Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 51 – ME 1893 page 273. 1

Méditation de J.N.D. no 52 – ME 1893 page 287. 3

Méditation de J.N.D. no 53 – ME 1893 page 305. 4

Méditation de J.N.D. no 54 – ME 1893 page 309. 6

Méditation de J.N.D. no 55 – ME 1893 page 337. 7

Méditation de J.N.D. no 56 – ME 1893 page 347. 8

Méditation de J.N.D. no 57 – ME 1893 page 369. 10

Méditation de J.N.D. no 58 – ME 1893 page 391. 11

Méditation de J.N.D. no 59 – ME 1893 page 414. 13

Méditation de J.N.D. no 60 – ME 1893 page 432. 15

 

Méditation de J.N.D. no 51 – ME 1893 page 273

Genèse 18: 16-33

La destruction de Sodome est un type de ce qui arrivera au jour de la venue du Seigneur. On se conduisait comme si le monde devait durer, et c'est encore le grand péché du monde, ce qui signale l'incrédulité du coeur de l'homme. On fait tous les arrangements possibles, comme si le monde devait durer encore, et cependant, depuis la mort de Jésus, le monde ne peut compter sur un seul jour. Dieu attend que l'iniquité de la terre soit à son comble, qu'elle se manifeste ouvertement, avant d'exercer le jugement. Mais l'exécution de la sentence n'a point encore eu lieu; le coeur de l'homme s'adonne au mal et compte faire ce qu'il a toujours fait (2 Pierre 3). C'est là le principe de l'incrédulité; c'était le caractère du monde avant le déluge et celui de Sodome.

Au milieu de tout cela, Abraham, étranger et voyageur, est le type des fidèles séparés de coeur de toutes les choses d'ici-bas, le type aussi de l'Eglise qui n'a qu'un objet, le ciel (Hébreux 11). Il a vu de loin les choses promises et a fait profession d'être étranger et voyageur sur la terre. Aussi Dieu ne prend point à honte d'être appelé leur Dieu, mais il aurait honte d'appeler son peuple ceux qui auraient trouvé leur patrie ici-bas. Le fidèle fait aussi profession d'être étranger sur la terre. Abraham n'avait qu'un sépulcre dans le pays de Canaan. Comme il suivait Dieu fidèlement, Dieu prenait à lui un intérêt particulier; Abraham est appelé son ami. Abraham n'avait pas d'incertitude dans sa marche: il quitte Ur des Chaldéens; il n'hésite pas entre Ur et Canaan. La femme de Lot, elle, quitte Sodome de corps, non de coeur, et son jugement nous est rappelé par le Seigneur: «Souvenez-vous de la femme de Lot».

L'Eglise n'est pas dans un état que Dieu puisse reconnaître, si elle ne fait pas profession d'être étrangère ici-bas et en voyage pour le ciel.

Dieu communique à Abraham ses pensées comme à un ami; il lui annonce un fils et le Messie; il lui fait part de la chute imminente de Sodome; il se révèle à Abraham dans la plus grande intimité: il arrive devant sa tente, s'assied à sa table, converse avec lui, marche avec lui. Le Saint Esprit nous donne avec Dieu une intimité bien plus grande que celle d'Abraham. Il se peut que nous y ayons fait peu de progrès, mais c'est là notre privilège. Quoique cela ne soit pas visible, la réalité de cette intimité n'en est pas moins grande. Dieu est venu à nous en la personne de Jésus; ses conseils nous sont révélés dans la Parole et le Saint Esprit nous est donné. Ce qui nous manque, ce ne sont pas des relations, mais la foi simple et forte d'Abraham.

Abraham ne craint pas la présence de l'Eternel; cette sorte de crainte est l'effet de notre état de péché. Quand nous avons vu la gloire de Dieu en Jésus et que nous possédons la vie éternelle, la présence de Dieu nous devient très douce; elle est pour nous une source de force et de pleine confiance; elle nous rend heureux et produit dans nos coeurs une joie ineffable. Lorsqu'une âme est dans cette intimité avec Dieu, il lui communique ses pensées. «Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire?»

L'Eglise est séparée du monde; elle est amie de Dieu. Dieu lui communique ses pensées et lui confie ce qu'il va faire, non seulement pour elle, mais aussi au monde; il va juger les vivants et retrancher les méchants. Dieu montre envers Sodome, envers le monde, la plus grande patience. Si un homme avait à gouverner le monde, il ne pourrait en supporter l'ingratitude et l'iniquité pendant une heure.

Les anges se rendent à Sodome, mais Abraham se tient encore devant l'Eternel. C'est aussi la position de l'Eglise, de se tenir devant Dieu, afin d'apprendre ses desseins et de s'instruire de ses pensées. L'amour de Dieu pour elle lui est familier; elle a conscience de cet amour. Alors elle intercède pour le monde, espérant qu'il y a encore lieu à la grâce. Elle s'élève au-dessus des circonstances pour puiser la grâce en Dieu qui en est la source. Si je ne puis pas intercéder pour d'autres, c'est que le péché est plus fort que ma foi. Quand nous sommes près de Dieu, l'Esprit qui voit le péché, intercède en nous pour le pécheur.

Dieu fait plus que ce qu'Abraham demande. Il fait sortir Lot de Sodome et le sauve. Les anges ne pouvaient rien faire avant que Lot fût sorti. L'oeil de Dieu était sur lui. Quel bonheur de pouvoir compter sur l'amour de Dieu pour les justes!

L'intercession d'Abraham est persévérante. Nous ne savons pas, comme Dieu le sait, ce qu'il va faire, néanmoins nous pouvons intercéder avec foi. Abraham s'enhardit; sa confiance grandit; il connaît Dieu à la fin beaucoup mieux qu'au commencement. La paix de Dieu garde son coeur. Le fruit de tout cela est marqué dans le chapitre 19: 27, 28. Abraham, vient au lieu où il s'était tenu devant l'Eternel; il voit le jugement des méchants, mais il est loin de ce jugement. C'est là notre position; si nous sommes réellement célestes, c'est ainsi que nous voyons le jugement du monde.

Ce qui a placé Lot au milieu même du jugement, c'est son infidélité, sa convoitise pour le monde et ses attraits. Plus tard, il dresse ses tentes jusqu'à Sodome; enfin, on le trouve dans Sodome même, Lot est pour nous le type d'un chrétien mondain. Il est sauvé comme à travers le feu, tandis qu'Abraham est avec l'Eternel, converse avec lui, et considère le jugement dans la paix de Dieu.

