre les liens, les coups et la mort même, pour le nom de ce Jésus qu'il persécutait.

D'où vient ce changement si complet, cette métamorphose étonnante? Il nous le dit lui-même: Il a vu Jésus, Jésus ressuscité lui est apparu. Etait-ce un fanatique ignorant, Paul? Avait-il été le jouet d'une illusion? Etrange illusion que celle qui persiste durant toute une vie. Qu'avait-il à gagner en devenant disciple de Jésus de Nazareth? Il perdait tout: rang, position, honneurs, richesses, tout ce à quoi ses talents, sa science, ses dons supérieurs, pouvaient le faire aspirer, et il n'avait en échange que la haine des Juifs et du monde, et tout ce que cette haine pouvait inventer contre lui. Persécuté, traîné dans les prisons, lapidé, dans les travaux et les peines sans nombre, renvoyé de tribunal en tribunal, toujours dans les liens, jusqu'à ce qu'ayant comparu devant Néron, il reçoit la sentence de mort, ne devait-il pas regretter d'avoir abandonné le judaïsme, et perdu la vie tranquille qu'il aurait pu mener? Oui, s'il s'était trompé au début. Mais non; il avait vu Jésus ressuscité, et pour ce Jésus, «je ne fais», dit-il, «aucun cas de ma vie, pourvu que j'achève avec joie ma course et le service que j'ai reçu du Seigneur Jésus». Il a vu Jésus ressuscité, et il l'annonce avec hardiesse aux Juifs et aux Grecs, aux rois et aux gouverneurs, témoin irrécusable de ce grand fait de la résurrection de Christ.

Et maintenant, pour compléter, demandons-nous par quel miracle cette religion, dont les doctrines répugnent à tous les sentiments naturels et à la raison de l'homme, prêchée par une poignée d'hommes pour la très grande partie ignorants et faisant partie d'une nation méprisée par le reste du monde, persécutée dès son berceau, par quel miracle cette religion vole de victoire en victoire, et en moins de trente années, sans moyens apparents, remplit l'empire romain? C'est qu'elle est la religion de Christ ressuscité, d'une puissance qui a vaincu et qui défie la mort. Et voilà pourquoi, malgré toutes les attaques de ses adversaires et les fautes et même les crimes, hélas! de ses adhérents, elle a subsisté, subsiste et ne cesse de s'étendre. Si Christ n'est pas ressuscité, personne ne saurait expliquer l'établissement, la propagation rapide et la vitalité du christianisme.

On a voulu infirmer cet argument par l'exemple de l'établissement et de l'extension du mahométisme. Mais un peu de réflexion montre la futilité de l'objection. Non seulement la religion de Mahomet parle aux sens et flatte les passions, mais comment s'est-elle établie et propagée? Par le glaive. Le christianisme, au contraire, qui mortifie la chair, a vaincu malgré le glaive, a changé la face du monde et partagé son histoire en deux parties profondément distinctes.

Nous concluons donc que Christ est ressuscité. Le témoignage des apôtres et de ceux qui l'ont vu, celui de Paul, la réception de ce témoignage par les foules du temps des apôtres, le fait que jamais ce témoignage n'a été infirmé par les ennemis les plus acharnés, de Christ, au temps où il a été rendu, l'établissement et la propagation si rapide du christianisme fondé sur la résurrection, tout proclame cette grande vérité: Christ est ressuscité.

Christ est donc bien ce qu'il disait être et ce que les apôtres ont annoncé: le Fils de Dieu, le Fils du Dieu vivant, le Fils unique et éternel du Père. Mais quelles conséquences découlent de ce fait! Nous n'en signalerons qu'une seule, mais de la plus haute importance. Christ est le Fils de Dieu: ses paroles, toutes ses paroles sont donc la vérité, la vérité absolue, la vérité divine — il est lui-même la vérité. Il ne peut donc errer et il ne peut vouloir nous induire en erreur. Or que dit-il quant aux écrits de l'Ancien Testament, que sont-ils pour lui? C'est un point capital s'il en fût. Eh bien pour lui ces écrits sont les Ecritures, l'Ecriture par excellence, la parole de Dieu. C'est à leur autorité divine qu'il en appelle pour réduire Satan au silence, pour réfuter ses ennemis, pour instruire et affermir ses disciples, et, pour ces derniers, il le fait après comme avant sa résurrection. La parole écrite, contenue dans l'Ancien Testament, est pour le Fils de Dieu la règle suprême; «il est écrit» décide toute question. Et c'est tout le recueil de l'Ancien Testament tel que l'avaient les Juifs, qu'il reconnaît ainsi — la loi, les prophètes et les Psaumes. — Non seulement cela, mais il reconnaît l'Ancien Testament dans ses auteurs. Pour lui, le Pentateuque est de Moïse; tout le livre d'Esaïe est bien de ce prophète, de même que tout Daniel est de Daniel. Qui croirons-nous, le Fils de Dieu mettant son sceau sur l'authenticité divine des saints écrits et s'y soumettant lui-même, ou les docteurs modernes qui, au nom d'une «science faussement ainsi nommée», tendent à détruire en même temps la foi à l'authenticité et à l'inspiration de l'Ancien Testament, le maniant comme un livre d'homme?

On veut alléguer qu'en partant comme il l'a fait, Christ s'est accommodé aux idées courantes des Juifs. Est-il croyable que Celui qui est la vérité pût consacrer ainsi comme vrai ce qui est erroné? Non; pour le Fils de Dieu, quand il parle, il ne saurait y avoir d'accommodation. Ce serait rabaisser ses paroles au niveau de celles d'un homme.

