Dieu habitant avec les hommes

Apocalypse 21: 1-8

ME 1896 page 41

 

Dans ces versets nous trouvons la fin de toutes choses. L'oeuvre de Christ comme médiateur, même dans son caractère de roi qui s'assujettit toutes choses, est terminée; il a remis le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous. Le résultat final est produit dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Les premières choses sont passées. Chaque chose se trouve dans la bénédiction essentielle qui lui est propre en la présence de Dieu, et nous ne sommes pas seulement bénis, mais encore dans la gloire. Tout ceci nous conduit à rechercher d'une manière spéciale comment la pensée et le conseil de Dieu ont été de tout temps de faire de l'homme son habitation. On ne peut toujours suivre cette pensée dans l'Ecriture; mais quand les voies de Dieu sont mises en évidence, lorsqu'il est question de sa sainteté, comme il est dit dans les Psaumes: «La sainteté sied à ta maison, ô Eternel! pour de longs jours», alors nous est révélé le dessein que Dieu avait formé de faire de l'homme son habitation; et dans ce but, nous voyons le déploiement final de la bonté et de l'amour de Dieu.

«Voici, l'habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux». Sans doute, nous avons ici un langage figuré. Mais nous n'en avons pas moins, dans cette disparition de tout ce qui peut causer de la douleur, le résultat plein et complet des voies et du travail de Dieu. Ce n'est pas seulement que toute larme sera essuyée; Dieu lui-même est Celui qui le fera. La compassion qui a voulu et qui a pu ôter la souffrance, est plus précieuse que la disparition de cette souffrance. C'est Dieu qui l'a ôtée. Si le péché et la douleur qu'il cause ne sont plus, c'est que Dieu les a enlevés de mon coeur: «Et la mort ne sera plus; et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine». Il a non seulement enlevé le mal, mais encore le mal ne sera plus à jamais. Nous entrons donc ici dans une sphère de sécurité et de bénédiction parfaites. Tout le mal a disparu et aussi toutes les choses par lesquelles l'homme a dû être exercé, afin d'être amené à un point où il pût vraiment se rencontrer avec Dieu. L'amour de Dieu remplace tout ce qui existait auparavant et, remplissant toutes choses de lui-même, il exclut la possibilité de la réapparition du mal. Quel contraste avec le paradis terrestre d'autrefois!

Puis viennent deux grands principes dans les versets 6 et 7: «A celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l'eau de la vie. Celui qui vaincra héritera de ces choses, et je lui serai Dieu, et lui me sera fils».

Nous trouvons d'abord celui qui a soif, ensuite celui qui remporte la victoire. C'est ainsi que l'Esprit travaille, et Dieu répond toujours au travail de l'Esprit. Tous les besoins ou les désirs provoqués par l'Esprit (qu'il s'agisse du pardon et de la sainteté, ou de communion, ou de jouissance de Dieu), ces besoins et ces désirs sont toujours pleinement satisfaits en lui. Voilà pourquoi il est dit: «A celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l'eau de la vie». Remarquez qu'il n'est pas parlé ici simplement de l'eau de la vie; mais il fait don «de la fontaine» qui jaillit en la présence de Dieu. Quelle chose bénie! Ainsi l'âme peut se désaltérer parfaitement à cette fontaine de bénédiction après laquelle elle soupirait, Dieu lui-même, dont elle a été rendue capable de jouir.

Le second principe est que «celui qui vaincra, héritera de ces choses». Il ne s'agit pas ici de désirs assouvis, mais de difficultés surmontées. Il en a été ainsi pour Jésus lui-même, comme il est dit: «Celui qui vaincra… je lui donnerai de s'asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j'ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône». «Celui qui vaincra, héritera de ces choses», comme associé avec Christ, «et je lui serai Dieu, et lui me sera fils». Il est mis en relation directe avec Dieu. Dans le premier des principes qui nous occupent, nous avons les besoins spirituels satisfaits; dans le second, la relation dans laquelle nous sommes. Voilà la pensée générale.

Tel est l'état et la condition de ceux dont il est parlé; mais il est un autre point qui mérite d'être développé davantage; c'est le bonheur personnel qui règne dans ce nouvel état de choses. Il n'y a plus de Médiateur; son rôle comme tel n'est plus nécessaire. Il n'est plus besoin de cette miséricorde et de cette grâce qui ont toujours été prêtes à l'heure de l'épreuve.

