Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 73 – ME 1895 page 13. 1

Méditation de J.N.D. no 74 – ME 1895 page 31. 3

Méditation de J.N.D. no 75 – ME 1895 page 35. 5

Méditation de J.N.D. no 76 – ME 1895 page 53. 6

Méditation de J.N.D. no 77 – ME 1895 page 71. 8

Méditation de J.N.D. no 78 – ME 1895 page 91. 9

Méditation de J.N.D. no 79 – ME 1895 page 292. 11

Méditation de J.N.D. no 80 – ME 1895 page 312. 12

Méditation de J.N.D. no 81 – ME 1895 page 331. 14

Méditation de J.N.D. no 82 – ME 1895 page 351. 17

Méditation de J.N.D. no 83 – ME 1895 page 354. 18

Méditation de J.N.D. no 84 – ME 1895 page 375. 20

Méditation de J.N.D. no 85 – ME 1895 page 389. 22

Méditation de J.N.D. no 86 – ME 1895 page 408. 24

Méditation de J.N.D. no 87 – ME 1895 page 412. 25

Méditation de J.N.D. no 88 – ME 1895 page 434. 26

Méditation de J.N.D. no 89 – ME 1895 page 471. 28

 

Méditation de J.N.D. no 73 – ME 1895 page 13

1 Pierre 2: 1-15

La pensée de Dieu en nous appelant à être des sacrificateurs pour lui, est exprimée aux versets 5 et 9 de notre chapitre. Quel contraste avec les pensées de l'homme et avec tout ce qu'il recherche! «Toute la gloire de la chair est comme la fleur de l'herbe!» (1: 24).

L'apôtre écrivait à des Juifs convertis qui avaient gardé quelque chose des idées de leur peuple sur la sacrificature. Le Saint Esprit les place dans la position de petits enfants (verset 2). Si nous avons goûté que le Seigneur est bon, notre coeur désire le pur lait intellectuel de la Parole, comme un enfant nouveau-né qui n'a qu'un instinct, de se rassasier du lait maternel. Plus nous sommes petits à nos propres yeux, plus nous nous trouvons près de Christ, comme l'enfant nouveau-né près de sa mère. Le jugement d'un enfant est souvent beaucoup plus droit que celui d'un homme fait. Si la grâce est puissante en nous, nous verrons en Christ plus que ce dont nos âmes ont besoin, et nous nous trouverons toujours en sa présence comme ayant goûté que le Seigneur est bon.

Sous le judaïsme, il n'y avait point de différence entre les sacrificateurs, tandis qu'il y avait différentes fonctions parmi les lévites. Il en est de même aujourd'hui: les chrétiens sont tous également sacrificateurs et de la même manière, et ils ont la même fonction. L'idée d'un sacerdoce particulier parmi les chrétiens est entièrement étrangère à la parole de Dieu: par contre, il y a «diversité de dons». Si quelqu'un a un don, sa position correspond à celle du lévite; il est serviteur de Christ et de l'Eglise; car les lévites étaient les serviteurs des sacrificateurs, de ceux dont la fonction était de s'approcher de Dieu.

Au milieu de ce monde méchant, Dieu nous a donné le privilège immense d'être ses sacrificateurs, une «sainte sacrificature» et une «sacrificature royale». Comme tels, nous avons d'une part à offrir des sacrifices spirituels, de l'autre, à annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Il n'y a que les chrétiens qui puissent offrir des sacrifices spirituels. Parmi les Juifs, la famille d'Aaron seule pouvait offrir des sacrifices. Le roi lui-même n'en pouvait offrir, sans être frappé de lèpre comme Ozias (2 Chroniques 26). Il n'y a que les chrétiens qui puissent, ayant reçu grâce sur grâce, annoncer les vertus de Celui qui les a acquis et les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Les ténèbres ne peuvent annoncer la lumière; l'homme naturel ne peut annoncer les vertus de Christ.

Si l'Esprit de Christ agit en nous, nous sentons que le Seigneur est bon, nous nous approchons de lui, nous nous proposons d'offrir des sacrifices spirituels. La foi nous attache directement à l'objet de la foi, à Christ et à sa bonté. Plus la foi est en activité en nous, plus il nous sera précieux de le servir. La seconde chose pour laquelle nous vivrons, sera pour annoncer les vertus de Christ. Nous sommes un peuple acquis. Si nous étions à nous-mêmes, nous serions du monde qui a craché au visage du Seigneur et l'a crucifié. Mais nous sommes le peuple acquis, racheté du monde, n'ayant d'autre objet que d'annoncer les vertus de Celui qui nous a acquis. Par rapport au monde, nous sommes des paresseux, ne nous proposant pas de vivre selon son train, ni de nous enrichir. Si les habitants de Lausanne avaient crucifié hier le Seigneur Jésus, il nous serait impossible d'avoir, une action commune avec eux, car nous ne voudrions pas être solidaires de ce qu'ils ont fait. Les siècles qui se sont écoulés depuis la croix, n'ont rien changé à l'esprit du monde, ni à l'Esprit de Christ. Nous ne devons pas marcher avec le monde, mais agir en grâce envers lui, selon l'Esprit de Christ.

Autrefois, nous n'étions point un peuple, maintenant nous sommes le peuple de Dieu. La foi dit nous; elle ne se borne pas à dire qu'il y a un peuple de Dieu. Un Juif ne disait pas: Il y a un peuple de Dieu; il proclamait hautement en être.

Que notre foi est faible! Combien de chrétiens, qui n'osent pas dire: «Nous avons obtenu miséricorde!» Si nous ne pouvons pas le dire clairement et nettement, nous méprisons l'oeuvre de Dieu et la bonté du Seigneur.

Dieu veuille nous remplir de joie, en nous faisant goûter qu'il est bon, afin que nous puissions lui offrir des sacrifices comme son peuple!

Méditation de J.N.D. no 74 – ME 1895 page 31

Genèse 47: 1-10

Cette histoire montre la supériorité des enfants de Dieu sur le monde. Elle nous montre le plus misérable des croyants, placé plus haut que le plus élevé des habitants de cette terre.

Joseph est le type de Christ, rejeté de ses frères, haï, parce qu'il devait régner sur eux, vendu aux étrangers par les siens, et exalté au-dessus des gentils. L'entrevue de Joseph avec ses frères est un type de Christ recevant les Juifs humiliés.

Les Juifs sont, sur la terre, l'exemple de l'élection comme nation et du manquement de l'homme au milieu des privilèges dans lesquels Dieu l'avait placé. Cependant Jacob, le père d'Israël, ruiné par la famine, n'ayant pas de quoi nourrir son bétail, est élevé au-dessus du Pharaon.

Quand nous portons les yeux sur nous-mêmes, c'est pour voir ce que nous sommes, quant à notre responsabilité devant Dieu. Abraham, Isaac, Jacob, prouvent dans leur marche que l'homme placé sous la bénédiction s'éloigne de Dieu. Mais Abraham, quoiqu'il ait manqué à quelques égards, est remarquablement béni. Isaac, beaucoup moins fidèle que lui, est frappé dans sa famille. Jacob, bien plus infidèle encore, est bien plus châtié de Dieu. Jacob est un saint dans un triste état; il emploie des moyens humains pour obtenir ce qui est un objet de foi; il s'empare de la bénédiction par ruse, au lieu de l'attendre dans l'obéissance. Les moyens qu'il emploie ne sont pas du tout selon la volonté de Dieu; et cependant, le désir de son coeur était de marcher par la foi! Il est séparé de sa famille pendant 21 ans et trompé par son beau-père; il reçoit ainsi le châtiment de son péché.

Quand il est sous l'effet de ce châtiment, Dieu l'accompagne. Jacob rentre en Canaan, ayant peur d'Esaü, et Dieu vient encore à son secours. Mais le châtiment s'étend aussi à sa famille; il lui faut maudire Ruben, Siméon et Lévi. Jacob avait donc raison de dire: «Mes jours ont été courts et mauvais». C'est toujours le cas d'un enfant de Dieu qui ne marche pas fidèlement. Ce n'est pas le cas d'un mondain qui, pendant sa vie, peut jouir de ses biens et a la récompense qu'il désire. Dieu laisse souvent le monde ainsi, et le méchant prospère devant les hommes, ayant ses biens en cette vie. Même à sa mort, ses funérailles cachent la misère de la mort et du péché.

Un chrétien qui n'est pas fidèle est, par la bonté de Dieu, toujours triste, tandis qu'un méchant peut être heureux ici-bas. Mais, du moment qu'un tel chrétien, triste, affligé, se trouve vis-à-vis du plus béni et du plus heureux d'entre les gens du monde, il est au-dessus de ce dernier et peut le bénir. «Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent» (Hébreux 7: 7).

Jacob, devant Pharaon, agit sans hésitation comme étant le plus grand. Il a conscience de ce droit, par la certitude de ses relations avec Dieu. Il avait été châtié, mais Dieu l'aimait; il a le sentiment d'être plus grand que le plus grand du monde; il sait qu'il appartient à Dieu, et que les promesses de Dieu lui appartiennent. Mais en bénissant, il reconnaît toute son indignité. La conscience de la présence de Dieu produit une sincérité qui lui donne la hardiesse de confesser sa misère devant le Pharaon. Celui-ci aurait pu lui dire: Comment le béni de l'Eternel se trouve-t-il dans un tel état? Jacob, tout en étant exalté, est humilié: «Mes jours n'ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères». Ceux qui ont été fidèles, mes pères, n'ont pas été comme moi; mais, tel que je suis, je puis te bénir.

Dieu a châtié Jacob à cause de ses infidélités, et le châtiment même, donne à Jacob la conscience de la faveur de Dieu; ses pensées découlent de sa relation avec lui. Le sentiment intime de cette relation nous donne, vis-à-vis du monde, une grande supériorité. Si le monde m'offre quelque chose, je me souviens que Christ est à moi, qu'il est ma portion, et je ne puis échanger ma relation avec Dieu, contre les dons d'un monde qui périra, d'un monde qui a crucifié le Seigneur Jésus. Notre relation avec Dieu nous place plus haut que tout ce que le monde peut attendre. Avons-nous le sentiment de ce privilège? Nous suffit-il d'avoir Christ, d'être en sa présence? Oui, si Christ est aimé, car le coeur qui connaît le Seigneur, a goûté qu'il est bon.

Lorsque je m'occupe de ma fidélité, je vois toute sorte de sujets d'humiliation, mais lorsque j'ai la présence de Christ, je suis satisfait. Je suis à Dieu; ce sentiment me place au-dessus du monde.

Ma conscience d'être à lui, est-elle assez vive pour que je fasse cette confession? Si cette conscience est faible, si j'ai peur de me dire un enfant de Dieu, j'aurai peur aussi de dire que je suis un pauvre chrétien. Avec la joie d'être un enfant de Dieu, l'âme gagne de la franchise, et je ne crains pas d'avouer que mes jours ont été courts et mauvais. C'est l'effet de cette certitude qui met Jacob à même de bénir le roi. Que Dieu nous donne de nous juger, dans le sentiment que nous sommes enfants de Dieu. Pour être au large avec Dieu, il nous faut laisser Dieu pénétrer de sa lumière tous les recoins cachés de nos coeurs. Du moment que mon coeur n'a rien à cacher à Dieu, Dieu n'a rien à cacher à mon coeur. Il ne veut pas cacher à Abraham ce qu'il va faire (18: 17), mais il cache son nom a Jacob (32: 29).

Y a-t-il quelque inconverti qui puisse avec raison dire du mal d'un enfant de Dieu? (Le monde peut haïr les fidèles, mais il méprise toujours les chrétiens qui ne marchent pas selon leurs privilèges et ne se séparent pas de lui). Cet enfant de Dieu que tu as le droit de condamner est placé bien plus haut que toi. Dieu le châtiera à cause de ses infidélités, mais celui qui méprise l'enfant de Dieu, méprise Dieu lui-même. Le monde sait qu'un chrétien ne doit pas faire certaines choses, tandis qu'un mondain qui commet l'iniquité peut être appelé très honnête par le monde. Ce dernier reconnaît ainsi que la position de l'enfant de Dieu est infiniment supérieure à la sienne. S'il trouve le chrétien en faute, il confesse par là qu'il n'est pas un chrétien. Pour ce mondain, au jour du jugement, il ne s'agira pas de la valeur qu'ont eue les enfants de Dieu, mais de la valeur que Christ a eue pour lui.

