Gethsémané et la croix

 ME 1894 page 461

 

Le Seigneur fut complètement exaucé et délivré, pour ce qui regarde l'épreuve en Gethsémané, avant de quitter le jardin, et sur la croix, avant de rendre l'esprit. Ces deux épreuves me semblent être tout à fait distinctes. Le prince de ce monde vint, et, bien qu'il n'eût rien en Jésus, cependant Jésus avait à passer à travers ce que la mort était comme pouvoir de Satan pour l'alarmer et pour détruire sa confiance en son Père. «C'est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres», dit le Seigneur.

Satan avait cherché à le rencontrer et à le pervertir sur le terrain de sa position comme le Messie vivant, le Fils de Dieu, mais le Seigneur l'avait repoussé, comme Homme obéissant, et l'avait vaincu par la Parole, car cela aussi était nécessaire pour l'homme. Satan ensuite avait cherché à le détourner du sentier d'obéissance par l'attrait de tentations séduisantes. Mais l'homme fort fut défait et lié, et, comme Homme vivant, Jésus pilla ses biens, chassant les démons, guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable (comme Homme vivant ici-bas), «car Dieu était avec lui». Mais l'homme ne pouvait être béni et délivré de cette manière; car il était un pécheur, et, moralement, sous la puissance de Satan.

Le Seigneur, comme unique moyen de bénédiction, avait donc à rencontrer la mort, qui se trouvait dans le chemin. Il devait être un Sauveur mourant, et non quelqu'un qui, vivant, apporte la bénédiction, car l'homme ne pouvait l'obtenir autrement. La mort était nécessaire, et ainsi celui qui avait le pouvoir de la mort, vint sous une nouvelle forme. Il allait employer toutes ses forces pour empêcher le Seigneur de passer par cette terrible nécessité — la mort — dans laquelle lui, Satan, exercerait le plein pouvoir qu'il avait contre l'homme, et cela reposait sur Christ en Gethsémané. Il regardait en avant vers la mort, la colère de Dieu n'était pas encore sur lui, bien qu'il la vit devant lui, mais son âme était «saisie de tristesse jusqu'à la mort». «Je suis répandu comme de l'eau», dit-il dans le Psaume 22. La pleine puissance de la mort pesait sur son âme, aussi loin que s'étendait l'empire de Satan; toute aide humaine lui manquait de toutes manières, et la trahison et la méchanceté l'entouraient, mais, par-dessus tout, la puissance de Satan l'enveloppait. Mais il ne prend rien comme venant de l'homme, ni de Satan, et ne se plaint pas comme Job. Il prie. Il s'adonne à la prière. L'effort de Satan pour cacher Dieu à son âme, pour se placer entre eux, ainsi qu'il le fait parfois avec les croyants, cet effort était vain. La détresse le pousse vers Dieu — vrai signe du lien de l'âme avec lui — «étant en agonie, il priait plus instamment». Et le résultat — car la coupe (par grâce — par une merveilleuse grâce) ne pouvait passer loin de lui — le résultat est qu'il la reçoit tout entière et uniquement de la main de son Père.

Le sujet de sa crainte — ce jugement terrible dans lequel Satan avait son pouvoir — devient l'objet de sa glorieuse obéissance, et il se présente lui-même à ceux qui viennent le saisir avec le calme qui a caractérisé toute sa vie, et avec une telle évidence de la puissance, divine qui l'accompagnait, qu'ils reculent et tombent par terre. Il se livre lui-même selon la volonté du Père; Satan n'y est pour rien. C'était ce qu'il y a de plus glorieux. Gethsémané, ce lieu de douleurs, mais pour nous source de délices et de délivrance creusée dans les profondeurs de l'âme de Christ, Gethsémané était passé.

