Josué 5

ME 1893 page 245

 

Je trouve une différence suffisamment marquée entre l'effet du salut accompli pour nous par Christ, et ce qui nous rend propres à jouir des choses qui se trouvent dans le pays céleste. La rédemption d'Israël était complète à l'égard de Pharaon; elle était achevée pour toujours. C'est comme un peuple parfaitement racheté qu'Israël est introduit dans le désert. Il en est de même pour nous. Pour la traversée du désert, Christ nous est donné comme nuée, comme manne, comme eau du rocher, car il est lui-même tout ce qu'il nous faut. C'est un fruit de la pure grâce de Dieu. Il n'y a dans tout cela aucune question de combat, Dieu fournit le nécessaire: la nuée, la manne et l'eau s'y trouvent toujours; Christ est donné pour répondre à chacun de nos besoins et nous communiquer la force nécessaire pour la traversée du désert.

Si nous regardons à nous-mêmes, nous nous trouverons incapables de jouir des choses qui nous appartiennent. Il n'est plus question maintenant d'entrer dans le désert, mais d'entrer en Canaan. Le Jourdain doit être franchi. Chaque faute dont nous nous rendons coupables est commise en présence de l'ennemi de nos âmes; elle nous affaiblit et compromet notre jouissance. Le chrétien, en tant qu'agissant dans les lieux célestes, est en la présence de l'ennemi; s'il n'est pas fidèle, il sera incapable de jouir des promesses.

Nous devons traverser ce qui obstrue notre chemin, le Jourdain, c'est-à-dire la mort, mais nous trouvons là toute la puissance de la grâce, l'arche au milieu du fleuve. Christ a fait de la mort un passage, un chemin. La mort est à nous (1 Corinthiens 3: 22). Nous jouissons des promesses de Dieu en tant seulement que nous sommes morts à toutes les choses d'ici-bas. L'homme est tenu pour mort. La manne continue jusqu'au passage du Jourdain; c'est-à-dire que Christ est là pour nous donner la force d'aller en avant. Mais il y a autre chose: la jouissance des trésors qui nous appartiennent dans le ciel; et, à cette fin, nous devons être morts à toutes les choses d'ici-bas. Si aujourd'hui je ne réalise pas cette mort, je ne jouis pas des biens célestes. C'est une chose que de ne pas trouver en nous-mêmes l'activité de la chair et, comme étant dans le ciel, de manger du fruit du pays; c'en est une autre que de traverser le désert, ayant en Christ tout ce qu'il nous faut. Nous sommes appelés à la jouissance des lieux célestes, et pour la réaliser nous devons avoir traversé le Jourdain. C'est là que nous mangeons du fruit de la terre promise.

La première chose que fait Josué avant d'entrer dans la carrière des combats, est de circoncire Israël; ce qui signifie le dépouillement des péchés de la chair, c'est-à-dire de l'opprobre d'Egypte. Avant notre conversion, nous n'étions que charnels; c'est là l'opprobre d'Egypte, le seul fruit de ce pays-là. Les Israélites sont circoncis à Guilgal, ce qui est la destruction pratique de tout ce qui restait jusque-là de l'Egypte. Nous devons toujours revenir à Guilgal, toujours avoir notre camp établi là; le mal doit y être retranché.

Après cela, les Israélites célèbrent la Pâque dont nous ne trouvons aucune trace dans l'histoire du désert, alors qu'ils étaient incirconcis. Il ne peut y avoir de vraie communion avec ce que Christ a été, que pour un homme circoncis, quand le mal est ôté et que nous nous jugeons nous-mêmes. Pour pouvoir manger la Pâque, il faut que la circoncision ait eu lieu à Guilgal. Sans la circoncision, la sainteté est une chose terrible; mais avec elle, je jouis de la sainteté de Dieu en Christ. Le grain rôti représente Christ ressuscité, sans avoir vu la corruption. Nous en jouissons. Ce n'est pas seulement ce qui nous est nécessaire pendant que nous sommes dans le désert, c'est ce dont nous sommes nourris.

Soit pour le combat spirituel, soit pour la jouissance spirituelle, nous devons être morts au monde et au péché. Il doit y avoir pratiquement un dépouillement de la chair. Nous devons revenir à Guilgal, au jugement de la chair. Ces choses précèdent la manifestation du Chef des armées de l'Eternel, qui se présente pour la bataille. Quand la circoncision et la Pâque ont eu lieu, nous nous nourrissons de choses qui, sans elles, auraient été pour nous mort et condamnation (Genèse 17: 14; Exode 12: 48). Christ se présente pour nous conduire à la bataille. Comme Chef de l'armée de l'Eternel, il se présente dans la même sainteté que lorsqu'il disait à Moïse: «Je suis Celui qui suis». Quand il mène son peuple au combat et à la victoire, il est le Dieu de sainteté, comme au moment où il accomplissait notre rédemption. Cette sainteté se manifeste également dans la conduite de son peuple. A cause du péché de Hacan, il ne monte plus avec son peuple. Les difficultés ne peuvent subsister quand Dieu est là, et le peuple ne peut tenir devant ses ennemis si Dieu n'est pas là.

Pour jouir des choses célestes, il faut avoir traversé le Jourdain et Guilgal — la mort et le dépouillement de la chair. Là, nous mangeons du fruit du pays de Dieu. C'est un gain et une chose précieuse que de réaliser notre privilège d'en avoir fini avec le péché.

Ces deux choses sont vraies quant à la vie chrétienne: le désert et la lutte en Canaan. Pour être forts, nous devons être morts aux choses de la chair. Alors tout est à nous: Christ nous appartient, avec sa sainteté et sa résurrection. Nous avons le Seigneur lui-même, nous conduisant de triomphe en triomphe, et nous disant: «Ote tes sandales de tes pieds».

Dieu veuille nous donner la grâce d'apprécier la mort de Christ, de jouir du fruit du pays, de tout ce que nous avons en Jésus. Dans ce but, nous devons être morts, ayant un coeur circoncis, et revenant à Guilgal pour que nous possédions dans notre camp le Chef des armées de l'Eternel. Nous sommes faibles. Que dis-je? Faibles, quand Christ est notre force? Puissions-nous jouir des biens qui nous sont donnés dans notre Canaan céleste!