Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 110 – ME 1895 page 16. 2

Lettre de J.N.D. no 111 – ME 1895 page 19. 3

Lettre de J.N.D. no 112 – ME 1895 page 38. 4

Lettre de J.N.D. no 113 – ME 1895 page 58. 5

Lettre de J.N.D. no 114 – ME 1895 page 59. 5

Lettre de J.N.D. no 115 – ME 1895 page 74. 6

Lettre de J.N.D. no 116 – ME 1895 page 75. 7

Lettre de J.N.D. no 117 – ME 1895 page 94. 8

Lettre de J.N.D. no 118 – ME 1895 page 107. 10

Lettre de J.N.D. no 119 – ME 1895 page 159. 12

Lettre de J.N.D. no 120 – ME 1895 page 198. 13

Lettre de J.N.D. no 121 – ME 1895 page 217. 14

Lettre de J.N.D. no 122 – ME 1895 page 218. 14

Lettre de J.N.D. no 123 – ME 1895 page 218. 14

Lettre de J.N.D. no 124 – ME 1895 page 237. 15

Lettre de J.N.D. no 125 – ME 1895 page 239. 16

Lettre de J.N.D. no 126 – ME 1895 page 279. 17

Lettre de J.N.D. no 127 – ME 1895 page 295. 18

Lettre de J.N.D. no 128 – ME 1895 page 296. 18

Lettre de J.N.D. no 129 – ME 1895 page 336. 20

Lettre de J.N.D. no 130 – ME 1895 page 358. 22

Lettre de J.N.D. no 131 – ME 1895 page 393. 23

Lettre de J.N.D. no 132 – ME 1895 page 396. 24

Lettre de J.N.D. no 133 – ME 1895 page 415. 26

Lettre de J.N.D. no 134 – ME 1895 page 438. 28

Lettre de J.N.D. no 135 – ME 1895 page 453. 30

Lettre de J.N.D. no 136 – ME 1895 page 456. 31

Lettre de J.N.D. no 137 – ME 1895 page 459. 32

 

Lettre de J.N.D. no 110 – ME 1895 page 16

à Mr P.

Décembre 1873

Bien cher frère,

… Il était, et je le lui ai dit, entièrement sous l'influence de cette inclination coupable, tombé de coeur, sinon de corps. Aussi, quand on en est là, c'est un état de folie et d'esclavage: on se trompe soi-même, on le sait, et on se trompe encore. Aussi rien ne m'étonne, de ce que l'on fait dans cet état. Regardez le commencement du livre des Proverbes; voyez l'épître aux Corinthiens, et comment l'apôtre revient sur ce point. Je ne dis pas que l'âme de notre frère ne soit pas restaurée, mais je ne sais s'il a reconnu tous ses faux-fuyants, et comment il a cherché à éviter les accusations, tandis qu'il faisait le mal; mais une fois dans le faux, avec la réputation de chrétien et de ministre, on est capable de tout. Ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est la tromperie de la chair. C'est un état d'âme en ceux qui jugent ainsi, que je ne crois pas être le fruit de l'Esprit du Seigneur. Juger l'acte, le mal, le manque de véracité, tout naturel qu'il soit à l'état où ce pauvre ami se trouvait, c'est très bien. Mais juger le mal sévèrement comme il le mérite, est autre chose que de dire que celui qui fait le mal est un hypocrite. Je crains qu'il ne se soit pas sondé comme il faut. Mais il y a peu de puissance spirituelle pour restaurer, chez les frères. Puis il y a eu chez eux une très forte réaction à la suite de la grande confiance qu'ils avaient en lui; ils se sentaient blessés dans leur affection, leur confiance trahie. En cela, je sympathise avec eux; mais leur jugement spirituel aurait dû s'élever au-dessus des blessures intérieures du coeur. Je les comprends; mais le chagrin personnel, tout juste qu'il soit, ne convient pas à un juge, et dans ce cas ils sont dans la position de juges. Cependant il est temps que de pareilles choses soient sévèrement frappées… Quelle peine de coeur, quelle humiliation, quel déshonneur fait au Seigneur! Je m'étonne de sa bonté, je le dis, non en jugeant, car si Dieu ne nous garde pas, nous sommes tous capables de faire de même; mais que cela nous donne beaucoup à penser au danger dans lequel les ouvriers du Seigneur se trouvent, et particulièrement quand, par des lumières supérieures, ils sont mis en avant. Ma consolation, c'est que le Seigneur y manifeste son gouvernement: c'est un moyen douloureux de l'apprendre, mais la chose que l'on apprend est bien précieuse.

Pinkerton a trouvé beaucoup d'encouragement, il est maintenant en Syrie; il a emporté avec lui une presse pour imprimer des traités en arabe; un indigène capable s'en occupe avec lui. J'en ai bien béni Dieu. A Jaffa aussi, il a trouvé les portes ouvertes, cela tendra de même à élargir l'horizon des frères, bien que ce soit, en un certain sens, encore au dedans du royaume.

Ici, partout où Christ est pleinement annoncé, on trouve un auditoire attentif et nombreux; les âmes sont partout affamées. Les nationaux ont été forcés de commencer une espèce de mission dans les églises, qui a également attiré beaucoup de monde. Les flots du mal s'élèvent, mais Dieu agit évidemment: on attend davantage le Seigneur. Il faut beaucoup encourager dans le travail par ici, car on ne peut y suffire; mais Celui qui fait tout, fera son oeuvre

Lettre de J.N.D. no 111 – ME 1895 page 19

à Mr P.

Carlisle, 1874

Bien cher frère,

… Cela ne va pas mal à X. Dieu a suscité quelques ouvriers; il y en avait déjà, mais le commerce du vin a fait beaucoup de mal à ce pays. Lorsque j'y étais, bien que les visites des frères les eussent un peu ranimés, il y avait beaucoup de langueur, même là où, dans le temps, on trouvait beaucoup de vie. Cette faiblesse a laissé la porte ouverte à l'entrée d'autres chrétiens dans le champ du travail, et on ne peut le leur reprocher. Je pensais que vous pourriez peut-être les visiter.

… Nous avons eu de bonnes réunions; le Seigneur, dans sa grande grâce, est avec moi; quelques ouvriers sont suscités; mais il y a maintenant une masse de personnes qui quittent les systèmes, sans avoir des principes bien dessinés. Cela complique un peu l'oeuvre, mais les frères en général ne cheminent pas mal, et l'oeuvre s'accomplit.

P. s'est rendu en Egypte, et R. l'a quitté et marche avec les frères; il s'en est retourné en Amérique.

Je fais dans ce moment plus ample connaissance avec les frères du nord de l'Angleterre. Nous avons eu ici une conférence d'ouvriers, pendant trois jours, et je pars demain, Dieu voulant, pour l'Ecosse. Il se peut, Dieu le sait, que je me rende encore en Amérique. Les bateaux à vapeur font des courses régulières de San Francisco à la Nouvelle Zélande.

J'ai de bonnes nouvelles de la Suisse. N. se voue à l'oeuvre en Angleterre, et en France nous avons bien besoin d'ouvriers. Prions le Seigneur de la moisson. Pour ma part, je trouve que partout où un témoignage de Christ, simple et selon la plénitude de la grâce, est rendu, les auditeurs attentifs ne manquent pas.

Saluez affectueusement les frères… Paix vous soit, cher frère, et que Dieu vous dirige dans vos travaux.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 112 – ME 1895 page 38

à Mr P.

Londres, janvier 1874

Bien-aimé frère

Je sais qu'on a besoin d'un ministère pratique dans le Midi, spécialement dans le Gard. Dans l'Isère, la Drôme, le cher X. a été bien encouragé, en particulier à Valdrôme; c'est un excellent frère, et je me réjouis beaucoup de ses travaux, car il me remplace un peu dans ces contrées, maintenant que je me fais vieux; maintenant il est parti pour l'Italie, car il parle aussi l'italien. C'est précisément parce que je connaissais les besoins du Midi que j'ai mentionné votre séjour en France, et, soyez-en certain, les ouvriers ne manqueraient pas autant s'il y avait plus de dévouement. Je suis sûr qu'il y a bien des dons non développés.

Dans l'Ardèche, ils manquent moins, mais en voici plusieurs mis de côté! C'est un sujet de prières et d'humiliation que tout cela. Le dévouement apporte la considération des autres, le sentiment de la responsabilité, et par là des exercices de coeur par lesquels on mûrit. Il y en a qui ne sont pas mûrs, parce que le dévouement leur manque; je pourrais en nommer qui, pour quelque petit travail, perdent la gloire et la douceur de travailler pour le Seigneur… Quant à visiter le Midi, pendant mon voyage, je crains d'entreprendre trop à la fois. Je dois être en Italie aux environs de Pâques pour une petite conférence, et visiter la Suisse en route, puis je pars pour Londres pour me rendre en Irlande. Il se peut qu'à mon retour d'Italie, je puisse me rendre en France, ce que je ferai avec grand plaisir.

Je suis bien aise que vous soyez un peu à Nîmes. La perte du cher G. les a laissés très faibles, mais Dieu est plein de bonté. Ici, les frères vont bien; il y a de la piété; toujours le monde à combattre, mais en général de la solidité, et les coeurs sont unis. Il y a maintenant plus de 30 réunions à Londres et, je le suppose, plus de 3000 frères. Qui peut suffire pour en prendre soin, si ce n'est un seul? Grâces à Dieu, on peut compter sur lui, et c'est une grande consolation.

Nous avons de bonnes nouvelles de Suisse, et d'assez bonnes de Hollande. La vérité fait du progrès en Amérique.

Pinkerton s'en est allé en Egypte et en Syrie. J'ai été frappé de sa solidité et combien il a mûri dans la conscience de sa position. On rompt le pain en Syrie et à Alexandrie; Dieu avait préparé le chemin. Ils ne sont qu'une petite poignée dans chaque localité. Déjà il y a eu quelques persécutions; un frère natif de la Syrie avait traduit des traités; les missionnaires l'ont renvoyé. Le retour de P. a aussi réveillé l'opposition des presbytériens, mais les portes lui sont ouvertes.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 113 – ME 1895 page 58

à Mr P.

New York, avril 1875

Bien-aimé frère,

Il y a deux frères, l'un de New Jersey, l'autre de New England, qui se disposent à travailler à l'oeuvre, et qui lisent la Parole avec moi. J'espère qu'ils seront utiles. L'accroissement du nombre des ouvriers est toujours précieux pour moi, s'ils sont dévoués. Ce sont des frères d'un esprit calme et sensé, et ne manquant pas d'intelligence; ils sont Américains, ce qui sous plus d'un rapport est à désirer.

Le désir de sonder davantage la Parole continue dans les Etats-Unis. Le perfectionnisme, qui fourvoie bien du monde, réveille des besoins tout en leur imprimant une fausse direction. C'est un peu ce qui arrive partout. D'un autre côté, l'incrédulité s'empare des masses, mais tout cela amène un christianisme plus vrai, plus réel, plus lui-même, car c'est ce qui a lieu maintenant.

Je pense beaucoup à la France, mais en général les nouvelles sont bonnes, Dieu en soit béni.

Je ne sais rien de nouveau sur l'Ouest. L'incrédulité s'y montre hardiment, et le manque de biblicisme dans le clergé se fait sentir de plus en plus, mais le désir d'être éclairé sur le contenu des Ecritures augmente, et les vrais chrétiens commencent à avoir honte des choses qui se font dans l'Eglise. Mais Christ est tout pour nous. Bientôt rien n'aura de valeur que ce que nous aurons été pour lui. Tout le reste passe et n'est que vanité. Il est triste de voir des hommes se dépenser pour ce qui va périr.

Saluez beaucoup les frères de ma part.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 114 – ME 1895 page 59

à Mr P.