Méditation de J.N.D. no 75 – ME 1895 page 35

Nombres 6: 1-12

Le mot Nazaréen signifie séparé; ce qui le rend précieux, c'est que Christ a été appelé de ce nom. Ce type nous présente un esprit de séparation du coeur à Dieu, dont Christ est le modèle.

«Nazaréen» était, parmi les Juifs, un terme de mépris. Que cela ne nous étonne pas, car ce qui nous sépare pour Dieu nous expose nécessairement au mépris du monde.

Le monde est séparé de Dieu par le péché. Dieu a chassé l'homme pécheur de sa présence, et l'homme pécheur a aussi chassé Dieu de la sienne, en crucifiant le Seigneur Jésus. En s'attachant à Christ, en lui étant fidèle, on se sépare du monde, parce que Lui est séparé du monde. Lorsque Dieu l'envoya dans le monde, sa sainteté et sa fidélité au Père ont fait de lui le méprisé du monde. Nazareth même était un lieu méprisé: «Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth?»

Dieu a voulu qu'il y eût cette épreuve pour le coeur, que Celui qui est son Fils bien-aimé ait été le méprisé des hommes. S'il était venu selon la chair et comme Messie glorieux pour les Juifs, il aurait été reçu. Mais maintenant ce Jésus rejeté est «séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux» (Hébreux 7: 26).

Il était défendu au Nazaréen de boire du vin. Le vin est le symbole de la joie du monde, de la joie des hommes dans la société de leurs semblables. Jésus s'est séparé de nous par son ascension, c'est pourquoi il dit: «Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père» (Matthieu 26: 29). Ce n'est plus aujourd'hui le temps de l'épanchement de son coeur au milieu des siens, et cela ne peut plus être avant que l'Eglise ait été rassemblée et que le moment des noces de l'Agneau soit venu.

 «Séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux…» tel devrait être aussi notre caractère. Dans le ciel, notre sainteté consistera à nous laisser pleinement aller à nos affections; ici-bas, c'est le contraire: nous y laisser aller, c'est nous associer au mal. Si nous ne sommes pas ceints ici-bas, nos vêtements traînent dans la boue. C'est en nous attachant aux choses d'en haut, en étant occupés de la grâce, de la beauté, de la gloire de Jésus, en aimant ce que Dieu aime, que nous sommes séparés des pécheurs. Alors nous sommes vraiment libres; notre liberté est de pouvoir toujours faire la volonté de Dieu, selon le désir du nouvel homme. Ainsi le moyen de jouir de cette heureuse liberté, c'est d'être Nazaréens, séparés pour Dieu, par l'efficace du Saint Esprit, en étant occupés de Christ et en pensant à lui. Jésus est le chef des Nazaréens. Pour avoir affaire avec Dieu, il faut se séparer d'un monde qui est séparé de Dieu.

Christ n'est pas seulement séparé des pécheurs, mais «élevé plus haut que les cieux». Ce Jésus que j'aime, est là. Il faut que nos pensées et nos coeurs soient dans le ciel où est notre ami, et Dieu a mis son Esprit en nous, par lequel nous pouvons connaître ces choses (1 Corinthiens 2: 7-12).

«Je ne boirai plus du fruit de la vigne…» Ce n'est pas de sociabilité, de joie selon le monde, qu'il s'agit maintenant pour nous, mais de vigilance, d'un dévouement positif au Seigneur. La joie du monde chasse Christ et nous empêche d'être «saints à l'Eternel». Ce n'est pas dans les rues qu'on oserait chanter des cantiques; il ne faut pas qu'on parle de Christ dans ce monde qui a été fait par lui.

Notre vie doit être dévouée à Dieu. C'est positif, et non plus négatif, comme de s'abstenir du mal. Il est d'une grande importance d'être positivement occupés de Christ, cela ferme la porte à Satan; sinon il entre et souille tout. Le Nazaréen une fois souillé, les jours précédents de son nazaréat ne comptent pour rien (verset 12). Il en est de même pour nous, mais la jouissance pratique de la communion avec Dieu. Si Satan entre, cette communion qui était auparavant notre force est perdue, et tout est à recommencer. Nous sommes obligés de retrouver notre force, comme si nous n'avions jamais encore été en communion avec lui.

Quel privilège immense d'être unis à Jésus par l'Esprit, séparés du monde et élevés en Esprit plus haut que les cieux!

Méditation de J.N.D. no 76 – ME 1895 page 53

Genèse 12

Abraham est le père des fidèles; il représente la vie et la marche de la foi sur la terre. Avec Abraham commence la première manifestation d'un principe important: l'appel de Dieu. Il y avait déjà eu auparavant des appelés, mais l'appel n'avait pas été révélé. On voit dans les premiers chapitres de la Genèse, les effets du péché et le jugement du monde, mais depuis le chapitre 12, Dieu appelle un homme et le fait sortir de sa famille, pour fonder par son moyen un nouveau peuple, à part pour lui. C'est l'appel de Dieu qui opère cette séparation.

Josué 24: 2, montre que même les hommes de la famille de Sem étaient tombés dans l'idolâtrie et avaient reconnu Satan comme leur prince, en l'adorant au lieu de Dieu. Dieu ne change pas l'état du monde, mais il appelle un peuple qu'il choisit pour être son peuple. La vocation de Dieu choisit Abraham, l'appelle à tout quitter, et le fait agir sur le principe de la foi, en le conduisant dans un pays inconnu, sans autre certitude que la promesse de Dieu.

Depuis les jours d'Abraham, c'est en nous appelant à être séparés du monde que Dieu nous bénit, et il n'y a pas de bénédiction sans cette séparation. Dieu se sépare un peuple à lui par des promesses, en l'appelant à tout quitter pour lui. Nous devons obéir en quittant tout et en suivant Dieu. Abraham, confiant dans la promesse, entre au pays de Canaan, mais il vit en étranger au milieu de ce qui lui est promis. Dieu nous appelle à tout quitter, parce que ce monde est sous l'esclavage de Satan et n'a d'autre liberté que celle de pécher et de désobéir à Dieu.

La fin du chapitre nous montre le résultat de l'infidélité du croyant, quand il se trouve aux prises avec des circonstances difficiles. Il y avait une famine dans le pays. Quoique en esprit dans le pays de la promesse, le chrétien ressent la famine, du moment qu'il commence à penser à autre chose qu'à Christ. Abraham descend en Egypte, type du monde, prend conseil de sa propre sagesse et non de Dieu, et se trouve aux prises avec une puissance qui lui est supérieure. Quand le chrétien descend dans le monde pour y chercher des ressources, avec sa force humaine individuelle, il se trouve en face de la puissance de Satan qui, bien que cachée, est une force plus grande que la sienne.

Abraham a peur; il a recours à sa sagesse et renie Sara; il nie la relation de sa femme avec lui, et cette dernière trouve sa place dans le monde. Abraham est honoré de Pharaon; c'est ce qui arrive au chrétien qui est dans la main du monde; il reçoit du monde des honneurs qui ne sont que la preuve de sa servitude.

Abraham a nié la position qui faisait de Sara quelque chose qui lui appartenait entièrement. Il n'a pas voulu confesser hautement ses principes. Le chrétien, quand il manque de fidélité, ne proclame plus que l'Eglise est l'Epouse de Christ. Alors le monde la revendique. Il veut bien la prendre pour femme et la garder chez lui pour en avoir le bénéfice, mais c'est en effaçant la gloire de Christ. Chacun des dons de Pharaon aurait dû reprocher à Abraham son infidélité. Des jugements sur ce monde en sont le résultat, car Dieu ne renonce pas à ses droits. Parce que les chrétiens, entraînés dans le monde, se conforment à ce dernier, Dieu le frappe de grandes plaies, à cause du déshonneur qui en résulte pour l'Eglise. Abraham ne devait avoir aucune paix en Egypte, et n'en retirait que les preuves de sa servitude.

Le monde ayant renié le Seigneur Jésus, Dieu ne le reconnaît que comme perdu. Il lui offre la grâce maintenant et le jugera plus tard. Quand la lumière est venue au monde, les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Dieu ne porte pas remède à l'état du monde, mais il appelle hors du monde ceux qui en avaient fait partie jusque-là. Abraham dut quitter sa famille, parce qu'on y adorait des dieux étrangers. Dieu nous appelle à sortir du monde, et c'est en nous révélant ses promesses en Christ qu'il nous en fait sortir. Jésus est assis à la droite de Dieu, et ceux qui sont appelés, le sont par la révélation de Jésus. Il faut sortir du monde de coeur (non pas encore du corps), et s'attacher à Jésus, rompre avec le monde, comme Jésus a rompu avec lui pour aller s'asseoir à la droite de Dieu. Toutes les promesses sont faites à Abraham et à sa semence, c'est-à-dire à Jésus, pour y avoir part il faut être à lui. Dieu présente son Fils au monde; le monde le rejette; en retour, Dieu le reçoit. Pour avoir part aux richesses de la maison de Dieu, il faut avoir part à Jésus que le monde a rejeté. Par ce principe tout devient facile, quoiqu'il puisse y avoir une famine dans le pays.

Du moment que je confesse le Seigneur Jésus, je ne puis être que pèlerin et étranger dans le monde. Dieu nous a aimés, appelés, séparés; et tout ce qui est pénible dans notre vie est une preuve de plus que nous sommes à Christ. Nous avons part à toutes les promesses, car du moment que Christ est ma portion, mon héritage, j'ai tout ce que Dieu lui a donné. Dieu glorifiera son Fils et sa gloire sera mienne, et moi-même je serai à la gloire de Dieu. Tout ce que le Saint Esprit révèle, il le révèle comme m'appartenant, car je suis un enfant de Dieu. Le chrétien n'est pas, comme les prophètes, un simple canal de la révélation; il en est l'objet, car il est cohéritier du Fils. Je ne puis rien voir qui appartienne à Jésus, sans dire que tout cela est mien.

Nous sommes étrangers par l'appel de Dieu et, comme tels, nous n'avons plus le monde et nous n'avons pas encore le ciel, mais nous avons Celui qui nous a appelés. Si nous n'avions qu'une profession, notre état serait des plus misérables.

Passer un jour en n'ayant rien que Dieu, est une chose difficile, mais c'est à quoi Dieu veut nous accoutumer. Il nous place dans le désert, pour que nous n'ayons rien que Dieu; ni conseil, ni route, ni subsistance que par Dieu.

Abraham était séparé de ses faux dieux, mais il sait qu'il peut en paix adorer l'Eternel; il lui bâtit un autel et le sert, parce qu'il est à Dieu et que Dieu est à lui.

Sommes-nous satisfaits de n'avoir d'autre jouissance que des promesses et la communion avec Dieu? Dieu ne manquera pas de nous conduire à chaque pas, et il nous fera obtenir l'accomplissement des promesses. Si nous cherchons des ressources dans le monde, le monde nous asservira. Si nos pensées s'éloignent de Dieu, nous trouverons la famine dans le pays. Le monde est plus fort sur son terrain que nous, mais il ne comprend pas les sources de notre confiance. Les chrétiens mondanisés sont, en un certain sens, plus à leur aise que les chrétiens fidèles. Mais il faut, dans le chemin de l'obéissance, savoir supporter la famine en reconnaissant la main de Dieu, et ne pas aller chercher des ressources en Egypte. Laisser l'Eglise entre les mains du monde, c'est l'exposer à être déshonorée.

Nous devons nous souvenir de ce qui nous a placés dans l'obligation d'être séparés: c'est la grâce, la pure grâce. C'est parce que Dieu a voulu me donner Christ et me faire jouir de tout ce qu'il a donné à Christ, qu'il me sépare du monde.

Il n'y a pour nous qu'une seule obligation vis-à-vis de l'appel de Dieu; c'est l'obéissance de la foi. Dieu sait mieux pourvoir à notre bonheur que nous-mêmes!