Si nous étudions notre sujet de plus près, d'autres choses réclament notre attention. Nous lisons: «Voici, l'habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux; et ils seront son peuple, etc». Son habitation est avec les hommes. Ce n'est plus maintenant une chose individuelle ou nationale. Naturellement le méchant est ôté; mais l'habitation de Dieu n'est plus avec les Juifs, elle est avec les hommes. Et remarquons aussi que l'Eglise occupe ici une place très particulière.

La pensée de Dieu était d'être avec les hommes, d'habiter et de rester parmi eux. Christ demeura ici-bas au milieu des hommes, mais ce ne fut que pour un temps très court, et maintenant il est rejeté. Plus tard, ce sera autre chose. Dieu n'apparaîtra pas comme il le fit à Abraham, Isaac et Jacob. Alors son séjour avec eux eut une fin; il n'en sera pas ainsi de l'habitation future de Dieu. Ce n'est pas non plus simplement que les hommes seront bénis; mais Dieu habitera avec eux. Tel est le caractère distinctif, éternel, de la bénédiction; mais l'Eglise possédera ce caractère d'une façon spéciale, comme nous l'avons déjà remarqué dans ce passage. Il ne s'agit pas seulement de la vie, mais de la présence de Dieu avec les hommes qui sont son habitation, et auxquels il veut se révéler lui-même en les bénissant pleinement.

Si nous considérons, dans le passé, Adam et sa demeure, nous ne trouvons pas ces mêmes caractères. Dieu ne demeurait pas avec lui; il ne le pouvait pas. L'homme était alors rendu responsable de prouver si Dieu pourrait habiter avec lui. La question de l'obéissance avait encore à être réglée; nous savons de quelle manière elle le fut. L'homme désobéit et fut jeté dehors. La pierre de touche était la stabilité de la créature; il n'était pas question d'une oeuvre divine en grâce. Par conséquent, Dieu n'habitait nullement avec Adam. Mais lorsque l'homme eut péché, Dieu donna la promesse du second Homme, le Seigneur qui descendrait du ciel. Le premier homme, Adam, avait été vaincu par la ruse du serpent; le dernier Adam devait venir en détruire la puissance. C'est ce que Dieu dit quand il maudit le serpent. La révélation demeura; mais le monde n'en continua pas moins dans le mal, en sorte que le déluge vint et balaya les méchants de dessus la terre; tous périrent, excepté Noé et sa famille que Dieu sauva dans l'arche.

Pourtant nous apprenons presque immédiatement après que, dans la plaine de Shinhar, les hommes osèrent tenter Dieu, en se centralisant pour posséder la terre par leur propre puissance et en leur propre nom. Ils le feront de nouveau plus tard, avec plus d'audace encore, mais Jéhovah les confondra, comme il le fit à Babel, où nous voyons que, par le jugement de Dieu, la terre fut divisée en nations et en langues; car le simple fait de l'existence des langues prouve que les hommes furent séparés en nations. Cela commença à Babel, en sorte que les fils des hommes ne pouvaient plus se comprendre les uns les autres. Et maintenant encore, ces peuples et ces langues, ces nations et ces familles existent. Le monde fut organisé dans ce temps-là.

Alors une autre chose se montre: «Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham». C'est comme s'il lui disait: «Finis-en avec tout ceci; c'est le monde. Abandonne ton pays, ta parenté, la maison de ton père. Il faut que j'aie un peuple dans ce monde». Tel fut l'appel d'Abram. Mais quoique nous voyions l'appel de Dieu, son élection, ses promesses, nous n'apprenons jamais que Dieu habita avec Abram et avec les patriarches. Nous savons même qu'Abram ne quitta pas tout de suite la maison de son père, bien qu'il sortit de son pays; en d'autres mots, il n'en avait pas fini avec la chair. Mais après la mort de Térakh, il se mit en route comme pèlerin, et Dieu le visita d'une manière très touchante, lui montrant sa bonté et sa grâce, non pas dans la profondeur et la plénitude spirituelles que nous connaissons maintenant, mais d'une façon bien belle, bien touchante (Genèse 17; 18). Abram était l'olivier, le plant de Dieu, comme nous lisons en Romains 11. Cependant Dieu n'avait point encore d'habitation. Il visite Abram, il lui donne les promesses. Tout ceci est précieux dans sa mesure; et quoique la foi d'Abram faillit en Egypte, cependant sa marche de pèlerin fut en somme riche en bénédictions. Mais quoique Dieu le visitât et s'entretînt avec lui, on ne voyait nullement encore la rédemption comme fondement de l'habitation de Dieu avec les hommes.