Ohio, 1875

Bien cher frère,

… Je ne puis guère vous donner autant de nouvelles de ce pays que vous m'en donnez de la France. Il est bien douteux que je visite celle-ci maintenant, quoique mon coeur soit aussi attaché que par le passé à l'oeuvre qui s'y fait, et aux frères, si ce n'est davantage, à mesure que le Sauveur me devient plus précieux. Toutefois les visites à des contrées plus rapprochées peuvent se faire, quand celles qui se comptent par milliers de kilomètres commencent à être incommodes pour la vieillesse. Je pense faire une pointe jusqu'en Nouvelle-Zélande, ce qui me retiendra encore une année de ce côté de l'Atlantique…

Je puis ajouter que les besoins se multiplient ici. On sonde la Parole bien plus que précédemment, et les frères ont la réputation de la connaître mieux que les autres. On s'occupe d'eux quelquefois d'une manière hostile et hargneuse, cela va sans dire, mais on s'en occupe partout. Que Dieu les rende fidèles, c'est ce que je lui demande instamment; s'ils ne sont pas plus dévoués, plus séparés du monde, ils seraient un faux témoignage pour Dieu. Qu'il les garde.

Saluez affectueusement les frères.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 115 – ME 1895 page 74

à Mr P.

Halifax, 2 avril 1877

Bien cher frère,

Je suis heureux que vous veniez aux Etats-Unis.

L'oeuvre des frères, en anglais, commence à prendre quelque consistance, en sorte qu'on avertit le monde d'être sur ses gardes. Mais les frères français ont besoin d'ouvriers. M. travaille paisiblement et utilement; L. s'occupe des Anglais. A Grand River (Détroit), il y a du bien; j'en ai reçu des nouvelles par X., dont le fils a été converti.

Ici, le Seigneur agit d'une manière réjouissante, en sorte que j'ai dû y rester plus longtemps que je ne pensais. A New York, l'oeuvre fait du progrès et il y a besoin d'un ouvrier. J'ai profité de la présence du frère X. pour pousser jusqu'ici, à plus de 900 milles, mais, Dieu voulant, je serai bientôt à New York. Je pense traverser l'Océan aussitôt qu'il fera beau temps. On me demande dans l'Ouest, mais je doute fort que je puisse y aller; ce serait pour le mois de juin. Si l'oeuvre se ralentit à New York, il se peut que je fasse cette visite; mais dans ce cas, je ne serais en Europe qu'au mois de juillet.

J'ai été si heureux d'avoir de bonnes nouvelles de la chère France; cela m'a réjoui le coeur.

Les temps deviennent sérieux; l'incrédulité se répand et s'empare des âmes, mais Dieu, sa parole, nous en avertit. Nous aurons combattu pour la foi une fois communiquée aux saints, mais l'incrédulité moderne me paraît superficielle et creuse, quelque prétentieuse qu'elle soit.

Je vous écrirai si mon voyage est retardé.

Paix vous soit.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 116 – ME 1895 page 75

à Mr P.

Dublin, janvier 1878

Bien cher frère,

Mon voyage aux Antilles, et la surcharge de travail pendant mon court séjour à Londres, ont interrompu notre correspondance, et m'ont empêché de vous écrire. Vous serez surpris d'apprendre que ce n'est que maintenant que je viens de lire votre lettre. Comme elle était adressée à M. Me A., je pensais que c'étaient des nouvelles de New York dont j'avais eu déjà bien assez, et ce n'est que lorsque j'ai voulu la lui rendre, en quittant Londres, que l'erreur a été reconnue.

Pour le moment, je suis en Irlande, mais, dans quelques jours, je pars pour l'Allemagne, puis, Dieu aidant, pour la Suisse, la France, l'Italie, où l'oeuvre s'étend et où quelques ouvriers sont suscités par Dieu.

J'espère voir un peu nos amis du midi de la France, mais ce sera un peu plus tard, et j'aimerais bien me recueillir un peu auparavant. Le Seigneur, a été avec moi, et la Parole a toujours plus de clarté et de force pour mon âme; pas de nouvelles vérités que je sache, mais ce qui était vague et entouré de nuages est devenu net et clair; seulement j'aimerais un peu de tranquillité, et faire la connaissance de beaucoup de frères nouveaux, le nombre ayant beaucoup augmenté. Il y a 300 réunions maintenant, plus ou moins, en Angleterre; plus de trente à Londres et dans les faubourgs, pour ne rien dire de l'Irlande et de l'Ecosse où le nombre en a beaucoup augmenté. Il est impossible de les suivre en détail, cela nous rejette davantage sur le Seigneur qui seul peut les garder (ce qui est toujours vrai), et cela au milieu de plus de pièges et d'erreurs que jamais. Quelle consolation que de savoir qu'il aime les siens, les nourrit, les chérit, et qu'il prend soin d'eux. C'est là ma consolation. Lui seul peut le faire, et il le fait avec un amour qui dépasse de beaucoup toutes nos pauvres pensées.

Mais le mal surgit de tous les côtés. Le papisme, les hérésies, l'incrédulité, toutes les vagues qui marquent la puissance de l'ennemi, montent et rugissent autour de nous, seulement le Seigneur est plus puissant que toutes. Les efforts de l'ennemi sont les impulsions du désespoir. Le silence du Seigneur est le calme du pouvoir. Au reste, il parle. Comme il l'a dit à Philadelphie: il a la clef de David. Il met devant les siens une porte ouverte que personne ne fermera, et on le voit, car l'évangile est prêché comme il ne l'a jamais été, et le témoignage de la vérité se répand. Mais tout se prépare pour la fin. Il me semble que le Seigneur permet l'incrédulité, comme contrepoids au papisme, car le protestantisme ne l'est plus du tout.

Au milieu de tous ces flots, je trouve une paix bien douce; nous avons reçu un royaume qui n'est pas ébranlé. Jamais il n'y a eu autant de sérieux, ni de désir d'entendre la Parole. Le temps est court: sachons attendre le Seigneur, et le servir jusqu'à ce qu'il vienne.

Voyez la différence qu'il y a entre les épîtres aux Romains, aux Ephésiens, et aux Colossiens. Dans l'épître aux Romains, l'homme est envisagé comme vivant dans le péché, puis nous sommes morts au péché. C'est la délivrance du vieil homme, dans cette épître; on n'est pas ressuscité avec Lui. — Dans les Ephésiens, nous sommes ressuscités avec lui et assis dans les lieux célestes en lui; nous sommes envisagés comme morts dans nos péchés, et tout est la création de Dieu. — Dans les Colossiens, nous trouvons ces deux choses: «morts avec lui», de manière à être délivrés, «ressuscités avec lui», mais non pas assis dans les lieux célestes. Ici, l'homme doit vivre en homme ressuscité sur la terre, ayant ses affections aux choses qui sont en haut où Christ se trouve. L'héritage est en haut. Dans les Ephésiens, l'héritage est tout ce que Christ a créé. Ainsi, nous avons trois aspects différents de la vie chrétienne, avec des connaissances bien instructives pour la marche. Au commencement de la seconde aux Corinthiens, nous trouvons la réalisation de l'épître aux Romains: «Portant toujours partout dans notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps». Ensuite Dieu nous y aide par les circonstances par lesquelles il nous fait passer. Seulement, au chapitre 5, nous avons le principe de l'épître aux Ephésiens: Si un est mort pour tous, tous étaient morts, aussi trouvons-nous là la nouvelle création. Si nous saisissons la portée de ces vérités, nous comprendrons beaucoup mieux quel est le vrai caractère du christianisme, sa portée aussi. Tout cela m'a fait beaucoup de bien. La Parole est adaptée à notre position et à nos circonstances ici-bas, mais elle vient d'en haut, et elle nous introduit là-haut. Nous pouvons la prendre comme lumière divine pour ici-bas, ou bien nous pouvons la suivre en remontant à la source. Il en est ainsi de Christ, la Parole vivante, parfaitement adaptée aux pauvres humains. Il révèle ce qui est dans le ciel. Or nos pensées et nos prières peuvent prendre le caractère de l'un ou de l'autre, mais toutes les affections spirituelles se développent, quand nous sommes avec lui en haut. Certainement Dieu pousse les frères à plus de dévouement et de spiritualité. On attend aussi le Seigneur plus réellement, je le crois.

Saluez les frères. Dieu sait si, à mon âge, je pourrai les revoir. Enfin je cherche, comme je l'ai cherché, leur bien devant Dieu, et il en est un qui ne les quitte pas. Qu'il les tienne dans sa grâce près de lui. Paix vous soit.

Votre toujours affectionné.

Lettre de J.N.D. no 117 – ME 1895 page 94

à Mr P.

Londres, 2 mars 1878

Bien cher frère,

Je bénis Dieu de tout mon coeur, de ce que ceux auxquels vous aviez été en bénédiction sont restés fermes. C'est un vrai sujet de joie, spécialement dans ces temps-ci où il y a tant de semence qui tombe sur des sols pierreux, et, je le crains bien, où la semence même n'est guère bonne. C'est un temps où nous avons à être beaucoup avec Dieu pour qu'il soigne lui-même l'oeuvre, et agisse dans les âmes afin que l'oeuvre soit solide. Toutefois, c'est un temps de bénédiction. Le désir d'entendre la Parole est frappant; aussi les conversions ne manquent pas. Les institutions ecclésiastiques s'ébranlent, et il y a malaise partout, mais l'oeuvre de Dieu se fait, et ce malaise fait chercher Dieu et la vérité à plusieurs. L'ébranlement de tout, tourne aussi les coeurs davantage vers la venue du Sauveur, mais l'incrédulité porte le front haut. Cependant, j'ai un peu le sentiment qu'il y a une certaine réaction dans l'esprit des gens de bien, mais cette incrédulité ouverte envahit tous les pays.

J'ai examiné les prétentions de ses promoteurs; je les trouve fondées sur un marécage sans fond de doutes. Les deux points capitaux sont la négation de l'inspiration, et soit l'annihilation, soit une recrudescence de l'universalisme, l'annihilation étant le jeu de l'esprit de l'homme qui ne se soumet pas à la parole de Dieu. Cela se reproduit de manière à captiver les esprits légers et fainéants et les femmes, gens disposés à s'amuser et à se soustraire à l'autorité de la parole de Dieu, ou bien à paraître aimables envers ceux qui s'y opposent formellement. L'universalisme est au fond la question de l'estimation que nous faisons du péché, et par conséquent de la rédemption et de ce qu'il a coûté au Seigneur d'en faire l'abolition par le sacrifice de lui-même; de cette manière, le christianisme tout entier s'en va, la responsabilité dans son vrai caractère, la repentance, l'expiation. Une bête, toute intelligente qu'elle soit, n'a pas besoin d'expiation, n'a pas une nature qui haïsse le Seigneur. L'universalisme, comme l'annihilation, détruit également le christianisme et la conviction du mal du péché dans l'âme. La chose importante pour nous, cher frère, c'est que nous soyons plus avec le Seigneur qu'avec l'oeuvre; alors l'oeuvre part de lui dans l'âme et elle est pour lui. Ne soyons pas effrayés par le progrès du mal, Lui est au-dessus de tout; il l'a été dans son humiliation; il l'est maintenant qu'il est glorifié; seulement il exerce nos âmes par les difficultés que nous avons à traverser. Je tiens beaucoup à voir les âmes exercées devant le Seigneur. Il se peut qu'on ne marche pas mal, mais si l'âme n'est pas exercée devant lui, il y a quelque chose de superficiel; on est toujours en danger, on n'est pas à même de résister aux tentations qui peuvent surgir; on connaît peu le Sauveur; on dépend peu d'une manière pratique de lui. Je dis toujours: il y a trois hommes en moi; Christ au fond, autrement je ne suis pas chrétien, puis une marche extérieure où il n'y a rien à me reprocher; mais entre les deux choses, qu'est-ce qui m'occupe toute la journée intérieurement, c'est-à-dire là où sont mes motifs, mes pensées? Est-ce que mon coeur est un chemin battu, foulé par tous les allants et venants, voire même par les folies de mon propre coeur? C'est là qu'on trouve l'état réel du chrétien. Oh! que nous soyons occupés de Christ! Qu'il demeure dans nos coeurs par la foi, et que, dans nos entretiens avec les autres, cela coule de source. Ainsi aussi nous sommes fondés et enracinés dans l'amour. On est heureux soi-même, il y a communion les uns avec les autres; une assemblée même s'en ressent; on y trouve la patience, le support; le coeur en toutes choses s'en réfère à Christ; on pense en amour les uns aux autres, puis on s'exhorte les uns les autres à l'amour et aux bonnes oeuvres.