Méditation de J.N.D. no 77 – ME 1895 page 71

Psaume 11

Le jugement dont il est question au verset 6, aura lieu aux derniers jours; mais ce qui nous arrêtera aujourd'hui, c'est l'Eternel, présenté comme notre refuge. Les Psaumes font allusion aux derniers temps, où tout sera dans un état complet de désordre et de faiblesse, mais où il y aura un résidu fidèle. Toutes les circonstances mentionnées ici s'accompliront. Si ces jours-là n'étaient abrégés, nulle chair n'échapperait. La Parole nous présente continuellement, par des exemples, les grands principes selon lesquels Dieu agit; ce Psaume nous présente Dieu comme le refuge de son peuple.

On trouve, quand on se retire vers l'Eternel, un refuge et une force que les méchants ne peuvent comprendre. Point de repos pour qui ne se retire pas vers lui. Toutes les circonstances qui nous tourmentent, nous inquiètent, ne troublent ni n'inquiètent Dieu dans son parfait repos. Il y a pour nos âmes un grand repos dans ce principe très simple, qu'il n'y a rien que Dieu n'ait prévu, et qu'il prend un grand intérêt à l'état dans lequel nous nous trouvons. On croit facilement que, si les circonstances changeaient, les choses nous paraîtraient moins difficiles, mais, dans nos circonstances actuelles, Dieu est aussi puissant et aussi fidèle qu'il le serait en d'autres circonstances. Du moment que nous nous retirons vers lui, nous le trouvons en repos, et il nous communique ce repos. Toutes les circonstances sont réunies contre le juste, telles qu'elles se produiront aux derniers temps sous le règne du méchant. «Puisque les fondements sont ébranlés, que fera le juste?» La réponse qui lui donne le repos, c'est que l'Eternel est dans le palais de sa sainteté et qu'il sonde le juste et le méchant. Celui-ci ne machine rien que Dieu ne voie et qu'il ne puisse empêcher.

C'est précisément quand le déluge a couvert toute la terre, que Noé a compris la sûreté qu'il y a à se fier à Dieu et à se mettre sous sa protection. Il voyait que l'Eternel avait tout vu, tout prévu, que Dieu était pour lui, et il a trouvé ainsi la certitude de la délivrance et le repos de son âme.

S'il y a des circonstances au-dessus de nos forces, il n'y en a point au-dessus de Dieu; et en outre il s'intéresse lui-même à nous dans toutes nos circonstances. «Ses yeux contemplent et ses paupières sondent les fils des hommes». L'Eternel a pensé à tout, a pris soin de tout arranger. C'est plus qu'un soulagement; au milieu des épreuves de notre foi, nous faisons la connaissance intime de Dieu, et nous trouvons en lui plus que nous n'avions jamais connu de lui.

Etant forcés de nous retirer vers l'Eternel, c'est l'Eternel que nous trouvons compatissant, se communiquant à nous. Le fils prodigue fait, à son retour, la connaissance de ce que son père était pour lui, comme il ne l'avait jamais éprouvé auparavant.

Méditation de J.N.D. no 78 – ME 1895 page 91

Apocalypse 3: 7-13

Chacune des épîtres de l'Apocalypse a un sens prophétique et un sens particulier, relatif à un état moral donné. Dans les premières épîtres, l'exhortation: «Que celui qui a des oreilles écoute…» vient avant les promesses; dans les dernières, elle vient après; l'individu fidèle est séparé et exhorté à écouter. L'épître à Philadelphie s'applique à l'état actuel de l'Eglise.

Il est important de faire attention aux caractères de Christ donnés au début de chaque épître. Ici, il est nommé le Saint et le Véritable. Chaque fois, son titre est lié à l'exhortation contenue dans l'épître, aussi bien qu'à la promesse qui y est faite. Ici, l'état de l'Eglise est celui des difficultés et de la faiblesse. Christ est le maître de ces difficultés: il a la clef de David, il ouvre et personne ne ferme; il ferme et personne n'ouvre. C'est ainsi que Jésus se présente à nos yeux.

Ensuite, l'état des fidèles est indiqué: «Je connais tes oeuvres». Il ne dit pas, comme dans les autres épîtres, ce qu'elles sont; parce que ces oeuvres sont peu de chose et que l'église elle-même ne peut rien en dire. Il ne peut pas les sanctionner, il ne veut pas les condamner. Il apporte aux fidèles la consolation qu'il les connaît. La meilleure chose qu'il puisse dire d'eux, c'est qu'ils n'ont pas renié le christianisme.

La bonté de Jésus se montre dans ces mots: «J'ai mis devant toi une porte ouverte». Il n'est pas besoin de force et de violence pour entrer dans le royaume, comme au commencement de l'Evangile. Jésus a ouvert à notre faiblesse et nul ne pourra fermer. La seule réponse de l'Eglise est la fidélité à sa parole.

Le verset 9 est extrêmement précieux. Au moment où Dieu va détruire une économie, il y a partout de la présomption, et Satan cherche à inspirer la confiance que tout va continuer de même et que tout durera. Les Juifs de ce temps-là faisaient de grandes démonstrations de leur force et de leur puissance, mais ils allaient être abattus et forcés de reconnaître que Christ aimait l'Eglise. Aujourd'hui, c'est l'économie chrétienne qui va finir. Elle est jugée, et cependant il y a partout la prétention qu'elle durera.

Toutes les fois qu'un enfant de Dieu veut obéir à la Parole, il se trouve dans une condition qui exerce sa patience. Philadelphie est dans le cas de Christ qui est venu à la fin d'une économie. Quand, les principaux sacrificateurs lui demandent par quelle autorité il agit, il n'en appelle pas à ses actes de puissance, mais à la conscience de ceux qui l'interrogent et à la parole de Jean Baptiste qui n'avait point fait de miracles. Jésus gardait la Parole, marchait dans l'obéissance, et laissait Dieu juger. Ceux qui sont fidèles à la parole de Dieu et ne suivent ni les traditions, ni les pensées humaines, seront gardés de l'heure de la tentation. Ceux qui habitent sur la terre, comme n'étant pas voyageurs et étrangers, seront atteints par cette heure terrible.

Verset 11. «Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as». Il n'y a pas de progrès ecclésiastique à faire.

Ayant placé les disciples dans les mêmes circonstances que celles qui accompagnaient la fin de l'économie juive, il leur donne tous les privilèges qu'il possède. Il leur donne part à tout ce que donne le Dieu du Seigneur Jésus. Voilà pourquoi il dit: «mon Dieu». Nous avons part à l'heure de sa patience, nous échapperons à celle de la tentation.

Au verset 12, Jésus fait allusion aux deux colonnes Boaz et Jakin du temple de Salomon (1 Rois 7: 21; 2 Chroniques 3: 17). Le disciple ayant participé à la patience de Christ ici-bas, aura part à la gloire du Dieu de Jésus. Jésus a été glorifié, parce qu'il s'est abaissé et qu'il a souffert. Le chrétien qui a partagé la même patience et les mêmes souffrances, quoique faiblement, aura part à la gloire du Seigneur Jésus. Dieu est ici spécialement le Dieu de Jésus, nom qu'il a manifesté sur la croix, en disant: «Mon Dieu». Christ a un nouveau nom; il en a d'anciens, mais il a pour l'Eglise un nouveau nom comme ayant souffert; c'est le second Adam, le nouvel homme, l'héritier de toutes choses. Christ écrit son nouveau nom sur ceux qui ont eu part ici-bas à sa patience. Ce qui caractérise aujourd'hui le chrétien fidèle, c'est de garder la parole de la patience de Jésus. Mais celui qui vaincra aura bien assez de richesses, pour pouvoir se contenter maintenant de la patience et des souffrances. Si je suis lié à Christ, dans la certitude de posséder tout ce qui est à lui, je me contente de tout en attendant ce moment.

Méditation de J.N.D. no 79 – ME 1895 page 292

1 Rois 13; Ephésiens 3

Je n'ai pas d'autre but en lisant le premier de ces passages que de faire ressortir l'importance pour nous de l'obéissance toute simple, obéissance qui ne se détourne ni à droite, ni à gauche, même à la voix d'un prophète, quand la volonté de Dieu nous est déjà connue.

Le second passage (Ephésiens 3) nous montre l'importance immense que la parole de Dieu attache à l'Eglise. Christ lui-même est le centre de tous les conseils de Dieu, mais rien ne lui est plus précieux que l'Eglise. C'est par elle qu'il fait connaître sa sagesse aux principautés dans les lieux célestes. Paul fut particulièrement le ministre de cette révélation, car si le Saint Esprit a enseigné les mêmes vérités à tous les apôtres et prophètes, il a donné à chacun d'eux la révélation de quelque partie des richesses du Christ. Pierre, par exemple, insiste davantage sur la gloire personnelle du Seigneur; Paul sur l'union de l'Eglise avec lui. Jean fait ressortir le principe que Dieu est amour. Pierre présente Jésus comme la pierre vivante, en vertu de sa résurrection et de sa gloire; il montre que nous participons à cette gloire. Paul, comme nous l'avons dit, parle de l'union actuelle de l'Eglise avec Christ. Tous les apôtres avaient accompagné Jésus comme homme ici-bas. Paul seul, arrêté par lui sur le chemin de Damas, apprend à le connaître dans la gloire, et c'est désormais le point de départ de toutes ses pensées, tandis que cette même gloire est au contraire le terme des pensées des autres apôtres.

L'union absolue, l'unité des disciples persécutés avec Jésus, devient le moyen de la conversion de Paul. C'est surtout dans l'épître aux Ephésiens qu'il développe cette unité. Quand il parle de notre position, il la montre en Christ: nous sommes élus en lui avant la fondation du monde, et nos bénédictions sont actuellement dans les lieux célestes en lui. Le monde est le théâtre sur lequel ces choses sont manifestées, mais il n'y entre pour rien. Même les miracles qui s'y accomplissent sont les «puissances du siècle à venir». Cette union est un mystère qui n'avait pas été révélé auparavant, car dans l'Ancien Testament on ne trouve que Christ, et non pas l'Eglise. Tel est, par exemple, le passage d'Esaïe 50: 7-9, qui concerne Christ et qui, en Romains 8: 33, 34, est appliqué par le Saint Esprit à l'Eglise. Dans l'Ancien Testament, le peuple d'Israël voit la manifestation de la gloire de Christ, mais le mystère, l'union de Christ et de l'Eglise, ne lui est pas révélé. Jésus Christ a été serviteur de la circoncision, est-il dit en Romains 15: 8.

Avant la mort de Christ, l'Eglise n'avait point été révélée comme assise dans les lieux célestes, mais quand, après son ascension, il envoie le Saint Esprit, celui-ci, par la puissance qui agit en nous avec efficace, sépare un peuple élu hors du monde. Unis par lui à Christ, nous sommes un seul Esprit avec lui. C'est la présence du Saint Esprit qui distingue l'Eglise de Dieu. Celle-ci manifeste d'une part, au milieu du monde actuel, la présence du Saint Esprit par des fruits que l'égoïsme même du monde est capable de comprendre. D'autre part, elle manifeste aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes, la sagesse de Dieu infiniment variée. Les anges étaient les administrateurs du gouvernement de Dieu sur Israël, et c'était là ce que signifiait l'échelle de Jacob. Mais dans l'Eglise, on voit Dieu, unissant à lui, dans la personne de son Fils, des êtres qui autrefois n'étaient que de pauvres pécheurs, et les plaçant au-dessus de toutes les principautés et de toutes les puissances dans les lieux célestes.

Dès que nous rabaissons dans nos coeurs la notion de l'Eglise, nous manquons au but que Dieu se propose, et Dieu ne nous communique sa force que pour accomplir ce qui est selon sa pensée. Comment aussi pourrons-nous jouir de la bonté et de la miséricorde de Dieu, si nous manquons à ce qu'il se propose? En serons-nous réduits à nous appuyer sur notre sagesse et nos forces pour accomplir des choses qui ne sont pas selon les pensées de Dieu manifestées dans sa Parole?

