Dieu pour nous

Romains 8: 31-39

ME 1895 page 461

 

Dans cette portion de l'Ecriture, l'apôtre résume les exercices de coeur et l'oeuvre de la grâce, d'abord dans ces mêmes exercices de coeur, ensuite dans la révélation de la vraie liberté par la rédemption qui est dans le Christ Jésus; liberté dont nous jouissons comme étant rachetés de tout ce que nous étions dans la chair, du péché, de Satan et du monde, et aussi de la loi. Puis, lorsqu'il a exposé toutes ces choses et qu'il a montré comment, possédant l'Esprit, nous sommes enfants de Dieu, ses héritiers et cohéritiers de Christ, ayant conscience de l'esclavage et de la corruption qui nous environnent encore ici-bas, il conclut enfin en montrant que Dieu est pour nous, qu'il était pour nous autrefois, qu'il est encore pour nous au milieu et au delà de la scène que nous traversons. Il fait ressortir cette grande vérité pour prouver non pas ce que Christ est dans les lieux célestes, mais ce qu'il est au milieu des difficultés. L'apôtre montre — et c'est une chose bénie, car par elle il atteint à Dieu lui-même — que, bien que participant aux épreuves du temps présent, avant que l'épreuve existât, avant que vous fussiez vous-même, il était pour vous; et s'il en est ainsi, peu importe qui sera contre vous.

Après avoir récapitulé les expériences d'une âme avant la rédemption et avoir montré cette rédemption accomplie, il met en relief la grande vérité qui dépasse et imprègne tout le reste; non pas ce que nous étions pour Dieu, car nous étions condamnés et, comme il le dit dans le même chapitre, inimitié contre Dieu — ne nous soumettant pas à la loi de Dieu, ne le pouvant même pas — mais par le même moyen dont il s'est servi pour me révéler ma misère, il a révélé ce qu'il est pour moi. De tout ceci, l'apôtre conclut: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous». Et remarquez que, du point de vue auquel il s'est placé, il embrasse toutes les faces de la question. Il ne se contente pas de signaler le simple fait, quelque béni qu'il soit en lui-même, mais il en considère tous les aspects.

Il est très précieux pour nos âmes, bien-aimés, de voir comment Dieu est pour nous. Non seulement rien ne peut lui échapper, mais encore il s'occupe de tout ce qui nous concerne. Quelqu'un est-il malade, un ami ira peut-être demander de ses nouvelles; mais s'il s'agit d'une mère qui soigne son enfant, elle lui donnera tous ses soins, toutes ses pensées, car son coeur est avec le petit malade. Elle est pour son enfant, elle donnerait pour lui tout ce qu'elle possède; elle ne vous permettra pas d'entrer dans la maison, si vous faites du bruit. Pourtant ce n'est qu'une mère humaine qui peut oublier son nourrisson. En même temps, nous trouvons dans cette illustration le caractère plein de condescendance de l'amour parfait de Dieu. Rien ne peut lui échapper et il ne néglige rien. Sûrement nous pouvons dire: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» «Celui même qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous». Je trouve d'abord ici que Dieu est un Donateur. Il a donné son Fils bien-aimé. Dieu est un Donateur dans le sens le plus élevé du mot; en sorte qu'après lui on ne peut nommer personne. Observez aussi le raisonnement de l'apôtre: il prend pour point de départ ce que Dieu est et ce qu'il fait, et il conclut par les effets produits sur nous; il ne commence pas par ces effets on par ce qu'il y a en nous pour Dieu. Si je prends pour point de départ de mon raisonnement ce que je trouve en moi, je dis: Je suis un pécheur, et Dieu ne peut me recevoir en sa présence. Il doit me condamner, quoiqu'il puisse y avoir encore pour moi une lueur d'espoir. — Mais je déduis mes conclusions de ce que je trouve en moi-même, quoiqu'il puisse y avoir dans tout cela quelques pensées vraies quant à Dieu, elles n'en sont pas moins un mélange de vérité et d'erreur. Telle n'est pas la foi, bien-aimés. L'âme reconnaît, il est vrai, que Dieu est un juge saint; mais la véritable conviction du péché nous fait sentir que Dieu ne peut nous tolérer devant lui.

