Notes sur la seconde épître à Timothée

ME 1896 page 141

 

Notes sur la seconde épître à Timothée. 1

Chapitre 1. 1

Chapitre 2. 11

Chapitre 3. 18

Chapitre 4. 22

 

Chapitre 1

Cette épître, la dernière que Paul ait écrite, le fut à Rome, où l'apôtre était prisonnier, et attendait son délogement prochain. Il voyait la maison de Dieu en ruines; l'édifice dont il avait posé le fondement (1 Corinthiens 3: 10-17) et auquel il avait donné tous ses soins, se dégradait de plus en plus sous l'action des mauvais ouvriers et de ceux qui corrompaient la vérité; lui-même était abandonné par le grand nombre. Quels sujets de tristesse et de douleur pour son coeur! Mais au milieu de tout, il montre une sérénité qui ne se dément point, une fermeté et une confiance inébranlables, une certitude entière, fondées sur la fidélité immuable de Dieu. Pour lui, «le solide fondement de Dieu demeure». Il regarde, non aux circonstances fâcheuses, mais aux ressources certaines qui se trouvent en Dieu, dont les desseins, que rien ne peut annuler, subsistent dès avant les siècles. Il place devant Timothée les ressources pour la fidélité au milieu de la ruine, et, les ayant lui-même saisies et pratiquées, il se donne comme exemple. Il n'y a, dans sa marche, aucune hésitation, aucune incertitude, et il encourage son disciple bien-aimé à poursuivre le même chemin. Tout cela est pour nous, et a été écrit en vue de ces temps fâcheux où nous sommes et dont les principes se montraient déjà à l'oeuvre. En pareils temps, la marche devient individuelle; quel que soit l'ensemble, l'individu doit se purifier du mal, demeurer seul, s'il le faut, mais se joignant, si Dieu lui fait la grâce d'en trouver, à ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur.

(Verset 1). «Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, selon la promesse de la vie, qui est dans le Christ Jésus». Nous avons ici l'origine de l'apostolat de Paul, ce qui lui donne sa force et son autorité. Il n'a pas été établi, ni envoyé, par l'homme. Il est apôtre «par la volonté de Dieu», envoyé de Jésus Christ. L'objet de son apostolat était «la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus». Dans ce temps où l'Eglise, quant à son aspect extérieur, était en ruines, l'apôtre ne parle pas de ses privilèges; il remonte plus haut, à ce qui est impérissable, à ce qui ne peut être touché par les manquements de l'homme, à ce qui subsiste en dehors de la ruine, à ce qui ne dépend que de la grâce, à ce qui appartient à chaque croyant quel que soit l'état de choses extérieur: c'est la promesse de la vie, de la vie éternelle «qui est dans le Christ Jésus».

(Verset 2). L'apôtre s'adresse à Timothée comme à son enfant bien-aimé, titre d'affection qu'il aime à lui donner. Depuis que l'apôtre l'avait pris avec lui, Timothée avait été son collaborateur fidèle. «Il s'emploie à l'oeuvre du Seigneur comme moi-même», dit Paul. «Je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé, et qui est fidèle dans le Seigneur», dit-il encore (1 Corinthiens 16: 10; 4: 17). Et c'est à lui qu'il adresse ses dernières recommandations, comme un père laisse à son fils ses dernières volontés.

«Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus, notre Seigneur!» La jouissance de la grâce qui soutient et de la paix qui console le coeur, est ce dont les assemblées comme aussi l'individu ont besoin en cheminant sur la terre; mais ce dernier est de plus un objet de miséricorde; elle lui est nécessaire dans son infirmité (voir Hébreux 4: 16). La source de ces grâces spirituelles est Dieu, désigné ici comme le Père, son nom de grâce pour les chrétiens, ses enfants, et le Christ Jésus, notre Seigneur, Celui qui a autorité sur nous, ses rachetés. Remarquons cette association intime de Dieu et de Jésus, dans les dons conférés aux fidèles, rappelant l'égalité éternelle d'essence du Père et du Fils.

(Verset 3). Il est frappant de voir que l'apôtre, en exprimant ses sentiments de reconnaissance envers Dieu à l'occasion du souvenir qu'il a de Timothée, se trouve amené à parler de sa position personnelle. Il rendait culte (*) au vrai Dieu qu'avaient servi ses ancêtres, il le faisait avec une conscience pure; il l'avait fait même au temps de son ignorance (Actes des Apôtres 23: 1; 24: 14-16). «Il avait servi Dieu avec une conscience pure, en suivant les traces de ses ancêtres. De toutes manières, il était un vase à honneur. Pendant plus d'une génération, ses ancêtres s'étaient distingués par une bonne conscience, et sa piété personnelle, fondée sur la vérité, se montrait dans un culte rendu à Dieu». Il s'agit du caractère général des ancêtres de Paul.

(*) «Je sers Dieu latrenw = rendre culte (voyez Philippiens 3: 3).

L'apôtre rendait grâces à Dieu qui lui accordait de se souvenir si constamment de son enfant bien-aimé, nuit et jouir, dans ses supplications. L'affection en Christ pour les autres se traduit ainsi: on prie pour eux, car on sait le besoin qu'ils ont de sa grâce et de son secours constant, ainsi que de bénédictions spirituelles sans cesse renouvelées, afin de croître dans la vie chrétienne. L'apôtre, avec son coeur si chaud, toujours étreint par l'amour de Christ, portait sans cesse devant Dieu les assemblées des saints (Romains 1: 9; Philippiens 1: 3, 4; Colossiens 1: 3; 1 Thessaloniciens 1: 2). Mais on voit ici, comme ailleurs (Philémon 4), sa sollicitude pour certains frères individuellement, avec lesquels son coeur était plus particulièrement lié. On ne saurait s'en étonner, dans le cas de Timothée surtout. Et nous avons à imiter l'apôtre en cela, soit dans sa sollicitude et ses prières pour tous les saints et les assemblées, soit en priant pour ceux auxquels Dieu nous a spécialement liés.

(Verset 4). «Désirant ardemment de te voir, me souvenant de tes larmes, afin que je sois rempli de joie». On comprend que Paul, à la veille de rendre témoignage à Christ en mourant pour lui (chapitre 4: 6), désirât vivement revoir ce cher compagnon de ses travaux. «Empresse-toi de venir bientôt auprès de moi», dit-il à la fin de sa lettre (chapitre 4: 9); il avait besoin de cette consolation, quand un si grand nombre l'abandonnaient. Paul connaissait l'affection de Timothée pour lui; il se souvenait des larmes que celui-ci avait versées en se séparant de lui (comparez Actes des Apôtres 20: 37, 38), ou en partageant les peines de l'apôtre dans son ministère (voyez Actes des Apôtres 20: 19, 31; 2 Corinthiens 2: 4). Paul anticipait cette visite de Timothée qui devait le remplir de joie au milieu de tant de sujets de tristesse. Il est beau de voir cette affection mutuelle entre ces deux hommes de Dieu. Le christianisme vraiment saisi ne rend pas le coeur froid; les sentiments sont purifiés et élevés, mais l'amitié réelle et plus profonde peut exister entre deux âmes chrétiennes. Quelle consolation n'y puise-t-on pas? Le Seigneur l'a montrée d'une manière parfaite dans sa vie. N'y avait-il pas parmi les disciples, celui que «Jésus aimait»?

(Verset 5). «Me rappelant la foi sincère qui est en toi, et qui a d'abord habité dans ta grand-mère Loïs et dans ta mère Eunice, et, j'en suis persuadé, en toi aussi». Paul adressait à Dieu des supplications pour Timothée (verset 3), en se rappelant la foi sincère qui était en lui. C'est la base de l'exhortation qui suit (verset 6). Mais en même temps, comme il l'a fait en parlant du culte qu'il rendait à Dieu d'après ses ancêtres, il fait souvenir Timothée que cette foi s'était montrée aussi dans la lignée maternelle de celui-ci, chez sa grand-mère d'abord, et ensuite chez sa mère. Héritage précieux! Ces saintes femmes n'avaient pas manqué d'instruire le jeune Timothée dans les saintes lettres dès l'entrée de sa voie (Proverbes 22: 6; 2 Timothée 3: 14, 15), et Dieu avait béni leur fidélité. Elles et lui avaient été amenés à la foi dans le Christ Jésus. Il n'est pas question ici de judaïsme, ni du père de Timothée, puisqu'il était grec (Actes des Apôtres 16: 2). Quel encouragement pour les parents chrétiens à se montrer fidèles envers leurs enfants comme Loïs et Eunice! Paul était persuadé que Timothée ne manquait pas à suivre personnellement ce sentier de foi.

(Verset 6). «C'est pourquoi je te rappelle de ranimer (*) le don de grâce de Dieu qui est en toi par l'imposition de mes mains». Timothée pouvait être découragé (et était peut-être en effet abattu), en voyant d'un côté l'apôtre prisonnier et abandonné de tous, sauf quelques amis fidèles, et, d'un autre, en constatant combien le mal s'étendait de toutes parts, et comme les faux docteurs levaient la tête. Mais l'apôtre, ferme comme un roc au milieu de la tourmente, ramène encore ici Timothée en arrière (**), pour lui rappeler ce que le Seigneur lui avait donné pour le service, et qui lui restait confié, pour qu'il en fit usage quelle que fût l'opposition des hommes. Il l'exhorte à rallumer le feu de ce don de grâce de Dieu qu'il avait reçu, qui avait brillé pendant que tout était relativement facile, pendant que l'Evangile se répandait au près et au loin. Il n'y avait pas de raison pour se ralentir maintenant que le chemin devenait plus ardu, au contraire, il fallait se relever, animé d'un nouveau courage. Ce que Timothée avait reçu était un don de grâce de Dieu. C'est de Dieu même que découlait son ministère. Mais ce don de grâce lui avait été conféré par l'imposition des mains de l'apôtre, et ce fait rappelait en même temps la réalité et la puissance du ministère de Paul et de celui de Timothée. Raison bien forte pour que cela le ranimât. Au 1er chapitre de la première épître, Paul rappelle à Timothée les prophéties faites à son sujet et qui annonçaient qu'il serait un ouvrier spécial pour le service du Seigneur. Il l'exhortait alors à ne pas négliger ce don de grâce. Ici, dans un temps difficile, Paul, prisonnier et abandonné, lui rappelle que c'est par l'imposition de ses mains qu'il l'a reçu et lui dit de le ranimer en vue d'un service où les peines abonderaient. Ainsi, en rapprochant ce que l'apôtre dit dans ses deux épîtres, nous voyons que des prophéties énoncées d'une manière que nous ignorons, mais venant de Dieu dont le prophète était la bouche, avaient annoncé le ministère dont Timothée devait être revêtu; puis le don lui avait été conféré par l'imposition des mains de l'apôtre, cas unique de ce genre dans la Parole. Puis le corps des anciens avait mis sa sanction, son adhésion à la chose, en imposant aussi les mains à Timothée.

(*) Littéralement «rallumer».

(**) Paul, pour lui-même, remonte à ses ancêtres qui avaient servi Dieu; pour Timothée, il remonte à sa grand-mère et à sa mère, fidèles croyantes comme il l'était lui-même; ici, il remonte au don de grâce de Dieu conféré à Timothée.

 (Verset 7). «Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d'amour, et de conseil». Le mot car rattache ce qu'exprime ce verset à l'exhortation de ranimer le don de grâce, et qu'il y a en Dieu et dans ce qu'il nous donne ce qui est nécessaire pour rallumer ce feu, pour exciter le zèle, pour affermir le coeur. Dieu est avec nous et en nous par son Esprit; qui est-ce qui pourrait être contre nous, de manière à nous inspirer de la crainte? Le chrétien n'a pas à être timide et craintif devant les hommes, ni tremblant devant les difficultés et les dangers. L'Esprit de Dieu communique à sa faiblesse la puissance pour vaincre les obstacles, allume dans son âme le feu de l'amour qui sait se donner et tout sacrifier, et lui inspire la prudence et la sagesse — le bon sens — nécessaires pour savoir agir dans les difficultés. Quelqu'un a fait remarquer que ces trois caractères, puissance, amour et conseil, peuvent correspondre, le premier au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens, le second, au chapitre 13, et le dernier, au chapitre 14. — Le Seigneur, avant de quitter ses disciples (Actes des Apôtres 1), leur dit qu'ils recevraient de la puissance, le Saint Esprit, venant sur eux, et qu'ils seraient ses témoins. Aujourd'hui, bien que dans un temps de ruine, nous possédons cette même puissance, mais elle ne s'exerce pas en tout de la même manière. Autrefois, les dons miraculeux provenant de la puissance de l'Esprit Saint, disaient hautement aux Juifs et aux païens que les disciples étaient de vrais témoins du Seigneur ressuscité et glorifié. Mais ces dons ne sont pas les seules preuves de puissance. Il y a des qualités morales qui sont les preuves de l'action puissante de l'Esprit dans l'âme. Par exemple, pour avoir du support et de la patience dans les difficultés dans l'Eglise, ou celles que nous rencontrons dans notre marche comme chrétiens, il faut de la puissance, ainsi que nous lisons en Colossiens 1: 11: «Fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance».