Cherchons donc humblement, dans le sentiment de notre responsabilité, à répondre dans toute notre marche, au but et aux pensées de Dieu, avec la certitude heureuse que Dieu est avec nous dans ce chemin.

Méditation de J.N.D. no 80 – ME 1895 page 312

Exode 3

La vérité que ce chapitre nous présente, c'est que Dieu est descendu pour la délivrance de son peuple. Notre délivrance, à nous chrétiens, est bien plus importante que celle d'Egypte, mais le principe de cette délivrance est le même. Ce chapitre est rempli de détails faits pour attirer nos coeurs vers Dieu et nous montrer ce qu'il est à notre égard.

Ce n'était ni la bonne conduite, ni l'état moral d'Israël, qui avaient attiré sur lui l'intérêt de Dieu. Israël était même tombé dans l'idolâtrie; à quel point, nous le voyons lorsqu'ils font le veau d'or au désert en l'absence de Moïse. Ils regrettaient jusqu'aux oignons et à la viande d'Egypte par lesquels ils pourraient satisfaire leurs convoitises. Mais Dieu a connu l'état misérable de son peuple, son affliction et toutes ses malheureuses circonstances. Israël était esclave en Egypte, esclave du Pharaon, comme nous le sommes du prince de ce monde, et dans une profonde misère. Dieu ne prend pas seulement connaissance de leurs péchés, mais aussi de leur douleur. Mais aussitôt que Dieu vient montrer sa puissance au milieu de son peuple, qu'il descend pour le délivrer, et se présente dans le royaume de Satan, celui-ci, ne pouvant supporter sa présence, le chasse hors du monde. C'est ainsi que, lorsque Jésus est venu, Satan n'a pu le supporter et l'a crucifié. Il faut toute la puissance de la sainteté de Dieu, pour délivrer son peuple du péché et le faire sortir du monde. Le feu que vit Moïse nous représente la sainteté de Dieu en jugement, mais le feu ne consumait pas le buisson. Ainsi Dieu se présente au milieu de son peuple, jugeant ses faiblesses et ses misères, mais il vient en grâce; c'est pourquoi le buisson, image d'Israël, n'est pas consumé. C'est Dieu lui-même qui descend et se présente dans la puissance de sa sainteté, se révélant au coeur d'Israël, et ne lui mettant pas en compte le péché, à cause de Christ, pour ne s'occuper que de l'affliction et des misères de son peuple.

On ne peut avoir une plus haute idée de Dieu que ce qui nous est dit au verset 14: Il se met ici en communication avec son peuple et se présente à lui d'une manière toute nouvelle. Quand l'homme pense à Dieu, il admet qu'il devra paraître devant lui comme juge; mais ici, l'on voit un Dieu qui s'occupe en grâce de son peuple, avant que ce dernier s'occupe de lui. Il se met en relation intime avec nous selon tous nos besoins. Il est le Dieu des promesses. Il n'a pas pris à honte d'être appelé le Dieu d'Abraham et le père de nous qui croyons. Je suis, dit-il, le Dieu qui a fait les promesses à Abraham, à Isaac et à Jacob, celui qui, à cause de ses promesses, a soin de vous.

Il est «Je suis», et Jésus dit de même: «Avant qu'Abraham fût, je suis». Il se présente dans sa majesté, dans sa sainteté en apparence effrayante, comme le feu du buisson, mais en même temps comme Celui qui est en relation intime avec nous. Ce n'est pas à un envoyé de Dieu, mais à Dieu lui-même, que nous avons à faire, et nous avons sa présence avec nous. Jésus est descendu comme Emmanuel, Dieu avec nous; il est remonté comme homme dans la gloire, afin que nous la partagions éternellement avec lui. Dieu avec nous, tel est son nom, qui lui reste éternellement. Jamais Christ n'aura honte de nous appeler ses frères, car jamais Dieu n'aura honte d'être le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Nous n'avons pas à attendre le jugement pour paraître devant Dieu. Il est venu à nous et veut être avec nous dans une relation de bénédiction et de promesse. Il nous a visités (verset 16). Hélas! les Juifs l'ont rejeté et n'ont pas connu le jour de leur visitation.

Dieu laisse longtemps son peuple en esclavage. Quand Lazare est malade, Jésus n'y va pas et demeure où il est. Il laisse agir le mal jusqu'à la mort pour montrer sa toute-puissance et sa délivrance parfaite, contre laquelle toute la puissance de Satan ne peut rien. Mais quand le mal a eu pleinement son cours et que tout est fini, Jésus ressuscite Lazare. Dieu laisse agir le mal, afin d'introduire un bien qui est au delà et en dehors de toute la puissance du mal.

C'est alors qu'une âme est sur le point d'être délivrée, qu'elle souffre le plus. Il en est ainsi d'Israël. Mais pas un soupir, d'une âme opprimée par Satan qui ne soit monté vers Dieu, rien d'oublié, pas une larme qui ne soit mise dans ses vaisseaux, car Dieu avait vu toute l'affliction de son peuple, au lieu de regarder à son péché. Il aurait pu voir son idolâtrie, ses murmures, sa rébellion, mais sa grâce voit l'effet du péché et de l'esclavage et ne s'arrête qu'à leurs douleurs. C'est ainsi que Dieu nous a visités en Christ. Dieu est venu non seulement se mettre à notre portée, se rendre familier avec nous, en s'incarnant pour nous, mais il nous donne aussi des promesses pour l'avenir: «J'ai dit: Je vous ferai monter hors de l'affliction de l'Egypte…» (verset 17). Cela est certain. Dieu a vu la douleur de son peuple et en a pris connaissance. Cela touche les coeurs. Quand sa douleur est passée, un homme malheureux se souvient avec une tendre reconnaissance des marques de sympathie qu'il a reçues. Dieu a vu cette affliction et veut rendre son peuple vainqueur de toute la puissance de ses ennemis, et c'est en remportant lui-même la victoire pour eux. Satan, le prince de ce monde, le prince des ténèbres et de l'autorité de l'air, est vaincu par la puissance et par l'oeuvre de Jésus.

Dieu leur promet d'excellentes choses, un pays découlant de lait et de miel, et il ajoute (verset 18): «Ils écouteront ta voix». En effet, ils obéissent à la parole de Moïse. C'est une bénédiction nouvelle, donnée de Dieu, sans laquelle Moïse n'aurait jamais pu entreprendre son oeuvre. Israël était tellement accoutumé à l'Egypte, qu'il eût été content d'y rester, comme le fils prodigue, désirant se rassasier des gousses des pourceaux, plutôt que de penser à la maison de son père. Laissés à nous-mêmes, nous préférons à Dieu toute sorte de choses faites pour exciter le dégoût, ou bien nous choisissons Barabbas plutôt que Jésus.

Dieu sait que Satan ne laissera sa proie que par contrainte (verset 19). Il permet cela, afin que les siens comprennent qu'ils sont sans aucune force. Au moment de passer la mer Rouge, quand il a le Pharaon à dos, Israël sent qu'il n'en a aucune.

L'opposition de Satan à la délivrance du peuple de Dieu, donne lieu à une délivrance totale. Israël passe la mer Rouge et jamais ne rentrera en Egypte. Dès que j'ai trouvé que je suis impie, privé de toute force, impuissant contre Satan, je puis dire: Dieu est pour moi. Il m'a délivré, il m'a montré son amour; je sais que Dieu est pour moi.

Moïse n'aurait pas eu de force sans le sentiment que Dieu était avec lui, et le signe que Dieu lui en donne vient après qu'Israël aura obéi (verset 12). Il fallait passer la mer Rouge pour venir adorer avec le peuple en Horeb. Dieu nous donne assez de lumière pour voir sa volonté, puis il attend que nous obéissions. Quand nous avons obéi, il nous en fait voir les conséquences. Mais il faut obéir à Dieu, et Dieu se réserve de nous faire passer la mer Rouge, comme s'il n'y avait point de nier. Sa grâce immense s'emploie tout entière pour nous. Quelle honte que nous osions murmurer, lorsque Dieu n'a en vue que notre délivrance complète!

Méditation de J.N.D. no 81 – ME 1895 page 331

Philippiens 2: 1-18

Du moment que le coeur se laisse dominer par la convoitise, sa propre volonté se manifeste et c'est la source de nos péchés. Voilà pourquoi il est dit de «travailler à notre propre salut avec crainte et tremblement» quant à nous-mêmes, car, il en est tout autrement lorsqu'il s'agit de notre confiance en Dieu. Paul était en prison et ne pouvait, personnellement, donner ses soins à l'Eglise, mais, quoique absent, il était présent d'esprit avec elle; il l'exhortait, afin qu'en son absence elle ne s'élevât pas. Déjà quelques-uns annonçaient Christ par esprit de contention, et il y avait du désaccord entre Evodie et Syntiche. Cela exerçait le coeur de Paul dans sa prison.

Il est assez rare de voir, dans l'Ancien Testament, l'intérieur du coeur humain. Les Psaumes, l'histoire de Moïse, nous en fournissent quelques exemples; mais le Nouveau Testament nous en présente de beaucoup plus fréquents. Cela tient à ce que Dieu s'y est rapproché davantage de nous. Le Saint Esprit y agit plus familièrement; il est le Consolateur qui est venu demeurer ici-bas et qui s'occupe de tous les détails et de toutes les circonstances de ceux au milieu desquels il demeure. Il y prend intérêt; il y apporte l'amour de Dieu. Qu'y a-t-il de plus digne de Dieu?

Rien ne nous empêche plus de comprendre la Parole que d'en séparer les sujets de leur contexte. C'est ce qui est souvent arrivé pour le passage du verset 12, dont nous parlons. Paul s'occupe des difficultés de l'Eglise. Il voudrait voir ses chers Philippiens marcher dans l'humilité, comme Christ lui-même (versets 5-11). Au verset 12, il ne les adresse pas à quelque puissance qui soit dans l'homme. Cette expression: «à votre propre salut», est en contraste avec l'oeuvre de Paul qui, jusqu'à son emprisonnement, avait travaillé lui-même à leur salut. Par l'absence de l'apôtre, les choses avaient éprouvé du changement. Satan cherchait à élever les disciples, en l'absence de celui qui les avait enseignés. Quand Paul était là, éteignant pour eux les dards enflammés du Malin, l'Eglise se tenait en paix derrière lui. «La mort», disait-il, «opère en nous, et la vie en vous» (2 Corinthiens 4: 12). Les Philippiens avaient, dans le Seigneur, pris confiance par les liens de l'apôtre et en son absence. Mais l'Ennemi pouvait se servir de cette confiance. Ils avaient peut-être perdu en quelque mesure la défiance d'eux-mêmes et de la chair. Paul veut les mettre en garde contre ce piège; voilà pourquoi il leur parle de crainte et de tremblement. Ce n'est pas Paul, dit-il, qui opère en vous le vouloir et le faire, c'est Dieu. Paul est en prison, mais Dieu est tout-puissant. Plus nous sommes privés de secours extérieurs, plus il nous faut de vigilance et d'humilité, mais nous pouvons compter sur Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire.

Entre le salut qu'il nous donne et la jouissance des résultats du salut, Dieu nous conduit dans un chemin où il éprouve notre coeur par le combat avec Satan. Nous avons le salut, mais, par le combat, nous travaillons à notre salut — car il signifie ici ce qui se trouve devant nous, à la fin de notre carrière chrétienne — avec crainte et tremblement. C'est une oeuvre longue et lente que Dieu opère dans les sauvés, afin de se faire connaître à eux et de leur apprendre ce qui est dans leur coeur. Satan les tente, se transforme en ange de lumière, cherche à les épouvanter: ces combats sont nécessaires et nous font du bien. Il nous faut pour cela de la vigilance, de l'activité spirituelle. Si nous ne veillons pas, Satan a le dessus. L'épreuve nous fait sentir que nous sommes petits et pauvres dans nos coeurs, mais le terrain étant mieux travaillé, nous produisons plus de fruit. Les deux motifs pour la vigilance sont que nous nous trouvons toujours en présence de Satan, et que nous ne savons quand le Seigneur viendra. C'est quand nous possédons la grâce de Dieu que nous craignons réellement l'Ennemi de nos âmes. Le mondain craint Dieu dans le sens d'avoir peur de lui, mais il ne craint pas Satan; il fuira l'homme qui lui parle de Dieu, et ne craindra pas celui qui l'entraîne au mal. Le chrétien, au contraire, ne craint plus Dieu, dans le sens que nous venons d'indiquer, et il craint Satan. Sentant sa faiblesse et ayant affaire à un ennemi toujours vigilant, il sait très bien que, s'il se laisse entraîner, il contristera le Saint Esprit qui ne se prêtera jamais à ce que Dieu réprouve. L'enfant de Dieu, possédant un tel trésor, craindra le ravisseur.