En Egypte, surgit la question qui devait être le type de la rédemption; alors la grâce plaça le sang sur les linteaux des portes comme figure de l'oeuvre de Christ. Les enfants d'Israël traversent la mer Rouge; c'est le signe de la mort et de la résurrection de Christ. Plus loin, nous trouvons la rédemption — Dieu intervenant activement pour accomplir les promesses qu'il a faites. Nous n'avons pas maintenant la promesse d'une chose à venir, mais une délivrance actuelle, comme il est dit en Exode 19: 4: «Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle, et vous ai amenés à moi». Car il est dit (1 Pierre 3: 18): «Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu». Nos pauvres corps vils et misérables ne sont pas encore amenés à Dieu; mais nos âmes sont vraiment rachetées. Une oeuvre si absolue a été accomplie pour l'abolition du péché, que maintenant il ne se trouve rien, moralement parlant, entre Dieu et celui qui est au bénéfice de cette oeuvre. Et non seulement il ne se trouve rien en nous qui puisse nous être imputé, mais encore nous avons été amenés à Dieu.

Avez-vous été amené à Dieu? Vous dites: «J'espère y arriver une fois ou l'autre». Dans ce cas, vous n'avez jamais été amené à Dieu, car il ne vous laisserait pas à mi-chemin. Mais Christ nous a amenés à Dieu. Il nous représente devant la face de Dieu. Le péché est ôté maintenant, ou il ne le sera jamais, car Christ ne peut mourir deux fois. L'oeuvre est accomplie et le peuple est mis à part. Tout ce qui empêchait Dieu de les agréer est effacé par l'effusion du sang; mais de plus, ils sont sortis de la condition dans laquelle ils étaient et sont amenés à Dieu, afin de «marcher dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière». Voilà la position actuelle du croyant.

C'est bien différent de dire: «Un jour, j'espère venir», ou: «Je suis arrivé». Tout est grâce, nous le savons. Maintenant il n'y a rien entre moi et Dieu; aucun péché, veux-je dire, car le Médiateur est toujours là. Tout ce qui me séparait de Dieu a été jeté dans les profondeurs de la mer; et nous nous trouvons devant lui «saints et irrépréhensibles». Quelle est la conséquence de cette position? C'est que Dieu peut habiter parmi nous et en nous. Si vous lisez Exode 15: 2, vous verrez comment il fait ressortir ce point en rapport avec la délivrance d'Israël: «Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon salut. Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation». Et dans Exode 29: 45, 46, l'Eternel déclare que telle était sa propre pensée: «J'habiterai au milieu des fils d'Israël, et je leur serai Dieu; et ils sauront que moi, l'Eternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d'Egypte, pour habiter au milieu d'eux. Je suis l'Eternel, leur Dieu». C'est précisément ce qui peut s'appliquer à l'Eglise. Nous verrons celle-ci mise en évidence plus tard. Mais il introduisit Israël dans le pays afin d'habiter au milieu d'eux, et il le fit, comme nous le savons, car le Shechinah ne signifie pas autre chose qu'un tabernacle, ou l'habitation de la gloire.

Nous tirons de tout ceci une solennelle vérité, que nous osons à peine regarder en face; lorsque le péché est ôté et que nous sommes amenés à Dieu, il habite en nous et parmi nous. Comme le dit Salomon: «Mais Dieu habitera-t-il vraiment avec l'homme sur la terre? Voici, les cieux, et les cieux des cieux, ne peuvent te contenir» (2 Chroniques 6: 18). Quelle vérité précieuse de savoir que Dieu n'a si parfaitement sanctifié son peuple qu'afin de pouvoir se manifester à lui, qu'il vient demeurer au milieu de lui! Et où devait demeurer Jéhovah? En Israël; et toutes les nations devaient venir là pour voir sa gloire, comme cela arrivera de nouveau dans les derniers jours. Tout ceci fut gâté et corrompu: mais c'est un autre sujet. Ces choses furent établies ainsi, afin que les nations pussent s'enquérir de lui.

