Le voeu de Paul dans les liens

Actes des Apôtres 26  -  ME 1892 page 251

 

C'est une grande chose, chers amis, de pouvoir dire comme Paul à Agrippa: «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'entendent aujourd'hui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens».

Voilà ce que l'apôtre était capable de dire du fond de son coeur à ceux qui l'entouraient. A Agrippa qui lui disait: «Tu me persuaderas bientôt d'être chrétien», il aurait pu répondre: «Plût à Dieu que tu le fusses». Ces paroles auraient été bonnes et selon la charité, mais elles ne nous auraient pas fait connaître un état tel que l'exprime la réponse de l'apôtre, dont le coeur rempli de bonheur déborde dans ce voeu plein d'amour. Un coeur heureux se montre tel tout naturellement.

L'apôtre était pressé de dire ce qu'il connaissait; c'est-à-dire d'exprimer ce qui se passait dans un coeur qui jouissait de sa position en Dieu. Son âme était si heureuse qu'il pouvait désirer pour les autres ce qu'il avait conscience de posséder lui-même. La joie est toujours pleine de bienveillance; la joie divine, pleine d'amour. Mais il y a plus: ce voeu de l'apôtre dépeint l'état de son âme, quelles que fussent les circonstances.

Malgré sa captivité, qui avait déjà duré plus de deux années, son coeur était parfaitement heureux. C'était un bonheur dont il pouvait rendre raison, et tout ce qu'il souhaitait était que ceux qui l'entendaient, même le roi, fassent tels que lui, hormis ses liens.

Tel est l'effet du merveilleux et étrange bonheur produit dans une âme qui a reçu pleinement le christianisme. Elle possède une félicité qui, en principe, ne laisse rien à désirer, et qui est toujours accompagnée de cette énergie d'amour qui s'exprime par le voeu que les autres soient tels qu'elle-même. Nous voyons de plus ici que c'est un bonheur entièrement indépendant des circonstances extérieures: c'est une source de joie qui jaillit dans l'âme. La position extérieure tout entière de l'apôtre n'était guère faite pour produire la joie. Depuis longtemps il était préparé à rencontrer les liens et les tribulations; mais rien ne l'émouvait, et il ne faisait aucun cas de sa vie, ni ne la tenait pour précieuse, pourvu qu'il achevât avec joie sa course et le service qu'il avait reçu du Seigneur pour rendre témoignage à l'évangile de la grâce de Dieu (voyez Actes des Apôtres 20).

Paul avait été saisi et conduit dans la forteresse de Jérusalem à cause de la violence du peuple qui voulait attenter à sa vie. Depuis il avait été traîné de tribunal en tribunal. Il avait langui deux ans en prison à Césarée, et enfin s'était trouvé forcé d'en appeler à César. Pour résumer son histoire, il était un homme que l'on aurait pu supposer usé, accablé comme il l'était et pressé de tous côtés par tout ce qui est de nature à briser le coeur et abattre le courage. Mais rien de cela n'apparaît quand il est devant Agrippa. Il parle de ce qu'il était venu faire à Jérusalem et non de ses souffrances. Au milieu de tout ce qui lui arrivait, il s'appliquait, comme il le dit lui-même, à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Toutes les difficultés à travers lesquelles il passait, étaient sans effet sur lui, et n'atteignaient pas son coeur; il était heureux dans son âme; il ne désirait rien sinon ce bonheur pour lui-même et pour les autres, et il est certes bien remarquable le bonheur qui remplit d'une aussi parfaite satisfaction. Il était lié de chaînes, c'est vrai; mais le fer de ses chaînes n'atteignait pas son coeur: l'affranchi de Dieu ne peut être lié de chaînes. Et il ne désirait rien, pour les autres comme pour lui-même, que ce complet affranchissement par le Seigneur. Tout ce qu'il désirait était que tous fussent de toutes manières tels que lui, à la réserve de ses liens.

Examinons ce qui donne ce bonheur, cette tranquillité d'âme, qui ne laisse rien à désirer. Tant qu'il y a en nous quelque désir, nous pouvons avoir de la joie jusqu'à un certain point, mais non pas la paix. Chez Paul, on voyait un bonheur parfait, et, dans ce bonheur, un libre et ardent amour. Il n'avait pas encore atteint la perfection, comme il le dit lui-même: «Je ne pense pas moi-même l'avoir saisi», mais il y avait en lui le bonheur et l'amour. La félicité qui remplissait son coeur était parfaite. Devant «les rois et les gouverneurs», environnés de toute la pompe qui s'attachait à leur rang, il désirait qu'ils fussent tels que lui. Et si puissant était son témoignage, qu'Agrippa était contraint de dire: «Tu me persuaderas bientôt d'être chrétien».

