Je te guiderai de mon oeil

Psaumes 32: 8, 9   -   ME 1892 page 448

 

Trois bénédictions spéciales sont mentionnées dans les Psaumes.

Nous trouvons la première tout au début du livre: «Bienheureux l'homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s'assied pas au siège des moqueurs, mais qui a son plaisir en la loi de l'Eternel, et médite dans sa loi jour et nuit! Et il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d'eaux» (Psaumes 1). L'impie est mis ici en contraste avec Christ, l'Homme juste.

Au Psaume 119, nous faisons un pas de plus. Nous assistons à l'expérience de celui qui a erré et qui a été ramené dans le droit chemin (versets 67, 71, 176). Il est dit ici: «Bienheureux ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent dans la loi de l'Eternel». Celui dont il est parlé possède la Parole; sa confiance est en elle, il en fait ses délices, et cherche à être dirigé par elle; mais cette direction n'est pas encore aussi absolue que dans le Psaume qui nous occupe.

Le Psaume 32 nous présente deux grandes choses: la félicité du pécheur dont la transgression est pardonnée, et les dispensations de Dieu à son égard: «Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert! (Non pas celui qui n'a jamais transgressé, ni jamais péché). Bienheureux l'homme à qui l'Eternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a pas de fraude» (c'est-à-dire l'âme restaurée).

Il est important de remarquer le travail de l'Esprit de Dieu dans une âme qui ne se rend pas entièrement à la volonté du Seigneur: «Ta main», dit-elle, «s'est appesantie sur moi». Dieu veut l'amener à une soumission parfaite, à une pleine confession de son péché. «Quand je me suis tu, mes os ont dépéri, quand je rugissais tout le jour; car jour et nuit ta main s'appesantissait sur moi; ma vigueur s'est changée en une sécheresse d'été. Je t'ai fait connaître mon péché, et je n'ai pas couvert mon iniquité; j'ai dit: Je confesserai mes transgressions à l'Eternel; et toi, tu as pardonné l'iniquité de mon péché» (versets 3-5). L'homme sur lequel s'appesantit la main du Seigneur fait toujours ces expériences, jusqu'à ce qu'il ait reconnu le mal devant Dieu, et alors il trouve le pardon de son iniquité.

Il est très important pour nous de distinguer le gouvernement de Dieu, en pardon, envers nos âmes.

Jusqu'à ce qu'il y ait confession non seulement d'un péché, mais du péché, il ne peut y avoir de pardon. Lorsque David s'humilie devant Dieu, il ne confesse pas telle ou telle faute, mais il reconnaît la racine et le principe du péché. Il dit: «Voici, j'ai été enfanté dans l'iniquité, et dans le péché ma mère m'a conçu» (Psaumes 51: 5). De même lorsque, par l'oeuvre du Saint Esprit, nous reconnaissons la main de Dieu sur nous, nous découvrons devant lui la racine même de l'iniquité qui habite en nos coeurs. Alors, mais pas avant, il peut y avoir un vrai relèvement.

Les conséquences pratiques de ce fait sont beaucoup plus profondes qu'elles ne le paraissent à première vue. Délivrée de l'esclavage des choses qui entravaient ses relations avec Dieu, l'âme apprend à se confier en lui, au lieu de se confier aux choses qui avaient usurpé la place de Dieu. «C'est pourquoi tout homme pieux te priera au temps où l'on te trouve; certainement, en un déluge de grandes eaux, celles-ci ne l'atteindront pas. Tu es mon asile; tu me gardes de détresse, tu m'entoures des chants de triomphe de la délivrance» (versets 6, 7). Telle est désormais sa confiance.

Nous trouvons ensuite dans les versets 8, 9, ce qui fait plus particulièrement le sujet de ces pages: «Je t'instruirai, et je t'enseignerai le chemin où tu dois marcher; je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi. Ne soyez pas comme le cheval et comme le mulet, qui n'ont pas d'intelligence, dont l'ornement est la bride et le mors, pour les refréner quand ils ne veulent pas s'approcher de toi».