Christ est le Fils de Dieu; qu'a-t-il promis à ses apôtres, à ces ignorants qui l'entouraient, lents de coeur à croire ce qui dépassait leurs étroites idées juives, gens grossiers, dont l'esprit ne pouvait s'élever aux vérités sublimes dont il les entretenait et qui bornaient leurs espérances à un trône et à un royaume terrestre? Il leur promet comme résultat de sa mort, de sa résurrection et de son exaltation au ciel, l'Esprit Saint qui les instruira, qui illuminera leur entendement et les introduira dans la connaissance et la réalisation des vérités célestes, et qui sera en eux une puissance à laquelle rien ne pourra résister. Quel autre que le Fils de Dieu pouvait faire une semblable promesse, disposer d'une telle puissance? L'a-t-il accomplie? Que les faits répondent. Les voilà, ces gens sans culture ou entichés de pensées charnelles, qui annoncent un royaume céleste que la foi doit saisir et où elle donne entrée; les voilà, ces ignorants, qui dévoilent les mystères des cieux, et devant ces impuissants tombent et s'inclinent les puissances de la terre. Ils sont revêtus de la puissance d'en haut non seulement pour faire des miracles dans le monde physique, mais pour accomplir le miracle des miracles, la conversion des âmes plongées dans les ténèbres et la dégradation du paganisme, aux choses pures, divines et célestes, que Christ est venu révéler. «Tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu'il a ressuscité d'entre les morts», est-il dit des Thessaloniciens. Et Paul était envoyé aux Juifs et aux nations «pour ouvrir leurs yeux, pour qu'ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu», et cela s'est accompli.

Mais ce n'est pas tout. Si la parole des apôtres était puissante par l'Esprit Saint pour accomplir de tels prodiges, que seront leurs écrits? Le Fils de Dieu qui ne peut mentir, dont toutes les paroles sont véritables, leur avait dit avant de les quitter: «L'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites». «Quand l'Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité… et vous annoncera les choses qui vont arriver… Il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera» (Jean 14: 26; 16: 13, 14). Ainsi, tout ce qu'ils enseignent relativement à Christ et à sa doctrine, tout ce qu'ils relatent de ses faits et de ses paroles, tout ce qu'ils prédisent, est garanti comme venant de Dieu par le Saint Esprit, — évangiles, épîtres et Apocalypse, se trouvent compris dans ces paroles de Jésus. Dira-t-on que les apôtres ont eu la garantie que ce qu'ils disaient était par le Saint Esprit, mais non ce qu'ils écrivaient, et qu'ils ont transmis de leur mieux, avec droiture et toute l'exactitude possible, les faits et les enseignements, mais que les uns et les autres ne sont pas à l'abri d'erreurs? Poser la question, c'est la résoudre. Il est aisé de voir que, dans ce cas, nous ne pourrions être conduits dans toute la vérité, et que l'incertitude et le doute seraient notre partage, que pour ce qui concerne nos plus chers intérêts, nous n'aurions aucune autorité à faire valoir, et que, tandis qu'à l'égard des Juifs on pourrait dire «il est écrit», nous chrétiens ne pourrions en appeler à nos Ecritures.

Le Fils de Dieu venu pour nous révéler la vérité quant à Dieu (Jean 1: 18), la vérité qui sauve, aurait-il voulu qu'elle ne nous parvînt qu'à travers le prisme changeant de la pensée humaine? Non; il a voulu que nous eussions pour notre foi une base certaine, pour y référer une autorité infaillible, et ainsi sa vérité aussi bien que son amour, nous garantit que les écrits du Nouveau Testament sont en entier la parole de Dieu, aussi bien que ceux de l'Ancien. Et quand nous disons la parole de Dieu, nous entendons aussi bien les paroles que les pensées. Pourrions-nous croire que Dieu eût donné aux apôtres une révélation parfaite de ses pensées, et qu'elle nous eût été communiquée imparfaitement? Grâces lui en soient rendues, il n'en est point ainsi, et l'apôtre Paul nous enseigne d'une manière bien simple que les paroles même étaient données de Dieu pour que la révélation de Dieu arrivât pure à ceux à qui les apôtres s'adressaient, verbalement ou par écrit. «Nous avons reçu l'Esprit de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu; desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit» (1 Corinthiens 2: 12, 13). Tout est donc garanti: les choses sont révélées de Dieu, et les paroles qui les expriment sont de lui aussi. Voilà pourquoi l'apôtre peut dire: «Nous ne falsifions point la parole de Dieu», et affirme que ce qu'il écrit est «le commandement du Seigneur», et que Pierre met les écrits de Paul au rang des autres Ecritures (2 Corinthiens 4: 2; 1 Corinthiens 14: 37; 2 Pierre 3: 15, 16).

Christ est donc le Fils de Dieu; il a été déclaré tel et par ses oeuvres et par sa résurrection d'entre les morts, fait attesté de la manière la plus évidente. La religion chrétienne, le christianisme est donc de Dieu, et Christ, le Fils de Dieu, nous garantit par ses paroles et ses promesses, la vérité, l'authenticité et la divine et entière inspiration des Ecritures sur lesquelles repose la foi, une autorité infaillible pour nous guider et à laquelle nous pouvons recourir. Il est la Parole vivante, la Parole qui est Dieu et qui est devenue chair, et il nous a donné la parole écrite pour que nous connaissions le Dieu qu'il est venu révéler, et aux croyants il accorde l'Esprit Saint pour les conduire en toute vérité par le moyen de cette parole, et leur en faire goûter tous les fruits de salut, de vie, de paix et de joie.

N'est-il pas digne de Dieu de nous avoir ainsi donné une révélation de lui-même dans son Fils, par sa parole infaillible et son Esprit?