Il est toujours important de s'opposer aux commencements du mal. Satan nous tente en présentant des objets à nos convoitises, des plaisirs, des vanités à nos coeurs et à nos yeux. De là, la nécessité d'être vigilants, de rester en communion suivie avec Dieu, en sorte que nous jouissions assez des choses de Christ pour que celles qui lui sont étrangères n'aient pas d'empire sur nous.

Si nous n'avons pas eu assez de défiance de nous-mêmes, Satan cherche aussi à nous jeter dans la défiance de Dieu. Il présente aussi des difficultés à notre foi. C'est ce qu'il a fait à Jésus dans la tentation, au commencement de son ministère. A la fin, il est revenu, lui présentant la croix, le mépris, la contradiction des pécheurs, la colère, le jugement, l'abandon de Dieu, pour écraser, si possible, sa foi et anéantir son oeuvre.

Telles sont les tentations de Satan. Si nous aimons la sainteté, opposons-nous donc aux commencements du mal, et, pour le faire, jouissons de la communion de Dieu; occupons-nous de bonnes choses. Si la coupe de nos coeurs est pleine, Satan n'y pourra rien mettre. Et quand nous sommes tombés, notre seule ressource est de confesser notre péché et de regarder à Jésus, notre avocat auprès du Père. Quant à faire la volonté de Dieu, ne craignons rien. Il ne faut jamais reculer devant les conséquences de cette volonté. Nous perdrons dans ce monde nos amis, mais nous aurons déjà dans ce monde cent fois autant, et dans le siècle à venir la vie éternelle.

Le chrétien doit veiller, parce qu'il attend le Seigneur, et qu'il lui faut se trouver tel qu'il devrait être quand le Seigneur viendra. S'il tarde, l'effet de l'attente sera que toute ma vie correspondra exactement à ce que je voudrais qu'elle fût quand je serai devant lui.

Satan est toujours là, et le Seigneur sera bientôt là: tels sont les deux grands motifs à la vigilance. Si j'ai de tels motifs pour veiller et prier, c'est que je suis un enfant de Dieu dans les rangs de l'armée de Dieu. Je n'ai pas pour sujet de crainte et de tremblement que Dieu ne m'aime pas, mais que je perde ce que j'ai. Si je crois que tout l'héritage de Christ m'appartient, quelle joie je montrerai, mais aussi quelle vigilance pour ne pas me laisser dérober ces choses.

Nous appartenons à Jésus, et Jésus nous appartient. Si nous ne le sentons pas, nous ne connaissons ni la force, ni la puissance de notre vie chrétienne.

Méditation de J.N.D. no 82 – ME 1895 page 351

Hébreux 1 – 2

La gloire du Seigneur est un de ces sujets devant lesquels on sent son impuissance, quand on est appelé à en parler. Nous apprenons à connaître cette gloire par le fait qu'elle répond à nos besoins, comme le pauvre apprécie les richesses du riche par le bien qu'il en reçoit. Oui, c'est par nos besoins, et non en cherchant orgueilleusement à nous élever jusqu'à lui, que nous apprenons ce qu'il est. Dieu est amour; nos besoins nous le font connaître; c'est là ce qui ouvre son Livre à nos coeurs. Quand l'Eternel a donné la loi, tous étaient tenus à distance de sa gloire, si bien qu'une bête même ne pouvait toucher la montagne. C'est que tous ceux qui étaient sous les oeuvres de loi étaient sous la malédiction. Dans le Deutéronome, la malédiction devait être prononcée en Ebal, la bénédiction en Garizim. Or la malédiction seule est mentionnée (Deutéronome 27). L'apôtre en tire précisément cette conséquence, que «ceux qui sont sur le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction» (Galates 3: 10; Deutéronome 27: 26). La loi est bonne, mais l'homme est pécheur, et voilà pourquoi la loi ne peut justifier aucun homme.

Toute autre est la grâce. Dieu ne s'est pas borné à nous en envoyer le message; il est venu lui-même nous l'apporter et nous la faire connaître. Il s'était fait connaître dans le passé à Abraham, à Jacob, à Manoah, et cela très obscurément, à de rares intervalles, sous forme angélique; mais Jésus est venu comme homme sur la terre et a été «vu des anges».

Pour que Dieu soit pleinement manifesté à l'homme, il faut trois choses: 1° Que le coeur de l'homme soit à l'aise devant Dieu. Or Dieu se manifeste en grâce, et l'homme fait connaissance non pas avec son juge, mais avec celui dont la bonté est la plus grande gloire. C'est ce que Jésus a fait. Il s'est approché de nous, afin que nous sentions, nous misérables, perdus de réputation, que nous avons ses sympathies les plus intimes. 2° Il faut que l'homme soit devant Dieu, sans péché. Cela a eu lieu dans l'incarnation du Fils de Dieu sans péché, de celui qui est l'homme parfaitement agréable à Dieu. Mais alors il serait resté seul, car si Dieu pouvait l'introduire dans le ciel, il ne pouvait nous y introduire, rien de souillé ne pouvant y entrer. Mais il est venu pour laisser sa vie. Ainsi la question du péché était réglée, et Dieu s'étant manifesté en grâce, par le don de son Fils, aux pécheurs sur la terre, ceux-ci peuvent s'approcher de lui dans le ciel. 3° Il faut enfin que l'homme soit tel que Dieu puisse le recevoir, et c'est encore ce que nous avons en Jésus. «Nous avons été rendus agréables dans le Bien-aimé».

Considérons, à propos de la personne du Fils, quelques citations contenues dans ces chapitres:

Il y a, au Psaume 2 (Hébreux 1: 5), une chose frappante quant au Fils de Dieu. L'Eternel lui dit: «Tu es mon Fils», puis il appelle tous les rois de la terre à baiser le Fils, de peur qu'il ne s'irrite. Jérémie dit: «Maudit l'homme qui se confie en l'homme. Béni l'homme qui se confie en l'Eternel» (17: 5, 7). Au Psaume 2, il est dit: «Bienheureux tous ceux qui se confient en lui» (le Fils). Le Fils est l'Eternel, en qui l'on doit se confier.

Au Psaume 45: 6, 7 (Hébreux 1: 8, 9): «Ton trône, ô Dieu», s'adresse au Fils; «Dieu, ton Dieu, t'a oint», s'adresse à Christ, l'oint de Dieu.

Au Psaume 102 (Hébreux 1: 10-12), c'est dans le moment où l'humiliation du Messie nous est présentée avec le plus de force, que Dieu le proclame l'Eternel et le Créateur.

Au Psaume 110 (Hébreux 1: 43), celui qui a été «le pauvre», est proclamé Seigneur et assis à la droite de Dieu dans la gloire.

Au Psaume 97 (Hébreux 1: 6), quand le Premier-né est introduit dans le monde habité à venir, il dit: «Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage».

Plus le fidèle s'attache de coeur à la gloire de Christ, plus il est dans sa vraie position. L'ignorance sur ce que Jésus est comme homme, comme Dieu, affaiblit tous les ressorts de la foi. Il est précieux de trouver la puissance infinie de l'amour de Dieu, s'accommodant, dans la personne du Seigneur Jésus, à tous nos besoins. Jésus a été «oint d'une huile de joie au-dessus de ses compagnons» (Hébreux 1: 9; Psaumes 45). Mais déjà actuellement, nous sommes ses compagnons (Hébreux 3: 14). Jésus a été fait semblable a nous (à part le péché) et maintenant Christ glorifié, Christ, l'homme parfait, nous appelle ses compagnons et ses frères (Hébreux 2: 12; Psaumes 22), nous place dans la position où il se trouve, nous rend participants de sa vie, de son héritage, de son Esprit, et plus tard de sa gloire. Les anges ne sont pas appelés ses compagnons, ni ses frères. Ce n'est pas la force de l'homme qui peut nous donner une telle place; c'est la puissance de Dieu, c'est l'Esprit de Dieu. Le Saint Esprit, dont la plénitude est en lui, est en nous aussi, afin que nous ayons part à ces choses. Par nature, nous sommes des vers, nés de la poussière, et si nous avons quelque chose de plus, c'est le péché. Dieu, dans son amour, est devenu pour nous un Dieu de près; il est entré dans tous nos besoins, et, par amour, nous a faits ce que nous sommes en Christ.

Méditation de J.N.D. no 83 – ME 1895 page 354

Luc 2: 1-16

La naissance de Jésus est un thème pour les pensées mondaines ou superstitieuses des hommes; mais le fait est que toutes les circonstances de cette naissance sont propres à bouleverser les idées du monde. Tout l'empire romain est mis en mouvement pour l'enregistrement ordonné par l'empereur; c'est de ce dernier que le monde entier est préoccupé et non de Dieu, et cependant, de cette circonstance ordonnée de Dieu, dépend l'accomplissement des prophéties au sujet de son Fils. Au milieu de la foule, personne n'est moins considéré que Joseph et Marie. En les estimant selon leur rang dans le monde, on les loge dans une écurie. Rien n'exprime mieux le taux d'appréciation du monde que la place donnée aux voyageurs dans une hôtellerie. Quant à Jésus, on ne trouve point de place pour lui.

Pour Dieu, il n'y a rien de grand ou de petit. Ce qui était grand pour le monde, c'était le décret de l'empereur; ce qui était très petit, ce qu'il ignorait même, c'était le voyage de Joseph à Bethléhem; et cependant, sans cette circonstance, rien de ce que la Bible nous dit n'aurait pu s'accomplir. C'est pour l'enfant qui va naître à Bethléhem et dont Dieu et les anges sont occupés, que tout l'empire romain est mis en mouvement, car, dans la pensée de Dieu, les passions, la politique des hommes, tout en un mot, doit aboutir à Jésus et à sa gloire.

Dieu s'est humilié, jusqu'à devenir un petit enfant, et les anges le contemplent, désirant sonder de telles choses jusqu'au fond. C'est en voyant, d'un côté, Jésus homme, de l'autre, l'amour de Dieu pour nous, qu'ils comprennent la grâce de Dieu, d'un Dieu qui va jusqu'à prendre une Marie de Magdala, possédée de sept démons, pour la faire asseoir dans la gloire de Christ lui-même. Toute la bonté et tous les conseils de Dieu se manifestent ainsi en Jésus. Où nous faut-il aller le chercher? Le monde irait sans doute le chercher à la cour d'un roi, ou à Jérusalem, la ville sainte, mais qui songerait à l'aller trouver à Bethléhem, dans une crèche? Le signe donné par les anges que Dieu est là, c'est qu'il est couché dans une crèche, et qu'il n'y a point de place pour lui dans le monde. L'homme ne trouve pas de place pour Dieu. Quand ce dernier vient en grâce pour les hommes, il vient au milieu des bêtes d'une étable, dans la plus basse humiliation. Il faut que l'homme cherche Dieu comme il se manifeste, et non pas autrement, car ce qui le glorifie dans les lieux très-hauts, c'est de s'être humilié. S'humilier, se mettre au-dessous du niveau de l'homme, était la seule chose nouvelle pour Dieu. Le résultat de son amour, c'est qu'il se fait serviteur pour nous sauver.

Le monde parle beaucoup d'ordre; l'ordre de Dieu, c'est que son Fils naisse dans une écurie. Il commence par la crèche, il finit par la croix. Cela montre que tout était en désordre dans le monde, et que Dieu ne pouvait avoir place au milieu de ce désordre engendré par le péché.

