La foi donnée pour le mauvais jour

Ephésiens 6: 10-24

ME 1893 page 396

 

Les bénédictions mêmes de l'Eglise nous placent dans une sorte de combat que nous ne connaîtrions pas sans elles, Les chrétiens qui connaissent leurs privilèges sont exposés à plus de manquements et de mal. Sans souiller sa conscience, un Juif pourrait faire bien des choses qui seraient monstrueuses chez un chrétien. Le voile étant maintenant déchiré, la lumière brille en plein, et ce fait a pour conséquence que la lumière qui vient du lieu très saint ne peut tolérer le mal.

Dieu soit loué! nous avons la puissance pour surmonter les difficultés de notre position; et l'épître aux Ephésiens nous découvre les ressources que Dieu a en réserve pour les saints.

L'Eglise est assise «dans les lieux célestes en Christ» (2: 6) — bénie «de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (1: 3); mais aussi nous avons à lutter contre la puissance spirituelle de méchanceté dans les lieux célestes (6: 12). Nous sommes transportés pour le combat dans le lieu même de la puissance; car plus nous sommes près de Dieu, plus nous avons besoin de force pour marcher dans cette proximité.

Lorsqu'Israël entra dans le pays de la promesse, il trouva, comme il ne l'avait jamais fait auparavant, que les conséquences du péché étaient désespérées. Quel terrible massacre devant Aï, à cause du péché d'Achan! (Josué 7). Et encore quelles suites de la négligence des princes de l'assemblée, qui ne s'enquirent pas de la pensée de l'Eternel concernant les Gabaonites: elles se firent sentir de génération en génération jusqu'aux jours de Saül (2 Samuel 21). Dans le pays où Dieu se trouvait et habitait, les conséquences du péché étaient proportionnées à cette présence.

Ce combat nous échoit en partage, en vertu de nos privilèges. De plus, si vous et moi avons plus de connaissance que beaucoup d'autres chrétiens, il y aura parmi nous plus de déshonneur à Christ et de manquements que chez d'autres enfants de Dieu, si nous ne marchons pas selon la lumière.

«Fortifiez-vous dans le Seigneur» (verset 10).

Là est le siège de la force, de cette force qui ne se trouve qu'en lui seul. Quel que soit l'instrument qu'il daigne employer, il n'y a d'autre objet pour la foi que le Seigneur lui-même. Rien n'est plus précieux, sans doute, que le ministère de la Parole. Si, par la bénédiction de Dieu, j'ai été le moyen de la conversion d'une âme, elle s'attachera à moi et avec raison. Cela est de Dieu et il le reconnaît. S'il brise ce qui est de la chair, il crée ce qui est de l'Esprit: Dieu donne cela, — on peut en abuser, mais Dieu lui-même forme le lien entre l'âme qui reçoit la bénédiction et celui qui en est l'instrument. Toutefois, vous ne pouvez avoir un homme pour objet de votre foi; vous ne pouvez mettre votre dépendance en l'homme. La relation existe, c'est vrai, mais parce que l'âme a été amenée à Christ. Cela seul est la conversion, et c'est là qu'est le lieu de la force. Il n'y a pas de force sinon en Christ. Je n'en ai point, en aucun temps, si mon âme n'est en secrète communion avec Christ, et, par lui, avec Dieu le Père.

Or Satan dirige tous ses efforts contre ce point-ci: il veut empêcher nos âmes de vivre de Christ.

Ce que nous appelons des devoirs, mais que Dieu nomme des «soucis» nous sépare souvent de Christ. Ils fatiguent et oppressent l'âme; et les saints qui ne les rejettent pas sur Christ, s'affaiblissent par des choses qui, de fait, détournent leurs âmes du Seigneur. Un chrétien dira: «Je ne jouis pas de Christ!» — Il ne sait ce qui en est la cause, mais suppose que cela vient d'un poids de soucis qu'il ne peut éviter, tandis qu'en réalité, c'est le résultat du fait que l'on a cherché sa ressource autre part qu'en Christ. L'âme se décourage, parce qu'elle n'a pas trouvé Christ dans ses souffrances, et elle se tourne vers des choses qui, aux yeux de la chair, sont pleines de promesses. Ainsi elle prend goût aux choses vaines et inutiles. L'Esprit, lui, nous pousse toujours à nous fortifier «dans le Seigneur et dans la puissance de sa force». Ne parlons pas de soucis: Satan se cache derrière eux; de difficultés: Satan est derrière elles aussi. Il les jette sur notre route, pour ébranler en nous la puissance de la Parole, et nous pouvons être sûrs d'une chose, c'est que, si nous ne sommes pas en communion avec le Seigneur, Satan aura le dessus sur nous, parce que les préoccupations que nous alléguons n'ont pas Christ pour objet. Je suis appelé à faire toutes choses en vue de Christ et pour lui. Il nous fera sentir notre dépendance, mais elle sera toujours récompensée.