Mais une autre scène allait se présenter — plus terrible sans doute, mais tout à fait différente — celle de la colère de Dieu. Elle a un autre caractère. Ce n'est pas la lutte avec la puissance du mal. C'est la sainteté, la justice, terrible, infiniment terrible, mais non pas dans sa nature les terreurs et le pouvoir de Satan. Lui, qui seul le pouvait, sentait ce que Dieu était contre le péché, mais rien — non, rien! — ne se trouvait entre lui et Dieu. Rien ne mettait son âme à l'abri du jugement de Dieu devant lequel il était fait péché. C'était la colère immédiate de Dieu qu'il subissait — pensée terrible — sa colère contre le péché. Ce n'était pas comme en Gethsémané où il trouvait la face de son Père, en maintenant son regard tourné vers lui à travers tout ce que Satan pouvait accumuler de ténèbres; là sur la croix, tout était à découvert devant Dieu lui-même. Parfait — oui, la perfection même pour Dieu dans cette position, il lui attribue la louange sans que rien la voile: «Toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d'Israël», bien qu'il s'écriât: «Pourquoi m'as-tu abandonné?» Infiniment agréable à Dieu, son Père (et en ceci, agréable au-dessus de toute autre chose), il accomplissait la pleine et parfaite expiation de nos péchés. Et ici aussi, il fut exaucé et délivré, et, sans qu'il y eût un seul nuage, il remet son esprit à son Père, comme à Celui qui a fait lever sur lui la lumière de sa face. Personne ne lui ôte sa vie — il remet son âme — il laisse sa vie, afin qu'il la reprenne, selon le commandement de son Père (Jean 10).

Et Christ peut, même en détail, à Gethsémané, exhorter ses disciples, guérir l'esclave du souverain sacrificateur, raisonner avec ceux qui venaient le prendre et juger leur position comme étant l'heure du pouvoir des ténèbres, mettre le péché de Judas devant ses yeux, agir à l'égard de tous les résultats de la puissance du mal, comme n'étant, en aucune manière, sous ce pouvoir; — sur la croix, étant exaucé, son âme étant délivrée par la gloire du Père (le Dieu de vérité), il la remet à son Père; il parle de paix au brigand et lui assure le paradis, et place sa mère, maintenant que tout était accompli, dans les mains de Jean, à l'amour duquel il la confie.

Tout était restauré dans la perfection, sous chaque aspect qu'il pouvait contempler, et être vu, sauf la résurrection; mais dans la pleine intelligence de sa position actuelle, comme laissant le monde, en ayant fini avec lui, mais le pouvoir de la mort et la colère étant entièrement passés, et en vue de cette position nouvelle et particulière, qui fait que la mort est à nous, il remet son esprit à son Père, et bien qu'il meure, la mort ne dominait plus sur lui. Le brigand n'a pas à attendre le royaume; — il va ce jour-là en paradis, c'est-à-dire que son esprit va avec Christ, ni l'un ni l'autre dans le corps, mais son âme à part du corps. En parfaite paix et dans la délivrance de ce en quoi il avait à être livré, il passe à travers la mort, dans la puissance de la vie, jouissant de la faveur divine. La mort est vaincue, et, dans la pleine lumière de ce triomphe, dans la lumière de la face de son Père, et dans la puissance de la vie, vainqueur de la mort, se servant pour d'autres de la mort qu'il subit, il remet son esprit à son Père. La mort, que pouvait-elle là? C'était la mort, mais c'était l'exercice de la puissance de Christ dans l'acte le plus élevé de son triomphe — à part du moins la résurrection. Et il en est ainsi pour nous. Et il le fait encore non pas comme pour lui-même, car lui seulement y a droit, car il a la vie en lui-même, et nous ne l'avons qu'en lui — nous avons «la vie éternelle, mais cette vie est dans son Fils». Combien parfait et glorieux est ce mystère! Combien parfaite l'oeuvre accomplie! Combien glorieux et parfait Celui qui l'a opérée! Quelle chose précieuse de l'avoir comme l'Objet de nos pensées, et de l'affection d'une âme vivante — de vivre par lui, fruit de cette oeuvre même!