Méditation de J.N.D. no 52 – ME 1893 page 287

Jean 2: 23 –3: 21

Comme jadis à Jérusalem, il y a de nos jours une profession à laquelle Jésus ne se fie pas. Elle est composée de personnes qui ont cru en son nom (2: 23), mais avec une foi qui n'est pas fondée sur la parole de Dieu. Plusieurs crurent à cause des miracles, sans qu'il y eût une action sur leur conscience. Ils reconnaissaient qu'un homme faisant de telles choses méritait la confiance. Mais la foi doit s'attacher à la Parole: Celui qui entend ma parole est passé de la mort à la vie. Il ne suffit pas de reconnaître Jésus pour un homme extraordinaire; c'est ainsi qu'on le reçoit de nos jours, et une telle conviction ne vient pas de l'effet de la parole de Dieu sur le coeur. Si c'est de la foi en quelqu'un, c'est la foi en la parole de l'homme.

Jésus savait ce qui était dans l'homme; aussi ne se fiait-il pas à ces impressions qui ne provenaient pas de la foi en la parole de Dieu. Il faut que le coeur reconnaisse, par cette Parole, Christ comme envoyé du Père; là est la vie éternelle, là est la vie de Christ.

Il n'y a dans l'homme, tel qu'il est, rien en quoi Dieu puisse se fier; Celui qui sonde les coeurs l'a dit; mais la parole de Dieu peut agir sur la conscience, c'est là que commence la vie. Tel est le cas de Nicodème, quoique les apparences fussent contre lui, car il n'osait pas ouvertement confesser Christ. Il ne vient pas en plein jour, mais de nuit; mais sa conscience était atteinte; il avait le sentiment que la vérité qu'il entrevoyait ne pouvait pas être acceptée du monde. Dès que le coeur est attiré vers Christ, il sent, vaguement encore peut-être, qu'il faut rompre avec le monde. Nicodème vient de nuit pour éviter les yeux du monde; la semence était encore toute faible et petite. Il vient demander à Jésus, non des miracles, mais de l'instruction; il avait soif de la parole de Christ. Mais quand il n'y a pas plus que cela, voyez l'effet pour un coeur qui reconnaît Christ comme l'envoyé de Dieu: il craint le monde; il a honte de Jésus, parce qu'il le voit tel qu'il est, tout à fait opposé au monde et possédant en outre des droits sur notre coeur.

Dieu veut mener Nicodème bien plus loin; il veut mettre devant ses yeux un Christ crucifié, méprisable, et voilà ce qui éprouve réellement le coeur.

Le Seigneur interrompt Nicodème: la chose essentielle n'est pas que je sois à tes yeux un docteur, mais que tu sois né de Dieu. Il faut que Dieu te communique une nouvelle vie, afin que tout en toi soit renouvelé. Le christianisme est la communication d'une vie qui n'existait pas auparavant dans l'homme. C'est le don de Dieu, la vie éternelle. Israël devait aussi naître de nouveau (Ezéchiel 37), et cela arrivera aux derniers jours. Nicodème, comme docteur en Israël, n'aurait pas dû l'ignorer. Israël avait manqué sous l'ancienne alliance; Dieu mettra la loi dans leurs coeurs.

Jésus enseigne donc à Nicodème qu'il lui faut la nouvelle naissance, — et de plus, que le Christ doit être rejeté. Il peut être connu par l'intelligence naturelle, mais dès qu'il condamne l'homme, ce dernier le rejette. «Ils ont haï et moi et mon Père». Lorsque la vérité de Christ est présentée, savoir qu'il n'y a pas un homme juste, et que Dieu ne peut se fier à ce qui est dans l'homme, Christ est haï et rejeté.

La croix est présentée au verset 15, d'une manière très différente du verset 16. Au verset 15, Christ a été rejeté comme homme. Il faut, vu l'état de l'homme, que le Fils de l'homme soit élevé, afin d'expier le péché et pour que l'homme puisse être reçu de Dieu. C'est une nécessité, mais cette vérité ne donne pas la paix. Le Fils de l'homme a pris notre place: c'est la première chose présentée dans la croix de Jésus, et c'est aussi là souvent que les chrétiens s'arrêtent.

Le verset 16 nous montre Jésus sur la croix comme Fils de Dieu: la preuve éternelle que Dieu m'a aimé dans mon état de péché, c'est qu'il a donné son Fils unique pour moi. Ce n'est plus seulement l'homme qui me représente devant Dieu, mais je vois que Dieu a donné pour moi son Fils. Comment le Fils de Dieu est-il sur la croix? Parce que Dieu a tant aimé des pécheurs, ses ennemis! La seule pensée de l'expiation ne donne pas une paix durable. Elle rappelle que Dieu est juge, et dès que les yeux de la foi s'obscurcissent tant soit peu, cette pensée trouble notre paix. Mais la vue de l'amour de Dieu pour le pécheur, avant même que l'expiation fût faite, est la source d'une joie inébranlable, d'une paix parfaite. Le Dieu qui exige une expiation est le Dieu qui juge; le Dieu de grâce est Celui qui a donné son Fils. C'est ce Dieu qui est amour; nos relations avec lui sont fondées sur cet amour. Il commence par nous montrer que nous ne pouvons nous fier à nous-mêmes et que lui ne peut se fier à nous, mais il finit par nous prouver que nous pouvons avoir en lui une pleine confiance. La pensée de mes péchés ne peut dans ce cas que hausser la mesure de l'amour de Dieu pour moi.

Méditation de J.N.D. no 53 – ME 1893 page 305

Tite 2: 11 – 3:15

La source d'où découlent les bonnes oeuvres (2: 14; 3: 8) est la connaissance de la grâce, la réception du témoignage rendu à la grâce. Mon coeur s'étant donné à Christ, le dévouement devient ma joie; il répond au désir de mon âme. Du moment où Celui que j'aime est présenté d'une manière vivante à mon coeur, je me sens porté à faire ce qui lui plaît.

Il y a beaucoup de mondanité dans le christianisme de ces jours-ci; c'est pourquoi l'on vit en paix avec le monde. Les chrétiens se montrent satisfaits du monde et ce dernier les laisse en repos. Satan persuade aux enfants de Dieu de ne pas se charger de la croix. La croix reste la croix; elle n'est pas agréable à porter et sera toujours un scandale au monde.