Lorsque nous sommes oppressés par les vicissitudes de la vie, c'est un fait que nous ne sommes pas dans la puissance de Christ, car il est plus fort que les affaires, la famille, ou tout autre souci. Peut-être que je m'occupe d'une chose dont je ne devrais pas me mêler; si je ne puis la faire pour le Seigneur, je ne devrais pas la faire du tout. Il est certain que la puissance de Christ nous porte au travers de toutes les difficultés, si grandes soient-elles; nous les sentirons, peut-être gémirons-nous sous leur poids, mais lorsque je puis dire avec David: «C'est Dieu qui me ceint de force» (Psaumes 18), l'ennemi a beau s'élever contre moi — «mes bras brisent un arc d'airain». L'Eternel nous fait triompher comme David de tous les obstacles.

C'est dans les difficultés que nous apprenons à connaître cette force-là. Aussi le chrétien oublie-t-il souvent que, même pour les petites choses, toute notre dépendance consiste à nous «fortifier dans le Seigneur», c'est-à-dire à rester dans une position de faiblesse consciente. Paul dit: «J'ai été parmi vous dans la faiblesse, etc.» (1 Corinthiens 2: 3), et encore, plus loin: «Au dehors des combats; au dedans des craintes» (2 Corinthiens 7: 5). Ce n'est pas que le chrétien puisse jamais dire: «Je suis fort», lorsqu'il est placé au milieu des difficultés; celles-ci, lorsque nous les rencontrons, nous portent à nous appuyer sur Christ, et en lui nous trouvons toujours la force — «une puissance qui s'accomplit dans l'infirmité», dans la conscience de notre infirmité. Que nous voyions ou non briller la lumière, le secret de tout ceci se trouve dans l'esprit de dépendance. Paul dit: «Je prends plaisir dans les infirmités;» — pourquoi? Parce qu'elles le forçaient à s'appuyer sur Christ. La foi, en exercice, est fortifiée, et Christ donne la lumière à celui qui se réveille: «La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits». Un chrétien qui a eu beaucoup de joie est souvent sujet à de nombreuses chutes, parce que son bonheur l'a détourné du sentiment actuel de sa dépendance: la bonté même du Seigneur l'a porté à jouir de lui-même. La chair est toujours là, et où ne s'introduit-elle pas?

Après avoir montré quel est le lieu de la force pour le chrétien, l'apôtre dit: «Revêtez-vous de l'armure complète de Dieu» (verset 11). C'est l'armure de Dieu, voilà le grand point. Sans elle, on ne peut résister à Satan. Ce qui n'est pas de Dieu, cède devant l'ennemi. Je puis être très versé dans l'argumentation, capable de confondre un adversaire par la vérité, tout en agissant dans la chair; mais alors, je ne lui ferai aucun bien et à moi-même beaucoup de mal. Satan agissait sur moi et non pas Dieu. Quand nous revêtons l'armure de Dieu, il faut le faire par la foi et dans une communion secrète avec le Seigneur. Si nous ne réalisons pas ces conditions, la force nous abandonne. Nos connaissances ne nous serviront de rien — non, pas même la parole de Dieu; car elle est «l'épée de l'Esprit», la chair ne peut s'en servir efficacement. La force résulte toujours du fait que nous avons à faire avec Dieu dans un esprit de dépendance. Dans l'exercice de cette dépendance, je puis avoir un sentiment si béni de la force du Seigneur, que je triomphe de toutes les difficultés; mais soit dans l'épreuve, soit dans la victoire, c'est dans le sentiment de ma dépendance que sera ma force. Lorsque les mains de Moïse n'étaient pas élevées, Amalek avait le dessus (Exode 17). Un spectateur aurait pu être surpris de voir Amalek triompher par moments, et il aurait sans doute attribué cela aux avantages ou aux désavantages que présentait la ligne de bataille d'Israël. Mais le secret du triomphe momentané d'Amalek se trouvait dans le fait que les mains de Moïse étaient abaissées. Ce n'était pas que Josué ne fût dans la position pour accomplir l'oeuvre de Dieu; mais Amalek triomphait, parce que l'acte indiquant la dépendance de Dieu était interrompu. Si j'ai été exercé au sujet d'un frère et qu'en parcourant les rues pour me rendre chez lui, quelque objet m'éloigne de Dieu, arrivé chez lui je ne lui ferai aucun bien, même en lui parlant longuement sur ce que j'ai à lui dire.