On a tort de penser aujourd'hui que la puissance a été retirée, parce qu'on la fait consister seulement dans les dons miraculeux. Ces dons ont été retirés, c'est vrai, mais l'Esprit demeure, et il est un Esprit de puissance. Si l'Eglise, dans l'état de ruine où elle est, possédait les dons miraculeux, elle en userait mal. D'ailleurs, ce serait la sanction de Dieu sur un mauvais état, ce qui est impossible. Et cela montre aussi que, s'ils étaient recouvrés, ils devraient se trouver chez ceux qui marchent dans la vérité.

 (Verset 8). «N'aie donc point honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais prends part aux souffrances de l'évangile, selon la puissance de Dieu». Le don de grâce étant ranimé, l'esprit de puissance, d'amour et de conseil agissant dans l'âme, le serviteur de Dieu peut aller en avant sans timidité vis-à-vis des hommes, sans honte quant à la vérité qu'il annonce et quant à ceux auxquels il s'est joint, et souffrir pour l'Evangile qu'il proclame. Le témoignage de notre Seigneur est en somme la vérité formulée par le Seigneur dans sa Parole, et ensuite le témoignage rendu au Seigneur par des témoins qui revendiquent et maintiennent cette vérité. Le Seigneur dans tous les temps a su, et saura se trouver des témoins pour maintenir son témoignage. Les témoins peuvent faillir, le témoignage, jamais: c'est celui du Seigneur, chose permanente comme lui-même, le Seigneur, celui qui a l'autorité. Les témoins peuvent être en petit nombre, en apparence réduits à un peut-être, comme au temps d'Elie; mais le témoignage demeure. En un temps de ruine surtout, un vrai témoignage — celui rendu par des témoins fidèles — ne saurait être en faveur au milieu des hommes. Le Seigneur, le témoin parfait, le témoin fidèle et véritable, l'a-t-il été? Non; or le disciple n'est pas plus que son maître, et ne doit pas s'attendre à être mieux traité. Rien ne peut justifier le fait d'avoir honte du témoignage du Seigneur; au contraire, c'est ce dont un vrai chrétien devrait toujours se glorifier au milieu d'un monde corrompu. Rendre témoignage à la vérité, comme Christ l'a fait, être un témoin pour lui, le Seigneur de gloire, est-il rien de plus précieux? L'affaiblissement d'un témoignage d'abord brillant, et la considération de tout le mal qui surgit dans la chrétienté, de l'erreur qui se multiplie même parmi les enfants de Dieu, pourraient induire à penser qu'un témoignage collectif n'est plus possible. Cela n'est pas, grâces au Seigneur (voyez chapitre 2: 22), mais cela fût-il, qu'il n'y aurait cependant aucune raison pour avoir honte du témoignage du Seigneur.

L'apôtre ajoute: «Ni de moi son prisonnier». Il était prisonnier pour la cause du Seigneur; quelle plus belle cause pouvait-il y avoir? Ses liens avaient été manifestés comme étant en Christ (Philippiens 1: 13). Ce n'étaient pas ceux d'un malfaiteur, quelle que fût l'apparence (2: 9). Il n'était pas le prisonnier des hommes, mais du Seigneur, identifiant ses liens avec le Seigneur, lui rendant témoignage dans ses liens. Pourquoi Timothée aurait-il eu honte d'un tel prisonnier? En disant «prisonnier du Seigneur», à quelle hauteur Paul n'élève-t-il pas sa position? Même en prison, il se glorifie dans le Seigneur qui lui fait cette grâce d'être chargé de liens pour lui.

Timothée est donc exhorté et encouragé à se ranger avec Paul, et à prendre, lui aussi, sa part dans les souffrances de l'Evangile. L'Evangile est ici comme personnifié. L'opposition des hommes se traduisant par des persécutions de toute nature, s'adresse non pas tant à ceux qui l'apportent, qu'à l'Evangile lui-même, dont le coeur naturel ne veut pas. Et cette haine pour l'Evangile, les hommes la font retomber sur ceux qui l'annoncent. Ils ont ainsi part aux souffrances de l'Evangile, ils sont identifiés avec lui. Timothée est appelé à ne pas reculer devant ces souffrances; Paul lui donne l'exemple. Heureux sommes-nous si, dans un chemin de fidélité, nous y avons aussi une part! Elle pourra n'être pas de même nature que celle de Paul, mais le monde est toujours ennemi de Dieu, et nous aurons, si nous sommes décidés pour Christ, à ressentir quelque chose de l'opposition de ceux qui ne sont pas de Christ. Mais où est-ce que Timothée pouvait trouver la force pour s'engager dans un tel chemin? La puissance de Dieu était là. C'était selon cette puissance invincible qu'il pouvait aller en avant. N'est-ce pas une chose merveilleuse et encourageante au delà de toute expression que, pour traverser et endurer les souffrances, nous ayons à notre disposition la puissance de Dieu? «Ne crains point», dit Dieu à Abram, «je suis ton bouclier». «Ne crains point», dit le Seigneur à Paul, «parce que je suis avec toi». Cela demeure toujours vrai. Nous sommes gardés par la puissance de Dieu, par la foi. Si seulement notre foi était toujours en activité pour le saisir!

(Verset 9). «Qui nous a sauvés, et nous a appelés d'un saint appel, non selon nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles». Les raisons données par Paul sont bien remarquables. Les grandes vérités qu'il rappelle ici et dans les versets suivants, sont le fondement inébranlable de son exhortation à Timothée, de sa propre confiance, et de l'encouragement qu'il adresse à son disciple. Il s'élève au-dessus du temps et des circonstances présentes et remonte jusque dans l'éternité, dans les conseils immuables de Dieu.

Dieu lui-même nous a sauvés. Cet évangile du salut a son origine dans les pensées de Dieu avant les temps. Quelle sécurité donne à l'âme le fait que Dieu est intervenu lui-même pour accomplir cette grande oeuvre de notre rédemption! Pour nous introduire dans la jouissance du salut, «il nous a appelés», comme autrefois Abram, à sortir du milieu où nous étions, du monde et de ses ténèbres, et cet appel est saint et ne saurait être autre, puisqu'il est l'appel de Dieu. En nous sortant du monde et de ce qui le caractérise, ainsi que de notre état de péché, il nous introduit dans une position de sainteté ou de séparation pour Dieu, dont la réalisation pratique est nécessairement la sainteté dans notre vie. Et cela a lieu, non selon nos oeuvres, comme si quelque chose dans le salut ou quelque chose en nous pour cet appel dépendait de l'homme, mais c'est selon son propre dessein, le dessein qu'il avait formé en notre faveur. Et la source en est sa propre grâce, cette grâce qui est propre au Dieu qui est amour, qui répond à son caractère. Rien n'est donc de l'homme, tout est de Dieu, et remarquons de plus que cette grâce «nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles». C'est dans Celui qui devait venir manifester cette grâce, que, dès l'éternité déjà, elle nous était donnée. Nous avons donc, pour le salut, le dessein éternel de Dieu, la grâce de Dieu donnée dans le Christ Jésus, et le saint appel de Dieu; tout est de lui, et c'est ce qui en fait pour nos âmes un fondement inébranlable comme lui-même.

La Parole nous montre comme trois étapes de la grâce. D'abord, la grâce donnée avant les temps; c'est notre verset. Puis la grâce apparue, dans le temps (Tite 2: 11). Et enfin, la grâce qui sera apportée en la révélation de Jésus Christ, quand elle nous ouvrira les portes de la gloire (1 Pierre 1: 13).

(Verset 10). «Mais qui a été manifestée maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité par l'évangile». Cette grâce, cachée en Dieu dans ses desseins éternels, est venue en lumière quand Jésus est apparu dans ce monde: «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 1: 17). Elle se montra en lui dans sa vie d'amour, de miséricorde et de compassion, envers les pauvres, les souffrants et les pécheurs, elle eut en lui son plein couronnement à la croix. Là il a accompli son oeuvre de «Sauveur», notre Sauveur, a nous croyants. Le résultat de cette oeuvre de la grâce a été l'annulation de la mort. La mort est le jugement de Dieu sur l'homme pécheur, or Christ a subi cette mort sur la croix; il est mort pour nos péchés, et ainsi il a détruit pour le croyant la puissance de la mort; la preuve manifeste en est sa résurrection. Il a rendu la mort tout à fait impuissante pour le racheté. Il est vrai que celui-ci peut passer par le délogement, et de fait il en a été ainsi depuis l'ascension du Seigneur — «plusieurs sont morts» — mais ils se sont endormis en Jésus. S'il tarde, plusieurs peut-être s'endormiront encore, mais toujours en lui. Le péché, qui est l'aiguillon de la mort, ayant été ôté, la mort en est dépouillée. Elle n'a plus de puissance pour effrayer, pour tenir dans la servitude (Hébreux 2: 15). Le délogement n'est qu'être absent du corps pour être présent avec le Seigneur. A la place de la mort, c'est la vie que le croyant possède, la vie qui lui a été communiquée par Christ; c'est la vie éternelle sur laquelle la mort n'a aucune puissance. Le croyant est passé de la mort à la vie; de la mort dans tous les sens à la vie de Dieu. Il vit d'une vie qui défie la mort et qu'il possède dans son âme. Et ce n'est pas seulement cette vie en dehors de la puissance de la mort qui est le privilège de celui qui croit en Christ, mais c'est, quant à son corps, l'incorruptibilité dont il sera revêtu dans la résurrection, ou par la transmutation. «Les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce mortel revête l'immortalité» (1 Corinthiens 15: 50-54). Et c'est l'Evangile qui met en lumière ces glorieuses vérités. Nous étions mortels à cause du péché, privés de la vie de Dieu, assujettis à la corruption. Mais dans la résurrection, Christ a annulé la mort, et l'Evangile est le héraut qui de sa part proclame la vie et l'incorruptibilité, «cet état de vie éternelle qui place l'âme et le corps au delà de la mort et de sa puissance».

(Verset 11). «Pour lequel moi j'ai été établi prédicateur et apôtre et docteur des nations». Paul avait été établi du Seigneur pour annoncer cette bonne nouvelle de la grâce; Dieu l'avait envoyé dans ce but et l'avait doué de manière à ce qu'il pût enseigner les grandes et précieuses vérités du salut. Et ce n'était pas à un peuple particulier qu'il était envoyé; l'Evangile ne s'adressait pas aux Juifs seulement, mais à toutes les nations: il était «docteur des nations». Telle est l'étendue de la grâce. Elle invite tous, elle appelle tous, elle est illimitée. Quel bonheur pour nous de la connaître et d'en jouir, selon le dessein éternel de Dieu envers nous, et en vertu de l'oeuvre parfaite accomplie par notre Sauveur Jésus Christ.

(Verset 12). «C'est pourquoi aussi je souffre ces choses; mais je n'ai pas de honte, car je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu'à ce jour-là». Etabli dans ces vérités éternelles dont il était le héraut, ayant obéi au saint appel (Philippiens 3: 14; Actes des Apôtres 26: 19), jouissant lui-même de la vie que l'Evangile avait fait connaître à son âme et qu'il possédait par la foi en Christ, son Sauveur, ayant l'espérance de l'incorruptibilité dans la résurrection, il pouvait souffrir et même mourir, car il avait ce qui rend vainqueur dans les souffrances, ce que la mort ne peut toucher, la vie en Christ. De plus, il n'avait pas honte de proclamer ce qui est plus glorieux que toutes les gloires de la terre, il n'avait pas honte du Dieu qui a donné la grâce, ni du Christ qui est venu l'apporter. Ici donc, comme toujours dans cette épître, nous voyons l'apôtre marcher le premier dans la réalisation des choses qui sont le fondement de ses exhortations à Timothée. Nous pouvons aussi nous approprier ces choses.

Au verset 8, il exhorte son enfant bien-aimé à n'avoir pas honte du témoignage de Jésus Christ et à prendre part aux souffrances de l'Evangile. Ici, il se présente lui-même comme n'ayant pas honte de ses souffrances, et il en a donné, dans les versets précédents, les raisons, valables pour Timothée et aussi pour nous-mêmes. La gloire du Donateur et de Celui par qui les choses nous sont données, la grandeur, l'importance et le prix de ces choses, sont tels que nous n'avons pas à avoir honte d'y rendre témoignage. Paul ne craint pas d'être confus. Il sait qui il a cru, en qui il s'est confié. Sa foi a saisi la personne même du Seigneur, pour qui il a travaillé. Il connaît sa puissance, son amour et sa fidélité; il est en relation consciente avec lui; il le connaît comme quelqu'un à qui il peut tout remettre entre les mains de qui il peut tout abandonner. Il lui a confié son dépôt, son salut dans la gloire, son bonheur, sa personne et les résultats de son ministère; ici, il souffre, il est honni, méprisé, mais il sait avec certitude, il est persuadé d'une manière inébranlable — car sa foi a saisi Christ — qu'en ce jour-là, le jour des récompenses (voyez 4: 8), il retrouvera tout dans les mains de Celui en qui il s'est confié. Puissions-nous dire avec Paul: «Je sais qui j'ai cru», et non pas seulement «en quoi j'ai cru». C'est une grande chose d'avoir saisi réellement par la foi le salut, le pardon, la paix et la vie, qui résultent pour nous de l'oeuvre de Christ; c'est une plus grande chose d'avoir saisi la Personne même de Christ, et d'avoir mis en lui toute notre confiance, car il en est digne.