Le moyen de pousser les chrétiens aux bonnes oeuvres, est de leur présenter la grâce de Dieu. Au commencement d'un réveil, tout est amour; cela repousse le monde tout de suite. Il tient pour fous ou atteints d'une idée fixe ceux qui n'ont pas d'autre préoccupation que Christ, et qui disent que le monde ne vaut plus rien. Dans la suite, les circonstances changent: le monde a vu qu'il ne gagnerait rien par son opposition, car il ne peut empêcher le témoignage rendu par les chrétiens de s'adresser à la conscience. C'est alors qu'il cherche à corrompre ce qu'il ne peut détruire. Sous son influence, on rencontre des gens qui sont au mieux avec ceux qui professent le christianisme, sans avoir pour cela fait de Christ leur tout. Qu'arrive-t-il? c'est que le christianisme s'affaiblit, que l'homme prend de l'importance, qu'on parle des chrétiens plus que de Christ. Arrivé là, et dans le but de ramener les âmes à la vie, on commence à prêcher les bonnes oeuvres. Mais cela ne sert de rien, car ce sont les motifs pour faire le bien qui sont affaiblis dans les âmes.

Pour remédier à l'affaissement spirituel, il faut avant tout que Christ lui-même soit présent à nos âmes, qu'il soit notre idée fixe. Alors nous reprenons un discernement tout nouveau, les cas, douteux jusque-là, s'éclaircissent; le discernement découle des motifs qui agissent dans nos coeurs. Ce que nous n'aimons pas, ne nous attire pas. Il faut que Christ soit habituellement pour nous le moyen de juger de toutes choses.

«Dieu nous a sauvés, non sur le principe d'oeuvres accomplies en justice que nous eussions faites;» c'est là que commencent tous nos motifs pour plaire à Dieu; nous n'en avons point d'autres, que la connaissance de son amour qui nous a sauvés «selon sa propre miséricorde».

Autrefois, quand un païen ou un Juif était baptisé, il cessait d'être considéré comme Juif ou païen, mais il était tenu pour chrétien et en possédait tous les privilèges. Le «baptême de la régénération» transportait dans le royaume de Christ. Aujourd'hui que tout le monde s'appelle chrétien et que chacun est accepté comme tel, il faut tout d'abord demander s'il l'est réellement. Au commencement il n'en était point ainsi. Le baptême ou lavage de la régénération est la purification par le moyen de la régénération, sans doute aussi une vie nouvelle communiquée, mais en réalité le transfert dans le royaume du Christ avec tous les privilèges qui s'y rattachent.

A la suite de la vie vient le combat; celui qui n'a pas la vie n'a pas à combattre contre Satan. La force de Christ est avec nous par le Saint Esprit. Christ vit en nous et nous garde jusqu'à la fin. Dieu veille sur nous; les cheveux de nos têtes sont comptés, et Satan ne nous éprouve qu'avec la permission de Dieu. Je ne parle que de nos privilèges dans le combat, mais il y a de plus le privilège de l'espérance qui nous fait voir d'ici-bas la gloire à venir et réalise dans nos coeurs cette gloire qui nous est déjà donnée, quoique nous devions encore l'attendre.

Cette expression: «la régénération» est peu usitée dans la parole de Dieu; elle ne s'y applique pas à la communication de la vie, mais à la gloire de Christ, quand il aura rétabli toutes choses. Nous avons perdu cette idée, et nous appliquons seulement ce terme au moment où la vie commence.

Le «renouvellement du Saint Esprit» est autre chose que le baptême de la régénération. Le Saint Esprit agit toujours comme Dieu; il est la source d'une vie entièrement nouvelle, d'un être moral nouveau, avec des pensées et des désirs nouveaux; mais, en outre, il renouvelle chaque jour sa force en nous. Il communique au nouvel homme les choses de Christ. Il met en lui des pensées plus intelligentes et plus éclairées au sujet de Christ, qui produisent des désirs toujours plus grands de le connaître. Il nous fait abonder dans l'espérance.

Si ce renouvellement n'a pas lieu, la vie est là, sans doute, mais elle est en souffrance; un homme ne souffrirait pas, s'il n'était pas vivant. Pour être sain, il faut être nourri; il faut que le Saint Esprit agisse dans nos coeurs. Celui qui est pressé d'arriver au gîte ne s'occupe pas à cueillir des fleurs en chemin. L'homme pressé d'arriver dans la gloire ne trouve aucun plaisir à ce qu'il peut rencontrer en route de joli ou d'agréable.

La Parole, la Cène, la prière, sont entre les moyens que le Saint Esprit emploie pour nous renouveler.

Méditation de J.N.D. no 54 – ME 1893 page 309

Romains 8: 26-39

Ce chapitre nous montre l'état normal du chrétien: point de condamnation, point de séparation. Il y a cependant aussi de la tristesse pour nous, à nous trouver au milieu d'une création déchue; mais alors, d'une part le Saint Esprit devient un Esprit de supplications, intercédant par des soupirs inexprimables et, d'autre part, Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment. Les chrétiens sont présentés ici avec le caractère de «ceux qui aiment Dieu», parce que Dieu les a prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés.

Le chrétien déploie de l'activité, et cependant il a un repos parfait en Dieu. Si je me repose sur lui, je trouve que toutes les circonstances que je traverse, deviennent des moyens que Dieu emploie pour me faire du bien, car je sais que Dieu m'aime. L'apôtre se glorifie dans la certitude de ces choses.

Toutes les opérations de l'amour de Dieu sont présentées ici, sauf la sanctification. L'Esprit nous occupe de Dieu qui veut que nous soyons conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères; ce qui pour nous s'accomplira pleinement à la résurrection. C'est à Christ dans la gloire, que nous serons rendus conformes; «nous porterons l'image du céleste».

