La résurrection - 1 Corinthiens 15

 ME 1895 page 249

 

La résurrection est la pleine et parfaite délivrance de tout l'effet du péché et des conséquences qu'il entraîne. En même temps, elle montre que ce à quoi Dieu nous a prédestinés est une condition de choses et un état entièrement nouveaux. Rien n'est plus important comme de saisir clairement ce que Dieu est en voie de faire: savoir, s'il corrige l'ancien état de choses, ou s'il en établit un tout à fait nouveau. Or la résurrection fait voir que Dieu n'apporte pas une modification à la scène sur laquelle nous nous trouvons, mais qu'il introduit une puissance absolument nouvelle. Discerner cela a l'effet le plus important sur la manière de vivre, sur les moyens de chercher à faire le bien, sur les objets et les efforts du chrétien. Christ allait de lieu en lieu faisant du bien, et il est évident que nous avons à suivre son exemple; mais en quoi Christ corrigea-t-il ou redressa-t-il l'état de choses qui l'entourait? En rien. Le résultat de la venue du Seigneur au milieu de la nation juive fut celui-ci: ils rejetèrent, haïrent et crucifièrent le Prince de la vie, le Seigneur de gloire. Le Seigneur Jésus alla faisant le bien, mais, en apparence, ce fut en vain. Il est certain qu'aucun des conseils de Dieu ne manqua de s'accomplir, mais, quant au résultat extérieur, le Seigneur dit: «J'ai travaillé en vain, j'ai consumé ma force pour le néant» (Esaïe 49: 4). Et pour autant qu'il s'agit de la scène visible où Christ travailla, il n'y eut aucune sorte de restauration, car plus il manifestait d'amour, plus pleinement se montrait la haine de l'homme envers lui: «Pour mon amour, ils ont été mes adversaires» (Psaumes 109: 4).

La résurrection introduit une scène entièrement nouvelle. Ainsi Paul dit: «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création: les choses vieilles sont passées; voici, toutes choses sont faites nouvelles» (2 Corinthiens 5: 17). Or c'est une chose très difficile pour l'esprit de l'homme de se soumettre à cette vérité, parce qu'elle lui dit clairement que, comme homme, il est totalement et absolument ruiné. Il est tout à fait vrai, et j'admets pleinement que, dans sa nature, l'homme a de grandes et merveilleuses facultés, des facultés qui, il se peut, seront un jour beaucoup plus développées encore qu'elles ne le sont maintenant. Mais avec tout cela, l'homme n'en est pas moins moralement entièrement ruiné et perdu. Paul, dans ce chapitre, nous dévoile le caractère et la puissance de la résurrection. La résurrection des justes en est le sujet, bien qu'il jette aussi un coup d'oeil sur celle des injustes. Ce n'est pas seulement Dieu agissant dans cette puissance souveraine qui peut tirer une chose morte de son état de mort; mais, en vertu de notre association à la vie de Christ, nous sommes rendus participants de la résurrection de Christ. Nous ne sommes pas seulement bénis, mais bénis avec Christ. S'il vit, nous vivons aussi ensemble avec lui. «Parce que moi je vis», dit-il, «vous aussi vous vivrez». S'il est la justice de Dieu, nous sommes faits «la justice de Dieu en lui». S'il est l'héritier de la gloire, nous sommes «cohéritiers de Christ», et là où il est, nous y serons aussi. S'il est le Fils, nous aussi nous sommes fils: «Je monte», dit-il, «vers mon Père et votre Père». Nous sommes placés, par grâce, dans cette merveilleuse position de fils, de sorte que c'est une chose réelle; et, ayant été ainsi amenés par adoption d'un état de péché à la condition de fils, l'Esprit Saint nous est donné comme puissance pour en jouir. Telle est la position merveilleuse dans laquelle nous sommes introduits, celle d'être à jamais les compagnons de Christ, «membres de son corps, de sa chair et de ses os». L'homme ici-bas «s'agite en vain»; car, si étonnantes que soient ses facultés naturelles, aussitôt que «son esprit sort, l'homme retourne dans le sol d'où il est tiré; en ce même jour ses desseins périssent». Que deviennent alors toutes ses hautes facultés? Tout est fini; il n'en retire aucun fruit pour lui-même. Un homme peut avoir conduit le monde, mais quel avantage y a-t-il là, si la mort vient écrire le mot «néant» sur tout ce qu'il a été? Un autre viendra peut-être après lui et perfectionnera ce qu'il a fait; mais quant à lui-même tout est fini pour toujours, bien que l'homme ait une responsabilité morale en rapport avec tout ce qu'il accomplit.