(Verset 13). «Aie un modèle les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui est dans le Christ Jésus». Les saines paroles sont la vérité que Paul avait reçue par inspiration et, qu'il avait transmise en paroles enseignées de l'Esprit (voyez 1 Corinthiens 2: 12, 13). Timothée est exhorté à avoir, à posséder, à retenir ferme cette vérité telle que l'avait exprimée l'apôtre. Comme un modèle d'écriture donné à un élève fait loi pour lui, ainsi Timothée avait à conformer ses enseignements aux saines paroles qu'il avait entendues de Paul. Elles étaient le modèle à imiter; elles faisaient loi pour lui. Tout autre modèle n'eût pas été la vérité. Que ce modèle dût être écrit ou non par Timothée, il n'importe. Il avait entendu les saines paroles, il avait à les retenir comme base et autorité de son enseignement; il devait les avoir sous ses yeux pour ne point errer. Pour nous qui avons toute la Parole, c'est elle qui est le modèle que nous avons à suivre. Elle contient d'ailleurs la doctrine de Paul, les saines paroles sur lesquelles Timothée avait à se modeler. Mais la vérité ne doit pas seulement être retenue pure dans l'intelligence; elle doit produire son effet subjectif dans le coeur et la conscience. Il faut qu'elle soit gardée dans la foi et l'amour qui sont dans le Christ Jésus. La foi la saisit en Christ comme une réalité vivante, et le coeur s'y attache selon la puissance d'amour qui se trouve dans la communion avec lui. «C'est cet amour qui donne à la vérité sa force et sa valeur. La vérité maintenue par la foi et dans l'amour est le secret de la force et de la fidélité en tout temps, mais en particulier pour l'homme de Dieu quand l'Eglise en général est infidèle».

(Verset 14). «Garde le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous». Le «bon dépôt» ici n'est pas le dépôt que Paul avait confié à Christ. C'est ce que Christ, par Paul, avait confié à Timothée. C'est le dépôt précieux des saines paroles, de la pure doctrine formulée par Paul; pour nous, comme nous l'avons dit, c'est toute la parole de Dieu dans son intégrité. Nous avons à la garder telle que Dieu nous l'a confiée. Certes s'il y a une chose qui puisse être appelée bonne c'est celle-là. C'est un trésor dont la valeur est infinie, tant à cause de Celui qui nous le confie, qu'à cause des richesses dont il se compose. Nous avons à le garder avec un soin jaloux, sans permettre qu'on en retranche, ni qu'on y ajoute, ni qu'on en altère la moindre partie. Nous avons à la garder dans nos coeurs, cette Parole, qui est la vérité. Mais comment la garder ainsi à l'abri de toute atteinte, sans la laisser entamer par les raisonnements de l'intelligence humaine? L'Esprit Saint qui habite en nous, dans les fidèles, et qui a inspiré cette Parole, est aussi celui dont la puissance nous rendra capables de la garder, en même temps qu'il nous en fera goûter toute la saveur (voyez encore 1 Corinthiens 2: 12-14).

(Verset 15). L'apôtre s'interrompt ici, pour ainsi dire, afin de donner essor à ce qui pesait sur son coeur. Mais en même temps, son exhortation devient d'autant plus impressive par le contraste entre l'infidélité du grand nombre et l'affection et la fidélité d'un seul. «Tu sais», dit-il à Timothée, parce que celui-ci se trouvait alors sur les lieux, et pouvait constater cet abandon presque général de ceux qui étaient en Asie, abandon qui peinait le coeur de Paul, bien qu'il ne se plaignît pas. Autrefois tous ceux qui étaient en Asie, dans cette province dont Ephèse était la capitale, avaient entendu la parole du Seigneur de la bouche de Paul (Actes des Apôtres 19: 10). C'est à eux qu'avait été adressée la belle épître aux Ephésiens. Et maintenant, l'apôtre est obligé de tracer ces lignes douloureuses: «Tous ceux qui sont en Asie m'ont abandonné». Dans un moment où il aurait eu besoin de sympathie et de l'encouragement que donne le sentiment que des coeurs amis sont avec vous dans la souffrance, tous ceux qui sont en Asie l'abandonnaient, et parmi eux ce Phygelle et cet Hermogène que nous ne connaissons pas d'ailleurs, mais qui, mentionnés ici, semblent avoir été de ceux sur qui Paul avait compté. Quel coup pour son coeur! Mais son divin Maître avait aussi été abandonné par ses disciples au moment de ses souffrances, et Paul pouvait se le rappeler: «Pour le connaître, lui, et la communion de ses souffrances», dit-il quelque part. Il ne faut pas cependant inférer des paroles de l'apôtre que tous ceux d'Asie avaient abandonné la profession de christianisme, mais ils craignaient de s'identifier avec un homme méprisé par le monde et persécuté par les autorités. En l'abandonnant, ils le désavouaient et refusaient de prendre part «aux souffrances de l'évangile» (verset 8). Triste et affligeante preuve de ce qu'est le coeur de l'homme, même chez le chrétien, s'il n'a pas Christ comme unique objet. L'opinion du monde l'emporte en lui, et il craint de se compromettre en prenant parti pour ceux qui marchent fidèlement.

(Versets 16-18). Une heureuse exception réjouissait le coeur de Paul. L'affection fidèle d'Onésiphore forme un contraste frappant avec la conduite de ceux qui avaient abandonné l'apôtre dans les liens. L'histoire de ce disciple dévoué est courte, mais combien touchante et intéressante dans sa brièveté! On sent que le coeur de l'apôtre était rempli de gratitude envers celui qui seul était venu lui apporter un témoignage d'affection dans l'isolement de sa triste position. Oh! que nous puissions apprendre à sympathiser davantage avec ceux qui sont éprouvés et surtout avec ceux qui souffrent pour l'Evangile! Nous ne savons d'Onésiphore que ce qui nous en est rapporté ici. Paul et Timothée avaient travaillé à Ephèse, comme nous le voyons par les Actes et 1 Timothée 1: 3. Nous savons aussi que l'apôtre y avait couru de grands dangers (Actes des Apôtres 19; 1 Corinthiens 15: 32). Onésiphore, dans ce temps-là et sans doute après, avait rendu beaucoup de services, soit aux serviteurs de Dieu, soit dans l'assemblée. Timothée le savait donc mieux que personne. Onésiphore était allé à Rome, sans qu'il nous soit dit pour quelle cause, mais au fond c'était un rafraîchissement que le Seigneur, dans sa tendresse, envoyait à son cher serviteur. Arrivé dans la grande ville, la première pensée d'Onésiphore fut de trouver Paul qu'il savait y être captif. Dans la première captivité de l'apôtre, on n'aurait pas eu de peine à savoir où il était. Il était gardé pour paraître devant César comme citoyen romain qui en avait appelé à l'empereur; ses liens étaient manifestes dans tout le prétoire comme étant en Christ; Paul (gardé par un soldat) avait sa demeure où il annonçait l'Evangile (Philippiens 1: 13; Actes des Apôtres 28: 16, 30, 31). Mais les choses avaient bien changé dans la seconde captivité de l'apôtre. Maintenant il avait été jeté dans une prison où il était lié de chaînes comme un obscur malfaiteur, attendant la sentence qui l'enverrait à la mort. Comment le trouver, cet homme méprisé et abandonné dans le danger, même des siens? (4: 16). Onésiphore, dans son ardente affection pour le serviteur de Dieu, prisonnier pour Christ, ne se laisse pas décourager par les obstacles; sans craindre les dangers auxquels il s'exposait, sans avoir honte de sa chaîne, il le cherche soigneusement, le trouve et lui apporte dans sa prison les consolations dont l'apôtre avait besoin: «il m'a souvent consolé». Combien cela est touchant et porte le cachet du véritable amour qui ne se lasse pas de se donner pour les frères! Comment Paul reconnaîtra-t-il ce dévouement? Il n'a rien à donner, lui, le prisonnier du Seigneur qui, dans sa froide prison, a besoin du manteau qu'il a laissé à Troas (4: 13). Mais si les biens de ce monde lui font défaut, il a les trésors du Seigneur à sa disposition, et il souhaite que la miséricorde dont Onésiphore a été rempli envers lui, soit déversée par le Seigneur sur ce disciple dévoué et sur sa maison, et que même elle tourne en récompense pour lui au jour de Christ. Qu'elle est précieuse la bénédiction d'un serviteur du Seigneur appelée par lui sur la maison qui l'a reçu! Le Seigneur y répondra (Matthieu 10: 12, 13, 40). Le fait qu'il n'est fait mention que de la maison d'Onésiphore, ici et au chapitre 4: 19, a fait supposer qu'Onésiphore était mort quand Paul écrivit à Timothée. La chose est possible; mais Onésiphore pouvait aussi n'être pas encore de retour à Ephèse.

Chapitre 2

 (Verset 1). «Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus». Nulle part autant que dans cette épître, qui est le témoignage de la chute et de la ruine de l'Eglise, on ne trouve l'homme de Dieu appelé à être plein de courage et sans hésitation dans sa marche. Paul, toujours plein d'énergie, malgré les persécutions qu'il souffre de la part du monde et l'abandon des chrétiens, Paul confiant en Celui qui ne peut changer, encourage son cher enfant Timothée et l'exhorte à se fortifier dans la grâce qui est dans le Christ Jésus. Cette grâce est celle qui nous a été donnée en lui «avant les temps des siècles» (1: 9); c'est celle qui a tout accompli pour notre salut, et dont la jouissance maintient l'âme dans la conscience que la faveur de Dieu repose sur nous en Christ (Romains 5: 2). C'est là ce qui rend fort, car plus on en est pénétré, plus on se confie en Dieu.

(Verset 2). «Et les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables d'instruire aussi les autres». Au verset 13 du précédent chapitre, l'apôtre exhorte Timothée à avoir pour lui-même un modèle de la vérité que lui, Paul, enseignait. Ici, le serviteur de Dieu, Timothée est exhorté à agir de manière que la vérité se propageât, même après lui, par le moyen d'hommes fidèles. Timothée possédait la vérité enseignée par l'apôtre; il l'avait entendue en présence de témoins auxquels il pouvait en appeler et qui pouvaient attester qu'il apportait bien la doctrine que Paul avait reçue, et apprise, non d'aucun homme, «mais par la révélation de Jésus Christ» (Galates 1: 12). A nul autre, pas même à Timothée, la communication de la vérité n'avait été faite de cette manière. Timothée n'avait donc autre chose à faire que de propager cette vérité lui-même, et à veiller à ce qu'elle fût propagée par d'autres. Pour cela, il devait la commettre, la confier à des hommes qui, en premier lieu, fussent fidèles, c'est le caractère moral qu'ils devaient posséder, pour administrer ce qui leur était confié, de même qu'on ne confie le maniement d'un trésor qu'à ceux qui en sont dignes. Et en second lieu, ces hommes devaient être capables d'instruire les autres. Ainsi, d'une manière générale, pour enseigner la vérité, un homme doit être fidèle et capable.

Il n'est pas question, dans ce que Paul dit à Timothée, de conférer des dons, ni de consacrer des ouvriers. Ce qu'il indique sont les moyens simples par lesquels la vérité est propagée. C'est l'enseignement de l'apôtre qui fait autorité. Timothée devait retenir cet enseignement dans sa pureté et y initier des hommes fidèles pour qu'à leur tour ils le propageassent. C'est ce que l'on réalise en quelque mesure aujourd'hui, en étudiant ensemble la parole de Dieu.

(Verset 3). «Prends ta part des souffrances, comme un bon soldat de Jésus Christ». Plus d'une fois, cette image du serviteur du Seigneur comparé à un combattant, se présente dans les écrits de Paul. Il parle de ses compagnons d'armes, engagés dans le même combat que lui pour lutter contre l'erreur et établir la vérité. Mais le combattant doit s'attendre à souffrir; lui, Paul, en savait quelque chose (verset 9); Timothée, s'il voulait être un bon soldat pour la cause du Seigneur, ne devait pas reculer devant les souffrances inhérentes à cette position de combattant, mais les accepter avec courage. L'apôtre développe cette pensées dans les versets suivants, en montrant par d'autres figures les qualités qui doivent caractériser le vrai serviteur de Christ.