La sainteté, l'amour, la puissance de Dieu, ainsi que sa justice, se montrent pour nous en Christ. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» Dieu est pour nous. C'est le centre de toute notre confiance; c'est un repos que rien ne peut gâter. L'opposition, les outrages, les souffrances, le péché même, n'ont pas empêché Dieu d'être pour nous. Dieu est pour nous quant à nos péchés, car il nous justifie. Il n'a point épargné son propre Fils. Au lieu de se débarrasser des pécheurs, il s'est débarrassé des péchés en donnant son Fils. Satan et ma conscience m'accusent: Dieu me justifie. Satan accuse Joshua, Dieu le justifie: C'est, dit-il, «un tison que j'ai arraché du feu». Dieu lui-même est pour nous; c'est bien plus que d'être justifiés devant lui par le sang de Christ. Nous pouvons conclure et affirmer que Dieu sera pour nous dans toutes nos circonstances, dans tous nos besoins, quels qu'ils soient.

Christ est le fondement de cette assurance; il est mort, ressuscité, assis à la droite de Dieu. La mort est la preuve de l'amour de Christ pour moi; il est à la droite de Dieu, parce qu'il m'aime; son amour intercède pour moi. Nous n'avons pas à être en souci de quoi que ce soit; Dieu est pour nous. Est-il un détail de ce qui nous concerne, dans lequel il n'entre pas? La créature est faible; Dieu est tout puissant; il est pour nous. Quelque chose peut-il faire obstacle à la réalisation de ses desseins d'amour?

Cela m'attache à lui. L'amour de Dieu est entré en Christ jusque dans les détails de mes circonstances temporelles. Le but de Dieu, et qui explique tout ce qui nous arrive, est de nous rendre conformes à l'image de son Fils et de nous faire jouir avec lui de toute la gloire et de tout le bonheur dans lesquels il se trouve. Dieu est pour nous, ce n'est pas une vérité dont nous soyons froidement convaincus, mais une source de joie profonde et de confiance illimitée.

Méditation de J.N.D. no 55 – ME 1893 page 337

Jean 17

Le point capital de ce chapitre est la révélation du nom du Père, la connaissance, non pas de l'Eternel, mais du Père. Le résultat de l'oeuvre de Christ est de nous donner le droit d'être faits enfants de Dieu.

L'unité dont le Seigneur parle au verset 11, est celle des disciples dans ce monde, et non dans le ciel. Jésus la veut, pendant que lui est dans le ciel auprès de Dieu, et que les siens sont dans le monde. «Garde-les en ton nom, afin qu'ils soient un». C'est une unité entièrement divine: «Afin qu'ils soient un, comme nous sommes un;» un seul vase de la vie, des pensées, de la révélation du Père lui-même, comme Christ l'avait été. Ce n'est pas seulement communication, c'est union. Si, de fait, nous ne sommes pas un, c'est que nous sommes charnels (1 Corinthiens 3: 3-11).

L'unité de ceux qui croiraient par la parole des disciples est développée au verset 21.

Jean ne parle jamais de l'unité de l'Eglise, mais de l'unité de la famille de Dieu; mais, en nous reportant aux écrits de Paul, nous trouvons que l'unité est le grand témoignage que Dieu est sur la terre, par le Saint Esprit, dans l'Eglise. L'Eglise y a manqué, et le monde ne croit pas. L'Eglise est une, malgré Satan; plus nous le sentirons, plus nous serons humiliés de l'état de l'Eglise universelle dans le monde. Dieu a placé la bénédiction dans l'unité du corps de Christ. On ne peut comprendre qu'avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur (Ephésiens 3).

Depuis longtemps, l'Eglise s'est contentée d'accepter une unité qui aura lieu dans la gloire, quand il n'y aura plus de témoignage à rendre, et de réduire le témoignage ici-bas à un témoignage individuel. Qu'est-ce que cela prouve, sinon l'abandon de la vérité de Dieu? Au temps de l'apostasie complète d'Israël, Elie fut béni, lui seul, pour son témoignage de fidélité individuelle. Mais quand nous nous reportons à ce qui avait lieu au commencement (Actes des Apôtres 2: 42-47), nous comprenons l'importance du témoignage collectif, et nous voyons que c'est ce témoignage qui contraint le monde à glorifier Dieu.

Au verset 23, l'unité est présentée dans son résultat en gloire. Le monde alors connaîtra que le Père a envoyé le Fils, quoiqu'il soit trop tard pour y croire. Il verra que nous avons été aimés comme Christ; en ce jour-là, l'Eglise sera sans tache ni ride, et Dieu la verra selon la pureté de Christ.

Ces trois unités viennent du Saint Esprit; elles sont divines; les deux premières sont manifestées dans le monde et sont réalisées quand Christ est notre seul objet et que nous avons renoncé à nous-mêmes. Pour renoncer à soi-même, il faut avoir un autre objet que soi, et Christ est cet objet. Cela détruit tout égoïsme. Si nous possédons une chose ici-bas, un autre ne la peut posséder; mais si nous possédons Christ et le ciel, plus nous verrons d'âmes y prendre part, plus nous serons heureux.

C'est une insouciance coupable, de se contenter du fait que l'Eglise soit une dans la gloire. Humilions-nous-en, comme Daniel, le plus fidèle des Juifs, s'humiliait de la ruine de son peuple à Babylone. L'Esprit de Christ ne pousse jamais le fidèle à s'élever en se glorifiant d'être hors du mal. Au contraire, il nous humilie, et sans cela nous ne pouvons trouver la bénédiction. Que Dieu agisse puissamment en nous, pour nous humilier dans nos coeurs!

Méditation de J.N.D. no 56 – ME 1893 page 347

Genèse 24

Tout est en germe dans la Genèse. Elle résume, en un sens, toute la Bible, Elle nous montre le commencement des deux alliances, le jugement de Dieu; elle introduit le grand principe de l'appel de Dieu et dévoile les conseils de Dieu dans la vie des patriarches. Caïn et Abel personnifient les deux familles des hommes; Abraham est appelé à quitter sa patrie pour aller où Dieu lui montrera. Cet appel a lieu, lorsque Satan s'est manifesté comme prince du monde et se fait adorer (Josué 24: 2). Alors Dieu se choisit un peuple; Isaac devient le type de Christ ressuscité; il est l'enfant de la promesse, le type de Celui qui est le chef de l'Eglise. L'Eglise est l'épouse de Christ, comme Rebecca est l'épouse d'Isaac.

Nous trouvons, au chapitre 24, le type de l'appel de l'Eglise. Eliézer est envoyé pour chercher Rebecca, comme le Saint Esprit est venu chercher l'Eglise.