Voyez le contraste entre Jonathan et Saül (1 Samuel 14). — D'un côté, la confiance en Dieu surmontant les difficultés; de l'autre, l'inutilité des efforts humains, malgré toutes les ressources de la royauté. Jonathan, plein de confiance en l'Eternel, grimpe en s'aidant de ses pieds et de ses mains, et l'ennemi tombe devant lui. Saül, lorsqu'il voit s'accomplir l'oeuvre de Dieu, ne connaît pas la pensée du Seigneur et appelle un sacrificateur. Il se peut que son intention fût bonne, mais certainement il ne possédait pas la simplicité nécessaire pour dépendre de Dieu (tout en demandant ce qu'il devait faire), et il compromet tout par son serment insensé. Il est dit de Jonathan: «Il a opéré avec Dieu aujourd'hui». Dieu était avec lui et il avait la force et la liberté. Si nous marchons dans la dépendance de Dieu, nous serons toujours en liberté devant lui. Jonathan sachant ce qu'il devait faire, prit du miel; car il agissait ainsi dans une pleine liberté et Dieu était avec lui, tandis que Saül, agissant dans un esprit de légalisme, se plaçait lui et son peuple sous la servitude.

Si nous ne dépendons pas de Dieu, les choses mêmes qui devraient nous servir d'armure, se tourneront contre nous. Elles frapperont nos amis, au lieu des ennemis, et nous blesseront nous-mêmes.

Observez qu'il est dit: «Prenez l'armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, etc.» (verset 13). Si je voyais quelqu'un aller au combat sans bouclier, sans casque, etc., je dirais qu'il est fou. Un homme qui vit de théories peut bien ne pas avoir besoin d'armure; mais si nous vivons assez près de Dieu pour être pratiquement dans le combat, nous avons besoin de «l'armure complète». Si nous prions sans consulter la Parole, ou la lisons sans prières, nous ne recevons pas de directions. Jésus a dit. «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait» (Jean 15: 7). Si je ne suis pas dans cet état d'âme, je demanderai peut-être des choses nuisibles qui ne me seront pas accordées.

Le chrétien qui a conscience de sa faiblesse, n'osera faire un mouvement sans Dieu. Je ne puis aller au-devant de l'ennemi avec la Parole et sans la prière. Si je me sentais comme une brebis au milieu des loups (1 Pierre 5: 8) j'aurai conscience de ma faiblesse.

Je pourrais, comme un antiquaire, analyser et exposer la théorie de toutes les parties de l'armure, sans la revêtir, et n'ayant aucune dépendance réelle de Dieu.

