Christ, la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu

1 Corinthiens 1: 24  -  ME 1892 page 328

 

1.

Dieu a voulu que la croix de Christ fût la pierre de touche de tous les sentiments et de toutes les pensées de l'homme. Tous ceux qui ne reconnaissent pas la puissance et la sagesse de Dieu dans la croix sont rejetés avec toutes leurs pensées. La sagesse de l'homme ne peut rien apprécier dans la croix. Tout ce qui est en l'homme ne fait que l'aveugler: il a besoin de la sagesse de Dieu. Or Dieu a manifesté sa sagesse, sa puissance et sa gloire dans la croix. Il les a revêtues, pour ainsi dire, de cette forme, pour confondre la sagesse de l'homme; afin de montrer que l'homme, par sa sagesse, ne peut les comprendre. La croix de Christ met à néant la sagesse humaine. Celle-ci raisonne pour essayer d'arriver à des conclusions, mais il ne s'agit pas de raisonnements pour obtenir le salut. Raisonner ne sert de rien à celui qui périt: il lui faut ce qui sauve.

Mais l'homme n'aime pas la croix, parce qu'elle lui découvre ce qu'est son coeur. Lorsqu'on voit qu'à la croix Dieu ne peut même épargner son propre Fils, quand celui-ci est fait péché pour nous, on a la mesure de ce qu'est le péché aux yeux de Dieu. Toute la justice de l'homme s'éclipse en présence de la croix et y est couverte de honte. Jamais la sagesse humaine ne sonde le coeur pour l'amener à se reconnaître pécheur; la croix le fait. Bien loin de se laisser juger par Dieu, la philosophie prétend juger Dieu, et la philosophie religieuse est la pire de toutes, car elle a la prétention de juger de ce que Dieu est. La foi, au contraire, amène l'homme devant Dieu comme juge, et en présence de la croix, comment s'endurcir et ne pas se reconnaître pêcheur? Comment la conscience ne jugerait-elle et ne condamnerait-elle pas le péché? Rien n'est plus humiliant, c'est vrai. Il n'est rien qui humilie plus la sagesse humaine que d'être obligé de recevoir le salut, d'en être redevable à un autre.

La sagesse humaine juge qu'il y a de certains plaisirs qu'elle nomme innocents. La croix de Christ est la pierre de touche de cette innocence. Quand Dieu a envoyé son Fils mourir sur la croix pour le péché, peut-on appeler innocentes les choses qui excitent les passions et les convoitises et qui satisfont la chair? La croix de Christ, voilà ce qui est précieux au coeur de Dieu. Que peut être en réalité une danse soi-disant innocente, au milieu du monde où Christ a été crucifié? On veut trouver le plaisir loin de la croix de Christ, et la gloire en dehors. Mais une fois que la conscience, est atteinte, elle juge de toutes ces choses comme Dieu en juge. Satan a inventé tous ces plaisirs pour éloigner les âmes de Dieu.

Mais peut-être tout cela ne vous concerne-t-il pas? Vous ne recherchez pas ces plaisirs; vous êtes justes — vous le pensez, du moins. Ah! c'est une dure écorce à percer que la propre justice. Les gens de mauvaise vie sont plus près du royaume des cieux que ceux qui se confient en eux-mêmes et s'appuient sur leur justice. Plus que d'autres, ils résistent à la croix de Christ. Comment la croix de Christ juge-t-elle un semblable état? Comme le plus éloigné de Dieu, parce que, dans cet état, on juge n'avoir pas un besoin absolu de Dieu et qu'on lui résiste davantage. Vous voulez bien accepter de Dieu un grain de miséricorde pour suppléer à ce qui vous manque, afin d'avoir de vous-mêmes une tout à fait bonne opinion. Vous êtes loin de Dieu — la croix le démontre.

