«Nous avons vu le Seigneur»

Jean 20  -  ME 1892 page 161

 

Bien-aimés, nous trouvons dans les Ecritures cette parole: «Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ…» (1 Corinthiens 1: 9). Je désire, certes, que vous vous reposiez d'abord, et d'une manière parfaite, sur le grand fait que Dieu a agréé l'oeuvre accomplie par Christ, et que vos âmes demeurent dans cette précieuse vérité. Mais ensuite, ce qu'il nous faut, et ce a quoi je voudrais que nous nous appliquions, c'est de plus en plus à connaître l'adorable Personne qui a opéré cette oeuvre pour nous, et à réaliser la communion à laquelle nous avons été appelés.

En Romains 8 et en d'autres Ecritures, nous trouvons que nous sommes «enfants de Dieu», «fils et filles» du Seigneur Dieu Tout-puissant. Vous êtes-vous jamais arrêtés avec délices, mes bien-aimés, sur ces mots: «fils de Dieu», «enfants de Dieu?» Non pas fils des hommes, créatures qui peuvent périr; mais «fils» du Dieu, vivant, du Dieu saint, éternel, immuable! C'est quelque chose de trop grand pour que le coeur de l'homme le conçoive. Et si vous êtes fils de Dieu, vous êtes aussi «héritiers de Dieu» — rien de ce que Dieu a, qui ne soit votre héritage; et «cohéritiers de Christ» — vous partagez avec lui, votre Sauveur, ce glorieux privilège. Dans quelle relation intime avec lui, cela ne nous place-t-il point?

Si ces vérités avaient sur nos coeurs leur pleine influence, quelle vie serait la nôtre! Combien le monde nous apparaîtrait comme un pur néant! Nous aimerions, n'est-il pas vrai, que ceux qui nous entourent reconnussent la réalité de ce que nous professons être comme chrétiens? Mais pour que cela ait lieu, il nous faut marcher dans la conscience qu'au milieu des choses qui passent, nous possédons ce qui ne passe point, connaissant la vérité, alors que tout ce qui nous entoure n'est que mensonge, Que nous faut-il pour cela? La communion de Celui qui est la vérité; la vue par la foi de Celui qui, au-dessus de la terre et des choses visibles, reste éternellement le même dans son amour.

Le chapitre 20 de Jean ne nous parle pas de l'oeuvre du Seigneur Jésus, sauf en ce qui est impliqué dans le fait qu'il montre à ses disciples ses mains et son côté (verset 20). Mais nous y voyons beaucoup de choses touchant le Seigneur, et comment les affections des siens sont attirées vers lui. Bien-aimés, lorsque nous regardons en avant, vers l'apparition du «matin sans nuage», quelle en est pour nous la partie la plus brillante? N'est-ce pas de contempler Jésus, d'être à jamais les compagnons de l'Agneau, de le suivre partout où il ira? Ce chapitre nous montre que ce privilège commence dès ici-bas.

Mais venons-en plus particulièrement aux paroles que nous avons citées: «Nous avons vu Jésus». En Jean 16: 16, nous lisons: «Encore un peu de temps, et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m'en vais au Père». Les disciples trouvaient bien difficile de comprendre ces paroles: «Qu'est-ce que ceci qu'il nous dit: Encore un peu de temps et vous ne me verrez pas, et encore un peu de temps et vous me verrez, et: Parce que je m'en vais au Père?» Le Seigneur leur explique alors ce qui résulterait du fait qu'il s'en allait au Père. D'abord son départ les remplirait de tristesse, mais ensuite la joie de le revoir effacerait jusqu'au souvenir de cette tristesse; ils le retrouveraient pour ne plus le perdre, et ils pourraient adresser leurs demandes avec liberté au Père, au nom de Jésus.

