Garde-moi, ô Dieu! car je me confie en toi

Psaume 16: 1  -  ME 1894 page 181

Voir la méditation « la vraie sainteté » Messager 1894, pages 421 et suivantes.

 

Les Psaumes 16, 31, 36, présentent des phases différentes de la vie du Seigneur ici-bas. Dans tous les trois nous avons le chemin de la foi, caractérisé par la dépendance de Dieu et la confiance en lui; mais le côté de la piété que nous trouvons dans les deux derniers, nous est sans doute plus familier que celui qu'offre le Psaume 16. Celui-ci parle plutôt du ressort intérieur qui fait agir, du mobile de l'âme.

Dans le Psaume 31, le psalmiste, l'Esprit de Christ en lui, appelle l'intervention de Dieu à cause de la méchanceté du monde, à cause de cette activité inique des hommes ennemis de Dieu, qui veulent se débarrasser de Celui que Dieu a envoyé. Ils profitent de la position d'humilité que Jésus avait prise pour comploter contre lui, lui dresser des pièges, le diffamer et le couvrir d'ignominie. L'amertume de l'opprobre dont ils voulaient remplir son âme, est développée avec plus de détails dans le Psaume 69, mais elle occupe ici une grande place. Les versets 10 à 12 rappellent les douloureuses expériences de Job, dans le temps de son amère épreuve. La perfection de l'obéissance de Christ — obéissance qui allait «jusqu'à la mort» — est particulièrement l'occasion dont les coeurs endurcis des pécheurs se servent pour amonceler sur lui leur haine et leur mépris. Mais la ressource de son âme est DIEU, la clarté de sa face, sa bonté, sa justice et sa grâce. C'est la vie de Christ au point de vue extérieur, pour ainsi dire, vie se terminant à la croix, où il s'est servi des paroles du verset 5: «En ta main je remets mon esprit». Depuis le verset 19, la pensée s'élargit pour embrasser tous ceux qui craignent Dieu et qui jouissent d'une manière spéciale de cette bonté (*) de Dieu dont les fils des hommes en général sont témoins, quand même ils n'en profiteraient pas. Ces fidèles, le Seigneur se les associe, comme il le fait aussi dans le Psaume 16.

(*) Le mot «bonté» dans ce verset, correspond au terme «bon», que nous trouvons en Matthieu 7: 11; 20: 15. Il n'est pas le même que «bonté» des versets 16 et 21 de notre Psaume, et qui est le mot employé ordinairement, comme dans les Psaume 62: 12; 107: 1, etc.

Le Psaume 36 a en vue, non le déploiement contre l'élu de Dieu, de l'inimitié dont le coeur de l'homme est rempli, mais le caractère du méchant qui ne connaît absolument rien de la crainte de Dieu, et qui, par conséquent, ne sait pas même ce que c'est que la honte, lorsque son iniquité devient détestable et est mise en évidence de manière à être haïe par les hommes. Par contre, la bonté et la justice de Dieu font les délices du fidèle. Etablie dans les cieux, précieuse pour le coeur, la bonté de Dieu est la ressource de ceux qui se réfugient auprès de lui, «sous l'ombre de ses ailes». C'est là que se trouvent en pleine mesure pour l'âme une nourriture abondante et les délices de la communion avec Dieu, qui, en l'occupant du bien, la garantissent de l'atteinte du mal et du jugement qui va tomber sur les ouvriers d'iniquité. Se réjouissant dans la justice ainsi que dans la bonté de Dieu, le fidèle trouve auprès de lui la source de la vie et la lumière qui d'en haut resplendit dans l'âme (verset 9). C'était la joie de Christ pendant qu'il était sur la terre. Combien il est précieux pour nos coeurs d'être abreuvés aux sources de la vie, de la lumière et de l'amour, sous la conduite de Celui qui les connaissait et qui en jouissait parfaitement, et qui nous les a ouvertes dans sa propre Personne. C'est lui que nous entendons dire en s'adressant à Dieu: «Ta bonté, ta fidélité, ta justice». Qui, comme lui, en a connu et en connaît la profonde signification? Mais il nous les révèle. Dans le Psaume 40, il prêche ces choses «dans la grande congrégation», après les avoir goûtées et les avoir rendues efficaces pour nous, dans sa mort et par sa résurrection. Toujours est-il qu'ici, comme dans le Psaume 31, nous avons les ressources extérieures où l'âme puise sa force, — la bonté de Dieu envers elle.