(Versets 4-6). Ces versets nous présentent donc les conditions nécessaires et pratiques que doit remplir celui qui s'est engagé dans le service pour Dieu et Christ. Un bon soldat de Jésus Christ 1° ne doit pas s'embarrasser dans les affaires de la vie; 2° il doit combattre selon les lois; 3° il faut qu'il travaille avant de jouir des fruits. Il lui faut donc: l'énergie pour renoncer à tout; l'obéissance, et la patience. En effet, un soldat qui part pour la guerre, a fait son compte de laisser tout derrière lui, sa vie même ne lui appartient plus. Il ne s'embarrasse point de bagages superflus, il a son sac qui contient tout ce qui lui est nécessaire. Le motif qui le conduit, c'est «de plaire à celui qui l'a enrôlé». L'affection qu'il a pour son chef est le mobile qui le fait agir. La parabole des talents, en Matthieu 25: 14-30, peut servir d'illustration à ce que dit l'apôtre. Les deux premiers serviteurs font valoir leurs talents par affection pour le maître; ils font contraste avec le troisième qui dit: «Je savais que tu es un maître dur, moissonnant où tu n'as pas semé». Il n'y a pas de coeur chez lui. Aux deux premiers, le Seigneur dit: «Entre dans la joie de ton maître».

Le verset 5 exprime et l'obéissance et la dépendance du combattant. Pour les athlètes, qui combattaient dans la lice pour obtenir une récompense, c'est-à-dire une couronne corruptible (1 Corinthiens 9: 25-27), il y avait des lois prescrites auxquelles chacun devait se soumettre. Il en est de même pour nous. Le serviteur de Dieu doit combattre selon les règles, selon la Parole, qui exprime la volonté du Seigneur. L'énergie charnelle, dans l'indépendance, ne peut aboutir à une couronne. Il peut y avoir un grand déploiement d'activité, mais elle est vaine devant le Seigneur, si elle n'est régie par une humble soumission à sa Parole. Il ne faut ni rester en arrière, ni se hâter comme voulant devancer Dieu. Il faut être attentif à sa voix, comme Jésus en a donné l'exemple, Lui, le parfait serviteur (voyez Esaïe 50: 4, 5).

(Verset 6). Le laboureur travaille premièrement; c'est tout ce qu'il peut faire. Il doit s'en remettre à Dieu pour le résultat de son travail. Il l'attend avec patience, mais ne peut en jouir immédiatement. Sans travail, point de fruits. De même pour le serviteur de Dieu. Il sème, il arrose, il travaille souvent avec peine et souffrance; il poursuit avec constance ce que le Seigneur lui a donné à faire. Les fruits, il ne les voit peut-être pas ici, mais Il les verra certainement. Son affaire est de travailler et d'attendre avec patience, confiant dans le Seigneur. Avec ces trois caractères: énergie, obéissance, patience, on travaille et rien autre: jouir des fruits viendra plus tard.

(Verset 7). «Considère ce que je dis; car le Seigneur te donnera de l'intelligence en toutes choses». Cette expression: «Considère ce que je dis», et non pas simplement «ce que je te dis», semble montrer que l'apôtre ne pense pas ici à ce qu'il dit actuellement à Timothée, mais qu'il a en vue toute la somme de son enseignement inspiré: les saines paroles du verset 13 du 1er chapitre. A cela se joint une précieuse promesse pour celui qui considère ce que la Parole dit: le Seigneur lui donnera l'intelligence de toutes les choses précieuses qu'elle nous présente, soit pour l'enseignement, soit pour la vie pratique, soit quant à la marche ici-bas, soit quant aux espérances glorieuses pour l'avenir.

(Verset 8). «Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d'entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile». Combien nous avons besoin d'être attentifs à cette exhortation: «Souviens-toi de Jésus Christ!» quel encouragement nous trouverons en ayant toujours devant nous la personne du Seigneur, du Seigneur homme, Celui qui est venu ici-bas: Jésus Christ! Les deux expressions: «Ressuscité d'entre les morts», et «de la semence de David», renferment tout le plan des conseils de Dieu, dont Christ est le centre. Comme semence de David, Christ amènera la bénédiction millénaire, non seulement pour les Juifs qui, il est vrai, auront une place prééminente, mais pour les nations et toute la création actuelle. Les promesses à cet égard seront accomplies. Puis la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, sceau mis sur sa Personne et son oeuvre, inaugure la nouvelle création. Ce sont les deux parties de l'Evangile que Paul annonçait et qu'il nomme «son évangile», non qu'il y ait des évangiles différents, un de Paul, un de Pierre, un de Jean, mais c'est l'évangile qui lui a été confié spécialement (1 Timothée 1: 11); «l'évangile de la gloire» qui traite des gloires de Christ, ressuscité d'entre les morts, de la semence de David.

(Verset 9). C'est pour avoir proclamé ces vérités relatives aux gloires de Christ, que Paul endurait toute espèce de souffrances, jusqu'à être lié de chaînes comme un malfaiteur, traité comme tel. Mais si sa personne était liée, si Satan avait ainsi cru étouffer la vérité, la parole de Dieu pouvait-elle être enchaînée? La puissance de l'ennemi pouvait-elle l'empêcher de courir? Impossible. Même depuis la prison de l'apôtre, elle courait et se répandait. Rien n'a jamais pu arrêter son cours.

 (Verset 10). C'est pourquoi l'apôtre est plein de courage pour supporter les souffrances, et d'une manière remarquable elles l'assimilent à Christ. Ce sont les souffrances de Christ qu'il endure. Christ a été mis au rang des malfaiteurs; Paul est enchaîné comme un malfaiteur. Christ a souffert la mort pour sauver, les élus (ce que lui seul pouvait faire), mais Paul endure des souffrances pour leur manifestation et leur bénédiction. Il suivait ainsi de près le Seigneur Jésus dans un même but d'amour. Et il avait en vue, non seulement les élus déjà manifestés de son temps, et même par son ministère, mais il regardait en avant en pensant à d'autres, afin qu'eux aussi, dit-il, «obtiennent le salut qui est en Jésus Christ, avec la gloire éternelle» qui s'y rattache. Nous aujourd'hui, nous sommes au bénéfice des travaux et des souffrances de l'apôtre, et les élus du résidu juif en jouiront aussi. Remarquons que l'apôtre, en parlant du salut des élus, ajoute «qui est en Jésus Christ», car s'il avait annoncé l'Evangile et souffrait, pour qu'ils fussent manifestés, le salut même ne se trouve qu'en Christ.

(Versets 11-13). L'obtention par les élus du salut avec la gloire éternelle, est une chose certaine. Cette expression se trouve plusieurs fois dans les épîtres à Timothée et à Tite, et on la lit aussi à la fin de l'Apocalypse (21: 5; 22: 6). Le chrétien est environné de certitude quant à son salut présent et à son bienheureux avenir éternel, aussi bien que quant aux choses que Dieu a déclaré vouloir accomplir. Nous ne marchons pas dans les ténèbres, mais dans la lumière.

Nous sommes ramenés ensuite à l'assimilation à Christ dans les souffrances. Si l'on est pratiquement dans la mort avec lui (Colossiens 3: 3; 2 Corinthiens 4: 10), on vivra avec lui. Si l'on endure des souffrances, humiliation, opprobre, prison, la gloire les suivra; nous régnerons aussi avec lui. C'est le chemin que lui-même a suivi. Mais combien est sérieux ce qui suit, et quel contraste frappant avec ce que l'apôtre vient de dire! «Si nous le renions, lui aussi nous reniera». Il ne peut se départir des caractères qui lui appartiennent; il demeure fidèle. S'il est fidèle à ses promesses, il l'est aussi à son caractère immuable: il ne peut se renier lui-même, Le reniement de Pierre, envisagé au point de vue de la responsabilité, ne pouvait avoir d'autre conséquence pour Pierre que d'être, renié par le Seigneur. La responsabilité fait que l'on ne peut échapper aux conséquences des actes que l'on a commis. Le péché mène à la mort. «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez» (Romains 8: 13). La fin d'une marche, telle que celle qui est décrite en Philippiens 3: 18, 19, c'est la perdition. Paul agissait de manière à n'être pas réprouvé après avoir prêché à d'autres (1 Corinthiens 9: 24-27). Voilà autant d'exemples qui montrent que la responsabilité ne doit pas être confondue avec la grâce. Elle subsiste toujours et ne peut être mise de côté; mais la grâce est souveraine, et peut intervenir, comme ce fut le cas pour Pierre, afin de l'empêcher d'être renié par le Seigneur.

 (Verset 14). «Remets ces choses en mémoire»; ces choses sont les sérieuses vérités dont il vient de parler, et que l'on est si porté à oublier, vérités qui se rattachent au caractère moral du Seigneur. Il est nécessaire de se les rappeler; Paul met cela en contraste avec «les disputes de mots,» contre lesquelles Timothée devait protester devant le Seigneur. Disputer sur des mots, se livrer à de vaines spéculations quant aux choses de Dieu, est déjà la preuve que le coeur s'est écarté de ces choses. Non seulement ces disputes sont sans aucun profit, mais elles font du mal; elles tendent à la ruine des auditeurs, parce que leur conséquence est l'erreur.

(Verset 15). Timothée, au contraire de ceux qui se plaisaient dans ces disputes de mots, devait s'étudier à se présenter à Dieu comme approuvé de lui, comme un ouvrier qui n'a pas à avoir honte de son travail, parce qu'il a l'approbation de Dieu. Il avait à exposer justement, ou découper droit la parole de la vérité. Ce n'est pas seulement exposer la Parole dans la prédication ou l'enseignement, mais éviter de mêler ensemble et de confondre des sujets que la Parole distingue nettement, mais qui cependant se coordonnent avec l'ensemble. Laisser une doctrine à sa place est de toute importance. Par exemple, on perdrait la pensée de Dieu en fusionnant les deux grands sujets doctrinaux de l'épître aux Romains, savoir la justification des péchés, et la délivrance du péché. Il faut découper droit l'épître, en séparant ces deux sujets, au chapitre 5: 12.

 (Versets 16-18). Si «les disputes de mots» sont une forme du mal, en voici une seconde; ce sont «les discours vains et profanes». Le serviteur de Dieu doit les éviter. C'est traiter les choses saintes de Dieu, comme s'il s'agissait des choses ordinaires de la vie; par exemple, s'occuper du livre de Dieu comme d'un livre humain. C'est vouloir sonder avec l'intelligence naturelle les mystères divins et en discourir comme si on les avait dévoilés. Tout cela est vain et n'amène à rien; au contraire, loin de faire faire à l'âme des progrès dans la sanctification et la vraie connaissance de Dieu, on progresse dans l'erreur qui produit une impiété toujours croissante. C'est donc avec raison que l'apôtre emploie, pour décrire la parole de ces faux docteurs, l'image énergique et vraie d'une gangrène qui ronge le corps. L'apôtre en présente un exemple dans la personne d'Hyménée et de Philète; le premier, déjà nommé dans 1 Timothée 1: 20, où il est associé à Alexandre; le second, dont le nom ne se trouve qu'ici. Hyménée et Alexandre avaient été livrés à Satan par l'apôtre, afin qu'ils apprissent à ne plus blasphémer. Mais il semble qu'au lieu de revenir de ses erreurs, Hyménée soit allé plus en avant, de sorte que nous le trouvons ici avec un autre faux docteur, s'étant détournés tous deux de la vérité, enseignant que la résurrection était déjà arrivée. Cette hérésie pouvait se couvrir d'une apparence de spiritualité et être présentée d'une manière attrayante et plausible, s'appuyant même peut-être sur des enseignements de l'apôtre faussement interprétés (par exemple, sur Colossiens 3: 1, et Ephésiens 2: 6). Quoi qu'il en soit, ce qu'ils disaient sapait une vérité capitale du christianisme, de sorte que la foi de ceux qui recevaient cette erreur, ne reposait plus sur les bases de la vérité, et le résultat en était le renversement de la foi.

 (Verset 19). En présence de l'invasion de ces fausses doctrines qui renversaient la foi de quelques-uns, l'apôtre se réfugie et nous amène à ce qui est inébranlable: «Le solide fondement de Dieu demeure». Tout ce que Dieu a fait, tout ce qu'il a établi, tout ce qu'il a dit, est un Rocher solide qui demeure ferme au milieu du déclin de l'Assemblée, au milieu de l'infidélité des hommes. Il porte un sceau qui a deux faces et deux devises; l'une du côté de Dieu et que rien ne peut altérer; l'autre qui concerne la responsabilité de l'homme. La première face présente une précieuse consolation en rapport avec la dispersion des rachetés; la confusion qui règne empêche souvent de les reconnaître, et c'est une chose propre à affliger le coeur. Dans l'état de choses prévu dans cette épître, il serait impossible, même avec des recherches minutieuses, de trouver tous les enfants de Dieu sur la terre. Ils sont comme cachés sous les différentes formes de la profession de christianisme. Mais le Seigneur les connaît tous, comme au temps d'Elie, il connaissait ceux qui avaient échappé à l'oeil du prophète: les sept mille qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal. La première face du sceau porte donc: «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens». Au commencement de l'Eglise, comme nous le voyons dans le livre des Actes, aucun croyant n'était isolé, ni inconnu. Ils étaient tous ensemble, le monde avait de la crainte, et nul n'osait se joindre à eux. Aujourd'hui, il faut s'en remettre à la toute science du Seigneur qui connaît tous ceux qui sont à lui, où qu'ils soient.