Tout ce que l'homme reconnaît pour haut et élevé, Dieu ne peut le reconnaître; ce qu'il place en haut, Dieu le place en bas. Et, quant aux coeurs de ceux qui lui appartiennent, impossible, quand nous voyons Jésus n'avoir pas un lieu où reposer sa tête, de nous trouver à l'aise dans un monde où il n'y a pas de place pour lui. Nous ne pouvons nous tenir que près de la crèche ou de la croix. D'un autre côté, nous voyons dans cette humiliation de Christ, l'amour de Dieu qui prend la dernière place pour nous servir, dans la puissance de son amour. Il y a une distance infinie entre le trône de Dieu et mon coeur de péché. Le Seigneur Jésus a rempli de son amour tout cet intervalle. Je vois Jésus descendre jusqu'à ce monde de pécheurs, s'abaisser jusqu'à la croix, puis remonter jusqu'au trône de Dieu, et je puis dire: Il n'y a rien entre Dieu et moi qui ne soit rempli de l'amour de Christ.

Le bon plaisir de Dieu se manifeste, en Jésus, envers les hommes (verset 14); la source de toutes les louanges à Dieu parmi les anges, c'est l'amour que Dieu a eu pour toi, pour moi, pauvres pécheurs. Dieu qui est amour est ainsi glorifié; c'est en Jésus, et seulement en lui, que nous trouvons cet amour.

Ce qui attache nos coeurs à Jésus, c'est son humiliation, ce qu'il est, et ce qu'il est devenu pour nous. Cela condamne entièrement le monde, où Christ n'a pas même pu trouver la place que vous et moi nous y occupons. Quelle place désirons-nous dans ce monde, où Jésus n'en a point trouvé? Occupons-nous toujours de cet amour qui a fait descendre Jésus dans la crèche et jusqu'à la croix!

Méditation de J.N.D. no 84 – ME 1895 page 375

1 Rois 13

Ce chapitre nous enseigne, d'une manière bien frappante, la simplicité d'obéissance à la volonté de Dieu, du moment que cette volonté nous est connue. C'est pour y avoir manqué, que le jugement est tombé sur le prophète infidèle. Aujourd'hui, Dieu n'agit plus publiquement, comme il le faisait alors parmi les juifs. Le gouvernement de Dieu en Israël était un gouvernement public, et l'Eternel devait punir son peuple publiquement, toutes les fois qu'il péchait, car il était, extérieurement, un peuple au milieu du monde. C'était par lui que Dieu donnait au monde un échantillon de son gouvernement. Il faut toujours se souvenir de cela, pour comprendre l'histoire d'Israël.

Dès le moment où l'idolâtrie est entrée dans le monde, Dieu a appelé Abraham. Avant le déluge, Enoch avait rendu témoignage, mais il n'y avait pas encore un peuple élu. Lorsque Satan a réussi à se faire adorer en introduisant l'idolâtrie, Dieu appelle Abraham et se choisit un peuple. On voit en Josué 24: 23, que la famille d'Abraham servait d'autres dieux. Ce n'était pas seulement l'iniquité, comme avant le déluge, c'était servir les démons au lieu de Dieu (1 Corinthiens 10: 20).

Mais Dieu n'exécute pas le jugement avant que l'iniquité soit arrivée à son comble, parce qu'il est plein de support et de patience; il prononce ses jugements longtemps avant leur exécution, afin d'avertir les pécheurs. Ce n'est que lorsque l'iniquité des Amorrhéens arrive à son comble, qu'Israël, introduit dans le pays de Canaan, frappe ses habitants comme ennemis de Dieu. Il en est de même dans notre chapitre (verset 2).

Dieu établit les limites des peuples selon le nombre des fils d'Israël (Deutéronome 32: 8), mais ce peuple est aussi, aux yeux de tous les peuples, un échantillon de la manière dont Dieu s'y prend pour éprouver le coeur de l'homme. L'épreuve nous fait voir que l'homme, sous la loi de Dieu, essayé par lui, ne vaut absolument rien. Ce gouvernement manifeste Dieu non moins que le coeur de l'homme. Son caractère à lui, est glorifié, tandis que l'homme, arbre et sève, est reconnu entièrement mauvais.

C'est quand tout est perdu, que la souveraineté de Dieu en grâce commence à se manifester. Au lieu de détruire les hommes qui avaient rejeté son Fils unique, Dieu leur offre la grâce. Il nous importe de nous souvenir que nous sommes sous la grâce et non sous la loi. En nous replaçant sous la loi, nous rentrons dans une condition qui a manifesté que nous sommes perdus.

L'Eternel est le Dieu des Juifs (Exode 6: 3), mais, pour nous, Dieu est le Père. S'il y a du mal dans ses enfants, il ne le permet pas; il les châtie, mais sans qu'ils cessent pour cela d'être ses enfants. C'est comme tels, qu'il a mis dans nos coeurs son Esprit, par lequel nous crions: Abba, Père! Cet Esprit nous reprend quand nous tombons en quelque mal. Dieu dit à Israël, en Amos: «Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre; c'est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités» (Amos 3: 2).

Dans l'Eglise, la discipline est bien plus cachée, plus intérieure, parce que nous ne sommes pas un peuple extérieur, mais un peuple destiné à manifester la sagesse de Dieu infiniment variée, aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes. En Israël, Salomon étant tombé dans l'idolâtrie, Dieu lui ôte une partie de son royaume. Jéroboam, agissant selon la sagesse de l'homme, fait des veaux d'or, sous prétexte de trouver l'Eternel à Dan et à Béthel, mais en réalité afin d'empêcher le peuple de retourner à Jérusalem. Il façonne la religion selon ses plans et ses convenances; et c'est ainsi que, de nos jours, la sagesse de l'homme arrange extérieurement même le christianisme.

Jéroboam sacrifiait lui-même, alors que les sacrificateurs avaient seuls le droit de le faire. L'ordre donné au prophète de Juda était très positif, très clair: «Tu ne mangeras pas de pain, et tu ne boiras pas d'eau, et tu ne t'en retourneras pas par le chemin par lequel tu es allé» (verset 9). Il devait manifester par là que l'Eternel ne veut point avoir de communion quelconque avec les méchants. Le prophète remplit fidèlement soit message; le roi veut le faire saisir, mais Dieu est avec lui et le délivre. Puis il intercède pour son adversaire, nouvelle preuve que Dieu est avec lui. Alors le roi l'invite: «Viens avec moi à la maison, et rafraîchis-toi, et je te donnerai un présent» (verset 7). C'est ce que fait le monde, quand il reconnaît la présence et la puissance de Dieu avec son peuple; il voudrait bien alors que le peuple de Dieu vînt au milieu de lui, afin de sanctionner son état par sa présence; mais son coeur n'est point changé pour cela (verset 33). Le prophète est fidèle, refuse l'invitation, et semble en s'éloignant s'être éloigné du danger.

Mais le danger vient d'un autre prophète qui habitait Béthel, et qui n'avait pas senti l'état d'iniquité de Jéroboam, car il restait au milieu du mal. C'est lui, maintenant, qui désire la présence du prophète fidèle, afin qu'elle sanctionne son état. Il voudrait que le vrai prophète le reconnût, là où il se trouve. Il en est de même des chrétiens infidèles, alliés au monde; ils recherchent la sanction de ceux qui sont fidèles, quand ils les voient bénis de Dieu. Sans doute, on ne voit pas le vieux prophète sacrifier sur l'autel ou sanctionner activement l'iniquité. Mais il demeurait au milieu de cette iniquité, et il voulait y avoir la communion du prophète fidèle. Ce dernier s'en retourne et vient en effet sanctionner par cet acte la position d'infidélité du vieux prophète. Bien plus, il désobéit à la parole positive de l'Eternel. Il accepte le mensonge du vieux prophète, à cause de sa qualité de prophète, à cause du bien qui était en lui. Plus il y a de bien dans un homme, plus il est distingué comme serviteur de Dieu, plus aussi son infidélité, même légère, peut faire de mal. Il en fut ainsi de Pierre, en Galates 2, quand il refusa de manger avec les chrétiens d'entre les gentils. La mondanité d'un chrétien fait plus de mal que celle d'un mondain. Elle autorise la mondanité chez les saints, elle sanctionne la mondanité du monde. A table, le vieux prophète est chargé d'annoncer lui-même à l'homme de Dieu le jugement de l'Eternel sur sa désobéissance!

Quand Dieu nous a montré sa volonté, nous devons nous y tenir en simplicité et en obéissance; sinon, nous avons des châtiments, et la triste conviction d'avoir été infidèles. Le pire serait que Dieu nous laissât dans notre mauvais train. En suivant la volonté de Dieu, nous trouverons toujours la bénédiction. Pour discerner cette volonté, il faut être en communion avec lui. Que le Seigneur nous donne d'être fidèles!

Méditation de J.N.D. no 85 – ME 1895 page 389

Exode 14

On trouve dans ce livre de l'Exode trois caractères de Dieu en rapport avec l'oeuvre de notre salut: 1° Sa condescendance: «J'ai vu, j'ai vu l'affliction de mon peuple… je connais ses douleurs» (3: 7). 2° Le jugement de Dieu contre le péché — jugement dont les Israélites furent garantis par le sang placé sur leurs portes. Israël, dans ses péchés et ne pouvant se préserver des jugements de Dieu, est préservé par le sang de l'Agneau (12). Dieu ne saurait nous imputer le péché, sans mépriser le sang de son Fils. 3° Dieu libérateur. Il se trouve que toute la puissance de Dieu est pour nous. Satan se présente avec sa puissance, et Dieu la laisse se manifester et se déployer tout entière, afin que nous comprenions bien que nous en sommes entièrement délivrés pour toujours (14). La chose est vraie, que nous en ayons fait l'expérience ou non, mais notre conviction découle de l'expérience que nous avons acquise.

Il a été permis à l'Ennemi de mettre en jeu toutes ses ressources contre le peuple de Dieu, jusqu'à le poursuivre dans le domaine même de Dieu, à travers la mer. C'était pour Israël un moment de terrible épreuve. Ils avaient entendu la parole de Dieu, ils avaient cru à son amour, le sang avait été mis sur leurs portes et ils en avaient éprouvé l'efficace. Ils s'étaient mis en route pour sortir du royaume de Satan, qui ne les laissait partir que par contrainte et les poursuivait maintenant jusqu'aux confins de son royaume. Dieu ordonne aux enfants d'Israël de se détourner de leur chemin, les plaçant dans une telle situation qu'ils doivent sentir toute leur impuissance et toute la force de Pharaon. Tant qu'Israël faisait des briques, il n'avait rien à craindre des chariots des Egyptiens. Le voici qui, dès le commencement de son voyage, se trouve avoir affaire à tout l'attirail de la puissance du roi. Il en est souvent ainsi pour les enfants de Dieu. C'est au moment de leur délivrance qu'ils font, d'une manière inconnue jusque-là, l'expérience de la puissance de Satan, mais ils apprennent que Jésus est le capitaine de leur salut.

Dieu place Israël de telle sorte, qu'il est seul, en présence de l'ennemi d'un côté, de la mer et du désert de l'autre. La mer Rouge est l'emblème de la mort et du jugement. Quand Israël se voit ainsi acculé, il perd confiance. A la suite de l'efficace du sang de l'agneau, il était heureux de quitter l'Egypte, mais ayant été longtemps l'esclave du monde, il n'avait ni l'expérience nécessaire, ni une foi suffisante en la puissance de Dieu. Il fallait encore qu'il fit l'expérience de la puissance de Satan en regard de celle de Dieu ainsi que de l'exercice de sa fidélité. Comme Israël, l'enfant de Dieu peut aussi être effrayé et abattu devant la mort et le jugement, fruits du pouvoir de l'Ennemi. Israël ne voit d'autre alternative que de mourir au désert ou de servir les Egyptiens. Cette alternative se présente aussi à notre incrédulité, mais il faut que nous fassions l'expérience de notre impuissance totale contre Satan, quand il s'agit de notre délivrance. Le diable a remporté la victoire sur l'homme innocent; elle ne lui sera pas difficile à remporter sur l'homme pécheur. Ni en Egypte, ni dans le désert, nous ne pouvons rien pour être délivrés de notre Ennemi, car, par nature, nous sommes non seulement impies, mais privés de toute force.