Souvenez-vous, cher frère, qu'il y a une oeuvre de connaissance de soi-même absolument nécessaire pour le repos de l'âme; une oeuvre où il ne s'agit pas de la rédemption, bien que les deux choses s'entremêlent souvent dans l'expérience; mais, en supposant que la rédemption soit connue, toujours faut-il qu'on se connaisse soi-même, et tout en montrant, comme dans le cas du brigand, que le sang de Christ nous a rendus propres pour l'héritage des saints dans la lumière, en général Dieu nous fait passer par le désert pour nous humilier, nous éprouver, nous faire savoir ce qu'il y a dans nos coeurs. Si la rédemption n'est pas clairement réalisée, ce travail se mêle avec la pensée de l'acceptation; si elle est réalisée, c'est un sondage pénible du coeur, afin que tout soit tiré au clair. Si l'on est toujours manifesté à Dieu, comme on le sera devant le tribunal de Christ, alors l'atmosphère de l'âme est claire, et l'air serein, sans nuage. Sa faveur est meilleure que la vie. Il se peut que Dieu nous châtie le long du chemin si, lorsque nous manquons, nous ne nous sommes pas jugés nous-mêmes. Quelquefois on voit une âme profondément travaillée au lit de mort, quand Satan s'approche pour la tourmenter en lui faisant repasser toute une vie, dont les motifs n'ont pas été jugés, mais il s'agit ici des voies de Dieu, non de son propos arrêté. Le désert ne fait pas partie de ce propos arrêté (voyez Exode 3; 6; 15). Ce dernier comprend la rédemption et la gloire comme Christ et avec Christ, selon sa grâce souveraine, à la fin du désert. Il n'a pas vu d'iniquité en Jacob, ni de perversité en Israël. Mais Moïse n'a rien vu d'autre. Il s'agit de se juger, d'être constamment manifesté à Dieu, de marcher dans sa présence, d'en avoir la conscience, ce qui tient notre conscience en éveil.

… Saluez les frères affectueusement de ma part.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 118 – ME 1895 page 107

à Mr P.

Elberfeld, 4 mai 1878

Bien cher frère,

Je ne me hâterais pas de rompre le pain à X. Aussi longtemps que vous serez là, cela peut aller, mais jeunes comme ils sont dans la foi, quand vous serez éloigné, le manque d'expérience se fera sentir. Ce n'est pas comme de vieux chrétiens exercés quant à la marche. Je ne doute pas que, s'ils étaient simples, Dieu les garderait; il est toujours fidèle, mais il faut suivre ses voies. Puis, quand même vous êtes là, rompre le pain, c'est entrer tout de suite en conflit, et bien qu'on ne doive pas éviter le témoignage pour éviter le combat, ce serait être infidèle que de faire ainsi, et être en danger de perdre la bénédiction. Toutefois, c'est quand le filet est plein et qu'on l'a tiré sur le rivage, qu'on commence à mettre les bons poissons dans des vaisseaux. Mais en ceci, Dieu vous conduira. Il faut laisser les mauvais poissons sur le rivage; après tout, on n'aura jamais le monde avec soi si l'on est fidèle. Seulement Dieu a son temps pour tout. Quant à l'heure du culte, je ne crois pas que cela fasse une différence quelconque. Au commencement c'était en général le soir, à ce qu'il parait.

Je suis bien aise que Dieu vous ait amené là où il vous a préparé la bénédiction et une porte ouverte. A l'heure qu'il est il agit partout. Nous sommes dans les derniers temps. L'incrédulité déborde, mais en même temps Dieu déploie son étendard et agit partout. Ici, en Allemagne, il y a de nombreuses conversions. Sur les frontières, et même dans l'intérieur de la Russie, il y en a aussi. Peut-être verrai-je les frères en France. Je suis ici pour une conférence, mais naturellement, en attendant, je prends part à l'oeuvre et je lis la Parole avec ceux qui sont arrivés avant le jour fixé pour la réunion.

Nous avons été occupés de la différence entre la mer Rouge et le Jourdain, en rapport avec l'épître aux Romains, et celles aux Ephésiens et aux Colossiens, et la Parole s'est merveilleusement ouverte, au moins pour moi. Dans l'épître aux Romains, nous avons essentiellement l'œuvre de Dieu, en réponse aux besoins des hommes pécheurs: alors tout est grâce. Le Saint Esprit raisonne en déduisant tout de la grâce qui produit ses conséquences jusque dans la vie et la justification. L'homme est en Christ et Christ est dans l'homme, mais nous sommes ainsi morts au péché. Seulement l'homme est envisagé comme vivant encore dans ce monde, mais se tenant pour mort quant au péché. Dans les Ephésiens, tout est une nouvelle création; on est non seulement en Christ pour le salut, mais en lui par rapport à l'endroit où il est entré. Ce sont les conseils de Dieu, et les relations dans lesquelles nous nous trouvons selon ces conseils; nous sommes en Christ là où il est. Christ est envisagé comme ressuscité d'entre les morts, et nous comme morts dans nos péchés, en sorte qu'il n'existait plus rien moralement, et tout est nouvelle création. La responsabilité d'un homme vivant n'est pas en question ici. Dans les Colossiens, ce n'est pas nous en Christ, mais Christ en nous. Nous sommes subjectivement rendus propres pour l'héritage, mais nous l'attendons; nous sommes morts et ressuscités, nous qui autrefois vivions dans le péché, circoncis de la vraie circoncision de Christ, morts aux éléments de ce monde, ce qui n'est pas dit dans l'épître aux Romains. Dans les Colossiens, la question reste: l'homme tiendra-t-il bon jusqu'à la fin? parce qu'il n'est pas encore dans le ciel, c'est-à-dire dans la position décrite par l'épître. Dans l'épître aux Romains, c'est l'oeuvre de Dieu, et Celui qui l'a commencée, l'achèvera. Dans les Colossiens, c'est notre vie comme ressuscités ici-bas; reste à savoir si nous sommes vraiment tels. La position dans l'épître aux Romains, c'est l'effet de la mer Rouge, la délivrance par le salut de Dieu, salut parfait en soi. La position dans les Colossiens, est un peu selon celle dans laquelle Christ se trouvait après sa résurrection, pendant les 40 jours; pour nous mort, résurrection, circoncision, avec lui (2: 11, 12); puis de morts rendus vivants, mais les conséquences ne sont pas suivies jusque dans le ciel. Le Saint Esprit ne se trouve pas dans cette épître (sauf 1: 8), mais la vie plus qu'en d'autres.

Dans les Ephésiens, c'est le Saint Esprit et le contraste de la nouvelle avec l'ancienne création.

Dans les Romains, nous devons nous donner à Dieu comme hommes vivants sur la terre; en Colossiens, avoir, comme morts et ressuscités, nos affections fixées sur les choses célestes où Christ se trouve; dans les Ephésiens, sortir de la présence de Dieu pour manifester ici-bas son caractère comme amour et lumière, ainsi que Christ l'a fait.

Ayant la tête fatiguée, j'indique seulement les points qui peuvent vous donner à réfléchir, car tout cela a été passablement développé ici.

Je crois que je vous ai dit que le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu (Exode 3; 6; 15); mais des voies de Dieu (Deutéronome 8). L'histoire en est donnée jusqu'à la fin de Nombres 20, cela se lie à ce que je viens de dire des trois épîtres.

J'ai de bonnes nouvelles du Béarn; la vie se ranime chez les frères.

Mon banquier a fait faillite et j'ai perdu à peu près 9000 francs, mais cela va bien; j'en ai retiré plus que je ne pensais.

Votre bien affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 119 – ME 1895 page 159

à Mr P.

Lausanne, juillet 1878

Bien-aimé frère,

Je me réjouis de tout mon coeur et de toute manière de la bénédiction que Dieu vous accorde à M.

J'ai, grâces à Dieu, de bonnes nouvelles de tous côtés des Etats-Unis. De Rome en Géorgie et de la contrée environnante, on me mande que la parole a été bénie. L. y travaille; Lord A. C. les a visités; il y a deux ou trois nouvelles réunions, outre Rome. En Pennsylvanie aussi, il y a eu des bénédictions et les portes sont largement ouvertes.

Moi, j'ai été principalement occupé des conférences à Londres, Elberfeld, Stuttgard, Zurich, Lausanne, etc., et j'ai trouvé le Seigneur avec moi. Et maintenant, cher frère, tout réjouis que nous soyons, tenons-nous devant Dieu. Là nous ne sommes rien, et si heureux de n'être rien. Oh! qu'il soit tout pour notre coeur. Notre grande affaire, c'est de retourner à Guilgal après nos victoires, au lieu où le coeur est en ordre devant Dieu. Ni le désert, ni Guilgal, ne font partie des conseils de Dieu, mais de ses voies, afin que, d'un côté, nous nous connaissions nous-mêmes, et d'un autre, que nous soyons tenus dans un état propre pour son service. Oui, tenons-nous près de lui, oubliant les choses qui sont derrière nous, et tendant avec effort aux choses qui sont devant, courant toujours, jusqu'à ce qu'il vienne nous prendre pour être là où il est, et où tout sera à sa gloire.

Que Dieu vous garde et vous bénisse. Tous les frères s'intéressent à votre travail.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 120 – ME 1895 page 198

à Mr P.

Pau, mars 1879

Bien cher frère,

Il ne faut pas vous étonner si j'ai mis tant de temps à répondre à votre lettre, non seulement je n'ai presque pas un moment à moi, mais quelquefois ma tête n'y tient plus; mais, grâce à Dieu, notre oeuvre avance, je l'espère. La moitié de la Bible est traduite, et j'espère, avec un soin qui ne laissera que peu à désirer, non que je sois content, je me contente rarement, et il se trouve des passages qui embarrassent tout le monde, mais le lecteur ne s'en aperçoit guère.

Nous avons tous pris part à votre maladie; vous avez aussi manqué, je le crains, de soins. Quant à moi, je rends témoignage à nos bons amis du Nivernais et du Dauphiné de ce qu'ils étaient tous, et toujours, disposés à faire tout ce qu'ils pouvaient, et tout ce que l'hospitalité la plus fraternelle pouvait suggérer; je m'en souviens toujours avec beaucoup de reconnaissance et d'affection.

Nous avons eu ici une très bonne conférence les frères heureux ensemble, et j'espère pleinement que, par la grâce, les traces s'en retrouveront dans l'oeuvre qui se fait autour de nous.

Dans la Charente, il y a du bien; des conversions chez les catholiques romains.

Dans la Haute-Loire aussi il y a eu de la bénédiction. En Italie, il paraît que l'oeuvre est, quoique lentement, en progrès.

Il y a, en France, un mouvement assez général dans les esprits des catholiques pour entendre la Parole; c'est une goutte d'eau, si l'on tient compte du nombre, mais cela n'existait pas du tout il y a quelques années.

Je vous écris ces choses, parce que je pense que vous aimez à avoir quelques nouvelles de ce pays. Dieu agit dans le monde. Nous avons sa Parole — quelle grâce! — Nous avons son Esprit, quelle grâce encore! Les arrhes d'une grâce encore meilleure, sa présence éternelle; saints, irrépréhensibles devant lui, en amour, semblables à Christ, et avec Christ; que pourrait-on désirer de plus! Et il se révèle à nous maintenant; il répand son amour dans nos coeurs.