Prenez le fils prodigue. Il s'était converti, il était revenu à lui-même; il connaissait la bonté de son père; mais tout de suite il s'était mis à tirer des conclusions d'après ce qu'il était, lui. Aussi il prend la résolution de dire: «Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires». Il pensait que c'était la condition qu'il lui conviendrait d'occuper dans la maison paternelle. La confession qu'il fait de ses péchés est juste, mais ses conclusions sont entièrement fausses. Beaucoup de personnes en sont au même point maintenant. Leur raisonnement serait très naturel et très juste, si Dieu ne nous avait rien révélé de plus. Mais elles mêlent ainsi la vérité avec des notions humaines, comme le fils prodigue mêlait son juste sentiment du péché avec ses fausses appréciations de son père. Quand nous raisonnons ainsi, nous ne nous sommes pas encore rencontrés avec Dieu; car lorsque le prodigue rencontre son père, il se trouve dans ses bras et il est revêtu de la plus belle robe. Jusqu'à ce moment, il n'avait jamais trouvé en lui-même ce que son père pensait de sa conduite.

L'Esprit raisonne de la même manière quand il tire des conclusions pour Dieu. L'âme pense peut-être se montrer humble en raisonnant d'une autre manière; mais au fond, elle ne fait que prouver qu'elle n'a pas un sentiment assez vif de son péché pour s'appuyer entièrement sur la grâce. L'apôtre a traversé tout cela, aussi il dit: Dieu a livré son Fils; que pourrait-il nous refuser après nous avoir fait un tel don? Si j'ai saisi cette vérité, que Dieu n'a pas épargné le meilleur, le plus précieux objet que le ciel contint — je ne pourrai que m'écrier: «Ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui?» — Supposons que j'aie des dettes; si je suis honnête, je n'aimerais pas à regarder mes livres de comptes. Leur contenu est un poids qui m'oppresse. Mais si quelqu'un vient et paie mes dettes, je n'aurai après cela aucune répugnance à laisser mes créanciers examiner mes livres. Je les ouvrirai moi-même, et plus ma dette aura été considérable, plus grande aussi sera ma reconnaissance envers mon bienfaiteur. Il en est de même quant à la rédemption. Si je réalise la grandeur de l'oeuvre accomplie, l'effet de cette réalisation sera de me faire penser toujours davantage à Celui qui est pour moi. Et ainsi la repentance augmente sans cesse. Car plus je connais Dieu, et plus je vois l'horreur du péché.

Mais tout d'abord, comme nous l'avons dit, c'est Dieu qui donne. S'il a fait don de son propre Fils, la gloire doit en être, pour ainsi dire, la conséquence naturelle. Quand je sens et sais réellement ce que Christ est, je comprends toujours mieux cela. En nous ayant dans la gloire avec lui, il voit le fruit du travail de son âme; et si nous ne sommes pas dans la gloire avec lui, il est clair qu'il ne verra pas non plus ce fruit.

Plus bas, l'apôtre dit: «Qui intentera accusation contre des élus de Dieu?» Il est pour moi quant à la rémission des péchés et quant à la justice. Il n'est pas dit seulement: Ils sont justifiés de Dieu, mais «Dieu justifie». Qu'importe que Satan accuse, comme il le fit en Zacharie 3? «Celui-ci n'est-il pas un tison sauvé du feu?» dit l'Eternel. Pourras-tu l'y jeter de nouveau? Nous pouvons demander avec l'accent du triomphe: «Qui est celui qui condamne?» Nous-mêmes le pourrions-nous? Il serait absurde de le supposer. Je suis justifié, parce que Christ est ma justice. Je suis en Christ, en Celui qui a glorifié Dieu et qui se tient maintenant devant lui. Il l'a dit lui-même: «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même; et incontinent il le glorifiera». L'oeuvre accomplie sur la croix a glorifié tout ce que Dieu est; maintenant Christ est dans la gloire et je suis un homme justifié en lui. Non seulement je suis débarrassé de ce que j'étais en Adam, mais encore «comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde».

