La simplicité quant au Christ

2 Corinthiens 11: 1-4

ME 1895 page 129

 

L'apôtre avait une sainte jalousie à l'égard des Corinthiens. Amenés à Christ par son ministère, il les avait fiancés au Seigneur comme une vierge chaste, afin que, lui appartenant, ils fussent tels qu'Il voulait les avoir. Maintenant, il craignait pour eux, car il voyait que de faux docteurs cherchaient à corrompre ce caractère. «Mais je crains», dit-il, «que, en quelque manière, comme le serpent séduisit Eve par sa ruse, ainsi vos pensées ne soient corrompues et détournées de la simplicité quant au Christ». C'est l'effet produit par les fausses doctrines: elles corrompent les pensées en les détournant de la simplicité quant au Christ.

Il est bien nécessaire que nous considérions cette expression: «la simplicité quant au Christ». Il s'agit pour nous d'être simples, lorsque la Parole, dans toute l'étendue de la révélation, place devant nous les choses qui ont trait à la personne et à l'oeuvre de notre adorable Sauveur. Parmi les innombrables déclarations des Ecritures, relatives à la majesté, à la dignité, à la sainteté de cette Personne et à la perfection de son oeuvre, on trouve sans doute des choses infiniment grandes et profondes, et on ne peut les aborder que les pieds déchaussés. Mais, pour la foi, la Parole reste toujours simple; les expressions choisies par le Saint Esprit signifient ce qu'elles disent; la foi les accepte; et là où la raison est forcée de s'arrêter, la foi va plus loin et adore devant des choses trop grandes pour pouvoir être expliquées. Ainsi la foi et les pensées sont gardées dans «la simplicité quant au Christ», et l'âme se nourrit de lui, tel que la Parole nous le donne. Sortir de cette sphère, pour entrer dans des définitions et des explications qui émanent des spéculations de l'esprit humain, c'est de l'égarement. Les pensées se corrompent et «la simplicité quant au Christ» est perdue.

Remarquez l'exemple invoqué par l'apôtre au verset 3: «Mais je crains que, en quelque manière, comme le serpent séduisit Eve par sa ruse…» Le troisième chapitre de la Genèse nous rapporte les paroles séductrices du serpent. Il dit à la femme: «Quoi, Dieu a dit Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin» Eve lui répond que Dieu a fait une exception pour l'arbre qui est au milieu du jardin, rapportant les paroles que l'Eternel Dieu (*) avait prononcées au chapitre 2: 16, 17. Le serpent répond: «Vous ne mourrez point certainement; car Dieu sait…». Un des traits de la ruse du serpent, c'est que, faisant Dieu menteur, il insinue à Eve que les paroles dont Dieu s'était servi ne signifiaient pas ce qu'elles disaient, et ensuite que, derrière ses paroles, Dieu leur cachait quelque chose. Avec la simplicité de la foi, Eve eût répété: «Dieu a dit», et eût maintenu dans toute leur valeur les expressions employées par Dieu. Mais, par la ruse du serpent, les pensées d'Eve furent corrompues et détournées de leur simplicité, et nous en savons les conséquences.

(*) Il est à noter que le serpent n'emploie pas le nom de l'ETERNEL, nom que Dieu avait pris en relation avec l'homme et qu'on commença à invoquer lors de la naissance d'Enosh, fils de Seth (Genèse 4: 26).

La Parole offre bien des exemples de ce fait que toute erreur, de quelque nature qu'elle soit, détourne de la simplicité quant au Christ, et les Ecritures ont des expressions frappantes pour désigner l'effet produit sur l'âme par l'erreur.

Au chapitre 15 des Actes, quelques-uns, venus de Judée, enseignaient les frères gentils, leur disant que, s'ils n'avaient pas été circoncis selon l'usage de Moïse, ils ne pouvaient être sauvés. Puis, lorsque Paul et Barnabas montèrent à Jérusalem au sujet de cette question, il nous est dit (verset 5) que «quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s'élevèrent, disant qu'il faut les circoncire (les frères gentils), et leur enjoindre de garder la loi de Moïse». En apparence, de tels enseignements ne contenaient pas d'énormités, et les choses qu'ils mettaient en avant ne pouvaient porter atteinte à la sainteté et à la gloire de la personne de Christ. Cependant cette erreur sapait le christianisme à sa base et portait ainsi atteinte à l'oeuvre de Christ. La conclusion de la conférence de Jérusalem fut qu'on écrivit aux frères d'entre les gentils. Cette lettre nous décrit l'effet produit sur les âmes par les docteurs judaïsants: «… Comme nous avons ouï dire que quelques-uns, qui sont sortis d'entre nous, vous ont troublés par des discours, bouleversant vos âmes, disant qu'il faut être circoncis et garder la loi (auxquels nous n'avons donné aucun ordre)…». Ainsi donc les faux docteurs troublent, et l'erreur bouleverse les âmes; prenons-y bien garde.