La puissance qui sauve Israël sera glorieuse en délivrant l'homme; il échappera à la mort et au piège de l'oiseleur (Psaumes 124), mais combien différente est notre part! Elle est de mourir, de sorte que, dans la puissance de cette vie qui peut passer à travers la mort, cette position et ce principe de péché n'existent plus — elle est de mourir seulement à ce qui donna à la mort en elle-même son pouvoir en nous (en Christ, pour d'autres). Oh! quelle bénédiction pour nous, car notre nature charnelle est péché! Quel bienfait excellent! Quel privilège béni que la mort! Remarquez, c'est notre mort en Christ. C'est négativement (dans la puissance de cette vie — la vie en Christ) ce que Dieu est positivement, c'est-à-dire qu'il en est ainsi par le moyen de l'oeuvre glorieuse de Christ — la séparation d'avec le péché. Il remet aussi son esprit à Dieu. «En ce qu'il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché; mais en ce qu'il vit, il vit à Dieu». Combien cette séparation était nécessaire, parce que le péché était là! Mais c'est une séparation du péché, absolue en jugement, quand le péché est désavoué et jugé, une séparation telle que l'innocence ou l'ignorance du péché ne l'aurait jamais été. Mais pour cela, il fallait que la vie en puissance divine fût là. Combien clairement la séparation d'avec le mal est identifiée avec la justification absolue et parfaite par Christ! Et quelle force cela donne à l'enseignement de Romains 6. Remarquez que c'est, comme privilège, notre état actuel par la foi.

Nous pouvons remarquer ici que Christ «remet» son esprit «à son Père». A travers tout, nous voyons toujours sa confiance, comme Homme, en lui, non pas la puissance agissant sans lui, bien que cette puissance fût là — il avait la vie en lui-même, mais c'était la vie agissant dans l'Homme, dans la confiance en son Père. C'est ce qui ajoute à la bénédiction, en ce que nous y voyons Christ dans son humiliation parfaite.

Remarquons encore que dans le fait du rejet de Christ (Luc 20) et le fait que le Fils de David devient le Seigneur de David, nous avons ce qui met en évidence la position des deux Adams. Christ ne prend pas la place de Fils de David en Israël, selon la promesse. Ce n'est pas non plus son titre divin comme Jéhovah, car c'est Jéhovah qui lui parle (Psaumes 110), comme étant rejeté comme Fils de David ici-bas. Là il est assis «jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds», mais il est Seigneur comme placé là par Jéhovah. Il dominera au milieu de ses ennemis, et il a bu «du torrent dans le chemin», c'est-à-dire qu'il a été humilié pour dépendre de Dieu son Père, par la foi, en se confiant en lui.

Le premier homme a voulu être «comme Dieu», s'exaltant lui-même, et il a été abaissé. Dans le plein développement de l'homme comme antichrist, il s'opposera et s'exaltera au-dessus de «tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s'assiéra dans le temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu». Et il prétendra monter encore plus haut, et élever son trône au-dessus des étoiles de Dieu, et être semblable au Très-Haut, montant jusqu'au ciel (Esaïe 14). Mais il sera précipité au fond de la fosse. Le second Adam «n'a pas regardé comme un objet à ravir d'être égal à Dieu», mais il s'est anéanti lui-même, et vint ici-bas dans la forme d'homme, et comme Adam fut désobéissant, lui fut «obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix». Et Dieu l'a haut élevé — a haut élevé son acte — a haut élevé l'Homme de la création, mais en même temps l'Homme des conseils de Dieu, l'Homme céleste, exalté par Dieu, héritier de tout ce que Dieu dans ses conseils a donné à l'Homme, c'est-à-dire de toutes les choses que cet Homme possède — lui le Dieu de la création — et dont il hérite comme Fils. Et maintenant tout découle, non seulement de Dieu, comme cela est vrai cependant, mais de cet Homme céleste. La vie a ce caractère et cette place (*), comme aussi la justice. Le royaume qui viendra ci-après l'a aussi — il est allé là-haut pour le recevoir — de même que l'héritage de toutes choses, selon le Psaume 8, c'est-à-dire qu'il est la source et le centre de la condition tout entière de toutes les voies de Dieu à l'égard de l'homme; il a sa place auprès de Celui de qui tout dépend, car il a mis toutes choses sous ses pieds. C'est là encore que l'Eglise lui est unie par l'Esprit qu'il a envoyé ici-bas, et que le Père a envoyé en son nom.