La foi reconnaît sa position, s'appuie sur la révélation de la parole de Dieu, et agit suivant cette position. Eliézer dit: Béni soit l'Eternel, le Dieu d'Abraham. Dieu s'était déjà manifesté sous ce caractère. Dieu est le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Quand la foi agit, elle compte sur les promesses de Dieu déjà révélées, et elle est sûre d'être exaucée. Aussi Eliézer a une pleine confiance. Même quand il y a une apparence de réponse, la foi attend que la volonté de Dieu soit manifestée avec certitude.

Isaac était en Canaan; il ne va pas chercher sa femme lui-même; Abraham avait défendu à Eliézer de conduire Isaac chez la femme qu'il lui aurait trouvée. Jésus en a fini avec le monde; c'est dans ce monde que l'Esprit vient chercher l'Eglise, mais elle ne doit pas y rester; sa vocation est céleste; elle ne peut rien avoir en commun avec le monde, sans perdre sa communion avec Christ. Elle doit sortir de ce monde pour être conduite à lui.

Abraham a donné à Isaac tout ce qu'il a (verset 36). C'est là le conseil de Dieu à l'égard de Christ (Jean 17). Le Saint Esprit nous présente Christ, comme le Fils auquel le Père a tout donné. C'est de cette manière que l'Eglise est appelée: Christ lui est présenté comme l'objet de l'amour du Père. Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses.

Eliézer avait le gouvernement de tout ce qui était dans la maison d'Abraham (verset 2). Tel est le caractère du Saint Esprit; il prend ce qui est du Père pour nous le communiquer. Eliézer fait part à Rebecca des richesses d'Abraham; l'Eglise est attirée par les grâces que le Saint Esprit apporte à ceux qui sont appelés à la composer.

Rebecca doit tout quitter. Si l'Eglise suit le Saint Esprit, il faut qu'elle abandonne tout, que tous les liens avec le monde soient rompus, que Christ soit entièrement le Maître; car il ne peut partager avec Satan le coeur de son épouse. Le trône de Christ et celui de Satan ne peuvent subsister ensemble. Laban et Béthuel cherchent à retenir Rebecca, mais Eliézer ne veut pas être retenu. Quand le Saint-esprit agit, il n'a qu'un objet, la gloire de Christ, la volonté du Père. Jésus défendait à ceux qu'il envoyait de saluer personne en chemin. Un coeur rempli du Saint Esprit n'est préoccupé que de Christ. On quitte tout, parce que les affections sont autre part; c'est ce qui rend possible de quitter Père, mère, champs et sa propre vie. Il est impossible à l'homme de poursuivre deux buts; il est déterminé par l'un ou par l'autre. Celui qui hésite entre deux buts ne fait jamais rien. Un homme que ses affaires occupent n'a de temps que pour elles; mais s'il a son enfant malade, il oublie toutes ses affaires pour son enfant. Celui qui cherche des richesses ne cherche pas Christ. Il faut que ce dernier domine tout dans nos affections. Rien ne prouve mieux la présence du Saint Esprit dans le coeur, que cette décision dont Eliézer donne l'exemple.

Le Saint Esprit est venu pour nous faire sortir du monde; tel est son grand objet par rapport à nous. Eliézer n'avait fait ce long voyage que pour chercher Rebecca. Le coeur de celle-ci est attiré par les présents qu'il lui apporte. Ce n'est pas la loi qui nous pousse vers Christ, dans la crainte de l'enfer; c'est l'Esprit qui nous attire en prenant les choses de Christ pour nous les donner.

Rebecca quitte tout et suit l'étranger. «J'irai;» tout est dans ce mot. C'est le coeur renonçant à tout, parce qu'il a savouré ce que le Saint Esprit lui a communiqué des choses de Christ. Le Saint Esprit nous conduit tout droit à lui. Rebecca était encore bien loin d'Isaac, quand elle dit: J'irai. Elle quitte tout pour se rendre où Eliézer la conduit. Montrons-nous aussi cette obéissance au Saint Esprit?

Isaac quitte l'endroit où Agar avait été chassée de la présence d'Abraham, pour aller au-devant de Rebecca (verset 62; conf. 16: 14). Il avait une place prête pour son épouse.

Eliézer ne se borne pas à donner une certaine connaissance et des convictions à Rebecca, pour la laisser ensuite où elle était; non, il la prend et l'amène à Isaac. Beaucoup de chrétiens pensent à introduire du christianisme dans le monde, mais ce n'est pas prendre une épouse pour Christ. Il faut que l'Eglise soit à lui, et à lui seul. La fidélité d'une femme consiste à tout mettre en ordre dans la maison, selon la volonté de son mari. Le coeur doit être entièrement à Christ. «Celui qui est double de coeur est inconstant dans toutes ses voies».

Avons-nous dit: «J'irai?» L'action du Saint Esprit nous présente Christ comme ayant des droits sur nous; le monde n'en a aucun; son amitié est inimitié contre Dieu.

Plus Rebecca s'éloignait des tentes de Laban, plus elle se rapprochait de celles d'Isaac.

Dieu nous fasse la grâce de comprendre les attraits qu'il y a en Jésus, qui s'est dévoué complètement pour nous, afin que nous aussi nous lui soyons complètement dévoués.

Méditation de J.N.D. no 57 – ME 1893 page 369

Hébreux 11: 13-28

On voit dans ces versets un renoncement entier au monde. Ce qui affaiblit l'Eglise, c'est la mondanité, et nous trouvons ici ce qui doit la caractériser: «Ils faisaient profession d'être étrangers et forains sur la terre». Les chrétiens introduisent le christianisme dans leur mondanité, pensant par là ratifier leurs voies, mais le chrétien n'est pas de ce monde et ne doit pas en être; il est bourgeois des cieux; il n'est point appelé à sanctifier sa mondanité.

Dieu prend soin que l'objet de nos coeurs ne soit jamais réalisé ici-bas, afin que le chrétien montre clairement qu'il cherche encore sa patrie. Dieu a honte de s'appeler le Dieu des mondains, mais n'a pas honte de s'appeler le Dieu de ceux qui lui appartiennent et qui lui rendent témoignage.

Notre foi doit se montrer en sacrifiant tout, comme Abraham. Il sacrifie Isaac, le seul objet qui en apparence puisse accomplir la promesse, pour recevoir cette dernière de Dieu seul (verset 17). La foi ne reçoit pas ici-bas les choses promises; elle se borne à les saluer de loin, à marcher vers elles, et à recevoir la force journalière pour les atteindre.