Nous avons tout, sauf la gloire elle-même, mais encore dans un vase d'argile; seulement le voile diminue de plus en plus d'épaisseur. Bientôt il n'y aura point d'obstacle, mais les exercices d'ici-bas sont l'occasion de beaucoup de tendres sollicitudes d'amour. Lui ne manque jamais.

M. et Mme S. sont très pauvres de santé, mais Il fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment.

Paix vous soit, cher frère, et que Dieu vous conduise et vous garde.

En Europe, l'hiver a été bien rude et partout on est dans la détresse quant au temporel. Ici les pluies, les tempêtes et les inondations. J'ai souffert du lombago et je me traîne encore un peu, mais je travaille toujours.

Saluez les frères.

Votre toujours affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 121 – ME 1895 page 217

à Mr P.

Pau, janvier 1880

Mon cher frère

… Notre affaire, c'est de suivre Christ, et de n'être rien. Nos deux frères collaborateurs visitent ici les réunions environnantes tous les dimanches, et même les jours sur semaine.

J'ai l'idée, après avoir achevé une certaine partie de notre travail, de me rendre en Angleterre. Ils sont en paix là, mais ils ont besoin d'être nourris et cimentés. M. X., est très utile et encouragé; des âmes sont ajoutées à Londres. Certaines personnes aimeraient à souffler le feu, mais il me semble que leur soufflet est gâté. Je trouve que ma force est de rester tranquille.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 122 – ME 1895 page 218

à Mr P.

Malvern, 12 avril 1880

… Paix vous soit, cher frère; tenez-vous près du Seigneur dans la conscience que vous n'êtes rien. C'est là notre sûreté, et c'est là où nous trouvons la force et un soutien qui ne fait jamais défaut.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 123 – ME 1895 page 218

à Mr P.

Londres, 16 février 1881

Cher frère,

En effet j'ai été malade, non pas exactement malade, mais tout à fait épuisé à la suite de trop de fatigue: deux réunions par jour, bien souvent, et des conférences locales; puis l'effet d'une très lourde chute sur des dalles en Ecosse. Mon coeur n'allait pas et je n'avais guère de souffle; on me défendait de monter l'escalier, peut-être mon coeur se serait-il arrêté tout à fait. Je n'ai pu m'étendre dans mon lit pendant des semaines; de plus j'ai 80 ans! Depuis 4 ou 5 jours, je reste étendu toute la nuit; il me fallait aussi manger une ou deux fois pendant la nuit, maintenant tout au plus une fois. J'ai de nouveau assisté deux fois à la réunion pour rompre le pain.

J'ai une nombreuse réunion de frères à l'oeuvre une fois par semaine, et je ne l'ai manquée qu'une fois. Il me semble que je suis toujours mieux le lendemain. Enfin il y eut un moment où je ne savais plus si c'était la pensée de Dieu de me relever. Cela m'a été utile. J'étais très tranquille, et pouvais regarder la chose de près avec bonheur. La bonté et l'affection des frères ont abondé envers moi. A présent je suis beaucoup mieux, ma respiration reste encore embarrassée, mais elle est meilleure.

Saluez affectueusement les frères.

Votre affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 124 – ME 1895 page 237

à Mr P.

Mars 1881

Bien cher frère,

Le péché caché est toujours un grand mal pour une âme et pour une assemblée. Il se peut qu'une âme soit réellement humiliée, et dans ce cas il n'y a pas de profit à ébruiter le mal, mais c'est une chose très délicate de prendre sur soi la responsabilité de juger, si celui qui a péché a été humilié. Il y a bien des choses qui ne paraissent pas, dans votre récit. Est-ce que ce jeune homme était déjà en communion quand il a commis ce péché? Je suppose, d'après votre lettre, qu'il était converti, et si c'était avant d'être en communion, est-ce qu'il y a eu un long intervalle entre son entrée au milieu de nous et sa faute? Il n'était pas encore marié: cela change le caractère du péché. Si l'intervalle entre le péché et sa réception a été court, il y a lieu de se demander s'il n'y avait pas chez lui de la légèreté. S'humilier, quand le fait est connu, peut être une chose sincère, et l'oeuvre de Dieu, mais on a de la peine à éviter — ce que naturellement l'homme préférerait — que cela n'allât pas plus loin. S'il est réellement brisé et humilié, il vaut mieux, pour la paix de tous et la gloire de Dieu, qu'on en reste là; car le péché rendu public, si tous n'en sont pas profondément troublés, tend à habituer l'esprit au péché, ce qui est un grand mal. J'espère qu'il ne se sentira plus «à la tête de l'assemblée», mais, sans le faire remarquer, qu'il se tiendra davantage sur la réserve. Votre grande affaire est, non de le poursuivre, mais d'être tout à fait assuré qu'il est humilié; cela se montrera dans son esprit, dans sa marche, et dans vos entretiens avec lui. Depuis combien de temps avait-il été converti lorsqu'il a commis le péché? S'il était déjà en communion, a-t-il continué à rompre le pain comme si de rien n'était? Etait-il, déjà alors, actif dans l'assemblée, exerçant un ministère, et a-t-il continué à le faire? Tout ceci dit beaucoup sur l'état de son âme, et le jugement qu'il porterait sur les faits que j'énumère dirait aussi beaucoup sur son état actuel. Comme la responsabilité restait, lorsque vous m'avez écrit, sur vous et sur X., vous ferez bien d'être au clair sur ces points. Si l'affaire est réellement passée, et jugée, il n'est d'aucun profit de la ramener sur le tapis; mais là est la question. Dieu ne panse pas à la légère la plaie de son peuple, mais, dans sa grâce souveraine, il ne se souvient plus du péché pardonné. L'intervalle fait quelque chose, mais un péché non jugé est un péché présent.

Saluez affectueusement les frères.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 125 – ME 1895 page 239

à Mr P.

Londres, 26 avril 1881

Bien cher frère,

Quant au frère excommunié et qui mange avec ses maîtres, rendre grâces à table est la communion tout autant que la Cène, et je ne pourrais faire cela avec un excommunié. Le faire travailler ne me ferait rien, sauf à user de réserve, à ne lui dire que ce qu'il faut, et dans ce cas particulier si cet homme va bien, il pourrait peut-être regagner la confiance du public pour gagner sa vie.

Quant à l'autre cas, si c'est un péché scandaleux, il serait excommunié; la question de la repentance viendrait après. S'il s'était écoulé un grand laps de temps et que son âme fût réellement restaurée, qu'il fût humilié déjà, et qu'il l'eût montré par sa conduite, enfin que l'état de son coeur fût clairement renouvelé par la grâce, alors je ne remettrais pas la chose sur le tapis et surtout dans un autre endroit que celui où le péché avait été commis. S'il demeurait toujours dans le même endroit, il faudrait être assuré que la conscience publique est satisfaite quant à ce renouvellement. Le cas s'est présenté à V., la question elle-même bien des fois. Le péché reste péché, quel que soit le nombre des années écoulées depuis qu'il a été commis, jusqu'à ce que, pour l'âme, tout soit vidé devant Dieu, et que la conscience soit en pleine communion avec Dieu dans la lumière. Il faut que le Seigneur ait lavé les pieds, que les cendres de la génisse rousse aient été appliquées avec l'eau, deux fois même, pour donner, je le crois, le sens de la gravité du péché, car c'est contre la grâce, aussi bien que contre la pureté de Dieu, que le péché a été commis, puis vient la grâce qui est au-dessus du péché. Dès lors la communion est rétablie, seulement il faut y demeurer. Je crois qu'il importe de maintenir la sainteté de nos relations avec Dieu; si l'on n'y est pas, la puissance de la communion, le secret de Dieu, nous manque. Il y a danger que les frères s'endorment sur ces points; la joie et le témoignage sont alors perdus, quand même Dieu ne retire pas sa bénédiction. Mais je dois m'arrêter.

Saluez les frères.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 126 – ME 1895 page 279

à Mr P.

Londres, 14 septembre 1881

Bien cher frère,

Je n'ai pas besoin de vous dire que je suis bien réjoui des nouvelles que vous me donnez d'Orthez, endroit où j'ai travaillé dans le temps, mais qui a été passablement délaissé depuis longtemps. C'était le champ de presque les premiers travaux et triomphes du cher B., et c'est là qu'a été le commencement du réveil en France.

Quant à moi, cher frère, Dieu m'a conduit tout près des portes de la mort, assez près pour faire un peu l'expérience de ce qu'elle était, mais pas comme jugement. C'était la dissolution de mon être qui se faisait sentir; mais l'expérience m'a été utile; aucune nouvelle vérité ne m'était nécessaire, mais le salut, la grâce, Christ lui-même et son amour, l'amour du Père, tout cela devenait beaucoup plus sensible, beaucoup plus réel, un grand gain pour moi. Probablement, je n'aurai plus la force physique pour travailler comme je l'ai fait dans le temps; mais quoique travailler soit un bonheur pour moi, j'accepte avec joie la volonté de Dieu. Au reste, déjà depuis quelque temps, je sentais que je devais mener une vie plus recueillie à Londres, puis j'ai pu être utile dans les exercices par lesquels les frères ont passé ces temps-ci, exercices solennels mais si profitables, qui ne sont par finis, mais qui tirent à leur fin. Je travaille dans mon cabinet comme de coutume, et même j'ai assisté à quelques réunions. Une attaque de paralysie, quoique très légère, m'a un peu arrêté, mais je ne m'en ressens que dans la joue droite. Quoique mes membres n'eussent rien perdu de leur force, j'avais de la peine à me maintenir en équilibre; à présent cela va mieux, mais il faut que je fasse attention à mes pas. Dieu continue son oeuvre; en plus d'un endroit, il y a des conversions, et l'état des frères a beaucoup gagné de toute manière.

C'est la présence de Dieu, cher frère, qui donne la force et la joie et qui nous les donnera toujours. Quelle joie de voir Christ qui nous a tant aimés, le même qui a été sur cette terre, l'ami si accessible aux siens, de le voir réellement et pour toujours. Le travail convient à ce monde, la joie à l'autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d'eau, avant d'être parvenus à la source.

Je vous remercie, cher frère, pour toute votre bonne affection. J'aurais aimé voir les frères de Pau, auxquels j'étais très attaché, ainsi qu'à ceux des environs, mais je ne crois pas que ce soit possible: nous nous rencontrerons ailleurs.

Que Dieu ranime les anciens autour de vous, et soutienne les jeunes convertis dans le bon chemin, en les tenant près de lui. Tout le reste périra et s'en ira.

Votre affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 127 – ME 1895 page 295

à Mr X.

Sans date

… Quant au pain sans levain dont vous m'avez parlé, j'avoue que je m'étonne de ce que des chrétiens puissent s'en occuper, comme si ce qui entrait dans le corps pouvait nous souiller ou nous purifier. C'est une preuve que l'âme a tout à fait perdu la conduite du Saint Esprit. Il n'y a aucune direction quelconque dans la Parole pour nous faire imiter les Juifs sous ce rapport, ou nous plonger dans le stérile judaïsme — et ayant commencé par l'Esprit, nous engager à nous rendre parfaits par la chair, car ce n'est que cela. Mais dans le cas particulier, cette idée est des plus malheureuses, parce que l'Esprit de Dieu a donné expressément une application, l'explication spirituelle de cette figure: Christ notre pâque a été sacrifié pour nous, c'est pourquoi célébrons la fête, non avec le levain de la malice et de l'iniquité, mais avec le pain sans levain de la sincérité et de la vérité. C'est-à-dire que, dans le christianisme, cette figure signifie la sincérité et la vérité. Quant à la lettre de la loi, le pain sans levain est une ordonnance de la loi. — La lettre tue et l'Esprit vivifie. — Ceux qui cherchent à se donner de l'importance, la chercheront en de pareilles futilités. Pour celui qui est conduit par l'Esprit, cela est impossible: assujettir toute une réunion à la lettre qui tue pour satisfaire à la pensée de celui qui s'égare, est une chose intolérable. Pour tout homme spirituel, ces paroles: «la lettre tue», suffisent pour le délivrer de semblables pensées.