Nous ressemblons souvent, tant les uns que les autres, au cheval et au mulet. Pourquoi cela? Parce que nos coeurs n'ont par été labourés. Partout où la volonté de l'homme est en jeu, le Seigneur est obligé de s'occuper à nous tenir en bride, comme le cheval et le mulet. Mais si le coeur tout entier est en contact avec lui, il nous guide de son oeil. «La lampe du corps, c'est ton oeil; lorsque ton oeil est simple, ton corps tout entier aussi est plein de lumière; mais lorsqu'il est méchant, ton corps aussi est ténébreux. Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres. Si donc ton corps tout entier est plein de lumière, n'ayant aucune partie ténébreuse, il sera tout plein de lumière, comme quand la lampe t'éclaire de son éclat» (Luc 11: 34-36). Aussi longtemps que l'oeil n'est pas simple en quoi que ce soit, il ne peut y avoir de rapports intimes de coeur et d'affections avec Dieu. Il en résulte que notre volonté n'étant pas subjuguée, nous ne pouvons pas être conduits simplement par le Seigneur. Lorsque le coeur est dans un bon état, tout le corps est plein de lumière; la volonté de Dieu est alors facile à saisir. Ayant son oeil sur nous, il nous enseigne tout ce qu'il désire, et produit en nous «l'esprit de connaissance et de crainte de l'Eternel» (Esaïe 11: 2), des coeurs qui n'ont d'autre objet que la volonté de Dieu et sa gloire. Il en fût ainsi de Christ: «Voici, je viens; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles» (Psaumes 40: 7, 8; Hébreux 10: 7). S'il en est ainsi, le chemin peut être difficile, et les circonstances amères et douloureuses, mais nous y trouverons la joie d'obéir pour obéir. Et si cette joie existe, Dieu nous guidera de son oeil.

Si nous n'avons pas cette certitude d'être dirigés, nous devons chercher à l'avoir avant d'entreprendre quoi que ce soit, ou d'entrer dans quelque service spécial, et juger nos propres coeurs s'ils mettent une entrave à cette direction immédiate. Il peut arriver qu'ayant entrepris une chose, je rencontre des difficultés, alors, si je n'ai pas cette certitude, je commencerai à hésiter, me demandant si c'est ou non la volonté de Dieu. Il en résultera de la faiblesse et du découragement. Mais si, d'un autre côté, j'agis dans l'intelligence et la communion des pensées de Dieu, je serai «plus que vainqueur», quelque obstacle qui se présente (Romains 8: 37).

Or remarquez ceci: non seulement la puissance de la foi, agissant dans le chemin de la foi, transporte des montagnes, mais Dieu a des voies morales envers moi et ne permettra pas que je découvre son chemin, si je n'ai pas en moi un esprit d'obéissance. A quoi cela servirait-il? — à moins toutefois que Dieu ne travaillât à son propre déshonneur. «Si quelqu'un veut faire sa volonté, dit le Seigneur Jésus, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si moi je parle de par moi-même» (Jean 7: 17). Voilà précisément l'obéissance de la foi. Il faut que notre coeur soit dans les mêmes conditions d'obéissance que le coeur de Christ, lorsqu'il disait: «Voici, je viens! «L'apôtre parle aux Colossiens d'être «remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle» (Colossiens 1: 9). On trouve ici la promptitude d'intelligence dans la crainte du Seigneur, la condition propre de l'âme, quoique son état d'esprit soit nécessairement visible dans ses actes extérieurs, quand cette volonté lui est présentée. C'est ce que Paul expose plus loin: «Afin que vous marchiez d'une manière digne du Seigneur, pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne oeuvre, et croissant par la connaissance de Dieu».

Tel est donc l'heureux état de celui qui se laisse guider par l'oeil de Dieu. «J'ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas», dit notre Seigneur à ses disciples. «Ma viande est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre». Même lorsque nous n'avons pas d'intelligence, le Seigneur nous guide ou plutôt nous contrôle par des circonstances providentielles pour nous empêcher de nous égarer, et nous devrions être reconnaissants qu'il en soit ainsi. Mais alors, nous sommes comme le cheval et le mulet. Si votre volonté est soumise à la mienne, dit-il, «Je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi», mais si vous n'êtes pas soumis je vous retiendrai par le mors et la bride. Or c'est évidemment une chose toute différente de la première.

Que Dieu nous donne des coeurs désireux de connaître et de faire sa volonté. Alors nous serons moins préoccupés de savoir quelle peut être cette volonté, et davantage de la connaître et de la faire; alors aussi, nous aurons l'heureuse certitude d'être guidés de son oeil. Tout ce gouvernement de Dieu s'exerce envers ceux dont la transgression est pardonnée et dont le péché est couvert, envers ceux auxquels le Seigneur ne compte pas l'iniquité et dans l'esprit desquels il n'y a pas de fraude, qui sont entièrement dépendants de lui et qui sont certains de faire fausse route s'ils ne sont guidés par lui.