(Versets 23-24). Prétexter la Providence pour garder sa place dans le monde est une pensée charnelle. La Providence s'applique aussi bien à nous faire descendre que monter, mais on aime à la reconnaître quand elle nous élève, et on ne la voit plus quand elle veut nous abaisser. La Providence se déploie à l'occasion de la naissance de Moïse. Dieu déjoue par elle tous les projets de Pharaon. Si une position est évidemment providentielle, c'est celle de Moïse à la cour du roi; et cependant le premier effet de la foi chez Moïse est de le porter à quitter tous ses avantages et à ne s'appuyer que sur Dieu. Il rompt même les liens que la Providence avait formés. S'appuyer sur la Providence pour nos circonstances est simplement de l'incrédulité. La vraie valeur de tous les raisonnements sur la Providence est de pousser à «jouir des délices du péché». C'est ainsi que Dieu lui-même en juge (verset 25).

Israël en Egypte ne pouvait s'allier au monde sans en devenir l'esclave. Or la Providence avait placé Moïse dans la position qui semblait la plus favorable pour la délivrance du peuple de Dieu. Mais sa foi en juge autrement; elle voit que les promesses étaient faites au peuple de Dieu et compte sur la rémunération; elle ne doute pas des privilèges qui appartiennent à Israël et de la gloire future qui lui est promise, mais en attendant elle trouve plus de gloire dans l'opprobre du peuple de Dieu, que dans une vie de délices avec le monde.

Le verset 27 nous montre un nouveau trait de la foi de Moïse. Satan gouverne ce monde dont il est le prince. Le croyant demeure ferme contre lui. Moïse était poussé par l'amour du peuple de Dieu; c'est ce qui le fit tuer l'Egyptien; il dut fuir d'abord, mais trouva à la fin une rémunération.

Le verset 28 présente encore un autre résultat de la foi. Comme pécheurs, nous avons à faire au jugement de Dieu. Mais le jugement qui détruit les méchants est le moyen de notre délivrance. La mort et le jugement sont pour nous, car Christ les a portés pour nous.

Méditation de J.N.D. no 58 – ME 1893 page 391

Matthieu 11

Le Seigneur fait entendre ici la voix de Dieu dans le monde. Jean, comme précurseur, lui avait rendu témoignage. Il rend ensuite lui-même témoignage à Jean, mais, dit-il, le plus petit dans le royaume des cieux, le moindre des rachetés sous le nouveau régime, était plus grand que Jean-Baptiste, qui n'était pas appelé à avoir part ici-bas aux privilèges immenses apportés par l'oeuvre du Sauveur. Jean, plus près de Christ qu'aucun autre membre de l'ancienne alliance, prophétise de lui et est bien plus qu'un simple prophète. Mais, quoique le plus grand de ceux qui sont nés de femme, il est plus petit que le moindre enfant, né de Dieu, dans sa position ici-bas. Le Saint Esprit n'avait pas encore été envoyé pour être le lien entre Christ glorifié et les siens. Cette présence du Saint Esprit dans les fidèles, les met en relation avec le Père et les introduit dans la jouissance des choses célestes; elle les rend ainsi plus grands que Jean-Baptiste.

Le monde, en tant que monde, ne connaît pas ces privilèges et ne peut supporter de voir les enfants de Dieu affirmer qu'ils les possèdent. Mais la foi brise les barrières que le monde lui oppose: le royaume de Dieu est forcé. Sous la loi il n'en pouvait être ainsi; on appartenait au système juif par sa naissance. Aujourd'hui, il faut cette violence de la foi qui s'empare de nos privilèges en dépit du monde et, dans ce but, nous rend même ennemis de ceux de notre maison (Matthieu 10: 37).

Dieu avait employé tous les moyens à l'égard du monde; les doux sons de la grâce, les appels à la repentance et les menaces (versets 16, 17). Jean représente la seconde de ces choses. Séparé du monde, retiré dans le désert, il vient avec des airs lugubres, dans la voie de la justice, prêchant la repentance et annonçant les jugements. Jésus, Dieu lui-même, vient au contraire pour faire grâce, pour gagner à Dieu lié coeur de l'homme; il s'assied avec des publicains et des pécheurs; il joue pour ainsi dire de la flûte à leurs oreilles. Jean et Jésus ont été rejetés. Tous les moyens dont Dieu disposait pour manifester sa justice ou sa grâce étaient épuisés. La grâce de Dieu envers les pécheurs était un scandale pour le monde.

Jésus, comme homme, a douloureusement senti sa réjection; son âme s'est fondue au dedans de lui comme de la cire; mais il se soumet (versets 25-26); il voit en cela ce qui est bon aux yeux du Père, le fruit de son amour, et il rend grâces. Les sages et les intelligents rejetaient le Seigneur; c'était là sa souffrance; et c'est ce dont il loue Dieu!

Mais le moment où il exprime sa soumission parfaite est pour Dieu l'occasion de déployer la grâce et la gloire de la personne de son Fils (verset 27): «Toutes choses m'ont été livrées par mon Père». C'est aussi la bénédiction du chrétien quand le monde le méprise et le rejette; il peut dire que tout lui a été donné en Christ et par Christ.

«Nul ne connaît le Fils, si ce n'est le Père»: l'union de l'humanité et de la divinité dans sa personne est inscrutable.

Jésus a fait l'expérience du monde c'est un bourbier fangeux. Le monde ne peut consoler un pécheur; le monde est fatigué de lui-même; fatigué et chargé, sans la grâce. Jésus a fait l'expérience que le monde a méprisé les remèdes que l'amour de Dieu lui a présentés. Il sait que personne ne peut connaître le Père que celui à qui le Fils voudra le révéler. C'est par cette connaissance seulement qu'il donne le repos et la paix. C'est pourquoi il dit: «Venez à moi». Jésus introduit l'âme dans la connaissance et la jouissance de l'amour de Dieu. Il nous présente le Père comme il le connaît. Le Père aime le Fils et lui a livré toutes choses, mais il ne l'a point épargné pour nous. En nous présentant ainsi le Père, Christ nous donne le repos du coeur; il nous place avec le Père dans la même relation où il se trouve lui-même.