Lettre de J.N.D. no 128 – ME 1895 page 296

à Mr B.

Rochdale, 27 juin 1861

Bien-aimé frère,

Je n'ai aucun regret de ce que les frères aient reconnu leurs torts dans leur manière de faire. Cela donne souvent au coeur plus de confiance pour agir et pour servir le Seigneur. J'espère maintenant que l'assemblée cheminera en paix et recherchera la bénédiction du Seigneur. Les fruits de justice sont semés dans la paix. Je n'ai pas la pensée de m'occuper en ce moment, si ce n'est par mes prières, de la marche de l'assemblée de X. Il y a des moments où il faut laisser faire le Seigneur. J'espère que sa grâce amènera ces soeurs à reconnaître leurs torts et d'autant plus, si l'assemblée marche avec piété — avec cette piété qui découle de la vraie communion. Je crois que dans ce moment c'est la chose importante. La piété avec l'humilité donne un jugement ferme; elle s'attend au Seigneur, jalouse de sa gloire elle cherche à faire sa volonté et ne dit pas «Tu as tort et j'ai raison» — car alors ce sont les «tu» et les «je» qui jouent le plus grand rôle — mais elle dit: «Que veux-tu, Seigneur, que je fasse?» Au reste, tant qu'on n'est pas dans cet état d'âme, il est impossible de bien cheminer. Restaurer les âmes, pour que ces âmes si chères au Seigneur le glorifient, voilà notre grande affaire. Ce n'est pas que l'état de l'assemblée ne m'intéresse pas vivement, bien au contraire. Si j'étais resté plus longtemps en France, j'aurais aimé faire un séjour à X. C'est là essentiellement que l'oeuvre a commencé dans le midi, lorsque G. s'y est établi; il n'y avait alors que quatre femmes, anciennes dissidentes; mais, pour le moment, je ne vois pas qu'une action directe, là où d'autres agissent, puisse servir à quoi que ce soit pour la bénédiction de l'assemblée. Je m'attends davantage à l'action de Dieu lui-même. Ce sont des chrétiens de part et d'autre, et j'espère que la grâce prendra le dessus dans leurs coeurs.

Quant à l'Italie, voici où j'en suis. Lorsque l'oeuvre a commencé à F., certaines personnes s'en sont mêlées, puis les Italiens, à la suite des propos malicieux des Genevois, eurent une véritable frayeur du nom de frères de Plymouth. Alors j'ai senti que je ne pouvais pas agir avec ces personnes, et que soulever des questions aurait été une cruauté envers ces nouvelles âmes. Je n'avais donc qu'à remettre la chose à Dieu, mais, avec de la patience, le temps d'action pour nous et celui du témoignage de Dieu arrivent si l'on s'attend à lui. On se fatigue du mal et de ce qui est de l'homme quand on a un vrai désir de Christ. Je crois, quoique ce soit un petit commencement, que ce temps commence à poindre en Italie, mais il faut encore, pour ne pas dire toujours, s'attendre à Dieu. On ne peut faire autre chose que répondre aux besoins de la foi. Ce n'est pas comme une première évangélisation, mais je crois que ces besoins commencent à se produire. Et je suis assuré que notre bon et fidèle Maître, que le Dieu de grâce viendra à l'encontre de ces besoins. J'en ai l'assurance. Notre frère O. y va pour sa santé; peut-être pourra-t-il y être utile, malgré son état corporel? Dieu le sait. Quoiqu'il en soit, je crois que Dieu agira. Ici même, je crois que le parti neutre est en décadence. Il fleurit en un ou deux endroits où des chrétiens mondains ont besoin de quelque chose de ce genre, mais mêlé à beaucoup de mondanité. En général cependant, on voit qu'il se décompose. Ils n'ont pas la force de Dieu, aussi, même quand leur système fleurit extérieurement, des âmes qui ont besoin de Christ les quittent et viennent au milieu des frères. Ils cherchent à se soutenir par l'activité du réveil, mais l'oeuvre n'a pas de fond.

Il y a de tous côtés de très nombreuses conversions, avec une certaine excitation. Plusieurs de nos frères qui sont actifs dans ce mouvement se trompent dans leurs espérances, comptent trop vite les conversions, et cela fait un certain mal, mais malgré cela il y a beaucoup de bien. L'oeuvre est un peu superficielle, mais il y a des conversions réelles très nombreuses. Cela exige des soins pastoraux, car les réunions augmentent énormément, et ces nouvelles âmes ont besoin d'être affermies. C'est mon travail spécial en ce moment, et quoique je soupire un peu après l'évangélisation (dont je m'occupe toutefois en même temps), je suis très heureux dans l'oeuvre. En général les frères vont bien; il y a de la vie, l'attente du Seigneur est plus vivante; s'il ne s'agissait que de l'augmentation du nombre, nous serions dans un état des plus florissants, mais je crois que, par la bonté de Dieu, il y a bien plus que cela. De la faiblesse, sans doute, mais les frères font l'expérience de la bonté de Dieu. En Irlande, il y a beaucoup de bien.

Prenez courage, cher frère; nous avons à travailler pour un peu de temps, mais avec une force qui n'est pas la nôtre et qui suffit à tout; sous le regard, et encouragés par la bonté de Celui dont l'amour ne nous fait jamais défaut. Comptez sur lui, demeurez en lui, nourrissez-vous de lui — travaillez avec toute patience selon la force qu'il vous donne, et soyez fortifié en toute force selon la puissance de sa gloire.

Saluez votre femme de ma part. Saluez cordialement toute l'assemblée. Que Dieu leur donne de se nourrir constamment du Seigneur, et de rechercher la piété et sa communion.

Etant en course je n'ai pas pris avec moi votre dernière lettre; si elle contient quelque chose d'important j'écrirai de Londres.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 129 – ME 1895 page 336

à Mr B.

Elberfeld, 29 octobre 1861

Voici bien longtemps, bien cher frère, que j'aurais dû vous écrire, et que je pensais à le faire; mais toujours en courses, en conférences, et pressé par des travaux de cabinet, votre lettre est restée parmi les lettres non répondues. Je prends enfin la plume, et soyez assuré que ce n'était pas manque de bon vouloir ou d'intérêt, car votre lettre m'a beaucoup intéressé comme le font toujours les nouvelles des frères. Un arrêt de deux ou trois journées à la suite d'une conférence me laisse un peu de temps pour vous répondre. «Dolce far», je le comprends un peu, mais dolce farniente ne m'arrive guère, toutefois le repos est en Dieu et on ne manque pas d'en jouir, car là on n'a rien à faire qu'à jouir. Cela nous donne aussi la force pour le travail.

On m'a dit que vous vous êtes établi au V., en sorte que vos doutes à l'égard de votre séjour à St. ont pris fin. Je pense cependant que vous continuez à visiter G.-I.-P. et d'autres villages voisins, car il y avait des portes ouvertes dans les environs du V. Ayez bon courage, cher frère. Au temps voulu de Dieu, nous moissonnerons si nous ne nous lassons pas; et puis sa force s'accomplit dans l'infirmité. Nos frères du V. ont assez d'indépendance, mais j'ai toujours trouvé qu'avec un peu d'affection on cheminait heureusement avec eux. On pourrait souhaiter qu'il y eût parfois un peu plus d'ordre, mais il y a un bon fonds. Au reste, c'est Jésus qui peut tout, et sa grâce qui fait tout.

Qui est-ce qui agit à St. maintenant? Après tout, si les réunions sont heureuses c'est la grande affaire. Pour St., commencer à neuf pour ainsi dire n'est pas du mal. Est-ce qu'on se réunit encore à G., dans le même local où l'on se réunissait du temps de M. L.?

Quant à vos travaux, cher frère, cherchez la face du Seigneur et appuyez-vous sur lui. Quand le corps n'est pas robuste, on est en danger de faire cela comme une tâche, comme une obligation, et l'esprit devient un peu légal, ou bien l'on cède à la fatigue et on est découragé devant Dieu. Le travail est une grâce qui nous est accordée; soyez pleinement en paix et heureux dans le sentiment de la grâce, puis allez verser cette paix sur les âmes. Voilà le vrai travail; on en revient peut-être bien fatigué de corps, mais soutenu et heureux; on se repose sous les ailes de Dieu, et l'on reprend ses travaux jusqu'à ce que le vrai repos arrive. On renouvelle ses forces comme celles de l'aigle. Souvenez-vous toujours de ces mots: «Ma grâce te suffit, et ma force s'accomplit dans l'infirmité». Que la communion avec Dieu soit votre première affaire, ainsi que les douces relations dans lesquelles nous sommes placés avec lui. Tout va bien quand on y marche; puis on découvre et l'on juge jour par jour tout ce qui empêche la communion; ainsi le coeur ne devient pas dur, ni la conscience émoussée, et l'on jouit facilement de ces communications de la grâce, qui donnent de la force. Oui, cherchez avant tout la communion personnelle avec le Seigneur.

Quant à votre Italie, en effet, cher frère, tout est bien sombre, et non seulement pour l'Italie, mais pour toute la terre. Bientôt le monde ne suffirait plus à l'ambition des hommes, seulement elle sera arrêtée par Celui qui en a le droit. L'Angleterre, jusqu'à présent si prospère, est dans l'embarras comme tous les autres pays. Les affaires d'Amérique tendent à la ruiner. En France, c'est encore plus le cas; l'Autriche, la Pologne, la Turquie, sont comme les autres. Ici, les ouvriers sont sans ouvrage; partout on fait d'énormes préparatifs pour la guerre. Que la sagesse de l'homme est peu de chose! Quoi donc? Le Seigneur va venir et nous appartenons au ciel. Dans l'Eglise, il n'y a ni Grec, ni barbare, ni Scythe, nous sommes les serviteurs de Christ, sûrs de la victoire de notre maître, victoire qui donnera la paix au monde entier. En attendant, dans ce lieu où il nous place comme témoins de la paix actuelle que Dieu donne, l'amour et la grâce de Dieu qui nous mettent en relation intime avec le ciel, remplissent nos coeurs, et nous savons apporter aux âmes agitées et souffrantes la tranquillité et la paix que rien dans ce monde ne peut détruire. Nous ne sommes pas du monde, comme Jésus n'était pas du monde. Notre vie descend du ciel et y remonte comme à sa source. Tenez-vous-la, cher frère. Il se peut que nous ayons de la tribulation dans le monde, mais ayez bon courage, il a vaincu le monde.

Que Dieu, dans sa bonté, garde tous les frères dans cet esprit, afin qu'au moins quelques-uns, au milieu de ce monde de peines et de soucis pour un si grand nombre, sachent porter l'empreinte de la paix sur leurs visages, parce qu'elle règne dans leurs coeurs. Tout ce qui arrive, arrive par la main de Dieu; pas un passereau ne tombe à terre sans lui; il n'oublie rien; rien ne lui échappe. Puis le Seigneur va venir. Oh! que les enfants de Dieu y pensent. Je crois que cette vérité a plus de force pratique dans les coeurs de nos frères en Angleterre. Dieu en soit béni. Les conversions y sont toujours nombreuses; les réunions augmentent beaucoup; de nouvelles se forment; il y a un peu plus de dévouement, et, je le crois, un bon esprit et de l'union. Il y a des réunions qui sont dix fois plus nombreuses que l'année passée, d'autres deux fois et, quoiqu'il y ait plus d'activité et qu'il y ait eu un moment, pour quelques-uns, le danger d'être entraînés dans le courant du réveil, je crois que les principes des frères leur sont plus chers que jamais. Il y a, dans ce réveil, des éléments superficiels plus qu'en Irlande, mais beaucoup de vraies conversions aussi.