Quoiqu'il n'y eût pas autre chose devant eux que la mer, Dieu dit aux Israélites de marcher. Cela corrobore ce que Dieu a dit: «L'Eternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles». Ils doivent marcher en avant comme s'il n'y avait ni mer, ni Pharaon. En face d'un Ennemi plus fort que nous, Dieu nous entoure d'impossibilités, afin que nous comprenions que lui est pour nous de tout son coeur et de toute sa force. C'est ce qu'il nous a montré en Christ, lui qui n'a pas épargné son propre Fils, Celui qui pouvait dire: «Le prince de ce monde vient, mais il n'a rien en moi». — Pilate le reconnaît innocent et le laisse condamner; les sacrificateurs qui devaient bénir leur Messie, le mettent au rang des malfaiteurs; les disciples l'abandonnent; l'un d'entre eux le trahit; Satan qui a la puissance de la mort, l'exerce contre lui; il est délaissé de tous; l'homme déploie sa vigueur contre lui; Dieu lui-même l'abandonne. C'est vraiment l'heure de l'homme et la puissance des ténèbres. Mais il faut passer la mer Rouge. En Christ, tout le peuple de Dieu a traversé la mort et le jugement. Par la mort, Christ a détruit celui qui avait la puissance de la mort; mais Jésus, sorti du tombeau, a une vie en dehors de tout le pouvoir de Satan; la preuve que ce pouvoir est détruit est donnée à la résurrection de Christ. Israël est sorti de la mer Rouge, et pas un seul Egyptien n'apparaît de l'autre côté.

Le chrétien, nous l'avons dit, fait l'expérience de ces choses dans des moments où tout est obscur. Cela arrive aux âmes qui ont encore quelque confiance en elles-mêmes, qui sont difficiles à convaincre d'impuissance et à persuader qu'elles doivent se confier uniquement en Dieu. C'est lorsque ces âmes en sont réduites à dire: «Je dois rester, tranquille, car je ne puis rien faire», qu'elles voient la délivrance. Il ne s'agit pas de combattre Pharaon; il n'est pas nécessaire, pour être délivré, qu'une âme fasse une expérience pareille; si elle commence par se fier à Dieu, elle pourra l'éviter. Une âme qui a passé par des expériences très douloureuses, peut en retirer l'avantage de mieux comprendre l'état des autres. Il faut pour qu'elles trouvent la délivrance, que ces âmes soient amenées au sentiment de leur impuissance.

Dieu place le sang sur son peuple pour le préserver du jugement, et il le délivre de toute la puissance de Satan. Cette puissance a été manifestée à la croix, mais la résurrection l'a détruite. C'est l'affranchissement, qui consiste non seulement dans la foi à l'expiation, mais en ce que toute la puissance de Dieu est pour nous contre Satan. La confiance seule au sang de l'Agneau n'est pas l'affranchissement.

Méditation de J.N.D. no 86 – ME 1895 page 408

Psaume 49

1 janvier 1841

La pensée des fidèles se porte toujours au delà de ce qui les entoure, car pour eux la vie présente est la nuit, et le matin qui suivra est la résurrection. «La nuit est fort avancée», dit Paul, «et le jour s'est approché». Un jour n'a guère plus d'effet sur moi qu'un autre, sinon pour me rappeler que je suis encore dans la nuit (mais non pas de la nuit), dans le pèlerinage, au milieu d'un monde qui hait mon Sauveur.

En repassant, dans notre mémoire, l'année qui vient de s'écouler, nous avons bien des grâces à rendre à Dieu. Plus nous vivons comme chrétiens, plus nous réalisons la fidélité de Dieu. Le jeune chrétien a plus d'élan, celui qui a vécu plus longtemps a fait davantage l'expérience de son coeur et du coeur de Dieu; il comprend mieux Sa fidélité et réalise davantage qu'il est toujours là pour accomplir tout en nous, selon ses promesses. Il y a une expérience de Dieu que toute la joie du commencement de la vie chrétienne ne peut remplacer. «Attends-toi à l'Eternel», tel en est le résultat. Tout chrétien peut rendre témoignage de la fidélité de Dieu à son égard, mais l'effet de la pratique de la vie chrétienne est de nous donner le sentiment que nous ne pouvons rien, sinon obéir, et que Dieu seul peut agir. On se repose davantage sur lui, on s'attend à sa bonté, on sait qu'il fera toutes choses. Il y a une certitude de sa bonté que l'on ne trouve pas dans une âme encore novice. On n'en devient pas, pour cela, moins actif, mais l'activité, au lieu d'avoir sa source dans nos pensées, a sa source dans l'obéissance.

Devant Dieu, il n'y a point d'époques; il n'y a que l'éternité. Ce qui nous rappelle le temps, nous rappelle que nous sommes encore ici-bas. Etant morts et ressuscités avec Christ, nous sommes déjà, en ce sens, dans l'éternité. Il faut que nos pensées soient avec Jésus, et avec sa gloire, et ce n'est pas ici-bas que l'on trouve cela.

Il y a deux hommes, le premier et le second Adam; deux familles, celle du premier et celle du second. Toutes nos pensées découlent de notre relation avec l'une ou l'autre de ces deux familles. Si je tiens à ma relation avec le second Adam, je juge que le monde entier n'est que la scène où le premier a déployé son iniquité et où le second a été rejeté par cette iniquité de l'homme.

La résurrection de Jésus a fait de lui le Chef d'un monde à venir, et ceux qui ont part à sa résurrection appartiennent à ce monde-là. Le mauvais riche n'avait rien de particulièrement mauvais quant à ce monde-ci; il lui est dit seulement: «Tu as reçu tes biens pendant ta vie». Tel était son caractère; il était du monde, il l'aimait, il y faisait joyeuse chère; or l'amitié du monde est inimitié contre Dieu. Pour le chrétien, tout ce qu'il voit dans ce monde est une conséquence de la chute. Sans parler des convoitises, des inégalités, des maladies, de la misère; jusqu'à nos maisons et nos habits, et la différence de nos langues le prouve. Pourquoi a-t-on des clefs, sinon par défiance de ses voisins et même des gens de sa propre maison? Aussi toutes les pensées, tous les désirs du fidèle se portent vers l'aurore du jour à venir. Du moment que nous comprenons ce jour à venir, toutes les choses que les hommes recherchent (verset 11) nous deviennent indifférentes. Le monde compte sur sa durée et sa continuation illimitée (verset 12; Luc 17: 26, etc.). Mais tout ce qu'il y a de plus excellent parmi les hommes ne dure pas; bien plus, c'est une abomination devant Dieu, car tout se lie à cette famille du premier Adam qui est vouée à la condamnation. Le temps actuel est la nuit, et le chrétien le sait depuis qu'il a reçu l'Evangile. Dieu a favorisé l'homme de toutes les ressources que ce monde pouvait lui offrir, et l'homme s'est corrompu toujours davantage. La lumière est venue; le monde a haï la lumière et a préféré les ténèbres. S'il y a maintenant une lumière dans l'Eglise, c'est la preuve qu'il fait entièrement nuit au dehors. Le monde qui se croit sage et éclairé, méprise cette lumière et reste dans les ténèbres; mais pour l'Eglise, la nuit sera bientôt passée et le matin apparaîtra.

L'homme tire de son mieux parti de cet héritage dont il a chassé Jésus, tandis que le chrétien, s'il est fidèle, partage le sort du Sauveur rejeté. Si notre lumière luit dans un monde de ténèbres, il est évident que le monde nous persécutera. Plus nous serons fidèles, moins nous trouverons de paix avec le monde. Pour un chrétien, la paix avec le monde n'est pas autre chose que la capitulation de l'infidélité.

Tout ce qui a rapport au temps et à ce présent siècle mauvais est la nuit. Mais nous, la famille du second Adam, nous avons la lumière pour traverser cette nuit. Le chemin du monde est sa folie (verset 13). Malgré les conseils, tous suivent le même train et vont l'un après l'autre se coucher dans le shéol. Mais nous, nous ne devons pas avoir notre part là où règne la misère du premier Adam; notre part est la gloire du second Adam; et c'est au matin de ce jour-là que brillera la gloire de Christ!

Méditation de J.N.D. no 87 – ME 1895 page 412

Psaume 34

Les Psaumes nous présentent continuellement les justes et les débonnaires, comme ayant des maux en grand nombre et comme traversant l'épreuve. Les deux premiers Psaumes sont le sommaire de tous les autres.

Le 1er parle du bonheur du juste, le 2e de la gloire de Christ. Dans le premier, le Seigneur Jésus est le modèle du juste; ce dernier nous est représenté comme devant prospérer. Cela est vrai dans les conseils de Dieu, mais en réalité, dans ce monde, le juste parfait est loin d'avoir prospéré, car il a été rejeté des hommes.

Le Psaume 2 nous présente la gloire de Christ, comme Roi des Juifs; mais auparavant il a été rejeté comme juste et comme Roi. Au Psaume 3, commence la plainte de Christ et du petit résidu qui s'attachera à lui. Dès lors les justes sont toujours présentés comme souffrants et les méchants comme triomphants. Il en sera ainsi jusqu'au moment où Satan sera lié et où Jésus régnera sur la terre. Pour le dire en passant, la gloire de l'Eglise n'est pas révélée dans les Psaumes.

Au Psaume 34, nous trouvons les expériences de Christ lui-même. Le verset 20 s'est accompli littéralement sur la croix. C'est une allusion à l'agneau pascal (Exode 12: 46). Le Christ nous présente l'expérience de ses douleurs et de ses souffrances pour nous encourager. Il a consommé la foi dont il est le chef. Il nous enseigne à dire: «Je bénirai l'Eternel en tout temps» (verset 1). Pour un enfant de Dieu, l'action de grâces est naturelle, mais, quand on n'a point de soucis, il est facile de louer l'Eternel. C'est ce que les amis de Job lui disaient. Tout ce qui est de Dieu est durable; son amour en nous, dure; il en est de même de nos louanges. L'homme naturel ne peut louer Dieu que lorsqu'il est à son aise, tandis que l'Esprit de Christ nous apprend à le louer en tout temps. Quand la vie de Dieu commence en nous, nous sommes pleins de joie, mais alors commence le voyage, et le voyage est souvent pénible, et si l'on n'a pas fait d'avance son compte qu'il en doit être ainsi, on se laisse abattre et décourager. Les afflictions, les maladies, nous abattent et nous empêchent de rendre grâces, mais simplement parce que nous avons perdu confiance en Dieu.

Le Seigneur Jésus a passé par de grandes frayeurs (verset 4), néanmoins il dit: «Magnifiez l'Eternel avec moi, et exaltons ensemble son nom» (verset 3). Il est entré dans des difficultés beaucoup plus grandes que celles qui nous assaillent, et cependant il dit: «l'Eternel m'a répondu» (verset 4). Après avoir dit: «Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi», il a pu dire: «La coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas?» Ce n'est pas à dire que pour nous, ici-bas, le mal s'en ira absolument; mais cependant lui en a été délivré. Après être mort, il a été ressuscité. Il nous faut faire notre compte que notre vie comme chrétiens sera parsemée de toute sorte de choses pénibles. Christ a passé par toutes ces choses et nous apprend que l'Eternel l'a délivré, qu'il a été son appui, et qu'après avoir passé par l'épreuve, il peut en bénir Dieu. Christ a été crucifié en faiblesse. Ce n'est pas par sa divinité, mais par son humanité qu'il a eu part à ces souffrances. On trouve en 2 Corinthiens 1: 3-6, qu'il n'y a de consolation que pour l'affligé, et cette consolation nous fait sentir que Dieu lui-même est notre joie en Christ, indépendamment de toutes nos circonstances.

Au verset 6, le résidu reconnaît la vérité de cette délivrance, en la voyant réalisée en Christ. Le résultat de toutes ces choses est une connaissance plus intime de Dieu: «Goûtez et voyez que l'Eternel est bon! Bienheureux l'homme qui se confie en lui!» (verset 8).