Il n'y a pas de repos sans la certitude du salut et de l'amour du Père. Jésus nous donne cette certitude. Il nous a sauvés lui-même, et le Père nous a donné le Fils quand nous étions ses ennemis. Jésus nous donne le repos de la conscience, car il n'y a désormais plus rien à débattre entre Dieu et nous. Je n'ai point de repos, si j'ai à craindre de perdre ce que je possède. Dieu nous aime pour l'éternité.

Le repos se trouve aussi dans la soumission à la volonté de Dieu. «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur; et vous trouverez le repos de vos âmes».

Jésus a voulu nous faire comprendre que l'amour de Dieu s'introduit dans toutes les circonstances de notre vie. Jésus est l'ami des pécheurs, à qui il offre la grâce. Christ était Dieu au milieu des pécheurs; il les cherche; je vois en lui ce que Dieu est pour eux, un Dieu qui pardonne tout, qui donne tout!

Cela fond le coeur, de comprendre cette grâce. Il n'y a pas de moment où nous connaissions Dieu davantage que lorsque nous avons vu sur la terre Dieu en Jésus, pardonnant aux pécheurs!

Méditation de J.N.D. no 59 – ME 1893 page 414

Exode 17

Au cours d'un long voyage, on se reporte vers le repos qui est au bout. Les difficultés de la route peuvent occuper nos esprits, mais on pense au repos. Nous pouvons y penser selon la chair: dans ce cas, nous en aurons assez des fatigues, et nous serons las de travailler et de combattre. Si nous y pensons dans le sentiment de la bonté de Dieu, cela nous encourage à marcher jusqu'au terme.

Deux choses distinguent la vie chrétienne le repos et l'activité. Quand nos coeurs réalisent ce que Dieu est et ce qu'il est pour nous, nous avons du repos. C'est un repos céleste; mais quand nous cherchons du repos dans le désert, nous oublions Canaan. Ce n'est pas que Dieu ne nous fournisse quelquefois des étapes sur la route. Quand la nuée s'arrêtait, Israël jouissait un moment de ce repos-là, mais c'était un relâche préparé par Dieu et non par l'homme. Jésus lui-même dit à ses disciples: «Venez à l'écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu» (Marc 6: 31).

Au chapitre 16, nous trouvons le sabbat, le vrai repos du peuple, établi en rapport avec la manne: Christ, le pain qui est descendu du ciel. Le repos est par Christ. C'est par là que le peuple commence. Au chapitre 17, vient le combat. Ce qui nous y introduit immédiatement, c'est le don de Dieu, cette eau, figure du Saint Esprit, dont le peuple est abreuvé et qui coule pour lui du rocher. Avec la présence du Saint Esprit, vient le combat et non le repos.

Au moment d'être béni par l'eau du rocher, Israël que Dieu avait sorti d'Egypte, qu'il avait sauvé à travers la mer Rouge, Israël tente Dieu. Satan l'y incite pour l'affaiblir. Comment! mettre en question que Dieu soit réellement au milieu de son peuple! Dieu est pour nous; qu'importe que Satan soit contre nous? Dieu n'est-il pas plus puissant que tous nos ennemis? Quand nous pouvons dire: L'Eternel est au milieu de nous, — nous n'avons rien à craindre. La foi trouve de la force dans le sentiment que Dieu est pour nous et dans une entière soumission à sa volonté. C'est surtout dans les difficultés que Dieu se manifeste comme étant pour nous. La foi est appelée à accomplir la volonté de Dieu au milieu d'un monde qui ne connaît ni ne fait cette volonté. Elle compte sur la présence de Dieu, quoiqu'elle ne voie rien et qu'il n'y ait rien autour de nous pour nous rassurer. La foi agit, sans penser aux conséquences. Noé fut averti divinement des choses qui ne se voyaient point encore (Hébreux 11), et agit uniquement d'après la parole de Dieu. Abraham va, sans savoir où Dieu le conduit. La foi n'a ni les choses promises, ni le monde; si elle avait la réalisation des promesses, ce ne serait plus la foi. Elle est un exercice continuel de dépendance et ne peut compter que sur Dieu. Du moment que nous n'agissons plus sans voir, notre activité cherche des appuis dans le monde. Peut-être serons-nous ainsi plus à l'aise, mais la communion et la vie de Dieu en nous seront affaiblies.

Nous devons toujours compter que Dieu est avec nous. C'est la gloire de la foi, de dépendre à tout moment de lui, et de lui seul, sans penser au lendemain. Dieu prend soin du lendemain. Je n'ai à faire que la volonté de Dieu, quand elle se présente; Dieu, répond du reste, c'est son affaire à lui. Qui peut nous séparer de l'amour de Dieu? Lui qui nous a donné son Fils, nous donnera toutes choses avec lui. Aucune circonstance n'est au-dessus de la fidélité de Dieu.

Je n'ai pas à penser à l'avenir. La seule question est: «L'Eternel est-il au milieu de nous, oui ou non?» Si nous sommes dans le chemin de Dieu, le chemin nous conduit où Dieu veut que nous allions. Les difficultés se présentent dans le chemin; y a-t-il là quelque chose d'étonnant? Ne sommes-nous pas appelés à être dans le monde les soldats de Dieu contre Satan? Celui-ci ne peut rester endormi. Israël raisonnait devant les difficultés; c'était de l'incrédulité. Dieu veut que les difficultés exercent notre foi. Il donne de l'eau à son peuple; le Saint Esprit nous mène au combat. La consolation nous est présentée à la fin: «Dieu effacera entièrement la mémoire d'Amalek de dessous les cieux» (verset 14). Satan sera brisé sous nos pieds.

La victoire ne dépend pas des efforts, de la sagesse et de la force du peuple, mais des mains de Moïse. Il fallait, pour vaincre, une dépendance continuelle de Dieu. La même sagesse, la même force, a de l'effet ou n'en a pas, selon que notre conduite réalise ou non cette dépendance. Si la bénédiction divine n'est pas en activité en notre faveur, Satan est le plus fort. Il est difficile à l'homme d'être fondé sur cette pensée. Quand Dieu nous bénit, nous considérons facilement cela comme un effet de notre conduite, au lieu de n'y voir que Dieu. Ce qui manque bien souvent chez les chrétiens sincères, c'est de rechercher d'une manière suivie la communion avec le Seigneur. La bénédiction dépend à chaque instant de l'activité de sa grâce en notre faveur.