Nous avons à résister aux artifices du diable (il n'est pas dit: à sa puissance). Dès que je discerne ses pièges, je puis les éviter. Souvenons-nous cependant que ce n'est pas par la connaissance de Satan que nous devenons capables de déjouer ses ruses, mais en nous tenant dans la présence de Dieu. Il en était toujours ainsi pour Christ. Pierre, dans son affection pour son Maître, essaye de détourner ses yeux de la croix (Matthieu 16: 22). Jésus résiste à Satan et déjoue ses ruses. Non seulement il recevait toujours toutes choses comme venant d'en haut, mais il les recevait dans un esprit de dépendance de Dieu. Du moment que nous voyons qu'une chose est de Satan, la tentation cesse, si nous marchons avec Dieu. Lorsque le diable vint vers notre Seigneur (Luc 4), Christ ne lui dit pas tout de suite: «Tu es Satan». Il lui aurait ainsi montré seulement sa puissance. Il agit comme homme obéissant et déjoue ainsi les ruses du tentateur. Lorsque le diable réclame l'adoration, il lui dit enfin: «Arrière de moi, Satan». Pour discerner les artifices de l'Ennemi, nous devrions nous demander si la chose proposée nous détourne de notre obéissance à Christ. Si c'est le cas, rejetons-la, quel qu'en soit l'instigateur, Le diable a ce caractère de subtilité (non pas toujours d'opposition ouverte), comme étant le serpent (voyez 2 Corinthiens 11: 3); mais s'il nous trouve sur le terrain de l'obéissance à Dieu, il sera toujours déjoué.

«Le mauvais jour» est une expression bien remarquable (verset 13). Elle embrasse, dans un sens général, toute l'époque actuelle, car c'est maintenant le jour où Satan met ses tentations en jeu. Mais il est des circonstances grâce auxquelles la puissance de Satan s'exerce davantage dans un moment que dans un autre. Il est un temps où l'âme sera particulièrement mise à l'épreuve. C'est autre chose de marcher plein d'énergie contre Satan, et d'aller en avant remportant les triomphes de la victoire et en jouissant. Il se peut que nous marchions avec une énergie qui surmonte tous les obstacles, mais il se peut aussi que nous ayons le sentiment d'une faiblesse telle que nous sommes à peine capables de résister. L'âme traverse souvent «un mauvais jour», après avoir triomphé par Christ. Peut-être aura-t-elle été exaltée au souvenir de la victoire, et ainsi naît une nouvelle source d'épreuve et de dépendance. Je puis avoir renoncé au monde et être si heureux de l'estime et de l'amour des chrétiens, que ce bonheur même donnera à la chair une occasion de se montrer. Un enfant de Dieu tombe souvent dans cet état pour avoir marché quelque temps avec le souvenir de ses conquêtes passées. Un nouveau combat se présente-t-il? Il n'y est pas préparé et succombera pour un temps. Pour nous, la force se trouve toujours dans l'obligation de nous appuyer sur Dieu. Quel contraste nous trouvons entre les chants d'allégresse et de louanges de David et ces tristes paroles: «Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu» (2 Samuel 22; 23).

Le chrétien qui craint toujours le Seigneur est toujours fort, car Dieu est toujours avec lui. Le secret de sa force réside dans le fait qu'il a Dieu pour lui. Souvent nous sommes portés à nous confier en des moyens, même les plus légitimes, et à oublier Dieu. La victoire la plus éclatante a souvent été remportée quand nous craignions le plus d'être vaincus; — nous entonnons souvent les chants les plus heureux, quand un jour mauvais nous a forcés à dépendre entièrement de Dieu. Les difficultés tombent devant nous, lorsque notre âme remplie de crainte ne dépend que du Seigneur. Peut-être ne pourrons-nous pas expliquer la cause de notre succès; mais le secret de notre victoire était que nos mains étaient élevées.

Le Seigneur travaille sans cesse à l'exécution de ses desseins.

«Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité». La vérité ne nous appartient jamais que dans la mesure où nos affections sont tenues en bride par elle. Je pourrais annoncer des vérités bénies, beaucoup en jouiraient peut-être, mais si mon âme n'est pas en communion avec Dieu dans la vérité que j'ai prêchée, mes reins n'en sont pas ceints.