Dans ce chapitre, l'apôtre va au-devant des pensées de ceux qui jetaient des doutes sur la résurrection, mais non sur l'immortalité de l'âme. Quelqu'un peut émettre des doutes quant à la résurrection, tout en parlant de l'immortalité de son âme et se glorifier en elle, parce que cela exalte le «moi». C'est moi qui suis immortel. Mais si je suis cette chose morte que Dieu fait sortir de la mort — où est alors le moi? Mon orgueil est abattu, et la puissance de Dieu est manifestée et exaltée. Si donc je parle d'immortalité, c'est de moi que je parle; mais s'il est question de résurrection, je suis entièrement rejeté sur Dieu.

La résurrection se rattache à la mort (je parle maintenant des croyants), mais c'est l'introduction de la puissance de Dieu pour délivrer du pouvoir de la mort. Ce n'est pas seulement que je suis sauvé de mes péchés, mais c'est une entière et parfaite délivrance de toutes les conséquences de mes péchés, de telle sorte que la poussière même de mon corps sera ressuscitée en gloire divine. Je trouve aussi une autre vérité dans la mort de Christ; c'est que ma résurrection est la conséquence de sa mort et de sa résurrection. J'y ai part comme ayant été pardonné; car Christ me vivifie, en vertu de ce qu'il a ôté mes péchés, selon ce qui est dit: «Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes» (Colossiens 2: 13). Nous sommes participants de la vie dans laquelle Christ est ressuscité, de sorte que j'ai une vie entièrement quitte de toute question de péché, car je ne puis pas avoir la vie sans avoir le pardon, et, par suite, le repos et la paix.

Christ, comme Fils de Dieu, a une vie immuable; mais, comme homme, il est mort. Plusieurs preuves incontestables rendent tout à fait évident qu'il est réellement mort, et qu'il a été ressuscité d'entre les morts, et vu par «les témoins choisis auparavant par Dieu». On voit par la résurrection de Christ d'entre les morts, combien complètement il a, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour tout homme. L'Evangile repose tout entier sur la résurrection de Christ. Sans elle, il n'y a point du tout d'Evangile. C'est un point du plus profond intérêt, et qui montre avec quelle réalité Christ est entré dans ce qui nous concerne. Christ est si véritablement mort, comme conséquence de nos péchés, que, s'il n'est pas ressuscité d'entre les morts, tout est entièrement perdu pour toujours. Mais il a passé si entièrement par la mort pour nous, que, s'il n'est pas ressuscité, personne ne peut être ressuscité. Et si ceux qui sont morts ne ressuscitent pas, alors Christ n'est pas ressuscité. Cependant nous savons qu'il était impossible qu'il fût retenu par la mort. Il est très important pour nous de voir et de comprendre cela clairement, afin que notre foi et notre espérance soient «en Dieu qui ressuscite les morts». Ainsi, tout ce qui pouvait se trouver entre le pêcheur et Dieu, a été entièrement ôté — le fardeau du péché pesant sur l'âme, la colère de Dieu contre le péché, la puissance de Satan, la faiblesse de l'homme dans la mort, tout cela n'est plus. Christ lui-même s'est placé sous toutes ces choses. «Il a porté nos péchés», car il s'est écrié: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» Dans sa grâce, Christ s'est mis tout à fait à notre place. Celui qui n'avait pas connu le péché, a été fait péché pour nous. Tous mes péchés sont donc entièrement ôtés: Il les porta tous sur la croix, et descendit sous la puissance de la mort; puis il ressuscita sans eux. La mort a-t-elle encore quelque pouvoir sur lui? Non, car il est ressuscité dans la puissance d'une vie impérissable. Mais il a été dans la mort à cause de nos péchés, et a complètement ôté le péché qui l'avait placé là, étant ressuscité sans nos péchés. Que peut-il donc y avoir entre moi et Dieu que Christ n'ait pas entièrement ôté? Rien. Voyant donc que Christ a si complètement mis fin à cette condition devant Dieu, la mort pour moi n'est plus la mort; elle a perdu son pouvoir et sa terreur; car pour moi, elle est simplement «déloger pour être avec Christ». C'est être «absent du corps et présent avec le Seigneur». C'est être débarrassé d'un corps mortel.