Le Psaume 16 présente le côté inverse, la «bonté» du fidèle, c'est-à-dire de Christ, qui répond à la bonté de Dieu et qui la reproduit en piété envers Dieu et en sollicitude envers les hommes. Il ne s'agit pas, comme dans le Psaume 36, du poids que fait peser sur l'âme l'iniquité qui abonde ici-bas dans le monde; ni, comme dans le Psaume 31, des voies gouvernementales de Dieu et de son intervention à bras élevé en faveur de son serviteur qui souffre de la part des méchants; nous trouvons ici les issues de la vie qui sont du coeur, et de quelle manière ce coeur doit être gardé (Proverbes 4: 23). Le ressort secret et caché qui fait agir, le mobile de l'âme, se révèle par les pensées, par les paroles, par les actes, qui en sont les résultats. Dans la Personne de Jésus et dans sa vie parfaite, nous apprenons à connaître la source intérieure d'où ces choses découlent. Et c'est dans ce sens que nous lisons dans le premier verset: «Garde-moi, ô Dieu! car je me confie en toi». Connaissons-nous cet état du coeur? Est-ce dans un coeur ainsi gardé que se trouve le mobile de notre vie?

Ces paroles «garde-moi», nous font penser volontiers aux difficultés ou aux périls que nous rencontrons sur notre chemin. Que de dangers, en effet, auxquels nous sommes exposés par notre propre insouciance, ou par le mal caché dans un coeur «trompeur par-dessus tout», d'où sort la corruption de la chair, et qui est en butte aux entraînements du monde et aux ruses de Satan, l'ennemi toujours vigilant pour nous surprendre! Les embarras de la vie, amenés souvent par notre indépendance de caractère, se dressent aussi devant nous comme autant de raisons pour invoquer le secours divin. Pour Christ, il n'y avait rien de semblable. Et il est notre Modèle parfait dans sa vie de dévouement absolu, fruit du déploiement de la grâce envers nous. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché». Les choses que nous avons signalées plus haut, réclament sans doute constamment de nous la vigilance, la prière et l'application de la parole qui purifie; mais, dans ce Psaume, il y a une autre chose, savoir d'être gardé de Dieu quant au mobile de l'âme, dans cette pureté absolue, cette entière consécration à Dieu, qui caractérisait la vie de Jésus — d'être gardé là, dépendant, obéissant et confiant. A mesure que nous entrons dans les détails de sa vie, nous sentons combien nous connaissons peu de cette piété.