Le frère O. qui s'est marié est allé en Italie et y cherchera les frères; lui serait-il possible de communiquer avec G. ou B., s'ils sont encore là? Comme il y va un peu pour sa santé, il ne visiterait pas les Vallées.

Saluez aussi tous les frères du V. avec beaucoup d'affection de ma part; je me rappelle à leur bon souvenir dans leurs prières.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 130 – ME 1895 page 358

à Mr B.

Londres, 2 juillet 1862

Bien cher frère,

J'ai été très heureux d'avoir de vos nouvelles. Avant de voir M. B., j'avais cru lire dans votre lettre que vous aviez perdu un enfant; j'avais alors une de mes attaques de goutte dans l'oeil, et je n'avais fait ni pu faire qu'y jeter un coup d'oeil. Je vois maintenant que c'est un enfant de votre belle-soeur. Que le Seigneur la console.

Quant à N., que puis-je vous dire; tout cela est si pénible. Pour moi, plus je vais en avant, plus j'attache d'importance au jugement de l'assemblée, mais je suis profondément peiné pour X. Je pense aussi à ses enfants; je crois que Dieu le visite pour sa raideur, et parce que sa volonté est si peu brisée. Il se vantait même de ne jamais fléchir, alors Dieu est forcé de lui dire: Eh bien, je te fléchirai. Sinon il nous brise; mais cela me fait de la peine, car il a été béni, dévoué, et a souffert pour le Seigneur. Mais Dieu veut que nous soyons soumis. Il n'y a que sa grâce; la volonté ne vaut rien, nous ne valons rien; il faut que nous reconnaissions que tout est grâce. Je le sais pour moi-même; si nous nous soumettons à sa grâce, Dieu est plein de bonté. Il ne prend pas plaisir à nous discipliner; bien loin de là, il nous épargne mille fois et nous bénit.

Je suis heureux d'apprendre, cher frère, que vous avez plus de courage. Ayez-en, si ce courage provient de la confiance en Jésus. Il ne vous fera pas défaut: Sa force s'accomplit dans l'infirmité.

Je suis très heureux de savoir que les R. vont mieux. Saluez-les bien de ma part; saluez aussi tous les frères. J'avais un peu l'espoir de visiter le Midi, mais mon mal à l'oeil m'a pris passablement de temps. J'ai devant moi maintenant le voyage à travers l'Atlantique, pour visiter les frères au Canada. Si je n'y vais pas (car je dépends humainement parlant d'un frère E. qui y a travaillé), il se peut bien que je vous voie encore cette année en France; si je vais au Canada, je pense que nous partirons dans le courant de ce mois. C'est un long voyage pour moi, à mon âge, mais c'est pour le service du Seigneur, en sorte que je m'y sens encouragé; je suis sous ses ailes. J'aimerais bien revoir mes chers frères de France; je ne sais ni si, ni quand Dieu m'accordera cette joie. Qu'il les garde jusqu'à la journée de Christ; qu'il les garde dans le dévouement, dans l'humilité et dans la joie de sa communion; mon âme est bien liée à la leur, mes voeux pour leur bonheur éternel. Tout le reste ne fait que passer. Qu'il vous bénisse aussi, cher frère. Si Dieu me fait prospérer dans mon voyage et que j'aie le temps de voir les frères je pense revenir du Canada cette année. Il y a beaucoup à faire ici et en Irlande, et, grâces à Dieu, de la bénédiction en bien des endroits.

Votre affectionné frère en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 131 – ME 1895 page 393

à Mr B.

Bristol, 27 juillet 1862

Bien cher frère,

Vous vous trompez si vous pensez que je vous considère comme un fainéant. Jamais une idée pareille ne m'est venue à l'esprit. J'ai quelquefois pensé que vous manquiez de courage. Je ne doute pas que le jugement que vous portez sur vous-même ne soit exact. Quant à G., j'ignore les détails de ce qui s'y est passé. M. K., qui m'a visité l'autre jour, m'en a raconté quelques-uns. Toute cette histoire m'a été profondément pénible, pour la famille, mais aussi pour celui qui a causé le scandale. Il a été dévoué; il a souffert autrefois pour le Seigneur. Ce devrait être un poids sur tous les esprits que la pensée qu'il en est là. Je n'ai aucune idée en ce moment de ce qui a amené la catastrophe, comment l'enquête s'est faite, comment l'affaire est revenue sur le tapis. Mais, quels que soient les instruments, il faut regarder plus haut. Si la main de Dieu est sur nous, c'est sa main, en amour sans doute, mais sa main. Je ne crois pas que le mal qu'on a jugé dans ce pauvre frère, soit la seule chose qui ait forcé Dieu à placer son ouvrier sous la férule, car il a été son ouvrier. Son caractère inflexible a rendu la discipline nécessaire, au moins à ce qu'il me semble. Dieu n'aurait jamais permis le mal, mais il aurait pu amener son coeur à fléchir et à se repentir, sans le mettre en scène devant tout le monde, ainsi qu'il l'a fait. Combien de chrétiens en chute il a ménagés et traités avec une douceur dont l'homme, peut-être, aurait dit qu'ils ne la méritaient pas, et qu'eux-mêmes ont dit et senti ne pas mériter, car il n'aime pas à nous blesser et à nous briser. Pourquoi ce pauvre X. a-t-il été traîné en public pour ses fautes? Il se peut que tel ou tel en ait été l'instrument, et que d'autres aient été aigris contre lui; mais c'est Dieu qui tient tous les coeurs dans ses mains. Ce que j'espère, c'est que Dieu, dans sa grâce, Dieu qui agit toujours en amour, agira par ces moyens, quelque douloureux qu'ils soient, pour amener ce frère à la douceur, pour l'engager à se juger, à s'humilier devant Dieu; alors, certes, Dieu le bénira, et je le désire de tout mon coeur. Il se peut que Dieu ait jugé nécessaire de traiter durement ce mal, de peur qu'il ne s'enracinât; quoiqu'il en soit, il nous faut regarder à ses voies.

Je n'ai porté aucun jugement sur votre déménagement; là où la sagesse de l'homme fait défaut, Dieu nous conduit et dirige les affaires de sa chère Eglise à travers nos faiblesses et même par le moyen de nos faiblesses, si notre coeur est droit. J'espère que vous serez béni à V., et je ne vous blâme aucunement de ce que vous donniez des leçons.

Je désire de tout mon coeur que Dieu pousse des ouvriers dans sa moisson; mais personne ne peut dépasser son don, et ce qu'il fait au delà ne peut qu'être nuisible à lui-même et peut-être à tous. Oui, je demande que Dieu suscite des ouvriers; qu'il y ait de la foi, du dévouement; je le demande de tout mon coeur, mais je ne prétends pas même avoir une opinion sur tous les cas qui surgissent. Je m'intéresse profondément à l'oeuvre, vous pouvez bien le croire; par conséquent, l'activité des ouvriers me touche de près, mais je crois que notre Dieu tient la haute main sur tout, et ma confiance est dans sa bonté et dans sa fidélité. Naturellement, quand on s'intéresse beaucoup à une chose, on pense à tout ce qui arrive. On m'accuse de trop de laisser aller, mais il me semble que je me lie à Dieu, car l'oeuvre est à lui. Si je puis être utile dans cette oeuvre, c'est une grâce qu'il me confère, mais je vois que, souvent, quand on veut trop gouverner et diriger, c'est la foi en Dieu qui manque.

Quant à mon voyage au Canada, des affaires de famille ont arrêté le frère qui connaît le pays et qui devait me conduire…

Saluez affectueusement les frères. Si je ne pars pas pour le Canada, j'ai un peu l'espoir de les voir.

Que Dieu garde et bénisse votre femme.

Votre toujours affectionné frère.

 

P.S. — Je viens d'avoir d'excellentes réunions en province, et les frères en général vont bien.

Lettre de J.N.D. no 132 – ME 1895 page 396

à Mr B.

1862

Bien cher frère,

Je viens de recevoir votre lettre. Je bénis Dieu de tout mon coeur de ce qu'il vous a fortifié de corps et d'âme. Il est toujours fidèle, toujours bon; on peut toujours compter sur lui, quoi qu'il en soit. Son amour ne change pas; il pense toujours à nous — chose merveilleuse, mais vraie — et compte les cheveux de nos têtes. C'est merveilleux, en effet, que le Dieu de gloire entre dans tous les détails de notre vie, et toujours en vue de notre bénédiction. «Il ne retire pas ses yeux de dessus les justes», et toutes choses contribuent au bien de ceux qui l'aiment.

Je vous prie de saluer affectueusement Mme B. Que Dieu bénisse aussi votre petit garçon; c'est un souci sans doute dans ce monde, mais un souci que Dieu, si nous nous confions en lui, peut prendre, et prend de fait comme une occasion à de nouvelles preuves de sa fidélité et de sa bonté. Que Dieu vous accorde à tous deux d'être fidèles et de savoir l'élever pour lui.

Pour ce qui regarde l'histoire de St., je l'envisage un peu différemment de ce qu'on m'en a dit. Notre cher frère F. m'avait raconté quelques détails de ce qui s'était passé. Je n'envisage pas la position de ces soeurs comme une excommunication. L'assemblée seule pouvait les excommunier; mais lorsqu'elles ont dit à plusieurs qu'elles ne voulaient pas venir à l'assemblée, ils étaient libres de dire leur sentiment et celui d'autres personnes, si elles l'autorisaient à le dire. Je ne dis pas que ce fût une chose sage ou selon Dieu, mais qu'ils étaient libres d'exprimer leur sentiment comme étant leur sentiment; si c'est la chair, qui a produit ce sentiment, il est clair qu'il n'était pas selon Dieu. Mais je crois qu'il n'est pas de la compétence d'un frère ou d'une soeur de se retirer de l'assemblée et d'y revenir à sa fantaisie. L'assemblée doit avoir son mot à dire là-dessus. Il se pourrait que celui qui s'est absenté ait commis toutes sortes de péchés pendant son absence. Ainsi, quant à ceux qui se tiennent à l'écart, l'assemblée doit dire si elle peut les recevoir, comme aussi l'individu peut vouloir revenir. J'espère, je veux dire que j'ai bonne espérance, que cela aura lieu, que l'assemblée sera bénie et restaurée par la grâce; elle le sera, si elle marche dans l'humilité et dans un esprit de dépendance de la grâce; si la grâce agit dans le coeur de ces soeurs, elles jugeront ce qui a été de la chair en elles. Il se peut que N., ayant eu l'habitude de beaucoup diriger, il y ait eu en lui un manque de savoir-faire spirituel.