Remarquez en rapport avec ce qui précède que, à part la sanctification du sabbat, la sainteté est mentionnée pour la première fois en Exode 15. Chaque croyant la possédait, sans doute, dans son coeur et dans sa marche, mais elle n'avait pas été mise en évidence auparavant. Mais dès qu'ils se mettent à chanter au bord de la mer Rouge: «Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui est comme toi, magnifique en sainteté?» le commandement se fait entendre: «Sanctifiez-vous», c'est-à-dire marchez dans la sainteté. Une grande vérité est manifestée, c'est que, par la rédemption, l'âme est amenée à Dieu. Nous trouvons d'autres vérités qui accompagnent celle-là, c'est que le peuple est entièrement sanctifié et que Dieu habite au milieu d'eux.

Voilà donc un peuple mis à part pour Dieu, et ce qui les caractérisait c'est que Dieu habitait parmi eux. En elle-même, cette vérité est immense. Nous en trouvons le plein accomplissement dans le christianisme, non plus en figure, mais en réalité; le sang de l'Agneau de Dieu a été véritablement répandu, le péché a été parfaitement lavé, une vraie délivrance a été accomplie dans la mort et la résurrection de Christ, par lesquelles nous avons été amenés à Dieu.

Maintenant une nouvelle pensée est introduite: c'est en Christ que l'on trouve cette pleine bénédiction; non pas Christ en nous (quoique cela soit vrai), mais nous en lui. Et vous trouverez que cette vérité est liée au fait qu'il habite avec nous. Il ne reste pas une seule tache sur l'homme qui est mis à part comme étant racheté, sauvé et rendu parfait pour toujours; Christ a porté ses péchés dans son oeuvre de rédemption. Le croyant jouit de la pleine efficace de l'oeuvre de Christ. Supposez que vous croyiez au Seigneur Jésus Christ et que pourtant vos péchés ne soient pas entièrement et définitivement ôtés, alors il n'y a pas d'espoir pour vous. Christ devrait mourir une seconde fois, et cela il ne peut le faire. Mais, grâces en soient rendues à Dieu, il a ôté le péché, comme nous le trouvons en Hébreux 10: 11: «Et tout sacrificateur se tient debout chaque jour, faisant le service et offrant souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés; mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu». Il ne reste pas debout, mais il s'est assis, car l'oeuvre est terminée. Nous trouvons là une purification parfaite par l'aspersion du sang, comme l'Eternel le dit à Israël: «Je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous».

Mais il y a une autre chose à remarquer dans la mort et la résurrection de Christ. Je possède un Sauveur qui a quitté ce monde (naturellement, en esprit, lui, le Saint et le Juste, ne fut jamais du monde, mais je parle de sa présence corporelle); il a été introduit comme homme dans une sphère nouvelle, par la résurrection; ayant passé par la mer Rouge, la mort, comme homme, il s'en est allé auprès de Dieu. Nous avons ainsi non seulement l'abolition du péché, mais Christ entrant sur une scène nouvelle; et maintenant nous contemplons non seulement Dieu habitant avec l'homme, mais l'homme habitant avec Dieu. Christ est entré en la présence de Dieu comme le Rédempteur; il s'est présenté à Dieu pour nous, et nous sommes devant Dieu en Christ. Comment une telle chose est-elle possible? Christ a envoyé ici-bas le Saint Esprit comme Consolateur, et nos corps sont devenus les temples de l'Esprit. Cette vérité bénie et merveilleuse est pour nous le résultat d'une rédemption accomplie et de l'abolition du péché. Nous participons à la mort et à la résurrection de Christ. Il est entré au ciel avec son propre sang. Nous sommes rendus nets; nos corps sont le temple de l'Esprit Saint, et ainsi nous devenons individuellement son habitation.

Mais cela est vrai aussi de l'Eglise de Dieu. «En qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 22). Ainsi l'Eglise devient l'habitation de Dieu.

Quelle position merveilleuse et bénie! Nous la possédons, parce que Christ, la Tête du corps, est dans le ciel, comme il l'a dit lui-même: «En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). Ces paroles expriment notre union avec Christ; de plus, il est dit en Ephésiens 5: 30: «Nous sommes membres de son corps, — de sa chair et de ses os». Tel est le caractère spécial et béni de l'Eglise. Elle est l'habitation de Dieu et le restera jusqu'au jour où elle sera enlevée au ciel pour être toujours avec le Seigneur.