Que de fois nos meilleures oeuvres ne sont-elles pas le fruit de notre volonté, plutôt que de l'obéissance et de la dépendance de Dieu? La conscience, chez nous, est peu exercée à cet égard. N'agissons-nous pas maintes fois, parce que nous croyons que la chose à laquelle nous nous appliquons, est bonne, utile, nécessaire, parce que nous aimons qu'elle soit faite, ou parce que nous trouvons une certaine satisfaction dans notre habileté à la bien faire? Ne sommes-nous pas comme les disciples qui se réjouissaient parce que les démons leur étaient assujettis? C'était un sentiment bien naturel, mais Jésus leur disait: «Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux». Et plus loin, nous lisons qu'en cette même heure, Jésus se réjouit en esprit. Sa joie venait de ce que les choses les plus grandes étaient révélées par son Père «aux petits enfants». Il pouvait dire: «Oui, Père» (Luc 10). La volonté du Père était la source de sa joie dans un moment où, selon les hommes, son oeuvre semblait manquer son but. «Les sages et les intelligents» ne la comprenaient pas. Il a dû dire, avec les paroles du prophète: «J'ai travaillé en vain». Quant à son oeuvre, il n'y avait pas de résultat qui attirât l'attention du monde, rien que des yeux humains pussent admirer et qui pût produire la satisfaction du coeur. Mais Jésus trouve sa joie à prendre les choses les plus faibles pour en remplir les cieux, à y écrire d'avance les noms des siens pour les y avoir bientôt et pour toujours avec lui. C'était le bon plaisir du Père, et cela, pour lui, était tout. Aucune puissance humaine, qu'elle fût inhérente à l'homme ou déléguée même de Dieu, ne pouvait écrire des noms dans les cieux. Pour cela, il aurait fallu cesser d'être sur la terre. Dieu avait dit à Moïse: «Personne ne peut me voir et vivre» (Exode 33: 20). Ainsi une place dans les cieux ne dépendait pas d'un effort humain, quel qu'il fût, ni de la volonté, ni du pouvoir de l'homme, mais uniquement du bon plaisir de Celui qui est «Seigneur du ciel», aussi bien que «de la terre». Moïse, à la fin de sa carrière, ne réitérait pas sa requête de voir la face de Dieu, mais son coeur se reposait avec une satisfaction intense sur «la faveur de Celui qui demeurait dans le buisson». Il en parle comme de la bénédiction la plus haute, mise en réserve pour celui qui était «nazaréen» d'entre ses frères (Deutéronome 33: 16). Il y a là assurément un type de Christ. Celui qui nous fait connaître Dieu, c'est «le Fils unique qui est dans le sein du Père» (Jean 1: 18). Jésus trouvait la force de son âme dans la connaissance de la volonté de Dieu et dans la jouissance de son amour. Il pouvait s'appliquer à lui-même la règle du croyant: «Il est écrit que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu» (Luc 4: 4). Il voulait toujours être gardé de Dieu dans une dépendance sans restriction. Mystère de son humanité, sans doute, mais en même temps exemple pour nous.

Nous trouvons donc ici la clef de la vie de Jésus ici-bas. Dans les cas où il manifestait de la manière la plus éclatante sa puissance divine, comme dans la guérison de l'aveugle-né ou la résurrection de Lazare, mais surtout lorsqu'il laissa sa propre vie — ce qui fut le couronnement de tout son service — nous trouvons, dans une perfection absolue et dans une harmonie divine, cette humanité de laquelle il n'a jamais voulu se départir. En présence de l'aveugle-né, il dit: «Il me faut faire les oeuvres de celui qui m'a envoyé, tandis qu'il est jour; la nuit vient, en laquelle personne ne peut travailler» (Jean 9: 4). Au sépulcre de Lazare, levant les yeux en haut, il prie en disant: «Père, je te rends grâces de ce que tu m'as entendu. Or moi je savais que tu m'entends toujours; mais je l'ai dit à cause de la foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que toi, tu m'as envoyé» (Jean 11: 41, 42). Lorsqu'il s'agit de laisser sa vie, il fait connaître qu'il avait le pouvoir divin d'en disposer, tout comme il avait pu rendre la vie à celui qui avait vu la corruption. Dans les deux cas, la gloire de Dieu devait être établie et le Fils de Dieu glorifié (Jean 11: 4; 12: 28). Jésus pouvait et voulait laisser sa vie (comparez Jean 2: 19, 21). Il dit: «Personne ne me l'ôte; mais moi, je la laisse de moi-même; j'ai le pouvoir de la laisser et j'ai le pouvoir de la reprendre». Mais ensuite, il ajoute: «J'ai reçu ce commandement de mon Père»; et, dans un autre passage, il dit: «Afin que le monde connaisse que j'aime le Père; et selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais» (Jean 10: 18; 14: 31).

Connaissons-nous quelque chose de cette dépendance entière? Eprouvons-nous, comme le parfait Serviteur, le besoin de dire dans ce sens: «Garde-moi, ô Dieu! car je me suis confié en toi»?

Qu'il nous est difficile de porter un jugement juste sur l'exercice de notre volonté! Tout en ayant le désir de nous juger selon la vérité, combien nous nous faisons aisément illusion! Nous avons donc d'autant plus besoin d'être gardés, et néanmoins, la plupart du temps, nous n'y pensons pas. Nous avons à apprendre la dépendance de Dieu quant à nos pensées, de même que dans nos voies, et alors le résultat ne tardera pas à se manifester dans les deux grands fruits de la vie chrétienne, la justice pratique et l'amour pour les saints (voyez 1 Jean 2: 10, 29). C'est ce que nous voyons dans les versets 2 et 3 du Psaume.