Puis vient une autre bénédiction, car nous pouvons tout attendre après le don de son propre Fils. Quoique, en réalité, il y ait des difficultés dans le chemin, le grand fait n'en demeure pas moins: «Dieu est pour moi». Remarquez ici le changement de terme: «C'est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous; qui est-ce qui nous séparera de l'amour du Christ?» Pourquoi parle-t-il de Christ maintenant? Naturellement, cela signifie l'amour de Dieu en Christ. Mais alors, pourquoi ne dit-il pas l'amour de Dieu? Parce que nous avons affaire avec Celui qui a pris place à la droite de Dieu, après avoir été ici-bas au milieu des tribulations. Nous avons des difficultés de tous côtés: la persécution dans la famille, non pas ouverte peut-être, mais cependant bien dure à supporter. «Ils me croient fou», dites-vous. Les amis de Jésus voulaient se saisir de lui; ils le tenaient pour un insensé, lui aussi. Et ainsi, l'apôtre nous applique cet amour même de Celui qui est descendu ici-bas. «Qui est-ce qui nous séparera de l'amour du Christ?» Je trouve ici l'amour divin descendant dans ce monde, pour faire l'expérience de ce que nous traversons. J'ai besoin de connaître la sympathie de Christ. Je ne la connais pas quand Dieu me pardonne. Dieu ne peut avoir de sympathie pour mes péchés; mais en traversant les épreuves, j'ai besoin de savoir que Christ a souffert étant tenté. «Qui est-ce qui nous séparera de l'amour du Christ?» Principautés ou puissances? Christ fut tenté par elles et les a vaincues pour moi; elles ne sont donc plus un obstacle sur mon chemin. La vie en serait-elle un? Il l'a aussi traversée. Il a eu beaucoup d'afflictions dans cette vie, et plus nous en aurons et mieux cela vaudra pour nous. Et cependant il a dit: «Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix». La vie ne peut me séparer de Christ, car «pour moi, vivre c'est Christ». La mort aura-t-elle du pouvoir sur moi? Elle ne pourra me séparer de lui; au contraire, elle me mènera jusqu'à lui — «la mort m'est un gain». Les persécutions? Non seulement je triomphe en elles, mais Christ est avec moi au milieu d'elles.

Dans toutes ces circonstances, j'apprends à me connaître comme un être de rien et à apprécier la fidélité de Christ. Je puis, après une connaissance superficielle, savoir qu'un homme est aimable; mais si je reste en rapport avec lui pendant trente ans, je ferai l'expérience de ses qualités; ce n'est pas qu'il ait changé, mais je le connais mieux. J'ai trouvé quelqu'un qui m'a tiré de la plus grande des difficultés. Il intercède pour moi maintenant. Il ne répète pas ce qu'il a fait au commencement, mais ma confiance en lui grandit par mes expériences journalières. Je n'apprends jamais que la foi n'est pas la foi, mais j'apprends que lui demeure le même, qu'il ne peut changer. J'ai honte de mon manque de confiance en lui, et la communication de sa grâce me donne une connaissance familière de sa personne (je le dis avec un profond respect), et une confiance heureuse et sûre. Nous sommes plus que vainqueurs parce que nous apprenons à le connaître, lui, notre portion éternelle, et à connaître notre moi, dont nous voulons être délivrés. Les créatures sont toutes contre nous, mais ce ne sont que des «créatures».

