La puissance de Christ en résurrection et en gloire

Pensées sur Philippiens 3 et Marc 10

ME 1895 page 427

 

Dans le 3e chapitre de l'épître aux Philippiens, nous trouvons un exemple frappant de l'effet produit par le Saint Esprit sur l'âme dans laquelle il habite. Quel éclat ne donne-t-il pas à la marche extérieure! Quelle stabilité devant Dieu! Quelle vraie liberté! Car c'est Christ que le Saint Esprit révèle à l'âme, et celle-ci le voit si clairement qu'elle rejette loin d'elle tout ce qui n'est pas Christ, tout ce qui est opposé à son caractère. Il est important de remarquer le contraste qui existe entre une telle âme et celle qui n'est pas remplie du Saint Esprit, quoiqu'elle puisse être ou paraître puissamment attirée vers le Christ Jésus; peut-être même, aussi vraiment convertie que l'étaient les disciples. Nous verrons ce contraste successivement dans ses rapports avec la justice, la croix et la gloire, en comparant Philippiens 3: 4-11, avec Marc 10: 17-40.

Dans le récit qui nous est rapporté en Marc 10: 17-27, nous voyons un homme dont la position offre un contraste absolu avec celle de l'apôtre (Philippiens 3), car cette dernière est une preuve frappante des effets produits par le Saint Esprit. L'apôtre avait tout abandonné pour Christ. Il avait possédé à un plus haut degré que le jeune homme, en Marc 10, les avantages dont se prévalait un Juif. Il avait été instruit aux pieds de Gamaliel, le plus illustre des rabbins; il était citoyen de Tarse, ville célèbre par son université; il avait reçu ce qui était regardé, en ce temps-là, comme une éducation complète. De plus il avait le privilège d'avoir mené une vie sans reproche (verset 6). Toutes ces choses lui étaient très précieuses comme homme dans la chair, tant qu'il n'avait pas vu Christ. Paul possédait tout ce en quoi un homme peut s'enorgueillir. Si quelqu'un pensait pouvoir se glorifier dans la chair, Paul le pouvait plus qu'eux tous. Mais Christ dans la gloire se révéla à Paul, et dès lors il put dire: «Les choses qui m'étaient un gain, je les ai regardées comme une perte, afin que je gagne Christ».

Quel était l'état de l'âme de Paul? «Il faut que je gagne Christ. C'est là tout ce que j'ai à faire; mon unique préoccupation; toute autre chose qui se présente sur mon chemin n'est qu'une perte». Tel est l'effet produit par l'Esprit de Dieu dans l'âme qui le possède. L'apôtre ne se laisse troubler par rien de ce qu'il rencontre sur sa route; il voit aussi clairement que possible que tout ce qui n'est pas Christ est une perte. Il voit Christ dans chacune de ses circonstances. Doit-il traverser la souffrance? Tant mieux il y trouvera Christ d'autant plus. Christ est là; il le voit lui, par l'aide de Dieu. Si nous comparons ceci avec Marc 10, le contraste est apparent; là, nous trouvons un homme qui n'avait pas l'Esprit. Ses circonstances extérieures étaient semblables à celles de Paul, mais il n'était pas pour cela rempli du Saint Esprit. Il nous est dépeint cependant comme un homme d'un caractère parfaitement aimable; mais Christ n'étant pas son objet, à quoi pouvaient servir ses qualités naturelles?

Cependant son caractère était tel qu'il attira l'attention du Seigneur. Jésus l'aima (verset 21). Ce jeune homme, lui aussi, était sans reproche quant à la loi. Il était Juif, et comme tel il supposait pouvoir, par la loi, obtenir la vie éternelle. En s'approchant de Jésus, il pensait: «Voici l'homme qui pourra me dire ce que je dois faire pour hériter de la vie éternelle». Il était persuadé, en voyant la pureté, l'excellence, la perfection du caractère du Seigneur, qu'auprès de lui il trouverait la connaissance du plus excellent des commandements; il accourt à sa rencontre. Il était ardent dans son désir de savoir ce qu'il avait à faire; il s'approche de Jésus avec tous les témoignages du respect; il l'appelle «bon Maître» (mais Jésus ne pouvait accepter cet éloge des lèvres de celui qui le regardait seulement comme un homme), et même il se jette à genoux devant lui. Il y a quelque chose de très attrayant — le Seigneur, lui-même, l'admet — dans le caractère de celui qui pouvait dire: «J'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse». Mais le Seigneur soumet son coeur à l'épreuve, afin de manifester quels sont les motifs qui le font agir et, pour en arriver là, il se sert de la croix: «Va, vends tout ce que tu as, et viens, suis-moi, ayant chargé la croix»,

Quelque sympathique et estimable que pût être le jeune homme, il ne charge pas la croix. Quand il est question de l'état de son coeur, il ne s'y trouve aucune volonté pour ce qui est de Christ. Il cherchait la justice dans la loi; et Christ, présent avec lui, ne réussit pas quand il s'agit de l'engager à prendre un autre chemin. Il ne dit pas comme Paul: «J'ai fait la perte de toutes choses et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ», et «que je sois trouvé en lui, n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi».