(*) C'est-à-dire céleste. (Note du traducteur)

C'est la clef de voûte de toutes les voies de Dieu, son dessein à l'égard de toutes choses. Et nos relations morales tirent de là leur caractère; elles ont le caractère, la position et la perfection de ce que Dieu a opéré. Christ est le second Homme placé à la droite de Dieu, Celui qui s'est humilié et abaissé lui-même, comme le premier homme, celui de la création, s'était exalté lui-même, et dont la responsabilité a été mise à l'épreuve jusqu'à la mort de Christ, et même après, pour voir s'il voudrait reconnaître Celui que Dieu a exalté. Ensuite nous voyons l'adversaire, montré en principe dans les Juifs, là-dessus mis de côté (Paul ayant montré spécialement ce caractère, mais étant devenu ensuite un exemple de la miséricorde envers Israël et un témoin de la grâce souveraine et de l'Eglise), et finalement, comme nation et comme homme, nous le voyons dans l'Antichrist, quand l'homme de la terre fera place à l'Homme céleste, maintenant exalté auprès de Dieu, connu actuellement par la foi, mais alors révélé à l'homme et mettant de côté toute opposition. Tels sont le premier et le second Homme, le premier et le dernier Adam, celui qui s'exalte lui-même, et Celui qui s'abaisse.

En Christ, nous trouvons aussi la distinction entre la gloire qui lui est conférée et la félicité qui lui est propre. Il s'est abaissé jusqu'à la mort même de la croix, et il sera vu exalté, ayant un nom au-dessus de tout autre nom. Il sera manifesté ceint des couronnes de gloire, mais non pas, pour parler nettement, de sa divine et immuable félicité. Il a une joie d'un caractère plus élevé que la récompense en gloire qui est manifestée. Les anciens portant des couronnes et assis sur des trônes, sont sans doute dans une position merveilleuse pour eux — avoir des trônes autour du trône de la Majesté suprême! Mais lorsque le cri: «Saint, saint, saint», se fait entendre, ils quittent leurs trônes, et tombent sur leurs faces devant lui, et jettent leurs couronnes devant le trône — et sont là dans une position plus élevée, quand ils saisissent et apprécient la gloire de Celui qu'ils adorent, que lorsqu'ils sont manifestés dans celle qui leur est propre. Ainsi, mais naturellement d'une manière qui lui appartient, Christ a une part plus excellente que le déploiement royal de la gloire sur la croix, et cela comme Fils de l'homme, il a moralement accompli tout ce qui pouvait manifester la gloire divine dans sa plénitude. Il s'est livré lui-même, afin que Dieu fût parfaitement glorifié et manifesté en tout ce qu'il est. Non seulement il était Dieu manifesté en amour envers l'homme, et en même temps l'Homme obéissant envers Dieu, mais il s'est donné lui-même, de manière que fussent glorifiés l'amour parfait de Dieu, sa justice à l'égard du péché, sa Majesté vis-à-vis de l'audacieux transgresseur, sa vérité quant à la menace qu'il avait faite à l'homme, et cependant le salut dans toute sa plénitude selon la gloire d'un Dieu de grâce; sa justice à l'égard du péché jusqu'à la plus extrême rigueur, car le Fils a souffert et n'a pas été épargné; l'amour sans limites envers le pécheur, car le Fils a été donné; la grâce régnant, mais régnant par la justice, maintenant parfaitement en tout la gloire de Dieu, dans sa sainte Majesté, et cependant descendant dans la profondeur la plus extrême de la ruine — «fait péché» et sous la mort, parce que nous, indignes et misérables, nous étions là! Dieu a été glorifié en lui, et en vérité le Fils de l'homme a été glorifié, car quelle obéissance que la sienne! Quelle chose digne d'admiration, merveilleuse au plus haut point, que dans un Homme les attributs de Dieu fussent ainsi glorifiés et démontrés! Quel dévouement à Dieu: le sacrifice de soi-même afin que Dieu fût glorifié, et donnant ainsi un motif pour que le Père l'aimât! Descendu jusqu'à l'extrême de la faiblesse, mais en cela se confiant, dans la mort, à l'amour fidèle et à la gloire de son Père (se confiant en ce que Dieu était) et ressuscité par cette gloire!