Dieu est pour moi, non pas comme un souverain qui a eu des pensées de grâce à mon égard, alors que je ne songeais pas à lui; mais ici c'est l'amour de Dieu en Christ, en Celui qui a traversé toutes les difficultés pour nous, la vie et la mort, les outrages, l'oppression, la résistance, la persécution. Maintenant je comprends que mon épreuve est précisément celle que Jésus a traversée pour moi, et c'est un témoignage de plus de l'amour qui a tout enduré pour moi — oui, tout ce qui concerne une personne que Dieu aime et à laquelle Christ s'intéresse.

Et ainsi, nous nous avançons vers la gloire, ou vers Christ, avec la conscience que c'est Jésus qui nous y a introduits. Sans cela, nous serions comme les Israélites en Egypte. Une fois la mer Rouge traversée, l'Egypte était pour eux le passé. Ils l'avaient quittée; la rédemption les avait tirés de la terre de servitude. En parlant de l'oeuvre comme accomplie, la rédemption est derrière nous; dans un autre sens, elle ne l'est pas: le pardon des péchés appartient au passé, mais il n'est pas toute la rédemption, quoiqu'il en fasse partie.

Mais comme Israël, nous sommes transportés de notre condition passée dans une condition nouvelle. Alors qu'ils étaient encore en Egypte, ils étaient à l'abri du jugement. Mais ce n'était pas tout. Dieu en sortit aussi leurs corps. Et ainsi il nous délivre de la chair — non pas physiquement encore, quoique Christ en soit sorti sous tous les rapports. Ainsi l'Eternel introduisit son peuple dans une condition tout à fait nouvelle, en les plaçant dans le désert. Là ils eurent continuellement la nuée et la manne. Là aussi leurs vêtements ne s'usèrent point et leurs pieds ne s'enflèrent point. Dieu prenait soin d'eux. Ils devaient, il est vrai, recueillir la manne chaque matin, comme nous aussi, nous devons user de diligence dans les choses divines. Ensuite ils traversent le Jourdain, et la lutte commence.

C'est alors que le Seigneur se présente à Josué comme le Chef de l'armée de l'Eternel. Quand il vient dans ce caractère, le commandement est: «Ote ta sandale de ton pied, car le lieu sur lequel tu te tiens est saint».

Tel est le caractère des voies de Dieu. Il n'est pas question ici de la rédemption. Dieu nous a amenés jusqu'à lui; mais dans cette proximité, nous devons nous conduire selon la sainteté de Dieu, car nous sommes appelés à la communion avec Dieu; et la communion signifie un même bonheur, de mêmes pensées, de mêmes sentiments. Le Père trouve ses délices dans son Fils; nous avons communion avec lui à ce sujet. Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. «Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité». L'apôtre insiste tout de suite sur le caractère de Dieu.

Ainsi l'effet de la rédemption est de nous amener à Dieu. Etant amenés à lui, nous pouvons dire: «Sonde-moi, ô Dieu!» Car il nous sonde, non pour nous imputer le péché, mais pour nous en purifier. Nous pouvons donc désirer qu'il nous sonde à fond. C'est aussi une pensée bénie, chers amis, que s'il a traversé toutes mes difficultés ici-bas, il me forme pour ma patrie céleste. Il est toujours vrai que si l'âme n'a pas un sentiment réel de son péché et de la parfaite justice que nous trouvons en Christ, elle ne comprend pas la grâce. Que le Seigneur nous donne de savoir (je ne parle pas ici de la connaissance intellectuelle) dans nos coeurs et nos consciences, que nous avons affaire avec Dieu. Pas de la même manière qu'Israël; car maintenant le voile est déchiré depuis le haut jusqu'en bas, et nous devons marcher selon la lumière dans laquelle nous avons été introduits. Je désire ardemment pour nous tous que nous connaissions la rédemption parfaite, et que nous ayons conscience que son effet est de nous amener dans la communion du Père et du Fils, afin que tout ce qui est contraire à sa sainteté soit jugé et rejeté.