La justice pratique consiste à accomplir ce que l'on est tenu de faire. Or le Seigneur Jésus, en venant ici-bas, «prenant la forme d'esclave», recevant en vue de cela un corps formé (*) pour l'obéissance, acceptait l'obéissance comme devant caractériser son service, et il la maintenait en toute occasion avec soin. Même dans l'angoisse de son âme, au jardin de Gethsémané, il dit: «Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite» (Luc 22: 42). Il résume lui-même ce qui constitue le caractère d'un service complet, lorsqu'il dit: «Ainsi, vous aussi, quand vous aurez fait toutes les choses qui vous ont été commandées, dites: Nous sommes des esclaves inutiles; ce que nous étions obligés de faire, nous l'avons fait» (Luc 17: 10). Qui de nous oserait prétendre qu'il n'a jamais manqué en rien dans son service? Mais en supposant que l'on eût atteint cette mesure parfaite, il n'en résulterait pour le serviteur aucun sujet de gloire; car il n'aurait pas dépassé la juste limite de ce qu'il était tenu de faire.

(*) C'est le sens de l'expression du Psaume 40: 6: «Tu m'as creusé des oreilles». La version des Septante, citée en Hébreux 10: 5, l'a bien rendue par ces paroles: «Tu m'as formé un corps». Il ne s'agit nullement, comme plusieurs l'ont pensé, d'une allusion à Exode 21: 6. Dans le cas du serviteur hébreu, une seule oreille était percée. Rien dans l'expression employée, ni dans son application, ne justifie ce rapprochement.

Qu'il est merveilleux de voir notre précieux Sauveur consentir à prendre cette place, et à être encore, sous ce rapport, pour nous le modèle à suivre! Car il dit, dans les paroles du Psaume: «Tu as dit à l'Eternel: Tu es le Seigneur, ma bonté ne s'élève pas jusqu'à toi». Ne voyons-nous pas là l'infini du dévouement du coeur d'où sortent ces paroles? Ce dévouement absolu — «amour fort comme la mort» — nous fait voir jusqu'où s'étend son service parfait: ce n'était que la justice. Il ne voulait, il ne pouvait le limiter à un moindre degré. Il devait se montrer Dieu, dans l'immutabilité de son être, même dans ce service qui ne réclamait rien pour soi-même, sinon d'être un «sacrifice vivant», et puis, à la fin, un sacrifice dans la mort. Il était tout entier à Dieu; il se devait à lui, parce qu'il était venu pour faire sa volonté. Qu'elles sont profondes ces paroles: «Le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs»; et ailleurs: «Le fils de l'homme s'en va bien, selon ce qui est déterminé» (Marc 10: 45; Luc 22: 22). Précieux Sauveur, combien nous sommes loin de te suivre! Fais que cet amour — ton amour pour nous, qui alla jusqu'à la mort — soit dans nos coeurs le mobile de notre service! C'est là la justice, la justice pratique. «Enfants, que personne ne vous égare: celui qui pratique la justice est juste, comme, lui est juste» (1 Jean 3: 7).

Ce n'est pas tout. Il y a sur la terre une sphère où l'activité de cet amour a à se déployer, et qui appelle et exige toujours la sollicitude du serviteur de Dieu: «Tu as dit aux saints qui sont sur la terre, et aux excellents: En eux sont toutes mes délices». — «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Jésus les aima jusqu'à la fin» (Jean 13: 1). C'était, pour ainsi dire, le résumé, le compte-rendu de son service, au moment où il allait passer de ce monde au Père. Ici encore, il nous présente le modèle à suivre. Qui, si ce n'est le coeur de Christ, aurait appelé «excellents», les objets de ses soins? Assurément l'excellence, s'il s'en trouvait en eux, verrait de lui-même, ainsi que le dit l'apôtre: «Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis». Mais le parfait Serviteur ne parle pas de lui-même. Il pense aux «saints», comme s'il y avait en eux pour son coeur un attrait irrésistible. Pourquoi? N'était-ce pas parce qu'ils étaient les objets de cette grâce souveraine qui l'avait fait venir ici-bas pour accomplir, la volonté de Dieu? La plénitude de la Déité voulait se réconcilier toutes choses avec elle-même, et Jésus devait aller chercher cette pauvre créature pleine de propre volonté et d'indépendance, égarée dans un monde révolté contre Dieu, et devenue l'esclave et le jouet de Satan — celle-là même qu'il se plaît à appeler «MA brebis perdue». Grâce merveilleuse, admirable dans ses pensées, étonnante dans ses effets, produisant les louanges des coeurs qu'elle remplit! Les hommes exercent leur justice en crucifiant un brigand; Jésus trouve moyen de le prendre «avec lui», en justice, dans le paradis (comparez Proverbes 8: 20, 21), où il ne sera plus un brigand. Lui seul savait ce que cette oeuvre de grâce devait lui coûter de souffrances sous le jugement. Dorénavant Jésus pensera à ceux que sa grâce a sauvés, comme lui ayant été «donnés» par son Père. Il veut qu'ils soient «avec lui, là où il est» (Jean 17: 24).