La puissance de la résurrection est distinctive, et il est très important de le voir. Le regard de Dieu reposait sur l'Etre béni qui l'avait glorifié touchant le péché de l'homme, de sorte qu'il le prend d'entre les morts et l'élève à lui. L'homme avait parcouru toute une carrière de péché, et y avait mis le comble en clouant et mettant à mort le Fils de Dieu sur la croix. Mais sur tout ce mal Christ a remporté une si complète victoire et a si parfaitement glorifié tous les attributs de Dieu en rapport avec le péché de l'homme, que le regard de Dieu repose avec une entière satisfaction sur cette Personne bénie, sur ce Juste. Et c'est ainsi, comme le dit le Seigneur, que le monde fut convaincu de justice, «parce que je m'en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus». Mais maintenant, nous qui croyons, nous le voyons par la foi, ayant été vivifiés ensemble avec lui, toutes nos fautes nous ayant été pardonnées. Car Dieu ne ressuscite pas un saint pour le condamner, mais pour le rendre participant de tout ce qu'est Christ. Car Christ a accompli une justice sur laquelle Dieu a mis son sceau, en le ressuscitant d'entre les morts. L'oeil de Dieu étant arrêté sur cette justice accomplie, sur cet objet de son amour, il l'a pris auprès de lui-même, et nous ayant vivifiés ensemble avec Christ, nous sommes faits participants de cette justice. S'il n'y avait pas de résurrection, ce serait un complet abandon de la part de Dieu, car il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Et «si, pour cette vie seulement, nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes». Car si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine; nous n'avons pas prêché la vérité de l'Evangile, mais un mensonge; et votre foi est vaine — vous êtes encore dans vos péchés.

Maintenant vient un flot de témoignages à cette oeuvre accomplie: «Maintenant Christ a été ressuscité d'entre les morts». Le juste et le bien-aimé ressuscite hors de cette scène et entre dans une scène entièrement nouvelle, et devient les prémices de ceux qui dorment. Car si Christ est ressuscité, ses saints doivent aussi ressusciter, car une Tête ne peut pas ressusciter sans le corps: ce serait monstrueux. Nous avons ensuite la déclaration si vaste de Jean 17: «Tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, quant à tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle». La résurrection est, non par la puissance de Dieu seulement, mais aussi par l'homme. «Car puisque la mort est par l'homme, c'est par l'homme aussi qu'est la résurrection». C'est l'Homme Christ Jésus introduit en puissance. Toute chose créée, l'univers entier, doit être complètement placé sous l'autorité de cet Homme juste, maintenant l'Homme glorifié, le dernier Adam. Celui-là seul est excepté qui lui a assujetti toutes choses — c'est-à-dire Dieu, le Père.

Comme hommes spirituels, nous appartenons maintenant au dernier Adam, heureux de souffrir à présent avec lui, afin que nous soyons glorifiés ensemble avec lui. «Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste». Christ a eu le coeur de descendre jusqu'à nous. Il ne nous a pas jeté la bénédiction du haut du ciel, mais est venu nous l'apporter lui-même. Tel a été son merveilleux amour — un amour plus fort que la mort. Maintenant il est assis à la droite de Dieu, attendant jusqu'à ce que ses ennemis soient mis comme marchepied de ses pieds. Pendant ce temps, il rassemble ses cohéritiers, ses amis. Christ vint en grâce, et prit notre place comme pécheurs, et maintenant il nous prend et nous place dans sa position de justice; car être assis avec lui sur son trône doit être notre place, et cela par une vivante et réelle association avec lui. Il est premier-né entre plusieurs frères. Il a opéré l'oeuvre seul, mais il prend sa place de puissance avec plusieurs. Nous pouvons être chargés, gémir dans la lutte, mais nous avons une certitude. L'Esprit Saint est le témoin de ce que Christ a fait pour nous; nous sommes faits «la justice de Dieu en lui». Quelle pensée que celle d'avoir cette position devant Dieu, quelque vil que je sois en moi-même. A cause de cela, je hais le péché, parce qu'il est si différent de ce que je suis effectivement devant Dieu.