Votre part, j'en suis sûr, est de travailler selon la grâce et de communiquer aux âmes ce que Dieu vous aura donné pour elles, tout en nourrissant votre propre âme. Au reste, c'est ce qui est de beaucoup le plus utile pour l'assemblée elle-même. Je doute que ce soit la volonté de Dieu de priver une âme de la cène, parce qu'elle est dans un mauvais état. La Parole dit que l'on s'examine et qu'on mange; mais si je voyais une âme dans un état de conscience que le péché aurait produit et qui ne saurait pas où elle en est, je puis, me semble-t-il, imaginer le cas où je pourrais lui conseiller de s'abstenir jusqu'à ce qu'elle fût au clair. Cependant, comme règle générale, on ne peut pas exclure les âmes provisoirement, et ce ne serait que dans un cas particulier que je pourrais même donner ce conseil. Les soins pastoraux sont le remède qu'il faut à une âme en mauvais état, et non pas une exclusion temporaire. Ces soins manquent parfois un peu parmi les frères, et l'on recourt plutôt à des expédients. Je pense que les étrangers étaient des personnes qui n'étaient pas de la localité, principalement des frères, et en particulier des ouvriers du Seigneur (peut-être d'autres aussi), envers lesquels l'assemblée exerçait l'hospitalité. Diotrèphe ne le voulait pas. Vous pouvez voir que la seconde épître de Jean avertit la dame élue de ne pas recevoir ceux qui n'apportaient pas la saine doctrine à l'égard de la personne de Christ; la troisième encourage Gaïus dans son hospitalité. Je pense que ce sont en général des chrétiens (tout en approuvant l'hospitalité en général, comparez Hébreux 13: 2), à cause de ce qui suit. Le «qui ont rendu témoignage», du verset 6, s'applique au verset 5 en général — (quelques-uns lisent: les frères et même ceux [d'entre eux] qui viennent du dehors); les versets 7 et 8 montrent qu'il avait principalement en vue les ouvriers, car ainsi ils coopéraient avec la vérité. Diotrèphe ne voulait pas les recevoir, désirant avoir l'assemblée à lui, et rompre le lien avec l'apôtre et tous les frères.

Quant au mot gentils — votre Diodati lie les mots: «sont sortis» avec «d'entre les gentils». Il traduit ainsi: «Ils sont sortis d'entre les gentils pour son nom, sans rien recevoir».

Cette interprétation n'est pas reçue de beaucoup de monde, cependant il y a des noms très respectables qui l'acceptent. Je pense que Jean, comme Pierre, s'attachait encore beaucoup au berceau judaïque du christianisme. C'est ainsi qu'en 1 Jean 2: 2, il dit: «Il est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier». Paul lui-même parle très souvent, comme en Galates 3, Ephésiens 2, où «nous» se rapporte aux Juifs, «vous» aux gentils, «nous» de nouveau aux chrétiens. — Je pense qu'il s'agit plutôt des gentils croyants que des incrédules, mais il se peut bien que ces hommes ne voulussent rien recevoir de leurs parents. Les apôtres considéraient les Juifs (même incrédules) comme frères, non dans le sens chrétien, mais national; Paul parlait ainsi dans ses discours. Les gentils n'étaient que des gentils, et il se peut bien que ce Diotrèphe ne voulût pas recevoir des ouvriers d'entre eux. Ces ouvriers devaient être reçus, et c'était un titre auprès des chrétiens de race juive, qu'ils n'avaient rien voulu recevoir des gentils, leurs parents incrédules ou autres.

Adieu, bien-aimé frère, que notre bon et fidèle Père, plein d'amour, soit avec vous, vous encourage et vous soutienne près de lui. Dans la jouissance de l'amour de Jésus, on est toujours bien, toujours encouragé.

Saluez affectueusement les frères partout où vous allez. — Que ceux de St. cultivent la paix, soient tranquilles, et cherchent par-dessus tout à croître dans la grâce de Jésus.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 133 – ME 1895 page 415

à Mr B.

Edimbourg, 13 décembre 1865

Cher frère,

J'ai bien reçu votre lettre en son temps, mais je tenais à lire votre article avant de vous répondre, et j'étais en course tenant des réunions du matin au soir, tantôt en réunissant les frères du voisinage, tantôt en Irlande où il y a un mouvement remarquable. Quoique surchargé de travail, j'ai lu votre article. Je n'ai qu'une remarque à faire: vous donnez aux églises une importance formelle plus grande que je ne le pense. Je ne vous accuse pas d'erreur, car vous reconnaissez l'Eglise, corps de Christ, mais seulement d'une impression que votre écrit m'a laissée. Je ne reconnais pas qu'il y ait des membres d'une église, et je ne sache pas que vous le disiez; je ne parle que d'une impression. Mais enfin, vos expressions pourraient peut-être le dire pour ceux qui sont habitués à cette idée. Ne pensez pas, cher frère, que je mentionne cela pour blâmer votre écrit, car je l'ai trouvé très bon, et je vous fais remarquer la seule chose qui se présente à mon esprit comme pouvant soulever une question. Ce sera, je l'espère, un résumé très utile pour vos compatriotes. Je pensais à vous écrire encore après avoir relu la moitié de votre écrit, car j'ai un peu plus de tranquillité ici à Edimbourg, mais voici que m'arrive un petit mot de L. F., avec la lettre que vous lui avez adressée, et dont le contenu est assez important. L'union est toujours bonne en soi, mais la fidélité à Christ va avant l'union elle-même. Je vous engagerais à vous renseigner exactement au sujet de la réunion dont vous parlez, avant de vous compromettre à cet égard; il ne s'agit pas, Dieu nous en garde, de faire des difficultés, mais il nous faut savoir si la sainteté de la table du Seigneur est réellement conservée. Je puis me réjouir d'une oeuvre lorsque, en somme, il y a des âmes délivrées, quand même je ne pourrais y marcher moi-même.

Quant à Béthesda, avant de me mêler à eux, il me faudrait être bien au clair sur le fait qu'ils en ont été franchement délivrés. Jamais il ne me viendrait à la pensée d'introduire ces questions en Italie, mais elles y sont déjà. C'est ce qui m'a empêché de m'y rendre ou de m'en occuper; il aurait été cruel d'occuper ces frères, nouvellement sortis du papisme, de ces difficultés; il aurait été impossible de marcher avec les Newtoniens, car ceux qui agissaient en Italie étaient même plus près d'eux que de Béthesda. J'ai donc remis, avec beaucoup de prières, la chose à Dieu, et je me suis attendu à lui, car l'oeuvre m'intéresse vivement. Cher frère, Béthesda avec les fruits de l'esprit qui y règne, se manifeste tous les jours davantage; je parle de la mondanité et de la destruction de toute intégrité, de toute conscience chez ceux qui trempent dans ces choses. On a trouvé cela en Suisse, en France, en Allemagne — partout — où l'on ne pouvait dire que c'était l'esprit de parti. Ainsi, si la réunion milanaise est en communion avec Béthesda, certes je n'y irais pas. La plupart ignorent probablement tout cela, de sorte qu'ils ne sont pas personnellement souillés, mais une fois que les deux frères dont vous parlez et qui savent ces choses auront pris leur parti, ils seront nécessairement assaillis; il importe donc que ces deux soient bien décidés: ne vous pressez pas. Ce qui est absolument nécessaire, c'est que la table du Seigneur soit garantie de cette corruption connue, et que la discipline soit suffisante. Pour moi, je me plierais à beaucoup de faiblesses et d'infirmités dans l'état où ils se trouvent, pourvu que le fond fût bon. J'entends toujours, cela va sans dire, que le principe de la réunion soit celui de l'unité du corps de Christ autrement vous reniez la substance même de votre écrit. Vous devez comprendre, cher frère, que si, après vous en être mêlé, vous ne continuez pas et que d'autres soient obligés de quitter l'assemblée, vous voilà sous le poids d'une accusation de division. Je doute, pour ma part, que si la vérité, comme vous la possédez, y pénètre, tous la supportent; vous avez à peser tout cela et à ne pas vous précipiter, tout en accueillant de coeur ces chers frères, et en les éclairant selon votre pouvoir. Soyez fraternel avec tous, à moins que personnellement ils ne soutiennent le mal; alors la fidélité et même l'amour fraternel vous obligent à montrer que, pour vous, vous ne pouvez pas marcher avec le mal. N'abandonnez pas la fidélité à Christ et à la vérité pour éviter la petitesse et la patience; notre état normal est de n'avoir que peu de force et de ne pas renier son nom et sa parole. Le Seigneur, après 3 1/2 ans de travail, n'en avait réuni que 120 (Actes des Apôtres 1: 15), et le serviteur n'est pas au-dessus de son maître.

On parle d'une réunion à Genève, bien qu'elle ait été renvoyée. Je suis sûr qu'on sera très heureux de les y voir. S'ils renoncent allo stipendio che produce infiniti mali, ils devront se confier en Dieu et non pas dans les frères. Toutefois, je reconnais pleinement le devoir des frères de venir en aide à ceux qui se dévouent au Seigneur. La marche est une marche de foi, parce que les riches des systèmes établis se fâchent quand on s'affranchit de leurs liens, et que leur fortune n'influe pas comme précédemment sur la marche de l'Eglise. Mais c'est précisément ce qui est nécessaire pour que l'Esprit de Dieu reprenne sa place et ses droits en elle. Que Dieu le fasse, et qu'il donne assez de foi à ces frères et à tous ceux qui sont à l'oeuvre, pour que l'Esprit de Dieu agisse librement.

Dieu est bon d'agir toujours malgré les infirmités, les manquements et les péchés qui se trouvent au milieu des siens. Soyez donc cordial, cher frère; nullement précipité; voyez à ce qu'on soit complètement purifié de la souillure de Béthesda et qu'en principe, quand même il y aurait de la faiblesse, la sainteté de la table du Seigneur soit sauvegardée. Je ne désire pas autre chose que ce que vous annoncez comme vrai dans votre écrit; tenez-vous y ferme avec un coeur aussi large que possible.

Je serai très heureux d'avoir de vos nouvelles et de celles de votre activité. Il y a bien des détails importants, mais il m'est impossible d'y entrer maintenant.

Saluez bien Mme B. et les frères qui sont avec vous, bien que je ne les connaisse pas.

Beaucoup d'âmes ont rompu dernièrement avec le système de Béthesda, et aussi plusieurs ouvriers en Irlande qui ne savaient pas jusqu'ici ce qui en était. Je crois que Dieu agit sous ce rapport; je n'ose dire qu'ils seraient tous à même de garder pures les réunions qui se forment aujourd'hui en assez grand nombre en Irlande. Les frères vont bien, leur nombre augmente aussi beaucoup. Nous avons perdu pour ici-bas notre cher frère Trotter; un autre évangéliste très connu ne peut plus travailler; mais Dieu en a suscité quelques nouveaux — et les réunions se multiplient beaucoup.

Paix vous soit, et que notre bon Dieu, toujours fidèle et plein de grâce, vous dirige et vous soutienne. Ne soyez jamais découragé; ne vous inquiétez de rien, mais présentez vos requêtes à Dieu; et sa paix gardera votre coeur. Souvenez-vous que Christ est toujours fidèle et ne saurait manquer aux siens. Saluez aussi affectueusement ces deux frères évangélistes; je désire ardemment, quoi qu'il en soit, que Dieu bénisse leur oeuvre.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 134 – ME 1895 page 438

à Mr B.

Londres, 12 janvier 1866

Bien-aimé frère,

J'ai déjà écrit au frère R. de s'occuper des Etudes, de vous les envoyer pour ces deux frères, et de les mettre sur mon compte; vous les ferez passer à ces frères, c'est un plaisir pour moi de les leur offrir. Que Dieu les bénisse dans leur oeuvre.