On peut être guidé avec ou sans connaissance. Notre heureux privilège est d'avoir la première de ces parts, mais il est possible qu'il nous faille la seconde pour nous humilier. En Christ, tout était exactement en accord avec Dieu. En un certain sens, il n'avait pas de caractère. Quand je le contemple, qu'est-ce que je vois? Une vie parfaite, sans manquement d'aucune sorte, une vie qui était la manifestation de l'obéissance. Il monte à Béthanie, juste au moment voulu, sans s'inquiéter des craintes de ses disciples. Il demeure ensuite deux jours entiers dans le lieu où il se trouvait, après avoir appris la maladie de Lazare (Jean 11). Il n'est là que pour tout accomplir à la gloire de Dieu. Parmi les hommes, autant d'individus, autant de caractères: l'un est doux et tendre, chez l'autre la fermeté et la décision prédominent. En Christ, nous ne trouvons aucune de ces inégalités. Chaque faculté de sa nature humaine obéit est l'instrument de l'impulsion que lui donne la volonté divine.

La vie divine doit être guidée quand elle est renfermée dans un vase qui a constamment besoin de discipline. Ainsi, même pour un apôtre, la défense de se rendre en Bithynie (Actes des Apôtres 16), n'était pas une direction de l'Esprit du caractère le plus élevé. Cela ressemblait plutôt au frein du cheval et du mulet, et c'était moins l'intelligence de la pensée de Dieu en communion avec lui.

Dans le chapitre 1er des Colossiens, versets 9-11, nous trouvons ce qui constitue la plus grande part des directions du Saint Esprit pour ceux qui sont en communion avec Dieu. Chaque saint individuellement est «rempli de la connaissance de sa volonté». Le Saint Esprit le conduit dans l'intelligence de la pensée divine, et l'occasion ne se présente pas même de prier pour l'obtenir. Je puis posséder de l'intelligence spirituelle sur tel ou tel point, sans en avoir fait un sujet de prières dans le moment présent; il se peut que je la doive à des prières antérieures. Souvent l'on est obligé de prier pour une chose, parce que l'on n'est pas en communion. Ma conscience peut être sérieusement exercée aujourd'hui sur un sujet qui, à cinq ans d'ici, ne fera plus pour moi l'ombre d'un doute. Quand Dieu se sert de nous, si nous avons perdu notre chemin, il peut mettre dans nos coeurs de prendre telle ou telle direction; dans ce cas, Dieu nous guide positivement. Mais cela suppose que nous marchons diligemment avec Dieu, et que nous sommes morts à nous-mêmes. Si nous marchons dans l'humilité, le Seigneur nous conduira. Je puis, par exemple, me trouver dans une ville où quelqu'un me dira: «Ne voulez-vous pas vous rendre dans telle ou telle localité?» Si je n'ai pas connaissance de la pensée de Dieu à cet égard, je devrai prier pour qu'il me guide; il va sans dire que cela suppose un homme qui ne marche pas dans la connaissance de la pensée de Dieu. Je puis avoir des motifs d'action qui me poussent de côté et d'autre et obscurcissent mon jugement spirituel. Lorsque les disciples disent à Jésus: «Tu y vas encore!» lui rappelant que les Juifs cherchaient tout à l'heure à le lapider, le Seigneur répond: «N'y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu'un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit la lumière de ce monde; mais si quelqu'un marche de nuit, il bronche, car la lumière n'est pas en lui». Ces paroles sont l'application du simple fait que, si je marche de nuit, je dois prendre garde aux pierres, de peur qu'elles ne me fassent trébucher. C'est aussi pourquoi Paul demande pour les Philippiens, que leur amour abonde de plus en plus en connaissance et en toute intelligence, pour qu'ils discernent les choses excellentes et qu'ils soient purs jusqu'au jour de Christ, sans broncher une seule fois, tout le long du chemin.

On parle souvent de la Providence comme d'un guide. Elle nous contrôle parfois, mais à proprement parler elle ne nous guide jamais. Elle dirige les choses. Si, ayant l'intention d'aller prêcher quelque part, j'arrive à la gare pour trouver le train déjà parti, Dieu a dirigé les choses qui me concernent, et je puis lui en être reconnaissant, mais je ne puis dire que le Seigneur m'ait guidé, car sans le départ du train, moi je serais parti; ma volonté était de partir. Tout ce que nous apprenons des directions de la Providence est très précieux, mais ce n'est pas être guidés par l'Esprit de Dieu, être guidés de son oeil, c'est plutôt comme le mors et la bride de Dieu. La Providence gouverne; elle ne guide pas.


Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier (Psaumes 119: 105).