Mais le sceau du solide fondement de Dieu porte une seconde face et une seconde inscription. C'est comme une médaille qu'il faut tourner des deux côtés. Sur la face qui concerne la responsabilité sont inscrites ces paroles: «Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur». Cette injonction ne s'adresse pas seulement à tous les enfants de Dieu connus et inconnus, mais à tous ceux qui font profession d'être chrétiens; en un mot, à tous les baptisés. L'iniquité ici, c'est plutôt l'injustice — c'est tout ce qui est contraire à la justice, dans les choses de Dieu comme dans les autres choses. Plus bas nous avons cette injonction: «Poursuis la justice». Quoi de plus inique, de plus injuste envers le Seigneur, que d'enseigner et propager les fausses doctrines qui renversent la foi, et celles qui portent atteinte à la dignité de la personne du Fils de Dieu, et à l'inspiration des Ecritures!

(Verset 20). L'état de la maison de Dieu telle qu'elle était déjà — et aujourd'hui elle a pris une extension plus grande: elle est le grand arbre, visible à tous, et abritant toutes sortes de choses (Matthieu 13: 31, 32) — cet état se présente à l'apôtre sous l'image d'une grande maison. C'est d'abord une image. Une grande maison, une maison de riches sur la terre contient des vaisseaux précieux, d'or et d'argent, et d'autres de bois et de terre pour, des usages vils. Chacun d'eux a son usage propre. Mais différents ainsi, ils sont distinctement séparés les uns des autres dans la maison. Telle est l'image dont se sert l'apôtre pour représenter l'ensemble de tous ceux qui se disent chrétiens. Le vrai chrétien en fait partie extérieurement, puisqu'il porte le nom de chrétien, mais il a quelque chose à faire, et c'est ce que nous dit le verset suivant.

(Verset 21). L'apôtre tire donc ici une application spirituelle de l'image qu'il a employée: «Si quelqu'un se purifie (se sépare) de ceux-ci», c'est-à-dire des vases à déshonneur, des faux docteurs et de leurs enseignements, de tous ceux qui n'invoquent pas le Seigneur d'un coeur pur, de tout ce qui, d'une manière ou d'une autre, est contraire à l'honneur et à l'obéissance dus à Christ et à sa parole, celui-là sera «un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne oeuvre».

(Verset 22). Dans cet état de choses, la responsabilité individuelle est loin de cesser; au contraire, elle acquiert une importance plus grande, et la première chose qui lui incombe est de se séparer du mal à tous égards. Mais il y a aussi un côté positif, la sainteté pratique qui est toujours requise, et comprend deux parties — des choses à fuir, et des choses à poursuivre. Timothée devait fuir «les convoitises de la jeunesse». Il était relativement jeune; l'apôtre lui dit dans la première épître: «Que personne ne méprise ta jeunesse» (4: 12). Mais les convoitises de la jeunesse ne sont pas nécessairement les passions sensuelles; l'orgueil qui s'élève, le désir de dominer, l'attrait des nouveautés, sont aussi des désirs qui peuvent s'emparer du coeur d'hommes qui ne sont plus dans la première jeunesse. D'ailleurs ces convoitises, qui naissent du fond du coeur humain, peuvent poursuivre un homme bien tard dans sa vie, et l'exhortation est toujours à propos pour chacun de nous. Il faut donc les fuir, afin d'être libre de rechercher ce qui est bon et d'en jouir. Ce sont: «la justice, la foi, l'amour, la paix», tout autant de choses pratiques qui, réalisées, font goûter la présence du Seigneur et la joie qui s'y trouve, le mal qui sépare de lui étant loin.

On trouve ensuite qu'en obéissant aux exhortations précédentes — se retirer de l'iniquité, se purifier des vases à déshonneur, fuir le mal, poursuivre le bien — cela ne conduit nullement à l'isolement que semblerait devoir produire le désordre existant dans la maison de Dieu, devenue comme une grande maison. Loin de là; on se rencontre «avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur», et avec eux, bien qu'au milieu de la ruine, on peut réaliser les principes de rassemblement sur lesquels se trouvaient établis les chrétiens au temps apostolique.

Mais que faut-il entendre par un coeur pur? C'est un coeur qui est sans mélange pour le Seigneur, séparé du mal et attaché au bien. Un coeur pur est nécessairement soumis à la Parole, attaché à la vérité, séparé à la fois du mal moral et du mal doctrinal.

Invoquer le Seigneur, c'est, en général, se réclamer de son nom; mais aujourd'hui, au milieu de tous ceux qui professent l'invoquer, et se nomment de son nom, il s'agit que ce soit d'un coeur pur. Au commencement, il n'était pas nécessaire d'ajouter: «d'un coeur pur». Ainsi, en Actes 9: 10-14, Ananias, de Damas, dit simplement au Seigneur, en parlant de Saul: «Et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom».

(Versets 23, 24). Dans ce courant du bien, et pour n'y apporter, aucune entrave, Timothée devait éviter les questions folles et insensées, ou qui sont sans instruction, où l'instruction divine ne se trouve pas, et qui n'apportent à l'âme aucune connaissance vraie et sérieuse, n'étant faites que pour satisfaire que vaine curiosité. Elles ne produisent que des contestations et des discussions sans profit. Or ce n'est pas l'affaire de l'esclave du Seigneur de contester. Les contestations amènent le plus souvent de l'irritation. Il faut, au contraire, que le serviteur de Dieu soit «doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support». La douceur convient à celui qui sert un Maître débonnaire et humble de coeur. Il doit être propre à enseigner la vérité qui édifie, ce que ne font pas les contestations. Et enfin, il est nécessaire qu'il ait du support, qu'il se montre patient dans l'exercice du ministère qui lui est confié auprès des âmes.

(Versets 24, 25). Le serviteur de Dieu rencontre des opposants, cela est hors de doute. A ceux-là, il doit simplement exposer la vérité selon la Parole, et laisser à Dieu le soin d'agir. Il a à le faire avec douceur, selon le modèle qu'a laissé le Seigneur, quand les scribes et pharisiens s'opposaient à lui. Il doit attendre le résultat de ce qu'il aura fait pour maintenir la vérité, résultat qui appartient à Dieu qui donne «la repentance pour reconnaître la vérité», expression frappante et bien sérieuse. Elle nous enseigne que «la vérité de Dieu n'est pas une affaire de l'intelligence humaine», mais qu'elle s'adresse au coeur et à la conscience, et que, pour la reconnaître, il faut que le coeur et la conscience soient exercés; or c'est là l'effet de la repentance. On a suivi l'erreur, on s'est ainsi écarté de Dieu, on l'a offensé: l'Esprit Saint, si on ne le repousse pas, le montre à l'intelligence. On est ainsi amené devant Dieu et là la conscience agit pour montrer la culpabilité sous laquelle on se trouve, et le coeur, les affections en sont émues. Alors on est capable d'abandonner l'erreur et de reconnaître la vérité. Satan se sert de l'erreur pour endormir l'âme; Dieu peut la réveiller, en sorte qu'elle voie le piège dans lequel elle avait été prise, et ainsi la délivrer de l'esclavage où elle se trouvait, faisant la volonté de celui qui la tenait captive.

Chapitre 3

 (Versets 1-5). L'apôtre, dans ces versets, ajoute à ce qu'il a dit sur l'état d'alors de la maison de Dieu, une prophétie qui annonce ce que les choses deviendraient plus tard, dans les derniers jours. Ce devaient être des temps fâcheux, et nous nous y trouvons actuellement. La prophétie s'est accomplie, nous le voyons autour de nous.

Si l'on compare la description que fait l'apôtre de l'état moral des païens, à la fin du 1er chapitre aux Romains, avec ce qu'il dit ici, non des païens, mais des professants chrétiens aux derniers jours, on trouve à peu près tous les mêmes caractères. Un trait y est ajouté qui aggrave singulièrement la position des hommes des derniers jours. Après avoir dit «amis des voluptés plutôt qu'amis de Dieu», d'un Dieu que les païens ne connaissaient pas, ce qui condamne d'autant plus ces hommes, Paul continue par ces paroles: «Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance».

En face de ceux-ci, la direction donnée au fidèle est simple: «Détourne-toi de telles gens». Rien de plus fatal que les apparences du christianisme, derrière lesquelles se cachent et s'exercent tous les mauvais penchants d'un coeur corrompu. C'est là aussi un piège de l'ennemi pour séduire les âmes.

Quant à l'état de la maison, telle qu'elle était déjà du temps de l'apôtre, il faut se retirer de l'iniquité, se purifier des faux docteurs, et poursuivre le bien avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur. Mais s'il s'agit de ceux qui, conservant la forme de la piété, suivent la chair avec ses passions et ses convoitises, il faut s'en détourner.

La forme de la piété est mise en contraste avec la puissance de la piété. La puissance de la piété, c'est Christ connu véritablement dans l'âme. Il faut donc avoir la vie pour posséder la piété. Au verset 12, il est question de vivre pieusement dans le Christ Jésus. Un des caractères de ceux qui n'ont que la forme de la piété — et cela est remarquable — c'est qu'ils sont sans piété (verset 2). Nous avons là la chrétienté actuelle, un semblant de piété, même avec la négation de Christ et des Ecritures: il faut se détourner d'un état de choses pareil. Il est à remarquer que, dans ce passage, c'est la forme de la piété seule qui est condamnable, car quant à la puissance de la piété, elle aura toujours la forme, c'est-à-dire la manifestation qui lui est propre.

(Versets 6, 7). Il y a de l'activité dans ce mal des derniers jours. Parmi ces gens qui ont la forme de la piété, il y en a qui, sous un beau semblant, s'introduisent dans les maisons et agissent sur des personnes sans caractère, «des femmelettes», dit l'apôtre, se servant d'un terme de mépris. Ces personnes chargées de péché et entraînées par leurs convoitises, et ainsi dans un triste état moral, ouvrent aisément l'oreille aux discours des séducteurs. Avides de nouveautés, elles apprennent toujours, mais dans le chemin qu'elles suivent et dans leur état d'âme, elles ne peuvent jamais arriver à la connaissance de la vérité. Nous avons vu que, pour la connaître, il faut que la conscience et le coeur aient été exercés devant Dieu y et que l'on ait été amené à la repentance.

(Versets 8, 9). Le verset précédent présente ces ouvriers d'iniquité comme exerçant une séduction morale. Ici, c'est plutôt une séduction spirituelle. De même que les magiciens du Pharaon résistaient à Moïse en contrefaisant l'action de Dieu, de même les faux docteurs dont l'apôtre parle, résistent à la vérité en cherchant à en faire une imitation, en en reproduisant les formes. Leur état est représenté par l'apôtre comme étant irrémédiable. Ils sont corrompus dans leur entendement il n'y a plus rien de sain dans leurs pensées quant à la foi, ils sont réprouvés, car ils l'ont abandonnée; mais ils n'iront pas plus avant. Il y aura une fin à cette puissance de séduction; leur folie sera, à un moment donné, rendue évidente pour tous: leur folie de prétendre s'opposer à la vérité de Dieu. Il en sera d'eux comme des magiciens. Ceux-ci purent, jusqu'à un certain point, imiter l'action de la puissance divine; mais il vint un moment où ils durent s'arrêter: ils n'allèrent pas plus avant. Leur folie fut rendue manifeste. Voulant imiter Dieu dans sa puissance créatrice, ils durent reconnaître, leur impuissance, et dire: «C'est ici le doigt de Dieu».

(Versets 10, 11). En contraste avec tout ce qui précède avec le mal qui envahit sous les apparences de la piété, avec l'activité malfaisante des faux docteurs, Paul invoque ici la manière dont Timothée avait suivi avec exactitude son enseignement (la saine doctrine) et la conduite dévouée que lui, Paul, avait constamment montrée. Timothée n'en avait pas seulement été témoin, mais il y avait pris part; il avait imité l'apôtre dans toutes ces choses. Nous avons donc là deux hommes chez lesquels il y avait évidemment la puissance de la piété. La doctrine de l'apôtre avait été manifestée ce qu'elle est, par tous les effets pratiques qu'elle avait produits et qu'il énumère: son but constant dans son service, la gloire de Christ; sa foi, sa confiance dans le Seigneur; son support à l'égard des contredisants; son amour pour les âmes et pour les chrétiens; sa patience dans les maux qu'il avait à endurer à cause de sa fidélité. Oh! que les serviteurs du Seigneur pussent s'attacher à suivre avec Timothée un semblable modèle!

Pour couronner le tout, un tel ministère et une telle marche lui avaient attiré des persécutions et des souffrances. Il est remarquable que, des nombreuses persécutions qu'il a endurées, Paul ne rappelle que celles qui lui sont arrivées de la part des Juifs, dans son premier voyage avec Barnabas, et qui sont rapportées dans les chapitres 14 et 15 des Actes. Cela vient, sans doute, de ce qu'elles lui étaient d'autant plus sensibles qu'elles lui venaient du peuple qu'il aimait tant, ses frères selon la chair, pour lesquels il eût voulu être anathème (voyez Romains 9: 1-5). Plus sont étroits les liens qui nous unissent à ceux qui, à cause de notre fidélité à Christ, nous font souffrir, plus nous sentons ces souffrances. Il est aussi digne de remarque que ce n'est pas dans le voyage où les persécutions que mentionne Paul eurent lieu, qu'il trouva Timothée; c'est dans son second voyage, lorsqu'il avait Silas pour compagnon (Actes des Apôtres 16: 1-3). Mais Timothée avait pu en être témoin, ou en avoir entendu parler dans sa famille et le cercle de chrétiens où il se trouvait (voyez Actes des Apôtres 14).