Tel était l'effet produit par le Saint Esprit en Paul, en lui révélant un Christ glorifié. Paul voyait Christ et pouvait dire: Il est ma justice; je compte la mienne pour rien. Il ne veut pas une justice humaine mais divine. Nous ne pouvons avoir les deux; car si Dieu me donne sa justice, je n'irai pas lui présenter ce qui vient de moi.

Supposons maintenant que j'aie gardé toute la loi et que je sois sans reproche; une telle justice ne serait pas de Dieu mais de l'homme. La loi divine exige que l'homme aime Dieu et son prochain, et c'est ce que nul ne peut faire. Cependant, même en supposant que j'aie gardé la loi jusque dans ses plus petits détails, je n'aurais encore acquis par elle que la justice humaine, tandis qu'en Christ je possède une justice infiniment supérieure, celle de Dieu lui-même. La loi exige-t-elle de moi que je donne ma vie pour de misérables pécheurs, afin de glorifier Dieu? En vérité, je ne saurais comment obéir à un tel commandement, mais Christ l'a fait. Il a pu dire: «Moi, je t'ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire». Il est devenu obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. La manière aussi dont Christ s'est livré lui-même entièrement sur la croix, dépasse tout ce que nous aurions pu faire, même en nous supposant capables d'accomplir la loi. Christ homme a glorifié Dieu, et maintenant il est glorifié auprès de Dieu. C'est donc dans cette position que Paul le vit, et il put alors dire en vérité: «Voici la justice qui me convient». De quelle manière merveilleuse Dieu ne s'est-il pas manifesté en Christ! Par la foi, je le contemple sur la croix, et je me dis que je ne pourrais me passer de cette oeuvre glorieuse; car du moment que cette justice est de Christ, elle cesse d'être de moi. Paul, quand il eut vu Christ, eut cette pensée: «Voici, dans le ciel, celui qui m'a communiqué une justice divine», et la conséquence naturelle en est qu'il ajoute: «Que je sois trouvé en lui, n'ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu, moyennant la foi».

Tant que nous recherchons la justice humaine, il est évident que nous ne connaissons pas celle qui est de Dieu. Paul, ayant vu la gloire de Dieu, va jusqu'au bout et dit: «Je serai où Christ a le droit d'être. Il est entré dans le ciel avec une justice divine. Ma place est là aussi; tout le reste n'est qu'ordure et poussière. Oui, pour moi, toute autre chose est une perte».

Christ étant ainsi devant nos yeux, tout ce qui n'est pas lui est une entrave. Il nous faut gagner Christ. Lorsque la foi a saisi la justice de Dieu, elle ne peut plus supporter celle de l'homme. Pour la foi, il y a une nécessité à marcher dans un chemin plus excellent. Les richesses que le jeune homme prisait tant, n'exerçaient aucun attrait sur le coeur de Paul. Il avait contemplé Christ et la justice de Dieu dans la gloire, le but et le prix de l'appel céleste.