Parmi ceux qui m'écoutent peuvent se trouver des personnes qui passent par des circonstances pénibles et dont le coeur est angoissé. Eh bien, Paul était dans une position à être «de tous les hommes le plus misérable», car non seulement il souffrait, mais il était arrêté dans son oeuvre. Il ne pouvait pas s'occuper de ce qui concernait le cher troupeau du Seigneur; tout ce qu'il aurait pu chercher de satisfaction de ce côté lui était fermé. Mais bien que, à vues humaines, il eût de bonnes raisons de se plaindre, on le voit ici le modèle de l'homme heureux. Ce dont il jouissait était hors de l'atteinte des circonstances extérieures; ce n'est pas d'elles que dépendait son bonheur.

Il y a des personnes qui s'imaginent que si elles se trouvaient dans telles ou telles circonstances, elles seraient heureuses. Mais ce n'est pas ce qui donnait à Paul le bonheur, qu'il possédait: tout semblait lui être contraire. Dieu seul était la source d'où il le tirait. Nous pouvons avoir des peines, mais elles ne sauraient troubler le bonheur dont nous parlons; et nous avons besoin, chers amis, de ce bonheur bien fondé, car si nous connaissions les circonstances de la vie, soit des riches, soit des pauvres, nous verrions que nulle part la douleur ne manque. Mais, revenant aux relations avec Dieu, nous allons voir la source d'où Paul tirait son bonheur.

Il ne le possédait pas avant sa conversion. Les privilèges dont il jouissait comme Juif, ne pouvaient pas le lui donner. Comme homme, il avait une bonne conscience, mais mal éclairée: il pensait en lui-même «qu'il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen» (versets 9, 10). La conscience est très souvent faussée par l'éducation, et c'était le cas de Paul. Il suivait ses directions et obéissait à ses ordres, et par là même, il s'opposait de toutes ses forces à Christ. Il faisait consciencieusement ce qui était la plus grande iniquité possible. Quant au reste, il était bien instruit dans la religion de ses pères, pharisien, dit-il, «selon la secte la plus exacte de notre culte», très actif, et distingué par son zèle. Il avait été instruit aux pieds de Gamaliel; il avait été dirigé par les principaux sacrificateurs (verset 12), et en guerre ouverte contre le Seigneur Jésus (versets 14, 15). Avec toute notre conscience, notre religion, notre science, et l'approbation des docteurs de ce siècle, nous pouvons être en guerre ouverte avec le Seigneur.

La jouissance de tous ces avantages ne nous empêche pas d'avoir fait complètement banqueroute devant Dieu, et rien n'est douloureux et terrible comme une telle position. Elle l'est d'autant plus que les choses que nous avions estimées à un si haut degré, non seulement ne nous soutiennent plus, mais se trouvent avoir été des instruments pour aveugler nos âmes. Bien que l'apôtre eût une bonne conscience, fût pieux et dirigé par des hommes estimés sages, tous ces avantages n'avaient servi qu'à le mettre en opposition ouverte contre Dieu. On peut se vanter, se glorifier et dire, comme plusieurs: «Personne ne peut rien dire contre moi», et finalement on découvre que tout cela a conduit seulement à faire la guerre au Seigneur.

La chair a sa religion, aussi bien que ses convoitises; elle fait tout ce qu'elle peut pour empêcher la conscience de rencontrer Dieu. Lorsque Paul agissait dans la chair, il était satisfait de lui-même; avec l'aide du bien qu'il accomplissait, il réglait son affaire avec sa conscience. La religion que la chair emploie est mise dans la balance pour parfaire le poids. Si la conscience dit: «Tu n'as pas été tout à fait ce que tu aurais dû être», la religion apporte certaines formes, certaines cérémonies, que la chair peut accomplir, met le tout dans la balance, tranquillise ainsi, et on en reste là. Ce n'est pas la foi, car la foi amène près de Dieu. Devant Dieu la religion ne sert à rien. Devant Dieu la conscience est convaincue de péché, et l'on est trop occupé du jugement de Dieu à l'égard du péché pour penser à sa religion, ou plutôt on n'en a point à apporter à Dieu. Il n'y a pas une personne ici qui, si elle était en la présence de Dieu, pourrait penser à sa religion. La piété mondaine ne sert que quand on n'en a pas besoin. Lorsque nous en aurions besoin, soit devant la justice de Dieu, ou parce que notre coeur est brisé, elle est réduite à néant. Elle n'a servi que comme moyen de nous détourner du sentiment de nos besoins comme pécheurs, sentiment qui, par la grâce qui l'a produit, nous aurait conduit au vrai remède, à ce qui nous aurait rendu un vrai service au moment nécessaire.