Ainsi à la croix, le Fils de l'homme a été glorifié comme étant Celui en qui Dieu pouvait l'être, et Dieu a été glorifié en lui. Alors, en réponse à cette glorification morale de Dieu, il a été glorifié en Dieu lui-même, il n'a pas été simplement manifesté dans sa propre gloire de Fils de l'homme, ce qu'il montrera en son propre temps, mais glorifié en Dieu lui-même. Et c'était une conséquence juste et nécessaire. Si Dieu est glorifié en lui, il faut, comme la seule chose qui réponde à la gloire de Dieu établie en lui, que Dieu le glorifie en lui-même, et cela sans question de le manifester, ce qui ne serait pas en Dieu même. Il le fait immédiatement, sans attendre le temps de la manifestation du Fils de l'homme en gloire. Il est glorifié en Dieu lui-même, comme conséquence de ce que Dieu a été glorifié en lui, gloire et position dont il jouit en lui-même, participant des délices infinies et de l'excellence de Dieu, comme ayant été ainsi exalté, ce qui, quel que soit le résultat de sa manifestation, est au-dessus et au delà de tout déploiement de gloire. Telle est la gloire et la bénédiction appartenant au Fils de l'homme! Merveilleuse vérité, découlant sans doute de ce qu'il était, aussi bien que de ce qu'il a fait quant à ce qui était possible, mais gloire et bénédiction dont il jouit comme Homme dans cette place, en Dieu. C'est un merveilleux et glorieux mystère, et nous le verrons, lui, comme il est. De plus, nous demeurons en lui, et lui en nous.

Christ n'était pas seulement la manifestation de la grâce parfaite de Dieu envers l'homme, et cela quand l'homme était dans ses péchés, sa sainteté étant si parfaite et tellement hors de l'atteinte du péché, qu'il pouvait s'élever au-dessus du péché pour agir en amour envers le pécheur; mais il était Celui en qui était montré le nouvel Homme tel que Dieu prend ses délices en lui — la vie divine avec tout ce qui la constitue, déployée sur la scène de misère où elle était en tout mise à l'épreuve, et n'en brillait que d'un éclat plus vif. «Cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée» (et «ce qui est vrai en lui et en vous, parce que les ténèbres s'en vont et que la vraie lumière luit déjà»; et c'est pour cela que nous sommes appelés à être «imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants», car il est notre vie), et ainsi nous pouvons prendre nos délices dans toute la perfection de cette vie, objectivement en lui, et cependant comme étant la nôtre.

Au chapitre 7 des Actes, nous avons trois points très importants: l'homme résistant au Saint Esprit, — l'homme rempli du Saint Esprit (comme ayant été racheté et lavé par le sang de l'Agneau), — et la religion, établie sur la terre en relation avec la création, entièrement mise de côté comme appartenant à la première création dans laquelle étaient entrés le péché et la désobéissance. Cela donnait tout le caractère de l'homme dans sa relation avec Dieu. L'histoire passée où l'on voit l'homme résistant à l'Esprit Saint, est donnée distinctement en connexion avec Israël — dans ce qui concerne Joseph, Moïse, etc. Mais ici, au chapitre 7 des Actes, c'était résister à Dieu, alors qu'ils avaient manqué sous la loi, et que l'Esprit agissait en témoignage, et cela en grâce souveraine, leur annonçant, s'ils se repentaient, que Christ qu'ils avaient déjà rejeté, reviendrait. D'un autre côté, nous voyons les cieux ouverts, le Saint Esprit dans le croyant arrêtant les regards de celui-ci vers le ciel, et rendant témoignage que le Fils de l'homme était à la droite de Dieu. (Remarquez que ce n'est pas le ciel ouvert sur l'homme, et contemplant l'Homme du bon plaisir de Dieu, Jean 1 et Matthieu 3: 17; mais c'est l'homme rempli du Saint Esprit, en vertu de la rédemption, et contemplant dans le ciel le Fils de l'homme). C'était le grand témoignage. Cela amène la croix et la conformité à Jésus. Mais la résistance à l'Esprit Saint, la mise de côté de toutes les ordonnances charnelles, de toute puissance sur la terre, et alors, en contraste, le fidèle rempli de l'Esprit Saint et regardant dans le ciel, et religieusement, toute association de Dieu avec la terre mise de côté; cela est très remarquable.