En Marc 10: 25, Jésus dit: «Il est plus facile qu'un chameau passe par un trou d'aiguille, qu'un riche n'entre dans le royaume de Dieu». Grand fut l'étonnement de ceux qui l'entouraient; ils demandèrent: «Et qui peut être sauvé?» Jésus ne leur cache pas la vérité: «Pour les hommes, cela est impossible; mais toutes choses sont possibles pour Dieu». Quant à l'homme, quelque excellentes que soient ses prétentions, c'est impossible; il aime l'argent; il est ambitieux. En un mot, s'il est question de savoir si l'homme peut se sauver par ses propres efforts, Jésus Christ déclare la chose impossible. Mais supposons que nous ayons tout abandonné, comme Pierre: «Voici, nous avons tout quitté et nous t'avons suivi». Et de fait, ils avaient, par la grâce de Dieu, vraiment suivi Jésus. Les coeurs des disciples lui étaient réellement attachés; des affections pour lui étaient véritablement nées en eux, Ils avaient fait, avec le secours de la grâce, ce que le jeune homme ne pouvait se résoudre à faire; alors le Seigneur leur répond: «En vérité, je vous dis: Il n'y a personne qui ait quitté père, ou mère, etc., pour l'amour de moi et pour l'amour de l'évangile, qui n'en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, avec des persécutions; et, dans le siècle qui vient, la vie éternelle». Vous avez dû rompre, pour l'amour de moi, des liens terrestres; vous en formerez de nouveaux, plus forts et plus parfaits, parmi les enfants de Dieu; et à la fin vous hériterez de la vie éternelle. Il est des âmes qui ont compris ces choses, et qui se sont mises en route, sincèrement, comme des pèlerins avec Jésus; mais dans cette voie nous devons suivre Jésus, et il a passé par la croix: c'est là que nous rencontrerons ce qui nous mettra pleinement à l'épreuve.

«Et ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et Jésus allait devant eux; et ils étaient stupéfiés et craignaient en le suivant. Et prenant encore une fois les douze avec lui, il se mit à leur dire les choses qui devaient lui arriver».

Nous nous disons peut-être que c'est une chose bénie que d'avoir Jésus marchant devant nous! Mais les disciples étaient stupéfiés; nous désirons être dans le chemin de Christ et le suivre, mais nous ignorons ce qu'il nous en coûtera. Les disciples marchaient dans ce chemin, et ils trouvèrent bientôt quel était l'obstacle. Si Jésus montait à Jérusalem, c'était pour y être mis à mort. Les Juifs le crucifieraient, mais il ne voulait pas moins aller en avant. Ses disciples étaient remplis de crainte en le suivant, parce qu'ils n'avaient pas le Saint Esprit. Pourtant, quoiqu'ils fussent stupéfiés et craintifs, à ce moment-là ils n'abandonnèrent pas leur maître.

Jésus est le bon Berger; il mène dehors ses propres brebis; il va devant elles et ses brebis le suivent. Les disciples craignaient en suivant Jésus, car il les conduisait à la croix. La croix se trouve sur le chemin qui mène à la gloire. Eh bien! c'était justement ce que Paul souhaitait. Les disciples étaient stupéfiés et craignaient; l'état de Paul (Philippiens 3) était tout autre: «Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection… étant rendu conforme à sa mort». Au lieu d'être effrayé, Paul pensait: «J'aurai communion aux souffrances de Christ. Ainsi je le posséderai lui-même bien davantage; je serai mort au péché, au monde; je serai bien plus conforme à la ressemblance de Christ, car tout ce qui détruit la chair, détruit aussi ce qui cache Christ». Ce n'était pas un danger imaginaire auquel il pensait; Paul allait comparaître devant ses juges; la question ne présentait que deux alternatives, la vie ou la mort. La mort était devant lui, mais il voyait que, par elle, il obtiendrait davantage de Christ; aussi disait-il: «Je l'accepte volontiers, car en elle je trouve Christ». Il ne désirait pas la souffrance, mais d'avoir la communion de ses souffrances, et d'être rendu conforme à sa mort.

Pour nous, la croix est légère, en comparaison de celle que Paul dut charger. Toutefois, c'est la croix qui nous enlève tout ce qui nous empêche de réaliser Christ dans la gloire. Quel contraste entre les disciples, stupéfiés et craintifs, quand il était question de monter à Jérusalem et à la croix, et l'apôtre Paul qui se glorifiait dans tout ce qui lui communiquait davantage de Christ. Il savait qu'en passant par la mort, il mourrait à la mort. Lorsque Christ mourut, il ne mourut pas quant à sa communion avec la gloire du Père. Au contraire, il réalisa dans la mort même qu'il en avait fini avec notre culpabilité, qui avait si lourdement pesé sur lui; qu'il en avait fini avec ce monde, cette terre déserte, altérée, sans eau. Pour lui, la mort était de s'en aller pour jouir de la bénédiction éternelle en la présence de son Père. Est-elle autre chose pour nous?