Qu'est-ce qui rendit Paul heureux? Ce fut sans doute la vérité, mais non pas immédiatement, car il trouva d'abord qu'il avait fait la guerre à Dieu, quand le Seigneur le rencontra sur le chemin de Damas. Jusqu'alors, il avait été satisfait, mais c'en était fait maintenant de sa propre satisfaction. Le Seigneur Jésus lui apparaît en gloire, et le convainc de péché. Il reste trois jours sans manger ni boire, bouleversé par cette rencontre avec le Seigneur, et certes à ce moment il n'aurait pas pu dire: «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'entendent aujourd'hui, vous devinssiez tels que je suis».

Le Seigneur l'envoie à Damas pour entendre la parole de la vérité, et après trois jours de souffrances produites par la conviction que ce Jésus contre qui il avait combattu avec tant de fureur, était le Seigneur, ce même Seigneur lui envoie Ananias. Nous voyons alors combien fut complète sa conversion. D'ennemi, il devient l'ami de Jésus et l'apôtre de la grâce. C'est ainsi que Dieu opère: d'un Saul persécuteur, il fait un Paul, témoin puissant de l'amour de Jésus.

Paul avait été consciencieux et plein de zèle pour la religion de ses pères; mais avec toute sa conscience et sa religion, un ennemi de Dieu. Il était le plus méchant, et, ainsi qu'il l'exprime lui-même, le «premier» des pécheurs. Et néanmoins voici qu'en trois jours il devient le plus remarquable apôtre de la grâce. Comment cela a-t-il eu lieu? Par un moyen très simple: il a appris à connaître Jésus. Il ne pouvait pas immédiatement manifester ce qu'il serait, car il avait été terrifié en voyant l'état de mort où il se trouvait, mais il avait entendu dans son coeur la voix de Jésus.

Juif ou gentil, c'est tout un, aussi longtemps que l'âme n'a pas été dépouillée, que la conscience n'est pas convaincue de péché, et que l'homme n'a pas compris que toute sa religion n'est qu'inimitié, contre Dieu. Cette conviction de péché n'est pas produite chez tous de la même manière; il y a des circonstances différentes, mais il faut toujours que l'âme soit mise à nu, et que Christ lui révèle ses relations avec les siens.

Il y a de pauvres chrétiens, tenus en nulle estime par ceux qui sont considérés dans le monde, et désignés par des noms injurieux; eh bien, le Seigneur révèle de la manière la plus claire et la plus positive, ses relations à lui, avec ces personnes méprisées et montrées au doigt à cause de leur foi. Ce que Jésus révèle à Paul, c'est que ces chrétiens sont entièrement identifiés avec lui-même. Le Seigneur dit: «Tous ces hommes que tu persécutes, c'est Moi». Paul voit la gloire: il est arrêté; sans nul doute, c'est le Seigneur. Mais ce Seigneur, c'est Jésus qui montre à Paul qu'en persécutant les chrétiens, c'est lui-même qu'il persécutait: «Je suis Jésus que tu persécutes».

Dans ces jours, comme maintenant, il y avait parmi les chrétiens des différences dans la patience, la foi et la piété; mais Jésus les porte tous sur son coeur. Il dit: «C'est moi-même». Il y eut donc une complète révolution en Paul, savant, religieux et persécuteur. Plus il y a de religion de la chair, plus l'on est ennemi de Jésus. Plus raffiné et beau est le dehors, plus je me montre honnête et brave, plus, dans la même mesure, je suis l'ennemi de Dieu et de la grâce de Jésus; tandis que celui qui se vautre dans le péché ne prétendra pas être ami de Dieu, pour être réconcilié avec lui.

Mais quant à ceux qui ont cru, Christ s'identifie avec eux. Ici, dans ce local, il y en a qui croient et d'autres qui ne sont pas croyants. Parmi les premiers, il se trouve sans doute plusieurs degrés de spiritualité, mais de tous je puis dire: «Ils sont un avec Jésus». Il est évident que cette simple vérité change tout dans l'état de l'âme — être un avec Celui qui est dans la gloire.