C'est là, en vérité, une chose merveilleuse, et qui nous prouve quels gens nous devrions être en sainte conversation. L'individu peut faillir; l'Eglise de Dieu le peut aussi, et elle l'a fait au point de devenir le siège même de Satan (je fais allusion à ceux qui professent être l'Eglise maintenant); mais cela n'a rien changé au fait que, partout où nous trouvons la vraie Eglise, elle est l'habitation de Dieu! Ce n'est pas seulement que sa vie est cachée, comme nous lisons dans l'épître aux Colossiens, mais cette vie est aussi manifestée (voyez Ephésiens) Le Saint Esprit est dans le croyant individuellement, quoique peut-être sa présence ne se montre que par des gémissements. Je ne parle pas ici de la manière dont tous ces précieux privilèges ont été corrompus et gâtés. Mais ce qui concerne l'individu dans lequel Christ habite et qui habite en Christ, est tout aussi vrai que ce qui touche l'Eglise, si elle connaît sa place. Elle n'est pas seulement l'habitation de Dieu, elle est unie avec sa Tête dans le ciel. Nous sommes membres de son corps individuellement, mais nous sommes aussi collectivement le corps de Christ. De là l'exhortation individuelle: «Ne contristez pas le Saint Esprit de Dieu»; et l'exhortation générale à l'Eglise d'être comme une ville bâtie sur une haute montagne.

Ainsi, nous trouvons ici deux choses: 1° que Dieu habite au milieu de nous; 2° que l'Eglise est unie avec Christ; ce qui est son caractère spécial. Mais continuons. Quand il est question du royaume, nous trouvons le plein accomplissement de cette union, car alors nous serons dans le ciel avec nos corps. Nous entrerons dans la maison de notre Père; il ne se contente pas d'habiter en nous, mais nous serons associés avec Christ, nous aurons une place dans la maison paternelle. Nous l'avons déjà en Christ. Je puis dire: «Ma Tête est dans le ciel; il va m'introduire dans sa propre demeure»; c'est ce qu'il a enseigné à ses disciples avant de quitter ce monde: «Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures… Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi». Mais, de plus, nous avons déjà maintenant toute hardiesse pour entrer là-haut en esprit; et il va revenir pour chercher ceux qu'il n'a pas eu honte d'appeler ses frères; puis il viendra manifester sa gloire en rapport avec ce monde, et la Jérusalem céleste sera l'habitation de Dieu.

Jean dit: «Et je ne vis point de temple en elle». A supposer qu'un temple s'y fût trouvé où Dieu aurait habité, comme au temps d'Israël, l'Eternel y aurait été caché, et le souverain sacrificateur lui-même n'aurait pu pénétrer jusqu'en sa présence qu'une fois l'an et sans même voir Sa face. La gloire qui se trouvait dans le temple était une gloire cachée. Elle était alors enveloppée d'obscurité, hormis la lumière inhérente à la gloire elle-même. Ici, «le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l'Agneau, en sont le temple».

Si j'ose parler ainsi, sa propre gloire remplace le temple. Aussi n'y a-t-il pas là de lumière; «l'Agneau est sa lampe».

Nous trouvons une image bénie de tout ceci dans la transfiguration. Nous y voyons Pierre, Jacques et Jean, des hommes sur la terre; Moïse, Elie et Christ, des hommes dans la gloire; les uns et les autres entrent dans le lieu très saint, telle était sans aucun doute la signification de la nuée. En y entrant, les disciples furent effrayés. Quant à Pierre, il était tellement étonné qu'il ne savait plus ce qu'il disait. Il propose d'élever trois tentes, où Christ, Moïse et Elie eussent présidé comme des oracles. Alors la gloire magnifique les enveloppe, et ils entendent la voix du Père disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le!» Dans cette scène, nous voyons les trois choses qui se retrouveront dans le royaume. Nous avons, en Apocalypse 21, la Jérusalem céleste qui descend du ciel, et les desseins de Dieu quand tout est accompli. Nous savons que la sainte cité est l'Eglise, car elle est appelée l'Epouse, la femme de l'Agneau, et l'Eglise seule est propre à être ainsi associée avec Christ.

L'habitation de Dieu sera avec les hommes. Non seulement il est avec eux, mais au milieu d'eux se trouvera son habitation, l'Eglise, dans laquelle il habite. Tel est le résultat plein et béni du fait que Dieu demeure avec les hommes, et voilà son habitation; car alors nous aurons été enlevés au ciel et nous aurons reçu ce caractère divin.