En 1 Thessaloniciens 2: 15, 16, nous lisons ce que Paul pensait de cette opposition acharnée des Juifs; mais le Seigneur, toujours fidèle, l'avait délivré de toutes ces persécutions, et souvent de la manière la plus remarquable et quand ses ennemis pensaient en avoir fini avec lui (voyez Actes des Apôtres 14: 19, 20; comparez 2 Corinthiens 11: 23-26). Ainsi il avait pu accomplir son service et achever sa course.

(Versets 12, 13). Paul n'était pas le seul qui dût souffrir et ait souffert pour avoir vécu pieusement. C'est une règle générale que tous ceux en qui se trouve la puissance de la piété, qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés. La persécution prend des formes différentes selon les temps et les lieux. Ce ne sera pas toujours des tortures physiques et la mort, mais souvent, et c'est le cas de nos jours, c'est une persécution morale. Elle vient de ceux qui ont la forme de la piété. Souvent, au sein des familles, celui ou celle qui veut marcher dans la vérité, pieusement dans le Christ Jésus, rencontrera une opposition sourde, de tous les instants, plus poignante pour le coeur que si l'on était jeté en prison.

Quant aux hommes méchants et aux imposteurs, ils pourront sembler réussir et s'applaudiront de leurs progrès. Mais ce progrès, réel en effet, est le progrès dans le mal. Une erreur en amène une autre; la pente est fatale: ils iront de mal en pis. Ne le voit-on pas de nos jours dans l'effrayant progrès de l'incrédulité et du rationalisme? Les propagateurs de l'erreur sont séduits d'abord, parce qu'ils ne se sont pas attachés à la vérité. De vains raisonnements et des spéculations intellectuelles les ont livrés à l'erreur, et séduits ainsi, ils deviennent des séducteurs pour les autres. Si on se laisse séduire, on ne manquera pas d'exercer sur les autres l'influence de l'erreur à laquelle on s'est abandonné.

(Verset 14). «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises». En contraste avec toutes ces erreurs et ces séductions, avec ces doctrines nouvelles que les séducteurs cherchaient à établir par leurs raisonnements, l'apôtre exhorte Timothée à demeurer ferme dans les choses qu'il avait apprises. Il avait été pleinement convaincu que ces choses étaient la vérité, parce qu'il savait de qui il les avait apprises. Il était assuré que l'autorité de celui qui les lui avait enseignées, était divine, venait directement de Dieu. Au verset 13 du chapitre 1, et au verset 2 du second, Paul dit: «Les choses que tu as entendues de moi». Et encore, au verset 7 du même chapitre «Considère ce que je dis». Mais ici, en disant «De qui tu les as apprises», l'apôtre semble affirmer encore plus fortement son autorité comme transmettant directement de la part de Dieu les choses que Dieu lui a révélées, et comme ayant mission de les promulguer. C'est ce que nous montre 1 Corinthiens 2: 12-14; passage de toute importance. Au verset 12, nous avons la révélation directe de Dieu à Paul par l'Esprit; au verset 13, c'est la transmission de la vérité révélée en paroles enseignées de l'Esprit, et au verset 14, c'est la réception par le même Esprit de cette vérité. Ainsi la communication des choses que Dieu révèle, tout en passant par un intermédiaire, se trouve venir directement du coeur de Dieu au croyant, comme étant purement l'action de l'Esprit.

L'autorité des choses révélées est ainsi affirmée. On les tient directement des instruments que Dieu a employés. On sait de qui on les tient. C'est de Paul, de Pierre, de Jean qui, par l'Esprit, nous ont communiqué les pensées de Dieu qu'ils connaissaient par l'Esprit. Timothée lui-même n'avait pas reçu directement les choses révélées. Il les avait apprises de Paul, et cette autorité lui suffisait. Il en est ainsi pour nous. Quel repos pour le coeur! Comme Timothée, demeurons fermes dans la vérité que la parole de Dieu nous a enseignée.

(Verset 15). «Et que, dès l'enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus». Voilà une autre autorité à laquelle Timothée pouvait s'en référer. C'étaient les «saintes lettres», les «Ecritures». Dès son enfance, Timothée avait appris à les connaître par le moyen de sa grand-mère peut-être, mais sans doute de sa mère. Il est vrai qu'alors c'était l'Ancien Testament, mais au fur et à mesure que les écrits du Nouveau Testament paraissaient, ils s'ajoutaient aux «autres Ecritures», comme dit Pierre (2 Pierre 3: 16). Un certain nombre avaient déjà été donnés à l'Eglise. Avec cette seconde lettre que Paul lui écrivait, Timothée pouvait posséder toutes les épîtres de l'apôtre. Il est digne de remarque que Pierre, écrivant sa seconde épître dans le même temps environ que Paul adressait à Timothée celle dont nous nous occupons, place les écrits de Paul au rang des «Ecritures».

Les «saintes lettres», c'est ce qu'elles sont en elles-mêmes, c'est leur précieux caractère; les «saintes lettres» telles qu'un enfant peut les lire, et telles que le croyant y trouve tout ce qui concerne le salut par la foi dans le Christ Jésus. «Dès son enfance, Timothée avait lu les saintes lettres» et ces écrits, tels qu'il les avait lus comme enfant, le garantissaient comme autorité divine contre l'erreur, et lui fournissaient les vérités divines nécessaires pour son instruction. Pour en bien user, pour son salut éternel, la foi en Christ était nécessaire, mais ce dont Timothée se servait, c'était des Ecritures connues dès son enfance». Puissent les parents chrétiens comprendre combien il est important et nécessaire de donner de bonne heure à leurs enfants la connaissance des «saintes lettres»!

(Versets 16, 17). Nous arrivons ici à une déclaration de toute importance. «Toute écriture est inspirée de Dieu». Quel repos pour la foi! C'est sans équivoque. Les Ecritures renferment tout ce que Dieu a voulu donner pour le bien des siens dans tous les temps, et ces Ecritures sont inspirées. Ce n'est pas seulement que la vérité qu'elles présentent soit donnée par inspiration, mais elles sont inspirées de Dieu. L'apôtre Jean nous dit qu'il y a beaucoup de choses que Jésus a faites qui ne sont pas écrites (Jean 20: 30; 21: 25). Celles qui sont écrites le sont par inspiration. L'apôtre Pierre parle aussi des prophéties de l'Ecriture (2 Pierre 1: 20). Ce sont celles qui s'y trouvent consignées. Il peut y en avoir eu qui n'ont pas été écrites; bien que venant de Dieu, elles n'avaient pas un caractère tel qu'elles pussent servir d'une manière permanente au peuple de Dieu. Mais celles qui ont été écrites, l'ont été par inspiration. «Toute écriture est inspirée de Dieu». Les Ecritures du Nouveau Testament le sont, tout comme celles de l'Ancien; les unes et les autres ont la même autorité divine, et ainsi les Ecritures sont la règle permanente d'après laquelle tout doit être jugé.

Etant telle, l'Ecriture «est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice». Elle enseigne la vérité selon Dieu; elle juge le coeur et atteint la conscience; ainsi elle corrige et redresse; et elle fait connaître ce qui se rapporte à la marche pratique dans la justice. Elle est utile pour l'intelligence spirituelle, pour la conviction de ce qui est selon Dieu dans notre être intérieur, aussi bien que de ce que Dieu condamne (voyez Hébreux 4: 12), pour la discipline, afin que nos pensées et nos sentiments soient tenus en bride, pour l'instruction dans la justice, dans la marche pratique, dans la sainteté.

C'est par cette action de l'Ecriture que l'homme de Dieu est rendu accompli, et entièrement accompli ou complètement formé pour toute bonne oeuvre. Il est formé ou accompli selon la volonté de Dieu qu'il connaît par l'Ecriture, et peut ainsi remplir sa tâche comme homme de Dieu, comme homme qui est pour Dieu et qui tient pour lui dans ce monde. Il est préparé et propre pour toute bonne oeuvre, quelle qu'elle soit, à laquelle Dieu veut l'employer. L'Ecriture opère ainsi dans l'homme de Dieu, et cette action intérieure se montre en ce qu'il est propre à accomplir toute bonne oeuvre au dehors. Quel effet merveilleux que celui que produit l'Ecriture! Puissions-nous la laisser ainsi agir en nous, sans y apporter d'entrave.

Chapitre 4

 (Verset 1). L'apôtre, en présence du déclin de l'Eglise et sachant que sa propre fin était proche, insiste auprès de Timothée, en employant les expressions les plus fortes et les plus propres à agir sur lui, pour qu'il se voue avec énergie et persévérance à l'accomplissement de son service. «Je t'en adjure», dit-il, «devant Dieu et le Christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne: prêche la parole, etc». Timothée est placé ici devant Dieu et le Christ Jésus de la manière la plus solennelle en vue de l'accomplissement de son service. Dieu et le Christ sont les témoins de la manière dont il travaillera; c'est envers Dieu et Christ qu'il est responsable de remplir sa tâche. Ceux au milieu desquels il accomplissait son ministère l'étaient aussi, et le moment approchait où le jugement s'exercerait, où à chacun il serait rendu selon ses oeuvres, où la rémunération aurait lieu. La fin était proche, il fallait profiter du temps soit pour presser les âmes, soit pour les âmes à écouter et recevoir la Parole.

Jésus «va juger vivants et morts»; l'Eglise, comme telle, il va sans dire, n'est pas jugée elle est l'Epouse de l'Agneau; mais les individus le sont. C'est à son apparition en gloire, et non quand il prendra les siens avec lui, que le jugement s'exercera. L'apôtre adjure Timothée par cette apparition, quand Jésus viendra avec les nuées et que tout oeil le verra (Apocalypse 1: 7). Il ajoute «et par son règne». Ce règne de Christ sur la terre qui dure mille années, commencera par son apparition. Alors il jugera les vivants (Matthieu 25: 31-46; Apocalypse 19: 11-21), et ce jugement des vivants continuera pendant la durée du règne (comparez Psaumes 101: 5, 7, 8,et Esaïe 65: 20), car alors un roi régnera en justice et la justice régnera sur la terre, s'exerçant par le jugement (Esaïe 32: 1). Le règne se terminera par le jugement des morts (Apocalypse 20: 11-14), puis suivra l'état éternel. C'est au nom de ces réalités solennelles que Paul adjure Timothée. Il le place devant ces faits qui vont s'accomplir, après lesquels le Fils remettra le royaume à Dieu le Père (1 Corinthiens 15: 24-28); lui-même comme homme demeurant assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses. Car la perfection de l'homme est l'assujettissement, et Christ ne perd pas ce caractère dans l'état éternel.

Ainsi, c'est en rapport avec la responsabilité de l'homme que Paul mentionne ces grandes vérités. Dans la première épître, Timothée devait s'attacher à la lecture, à l'enseignement et à l'exhortation jusqu'à ce que Paul vint. Il était aussi enseigné quant à la manière dont il devait se conduire dans la maison de Dieu (1 Timothée 4: 13; 3: 15). Mais ici, l'état des choses a changé; la fin est en vue. C'est la conscience que le jugement va s'exercer qui doit agir sur Timothée pour l'accomplissement de son ministère. Combien cette adjuration devrait aussi être prise en considération par nous qui sommes dans les derniers jours, et plus rapprochés de la fin!