Plus tard, Paul fut ravi au troisième ciel, et reçut de précieuses révélations. Lorsqu'il fut arrêté sur la route de Damas, il avait encore beaucoup de progrès à faire, car il se croyait perdu, jusqu'à ce qu'Ananias lui eût expliqué et fait comprendre que Jésus voulait se servir de lui (Actes des Apôtres 22: 14). Il lui dit: «Le Dieu de nos pères t'a choisi d'avance pour connaître sa volonté, et pour voir le Juste, et entendre une voix de sa bouche; car tu lui seras témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues». Mais du moment que Paul eut vraiment connu le Seigneur Jésus, il fut un avec lui, et il le savait.

Quelles que fussent donc les circonstances où se trouvât Paul, soit à Jérusalem ou à Césarée, devant Festus ou César, il pouvait dire: «Plût à Dieu que vous fussiez tels que je suis, excepté ces liens», car il savait ce qu'il possédait en Christ. Il s'agissait de cette vérité: être un avec Christ. Sans doute, Paul avait encore beaucoup à apprendre du Seigneur après l'avoir rencontré, mais malgré cela, il était un avec lui; il avait compris qu'en persécutant les chrétiens, les bien-aimés de Jésus, il persécutait Jésus. Plus près nous serons de Jésus, mieux nous comprendrons que celui qui touche ses frères, «touche la prunelle de son oeil».

Je dirai quelques mots de plus sur ce que nous sommes en Jésus. Tout en nous a été inimitié contre Dieu — notre religion, nos oeuvres, notre conduite entière, de sorte que, dans cet état, il était impossible de lui plaire. C'est triste, mais vrai. Paul l'admet: il n'estime plus ce qu'il avait pensé être un «gain»; au contraire, il le regarde comme «des ordures». Mais il comprend que, par la foi, tous sont faits un en Christ. La foi lui fait prendre sa place avec eux. Il ne demande pas s'il a la foi; il ne commence pas une discussion métaphysique pour savoir ce qu'est la foi; mais il devient un chrétien, parce qu'il croit que les chrétiens sont un avec le Seigneur. Et c'est la vie et la joie de nos âmes de comprendre que Christ ne nous a pas demandé si nous avons la foi, mais qu'il a dit: Je suis un avec toi.

Tout était péché dans ce monde. Il n'y avait plus aucun moyen d'entrer en relation avec Dieu, et il était nécessaire, pour que ces relations fussent rétablies, que Jésus vînt dans le monde pour accomplir la volonté de Dieu, et manifester aux hommes pécheurs le profond intérêt que Dieu leur portait. Mais alors je n'ai rien à faire que de considérer ce que Christ est pour moi; c'est là toute mon occupation. Je trouve en lui tout ce qui ôte entièrement ma méfiance, parce qu'il me connaît à fond. Il connaît mon péché mieux que je ne le connais, moi-même. En allant à lui, mon coeur est en liberté, parce qu'il sait tout, et qu'il est venu expressément pour cela. En lui, je trouve toute liberté, toute grâce et toute bonté.

De plus, sachant qu'il est Dieu, je le connais comme le Dieu Sauveur. Quelle révolution s'opère dans une âme qui sait qu'elle a à faire avec le Dieu qui ne peut se renier lui-même et qui est amour! Il est venu non pas seulement pour me soulager, mais, bien plus, pour me sauver. Et ce qui est précieux au delà de toute expression, c'est que, quand j'ai rencontré l'Homme Jésus, j'ai rencontré Dieu. Je suis un avec Christ, non sur la croix — là il a pris ma place — mais dans tous ses privilèges. Pécheur comme je le suis, il a pris ma cause en main, et s'est livré lui-même comme victime propitiatoire pour moi. Dieu ne peut plus me solliciter pour que je reçoive le salut, parce que je suis avec Christ dans le ciel; et si je me tourmente encore, c'est avec moi-même, car devant Dieu, je ne puis ressentir, aucun malaise.

Satan a fait tout ce qu'il pouvait; mais, cela montre seulement que son pouvoir est détruit pour toujours. Il ne reste rien qui puisse me troubler devant Dieu. Il y a en lui tout pour être la source de la vie et de la joie. Je trouve tout en Jésus, en qui «habite toute la plénitude de la déité corporellement». En lui, je trouve toute la grâce nécessaire pour mes besoins; il est ma force et ma justice.