Toute mémoire de Satan, de nos ennemis sera effacée. Ce n'est pas que le combat doive cesser maintenant. L'Eternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération. Si nous sommes dans le combat, c'est avec Josué, avec Christ comme notre chef, et nous avons la gloire et l'honneur de servir sous lui. Nous aurons la guerre; il nous faut y compter. Si nous ne sommes pas vigilants, l'ennemi l'est toujours et nous succomberons. Si nous sommes dans le combat, même avec de grandes difficultés, c'est parce que l'Eternel est dans le combat.

Quelquefois Dieu nous donne du repos et des circonstances favorables, mais en général nous sommes en pèlerinage avec lui seul dans le désert.

Il n'y a rien que, dans notre état naturel, nous ne préférions à Dieu, non seulement comme bonheur, mais aussi comme force. On voudrait la force du monde pour l'avancement de l'Eglise, comme si Dieu ne suffisait pas. Gédéon n'a pu combattre qu'avec 300 hommes. Dieu choisit les choses faibles de ce monde, pour confondre les fortes.

Que Dieu nous donne, avec la certitude que Christ intercède pour nous, cette assurance de foi qui s'appuie sur lui. Quelle bonté de Dieu, de tenir pour péché, le manque de confiance en son amour!

Méditation de J.N.D. no 60 – ME 1893 page 432

1 Samuel 14

Le caractère de Jonathan offre un grand intérêt. L'infidélité d'Israël avait réduit ce peuple à un triste état. Les Philistins, épargnés jadis quand ils auraient dû être anéantis, subsistaient maintenant «afin que les fils d'Israël connussent, en l'apprenant, ce que c'est que la guerre» (Juges 3: 2). Si, par notre infidélité, il n'y a pas destruction des convoitises de Satan, elles deviennent une occasion de combat. C'était par manque de foi, qu'Israël n'avait pas détruit ses ennemis. L'Eternel les laissa subsister pour éprouver son peuple (Juges 2: 21-23).

Israël fait un pas de plus; il s'allie avec les Cananéens, et le résultat, c'est que les Philistins finissent par avoir le dessus au point d'empêcher le peuple de se forger des armes. Il arrive alors qu'Israël descend vers les Philistins pour aiguiser son soc et sa houe, et sa hache, et sa faucille (1 Samuel 13: 19-23). Il en est de même pour l'Eglise: elle en est réduite à chercher auprès du monde les moyens de labourer le terrain que l'Eternel lui a donné.

Saül était un homme distingué, non selon Dieu, mais selon la chair; aussi s'appuie-t-il sur la chair. David fut roi selon la grâce; Saül le fut selon le coeur d'Israël. Jonathan est remarquable par son amour pour David. L'économie actuelle doit passer pour faire place au règne de Christ. C'est à lui que le résidu d'Israël s'attachera. Jonathan nous présente donc le type de ce résidu aux derniers temps, formé dans un temps où tout Israël sera plongé dans l'apostasie.

Saül ne délivre pas Israël; toute son action, même quand il s'allie à Jonathan, ne sert qu'à mettre le peuple dans le plus cruel embarras. Saül désire le bien d'Israël, mais s'appuie sur la chair pour le procurer. Du moment qu'il se mêle des événements, il empêche le bien de se produire; on trouve en lui à la fois l'incertitude et la témérité.

Jonathan sentait très bien l'état d'Israël, mais ce n'est pas en lui, ni dans le peuple, c'est en Dieu qu'il cherche des ressources. Il aime Israël, il s'attache à lui; dans le moment dont parle notre chapitre, il possède seul la foi d'Israël, et comprend seul que les Philistins incirconcis, n'ont aucune puissance contre l'Eternel. Le camp des ennemis était rempli d'Hébreux; ceux qui étaient restés avec Saül tremblaient. Il ne restait que Jonathan; la délivrance d'Israël dépendait uniquement de lui, car la force de l'Eternel ne dépend pas du nombre. Quand il y a de la foi, même si cette foi est dans un seul homme, toute la force de Dieu est présente. La foi s'attache non aux avantages humains, mais à Dieu. La foi agit dans l'individu; d'autres en voient l'effet et suivent. Il faut que chacun commence à croire en Jésus pour soi-même, et le résultat c'est que cela réunit à l'Eglise de Dieu.

La foi de Jonathan réalise l'état vrai des choses. Elle ne voit dans les Philistins autre chose que des incirconcis, et dans Israël autre chose que le peuple de Dieu. Elle se fonde sur le fait que l'Eternel est la vraie force des siens. Elle attaque les Philistins dans leur fort, en apparence inexpugnable, et où il faut grimper sans armes. Les Philistins ont la confiance insolente du monde en sa force; ils se moquent d'Israël caché dans ses trous. Jonathan reconnaît à cela même, que l'Eternel les a livrés aux mains d'Israël. La hardiesse de la chair est pour l'Eglise une évidence que c'en est fait du monde. Les hommes du corps de garde tombent devant Jonathan. Il en est encore de même; la force de la chair tombe toujours ainsi, quand il y a de la foi, et la présence de Dieu se manifeste (verset 15).

Jonathan agit par la foi seule, à l'insu de son père et d'Israël. Ce n'est pas la simplicité de la foi, que de s'arrêter pour voir qui nous suivra; ce serait chercher de l'appui hors de Dieu seul. Saül songe à consulter Dieu, quand la chose est déjà faite, mais devant le résultat de la foi, il s'arrête.

Les Philistins s'entre-tuent; c'est une délivrance pour Israël; c'en est une aussi pour les Hébreux qui demeurent au milieu des ennemis. On trouve, hélas! toujours des Hébreux parmi les Philistins. Les Israélites cachés sortent aussi pour la poursuite; ceux qui entourent Saül font de même.

Au verset 24, le zèle téméraire de Saül se manifeste. Jonathan n'avait rien vu, ni entendu de tout cela. Au milieu même de sa fatigue, une seule bénédiction le rafraîchit et l'éclaire (versets 27-30).

Le résultat de la conduite de Saül se montre au verset 32. Il fait pécher le peuple; ensuite il veut tuer même Jonathan. Dans tout cela, la patience, la douceur et la bonté de Jonathan sont bien remarquables. Il est libre de tous les embarras et de toutes les difficultés que suscite la marche selon la chair. Sa foi ne s'attend à rien qu'à Dieu seul.