Notez encore, dans la dernière partie du chapitre 22 de Luc, lorsque toutes choses sont amenées à leur issue, et que Christ, vainqueur de Satan qui avait induit le premier Adam à faire sa volonté, est rejeté comme libérateur de l'homme ici-bas, que les choses qui le concernent ont une fin. De sorte que, amené jusqu'au point de mourir, à moins qu'il n'abandonnât son oeuvre, la mort, dans son caractère de jugement et de colère, était dans la main de Satan comme puissance, et dans celle de Dieu en justice contre le pécheur. Cette grande crise est mise en lumière de trois manières. Premièrement, la chair était incapable de la traverser, même avec la meilleure intention, car l'homme était là, et Satan y était en malice et en puissance, et Dieu en justice. Satan crible et l'homme manque, il ne peut pas passer au travers. S'il ne tombe pas dans le désespoir, et qu'il tienne encore ferme à Dieu, quelle que soit sa faute, c'est par la grâce de Dieu et l'intercession de Christ. L'homme n'est qu'indignité et manquement en tout, avec la meilleure intention, et Christ est la grâce parfaite dans le pire des manquements. C'est ce que nous voyons en Pierre lorsqu'il est criblé. La chair est abattue — Pierre alors est capable d'être fortifié, parce qu'il a appris et qu'il sait que la chair n'est bonne à rien, et que Christ est un parfait appui, quand l'homme comme tel, est venu à sa fin, est ruiné, et que son indignité est démontrée.

En second lieu, nous avons Christ passant à travers la même crise, et, béni soit Dieu! à travers toute la plénitude du pouvoir que Satan exerce de cette manière, en cherchant à détourner l'âme du Seigneur d'accomplir cette oeuvre terrible en obéissance. Il est parfait en la traversant. Dans le combat, il est d'autant plus près de Dieu. Ici nous avons, non pas la chair abattue à la première ombre de ce pouvoir de l'ennemi, mais la grâce le traversant en parfaite obéissance. Christ entre en tout avec Dieu — tout était accompli quand l'homme vint — ce n'était alors que l'occasion de montrer son obéissance.

Troisièmement, nous voyons l'efficacité de l'oeuvre elle-même dans le brigand sauvé et allant dans le paradis — non pas le royaume, nous sommes tous au-dessus. Ainsi nous laissons la chair qui ne peut que faillir quand Satan se montre avec le pouvoir de la mort dans sa main. Nous avons donc en Christ soumission et obéissance parfaites, de sorte que Satan est entièrement vaincu, et que son pouvoir sous ce rapport est annulé pour la foi, et que l'oeuvre de passer sous le jugement et la colère, est si parfaitement accomplie pour le pécheur, qu'il va directement avec Jésus dans le paradis.

Telles sont les trois phases de l'homme en rapport avec la mort et la croix. Une autre place où nous voyons l'homme, est sa relation active et volontaire avec Satan — au point le plus bas en Judas — mais de cela j'ai parlé ailleurs, et n'ai point à le toucher ici. Cela est compris dans ces paroles: «Votre heure et la puissance des ténèbres».

J'ajouterai qu'il est très difficile de se défaire de la tendance à s'estimer soi-même en se comparant aux autres. Mais il faut que ce soit déraciné. Le Seigneur le rappelle, en disant à Pierre: M'aimes-tu plus que ceux-ci? mais Pierre n'y prétend plus. Nous devons être ramenés au même niveau que les autres, si nous nous exaltons à leurs dépens. Mais l'effet est qu'étant honteux de nous-mêmes, Christ devient tout pour nous. Pierre dit simplement: «Tu sais que je t'aime». A présent, je pense que chacun peut aimer Christ mieux que je ne le fais, bien que je ne désire pas rester en arrière, mais le fait que je l'aime, et quant à l'objet, lui seul, cela il le sait. Et cependant que cela est encore peu de chose! Mais je n'ai rien que lui, et je ne désire rien d'autre, il le sait et mon Dieu le sait. L'amour du Père est là. Quelle félicité!