A la justice de l'homme en a succédé une autre: c'est la justice de Dieu. Christ est devenu Chef sur toutes choses, et toute la gloire dans laquelle il se trouve est manifestée à la droite de Dieu, comme conséquence de l'expiation qui a été faite pour mon péché. Ainsi toute la plénitude a été manifestée, et Jésus glorifié a dit qu'il est un avec nous, et qu'il a envoyé son Saint Esprit pour nous le faire comprendre. Christ a dit de nous: «C'est moi». Et je n'ai qu'à considérer ce que Christ est, et à me réjouir aussi en cherchant à manifester ce qu'il est, puisqu'il a dit des siens: «C'est moi».

Le Saint Esprit est donné pour être, dans le coeur de ces pauvres êtres indignes, «le sceau et les arrhes de l'héritage». Lorsque quelqu'un a le Saint Esprit, n'est-il pas mal à l'aise avec lui-même? Bien au contraire; car alors nous sommes un avec Christ, qui nous considère comme «sa chair» et qui a soin de nous. Peut-être faudra-t-il qu'il la blesse un peu, mais il le fait, parce qu'il ne peut pas la négliger: c'est «sa chair». Et l'Esprit Saint nous fait sentir tout ce qui en nous ne saurait satisfaire Jésus comme étant un avec lui, son corps. Plus près nous serons de lui, plus nous sentirons ces choses. Nous sommes un avec Jésus, c'est un fait; mais afin de jouir pleinement de ce privilège, afin que notre coeur déborde de joie dans la conscience que nous, le possédons, il faut que le Saint Esprit ne soit pas attristé. Si le coeur de Paul n'avait pas été en liberté, il n'aurait pas pu dire: «Plût à Dieu que vous fussiez tels que je suis», bien que le fait d'être un avec Christ demeurât. Son intelligence en aurait reconnu la vérité, à part du péché; son coeur n'aurait pas pu le dire par le Saint Esprit. Mais s'il ne s'agit que de prison et de toutes sortes de tribulations, le Saint Esprit n'est pas écrasé par elles. Rien n'entravait Paul dans la jouissance de la grâce de Jésus. Il pouvait se dire heureux dans toutes les circonstances où il se trouvait et souhaiter à ceux qui l'entendaient: «Je voudrais que vous fussiez tous tels que moi».

Si les paroles d'Agrippa à Paul nous avaient été adressées, chers amis, quelle aurait été notre réponse? Peut-être aurions-nous dit: «Plût à Dieu que tu fusses chrétien»; mais aurions-nous pu dire: «Plût à Dieu que tu fusses tel que moi?», Les paroles de Paul montraient le bonheur intérieur dont il jouissait. Oh qu'heureux est l'homme qui peut parler ainsi! Et tous le peuvent en Christ, car c'est de tous que Christ a dit: «C'est moi». Mais si nous ne sommes pas près de Christ, dans l'état de Paul, nous ne sommes pas en liberté.

Hélas! il y a dans la vie d'un pauvre chrétien bien des choses qui obligent Christ à le châtier, et il y a une diversité de manifestations de son amour, mais cela ne change point cette vérité: il est un avec moi. Le chrétien voit en Dieu une bonté parfaite envers lui, et, comme pécheur, rien que grâce. Il y a en Christ la justice de Dieu, la vie de Dieu, la gloire de Dieu, et ce qui en Christ déclare au chrétien qu'il est un avec lui, et dit de lui: «C'est moi». Le chrétien a le Saint Esprit, afin qu'il puisse comprendre Christ et jouir de lui, et qu'il puisse connaître par ces «arrhes», que la communion et la félicité de Dieu sont à lui pour toujours, et selon la douceur de la paix qui le lui assure. Est-il donc étonnant que, rempli d'amour, il s'écrie: «Ah! plût à Dieu que ceux qui m'entendent fussent tels que je suis?»

Etre en la présence de Dieu détruit tout ce que nous avons mis pour empêcher la conscience de le sentir. Avec toute votre religion, voudriez-vous être nus devant Dieu, pour lequel n'existe aucun voile? Tout ce que nous plaçons devant nous pour nous empêcher de voir Dieu, soucis, plaisirs, religion, ne nous inspirent que dégoût quand, une fois, la conscience est réveillée.

Etes vous satisfaits de ce que vos consciences soient mises à nu devant Dieu? S'il en est ainsi, Christ peut vous dire: «Vous êtes un avec moi, et à cause de cela Dieu s'occupe de vous», comme de ceux dont il disait: «C'est moi, Jésus, que tu persécutes».

Que Dieu nous accorde la grâce, chers amis, de comprendre cette vérité si puissante et si bénie pour nos âmes.