Nous trouvons les mêmes expressions au sujet des mêmes doctrines, dans l'épître aux Galates. Les Galates étaient sur le point de se mettre sous le joug de la loi et d'accepter la circoncision, eux qui, comme gentils, n'y avaient jamais été placés de la part de Dieu et qui étaient entrés d'emblée dans toute la bénédiction du christianisme. Les chrétiens juifs, au contraire, avaient eu d'abord la loi comme conducteur jusqu'à Christ; ils étaient gardés sous la loi, renfermés pour la foi qui devait être révélée, et, dans cette position, ils étaient des héritiers en bas âge, sous tutelle. Mais, devenus chrétiens, ils avaient reçu l'adoption, et avaient, pour ainsi dire, atteint leur majorité, état dans lequel les Galates étaient entrés sans préliminaires. C'était donc une chose bien sérieuse, de se laisser ramener sous un régime où Dieu ne les avait jamais placés et qui ne contenait que les ombres des réalités qu'ils possédaient comme chrétiens. Aussi l'apôtre, s'émouvant à leur sujet, leur montre-t-il les conséquences de la position qu'ils prennent. Il leur dit entre autres: «Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi; vous êtes déchus de la grâce». Mais ensuite, regardant au Seigneur, il dit: «J'ai confiance à votre égard, par le Seigneur, que vous n'aurez point d'autre sentiment», puis il ajoute: «Mais celui qui vous trouble, quel qu'il soit, en portera le jugement»; et plus bas: «Je voudrais que ceux qui vous bouleversent, se retranchassent même». Ce sont les mêmes expressions que dans la lettre du chapitre 15 des Actes. L'erreur trouble et bouleverse les saints. La vérité réjouit, nourrit l'âme et lie les saints ensemble. L'erreur les désunit.

Répétons encore que le genre d'erreur apportée, en Actes 15, aux frères d'entre les gentils, et que les Galates recevaient à leur tour, ne contenait pas des pensées profanes à l'égard de Christ et de son oeuvre, mais se présentait au contraire avec de belles apparences. La circoncision pouvait se décorer du titre de sainte séparation pour Dieu, au milieu des gentils. L'observation des fêtes pouvait être considérée comme de saintes dévotions ou comme des occasions favorables aux réunions chrétiennes. Ceux qui observaient les jours, les mois, les années, pouvaient paraître des chrétiens beaucoup plus vivants qu'auparavant, et cependant, avec toute cette apparence religieuse, ils s'étaient séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ.

Encore une remarque. Toute erreur, quelle qu'elle soit, est toujours marquée d'un cachet spécial: elle favorise le moi. La vérité fait table rase de tout ce qui est de la chair et ne donne au moi d'autre place que la mort. Une doctrine qui favorise la chair, le fait au détriment de Christ — elle Lui ôte toujours quelque chose pour le donner au moi. Les commandements et les enseignements des hommes, sont pour la satisfaction de la chair (Colossiens 2: 20-23), soit chez ceux qui enseignent, soit chez ceux qui acceptent leurs doctrines. En Galates 6: 12, 13, il est dit: «Tous ceux qui veulent avoir une belle apparence dans la chair, ceux-là vous contraignent à être circoncis, seulement afin qu'ils ne soient pas persécutés à cause de la croix de Christ. Car ceux-là qui sont circoncis, eux-mêmes ne gardent pas la loi; mais ils veulent que vous soyez circoncis, afin de se glorifier dans votre chair».

Quelle était, au contraire, la gloire de Paul, comme de tout chrétien gardé dans la simplicité de la vérité quant au Christ? «Qu'il ne m'arrive pas à moi», dit-il, «de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde. Car dans le Christ Jésus, ni la circoncision, ni l'incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création. Et à l'égard de tous ceux qui marcheront selon cette règle, paix et miséricorde sur eux et sur l'Israël de Dieu».

Que le Seigneur nous accorde de demeurer simples, dans la foi de la vérité. La Parole nous parle de l'erreur comme troublant et bouleversant les âmes; que cela nous rende vigilants en présence de la ruse du serpent, afin que nos pensées ne soient pas corrompues et détournées de la simplicité quant au Christ.