Méditation de J.N.D. no 88 – ME 1895 page 434

1 Jean 1: 1, 2

Cette épître renferme des vérités très élevées. Si le coeur de l'homme ne se soumet pas à la vérité, cette vérité même, employée par la chair, tourne contre lui. Aucune vérité n'a fourvoyé plus d'hommes que celle-ci: Dieu est amour. Les méchants en abusent pour rejeter la nécessité de l'effusion du sang de Christ. Dans cette épître, les faits les plus simples de la vie chrétienne sont, liés aux vérités les plus profondes. C'est à la fois une sauvegarde contre le mysticisme et contre la tendance à matérialiser le christianisme. Les chrétiens matériels ont contre eux les vérités; les mystiques ont contre eux les faits. Une âme simple comprend l'amour de Dieu en Christ qui a fait propitiation pour elle; elle trouve dans cet amour la source de sa joie et cherche à marcher d'une manière digne de cet amour. L'épître commence par cette grande vérité que Christ est la source de la vie, et que la vie a été manifestée. Ensuite, l'apôtre prend les faits les plus simples pour vérifier la vie de Christ en nous; ces faits sont l'amour fraternel et la justice pratique. Il y avait des personnes qui prétendaient à de très grandes connaissances. L'apôtre affermit les simples en leur présentant la communion avec Dieu et avec son Fils Jésus Christ, comme ce qu'il y a de plus élevé et comme la source d'une joie parfaite dont le plus simple, comme le plus avancé, peuvent dire qu'ils la possèdent. Cette communion avec Dieu, en Christ, est le privilège de tous les chrétiens sans exception.

Il y a deux choses: nos relations avec Dieu, comme notre Père, et avec Dieu, dans son caractère de sainteté. Il faut que ces deux choses s'unissent chez le chrétien: la confiance en Dieu, comme Père, et la crainte du Dieu saint. En nous introduisant dans la communion parfaite avec lui, Dieu se révèle à nous comme étant lumière. Comme tel, il met en évidence tout ce qui ne correspond pas à sa pureté et à sa sainteté, et agit par là sur notre conscience. Si, d'un côté, nous sommes dans la communion la plus intime avec lui, de l'autre, nous ne pouvons et ne devons juger nos coeurs que selon la lumière qui est en Dieu et que nous avons trouvée en lui par Jésus. Marcher dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, voilà le principe; nous ne pouvons en prendre un autre.

Christ nous a communiqué sa vie, la vie éternelle qui était avec le Père; la vie de Dieu est en nous. C'était cette vie qui était la lumière des hommes. Etant unis à Jésus, nous sommes placés dans la lumière de Dieu, dans laquelle nous marchons, comme Dieu est dans la lumière.

Il y a beaucoup de lumière que l'Eglise n'a pas réalisée, mais la source de notre faiblesse c'est de n'être pas fidèles à la lumière que nous avons. C'est ce qui empêche la communion des enfants de Dieu. Marcher dans la lumière, ce n'est pas être sans péché, car Christ qui nous a introduits dans la lumière est aussi mort pour nous, et son sang nous purifie de tout péché. Il faudrait être comme Dieu même, pour n'avoir point de péché. Si nous sommes dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, l'effet en est de manifester tout péché, non pas seulement les péchés commis, mais aussi le péché intérieur, non encore réalisé, qui se trouve seulement dans le coeur où il se cache, sans être encore un acte positif qui charge la conscience, et qui affaiblit la communion avec Dieu. Or le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous nous disons sans péché, la vérité n'est point en nous; si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité. La justice ayant frappé Christ, ne peut plus nous frapper nous-mêmes. Il est juste pour nous pardonner! C'est une grande sécurité pour l'enfant de Dieu.

Jésus n'est pas l'avocat du monde, mais des élus, des enfants de Dieu actuellement manifestés. «Nous avons un avocat auprès du Père». Le mot «nous» a presque toujours cette signification dans le Nouveau Testament. En résumé, nous trouvons dans ce chapitre trois points de toute importance: 1° Dieu nous a introduits dans une joie parfaite, dans la communion avec le Père et avec le Fils, par la vie éternelle qui nous a été donnée. Aucune profondeur ne peut aller au delà. 2° Par ce moyen, nous sommes placés dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, ce qui agit, par la crainte de Dieu, sur nos consciences. 3° Dans cette position, le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché. — La conséquence que le Saint Esprit en tire, est que, si nous confessons nos péchés, Dieu est juste pour les pardonner.

 Méditation de J.N.D. no 89 – ME 1895 page 471

Exode 16

L'histoire de ce qui s'est passé entre la mer Rouge et Sinaï est la manifestation des principes de la grâce, avant que la loi fût donnée. Nous pouvons trouver dans ce récit la représentation des bénédictions de l'Eglise, comme peuple de Dieu, pendant sa marche ici-bas, objet de toute l'administration de la grâce de Dieu, malgré toutes ses infidélités qui nous sont présentées pour notre instruction dans l'histoire d'Israël après la mer Rouge. Or la grâce seule répond aux murmures du peuple. Les mêmes murmures se sont produits après la promulgation de la loi, mais alors, ce n'est plus la grâce, ce sont les châtiments qui y répondent. Sans doute, après comme avant Sinaï, Dieu donne la manne, les cailles et l'eau du rocher, mais avant la loi, ces dons étaient la manifestation que Dieu est amour, tandis qu'après la loi ils sont accompagnés des jugements les plus sévères. Dans notre chapitre, Israël est sous la grâce, et porté sur des ailes d'aigle. Sa folie a été de se placer sous la loi et d'entreprendre d'accomplir la volonté de Dieu, qui lui avait dit: «Si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez en propre d'entre tous les peuples» (Exode 19: 5). Israël aurait dû dire: Nous ne le pouvons pas; nous reconnaissons le devoir de t'obéir, mais nous ne pouvons pas accepter les promesses sous cette condition. Au lieu de cela, ils disent: «Tout ce que l'Eternel a dit, nous le ferons». Entreprendre l'obéissance, c'est toujours l'orgueil, quand on a fait auparavant l'expérience de sa faiblesse et de la grâce de Dieu. Tout devoir est notre ruine, parce que nous sommes des pécheurs. Le devoir n'en subsiste pas moins, mais il n'est pas la condition de la grâce. Israël avait été délivré par le sang et par la mer Rouge; il reçoit de l'eau et du pain par grâce, mais ensuite il accepte la bénédiction sous condition d'obéissance. C'était à la fois l'oubli des bienfaits reçus de la bonté de Dieu et l'oubli de sa propre faiblesse.

Pour faire ressortir cette folie, Dieu conduit Israël par la grâce, avant de lui donner la loi. La loi est intervenue pour que l'offense abondât (Galates 4; 1 Corinthiens 15: 56; 2 Corinthiens 2). Elle est la puissance du péché et un ministère de mort.

La mer Rouge est la délivrance d'Israël par la puissance de Dieu, qui dès lors commence l'instruction de ses enfants. Le désert devient l'occasion de déployer toutes les richesses de sa grâce. Les Israélites regrettent l'Egypte, et Dieu leur répond en leur donnant plus qu'ils ne désiraient.

Les soins de la grâce comprennent trois choses: Christ, notre pain, notre nourriture; l'eau du rocher, type du Saint Esprit; l'intercession de Jésus.

La manne se lie au sabbat, l'eau du rocher au combat, dans lequel le Saint Esprit nous introduit. Ce combat est accompagné de l'intercession. Le repos de nos âmes provient du don de Christ, et l'effet de la présence du Saint Esprit est de nous pousser dans le combat. Ces trois choses se trouvent dans les chapitres 16 et 17. Si nous sommes fidèles, nous combattons malgré nous; chaque pied de terrain doit être enlevé à Satan. En combattant, les forces s'épuisent; notre faiblesse nous est ainsi révélée, en même temps que la fidélité de Dieu. Malgré notre faiblesse, l'Ennemi est déjà vaincu: «J'ai vaincu le monde». «Résistez à Satan, et il s'enfuira loin de vous». C'est Christ qui combat en nous, et du moment que la force de Christ se déploie en nous, Satan s'en va, reconnaissant la puissance de Celui qui l'a vaincue, lui, le prince de la mort. Israël était déjà pleinement délivré quand il rencontre Amalek; il n'a pas eu à combattre Pharaon, ce qui pour lui aurait été la mort. Christ, le Prince de la vie, peut seul combattre le prince de la mort.

Israël murmurait de se trouver dans le désert; il murmure de ce qu'il n'a pas de pain, ensuite, de ce qu'il n'a pas d'eau. Dieu nous envoie des choses pénibles, précisément parce que cela est nécessaire. Le coeur vante ce que l'Eternel avait fait en Egypte, parce qu'en Egypte la volonté n'était pas brisée, ni la chair mortifiée. Israël accuse Moïse de l'avoir amené au désert pour le faire mourir; la délivrance de Dieu est oubliée; le coeur retourne au monde; la chair se souvient de l'Egypte. On n'aime pas à être délivré; on n'est pas content de la grâce, parce que la chair est en activité et que Dieu ne peut suffire aux désirs de la chair. Rien de ce que Dieu donne ne plaît à la chair. Quand nous nous plaignons des circonstances, nous murmurons contre Dieu qui les dirige. Israël était très content d'être dans le désert, lorsqu'il était encore au bord de la mer Rouge.

Après tant de grâces et de délivrances, Israël murmure. Dieu se présente à eux comme leur Sauveur (verset 6). Quand on murmure, on a oublié le salut. Nous disions: «Dieu est bon», au moment où nous sentions la délivrance du péché et de ses conséquences; mais quand nous nous sentons à l'aise, nous agissons envers Dieu comme s'il n'avait qu'à satisfaire nos désirs. Les difficultés arrivent; nous murmurons et nous oublions que, si nous y sommes, c'est parce que nous avons été sauvés. Quand j'étais ruiné et réduit à la mendicité, un morceau de pain était trop bon pour moi; maintenant que je suis délivré et à l'aise, mes murmures ne peuvent provenir que d'un coeur ingrat. Mais Dieu se montre au-dessus de toute l'iniquité, de tout le mal, de tous les murmures. Telle est la grâce! (verset 7). Dieu n'aurait pu permettre que le péché fût plus grand que lui. «Où le péché a abondé, la grâce a surabondé». C'est à la croix que le péché de l'homme a le plus abondé; c'est à la croix que Dieu a fait grâce à toutes les iniquités et qu'il s'est montré plus grand que toute la méchanceté de l'homme. Parce que l'Eternel a ouï les murmures du peuple, il veut lui donner la démonstration de sa bonté.

Le verset 8 montre la pure grâce de Dieu; ce n'est pas la grâce envers un inconverti; c'est plus que cela, c'est Dieu faisant grâce à ceux qui murmurent contre ses bontés.

Cette grâce est figurée dans la manne. Christ est la manne, le vrai pain descendu du ciel (Jean 6). Si l'on veut comprendre la gloire de Dieu dans sa bonté, il faut absolument en venir à Christ qui est le don de Dieu pour nous, quand nous étions dans nos péchés. Cela est surtout évident sur la croix. Il faut manger sa chair et boire son sang, le recevoir comme mort, car c'est sa mort qui manifeste le plus évidemment l'amour de Dieu pour les pécheurs.

C'est pourquoi, comme type, le sabbat est ajouté à la manne. Christ est notre repos. Si nous voulons garder cette grâce comme quelque chose qui soit à nous, elle se corrompt; c'est la propre justice. Il nous faut une dépendance totale, journalière, manger Christ et rien d'autre. Le repos de nos âmes vient entièrement de Christ.

Ensuite il faut combattre, sinon Satan nous éloigne toujours plus de la communion avec Dieu. Mais si nous sommes abattus, nous n'avons qu'à penser à Christ pour rendre grâces. En pensant à tout cela, je glorifie le Seigneur, et mon coeur se repose sur tout ce que Dieu est dans ma délivrance. C'est lui qui agit pour moi, qui fait tout, qui a tout fait pour son Eglise, pour l'éternité, quand nous n'étions que pécheurs. Dieu remporte, par sa bonté, la victoire sur nos coeurs ingrats et rebelles.