Ne soyez pas découragé, cher frère; maintenant que vous êtes en Italie, je vous engage beaucoup d'y rester. C'est le moment précis où la foi s'exerce, que Mme B. aussi s'encourage et prenne patience quant à la langue. Je crois qu'il vaut mieux que vous n'ayez pas un local tout de suite, et que la vérité se propage par son influence réelle. Un local aurait l'air de montrer une opposition formelle; il se peut que le moment arrive où il en faudra un, et je suis sûr qu'il y a des frères qui aideraient à payer le loyer quand ce sera le cas, moi le premier. Mais votre place est évidente maintenant: fermeté et amour, en cherchant la présence et la bénédiction de Dieu. Il y avait un frère aux Etats-Unis qui allait quitter la ville où il demeurait en renonçant au poste qu'il avait, parce qu'il ne trouvait personne qui marchât avec lui sauf sa mère; je lui ai dit: C'est précisément le temps de la foi. Il est resté, et maintenant il y a dans cet endroit une bonne petite réunion qui augmente. Je les ai visités l'année passée, au delà des grands bois; ils venaient de commencer à rompre le pain et, dans la ville, leur témoignage est très clair…

Sur la question de Béthesda, il semble que nous tendons vers la fin. Même les neutres déclarent hautement qu'ils ne voudraient pas y aller, et en général les âmes droites voient clairement le mal. En général, les réunions neutres se dissolvent. On sent que Dieu n'y est pas. Les jeunes évangélistes, en Irlande, ont rompu avec eux, ils ne sont pas au clair, mais au moins ce pas est fait. Il y a là une oeuvre intéressante. Beaucoup de personnes quittent le nationalisme, plutôt à cause du mal qui s'y trouve que par une vraie intelligence de l'unité du corps de Christ, mais plusieurs ont reçu cette dernière vérité, et il y a progrès. J'y suis allé (en Irlande), et je pense y retourner. Il vous faut toujours avoir devant vous et placer devant les frères cette vérité de l'unité de l'Eglise, de la présence du Saint Esprit et de la venue du Seigneur. Je dis: «les frères», c'est dire que je suppose qu'ils sont fondés non seulement sur la rémission de leurs péchés, mais encore sur le précieux fait que nous sommes morts et ressuscités avec notre précieux Sauveur, et c'est là la délivrance. Nous ne sommes pas dans la chair; non seulement le sang nous garantit, mais nous sommes sortis d'Egypte par la puissance de Dieu et la délivrance qu'il a opérée. Nous sommes en Christ. Le sang de Jésus nous a valu le pardon, nous sommes en lui. La première vérité, la rémission des péchés, a trait à ce que nous avons fait, à toutes les oeuvres de la chair; la seconde, notre mort avec Christ, nous place dans une position toute nouvelle, agréables dans le Bien-aimé. La première a trait à ce que nous avons fait, et l'efface pour toujours; la seconde, à ce que nous étions dans la chair, et nous n'y sommes plus; pour en jouir, il faut que le moi soit jugé: «Je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'existe pas de bien». Vous trouverez que Romains 3: 20, jusqu'à 5: 11, traite de la première question; et 5: 12, jusqu'à la fin de 8e, de la seconde; la première partie parle des péchés; la seconde, du péché.

Saluez affectueusement les frères, bien que je ne les connaisse pas; votre femme aussi; qu'elle ait bon courage; si son tour est venu de porter la croix pour l'amour du Seigneur, elle ne se repentira pas de l'avoir fait par la foi, et courageusement.

Votre affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 135 – ME 1895 page 453

à Mr B.

Toronto (Canada), septembre 1866

Mon cher,

Je vous envoie, ci-incluse, ma lettre à J.; c'est ma première lettre italienne. Il n'y a eu auparavant que mon traité italien. Je suis presque en peine de ce que vous ayez simplement renvoyé le secours qu'on avait expédié à P. Toutefois je ne vous blâme nullement, je crois plutôt que vous avez eu raison, mais ils ont besoin d'encouragement, et peut-être suis-je allé trop loin.

Vous lirez ma lettre, je n'ai qu'un tout petit dictionnaire de poche et une petite grammaire de voyage, de sorte que les phrases idiomatiques me manquent. Quoi qu'il en soit, s'il le veut, il pourra comprendre ce que je veux dire. J'ai été très heureux, et j'ai rendu grâce du fond de mon coeur à Dieu des bonnes nouvelles que j'ai reçues de France en général, d'Allemagne aussi, et pas mauvaises de Suisse. En Angleterre, le nombre des frères augmente beaucoup, et la discussion sur les souffrances de Christ leur a été en grande bénédiction. En Irlande, cela ne va pas mal.

Aux Etats-Unis, c'est une oeuvre de patience. Cependant le Seigneur agit; un assez grand nombre d'âmes a trouvé la paix (personne ne l'avait parmi eux), beaucoup ont reçu la vérité de la venue du Seigneur, un certain nombre celle de l'unité de l'Eglise et de l'état où elle se trouve actuellement. La vérité se répand, le rassemblement des frères se fait lentement; je m'y attendais, connaissant l'état de l'église professante dans ce pays. Quant à celui des esprits, prôner et exalter l'homme, s'occuper des affaires politiques, un dévergondage épouvantable dans les moeurs, voilà ce qui le caractérise. On voudrait que les femmes votent dans les élections politiques. Une locution proverbiale dit: Dans ce pays il faut dire: «Parents, obéissez à vos enfants». On commence à sentir que tout frein manque. La magistrature, de son côté assez corrompue, dit-on, a privé la corporation de New York de la direction de la police, autrement on aurait tout craint pour la ville; personne n'était en sûreté; la police et le maire lui-même étaient ligués avec les malfaiteurs. Maintenant on a aboli la direction des voitures publiques, des permis de vente de liqueurs fortes, et on l'a placée entre les mains de la police. Puis le maire a révoqué tous les permis et chacun peut faire ce qu'il veut; vendre, demander pour les voitures publiques ce qu'il veut, etc. On est habitué aux abus, on s'y attend. Le chrétien traverse tout cela tranquillement, comme s'il était dans la ville la mieux policée du monde.

A Boston, on est, en général, mieux. Les églises deviennent une espèce de garantie pour la respectabilité, mais alors on prend sa revanche par un surcroît de mondanité qui dépasse même les mondains; se tenir en dehors des églises a toutefois mauvaise façon, cela ne donne pas une plaque d'honnête homme sur son habit. Cependant Dieu fait son oeuvre. Au Canada, dans ce vaste pays, maintenant nôtre, nous sommes environ 300 personnes, et la vérité fait du progrès; elle se répand, et le témoignage se fait sentir, tout petit qu'il soit.

Ma foi et ma patience ont été exercées, mais j'ai joui de la présence du Seigneur et de sa Parole.

Nous allons avoir, s'il plaît à Dieu, notre conférence des Etats-Unis, et nous serons représentés par un bien plus grand nombre de personnes que l'année passée. Toutes ne sont pas en communion, mais s'occupent de la vérité.

Je comprends, bien cher frère, que vous cherchiez à soustraire vos chers enfants à l'influence mondaine qui les entoure. Embrassez-les de ma part. Saluez beaucoup tous les frères; je pense à eux de coeur. Que Dieu les bénisse et les garde.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 136 – ME 1895 page 456

à Mr B.

Hamilton (Canada West), 1866

Bien-aimé frère,

J'ai reçu votre seconde lettre un jour plus tôt que la première, de sorte que la nouvelle de la mort de votre chère femme m'est arrivée avant l'expression de votre espoir. Qu'est-ce donc que ce monde! Votre perte est grande, en vérité, car votre femme était bonne et excellente comme femme et comme mère; puis comme vous le dites, trois orphelins tout jeunes restent sans mère. Dans le même paquet de lettres, j'ai reçu la nouvelle de quatre morts; tous ces départs sont de rudes coups pour les familles. Quelles leçons nous recevons dans ce monde! Je comprends, bien-aimé frère, combien cet événement doit être de tout point douloureux pour vous, mais ayez bon courage. Notre Dieu n'est jamais déçu dans ses voies; pas un passereau ne tombe en terre sans lui, combien davantage prend-il soin de ses enfants qu'il aime et qu'il chérit, de ses chers enfants, comme il nous appelle. Je ne doute pas, cher frère, que la perte de votre chère femme ne vous soit toujours plus sensible, à mesure que vous éprouverez des difficultés dans les soins à donner à vos enfants. Il est bon de regarder toutes ces choses en face pour que la foi en Dieu s'exerce, et que nous lui apportions nos difficultés aussi bien que nos peines. Confiez-vous dans son amour; il ne vous fera pas défaut. C'est un grand exercice de foi, mais Celui en qui nous devons avoir confiance est plus grand que toutes nos difficultés, et son amour toujours fidèle ne peut jamais faire défaut. Il fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment. Il nous sèvre de ce monde de toutes manières, afin de nous attacher à un monde pour lequel il nous a créés de nouveau. Celui-ci n'est qu'un lieu de passage où Christ a été rejeté; nous le traversons, et étant privés de tout ici-bas, nous n'avons pas autre chose à faire qu'à travailler pour lui et à le glorifier. La main de Dieu est toujours meilleure que celle des hommes, son apparente dureté meilleure que la faveur de ce monde; ce qui la dirige, est au fond toujours amour, l'amour conduit par une parfaite sagesse que nous comprendrons plus tard. En attendant, il a donné son Fils, en sorte que nous pouvons être sûrs que tout est amour. C'est un monde de douleurs, mais où Christ a laissé ses traces, preuves indélébiles pour la foi que l'amour est entré dans ce monde de douleurs pour y prendre en grâce sa part. Regardez donc à Jésus, cher frère; il prend part à toutes nos afflictions, et soyez sûr que l'amour de Dieu ne vous délaissera pas. Ne vous inquiétez de rien, et que Dieu lui-même vous dirige à l'égard de vos chers enfants. Je serai heureux de recevoir de vos nouvelles.

Je ne comprends pas comment vos lettres ont eu tant de retard, il est vrai que j'étais de l'autre côté du Mississipi.

Je ne vous parle pas aujourd'hui de mon italien, car je pense à votre affliction; j'ai toujours lu un peu ma Bible dans cette langue pour ne pas l'oublier.

Dieu veuille vous bénir et maintenir dans votre âme une entière confiance en lui. Quant à lui, il sera sûrement fidèle: ses voies sont toujours parfaites. Regardez beaucoup à lui, et que vos pénibles exercices de coeur soient pour vous le moyen d'une communion plus profonde et d'un détachement toujours plus complet du monde.

Votre affectionné frère en Jésus.

 

L'oeuvre fait du progrès dans les états de l'Ouest. Une dizaine de réunions, grandes et petites, s'y sont formées.

Lettre de J.N.D. no 137 – ME 1895 page 459

à Mr B.

New York, 24 mars 1867

Bien-aimé frère,

J'ai été tout réjoui de savoir que T. et L. avaient rompu pour le moins avec ces comités. Si T. a un vrai don d'évangéliste, comme je le suppose, les frères devraient lui venir en aide. C'est très bien de s'entretenir par son travail quand on le peut, mais lorsque cela empêche celui qui a un vrai don de faire l'oeuvre du Seigneur, je trouve que c'est grand dommage. Je prendrai part de grand coeur à ce secours aussi longtemps qu'il travaillera fidèlement à l'oeuvre, et qu'il dépendra du Seigneur; tout en faisant ainsi, je le laisse à la direction de l'Esprit de Dieu vous savez que c'est mon principe bien arrêté mais ayant plus d'argent que lui, je lui en fournis comme à un frère, selon mes moyens. Vous savez que ce que j'ai à donner est déjà pris en bonne partie, étant appliqué de la même manière, en sorte que ce que je puis faire n'ôte pas la nécessité de marcher par la foi; mais je ferai de grand coeur ce que je puis et d'autres frères pourraient y prendre part. On m'a aussi écrit de Genève pour me donner de ses nouvelles; le comité s'est dissout, me dit-on, et un seul individu est chargé de la besogne. C'est Dieu qui dirige toutes ces choses…

Je comprends, cher frère, que vous sentiez le vide que fait la perte de votre chère femme. Il est bon qu'il en soit ainsi; ce monde est entièrement vide, mais le coeur peut être rempli du Seigneur, et alors tout va bien. Cherchez beaucoup le Seigneur. L'a-t-on regardé, on en est illuminé, et nous pouvons le bénir en tout temps. Dans le chemin de sa volonté, il se révèle à nous; nous y trouvons sa face, et alors tout va bien. Le reste n'est que pour un temps.

Je serais heureux de revoir tous ces chers frères de France. Je ne sais quand Dieu me l'accordera. Pour le moment mon oeuvre est ici, pour établir le témoignage dans ce pays. Je crois que cela a lieu, bien que nous ne soyons que dans les petits commencements…

Paix vous soit, bien-aimé frère. Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, je suis toujours heureux d'en recevoir.

Votre tout affectionné.