C'est une grande vérité, qu'il existe même maintenant une habitation de Dieu. Ce n'est pas tout que nous ayons la vie et la perspective d'être heureux dans le ciel; mais encore nous sommes l'habitation de Dieu. Permettez-moi de vous demander: Quel est le fruit parfait de la rédemption? Dieu habitant en nous. Et remarquez-en l'effet pratique. «L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit», qui est l'unique source de nos pensées et de nos sentiments, et ainsi il ne reste de place pour aucune autre chose. Nous pouvons comprendre comment la sainteté découle de ce fait. Elle le doit forcément et le jugement divin aussi, car il est dit: «Le jugement commence par la maison de Dieu». Rien de souillé ne peut demeurer en sa présence et encore moins dans le lieu de son habitation. Ainsi la sainteté est fondée sur la rédemption, étant en relation directe avec l'habitation de Dieu.

Vous allez voir comment la rédemption se trouve à la base de tout. Adam innocent ne pouvait l'obtenir. Il écouta Satan, mangea du fruit défendu, et fut chassé du jardin.

Dieu introduit une chose nouvelle — la rédemption. Le Fils de Dieu vint et mit à l'épreuve la responsabilité de l'homme d'une manière pleine et définitive. L'homme ne voulut pas de lui. Dieu ne voulait pas condamner sans que l'iniquité fût arrivée à son comble; mais ce comble fut atteint lorsque les hommes rejetèrent son propre Fils. Plus tard, ils méprisèrent le Saint Esprit, mais la croix est pour Dieu le point culminant de leur iniquité. Alors apparaît le fruit de la rédemption; l'homme est tiré de cette scène de jugement par Celui qui a parfaitement glorifié Dieu. Maintenant que la rédemption est accomplie, le péché est ôté de devant les yeux de Dieu, et une délivrance est obtenue dans laquelle nous pouvons entrer par la foi. Ceux qui ont été amenés à Dieu par la puissance de la rédemption ne sont plus sur le terrain de la responsabilité où l'homme a à répondre pour lui-même et prouve son incapacité; mais par l'oeuvre de Christ ils sont introduits dans la nouvelle création. «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création» (2 Corinthiens 5: 17). Ils n'appartiennent plus à la vieille création, (leur corps, sans doute, mais non eux-mêmes); ils font partie de la nouvelle création, comme il est dit: «Pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1: 18). Telle est l'Eglise de Dieu.

Vous voyez que Dieu ne s'est pas contenté de nous faire quelque bien, mais il nous a réconciliés avec lui-même par Jésus Christ. Nous sommes devenus son habitation; et qu'est-ce que je trouve là quant à la sainteté? Je ne suis plus à moi-même, j'ai été acheté à prix. Je suis sanctifié pour Dieu, et mes actions, mes habitudes, mes sentiments, doivent subir l'influence de cette atmosphère divine; il faut qu'en toutes choses je parvienne à la pleine stature de la Tête du corps, que chaque jour j'apprenne davantage de Christ. Quel caractère de sainteté appartient au chrétien et à l'Eglise de Dieu! «N'attristez pas le Saint Esprit de Dieu».

Permettez-moi de vous demander comment vous traitez cet hôte divin. Je parle maintenant de la présence de Dieu. Combien de fois par jour, la pensée que vos corps sont les temples du Saint Esprit, traverse-t-elle votre esprit? Si un souverain venait habiter chez l'un de nous, nous ne penserions à rien d'autre. Chacun devrait le respecter. Si j'oubliais la présence de cette personne royale, ce serait une honte pour moi; si je la négligeais, je ne pourrais qu'en rougir. Mais en est-il ainsi du Saint Esprit qui habite en nous? Nous l'oublions pendant presque toute la journée; nous y pensons, si nous faisons tout pour plaire au Seigneur. Je dois marcher d'une manière digne de ma vocation; mon temple doit rester pur. Nous bronchons souvent, il est vrai, alors Christ intervient comme intercesseur; mais je parle ici du caractère qui nous appartient. Si seulement nos coeurs savaient le réaliser! Sa présence en nous est bien plus précieuse que lorsque Dieu habitait dans le temple juif. Quoique sa gloire soit moins visible, elle est bien plus, réelle. Croyez-vous réellement que le Seigneur Jésus ait envoyé le Consolateur pour habiter ici-bas? Naturellement, dites-vous, car étant Dieu, il est partout. Croyez-vous donc que le Fils soit descendu dans ce monde? Comme Dieu, il est partout et pourtant il est descendu; il en est de même du Saint Esprit. Il est descendu sur la terre et où habite-t-il? Dans nos corps et dans l'Eglise de Dieu. Que devraient donc être ces habitations?