Bien-aimés, c'est aujourd'hui tout spécialement le temps de prier au nom de Jésus, et le temps pour le Seigneur de nous répondre — le temps de recevoir de lui plénitude de joie — de voir Jésus de nouveau — d'avoir communion avec lui. Il n'est pas question ici de pardon des péchés. Ce par quoi nous avons la rémission des péchés, c'est la croix de Jésus, c'est sa mort. Mais il a dit: «Je vous reverrai, et votre coeur se réjouira; et personne ne vous ôte votre joie». Il y a certes de la joie, et une grande joie, dans la connaissance du pardon de Dieu par l'aspersion du sang de Jésus, mais il y a quelque chose de plus, une joie qui nous est propre au milieu de tous nos troubles et de nos perplexités, une joie ineffable causée par la réalisation de la présence du Seigneur

Considérons encore un verset en Jean 14: «Je ne vous laisserai pas orphelins; je viens à vous» (verset 18). Le Seigneur allait passer tout à fait hors de ce monde; mais à ce moment où il dit: «Le monde ne me verra plus», il ajoute: Mais vous, vous me verrez». Quelle parole! Ce n'est plus la vue avec nos pauvres yeux mortels; c'est la vue dans la puissance de l'Esprit — vue plus réelle que si c'était dans notre corps, vue qui nous découvre sa beauté. Ah! bien-aimés, nous devrions — et c'est notre privilège — passer les jours de notre pèlerinage dans une constante communion avec Jésus, ses compagnons de chaque instant. Et comment cela? Le Seigneur répond lui-même: «Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père, et je l'aimerai, et je me manifesterai à lui» (Jean 14: 21). Ai-je besoin de dire que ce que ces paroles expriment est vrai de nous maintenant par le Saint Esprit? «Jude, (non pas l'Iscariote) lui dit: Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous, et non pas au monde?» Jude pensait à une manifestation extérieure, et glorieuse qui ne pourrait que frapper les yeux du monde. Le Seigneur, en répondant, nous apprend la nature spirituelle de cette manifestation, et nous apprend en même temps qu'elle ne se borne pas aux disciples d'alors, mais que nous pouvons en avoir la jouissance et à quelle condition: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (versets 22, 23). C'est ainsi que Jésus se manifeste et que l'on voit Jésus. Le coeur n'est jamais satisfait — il y a en lui un vide que rien ne peut remplir — sauf la présence de Jésus.

Considérez les mystérieuses manifestations du Seigneur aux siens dans les quarante jours qui précédèrent son élévation dans la gloire. Elles sont très diverses et variées, et étaient destinées, je le pense, à décrire la manière dont, durant son absence, il se manifesterait selon les divers besoins de ses bien-aimés. Marie de Magdala était dans une condition d'âme particulière — les disciples réunis dans la chambre dont les portes étaient fermées, étaient dans une autre condition — et Thomas dans une troisième; mais le Seigneur vient à eux dans chaque condition, et y répond, et les satisfait par sa présence.

Il y a, bien-aimés, une chose telle que savoir que le Seigneur est avec nous, de sorte que cette parole soit réalisée pour nous: «Personne ne vous ôte votre joie». Le Seigneur avait été retiré d'avec ses disciples. Marie pleurait à son sépulcre. Les deux disciples étaient tristes en allant à Emmaüs. Toutes leurs pensées étaient: le Seigneur n'est plus avec nous, Leurs cœurs et leurs espérances s'étaient attachés à sa Personne; ils avaient été attirés par sa grâce; ils le reconnaissaient comme le Fils de Dieu. Tout ce qu'ils attendaient et espéraient, était avec lui et dépendait de lui. Et maintenant tout était fini et ruiné, leurs coeurs étaient brisés et découragés: leur Seigneur, qui était leur joie, leur espérance, leur tout, avait disparu, n'était plus avec eux. En même temps, le grand jour de la fête solennelle de Pâque se célébrait à Jérusalem, tandis que Jésus était dans sa tombe — frappante image d'une religion sans vie! «Vous pleurerez et vous vous lamenterez», avait dit le Seigneur, «et le monde se réjouira».

Le «peu de temps» dont Jésus avait parlé, étant passé, leur tristesse est «changée en joie». Il revient pour être leur compagnon à jamais. Il ne les laissera plus. Si, par la pensée, vous entrez, bien-aimés, dans les circonstances et la tristesse des disciples ayant perdu leur Seigneur, et que par là vous mesuriez ensuite leur joie de le revoir, vous apprendrez quelle devrait être votre joie consciente et constante de l'avoir maintenant avec vous, vous accompagnant en tout lieu et sans cesse. Des épreuves et des adversités de toutes sortes peuvent fondre sur vous, mais la parole immuable est: «Je ne vous laisserai point orphelins; je viens à vous».