Si vous avez besoin de la croix de Christ, d'où cela vient-il? N'avez-vous pas assez péché pour mériter la condamnation? La croix le déclare, mais la propre justice a l'effronterie de se tenir en présence de la croix, comme si l'homme n'en avait pas besoin. C'est là un péché beaucoup plus grand que de courir après le plaisir. Cette justice vient-elle d'un coeur qui pense à Dieu et qui suit le Seigneur Jésus? Non; c'est l'hypocrisie qui couvre un peu la grossièreté du péché et veut donner une bonne apparence au mauvais état de l'âme.

 

2.

Mais nous voyons en la croix, non seulement la sagesse, mais aussi la puissance de Dieu. La sagesse de Dieu juge toutes choses selon leur vrai état — la puissance de Dieu tire l'homme de la condition où il se trouve et le rend capable de vouloir et de faire autre chose que ce qui est dans sa propre volonté.

Un homme qui voit le bien et qui ne peut l'accomplir, ne manifeste pas la puissance de Dieu. Il peut faire des efforts pour arriver à avoir bonne opinion de lui-même, mais cela n'établit pas une relation entre lui et Dieu. Dieu nous a aimés quand nous étions dans notre état de péché, sans quoi son amour aurait été réservé à ceux qui peuvent faire quelque chose. Il justifie l'impie. Nous sommes les objets de l'amour de Christ, quand nous sommes parfaitement impuissants. Christ a eu compassion de nous, là où nous sommes. Dieu peut s'approcher de nous en amour, quoique nous soyons méchants et souillés; la croix nous le fait voir. Elle démontre la justice de Dieu, son horreur du péché, sa vérité, car il a dit que les gages du péché, c'est la mort.

La croix répond à tous les besoins de l'homme.

Combien nous avons besoin de la puissance de Dieu! Voilà un homme pêcheur, éloigné de Dieu; comment le ramener à Dieu? Une telle oeuvre est ce qui manifeste le plus la puissance de Dieu. Il s'agit pour cela de rétablir la confiance dans le coeur: rien n'est plus difficile. Eh bien, pour le faire, Dieu a donné son Fils. Dans ce don, je vois que Dieu a pris en considération ma misère et a fait tout ce qu'il fallait pour m'inspirer toute confiance et m'attirer à lui.

Une des choses les plus difficiles est d'amener une âme à la confession du mal qu'elle a commis et du mal qui est en elle. La philosophie humaine n'a pas cette puissance; mais la croix de Christ amène l'homme à reconnaître et à confesser ce qu'il est. Elle produit la vérité dans l'âme.

Si un homme a des passions violentes, comment arrivera-t-il à les dominer? Ses propres efforts le laissent impuissant. Mais du moment que la croix de Christ est connue, tout est complètement changé. Christ devient précieux à l'âme; les choses que l'on aimait, dans lesquelles on se complaisait, deviennent abominables à nos yeux, et nous aimons celles que nous haïssions.

Qui pourra faire qu'une mauvaise conscience devienne bonne? Cela dépasse toutes les ressources humaines. Plus la lumière divine brille en moi, plus apparaissent les taches et les souillures de mon âme. La puissance de Dieu par la croix donne seule une bonne conscience, parce que, tout en montrant l'état de péché dans lequel je me trouve, elle me montre aussi que tout est effacé. Elle change le coeur et donne une bonne conscience. Nous confessons d'un coeur vrai ce que nous sommes, et la paix avec Dieu est établie. Voilà comment la croix est la sagesse et la puissance de Dieu pour la conscience qui en a besoin. Cela n'exalte pas l'homme; non, mais cela donne à Dieu toute gloire.

Dieu nous montre ainsi par la croix ce qu'est l'homme et ce que Lui est. La croix est ainsi le remède, et l'unique remède à la condition de l'homme. L'oeuvre du salut a été accomplie en dehors de nous et pour nous; il ne nous reste qu'à l'accepter et à bénir Dieu pour ce qu'il a fait.