Ce qui caractérise toujours la vie de Christ en nous, c'est que lui-même en est l'objet, lui seul. Christ est personnellement l'objet dont la vie se nourrit, eu égard au fait que c'est en mourant par amour pour nous, que celui qui était capable de le faire, le Fils de Dieu, nous a donné cette vie, à nous, quittes ainsi du péché par l'efficace de cette mort même. Il est tout revêtu à nos yeux de l'amour qu'il nous a montré dans sa mort; nous vivons par la foi au Fils de Dieu qui nous a aimés et s'est donné lui-même pour nous (Galates 2: 20).
Aussi longtemps que Christ reste assis sur le trône de son Père et que notre vie est cachée avec lui en Dieu, nous subirons la mort, physiquement, selon la sentence de Dieu: l'âme sera séparée du corps mortel. Quand Christ, s'étant levé du trône du Père, reviendra et qu'il exercera sa puissance pour appeler les siens à lui avant de venir exécuter le jugement, la mort n'exercera aucun empire quelconque sur ceux qui vivront encore; ils ne passeront pas par la mort.
Souvenons-nous que
tout notre culte appartient à Dieu, qu'il est l'expression de l'excellence de
Christ en nous, et ainsi notre joie, comme par un seul et même esprit,
avec Dieu: lui dans le Père, nous en lui, et lui en
nous, telle est la chaîne d'union merveilleuse qui existe en grâce aussi bien
qu'en gloire. Notre culte est l'expression de ce qui, par Christ, remplit ainsi
et réjouit le coeur, comme lui-même prenant place au
milieu de nous, dit: «J'annoncerai ton nom à mes
frères; je te louerai au milieu de la congrégation» (Psaumes 22: 22; Hébreux 2:
12). Lui certainement est dans la joie, et sait que la rédemption est
accomplie. Puissions-nous être d'accord avec notre céleste Guide!
Il conduira bien nos louanges et d'une manière agréable au Père.
L'amour, la
justice, la majesté de Dieu furent manifestés là où étaient le péché et la
mort. Christ qui n'a pas commis le péché, fait péché pour nous en obéissance
parfaite et en amour pour son Père, s'abaissa jusqu'à la mort;
et Dieu a été glorifié, et la puissance de Satan dans la mort, détruite; Dieu a
été glorifié pleinement dans l'homme selon tout ce qu'Il est, en obéissance, et
en amour, là où le péché était entré. Christ a été fait péché, lui qui n'a pas
connu le péché; et Dieu a été glorifié en lui, en sa
croix, comme ni création, ni innocence n'auraient jamais pu le faire: tout a
été là parfum de bonne odeur, et selon tout ce que Dieu était en justice et en
amour.
Ce sera un beau
spectacle, comme résultat des voies de Dieu, que de voir toutes choses réunies
dans une paix et dans une union parfaites sous l'autorité de l'homme, du second
Adam, Fils de Dieu, nous-mêmes étant associés avec lui dans la même gloire,
nous-mêmes étant ses compagnons dans sa gloire céleste, comme objets des
conseils éternels de Dieu! L'état éternel dans lequel
Dieu est tout en tous est encore autre chose. L'administration est le résultat
des voies et du gouvernement de Dieu, — l'état éternel, celui de la perfection
de sa nature.
Le premier acte
d'Adam, béni en Eden, a été de chercher sa propre volonté (et par cette
désobéissance il devint, lui et sa postérité — une postérité semblable à lui,
dans ce monde de misère — étranger à Dieu, séparé de lui dans sa condition et
sa volonté). Christ, lui, dans ce monde de misère, se dévoua lui-même en amour,
pour accomplir la volonté de son Père. Il s'anéantit lui-même. Il vint ici-bas,
par un acte de dévouement à son Père, afin que, au prix du sacrifice de
lui-même, Dieu fût glorifié. Il était, dans le monde, l'homme obéissant, dont
la volonté était de faire celle de son Père, accomplissant le premier grand
acte et la source de toute obéissance humaine et, par ce moyen, de la gloire de
Dieu.
Christ ne cherchait
rien comme ressource, comme s'il pouvait trouver quelque chose dans l'état du peuple
juif qui fût capable de le consoler et de relever son coeur:
son affliction était pure et absolument propre à lui, plus profonde, (car qui
pouvait la partager?) mais parfaite, étant ressentie de lui seul; ainsi, dans
Jean 13, lorsque c'est sur lui-même (car cet évangile laisse de côté le vieux
cep, comme rejeté) que la peine doit venir, Jésus ne peut désirer que l'heure
de la tentation arrive: il doit craindre, être troublé; c'est pourquoi il a été
exaucé. Mais cela se passe entre Dieu et lui seul; aucune
autre pensée n'intervient et ne s'interpose pour que Dieu ne soit pas
absolument là présent. Hélas! si cela eût été
possible, tout était perdu. Non, c'est la soumission absolue de l'homme parfait
qui cherche, et cherche uniquement, que le nom de Dieu soit glorifié selon la
perfection de Dieu lui-même, qu'il le soit à ses dépens, agissant maintenant,
non comme Dieu, qui doit nécessairement en maintenir la gloire, mais se
soumettant à tout, se sacrifiant, afin que Dieu glorifie son nom. C'est
pourquoi il a été souverainement glorifié comme homme, — glorieux mystère où la
gloire de Dieu resplendira aux siècles des siècles.