Remarquez ensuite, qu'outre la précieuse vérité dont votre foi jouit, savoir que Jésus par l'Esprit demeure en vous individuellement, il y a une autre vérité également importante; c'est que Jésus est au milieu de vous quand vous êtes rassemblés en son nom, selon la promesse qu'il a faite: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux». Lorsque nous sommes ainsi réunis, nous pouvons nous attendre à ce que le Seigneur soit au milieu de nous. Et si nous avons besoin d'un commentaire sur ce passage, nous le trouvons dans le chapitre même qui nous occupe. Qu'est ce qui avait amené les disciples ensemble dans cette chambre, dont les portes étaient fermée par crainte des Juifs? C'était, sans doute, le sentiment que tout leur avait manqué en perdant Jésus, mais c'était aussi leur commun amour pour lui. Celui qu'ils aimaient n'était plus avec eux, mais ils venaient s'entretenir ensemble de lui. Que ce fût dans l'attente de le rencontrer réellement ressuscité ou non, c'était en tout cas le nom de Jésus qui les avait réunis.

N'est-ce pas aussi le nom de Jésus qui nous rassemble? Assurément, quel autre pourrait-il y avoir? Mais prenons garde, bien-aimés, car l'Esprit Saint peut être attristé. S'il est vrai que le Seigneur est au milieu de nous, et si nous venons ensemble, nous attendant à sa présence, il faut aussi que, ayant eu le sentiment de cette présence, soit en joie, soit en puissance pour sonder nos coeurs, nous puissions dire en réalité. «Nous avons vu le Seigneur».

Qu'attendait, que voulait Marie de Magdala? Au milieu de beaucoup d'ignorance et d'obscurité, le Seigneur était l'objet de son âme. Elle aimait mieux l'avoir même mort, que de ne l'avoir point du tout. Elle pleurait à son tombeau, mais ce n'était pas parce qu'elle avait des doutes quant au pardon de ses péchés; non, mais parce qu'elle n'avait pas son Seigneur. Ah! chers amis, si vous ne savez pas ce que c'est que la présence du Seigneur réalisée dans vos âmes, pleurez à cause de cela! Pleurez de ce que vous ne connaissez pas la communion habituelle avec Jésus, et demandez qu'il dégage votre coeur de ce qui l'entrave, afin que vous la connaissiez et en jouissiez.

Mes bien-aimés frères, connaissez-vous et réalisez-vous la présence du Seigneur dans vos assemblées? La connaissez-vous quand deux à deux vous marchez et vous entretenez ensemble? Et par-dessus tout, la connaissez-vous dans le secret de vos coeurs? Que ce soit votre incrédulité, ou votre orgueil, ou quelque autre chose qui fasse obstacle, c'est une raison pour répandre votre âme en larmes devant le Seigneur. Vous êtes lavés, vous êtes purifiés, vous êtes justifiés, mais si vous n'avez pas ce qui est le grand privilège d'un pécheur pardonné, c'est-à-dire — la jouissance consciente de la présence, de la société de Jésus — ah! pleurez à cause de cela.

Si vous vous réunissez sans être capables après cela de dire à ceux qui étaient dehors, à la maison, ou absents comme Thomas: «Nous avons vu le Seigneur», pleurez à cause de cela. Quelle perte n'avez-vous pas faite! Et il en devrait être de même dans vos entretiens ou quand vous êtes seuls. Est-il rien de plus précieux que ceci: l'Esprit nous révélant Christ, nous le dévoilant pour le délice de nos coeurs, nous mettant ainsi en état de dire: «Nous avons vu le Seigneur?» Ces paroles: «Je ne vous laisserai point orphelins; je viens à vous», et celles-ci: «Nous viendrons et nous ferons notre demeure chez lui», seraient-elles donc sans réalité? Oh! qu'il n'en soit pas ainsi, mais au contraire, que cette présence de Jésus soit si réelle que, si quelqu'un vous demandait de quoi vous avez joui dans vos réunions, vous puissiez dire: «Le Seigneur a été au milieu de nous; nous avons vu le Seigneur, et nos coeurs ont été remplis de joie».

Veuille le Seigneur nous accorder la grâce de réaliser maintenant cette grande vérité et cette précieuse promesse, Christ en nous et Christ au milieu de nous, jusqu'au moment où nous verrons le Seigneur face à face dans la gloire!