Où est le Saint Esprit? Est-il parti, a-t-il quitté ce monde? Non, Dieu en soit béni, il restera ici-bas jusqu'à ce que Christ vienne pour chercher l'Eglise, et alors le Saint Esprit sera enlevé aussi, bien que, même après cela, il continue à travailler ici-bas. Il est avec nous maintenant et le sera jusqu'à ce moment bienheureux de la venue du Seigneur, à moins que Dieu n'ait quitté la terre, ce qui ne peut arriver. Où est donc la preuve de sa présence, le témoignage qu'il est ici? Il n'y a plus de miracles maintenant, et, nous n'avons plus à en attendre, sinon ceux qui sont produits par le diable.

Mais pratiquement que nous faut-il? Il nous faut voir jusqu'à quel point notre coeur, notre conduite, nos actions, notre esprit, notre manière d'être, sont guidés sur la terre par la puissance de l'Esprit. Mais toutes ces choses doivent être le fruit d'une rédemption accomplie. Pourrions-nous parler ainsi, si nous regardions à nous-mêmes? Mais le Saint Esprit est le sceau et la preuve de l'oeuvre de Christ. Il produit le fruit ensuite, lorsqu'il rend témoignage à l'efficace de cette oeuvre. Comme le sacrificateur sous la loi était d'abord lavé d'eau, puis aspergé de sang et enfin oint d'huile, ainsi l'Esprit vient non comme sceau des fruits qu'il a produits, mais comme preuve de l'oeuvre de Christ, et alors le fruit peut naître.

C'est ainsi que nous obtenons la paix: par le témoignage que l'Esprit rend à l'efficace de l'oeuvre de Christ. Etant convaincus de péché, nous cherchons un refuge auprès de Christ, nous nous soumettons à la justice de Dieu, en regardant à la valeur du sang de Jésus; alors la paix entre dans nos coeurs, le Saint Esprit étant le témoin et le sceau de l'oeuvre accomplie. Ainsi s'applique l'exhortation: «N'attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous êtes scellés pour le jour de la rédemption». Il en fut de même pour les enfants d'Israël. Moïse ne leur dit pas: «Voyez quels progrès vous avez faits! Vous avez quitté Succoth; la pâte est dans vos huches», mais il s'écrie: «Voyez la délivrance de l'Eternel!» La présence du Saint Esprit est ce qui dénote les effets de la rédemption; nous en jouissons comme du fruit de l'oeuvre de Christ. En est-il ainsi pour vous? Croyez-vous que vous soyez racheté? Vous parlez de Christ comme du Rédempteur. Qu'a-t-il fait pour vous? Vous a-t-il laissé en Egypte? Non, si vous êtes un croyant, il vous a tiré de la terre de servitude et il est monté au ciel afin de se tenir devant Dieu pour vous. Avant notre conversion, tous les exercices de coeur par lesquels nous passons ont pour but de nous convaincre de notre incapacité totale. Que pouvons-nous donc faire? Si nous sommes vraiment sans force, il ne nous reste qu'à nous tenir là et à voir la délivrance de l'Eternel. Ainsi je puis dire que je ne suis plus en Egypte. J'ai à traverser le désert; j'y aurai des exercices de coeur, sans doute, et une fois en Canaan je devrai combattre encore, mais toujours avec la certitude d'être racheté.

Le Seigneur veuille nous accorder de réaliser que la place que la rédemption nous a acquise ici-bas est d'être individuellement l'habitation de Dieu par l'Esprit et de l'être aussi collectivement comme Eglise de Dieu; que nous sentions quels gens nous devrions être en sainte conduite, car «la sainteté sied à sa maison pour de longs jours». Dieu maintiendra ces choses jusqu'au temps des nouveaux cieux et de la nouvelle terre; et même lorsqu'ils seront établis, il parle de l'habitation de Dieu comme étant avec les hommes en rapport avec la position dans laquelle nous sommes entrés en Christ. Que le Seigneur nous donne de savoir maintenant, par la foi, que nos corps sont le temple du Saint Esprit et que nous ne sommes plus à nous-mêmes, ayant été achetés à prix.