Aussi, comme Christ put dire: «Père! entre tes mains je remets mon esprit», Etienne aussi put s'écrier: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit». Si la mort nous donne une plus grande conformité avec Christ, nous n'avons pas à considérer quelles souffrances la chair y rencontrera; nous y trouverons notre profit, parce que c'est la mort de tout ce qui n'est pas Christ, et nous nous glorifions en elle, parce qu'elle nous rend plus semblables à Christ. La croix est-elle devant moi? C'est bien, j'y trouverai davantage de Christ: l'énergie de l'Esprit me fait dire: «Si, en quelque manière que ce soit, je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts». Je vois Christ dans la gloire; eh bien! je désire lui être semblable et être avec lui. Je désire le posséder exactement comme je le vois; et si, pour le gagner, ou réaliser plus parfaitement ce qu'il est, je dois passer par la mort, eh bien! la mort m'est un gain. Où se trouve l'énergie de l'Esprit, il y a la lumière et un oeil simple qui nous fait estimer que Christ a plus de valeur que tout le reste, car ce qui n'est pas Christ ne vaut rien du tout. Cela purifie le coeur du chrétien.

En Marc 10: 35, nous voyons Jacques et Jean demander à Jésus de les placer l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Ils ambitionnent une bonne place dans le royaume. Jacques et Jean avaient la foi; en dépit des dangers qu'ils voyaient sur la route de Jérusalem, ils savaient que Jésus entrerait en possession de la gloire et du royaume, et ils disaient: «En tous cas, donne-nous de bonnes places». Mais à qui pensaient-ils? A Jacques et à Jean. Alors Jésus leur parle de boire la coupe qu'il devait boire; il dresse encore une fois la croix devant eux, les assujettissant à la volonté du Père comme lui-même y obéissait.

Ici, nous avançons d'un pas. Il est question de la gloire, mais le Saint Esprit n'a aucune communion avec le «moi». Le coeur ne peut en être délivré, avant que l'Esprit ait conduit nos pensées à Jésus. Il en fut ainsi de Paul, chez lequel nous trouvons une tout autre pensée que celle du «moi», tout autre que: «je veux travailler pour obtenir une bonne place». Paul s'occupe de Christ bien plus que de Paul: «Afin que je gagne Christ». C'était l'Esprit qui lui présentait Christ de cette manière. La puissance de l'Esprit avait dirigé ses pensées sur Jésus, de telle sorte que Paul s'était, pour ainsi dire, perdu en Jésus. La puissance efficace de l'Esprit crucifie l'égoïsme et nous délivre, pour notre marche, de toute préoccupation personnelle; elle nous occupe d'un seul objet, de Jésus; nous n'avons rien à faire qu'à nous conformer à ce modèle et à regarder à lui dans tout ce que nous faisons; c'est là ce qui purifie le coeur.

Paul travaillait plus qu'eux tous, et par conséquent, dans un certain sens, au point de vue humain, il avait droit à la meilleure place; mais il accomplissait sa tâche, non pas pour obtenir une telle place, mais parce qu'il cherchait Christ lui-même. S'il pouvait gagner Christ, quelle justice serait la sienne! S'il y a des souffrances sur la route, eh bien! ne nous rendent-elles pas conformes à Christ? Si nous rencontrons la mort, elle est un gain; car nous attendons le Seigneur Jésus Christ, qui transformera le corps de notre abaissement et le rendra conforme au corps de sa gloire.

Paul ne pense pas à lui-même; l'Esprit le remplit de Christ, et tout ce qui pourrait lui cacher Jésus et sa valeur est rejeté. L'Esprit donne au coeur une perception claire et le repos par la connaissance de la justice de Dieu. Nous désirons alors avoir Christ, le posséder, et nous découvrons quel est le chemin pour y arriver. Nous devons passer par Jérusalem et par la croix. N'importe; c'est la croix de Christ, Christ sur la croix et Christ avec la croix, mais en même temps, ce n'est pas une chose moindre que la justice divine que nous avons en lui.

Dans l'évangile de Marc, nous trouvons le jeune homme qui ne voulait pas abandonner ses richesses et charger la croix, afin d'hériter de la vie éternelle; ensuite, nous avons les disciples qui suivaient Jésus avec crainte, mais qui pourtant marchaient après lui. En Philippiens 3, nous trouvons Paul suivant le Seigneur sans crainte et avec joie, quelque souffrance qu'il pût rencontrer, parce qu'il aimait Christ comme tel, et pour ce qu'il est lui-même. Ce qui importe pour chacun de nous est de posséder Christ pour soi-même; c'est ainsi que nous aurons un coeur pur et un oeil simple. Puissions-nous avoir Christ si complètement pour notre tout, que notre seule préoccupation soit de le posséder, lui, et de compter toute autre chose comme une perte et des ordures, en vue de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Ainsi, ayant conscience de son approbation et étant remplis de lui, nous serons en paix, selon la justice que Dieu lui-même nous a donnée.