Dans les moments d'épreuve provenant de l'iniquité qui abonde sur la terre, les rapports des enfants de Dieu les uns avec les autres deviennent quelquefois tendus et difficiles. L'état des églises auxquelles les épîtres furent adressées, le fait bien voir. Satan présente deux moyens pour faire face à l'épreuve. L'un, c'est de sacrifier une partie de la vérité pour ôter le «scandale de la croix»; l'autre, c'est de s'isoler, c'est-à-dire d'abandonner les saints, afin de pouvoir suivre ses propres sentiments, ses convictions personnelles, sans être inquiété par personne. Jésus ne voulait faire ni l'un ni l'autre. Il endurait la contradiction des pécheurs contre lui-même; il supportait ses disciples lents à croire ce qu'il disait; il garda les siens jusqu'au bout, sans jamais les abandonner. D'autre part, il maintenait la vérité quand même elle devait lui coûter la vie (Matthieu 26: 63-66; Jean 18: 37). La règle de sa vie, c'était le verset 8 de notre Psaume: «Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi». Jamais il ne dérogea à ce propos arrêté de son coeur d'être obéissant jusqu'au bout, jusqu'à la mort même, obéissance que, dans ce dernier cas, des hommes pécheurs ne peuvent rendre que dans un sens secondaire, car, pour eux, la mort est les gages du péché. Mais là, comme ailleurs, il trouvait l'Eternel «à sa droite», et il savait qu'il n'abandonnerait pas son âme au shéol. La dépendance de Dieu dans laquelle il marchait, ne pouvait manquer d'avoir sa réponse du côté de Dieu, sur qui il comptait. L'Eternel se tenait à la droite de Celui qui s'est fait «pauvre» ici-bas, «afin de le sauver de ceux qui jugeaient son âme», puis il lui a donné une place à sa droite, jusqu'à ce que ses ennemis soient mis «pour le marchepied de ses pieds» (Psaumes 109: 31; 110: 1).

Toute la vie de Jésus est l'expression et le résultat de ce qu'il demande dans le premier verset: «Garde-moi, ô Dieu! car je me confie en toi».

Remarquons la place que tient la présence ou «la face» de Dieu, dans les trois Psaumes dont nous avons parlé.

Dans le Psaume 36, verset 9, nous trouvons «la source de la vie»; dans le 31e, verset 16, le soleil qui éclaire tout le chemin. Le premier dit: «Dans ta lumière nous verrons la lumière»; c'est le point de départ de la marche de la foi. L'autre présente la consolation dont le coeur a besoin tout le long de la route: «Fais luire ta face sur ton serviteur; sauve-moi par la bonté». Pour nous, la marche dans la lumière, la lumière elle-même, est réalisée quand nous suivons Jésus: «Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie» (Jean 8: 12). Mais le Psaume 16 nous met en présence de la fin du voyage, atteinte par  Celui qui, «à cause de la joie qui était devant lui, endura la croix, ayant méprisé la honte». «Ta face», dit-il, «est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours». Et maintenant, il «est assis à la droite du trône de Dieu». «C'est pourquoi, nous aussi… rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur JESUS» (Hébreux 12: 1, 2).