(Verset 2). «Prêche la parole; insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine». Quelle pressante exhortation, et comme on voit que l'apôtre sent le sérieux du moment! Avec quelle plus grande force elle doit s'appliquer maintenant aux serviteurs du Seigneur, vu le temps où nous sommes, où se réalise tout ce que l'apôtre prévoyait par l'Esprit! Timothée est ramené à la Parole; c'est la Parole qu'il doit prêcher; non point faire de beaux discours de morale, mais exposer la vérité telle que la Parole la présente. La parole de Dieu, non la parole des hommes (1 Thessaloniciens 2: 13), cette parole de Dieu que Paul prêchait et qui dévoile les pensées, les desseins et les conseils de Dieu; cette parole de vérité qui fait connaître Dieu, et l'homme et le monde, et Christ. Ce ne sont pas des spéculations de l'intelligence humaine, ce ne sont pas les raisonnements de la philosophie; c'est la vivante et permanente parole de Dieu qui demeure éternellement; c'est l'épée de l'Esprit, la parole vivante et opérante dans l'âme (1 Pierre 1: 23, 25; Hébreux 4: 12; Ephésiens 6: 17). Telle est la Parole que Timothée devait prêcher, celle que tout serviteur de Dieu doit annoncer, la Parole pure et non frelatée (2 Corinthiens 2: 17). Et, appuyé sur cette Parole, Timothée devait insister auprès des âmes, afin qu'elle fût reçue, afin que sa puissance opérât en elles, et cela en temps et hors de temps, que les circonstances semblassent favorables ou non, saisissant les occasions quand elles se présentent, et même les recherchant. «Insiste», que tu te sentes disposé ou non, que ceux à qui tu t'adresses t'écoutent volontiers ou à contre-coeur. «Convaincs» les âmes de la vérité dont toi-même tu as été convaincu. La conviction personnelle de celui qui parle a une grande puissance sur les auditeurs; mais cela ne serait rien si, pour les convaincre, on n'apportait pas l'autorité de la Parole. «Reprends et exhorte». La répréhension de ceux qui pèchent a aussi sa place dans l'exercice d'un ministère fidèle (1 Timothée 5: 20; Tite 1: 13). C'en est une partie importante, mais délicate, pour laquelle il faut du discernement et du tact, ainsi que de la douceur, mais sans faiblesse. Elle est nécessaire pour que le mal n'aille pas grandissant, comme ce serait le cas s'il n'y avait pas de répréhension, si l'on ne rendait pas le coupable attentif à sa faute. La vraie répréhension naîtra de l'amour. On en voit un exemple dans Paul, quand il dit: «Je supplie Evodie, et je supplie Syntyche, d'avoir une même pensée dans le Seigneur» (Philippiens 4: 2). Quelle délicatesse! Paul met le doigt sur un mal qui était encore à son commencement; c'était un dissentiment de pensée, mais qui pouvait s'aggraver. Paul le fait sentir; il reprend, mais en suppliant! Remarquons encore que la répréhension fidèle revêt un caractère particulier selon les personnes. «Ne reprends pas rudement l'homme âgé», dit l'apôtre, «mais exhorte-le comme un père, etc.» (1 Timothée 5: 1, 2). A la répréhension se joint l'exhortation. Si quelqu'un a été repris, il a besoin d'être exhorté à veiller pour ne plus retomber dans la même faute (2 Thessaloniciens 3: 10-12). Mais l'exhortation est de toute saison. Elle est nécessaire pour encourager les âmes, pour les réveiller, pour les fortifier, pour les presser de réaliser leur vocation chrétienne. Nous avons bien des exemples d'exhortations dans la Parole (voyez Actes des Apôtres 2: 40; 11: 23; 13: 43; Romains 12: 1; etc.). Mais il faut que le serviteur de Dieu, dans l'exercice énergique et fidèle de son ministère, agisse en même temps avec douceur et support et patience, «avec toute longanimité», sans se laisser jamais aller à l'irritation et l'amertume. L'amour dans son coeur doit toujours être son mobile. Il doit aussi accomplir l'oeuvre de son ministère «avec doctrine» selon la vérité de la Parole, et instruisant, en même temps qu'il prêchera, insistera, reprendra et exhortera. Ce n'est pas aux sentiments qu'il fera appel, mais à la Parole.

(Versets 3, 4). Nous avons, dans ces versets, le motif pour lequel Timothée devait s'appliquer avec zèle à son service. Avant l'apparition du Christ, un temps viendrait où l'ensemble de ceux qui portent le nom de chrétiens ne supporterait plus le saint enseignement, celui qui est selon la Parole. En ce temps-là, désirant entendre des choses agréables au coeur naturel, des choses qui n'attaquent point le vieil homme, mais, au contraire, flattent ses convoitises, et ne le dépeignent pas sous ses vraies couleurs, tel que Dieu le voit, les hommes s'amasseraient des docteurs qui répondissent à ces désirs de leurs coeurs. Docteurs en très grand nombre, comme l'exprime le mot «amasser» ou «amonceler», de sorte qu'il y en a pour tous les goûts, et, qu'en sortant de les entendre, on ne demande pas: Qu'avez-vous appris des choses de Dieu, quelle impression avez-vous reçue touchant votre état devant lui? mais: Comment avez-vous goûté le prédicateur? Vous a-t-il plu, etc.? Ce sont des docteurs qui enseigneront avec de belles paroles, mais des paroles sous lesquelles la vérité ne se trouvera pas. La vérité touchant le vrai état de l'homme, touchant les exigences d'un Dieu saint et juste; la vérité qui ramène l'homme à son vrai niveau, qui l'abaisse, qui l'humilie, le réduit à néant, de cette vérité les hommes n'en voudront point. Ils tourneront leurs oreilles vers des fables, vers de faux enseignements qui exaltent l'homme, qui flattent son orgueil, en prétendant rehausser sa dignité. Nous sommes arrivés à ce temps, et même ce mal se rencontre au milieu des vrais croyants. Cet état de la fin ressemble à celui des derniers temps d'Israël, quand le peuple voulait des prophètes de mensonge, et persécutait et même tuait les prophètes de l'Eternel (voyez dans Jérémie).

(Verset 5). «Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l'oeuvre d'un évangéliste, accomplis pleinement ton service». Comme toujours, Timothée devait faire contraste avec le mal qui l'entourait. C'est ce que nous indiquent ces mots: «Mais toi,» que nous trouvons plusieurs fois répétés dans cette épître. «Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine;» «mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises» (3: 10, 14). C'est en contraste avec les séducteurs et les imposteurs. De même, dans la première épître, quand l'apôtre parle de ceux qui ont ambitionné les richesses et se sont égarés de la foi, il dit à Timothée: «Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses» (6: 10, 11). Ici, en opposition à ces docteurs à la parole agréable, débitant leurs fables et charmant les oreilles des auditeurs, Paul recommande à Timothée d'être sobre en toutes choses, dans son enseignement comme dans sa conduite entière, se bornant à présenter la Parole en simplicité. Mais, comme nous l'avons remarqué, la fidélité à prêcher la parole de vérité, l'insistance qu'on y apporte, réveille l'opposition des adversaires, et l'on a des souffrances à endurer, tandis que les docteurs qui plaisent aux oreilles, seront admirés, et encensés, mais qu'importe? Le serviteur de Christ acceptera et endurera les souffrances pour l'amour de son Maître.

A cette sobriété dans l'exposition de la vérité, Timothée devait ajouter de faire l'oeuvre d'un évangéliste. L'évangéliste annonce l'Evangile, la bonne nouvelle de la grâce et du salut pour les pécheurs; il en est le héraut, proclamant l'amour infini de Dieu envers ceux qui périssent, et donnant son Fils pour que, par lui, ils aient la vie éternelle. C'est un don spécial, différent de ceux de docteur et de pasteur. Ce n'était pas précisément le don de Timothée; il devait faire l'oeuvre de quelqu'un qui aurait ce don, c'est-à-dire appeler les âmes à venir à Christ. Dans un sens, tout chrétien peut, dans sa mesure et sa position, faire l'oeuvre d'un évangéliste (voyez Actes des Apôtres 8: 4). Dans cet état de choses, où la maison de Dieu a pris le caractère de «grande maison», le service d'un évangéliste est nécessaire dans cette maison même, et non seulement parmi les païens, car il s'y trouve des personnes qui, bien que professant être chrétiennes, n'ont pas la vie de Dieu. Et dans l'enseignement même, il est important de présenter les vérités élémentaires et fondamentales du salut, ce qu'à proprement parler, on appelle l'Evangile, bien que, dans son sens complet, l'Evangile signifie tout ce qui se rapporte au nouvel ordre de choses qui se rattache à la Personne et à l'oeuvre du Seigneur.

Dans les premiers temps, lorsque la maison était en ordre, on se mettait, pour ainsi dire, aux fenêtres pour appeler les âmes et les inviter à entrer. Maintenant, c'est dans la maison même qu'il faut les appeler, afin qu'elles soient manifestées. Puis, dans l'état de choses actuel, les dons ont un caractère moins défini.

Faire l'oeuvre d'un évangéliste comporte aussi de rechercher les âmes individuellement. Ainsi Timothée devait suivre l'apôtre jusqu'au bout. S'il avait pleinement compris sa doctrine, s'il avait été pleinement convaincu des choses qu'il avait apprises de lui, il devait aussi pleinement et jusqu'au bout accomplir son service, le service que le Seigneur lui avait confié. Quant à Paul, il avait pleinement accompli le sien. Son départ était proche. Il n'y aurait plus de ministère apostolique dans l'Eglise; raison pressante pour l'homme de Dieu d'accomplir son service en restant attaché à l'enseignement apostolique.

(Verset 6). «Car, pour moi, je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé». Ces termes sont empruntés aux usages des sacrifices dans l'Ancien Testament. Après le sacrifice sanglant ou l'offrande, on versait une certaine quantité de vin sur l'autel. C'était comme la cérémonie finale. Aux Philippiens, l'apôtre dit: «Si même je sers d'aspersion sur le sacrifice et le service de votre foi, j'en suis joyeux» (2: 17). Après avoir accompli son service comme sacrificateur, en présentant à Dieu, comme une offrande, ces croyants sortis du milieu des nations, il se représente son sang — c'est-à-dire sa mort — comme une libation versée sur cette offrande. En rapport avec ce service sacerdotal de Paul, nous lisons en Romains 15: 16: «La grâce m'a été donnée par Dieu, pour que je sois ministre du Christ Jésus envers les nations, exerçant la sacrificature dans l'évangile de Dieu, afin que l'offrande des nations soit agréable, étant sanctifiée par l'Esprit Saint». Ici, dans notre épître, son service est fini, le dernier acte du sacrifice va être accompli, sa mort, répondant aux libations du service lévitique, va être le couronnement de son service à lui: le temps de son départ est arrivé.

(Verset 7). A ce moment, il jette un regard en arrière et dit: «J'ai combattu le bon combat; j'ai achevé la course; j'ai gardé la foi»; cela résume toute sa vie chrétienne, depuis le moment où le Seigneur l'a appelé. Le combat suppose des adversaires qu'il s'agit de vaincre, cela ne se peut sans travaux, ni sans souffrances. Paul avait combattu le bon combat, le seul qui soit tel est celui pour Christ: le combat pour l'évangile, le combat de la foi, le combat pour maintenir la vérité au milieu de tout ce qui s'y opposait. On voit par les passages qui s'y rapportent, que, bien que tous les chrétiens aient à combattre, ce combat, dont Paul parle, est particulièrement en rapport avec le ministère, soit par l'activité extérieure, soit par les prières (voir 2 Corinthiens 10: 3-6; Colossiens 2: 1; 4: 12; 1 Timothée 6: 12; Jude 3, etc).

L'apôtre avait achevé la course. Il avait couru dans la lice, sachant vers quel but il courrait et de quelle manière il devait courir, de même qu'il combattait en sachant quels coups il devait porter et à qui ces coups devaient s'adresser, et, ce faisant, il mortifiait son corps et l'asservissait, afin qu'il ne lui fût pas une entrave (1 Corinthiens 9: 24-27). Maintenant la course pour lui était achevée. Le désir qu'il exprimait aux anciens d'Ephèse, était réalisé: «Je ne fais aucun cas de ma vie», leur disait-il, «ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j'achève ma course et le service que j'ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l'évangile de la grâce de Dieu» (Actes des Apôtres 20: 24). On voit par ce passage et d'autres, que la course est autre chose que la carrière terrestre. En Actes 13: 25, Paul dit de Jean-Baptiste: «Et comme Jean achevait sa course, il dit: Qui pensez-vous que je sois? etc.». Jean avait passé 30 ans dans la retraite avant d'être manifesté comme le précurseur du Messie, alors il commença sa course. Et lorsqu'il put dire: «Voilà l'Agneau de Dieu», sa course était achevée; son service était accompli. La course n'avait pas été de longue durée; mais sa carrière avait été plus étendue et n'était pas encore terminée, quand sa course, l'était déjà. Paul, au moment où il écrivait, avait achevé sa course, l'oeuvre qui lui avait été confiée, mais il avait encore quelques jours à vivre ici-bas, quoiqu'étant bien près de sa fin. Un chrétien peut manquer sa course, ou encore ne pas l'achever, si, au début ou à un moment quelconque, il se laisse envahir par le monde ou par le mal moral ou doctrinal, comme, hélas! cela s'est vu plus d'une fois.

Il avait aussi gardé la foi. La foi, dans ces épîtres de la fin, est toujours l'ensemble des vérités du christianisme, qui sont l'objet de la foi. Paul avait gardé et défendu la vérité et les vérités de la foi. Voilà ce qu'il pouvait dire en regardant en arrière. Sa responsabilité quant à son ministère avait pris fin, les dangers, pour ce qui le concernait, étaient passés, il posait le harnais, tout était fini: le vaillant athlète voyait avec joie sonner l'heure du repos. Quel beau moment!

(Verset 8). Mais à ce moment, il regarde en avant avec confiance et peut dire: «Désormais m'est réservée la couronne de justice que le Seigneur, juste juge, me donnera dans ce jour-là; et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition». A celui qui avait combattu ou couru dans la lice selon les lois et avait été victorieux, le juge des jeux décernait une couronne, mais, comme il est dit quelque part, une couronne corruptible, qui ne tardait pas, à se flétrir. Paul avait la conscience que le Seigneur, qui avait eu les yeux sur lui pendant sa course, qui avait pu juger de sa fidélité et l'avait soutenu, lui réservait, selon sa justice, une récompense pour le jour de la rémunération, une couronne qu'il ne serait pas seul à obtenir, mais que le juste Juge donnerait à tous ceux qui aiment son apparition.