Toute autorité dans le ciel et sur la terre a été donnée à Christ. Tout doit être assujetti à sa puissance. Non seulement ses saints plieront leurs genoux devant lui, ce qu'ils font maintenant avec délices, mais ses ennemis aussi devront le faire. Il rassemble maintenant ses amis, mais bientôt ses ennemis auront affaire avec lui. Le dernier ennemi qui sera détruit est la mort. Dans ces paroles, il y a aussi un coup d'oeil sur le sort des méchants qui sont morts; car lorsque le pouvoir de la mort est détruit, ils doivent tous ressusciter, puisqu'ils ne sont plus retenus par elle. Quelle différence entre cette résurrection et celle des saints en vertu de leur association avec Christ dans la puissance de l'Esprit Saint (Romains 8: 11). Alors, quand toutes choses auront été assujetties et que Christ aura remis le royaume à Dieu le Père, le règne médiatorial prendra fin, parce que Dieu sera tout en tous. Christ ne régnera donc plus comme l'homme médiateur, mais Christ Homme ne cessera jamais d'être «premier-né entre plusieurs frères». La soumission est la perfection de l'homme. C'est pourquoi la soumission de Christ comme homme résulte de sa perfection. «Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti». Cela est bien précieux, car d'éternité en éternité il sera au milieu de nous, lui dont le coeur est amour, lui qui, comme Homme de douleurs ici-bas, nous a apporté d'en haut l'amour de Dieu! Il prendra sa place au milieu de nous comme dernier Adam, comme l'origine, et la source, et le canal de toute bénédiction.

Si je me réjouis maintenant en Dieu, c'est parce que je suis ressuscité avec Christ, les parfaites délices de Dieu. Pourquoi Dieu nous a-t-il donné, par sa Parole et par son Esprit, une si complète révélation de ces choses, si ce n'est pour que nous les connaissions et en jouissions maintenant dans nos âmes? Ainsi que le dit David: «C'est à cause de ta parole, et selon ton coeur, que tu as fait toute cette grande chose, pour la faire connaître à ton serviteur» (2 Samuel 7: 21). Dieu nous a donné l'intelligence de ces choses, afin que, les connaissant et en en jouissant, nous soyons sanctifiés par elles. Un enfant tout simple qui aime son père, en sait plus touchant la relation qui existe entre eux, que le philosophe qui écrirait des volumes sur le sujet. L'enfant serait étonné que quelqu'un fût incapable de comprendre cet amour du père dans lequel lui, comme un enfant aimant, vit et dont il jouit, mais il ne serait cependant pas capable de l'expliquer. A moins que nous ne soyons dans une relation, nous ne pouvons entrer dans les sentiments qui en résultent. La relation n'est pas formée dans le ciel. Nous jouirons là de ses résultats, mais la relation est formée ici sur la terre. Celui qui est connu et aimé comme Père, étant dans le ciel, l'enfant désire être là, car il est naturel pour un enfant d'être avec le père. La communion est plus que l'héritage. Il est très précieux d'avoir l'héritage sous nos pieds, mais il l'est bien plus d'avoir communion avec Dieu comme notre Père là-haut. Nous avons de pauvres coeurs insensés qui ont besoin d'être exercés, mais cependant une gloire parfaite, une justice parfaite, et tout cela en vertu de l'oeuvre parfaite de Christ, et c'est pourquoi nos coeurs se prosternent devant lui. La raison de toute cette félicité est: «Afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus». Plus il y aura en nous de fidélité, plus aussi, sans doute, il y aura de douleur; mais alors les consolations abonderont. Prenons seulement la croix, et si c'est vraiment la croix, nous trouverons Jésus avec elle, et les avant-goûts et la source de la gloire dans nos coeurs.

La puissance donc qui nous délivre de la colère, du péché et de Satan, est la résurrection de Christ en vertu de sa justice accomplie, et nous sommes ainsi amenés en communion avec lui. Notre part, soit en souffrant ici-bas, soit dans la gloire là-haut, est toute en Christ, comme Celui qui est ressuscité d'entre les morts. Que le Seigneur garde nos coeurs pleins de joie, la chair étant crucifiée, et comme morts à la loi, au péché et au monde. Nous vivons à Dieu dans la même puissance où Christ vit. Que le Seigneur nous donne des coeurs reconnaissants pour son ineffable miséricorde!