«Et ayant revêtu la cuirasse de la justice». Si une personne n'a pas la conscience nette, Satan tend des embûches sur son chemin. Mais si ma conscience est bonne, j'ai revêtu la cuirasse et n'ai pas à me préoccuper continuellement d'attaques éventuelles. Si Satan m'accuse, je dis: «Christ est ma justice». Mais il s'agit ici de Satan me troublant au sujet de ma conscience. Si je ne suis pas sans fraude dans les confessions que je fais à Dieu, je n'ai pas revêtu la cuirasse. Si je l'ai revêtue, pas n'est besoin que je m'occupe de moi-même et de mon état; je puis aller en avant, fort de la certitude que je ne cache rien à Dieu, mais que je marche en toute bonne conscience devant lui. Le Seigneur peut nous protéger dans le combat, mais il nous sera impossible de persévérer dans la lutte, si nous n'avons revêtu cette partie essentielle de «l'armure complète». Dans tous nos manquements, nous avons sans doute la ressource de la grâce de Dieu; mais la vraie attitude est de posséder une bonne conscience, et, dans cette position, nous trouvons liberté et puissance.

«Et ayant chaussé vos pieds de la préparation de l'évangile de paix». L'évangile de paix nous appartient en Christ; mais je dois avoir dans mon coeur l'esprit de paix. La paix a été faite pour nous, afin que nous puissions demeurer en elle. C'est la paix qui surpasse toute intelligence, la paix de Dieu, qui doit garder nos coeurs et nos pensées. Il n'y a pas d'endroit plus rempli de paix que le ciel. Là, jamais de fausse note. Des myriades d'adorateurs tous à l'unisson, tandis que mille harmonies entourent le centre de la gloire de Dieu. L'âme qui est en communion avec Dieu vivra dans l'esprit de paix. Cette condition est de toute importance pour qui doit traverser le tumulte du monde. Comment un saint pourrait-il marcher comme ayant toujours la paix, si l'esprit de paix ne règne pas dans son coeur? Il peut y avoir chez un tel homme une fidélité sans compromis, mais jamais il ne peut marcher comme Jésus a marché. Rien ne garde l'âme dans une paix parfaite, comme une confiance inébranlable en Dieu. Sans elle, un homme sera toujours excité, agité, anxieux. Si la paix de Dieu garde vos coeurs, vous en éprouverez les conséquences bénies; vous ne pourrez rien entendre qui ne s'harmonise parfaitement avec elle. Une fermeté sans compromis possible nous convient, cependant il nous faut aussi le calme; et rien ne rend l'âme aussi calme que le sentiment de la grâce. Le calme est un signe de puissance qui, de plus, se lie à l'humilité. Toute grâce est venue à nous. Le sentiment de notre nullité, joint à l'esprit de paix, donne une force qui surmonte tous les obstacles.

«Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant». Chaque dard est éteint par la confiance en Dieu. Un chrétien ne doit pas craindre de tenir la tête haute au jour de la bataille, car Dieu est avec lui et pour lui. Ceci ne peut changer, quelque abominables que soient les pensées suggérées par Satan. Cette confiance éteint tout.

 «Prenez aussi le casque du salut». Je tiens ma tête haute, parce que je suis en sûreté. Le salut est à moi.

La force commence au dedans. Premièrement, nos reins sont ceints de la vérité, notre poitrine est couverte par la justice, nos pieds sont chaussés de la préparation de l'évangile de paix, etc. Maintenant, nous pouvons prendre notre seule arme offensive: «l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu». Il n'y a rien de plus dangereux pour moi que de me servir de la Parole quand elle n'a pas touché ma conscience. Je me livre entre les mains de Satan si, dans le ministère ou en particulier, je vais au delà de ce que j'ai reçu de Dieu, de ce que possède mon âme. Il n'y a rien de plus dangereux que de manier la Parole sans les directions de l'Esprit. Il est très pernicieux pour moi de parler avec les saints de choses de Dieu, en dépassant ce que je possède dans la communion avec Dieu. Bien des choses regrettables ne seraient pas prononcées et la Parole ne serait pas employée si souvent à faux, si nous étions plus vigilants de ce côté-là. Je ne sais rien qui nous sépare davantage de Dieu que de parier de la vérité en dehors de la communion avec lui. Il y a là un immense danger.

«Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints», etc. Le terme «en tout temps» n'est pas employé en rapport avec quelque autre chose; la prière est l'expression et l'exercice de la dépendance. Si une personne me fait une question et que je lui réponde sans en avoir parlé à Dieu, ma réponse l'éloignera plutôt de Dieu qu'elle ne le rapprochera de lui. Ce fut le cas d'Ezéchias (Esaïe 39), lorsque les ambassadeurs vinrent vers lui et qu'il leur montra ses trésors, au lieu de diriger leurs yeux sur l'Eternel qui l'avait guéri. Est-ce que nous nous tournons vers Dieu, chaque fois que survient une question ou une difficulté? Nous pouvons nous être adressés à lui auparavant et alors la solution est donnée. Nous devrions avoir une puissance de prière telle qu'il n'y eût pour nous aucune difficulté lorsque les circonstances se présentent; ce serait là cette supplication en tout temps dont parle notre passage. Nous devrions être accomplis pour toute bonne parole et toute bonne oeuvre. Il en était ainsi pour Jésus. Il avait prié auparavant, aussi lorsque la coupe lui fut présentée, il était tout prêt à la boire.

Dieu entend un souhait ou un désir exprimés avec la confiance d'un enfant envers son père. Mais ce n'est pas là nécessairement une prière «par l'Esprit». Lorsque nous vivons réellement dans la puissance de la communion, nous avons cette énergie de supplication qui compte sur une réponse (1 Jean 3: 21, 22; 5: 14, 15). Dans le passage qui nous occupe, l'apôtre parle de quelqu'un qui est en communion avec Dieu. Il devrait en être ainsi pour nous. Nous devrions marcher dans la liberté de Christ, de manière à ne pas avoir notre communion troublée par les soucis, les convoitises et les inquiétudes de cette vie, quoique nous traversions peut-être un «mauvais jour».

Supposons que vous commenciez la journée avec un esprit paisible de prière et de confiance en Dieu. Dans le courant de la journée, en traversant ce monde méchant, vous trouverez mille causes d'agitation. Mais si vous êtes exercé spirituellement, si votre coeur est en éveil pour percevoir les choses qui sont dans les pensées de Dieu, tout ce que vous rencontrerez deviendra pour vous un sujet de prières et d'intercession selon le coeur de Dieu. Ainsi chaque action du chrétien devrait porter le sceau de l'humilité et de la dépendance. Si nous marchons avec Christ, au lieu d'être pleins de regrets à l'égard de ce qui nous entoure, nous verrons ses intérêts que ce soit à l'égard d'un frère ou à l'égard de l'Eglise. Quelle bénédiction que de présenter toutes choses à Dieu, de lui apporter toutes choses, au lieu de murmurer sans cesse sur les manquements des autres!

Notre position est donc de revêtir l'armure complète de Dieu et de ne pas broncher devant Satan. Si nous ne sommes pas nous-mêmes dans un bon état, nous ne pouvons intercéder pour les autres. Le verset 18 s'applique à un homme qui marche revêtu «de l'armure complète».

L'apôtre pouvait prier pour tout le monde, mais il avait un besoin d'autant plus grand des prières de tous les saints, qu'il avait plus de soucis que les autres (versets 19, 20). Il réclamait toujours leurs prières (verset 19). Marchant lui-même avec un coeur plein d'affection, il comptait sur celle des frères. Il en est toujours ainsi de ceux qui marchent comme Paul marchait. Il dit aux saints d'Ephèse, comme à ceux de Colosses, qu'il leur a envoyé Tychique pour leur faire connaître ses circonstances — «afin que vous connaissiez l'état de nos affaires». Il tient leur affection pour certaine. Nous aussi, si nous marchons dans l'amour de l'Esprit, nous pourrons toujours compter sur l'intérêt que les autres porteront «à nos affaires». Dans le monde, ce serait de la présomption de supposer que les autres sont préoccupés de ce qui nous concerne. Mais le chrétien connaît l'amour de l'Esprit dans les saints et il peut y compter.

Encore un mot sur le grand principe fondamental: «Fortifiez-vous dans le Seigneur». En dépit de Satan et de tout ce qu'il peut faire pour nous entraver, nous avons le privilège de dépendre individuellement de Dieu. Tout peut paraître sombre autour de nous, mais le Seigneur nous répète: «Fortifiez-vous». Cela est toujours accompagné d'humilité de coeur. Advienne que pourra, lorsque notre confiance est dans le Seigneur, nous sommes forts. Mais nous devons dépendre simplement et uniquement de Dieu.