 (Versets 9, 10). «Empresse-toi de venir bientôt auprès de moi, etc». L'apôtre, avant son départ de ce monde, dans les pénibles circonstances de sa dure captivité, dans la presque solitude où il se trouvait, avait besoin de revoir son cher enfant Timothée, qui l'avait suivi et accompagné dans l'oeuvre, duquel il avait pu dire: «Il s'emploie à l'oeuvre comme moi-même», et «je n'ai personne comme lui qui soit animé d'un même sentiment avec moi». Comme un père, qui, sentant sa fin approcher, désire avec ardeur revoir un fils chéri, en qui il a eu confiance, sur lequel il a pu se reposer, ainsi Paul désirait revoir Timothée, et le pressait de venir.

Les circonstances étaient douloureuses, en effet. Démas, qu'ailleurs Paul avait rangé au nombre de ses compagnons d'oeuvre (Philémon 24), Démas l'avait abandonné, par crainte des renoncements auxquels il serait exposé; il trouvait la voie de Paul trop étroite et trop dangereuse à suivre. Au lieu d'aimer l'apparition du Seigneur, Démas aimait le présent siècle. Il abandonne ainsi l'apôtre, lorsque c'était le dernier et meilleur moment de lui témoigner son affection et de s'identifier au témoignage que Paul rendait. Il n'est pas dit que Démas ait abandonné Christ, ni même laissé le service, mais il voulait allier Christ et le service avec un certain bien-être ici-bas.

Crescens et Tite pouvaient avoir eu de bons motifs pour aller s'occuper de l'oeuvre en Galatie et en Dalmatie ils n'ont pas abandonné Paul comme Démas mais il semble que le coeur de l'apôtre sente que leur place en ce moment aurait été près de lui. Toutefois, nous ignorons si ce n'était pas pour une mission à remplir qu'ils étaient loin. Mais Paul sentait l'isolement où leur départ le laissait. Luc, le médecin bien-aimé, son fidèle compagnon dans plusieurs de ses voyages, ne s'était pas éloigné. Seul, il restait avec le prisonnier, n'ayant pas, non plus qu'Onésiphore, honte de ses chaînes.

(Verset 11). Timothée devait amener Marc avec lui. Ce fait nous montre un rayon brillant de la grâce du Seigneur. Marc autrefois avait eu peur des difficultés de l'oeuvre (Actes des Apôtres 13: 13), et avait abandonné Barnabas et Paul. Il était devenu la cause de la séparation de ces deux apôtres (Actes des Apôtres 15: 36-39). Mais, plus tard, nous le retrouvons compagnon de Paul (Colossiens 4: 10; Philémon 24). La grâce avait agi en lui, et Paul avait pu apprécier le progrès qu'elle lui avait fait faire, et qui le rendait maintenant propre à servir. Aussi l'appelle-t-il auprès de lui. Ainsi Marc, auteur de l'évangile de ce nom, a le privilège d'être utile à Paul à la fin de sa course. Il est frappant, au contraire, de voir que la Parole laisse à peu près complètement dans l'oubli pour nous, son oncle Barnabas, apôtre, homme de bien, excellent frère, du moment qu'il s'est séparé de Paul.

(Verset 12). Il semble que l'apôtre veut empêcher ici, en contraste avec le verset 10, que l'on ne pense que Tychique soit allé à Ephèse de son propre gré. Il dit: «Je l'ai envoyé».

(Verset 13). Nous voyons ici, à côté des grands enseignements de la vérité par la plume de Paul, se manifester la simplicité et la confiance qu'il montre dans les petits détails de la vie. N'est-il pas touchant, après avoir parlé à Timothée des solennelles vérités de l'apparition et du règne du Seigneur, après avoir contemplé la couronne de justice qui lui serait donnée, de l'entendre recommander à son disciple de lui apporter son manteau? Détail de vie privée, qui semble bien insignifiant; comment peut-il avoir sa place dans une épître inspirée? C'est ce que disent les hommes; mais par de tels détails, l'Esprit Saint présente à l'âme qui reçoit avec simplicité l'Ecriture, comme étant tout entière la parole de Dieu, un tableau vivant de la situation actuelle du cher serviteur de Dieu. Il a renoncé à tout pour Christ, et le voilà, le prisonnier du Seigneur, déjà âgé, dans un froid cachot, pauvre et dénué, et ayant besoin de ce manteau qu'il a laissé chez Carpus. Cela ne nous dit-il rien? A côté de cela vient un autre détail. Il réclame les livres, spécialement les parchemins. (C'était alors en général sur le parchemin que l'on écrivait ce qui était destiné à être conservé). Quels livres? Peut-être ses épîtres, ou les autres Ecritures (en Daniel 9: 2, et Luc 4: 17-20, le nom de livres désigne les Ecritures). Quoiqu'il en soit, Paul tenait à ces livres et surtout aux parchemins, et ce ne pouvait être que pour s'en servir en rapport avec son oeuvre. Il voulait, dans les loisirs de sa captivité, étudier les livres dans ce but, et écrire ce qu'il voulait qui fût conservé. «Seul et de sens rassis», il s'occupe intelligemment des choses de Dieu. Que ce soit là aussi l'objet de nos pensées et de notre étude! Que de temps ne perd-on pas dans des lectures qui n'apportent à l'âme aucun profit, bien au contraire.

(Versets 14, 15). Il est possible que cet Alexandre, ouvrier en cuivre, fût celui dont il est parlé en Actes 19: 33 (*), mais, quoiqu'il en soit, on voit en lui un homme hostile personnellement à Paul et à l'oeuvre que Paul accomplissait. L'apôtre en appelle contre lui à la justice du Seigneur dans son gouvernement. Le Seigneur rendra à Alexandre selon ses oeuvres. Partout cette épître porte le caractère de justice, aussi bien pour rémunérer les fidèles combattants, que pour rendre aux adversaires selon leurs oeuvres. Il fallait que Timothée fût en garde contre lui, car s'il s'était fort opposé aux paroles de Paul, l'énergique défenseur de la Parole, que ne ferait-il pas à Timothée, qu'il pouvait connaître comme d'un caractère plutôt timide? S'il résistait au maître, quelle opposition ne ferait-il pas au disciple? Il faut se garder des adversaires obstinés que rien n'a pu convaincre.

(*) Cela est rendu probable par le fait que Timothée était à Ephèse quand Paul lui écrivit.

 (Verset 16). Nous voyons ici un contraste avec les versets précédents. Ce ne sont pas des adversaires, mais des amis timides que la peur de l'opprobre ou du danger éloigne de Paul, dans un moment aussi critique que celui de sa comparution comme accusé devant l'autorité supérieure (*). Paul le sentait: ces deux mots «personne» et «tous» ont quelque chose de poignant et de douloureux, quand on pense au vieil apôtre se trouvant seul devant ce tribunal redoutable (voyez chapitre 1: 15). L'abandon, la solitude, voilà ce qu'il rencontre en ses derniers jours quand il aurait eu tant besoin de sympathie. Où étaient ces sentiments d'affection ardente, dont nous avons des exemples en quelques endroits de sa vie active? (voyez Actes des Apôtres 20: 37; 21: 5). Il était sevré de presque tout. Mais il n'y a pas un seul sentiment d'amertume dans son coeur; il prie pour ceux à qui le courage a manqué, demandant que cela ne leur fût pas imputé.

(*) Les amis d'un accusé avaient, chez les Romains, le droit de l'accompagner devant le tribunal, soit pour déposer en sa faveur, soit pour lui témoigner leur sympathie.

 (Verset 17). Puis le courageux combattant relève la tête. Si tous l'ont abandonné, il y en a un dont l'amour est invariable et vaut plus que tout. «Le Seigneur», qui lui avait parlé sur le chemin de Damas, qui l'avait mis à part comme apôtre pour annoncer l'Evangile de Dieu, qui lui avait dit, à Corinthe: «Ne crains pas, Paul, mais parle et ne te tais point», et à Jérusalem: «Aie bon courage, il faut que tu me rendes témoignage à Rome», le Seigneur, lui, ne l'abandonne point, et Paul dit, avec un accent de reconnaissance profonde, d'ineffable joie, et comme de triomphe: «Mais le Seigneur s'est tenu près de moi, et m'a fortifié». Il réalise cette parole d'un autre fidèle: «L'Eternel n'abandonnera pas ses saints» (Psaumes 37: 28). Quelle parole: «Le Seigneur s'est tenu près de moi!» Il sent avec bonheur cette présence bénie; c'est le Seigneur dans son amour, dans sa tendre sollicitude, aussi bien que dans sa puissance. Ah! que le monde entier l'abandonne, pourvu que le Seigneur, son Ami fidèle, se tienne près de lui! Puissions-nous dans nos détresses et nos combats, alors que nul, même les plus fidèles de nos frères ne peuvent nous assister, dire comme Paul: «Le Seigneur s'est tenu près de moi, et m'a fortifié». C'est en lui, en effet, que réside toute force: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force».

Fortifié ainsi par la présence et l'action intime du Seigneur dans son âme, il avait pu rendre témoignage à Christ et à la vérité, comme autrefois il l'avait fait devant Agrippa et Festus, mais maintenant dans des circonstances encore plus sérieuses. Etre accusé n'est pour Paul qu'une occasion qu'il saisit pour prêcher encore une fois l'Evangile. Il était le «vase d'élection du Seigneur pour porter son nom devant les nations et les rois» (Actes des Apôtres 9: 15); et maintenant fortifié, bien que dans les chaînes, il accomplit, il achève la prédication devant la plus haute autorité qu'il y eût alors, et «toutes les nations» l'ont entendue dans ces derniers accents de la voix de Paul. Il a pleinement rempli sa mission. Le Seigneur, toujours fidèle, avait répondu à son attente, et l'avait délivré de la gueule du lion, du danger terrible qui le menaçait, et, pour le moment, de la mort, qui cependant devait bientôt l'atteindre. L'ennemi, qui cherchait à l'engloutir, l'a trouvé plein de hardiesse pour rendre encore une fois témoignage à son Seigneur. Dans ces derniers versets, Paul aime à l'appeler: «le Seigneur», Celui qui a l'autorité et sur qui l'on peut compter en dépit de tout (voyez les versets 8, 14, 17, 18, 22).

(Verset 18). «Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise oeuvre, etc.»; ce Seigneur qui vient de le délivrer de la gueule du lion, Paul a la confiance qu'il le délivrera de toutes les embûches de l'ennemi, de tout mal que ses adversaires voudraient lui faire, et le gardera jusqu'au bout. Et quand même les méchants réussiraient à le faire mourir, que lui importe? Il est au-dessus de tout, car la mort ne fera que l'introduire, à l'abri de tout danger, auprès du Seigneur, qui le conservera pour son royaume céleste. C'est là sa part finale. Aussi, dans cette attente, son coeur rend gloire au Seigneur A lui soit la gloire, aux siècles des siècles! Amen». Heureux Paul, qui, dans les circonstances les plus douloureuses, après une vie de travaux et de labeurs extrêmes, oublie tout ce qu'il a souffert et ne pense qu'à la gloire de son Seigneur pour lequel il a combattu et enduré les maux!

(Versets 19-22). Il salue les saints auxquels son coeur était particulièrement attaché, tels que ce fidèle couple, Prisca et Aquilas, qu'il a si souvent mentionnés, et qui avaient exposé leur vie pour lui. Il n'oublie pas la maison d'Onésiphore. Son coeur était reconnaissant.

Paul avait laissé Trophime malade à Milet. Il guérissait ceux du dehors, mais laissait les saints entre les mains du Seigneur. Nous le voyons encore à propos d'Epaphrodite (Philippiens 2: 25-30). Eraste, qui avait été administrateur de la ville à Corinthe, mais avait été ensuite un de ceux qui accompagnaient Paul et le servaient dans l'oeuvre, était demeuré à Corinthe (Actes des Apôtres 19: 22; Romains 16: 23). Paul presse de nouveau Timothée de venir auprès de lui, et le salue de la part de quelques frères, sans doute connus de Timothée, mais ceux qu'il nomme ne sont mentionnés qu'ici. Enfin il termine par ce souhait précieux et si nécessaire à nous tous, mais plus spécialement au serviteur du Seigneur: «Le Seigneur Jésus Christ soit avec ton esprit!» C'est là ce qui garde les pensées dans la bonne direction et préserve des ruses de l'ennemi. Puis il ajoute cet autre désir pour tous: «Que la grâce soit avec vous!» C'est la connaissance et la jouissance de la faveur du Dieu d'amour; cette grâce qui sauve et conduit jusqu'au bout, et qui, remplissant le coeur, se montre active pour le service de Christ et le bien des saints. C'est l'adieu final du cher et dévoué serviteur du Seigneur. Il dut être bien précieux à tous.

Ainsi se termine la dernière épître que l'apôtre a écrite avant son martyre; adressée à Timothée, le Seigneur qui, par son Esprit, l'avait inspirée, nous l'a conservée pour notre profit en ces temps de la fin où tout croule, excepté la parole de Dieu, vivante et permanente à toujours.